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32<br />
vol. 15<br />
n o 2<br />
LS<br />
Par PaTriCia KÉroaCK<br />
LeS granDS nomS De La mÉDeCine au QuÉbeC<br />
le feu sacré pour la pédiatrie<br />
il est de ces gens, charmants, généreux, passionnés, cultivés, motivés, altruistes, et j’en passe, qui ne<br />
laissent pas indifférents. notre grand nom fait partie de ceux-là. rarement sous les feux de la rampe, ne<br />
cherchant pas les honneurs ou les marques de reconnaissance de ses pairs, mais toujours prête à aider,<br />
à donner au suivant, à transmettre ses connaissances pour améliorer sa sphère d’activité, D re Élisabeth<br />
rousseau gagne à être connue par tous ceux et celles qui n’ont pas eu la chance de la côtoyer.<br />
élisabeth rousseau est née en Lorraine à la fin de la deuxième<br />
guerre mondiale. ses parents, <strong>des</strong>cendants de familles<br />
franco-russo-hongroise, sont tous deux enseignants d’histoire.<br />
dernière de quatre enfants, elle avait décidé et juré de ne jamais<br />
embrasser la carrière de ses parents… voilà que, dès son entrée<br />
en pratique médicale, elle se retrouve enseignante à son tour !<br />
dans la famille, encore aujourd’hui, ses frères et sœurs, ainsi<br />
que leurs conjoints sont tous profs dans différents domaines<br />
(physique, philosophie, musique, biologie). « il y a probablement<br />
eu un gène passeur dans la famille, parce que chez nous le goût<br />
de partager est plus fort que tout », lance-t-elle à la blague !<br />
alors, pourquoi avoir choisi la médecine ? « J’avais un livre où<br />
le héros était médecin dans une salle d’urgence. il avait une vie<br />
palpitante, une vie passionnante dont je rêvais, tout le contraire<br />
<strong>du</strong> quotidien <strong>des</strong> enseignants. c’est ce qui a déclenché chez<br />
moi ce goût pour la science médicale.» d re rousseau fait son<br />
cours à la faculté de médecine de strasbourg (france), une<br />
excellente école, selon elle. c’est à cet endroit qu’elle rencontre<br />
celui qui deviendra son mari.<br />
la péDiatrie s’iMpose<br />
« en france, tout est compétitif et élitiste. Le choix <strong>des</strong> stages<br />
de spécialités était accordé tous les six mois en fonction <strong>des</strong><br />
résultats académiques. » figurant aux meilleures places, elle<br />
commence par la médecine interne et touche aux soins intensifs.<br />
<strong>du</strong> travail assuré si elle choisit cette voie puisque, dans son<br />
coin de pays, pathologies œsophagiennes et gastriques sont<br />
répan<strong>du</strong>es (à strasbourg, bière et vin blanc coulent à profusion,<br />
selon ses dires !). puis, lors d’un stage en hématologie-oncologie,<br />
elle croise de jeunes combattants <strong>du</strong> cancer. « ces jeunes m’ont<br />
beaucoup appris sur la vie, sur le courage, sur mon travail. Je<br />
n’avais pas de petit frère ou de petite sœur, étant la dernière de<br />
famille. Je n’avais jamais vraiment eu de contacts avec <strong>des</strong> plus<br />
jeunes », dit-elle. grâce à l’excellence de ses résultats, et après<br />
mûre réflexion, elle choisit la pédiatrie, un choix idoine pour elle.<br />
tout au long de sa formation et même après avoir obtenu ses<br />
diplômes en médecine tropicale, en hygiène et santé publique,<br />
ainsi qu’en médecine <strong>du</strong> travail, d re rousseau et son mari rêvent<br />
de coopération internationale. décidés, ils tentent le coup<br />
auprès de l’organisation mondiale de la santé (oms) qui leur<br />
dit que, « malgré leur excellente formation, il serait préférable<br />
qu’ils obtiennent une formation nord-américaine ». Le couple<br />
et ses deux jeunes enfants décident donc de chercher un<br />
endroit, en amérique, où poursuivre ensemble leur formation et<br />
travailler, lui, en gynécologie obstétrique, et elle, en pédiatrie :<br />
cet endroit est montréal. Le couple arrive donc en juin 1974, sur<br />
d re ÉliSabeth roUSSeaU<br />
Pédiatre<br />
recommandation de l’oms. tous deux obtiennent leur formation<br />
nord-américaine, mais le Québec les enchante et les conditions<br />
de travail y sont plus qu’agréables. Le couple harsany-rousseau<br />
décide d’y rester, tout en allant travailler à l’étranger pour différents<br />
séjours de courtes <strong>du</strong>rées, notamment à madagascar, à<br />
haïti et au sénégal.<br />
Montréal : ville ouverte<br />
L’é<strong>du</strong>cation classique reçue par d re rousseau a fait d’elle une<br />
passionnée de musique, de sport, de culture et d’entraide. ses<br />
parents lui ont transmis <strong>des</strong> valeurs d’ouverture sur le monde,<br />
aux différences culturelles, à l’appréciation de la francophonie.<br />
elle a intégré ses valeurs familiales à sa pratique pédiatrique<br />
pour en faire une médecine qui n’arrive pas en imposant, mais<br />
bien en partageant.<br />
son premier constat à son arrivée à montréal est l’honnêteté et<br />
la bonté <strong>des</strong> parents québécois. « ils sont francs et directs, ils<br />
ne cherchent pas à donner de réponses politiquement correctes<br />
ou pour faire plaisir. Les enfants sont adorables, comme partout<br />
ailleurs dans le monde…, nous dit-elle d’emblée. peut-être qu’en<br />
france, les enfants sont plus logorrhéiques, mais ici, au Québec,<br />
ils sont plus spontanés. ils sont probablement plus heureux ici<br />
comparativement en france où on les pousse démesurément<br />
<strong>du</strong> côté intellectuel. »<br />
une carriÈre DiversiFiée<br />
au cours de sa carrière, d re rousseau s’est intéressée à divers<br />
phénomènes de société : <strong>des</strong> enfants en garderie au divorce <strong>des</strong><br />
parents, au rôle <strong>du</strong> père, à la prévention de la violence, à la résilience,<br />
aux problèmes de nutrition à tous les âges pédiatriques<br />
(allaitement, obésité, diète <strong>des</strong> sportifs, transition nutritionnelle à<br />
l’âge a<strong>du</strong>lte, etc.). puis, œuvrant comme patron à l’unité <strong>des</strong> soins<br />
intensifs pendant 12 ans, elle s’intéresse à certains déficits enzymatiques,<br />
aux déficiences en fer, aux allergies alimentaires, au<br />
fonctionnement rénal chez les enfants ayant développé le sida,<br />
au syndrome hémolytique et urémique, et plus. elle apprécie<br />
les sujets très pointus, très logiques tout en aimant les grands<br />
débats de société.