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Les nouvelles<br />
L’aimant littéraire - ateliers d’écriture<br />
Trucs et astuces d’écrivains<br />
pour attiser le désir d’écrire<br />
Cessez de résister à vos désirs !<br />
" Tout désir que nous cherchons à étouffer couve en notre esprit et nous empoisonne.<br />
Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. ", se plaît à nous confier<br />
malicieusement Oscar Wilde. Que vaut le désir si vous n'y cédez pas ? Il devient rapidement<br />
une frustration, un renoncement. Ephémère et si fragile, un désir s'accueille,<br />
s'entretient et se protège.<br />
Il est parfois très surprenant de constater que beaucoup d'entre vous le refuse et<br />
remette à plus tard leur projet d'écriture : quand je serais à la retraite, en vacances…<br />
Ils posent une condition de telle manière que jamais ce désir ne puisse être assouvi<br />
et réussissent parfaitement à ne jamais commencer à écrire !<br />
Ceux qui pratiquent l'écriture ne peuvent que s'étonner d'une telle attitude tant il est<br />
facile de commencer. Il suffit de s'y mettre. Eric Chevillard exprime fort bien cette<br />
surprise dans Ecrire, pourquoi ?, paru aux Ed. Argol. " Pourquoi pas vous ? Et vous,<br />
pourquoi n'écrivez-vous pas ? Vous l'êtes-vous parfois demandé ? Qu'est-ce qui vous<br />
retient d'écrire ? Comment justifiez-vous ce refus, ce renoncement, cet évitement,<br />
cette dérobade ? Savez-vous ce qui est réellement à l'œuvre là-dessous ? À quelles<br />
forces obéissez-vous ? Quelles sont vos raisons ? Quel est ce secret honteux que<br />
vous gardez dans ce silence ? Dites-moi ce qui, chaque jour, vous empêche de vous<br />
asseoir pour écrire. Et dites-moi aussi ce qui, en tout lieu et à tout instant, de façon<br />
si impérieuse, vous persuade de ne rien noter dans le carnet qui se trouve pourtant<br />
dans votre poche, flétri par les pauvres tâches que vous lui confiez, d'agenda ou de<br />
répertoire. Je ne comprends pas. Expliquez-moi. (…) N'éprouvez-vous pas le besoin<br />
de vous approprier votre langue maternelle comme vous vous êtes approprié votre<br />
corps ? Vous n'auriez pourtant pas consenti à grandir et à vivre in utero, je suppose.<br />
Vous avez voulu pousser dans les directions qui étaient les vôtres "<br />
Terrasser les assauts du quotidien<br />
en développant l'habitude d'écrire<br />
Vous avez dû observer vous-même ce phénomène : moins on pratique et moins on a<br />
envie. Cela vaut pour toutes les disciplines. L'inverse est vrai : l'entraînement fortifie le<br />
désir et l'affine. Les expérimentations de nos manières de commencer, de se lancer<br />
sont progressives. Les découvertes sont nombreuses et exaltantes puisqu'elles conduisent<br />
à la révélation de soi-même. Une fois la décision prise, ce qui nous freine souvent,<br />
c'est le quotidien chargé de multiples obligations que nous avons accumulées avec le<br />
temps et le désir des autres qui se manifeste toute la journée et interrompt des activités<br />
que l'on a choisies. Plus encore, l'environnement exerce des forces qui nous détournent<br />
constamment de nos bonnes résolutions et ruinent notre jubilation à faire ce que l'on<br />
aime : l'actualité et l'éternelle crise économique, les " à quoi bon ? ", le récit des échecs<br />
et des déceptions d'autrui… Certains écrivains ont réussi à utiliser ces empêchements<br />
comme matière première à leur écriture en réagissant à ces influences.<br />
" Je n'ai jamais écrit que sur la provocation des faits. Chaque jour l'événement est là qui<br />
m'attire et me retient, risquant de me détourner du travail interrompu la veille. Il me faut,<br />
à tout le moins, en garder quelque trace. Je suis aux ordres du quotidien. Je l'ai toujours<br />
été, avant même d'écrire. […] J'envie les journalistes. Ils ont l'emploi immédiat du fait.<br />
Ils peuvent sur-le-champ s'exprimer sur tout ce qui les a provoqués. Quand ils sont écrivains,<br />
ils n'ont pas, comme les autres écrivains, à garder pour un usage à venir ces denrées<br />
périssables que sont leurs impressions. Périssables, parce qu'elles enferment un<br />
germe de vie, qu'elles sont proprement vivantes quand elles naissent, et par là menacées.<br />
" Bernard Grasset, Les chemins de l'écriture.<br />
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