ETAT SANITAIRE DE L'ANGUILLE EUROPEENNE ANGUILLA ...
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<strong>ETAT</strong> <strong>SANITAIRE</strong> <strong>DE</strong> L’ANGUILLE<br />
<strong>EUROPEENNE</strong> <strong>ANGUILLA</strong> <strong>ANGUILLA</strong> DANS LE<br />
BASSIN RHÔNE MEDITERRANEE ET CORSE :<br />
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
Amilhat E. (2007) Etat sanitaire de l’anguille européenne Anguilla anguilla dans le bassin Rhône<br />
Méditerranée et Corse : synthèse bibliographique. Rapport Pôle lagunes et Cépralmar. CBETM,<br />
Université de Perpignan. 88p.<br />
RESUMÉ<br />
La population d’anguilles européennes est en net déclin depuis les années 1980. Les<br />
raisons sont multiples et complexes : une dégradation de leurs habitats (obstacles à<br />
leurs migrations anadrome et catadrome, pollutions, aménagements des rivières), la<br />
surpêche, les pathogènes (dont le parasite invasif Anguillicola crassus, le virus<br />
EVEX…), le changement climatique (modification du courant du Gulf Stream). Face<br />
à la situation critique, la Commission Européenne a mis en place un règlement qui<br />
oblige chaque état membre à proposer, pour chaque bassin versant avant fin 2008, un<br />
plan de gestion visant à la reconstitution des stocks. Sur le bassin Rhône Méditerranée<br />
et Corse (RMC), certaines informations basiques manquent encore pour produire un<br />
plan de gestion efficace. Aux vues des dernières études, la qualité des géniteurs<br />
semble particulièrement importante, indépendamment de la quantité. Elle détermine<br />
en effet le recrutement effectif de l’année suivante. Faire le point sur l’état sanitaire<br />
(pathogènes et micropolluants) des anguilles est une étape préliminaire obligatoire<br />
avant toute mise en place d’un relais épidémiologique sur la région. 51 documents ont<br />
été répertoriés sur le bassin RMC. Les sites concernés représentent moins d’un quart<br />
des lagunes et cours d’eau présents. Les études sont fragmentées, avec un manque<br />
d’homogénéité des prélèvements (temps, nombre d’individus, taille, site), rendant la<br />
comparaison intra et inter site difficile. Il existe que très peu de suivis à long terme<br />
qui nous permettrait de conclure sur une éventuelle amélioration ou dégradation de la<br />
situation. Le seul suivi inventorié est celui réalisé sur la lagune de Vaccarès et le canal<br />
de Fumemorte pour Anguillicola crassus. Cette étude montre une stabilisation de<br />
l’infestation avec environ 60 à 70% des individus infestés. Le bassin est largement<br />
touché par Anguillicola crassus qui pourrait être responsable d’une mortalité<br />
importante de la population, réduisant son succès reproducteur. Deux autres<br />
pathogènes Pseudodactyloryrus sp. et le virus EVEX semblent jouer un rôle<br />
important. Cependant, les études les concernant sont rares. Les principaux groupes de<br />
micropolluants (inorganiques : métaux lourds et organiques : PCB, HAP, pesticides,<br />
dioxines, retardateurs de flamme bromés) semblent omniprésents sur le bassin pour<br />
les sites étudiés. Il ne semble pas y avoir de solutions à court terme. Il semble donc<br />
urgent de mettre en place des indicateurs permettant le suivi de l’état sanitaire des<br />
géniteurs à long terme. Les recommandations et la mise en place d’actions prioritaires<br />
sont discutées dans le rapport.<br />
Mots clefs : Anguilla anguilla, état sanitaire, pathogènes, Anguillicola crassus,<br />
Pseudodactylogyrus sp., EVEX, micropolluants, PCB, HAP, dioxines, pesticides,<br />
retardateurs de flamme bromés, métaux lourd.
REMERCIEMENTS<br />
Je tiens à remercier vivement tous ceux qui, par leur collaboration technique ou<br />
financière, ont contribué à la réalisation de cette étude.<br />
Les partenaires financiers : la Fondation Sansouire et le Cépralmar.<br />
Nicolas Auphan, Christophe Barla, Olivier Baudier, Guillaume Blanc, Dominique<br />
Blanchard, Olivier Bonnefous, Fabienne Botté, Jacques Bruslé, Alain Crivelli,<br />
Jacqueline Crivelli, J. Dubost, Nicolas Dupré, Pierre Elie, Henri Farrugio, Géraldine<br />
Fazio, Adeline Fourrier, Patrick Girard, Benjamin Hérodet, Edouard Jobet, Thierry<br />
Laugier, Phillipe Lenfant, Gwenaëlle Leviol, Corinne Libert, Adam Marques, Anne<br />
Modat, David Mouillot, Romain Passeron, Vincent Peyronnet, J.P Proteau, Claude<br />
Putavy, Sylvain Richard, Tony Robinet, Hélène Roche, Valérie-Claude Sourribes,<br />
Nathalie Tapie, Sonia Ternengo pour leur collaboration dans la recherche de<br />
documents et/ou leur aide technique.<br />
Pierre Sasal, Raymonde Lecomte, Patrick Girard et Alain Crivelli pour leurs<br />
commentaires et revue du manuscrit.<br />
Contact :<br />
Elsa Amilhat<br />
UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD<br />
Centre de Biologie et Ecologie tropicale et méditerranéenne<br />
Parasitologie Fonctionnelle et Evolutive<br />
CBETM, Université. 52 Av. Paul Alduy<br />
66860 Perpignan Cedex, France<br />
Tel (33) (0)4 68 66 21 83<br />
Fax (33) (0)4 68 66 22 81<br />
Email : elsa.amilhat@yahoo.com
Sommaire<br />
1. Contexte et nécessité de l’étude 1<br />
2. Objectifs de l’étude 4<br />
3. Matériels et Méthodes 5<br />
3.1 Inventaire des documents 5<br />
3.2 Création d’un tableur Excel 5<br />
3.3 Bases de références bibliographiques 9<br />
3.4 Indices épidémiologiques 9<br />
3.5 Concentrations des polluants 9<br />
3.6 Utilisation de l’outil SIG 9<br />
4. Vision d’ensemble des données disponibles 10<br />
5. Les pathogènes d’Anguilla anguilla 18<br />
5.1 Généralités 18<br />
5.2 Anguillicola crassus 22<br />
5.2.1. Caractéristiques de A. crassus 22<br />
5.2.2. Effet pathogènes, mortalités et implications 23<br />
5.2.3. Facteurs influençant les paramètres épidémiologiques 25<br />
5.2.4 Elimination, immunisation, autorégulation du parasite 26<br />
5.2.5 Distribution dans le bassin RMC 27<br />
5.3 Autres parasites 34<br />
5.3.1 Généralités 34<br />
5.3.2 Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC 35<br />
5.3.3. Ichtyophthirius multifiliis dans le bassin RMC 38<br />
5.3.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite 38<br />
5.4 Viroses 38<br />
5.4.1 Généralités 38<br />
5.4.2 Effets pathogènes du virus EVEX 39<br />
5.4.3. Virus détectés dans le bassin RMC 39<br />
5.5 Conclusions et recommandations 40<br />
6. Les contaminants chimiques 43<br />
6.1 Généralités 43<br />
6.2 Normes toxicologiques de référence / cadre législatif 45<br />
6.3 Impacts des micropolluants sur les anguilles 47<br />
6.4 Facteurs influençant les teneurs en xénobiotiques 49<br />
6.5 Les contaminants observés chez les anguilles dans le bassin RMC 51<br />
6.6 Conclusions et recommandations 56<br />
7. Les effets synergiques pathogènes – polluants 58<br />
8. Résumé des recommandations existantes au niveau sanitaire 59<br />
9. Conclusions générales, recommandations et actions prioritaires 61<br />
BIBLIOGRAPHIE 66<br />
ANNEXES 75
1. Contexte et nécessité de l’étude<br />
L’anguille européenne Anguilla anguilla est une espèce euryhaline présente du Sud<br />
du Maroc, au Nord de l’Islande, de l’Ouest des Açores jusqu’à la Mer Noire, au-delà<br />
de la Méditerranée à l’Est (Figure 1). Son originalité, mais aussi son point faible,<br />
réside dans le fait qu’elle ne se reproduit qu’une seule fois dans sa vie (après 3 à 15<br />
ans passés en milieu continental). La Mer des Sargasses est son unique aire de ponte<br />
(dans l’ Océan Atlantique Nord). Depuis les années 80, un déclin général des stocks<br />
d’anguilles européennes Anguilla anguilla et de leur recrutement est observé sur<br />
l’ensemble de son aire de répartition (ICES, 2006). Un ensemble de facteurs<br />
défavorables, tant naturels que d’origine anthropique, contribue à sa menace :<br />
changement climatique (modification du courant océanique nord Atlantique<br />
responsable du changement de route migratoire des leptocéphales), agents pathogènes<br />
(invasion du parasite Anguillicola crassus, EVEX…), dégradation de leurs habitats<br />
(pollutions domestiques et industrielles, aménagement des cours d’eau) et surpêche.<br />
Figure 1 : Distribution géographique et aire de reproduction de l’anguille européenne. D’après Migado<br />
(2005).<br />
La situation semble critique : le stock de civelles aurait diminué de 95% au cours de<br />
ces vingt dernières années, et celui des anguilles de 50% (Parlement Européen, 2006).<br />
Des tendances similaires sont observées pour l’anguille américaine (Anguilla<br />
rostrata) et asiatique (Anguilla japonica) (Stone, 2003). L’Union Européenne,<br />
alertée par le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) et de la<br />
FAO (Food and Agriculture Organisation), associés sous la forme du groupe de<br />
travail WGEEL (Working Group on Eel), demande alors aux états membres de<br />
prendre des mesures pour la restauration de la population. L’espèce est considérée<br />
pour la première fois en dehors de ces limites biologiques de sécurité en 1998 par le<br />
CIEM et la FAO. Consciente de la nécessité d’un effort commun de tous les états<br />
membres, la Direction Pêche de la Communauté Européenne demande la préparation<br />
de plans de gestion pour chaque bassin versant afin de reconstituer le stock<br />
d’anguilles européennes. En France, la Direction des Pêches Maritimes du Ministère<br />
de l’Agriculture et de la Pêche et la Direction de l’Eau du Ministère de l’Ecologie et<br />
du Développement Durable ont fait appel au Grisam (Groupement d’Intérêt<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 1
Scientifique sur les Poissons Migrateurs Amphihalins) pour sa lecture du projet de<br />
règlement européen et pour sa contribution éventuelle à la définition des plans de<br />
gestion qui y sont évoqués. Un rapport très complet a été délivré en Juin 2006<br />
(GRISAM, 2006). Il propose la mise en place d’indicateurs de population afin de<br />
pouvoir mesurer l’efficacité des mesures prises. Le projet de réglementation européen<br />
a été récemment repris par la présidence Allemande et de nouvelles échéances se<br />
présentent : le 1 er Janvier 2008 l’effort de pêche devra être réduit de 50% par tous les<br />
états membres. Seuls seront exemptés les pays membres qui auront fourni des plans<br />
de gestion pour la reconstitution du stock. Ce texte est toujours en révision et les<br />
discussions continuent entre le Grisam, les ministères français impliqués et l’Europe.<br />
Le Grisam travaille sur un plan de gestion intégré durable, consistant à augmenter<br />
l’échappement des géniteurs en quantité et en qualité. Pour cela, le Grisam se base sur<br />
les différents groupes de réflexions et d’études scientifiques menées au niveau<br />
national et international.<br />
La pêche à l’anguille représente une activité socio-économique importante en Europe<br />
(elle fait vivre environ 25 000 pêcheurs (Stone, 2003)). Sa valeur commerciale a été<br />
estimée à environ 180 millions d’euros/an (Feunteun et al., 2000a). En France, on<br />
observe une spécificité différente pour les façades Atlantique et Méditerranée. Alors<br />
que la capture de civelles dans les estuaires représente l’activité économique<br />
principale de la pêche à l’anguille sur la côte Atlantique. La pêche à la civelle est<br />
interdite en Méditerranée et la pêche de l’anguille jaune et argentée dans les lagunes<br />
représente l’activité économique principale. La pêche à l’anguille en Méditerranée est<br />
une activité ancestrale, économiquement importante qui fait vivre environ 600<br />
pêcheurs (COGEPOMI, 2006). Le Cépralmar et les Affaires Maritimes estiment cette<br />
pêche à environ 1000 tonnes/an dans les étangs du bassin Rhône Méditerranée et<br />
Corse (RMC). La proportion d’anguilles pêchées (années 82-85) par secteur a été<br />
estimée à 18% dans le secteur Aude, 11% pour le secteur Thau, 11% sur le secteur<br />
Palavas, 14% sur le secteur Camargue, 41% sur le secteur de Berre et 5% sur le<br />
secteur Corse (Basilien, 1996). Cependant, ces données restent approximatives et<br />
insuffisantes pour être de bons indicateurs de l’évolution des stocks. L’anguille est la<br />
principale espèce exploitée par la pêche artisanale dans les lagunes méditerranéennes<br />
(Lecomte-Finiger & Bruslé, 1984). Elle est présente sur tout le bassin RMC avec des<br />
densités qui diminuent en s’éloignant de la mer (Chancerel, 1994).<br />
Des efforts non négligeables ont été menés depuis les années 90 dans des<br />
programmes de gestion et restauration des eaux intérieures, principalement dans la<br />
restauration du recrutement naturel ou du repeuplement (civelles du sud de l’Europe<br />
pour repeupler le Nord) (Feunteun, 2002; Robinet & Feunteun, 2002). Cependant,<br />
aucune amélioration significative du recrutement n’a été observée, ni en Europe ni en<br />
Amérique du nord. Il est suggéré que la qualité des géniteurs est certainement un<br />
facteur clef qu’il est nécessaire de prendre en compte. Malgré les recommandations<br />
scientifiques (CIEM, GRISAM), la réglementation européenne ne prend pas<br />
explicitement en compte la qualité des géniteurs. Or il est évident aujourd’hui qu’elle<br />
représente une part primordiale dans la quantification des géniteurs qui atteindront<br />
avec succès la mer des Sargasses pour se reproduire. On observe aussi un manque de<br />
prise en compte de la qualité des géniteurs dans les modèles actuels de dynamique de<br />
la population de l’anguille (voir projet SLIME (Dekker et al., 2006)).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 2
Dû à sa longue phase de séjour dans les eaux continentales et/ou saumâtres, environ 8<br />
à 12 ans (en fonction du sexe), son caractère prédateur benthique, sa forte teneur en<br />
graisse (facilité de bioaccumulation des polluants lipophiles) et sa maturation sexuelle<br />
particulièrement tardive (redistribution des lipides pour la maturation des gonades),<br />
l’anguille est particulièrement sensible aux effets des polluants et parasites (Bruslé,<br />
1994). Les récentes recommandations du CIEM concernent l’identification et<br />
l’augmentation de stock de reproducteurs de bonne qualité (ICES, 2006). Malgré cela,<br />
les études concernant l’estimation de la qualité des géniteurs restent peu nombreuses.<br />
La diminution du nombre d’individus capables d’effectuer la maturation sexuelle<br />
et la migration transatlantique pourrait être le facteur primordial pour la survie de<br />
cette espèce.<br />
Le caractère panmictique (provenant d’un seul stock) de cette espèce en fait une<br />
ressource fragile qui dépend de la contribution de tous les bassins versants de son aire<br />
de répartition pour sa survie. La façade Atlantique s’est dotée de plusieurs<br />
organismes/projets agissant activement pour la gestion de l’anguille. Le tableau de<br />
bord Loire (http://www.anguille-loire.com), créé en 2001, centralise les informations<br />
et les outils disponibles pour la gestion de l’anguille sur le bassin versant de la Loire.<br />
Des indicateurs de recrutement, colonisation et dévalaison sont disponibles et un<br />
document devrait bientôt faire son apparition contenant les propositions pragmatiques<br />
pour la Loire. D’autre part, le projet Européen Interreg-III INDICANG, lui aussi sur<br />
la façade Atlantique, a permis le développement d’indicateurs de population basés sur<br />
4 boîtes thématiques : 3 pour chacun des stades biologiques de l’anguille : civelle,<br />
anguille jaune, anguille argentée et 1 boîte transversale : environnement. Ce projet est<br />
sur le point d’être reconduit. A contrario, sur la façade Méditerranéenne, il n’existe<br />
pour le moment aucune structure de ce type permettant de développer des indicateurs<br />
spécifiques de la situation en Méditerranée (pêche majoritairement dans les lagunes,<br />
pêche à la civelle interdite et faible marée). Un début d’action a été initié par le<br />
groupe anguille du Comité de gestion des poissons migrateurs (COGEPOMI)<br />
Méditerranée, qui s’est réuni pour la première fois en janvier 2006 suite à l’expression<br />
d’inquiétudes très fortes concernant le projet de règlement européen. Un projet de<br />
gestion de l’anguille sur les lagunes méditerranéennes 2006-2008 a été rédigé en<br />
octobre 2006 (COGEPOMI, 2006), avec comme programme d’actions : (1) la mise en<br />
place d’un outils de suivi et de pilotage du plan de gestion des migrateurs (type<br />
tableau de bord) et (2) améliorer la connaissance, le diagnostic sur l’état de la<br />
population et le taux d’échappement.<br />
L’évaluation de la qualité de la ressource apparaît comme indissociable du reste des<br />
actions de gestion à mener, puisque si les anguilles sont incapables de se rendre sur<br />
leur lieu de reproduction, les efforts menés sur d’autres plans risquent d’être vains. La<br />
figure 2 représente les différentes sources de mortalité rencontrées par les anguilles<br />
lors de leur cycle. La mise en place d’un réseau de surveillance épidémiologique<br />
semble un outil indispensable à long terme. Dans un premier temps, vu la nature<br />
éparse des connaissances, un état des lieux est nécessaire pour connaître les besoins<br />
de surveillance et définir une marche à suivre pour l’installation d’un tel réseau.<br />
C’est à la suite de ces réflexions durant la réunion COGEPOMI (COGEPOMI, 2006)<br />
qu’il a été décidé de mener cette étude de 4 mois (Décembre 2006 – Mars 2007) sur<br />
l’état des connaissances concernant la qualité sanitaire de la population d’anguilles du<br />
Bassin RMC.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 3
Figure 2 : Sources de mortalité de l’anguille européenne dans le bassin Rhône Méditerranée et Corse.<br />
2. Objectifs de l’étude<br />
Les objectifs sont :<br />
(1) D’entreprendre l’inventaire le plus exhaustif possible de l’ensemble de la<br />
littérature scientifique (blanche et grise) se rapportant aux polluants et aux<br />
pathogènes de la population d’anguilles du bassin RMC. Cet inventaire<br />
donnera lieu à la création d’une base de donnée bibliographique EndNote. Les<br />
données bibliographiques seront par ailleurs référencées dans la base de<br />
métadonnées Syscolag.<br />
(2) De Créer un tableur Excel où les données importantes seront reprises sous<br />
forme de variables. Cette base de données servira à analyser entre autre la<br />
répartition spatiale, l’évolution temporelle et la pertinence de<br />
l’échantillonnage.<br />
(3) De visualiser la répartition spatiale des données disponibles dans un Système<br />
d’Information Géographiques.<br />
(4) D’analyser l’ensemble des données afin d’identifier les manques de<br />
connaissance et de hiérarchiser les priorités d’actions qui permettront<br />
d’optimiser la gestion des anguilles dans la zone RMC au niveau sanitaire.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 4
3. Matériels et Méthodes<br />
3.1 Inventaire des documents<br />
La recherche de documents s’est faite de multiple façon à divers endroits. Le tableau<br />
1 récapitule les organisations/personnes visitées ou contactées. Tous les documents<br />
révélateurs pour cette étude sont référencés dans une base bibliographique EndNote<br />
(AnguillesRMCPolluantsPathogènes2007). Au total, 29 documents appartenant à la<br />
littérature blanche (articles publiés, thèses de doctorat) et 22 appartenant à la<br />
littérature grise (rapports de stage, rapports d’études, analyses de laboratoire…) ont<br />
été inventoriés spécifiquement pour la recherche de pathogènes et de polluants des<br />
anguilles sur le bassin RMC. 25 articles supplémentaires ont été inventoriés pour les<br />
autres pays du bassin Méditerranéen. Par ailleurs, la base comprend aussi d’autres<br />
documents utilisés pour replacer l’étude dans un contexte plus général.<br />
3.2 Création d’un tableur Excel<br />
La mise en place du tableur Excel (TAnguillesRMCPolluantsPathogènes2007.xls)<br />
s’est faite au fur et à mesure des lectures. Les variables/paramètres retenus (Tableau<br />
2) ont été sélectionnés en vue de répondre aux objectifs finaux. Certains champs ont<br />
été spécialement ajoutés en vue de l’incorporation des données à la base de<br />
métadonnées Syscolag propre à la région Languedoc Roussillon.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 5
Tableau 1. Liste des organisations/personnes visitées ou contactées pour répertorier les documents.<br />
Organisations Contact<br />
Bibliothèque du Cépralmar Nicolas Dupré : dupre@cepralmar.org<br />
Bibliothèque de la Tour du Valat<br />
(centralise toute la documentation des<br />
pôles relais lagunes, Corse incluse)<br />
Tél : 04 67 99 99 90<br />
Jacqueline Crivelli : j.crivelli@tourduvalat.org<br />
Alain Crivelli : a.crivelli@tourduvalat.org<br />
Tél : 04 90 97 20 13<br />
Fond bibliographique de Mr. Bruslé Disponible à la bibliothèque des Sciences de l’Université<br />
de Perpignan. Contact :<br />
Anne Modat : anne.modat@univ-perp.fr<br />
Fond bibliographique personnel de Mr.<br />
Girard<br />
Documents présents dans le laboratoire<br />
CBETM de Perpignan, possédés par les<br />
chercheurs travaillant sur la thématique<br />
anguille<br />
Tél : 04-68-66-20-50<br />
Plusieurs études menées pour le compte des fédérations<br />
de pêches, MRM<br />
Patrick Girard : patagir@club-internet.fr<br />
Tél: 04 42 53 11 48<br />
Raymonde Lecomte : lecomte@univ-perp.fr<br />
Pierre Sasal : sasal@univ-perp.fr<br />
Géraldine Fazio : fazio@univ-perp.fr<br />
Tél : 04 68 66 21 83<br />
Fédérations de pêche 26 fédérations de pêche du bassin RMC contactées par<br />
téléphone.<br />
Comité Régional des Pêches maritimes et Mr Dominique Blanchard, Président du Comité local de<br />
des élevages marins (CRPM)<br />
Port Vendres basé à Sigean<br />
Tél : 04 68 48 42 68<br />
Conseil Supérieur de la pêche (CSP) L-R, Mr. Sylvain Richard<br />
PACA et Corse<br />
Tél : 04 67 10 76 61<br />
MRM Mr. Nicolas Auphan :<br />
n.auphan@migrateursrhonemediterranee.org<br />
Tél: 04 90 93 39 32<br />
DIREN Rhône-Alpes Mme Claude Putavy<br />
Tél : 04 37 48 36 20<br />
Bases de données disponibles sur internet:<br />
Universités du basin RMC<br />
Base SUDOC + contact direct avec certains laboratoires<br />
Ecoles vétérinaires<br />
Cemagref<br />
Région Direction de l'Economie Rurale,<br />
Littorale et Touristique<br />
Service Gestion de l'Espace Rural et<br />
Littoral. Région L-R<br />
Toulouse, Nantes<br />
Base de données + contact avec J.P Proteau et Pierre Elie<br />
Tél : 05 57 89 08 02<br />
Marc Barral<br />
Tél : 04 90 97 29 56<br />
Ifremer Sète Henri Farrugio : Henri.Farrugio@ifremer.fr<br />
Tél : 04 99 57 32 37<br />
PNR Parc Naturel Régional de la info@parc-naturel-narbonnaise.fr<br />
Narbonnaise<br />
Tél : 04 68 42 70 42<br />
Communauté<br />
Méditerranée<br />
de l’Agglomération Têt Mr. J. Dubost<br />
Recherche sur bases de<br />
données électroniques: Science Direct,<br />
ASFFA, Scopus, Web of Science<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 6
Tableau 2. Paramètres contenus dans la base de données Excel.<br />
# Descripteur Signification<br />
Po/Pa Indique si le document se réfère à des données sur les pathogènes<br />
(pa) ou polluants (po)<br />
PoPa Indique si le document possède des résultats concernant en même<br />
temps les pathogènes et les polluants<br />
Codedoc T= Thèse<br />
R=Rapports<br />
Ap=Article référés<br />
Ce code est suivi d’un numéro (dans l’ordre des lectures)<br />
Code utilisé dans EndNote à « Call number »<br />
Typedoc Détaille le type de document (Thèse, <strong>DE</strong>A, maîtrise, IUT, ONG….)<br />
Numdoc Un numéro donné au document dans l’ordre des lectures<br />
Loca Localisation du document (CBETM, Tour du Valat…)<br />
Format Papier, pdf…<br />
Langage Langage du document (FR=français, EN=anglais...)<br />
Auteur Auteur du document<br />
Année Année de publication du document<br />
Sujet Sujet du document<br />
Mots clef<br />
Revue OUI si le document est une revue des données existantes<br />
Fiabilité Bonne, moyenne, mauvaise (échantillonnage faible)<br />
AnnéeEtude Année de l’échantillonnage<br />
Saison Détail sur la période d’échantillonnage<br />
fréquence Fréquence d’échantillonnage<br />
Détailéchant Détail sur l’échantillonnage (nombre de stations, nombre d’individus<br />
par station)<br />
Condition N = en milieu naturel<br />
E = en condition expérimentales<br />
Pays Pays d’où proviennent les anguilles<br />
Sitedétail Détail du site d’échantillonnage<br />
SiteCode Site code (noms)<br />
RemSite Remarque sur le site<br />
SiteNB Site code (numérique)<br />
TypeSite Lagune, rivière, fleuve…<br />
Pêche Pratique de la pêche : oui<br />
Réserve Si le site est dans un réserve : oui<br />
Stock Si le site est utilisé pour la culture d’anguille<br />
LongEst Longitude du site d’échantillonnage<br />
LatNord Latitude du site d’échantillonnage<br />
Profondeur En m<br />
Salinité En g/L<br />
Pollution Sources de pollutions connues<br />
T Température en degrés Celsius<br />
Surface En m² (pour les lagunes)<br />
Échanges Information sur les échanges avec la mer<br />
N Nombre d’individus échantillonnés<br />
Sexe Mâle : M et Femelle : F<br />
Stade Stade de l’anguille (civelle, jaune, argentée…)<br />
Lmoy Longueur moyenne en cm<br />
LSD Déviation standard (écart-type) de la longueur moyenne en cm<br />
LSE Erreur standard de la longueur moyenne en cm<br />
Lmin Longueur minimum en cm<br />
Lmax Longueur maximum en cm<br />
LS Lorsque la longueur est exprimée en longueur standard<br />
Wmoy Poids moyen en g<br />
WSD Déviation standard (écart-type) du poids moyen en g<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 7
Tableau 2 (suite)<br />
# Descripteur Signification<br />
WSE Erreur standard du poids moyen en g<br />
Wmin Poids minimum en g<br />
Wmax Poids maximum en g<br />
Lipides Information sur la proportion de lipide<br />
Pathogène Nom du pathogène<br />
GroupePatho Indique à quel groupe appartient le pathogène (virus, parasite,<br />
bactérie, mycose<br />
asb/presence Indique si le pathogène en question est présent ou absent<br />
stade Stade du pathogène<br />
Locahôte Localisation dans l’hôte du pathogène<br />
Npatho. Nombre de pathogènes observés<br />
P moy. (%) Prévalence (%)<br />
P min Prévalence min (%)<br />
P max Prévalence max (%)<br />
Pecarttype Déviation standard (écart-type) de la prévalence<br />
I moy. Intensité moyenne<br />
I ES Erreur standard de l’intensité moyenne<br />
IDS Déviation standard (écart-type) de l’intensité moyenne<br />
Imin Intensité minimum<br />
Imax Intensité maximum<br />
A Abondance moyenne<br />
Asd Déviation standard (écart-type) de l’abondance moyenne<br />
A es Erreur standard de l’abondance moyenne<br />
Amax Abondance maximum<br />
SDI Indice de dégénérescence de la vessie<br />
SE(SDI) Erreur standard de l’indice de dégénérescence de la vessie (SDI)<br />
PSDI Prévalence tenant compte des individus avec un indice de<br />
dégénérescence de la vessie (SDI) supérieur ou égale à 2<br />
Methode Remarque sur la méthode utilisée<br />
ContrôlePa Indique s´il existe un échantillon contrôle<br />
M Informe sur le taux de mortalité<br />
résultats Remarques<br />
polluant Noms du contaminant<br />
Typepol Groupe du polluant (PCB, HAP, métaux lourds, dioxine, retardateur<br />
de flamme bromé, pesticide, herbicide)<br />
Norme Indique si utilisation d’une norme pour interpréter le résultat<br />
effetPol Effet du contaminant<br />
Doses Doses administrer de contaminant (condition expérimentale)<br />
Durée<br />
seuil detection<br />
C létale Concentration létale<br />
organe Organe dans lequel le contaminant est mesuré<br />
C Concentration moyenne du contaminant<br />
Ces Erreur standard de la concentration moyenne<br />
Cds Déviation standard de la concentration moyenne<br />
IC50%inf Interval de confience 50% inférieur<br />
IC50%sup Interval de confience 50% supérieur<br />
Cmin Concentration minimum<br />
Cmax Concentration maximum<br />
Unité Unité<br />
PFPS Expression du résultat en poids sec (PS) ou poids frais (PF)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 8
Tableau 2 (suite)<br />
# Descripteur Signification<br />
Typemoy Dans le cas ou la concentration moyenne est calculée avec une<br />
moyenne géométrique<br />
sup norme Indique si la concentration du contaminant dépasse la norme de<br />
comestible comestibilité<br />
sup bruit de Indique si la concentration du contaminant dépasse le bruit de fond<br />
fond<br />
Methode Remarque sur la méthode utilisée<br />
%contaminé % de l’échantillon contaminé<br />
RemPol Remarque sur le résultat<br />
ContrôlePo Indique s´il existe un échantillon contrôle<br />
Labo Laboratoire dans lequel les analyses ont été réalisées<br />
3.3 Bases de références bibliographiques<br />
Les références bibliographiques sont insérées dans le logiciel EndNote version X.<br />
Deux fichiers ont été créés : un exclusif au bassin RMC et un autre contenant toutes<br />
les références utilisées pour ce rapport. Le champ « call number » dans la base<br />
EndNote correspond au champ « codedoc» dans la base excel.<br />
3.4 Indices épidémiologiques :<br />
Les indices épidémiologiques rencontrés dans la littérature sont pour la majorité<br />
calculés selon (Bush et al., 1997). Dans certains cas, les indices épidémiologiques ont<br />
dû être calculés à partir des données brutes. Nous avons alors utilisé la même méthode<br />
de calcul (Bush et al., 1997) :<br />
La prévalence (P) en pourcentage = nombre d’hôtes infestés x 100 / nombre d’hôtes<br />
examinés<br />
Intensité moyenne (I) = nombre total de parasites trouvés dans l’échantillon /<br />
nombre d’hôtes infestés<br />
ES= erreur standard = écart-type (de I) / √( nombre d’hôtes infestés )<br />
Abondance moyenne (A) = nombre total de parasites trouvés dans l’échantillon /<br />
nombre total d’hôtes examinés<br />
ES= erreur standard = écart-type (de A) / √(nombre total d’hôtes examinés)<br />
3.5 Concentrations des polluants<br />
L’expression des résultats de contamination est très variable selon les études. Afin de<br />
pouvoir comparer les résultats entre eux, nous avons utilisés dans certain cas des<br />
facteurs de conversions. La conversion poids sec (PS) en poids frais (PF) n´est<br />
possible que lorsque l’auteur précise le pourcentage de matière sèche de l’échantillon.<br />
Alors on utilise la formule :<br />
Teneur en mg/kg PF = teneurs en mg/kg PS * % matière sèche/100<br />
3.6 Utilisation de l’outil SIG (Système d’Information Géographique)<br />
Pour visualiser les résultats sur des cartes, nous avons utilisé le logiciel MapInfo<br />
version Professional 7.5. Les couches des cours d’eau ainsi que des lagunes du bassin<br />
RMC nous ont été gracieusement fournies pas la DIREN Rhône-Alpes.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 9
4. Vision d’ensemble des données disponibles<br />
Au final, des informations sur l’état sanitaire des anguilles ont pu être identifiées sur<br />
23 lagunes, 11 fleuves, 2 rivières et 2 canaux dans le bassin RMC. Le tableau 3<br />
récapitule le nombre de documents répertoriés par groupe de pathogènes et polluants.<br />
Seulement 5 documents traitent à la fois de pathogènes et polluants. Les études<br />
concernant les parasites sont les plus nombreuses, puis viennent celles concernant les<br />
métaux lourds.<br />
Tableau 3. Nombre de documents répertoriés par groupes de pathogènes et polluants sur le bassin<br />
RMC. Autre = pathologie observée dont on ne connaît pas l’origine. RFB = Retardateurs de flamme<br />
bromés<br />
Type de pathogènes Type de micropolluants<br />
Types de<br />
documents<br />
Parasites<br />
Virus<br />
Mycose<br />
Bactéries<br />
Autre<br />
Total<br />
pathogènes<br />
Article 17 17 4 6 3 5 10<br />
Thèse 3 1 3 1 1<br />
Rapport 8 4 1 3 11 10 1 3 2 1 12<br />
Total 28 4 1 1 3 31 15 7 6 7 1 23<br />
Métaux<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 10<br />
HAP<br />
PCB<br />
Pesticides<br />
RFB<br />
dioxines<br />
Total<br />
Polluants<br />
Le tableau 4 résume pour chaque site le sujet traité et le ou les article(s)<br />
correspondant(s). Dans ce tableau, seulement les pathogènes potentiellement les plus<br />
dangereux sont pris en compte. La liste des principales lagunes du bassin RMC<br />
provient du rapport de Barral en 2001. L´annexe 1 reprend les caractéristiques des<br />
principales lagunes (Barral, 2001). La liste en annexe 2 permet d’associer à chaque<br />
code de document son auteur et sa date de publication. Les figures 3, 4, 5, 6 et 7<br />
indiquent la localisation des différentes lagunes et sites pour lesquels des informations<br />
concernant l’état sanitaire des anguilles sont disponibles.<br />
Les informations disponibles sur le bassin RMC ne concernent que peu de fleuves et<br />
rivières. Au niveau des lagunes, bien que l’on trouve des informations pour toutes les<br />
principales lagunes, il en reste certaines (16) où l’état sanitaire des anguilles n’a<br />
jamais été documenté (en grisé). De plus, seulement 19 documents (surlignés en<br />
jaune) concernent des échantillonnages réalisés pendant ou après l’année 2000.<br />
La recherche de documents portant sur l’état sanitaire des anguilles dans les autres<br />
pays du bassin Méditerranéen s’est limitée à la littérature blanche. 15 articles<br />
concernant les pathogènes et 10 concernant les contaminants ont été répertoriés. Le<br />
tableau en annexe 3 résume pour chaque site le sujet et l’article correspondant (voir<br />
l’annexe 2 pour retrouver l’auteur de chaque document). La carte en annexe 4 et la<br />
liste en annexe 5 indiquent la localisation et le nom des différentes lagunes et sites<br />
pour lesquels des informations sont disponibles. Peu de sites ont été étudiés par<br />
rapport au nombre de lagunes et bassins versants existants sur le pourtour<br />
Méditerranéen. (Hervé, 1978)
Table 4. Documents portant sur l’état sanitaire de l’anguille dans le bassin RMC français. T = type de site. L : lagune, F : fleuve, R : rivière, C : canal, D : delta. # = code du<br />
site, utilisé dans la base excel. En grisé : les sites où l’état sanitaire des anguilles n’a jamais été documenté. En jaune : les sites pour lesquels des études récentes (≥ l’année<br />
2000) existent. « sp » est utilisé lorsque l’éspèce n’est pas déterminée dans l’étude. RFB = retardateurs de flamme bromés.<br />
Sites T # A. crassus P. anguillae P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides RFB<br />
Secteur PO/Aude<br />
Tech F 0 89<br />
Canet L 1 63,64<br />
Salses-Leucate L 2 3,46, 94, 95, 96,97 94sp, 97sp 94sp, 97sp 64<br />
la Palme L 3 13<br />
Bages-Sigean L 4 3,46,89, 94, 95 94sp 94sp 13,81, 82,89, 90 82 82 82, 89<br />
Ayrolle L 5 3<br />
Campignol L 6<br />
Grazel L 7<br />
Gruissan L 8 3<br />
Mateille L 9<br />
Pissevaches L 10<br />
Aude F 10a 98<br />
Vendres L 11 3<br />
Orb F 11a 37<br />
Secteur Thau<br />
Bagnas L 12<br />
Hérault F 12a 37<br />
Lergue R 12b 27 27<br />
Thau L 13 3,46 2 2<br />
La Peyrade L 14<br />
Secteur Palavas<br />
Ingril L 15 3<br />
Vic L 16 3<br />
Pierre-Blanche L 17 46<br />
Prévost L 18 3<br />
Arnel L 19 3,94 94sp 94sp<br />
Grec L 20<br />
Méjean et Pérols L 21 3<br />
Lez F 21a 24,27 37 27<br />
Virdoule F 21b 37<br />
Mauguio (Or) L 23 3,26,27,46 27<br />
Ponant L 24<br />
Médard L 25<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 11
Tableau 4. (Suite)<br />
Sites T # A. crassus P. anguillae P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides RFB<br />
Rhône St-Romans L 26<br />
Marette L 27<br />
Charnie L 28<br />
Scamandre L 29 27 27<br />
Rollan L 30<br />
Secteur Camargue<br />
Malagroy et Impérial L 31 34,54,55<br />
Vaccarès L 32 3,24,27,34,41,42,<br />
45,46,51,54,56,7<br />
2,93<br />
Fumemorte C 33 23,24,27,42,53,5<br />
4<br />
56sp 56sp,<br />
27,<br />
51,56,93 56, 65, 80 6, 43, 44,<br />
65, 66<br />
6, 42,<br />
44, 56<br />
6, 42, 43,<br />
44, 65<br />
27 65 44, 65 42,44 42, 44, 65<br />
Aube de bouic C 33a 54<br />
Grand Palun L 33b 27,23 27<br />
Rhône F 33c 27,47,56,68 27 56, 70 56<br />
Saône R 33d 68<br />
Secteur Berre<br />
Berre L 34 3 80<br />
Bolmon L 34a 3<br />
Argens F 34b 49 49<br />
Var F 34c 56,92 56,92 56 56<br />
Loup F 34d 88<br />
Gapeau F 34e 88<br />
Villepey L 35<br />
Secteur Corse<br />
Biguglia L 36 29 29<br />
Diana L 37<br />
Urbino L 38 40<br />
Palu L 39<br />
Gravone F 40 3,69<br />
Nb articles 14 2 4 6 3 5<br />
Nb thèses 4 1 1<br />
Nb rapports 8 1 1 4 10 1 3 2 1<br />
Total 26 3 2 4 15 7 6 7 1<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 12
Figure 3. Secteur lagunes Aude. Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 13
Figure 4. Secteur lagunes Thau et Palavas - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 14
Figure 5. Secteur lagunes Camargue et Berre - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 15
Figure 6. Secteur lagunes et cours d’eau Corse - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges). (Gavrone : localisation non précisée)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 16
Figure 7. Cours d’eau du Bassin RMC - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges). (Des études ponctuelles ont aussi été menées<br />
pour les pathogènes sur l’Hérault, le Lergue et le Virdoule, mais les localisations n’ont pas été détaillées).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 17
5. Les pathogènes d’Anguilla anguilla<br />
5.1. Généralités<br />
Les pathogènes sont définis comme pouvant provoquer une maladie (une altération<br />
organique ou fonctionnelle considérée dans son évolution, et comme une entité<br />
définissable). Vigier (1997) fait l’inventaire dans son ouvrage de toutes les maladies<br />
connues de l’anguille. Quatre grands groupes sont distingués : les viroses, les<br />
bactérioses, les mycoses et les parasitoses. Les études menées sur les maladies en<br />
milieu naturel sont peu nombreuses. Basé sur l’ouvrage de Vigier (1997) ainsi que des<br />
prévalences rapportées dans la littérature, Girard & Lefebvre (2001) considèrent 14<br />
maladies importantes (voir tableaux 5, 6 et 7). Les mycoses n’en font pas partie. Elles<br />
semblent d’apparition secondaire à des blessures préalables et apparaissent en été<br />
lorsque les débits d’eau sont faibles et les températures aquatiques élevées (Vigier,<br />
1997). Les bactérioses ne se développent qu’en cas de mauvaises conditions du<br />
milieu. Par exemple, les modifications brusques de la température de l’eau dues aux<br />
modifications de débits sur la Dordogne et la Garonne provoquent une apparition<br />
d’aéromonoses et vibrioses (Vigier, 1997). En général, les parasites autochtones ont<br />
co-évolué avec leurs hôtes, permettant à ces derniers d’acquérir des mécanismes<br />
immunologiques de protection aboutissant à un équilibre hôte-parasite. Ce n’est pas le<br />
cas des parasites allochtones introduits par les activités aquacoles ou lors de<br />
repeuplements : Anguillicola crassus (Nématode), Paratenuisentis ambiguus<br />
(Acanthocéphale), Pseudodactylogyrus anguillae (Monogène) et Pseudodactylogyrus<br />
bini (Monogène). Ceux-ci entrainent plus de dégats chez l’anguille (Bruslé, 1994;<br />
Vigier, 1997).<br />
Tableau 5 : Viroses rencontrées chez l’anguille européenne, d’après Girard & Lefebvre (2001)<br />
Type de virus Déscription Transmission et<br />
Evex (Eeel<br />
Virus Europe<br />
Origin)<br />
(rhabdovirus)<br />
Nécrose<br />
Pancréatique<br />
Infectieuse<br />
(NPI)<br />
(non<br />
spécifique)<br />
Observé et décrit pour la première fois en 1977 dans un<br />
fret de France vers Tokyo. Présent actuellement aux<br />
Danemark, Angleterre, France, Suède, Pays-Bas, Maroc,<br />
Italie (Jorgensen et al., 1994 ; Van Ginneken et al.,<br />
2004). En France, il a été observé uniquement sur des<br />
civelles, en Loire estuarienne (Castric & Chastel, 1980 ;<br />
Girard, com. pers.) et en Méditerranée (Girard, 2007).<br />
Symptômes et lésions : hémorragies et anémies<br />
Impacts : Les civelles ne présentent aucun symptôme<br />
particulier. L’infection virale semble se déclarer chez des<br />
poissons stressés (lors de la migration, captures,<br />
manipulations, confinement, surdensités, transfert) et<br />
peut conduire à la mort.<br />
Observée la première fois en 1965 en France. Ella a<br />
conduit à la fermeture des frontières de Finlande et de<br />
Suède aux importations d’anguilles<br />
Symptômes et lésions : oedèmes et foyers de nécrose<br />
dans les tissus hématopoïétiques et sur le pancréas. Les<br />
lésions nécrohémorragiques peuvent se propager à tous<br />
les tissus. Estomac et intestin sont vides d’aliment.<br />
Ballonnement de la paroi abdominale qui traduit<br />
l’accumulation de la sécrétion gastrique.<br />
Impacts : inappétence, réduction de mobilité, entérite.<br />
La mortalité importante surtout pour les salmonidés<br />
traitement<br />
Transmission : directe,<br />
de contact ou véhiculé<br />
par l’eau<br />
Traitement : aucun<br />
Transmission : directe,<br />
de contact ou à travers<br />
la descendance. Affecte<br />
surtout les jeunes<br />
anguilles (5-50g). Agit<br />
entre 6 et 16 °C.<br />
Traitement : aucun<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 18
Tableau 5 (suite)<br />
Type de virus Déscription Transmission et<br />
Papillomatose<br />
(herpès virus)<br />
(non<br />
spécifique)<br />
Aussi appelée<br />
maladie du<br />
chou-fleur en<br />
raison de<br />
l’aspect de la<br />
tumeur.<br />
Maladie tumorale la plus observée chez les poissons. Se<br />
rencontre surtout en milieu naturel, dans les eaux à<br />
salinité moyenne, essentiellement en estuaire. Elle a sévit<br />
au Danemark et aux Pays-Bas des années 40 au milieu<br />
des années 70. Commercialisation impossible.<br />
Symptômes et lésions : énorme tumeur plissée et<br />
lobulaire, généralement au niveau du nez et de la bouche.<br />
Vascularisation importante autour de la tumeur.<br />
Papillomes de couleur rose rouge. Dégénérescences<br />
associées du rein et du foie.<br />
Impacts : comportement agressif. Déficience<br />
fonctionnelle de la rate. Peut conduire à des mortalités<br />
hivernales.<br />
traitement<br />
Épidémie : atteintes<br />
importantes au<br />
printemps et en été, avec<br />
régression hivernale.<br />
Température optimale :<br />
17 à 22°c.<br />
Traitement : aucun,<br />
mais on peut obtenir des<br />
régressions avec de<br />
l’eau salée<br />
(30/1000) ou des bains<br />
de sulfate de quinine.<br />
Table 6 : Bactérioses rencontrées chez l’anguille européenne, , d’après Girard & Lefebvre (2001)<br />
Type de Déscription Transmission et<br />
bactéries<br />
traitement<br />
Aéromonose Fait partie de la flore normale du poisson, devient Transmission : les<br />
Aeromonas pathogène opportuniste lorsque les conditions germes peuvent être<br />
hydrophila, environnementales ou physiologiques des organismes véhiculés par l’eau, la<br />
A. salmonicida, se détériorent. Première observation : en Europe en boue, les poissons, les<br />
A. punctata, 1894, en France vers 1950. Ubiquiste et de répartition batraciens, les oiseaux<br />
A liquefasciens. mondiale, elle est présente dans tous les bassins d’eau ichtyophages, les parasites<br />
(non spécifique) douce. Anaérobie facultatif.<br />
externes (Argulus ou<br />
Symptômes et lésions : les lésions occasionnées Piscicola), mais aussi par<br />
seraient dues à la production de toxines. La nageoire l’homme. Maladie très<br />
anale tout d’abord, puis les pectorales et la dorsale se contagieuse. Atteinte<br />
congestionnent (rougissement des nageoires). maximale : en milieu<br />
L’abdomen se distend, l’anus se dilate et fait saillie à naturel, à 16 °C, entre mai<br />
l’extérieur du corps. Les organes comme le coeur, le et juillet, chez les<br />
foie et les gonades sont piquetés de foyers de nécrose. anguilles jaunes.<br />
Lors de l’incision du rein et de la rate, il y a émission Traitement : se traite<br />
d’un liquide épais rougeâtre.<br />
avec des antibiotiques<br />
Impacts : responsable de graves épizooties, mortalité appropriés (en fonction<br />
importante, peut survenir dans les 5 jours.<br />
des antibiogrammes).<br />
Pseudomonose Symptômes et lésions : pathogénécité due à la Transmission : directe à<br />
Pseudomonas libération de protéases. Lésions à caractère<br />
travers la peau. Apparaît<br />
anguilliseptica et érythémateux, avec des hémorragies se déclarant au en cas de stress (élévation<br />
P. fluorescens. niveau des opercules, de la bouche et de la face de température,<br />
(non spécifique) ventrale du corps (tâches rougeâtres). Les reins sont surdensité).<br />
Appelée aussi dégénérés et les branchies sont pâles, avec beaucoup Traitement : se traite<br />
peste rouge ou de mucus en surface. Les nageoires pectorales ne sont avec des antibiotiques<br />
encore maladie pas touchées.<br />
appropriés (en fonction<br />
des tâches Impacts : apathie et anorexie aboutissant à des des antibiogrammes).<br />
rouges.<br />
mortalités importantes en périodes d’épizooties.<br />
Vibriose Pathogène facultatif qui fait partie de la flore Transmission :<br />
Vibrio<br />
microbienne normale des poissons. Peut devenir essentiellement au<br />
anguillarum, pathogène chez l’homme.<br />
printemps et en été. Se<br />
V. vulnificus. Symptômes et lésions : septicémie hémorragique. rencontre en eau de mer et<br />
Appelée aussi Assombrissement général, ulcérations et nécroses de eaux saumâtres, et plus<br />
peste rouge, la peau, tuméfaction voire dégradation des reins et de rarement<br />
maladie rouge ou la rate (coloration verdâtre), foyers de nécrose sur le en eau douce.<br />
maladie des foie.<br />
Traitement : se traite<br />
ulcères.<br />
Impacts : anorexie, une des principales causes de avec des antibiotiques<br />
mortalité en élevage.<br />
appropriés (en fonction<br />
des antibiogrammes).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 19
Table 7 : Parasitoses rencontrées chez l’anguille européenne, d’après Girard & Lefebvre (2001)<br />
Type de parasites Déscription Transmission et<br />
Ichtyophtiriose<br />
Ichtyophtirius multifiliis<br />
(protozoaire cilié, non<br />
spécifique)<br />
Maladie des points<br />
blancs<br />
(Pseudo)Dactylogyrose<br />
Pseudodactylogyrus bini,<br />
P. anguillae et<br />
Gyrodactylus sp.<br />
Plathelminthes,<br />
Monogènes.<br />
(spécifique des anguilles)<br />
Acanthocéphalose<br />
Pomphorhynchus laevis,<br />
Paratenuisentis<br />
ambiguus,<br />
Acanthocephalus<br />
clavula,<br />
A. lucii,<br />
A. anguillae.<br />
(non spécifiques)<br />
Parasitose économiquement désastreuse,<br />
considérée comme un des fléaux de la<br />
pisciculture mondiale. Probablement la maladie<br />
la plus fréquente en élevage comme en milieu<br />
naturel. La reproduction s’opère en dehors de<br />
l’hôte (cycle direct), chaque parasite adulte<br />
quitte provisoirement le poisson pour former<br />
un petit kyste qui pourra libérer ensuite jusqu'à<br />
un millier de nouvelles formes infestantes, les<br />
tomites. Durée de survie dans le milieu étant de<br />
1 à 2 jours maximum, elles doivent trouver<br />
rapidement un nouvel hôte.<br />
Symptômes et lésions : affection délabrante<br />
pour les épithéliums cutanés et branchiaux. Le<br />
poisson apparaît comme saupoudré de grains<br />
de semoule. Les lésions sont liées au<br />
mouvement rotatoire des parasites sous le<br />
tégument (se nourrit des débris de tissus).<br />
Ceux-ci peuvent également pénétrer dans la<br />
bouche et les narines, gênant l’olfaction.<br />
Impacts : provoque des retards de croissance,<br />
peut altérer la fonction respiratoire. Mortalité<br />
faible (adultes) à forte (juvéniles).<br />
Parasites monoxènes. Les larves miracidium<br />
nagent librement à la recherche d’un hôte pour<br />
s’y fixer au moyen de crochets. On dénombre<br />
alors 5 stades larvaires suivant l’évolution des<br />
crochets. Le stade adulte est atteint en 1<br />
semaine environ.<br />
Symptômes et lésions : affections branchiales<br />
délabrantes, de type irritatif et nécrotique.<br />
Apparition de filaments blancs sur les<br />
branchies et hypersécrétion de mucus.<br />
Impacts : pertes d’appétit, asphyxie. Troubles<br />
respiratoires graves pouvant parfois entraîner la<br />
mort. Mortalités fréquentes et connues depuis<br />
longtemps dans les élevages.<br />
Parasites polyxènes, ce sont des vers de 5 à 30<br />
mm de long dont les adultes vivent dans<br />
l’intestin des poissons.. L’hôte définitif est un<br />
poisson, les hôtes intermédiaires sont des<br />
crustacés isopodes (aselles) ou amphipodes<br />
(gammares). Certains hôtes paraténiques sont<br />
connus (le spirlin, le goujon, la vandoise, le<br />
gardon).<br />
Symptômes et lésions : perforations et<br />
inflammation du tube digestif.<br />
Impacts : faibles : obstruction du transit<br />
intestinal, simple affaiblissement,<br />
prédisposition à d’autres atteintes.<br />
traitement<br />
Transmission : La<br />
pénétration se fait de<br />
manière directe, au<br />
travers de l’épiderme. Se<br />
rencontre à toutes les<br />
températures, de 3 à 28<br />
°C (optimum : 16°C et<br />
24°C). La maladie est<br />
favorisée par l’élévation<br />
thermique de l’eau qui<br />
accélère le déroulement<br />
du cycle.<br />
Traitement : contrôle<br />
de routine avec bleu de<br />
méthylène (5 mg/l) et<br />
formol<br />
Transmission : se<br />
rencontre surtout en été,<br />
température optimale de<br />
ponte 20°c, l’éclosion ne<br />
se réalise pas en dessous<br />
de 10°c.<br />
Traitement : la maladie<br />
est bien maîtrisée par<br />
bains réguliers de<br />
Trichlofon à 0.5 ppm.<br />
Transmission : les pics<br />
parasitaires s’observent<br />
en hiver et au printemps.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 20
Table 7 (suite)<br />
Type de parasites Déscription Transmission et<br />
Anguillicolose<br />
Anguillicola<br />
crassus,<br />
Nématode de la<br />
vessie natatoire.<br />
(spécifique des<br />
anguilles)<br />
Ergasilose<br />
Ergasilus sieboldi<br />
(non spécifique) et<br />
E. gibbus<br />
(spécifique).<br />
Argulose<br />
Argulus foliaceus.<br />
Crustacés<br />
Branchioures.<br />
Appelé « poux »<br />
du poisson<br />
(non spécifique)<br />
Myxosporidiose<br />
Myxidium sp.<br />
(specifiques des<br />
anguilles),<br />
Myxobolus sp.,<br />
Henneguya sp.,<br />
Ceratomyxa sp.,<br />
Kudoa sp.<br />
Protozoaires<br />
myxosporozoaires<br />
Parasite polyxène. Le stade infectant est acquis par<br />
ingestion de crustacés planctoniques (copépodes,<br />
ostracodes) et/ou d’hôtes paraténiques (petits<br />
poissons, larves d’insectes et d’amphibiens). Dans<br />
l’anguille, elles traversent la paroi du tube digestif et<br />
migrent vers la vessie natatoire. Dans les parois,<br />
nouvelle métamorphose en L4, puis forme préadulte<br />
et adulte dans la lumière de la vessie. Une femelle<br />
d’A. crassus peut pondre jusqu’à 150 000 oeufs.<br />
Symptômes et lésions : réaction de type<br />
inflammatoire au niveau de la vessie (dilatation des<br />
vaisseaux sanguins, hémorragie, hypertrophie et<br />
épaississement des parois), pigmentation du<br />
conjonctif externe, présence de vers ou d’exudat dans<br />
la lumière de la vessie.<br />
Impacts : diminution du volume fonctionnel de la<br />
vessie, voire totale dégradation. La vitesse de nage<br />
diminuée. Conséquences sur la condition corporelle et<br />
sur la migration non établies. Mortalités reconnues en<br />
élevage.<br />
Parasite (crustacé copépode) branchial temporaire, de<br />
1 à 2 mm, qui se nourrit au niveau des branchies.<br />
Symptômes et lésions : destruction des branchies.<br />
Impacts : troubles respiratoires, asphyxie, parfois<br />
mortalité.<br />
Il est probablement le plus répandu de tous les<br />
crustacés parasites. Aplati dorso-ventralement, sa<br />
taille varie de 5 (mâle) à 7 mm (femelle). La tête<br />
comporte un rostre qui permet la fixation et<br />
l’alimentation. Soit il est implanté, soit il se déplace à<br />
la surface du corps du poisson. Il est hématophage et<br />
se nourrit de sucs cellulaires et de sang.<br />
Symptômes et lésions : microblessures du tégument.<br />
Tâches rougeâtres. En piquant le tégument, il<br />
déclencherait une infiltration du derme et<br />
provoquerait une inflammation et une tuméfaction de<br />
la peau.<br />
Impacts : peu pathogène par lui-même. Mortalité<br />
possible en cas d’infestation massive surtout chez les<br />
juvéniles. Les blessures peuvent s’infecter et se<br />
transformer en foyers d’ulcération et de nécrose.<br />
Symptômes et lésions : Au niveau (1) du rein : kystes<br />
et spores dans les capillaires glomérulaires, et dans le<br />
tissu rénal excréteur ; (2) des branchies : kystes<br />
blanchâtres, ovoïdes (17 à 55 µm) sur les filaments<br />
branchiaux ; (3) de l’épiderme : nodules ronds,<br />
grisâtres (1 à 3 mm de diamètre), avec kystes ovoïdes<br />
(300 à 700 µm). A la base de la dorsale et sur la tête.<br />
Lésions cutanées et prurits importants. (4) autres<br />
viscères : vessie urinaire, foie, estomac, intestin, rate.<br />
Affections respiratoires graves. Destruction des<br />
branchies et asphyxie. Dégénération des tubules<br />
rénaux. Impacts : retards de croissance et gêne<br />
respiratoire si parasitisme important. Troubles<br />
fonctionnels de l’organe affecté. Mortalités<br />
exceptionnelles sauf en cas d’épizootie.<br />
traitement<br />
Transmission : se<br />
rencontre dans tous les<br />
milieux aquatiques.<br />
L’infection semble<br />
diminuer avec<br />
l’augmentation de<br />
salinité. Toutes les<br />
classes de taille en phase<br />
continentale sont<br />
concernées.<br />
Traitement : par bains<br />
de Lévamisole 10 mg/L<br />
pendant 48h.<br />
Transmission : cycle<br />
direct. Se fixe à son hôte<br />
par sa seconde paire<br />
d’antennes. Se rencontre<br />
surtout en été (juillet-<br />
août).<br />
Transmission : directe,<br />
les oeufs pondus dans<br />
l’eau donnent naissance<br />
à des larves infestantes<br />
Les adultes passent<br />
d’hôte en hôte<br />
(poissons). Préférence<br />
pour les stades jeunes.<br />
Présent à toutes<br />
températures, il est<br />
capable de résister 3<br />
semaines à jeun dans le<br />
milieu. Traitement : par<br />
bains de Trichlorfon à<br />
moins de 0.5 ppm.<br />
Transmission : directe<br />
par ingestion de spores<br />
infestantes libérées dans<br />
le milieu par l’urine et<br />
les fèces. Se transmet<br />
en eau douce, mais<br />
également en eau de<br />
mer. Maladie<br />
développée en milieu<br />
naturel et en élevage.<br />
Infection favorisée par<br />
la présence de cadavres<br />
infectés qui libèrent<br />
directement les spores<br />
dans le milieu aquatique.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 21
Table 7 (suite)<br />
Type de parasites Déscription Transmission et<br />
Bothriocéphalose<br />
Bothriocephalus<br />
claviceps,<br />
(Plathelminthes,<br />
Cestodes)<br />
(spécifique)<br />
Parasite polyxène. Les anneaux terminaux mûrs<br />
(remplis d’oeufs) sont libérés dans l’eau. Les larves<br />
coracidiums sont ingérées par un copépode<br />
cyclopoïde. Elles vont donner des larves<br />
plérocercoïdes dans la cavité générale du copépode.<br />
Cycle complet en 4 mois au laboratoire (20-24°c),<br />
environ 1 an en condition naturelle.<br />
Symptômes et lésions : perforation de l’intestin.<br />
Impacts : affaiblissement, le parasite se nourrit en<br />
utilisant les aliments digérés par l’anguille. Une<br />
même anguille peut héberger plusieurs cestodes (4 à 5<br />
en moyenne).<br />
traitement<br />
Transmission :<br />
contaminées par<br />
ingestion, les anguilles<br />
sont les hôtes définitifs.<br />
Des petits poissons<br />
peuvent servir d’hôtes<br />
paraténiques (Perca<br />
fluviatilis). En eau douce<br />
mais préférence pour<br />
eau saumâtre. Nouvelles<br />
contaminations au<br />
printemps et à la fin de<br />
l’été. Toutes les tailles<br />
d’anguilles sont<br />
concernées.<br />
Dans la suite du rapport, nous nous intéresserons principalement aux parasites<br />
allochtones potentiellement les plus dangereux : Anguillicola crassus et<br />
Pseudodactylogyrus sp., ainsi qu’au virus EVEX.<br />
5.2. Anguillicola crassus<br />
Anguillicola crassus est un parasite nématode de la vessie de l’anguille (son hôte<br />
définitif) originaire du Sud Est Asiatique et de l’Australie. Il est hématophage et<br />
provoque des dommages préjudiciables pour l’anguille. L’apparition du déclin du<br />
recrutement de l’anguille européenne et américaine est antérieure à celle<br />
d’Anguillicola crassus en Europe et en Amérique. Ce dernier ne peut donc pas être la<br />
raison initiale, mais il contribue maintenant au déclin rapide des populations.<br />
5.2.1. Caractéristiques d’ Angullicola crassus<br />
On observe une explosion démographique d’ A. crassus depuis son apparition en 1982<br />
en Allemagne (Lefebvre et al., 2003). Les populations Méditerranéennes d’ A. crassus<br />
sont différenciés génétiquement des autres populations de l’Atlantique et semble donc<br />
provenir d’un évènement d’introduction différent (Rahhou et al., 2005). Ce parasite<br />
nématode s’est remarquablement adapté aux milieux aquatiques européens. Plusieurs<br />
caractéristiques lui permettent de maximiser l’efficacité de sa transmission et lui<br />
donne un potentiel exceptionnel de colonisation :<br />
- il utilise une grande diversité d’hôtes intermédiaires et paraténiques présents<br />
dans le spectre trophique de l’anguille (Blanc, 1998). Les hôtes paraténiques peuvent<br />
être des poissons d’espèces locales ou invasives (exemple en Camargue :<br />
Pseudorasbora parva, (Cesco et al., 2001)), des mollusques, mais aussi des<br />
amphibiens (têtards, tritons), et insectes aquatiques (Moravec & Skorikova, 1998).<br />
- il peut infester des anguilles de toutes tailles. Capable d’infester les anguilles de<br />
petites tailles (6-15 cm, dès qu’elles se nourrissent de zooplancton) en adaptant sa<br />
taille à la taille de la vessie de l’hôte (Banning & Haenen, 1990; Lefebvre et al.,<br />
2002a).<br />
- il possède un cycle rapide. 2-4 mois selon Benajiba et al. (1994), ce qui expliquerait<br />
le faible décalage entre les variations des pics planctoniques et l’augmentation des<br />
prévalences (3-4 mois plus tard). Cependant, un cycle de 6 mois est vraisemblable<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 22
selon Lefebvre et al. (2002a), qui observent des pics d’A. crassus au début de l’été et<br />
à la fin de l’hiver.<br />
- il a un fort potentiel reproducteur. Une femelle d’A. crassus peut pondre jusqu’à<br />
150 000 œufs (Vigier, 1997).<br />
- En laboratoire, il est capable de survivre et de se transmettre dans le milieu<br />
marin (50% et 100% eau de mer) pendant 6 mois. Il pourrait donc survivre pendant la<br />
migration transatlantique (Kennedy & Fitch, 1990; Kirk et al., 2000b). L’ adaptation<br />
du parasite à son hôte euryhalin est matérialisée par l’osmoconformation avec le<br />
plasma de son hôte (Kirk et al., 2002). A. crassus survit à une large gamme de salinité<br />
(Kirk et al., 2000a; Maillo et al., 2005). Benajiba et al. (1994) montrent que les<br />
variations de salinité et température au long de l’année dans le milieu naturel (étang<br />
de Mauguio) ne semblent pas affecter le déroulement du cycle de A. crassus.<br />
5.2.2. Effet pathogènes, mortalités et implications<br />
Dupont & Petter (1988) reconnaissent le parasite Angullicola crassus comme de loin<br />
le plus pathogène pour Anguilla anguilla. Les effets pathogènes d’A. crassus sont<br />
d’ordres multiples. Nous pouvons différencier d’une part les effets visibles sur<br />
l’organe hôte contaminé : la vessie gazeuse, et d’autre part les réactions<br />
physiologiques dues à l’infestation.<br />
Les effets visibles sur la vessie ont été revus par Lefebvre et al. (2002b): (1)<br />
épaississement de la paroi de la vessie gazeuse (inflammation aiguë et fibrose), (2)<br />
larves L3 et L4 sont localisées dans la paroi, entraînant la formation de nodules, (3)<br />
les adultes (les vers hématophages) passent dans la lumière de la vessie natatoire<br />
entraînant des réactions d’auto-défense, (4) création d’un équilibre hôte-parasite. Les<br />
civelles infestées montrent des changements histologiques de la vessie (Nimeth et al.,<br />
2000), tandis que les anguillettes peuvent souffrir de sévères réactions<br />
d’inflammation : des fibroses et constrictions de l’intestin dues aux tissus cicatrisés<br />
(Banning & Haenen, 1990).<br />
La mise en évidence d’un stress chez l’anguille a été caractérisée en condition<br />
expérimentale par une augmentation du niveau de cortisol (Sures et al., 2001). Ce<br />
stress pourrait être d’autant plus fort en milieu naturel lorsqu´il est combiné á des<br />
conditions environnementales défavorables (température de l’eau, pH, concentration<br />
d’oxygène, pollution et interaction entre individus). En effet, Gollock et al.<br />
(2005) montrent que cette réponse au stress s’aggrave en condition d’hypoxie et<br />
qu´elle est accompagnée d’activités métaboliques plus élevées. Chez les anguilles<br />
ayant une vessie non endommagée, la masse de la rate est corrélée avec la masse des<br />
parasites adultes dans le lumen (Lefebvre et al., 2004b). Chez les anguilles<br />
sévèrement infestées, la taille de la rate est presque double, suggérant une réponse<br />
adaptative de l’hôte qui implique les fonctions hématologiques et immunologiques de<br />
la rate. Une synthèse accrue de cellules sanguines dans la rate en réponse à l’activité<br />
de succion sanguine des parasites est suggérée.<br />
Il existe une relation très significative entre le pourcentage en oxygène dans la vessie<br />
et l’intensité de l’infestation (Blanc, 1998). En effet, la quantité d’oxygène est réduite<br />
de 65 à 11% en fonction des taux d’infestation par les parasites adultes. Or la vessie<br />
gazeuse est un organe nécessaire au maintien d’une flottabilité neutre lors des<br />
variations de la pression hydrostatique induites par la plongée des poissons. Cette<br />
fonction est utile même en eau peu profonde. En effet, une plongée sous la surface de<br />
l’eau à moins de 5 mètres implique une augmentation de pression hydrostatique de<br />
50% et une diminution correspondante de 50% du volume de la vessie gazeuse. Ce<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 23
dysfonctionnement de la vessie pourrait entraîner une augmentation des dépenses<br />
énergétiques liées aux efforts musculaires supplémentaires pour se maintenir à la<br />
profondeur nécessaire aux migrations. Cela impliquerait de sérieuses conséquences<br />
lors de leurs migrations vers la mer des Sargasses. Il existe peu d’expériences de<br />
compression en caisson hyperbare pour étudier l’effet de l’anguillicolose en<br />
immersion profonde. Fontaine et al. (1990) n’observent pas d’effet drastique de la<br />
parasitose sur l’acclimatation des anguilles argentées à l’eau de mer et à la pression<br />
hydrostatique (jusqu’à -1650 m). Les études menées en tunnel de nage restent peu<br />
nombreuses et parfois contradictoires. Nimeth et al. (2000) montrent en effet que<br />
l’infestation de civelles par A. crassus ne semble pas avoir altéré les performances de<br />
nage, ni la consommation d’oxygène. Au contraire, les résultats d’un récent projet<br />
Européen (EELREP, 2005) a mis en évidence les conséquences d’ A. crassus sur la<br />
nage. Les anguilles faiblement infestées ont leur capacité de nage réduite, tandis que<br />
celles sévèrement atteintes subissaient en plus un affaiblissement de leur<br />
endurance. Ces dernières ne pouvant pas nager plus de 2 mois en tunnel. Le<br />
rapport conclut que les anguilles fortement infestées, indépendamment de leur<br />
index de reproduction, n’atteindront jamais l’aire de ponte.<br />
Autre effet inquiétant : le parasite diminue les niveaux de résistance de l’anguille qui<br />
devient plus vulnérable aux différentes pressions environnementales. Lefebvre et al.<br />
(2007) montrent en conditions expérimentales que les anguilles ayant la vessie<br />
fortement altérée par A. crassus sont plus sensibles à la diminution de la concentration<br />
en oxygène, conditions fréquentes en été (juillet) lors de la montée des températures<br />
de l’eau. Une forte mortalité des anguilles dont la vessie est fortement dégénérée est<br />
suspectée en juillet (Lefebvre et al., 2002a; Lefebvre et al., 2002b). Molnár (1993)<br />
observe en conditions expérimentales que les anguilles fortement parasitées meurent<br />
en premier. Celles comportant moins de lésions tolèrent des niveaux d’oxygène sublétaux<br />
plus bas, plus longtemps.<br />
Peu d’études montrent explicitement le rôle d’A. crassus dans la mortalité des<br />
anguilles en milieu naturel. Cependant, les anguilles argentées possédant des vessies<br />
totalement dégénérées avec peu ou pas de lumen n’ont vraisemblablement<br />
aucune chance d’atteindre leur aire de reproduction (migrations verticales<br />
atteignant 600 m). Or, des études récentes montrent que cela concernerait entre 10 et<br />
30% du stock des anguilles argentées (dans le delta de Po : 11.6% (Canestri-Trotti,<br />
1987) ; Schaefer et al. (1999) : 25%; en Camargure : 17% (Lefebvre et al., 2002b) et<br />
20% (Lefebvre et al., 2003) ; dans la Loire : 19-30.7% (Boury et Feunteun, 2002,<br />
2003 dans (Baisez, 2004)). Les taux de prévalence sont calculés à partir du nombre<br />
d’anguilles pour lesquelles le parasite est présent dans la vessie. Or, pour rendre<br />
compte de l’étendue de l’infestation, il semble nécessaire de prendre également en<br />
compte les anguilles ayant montré des signes d’infestations passées. Le stade le plus<br />
sévère ne dépend pas du nombre de parasites dans la vessie mais de son état<br />
(déformations anatomiques et dysfonctionnement physiologique résultant de<br />
l’infestation) (Lefebvre et al., 2007). Canestri-Trotti (1987) trouve entre 40 et 78%<br />
d’anguilles argentées ayant subi une infestation passée. En cumulant les individus<br />
présentant des parasites et ceux montrant des signes d’infestation(s) passée(s), les taux<br />
peuvent devenir très élevés : 71% et 95% (Lefebvre et al., 2003). L’indice de<br />
dégénérescence de la vessie (SDI) est défini par Lefebvre et al. (2002b). Cet indice<br />
est basé sur les altérations macroscopiques de la vessie. L’indice varie de 0 à 6, il<br />
cumule 3 critères qui peuvent prendre les valeurs entre 0 et 2 : (1) le niveau de<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 24
transparence de la vessie, (2) la présence de pigmentation et de débris au lieu de gaz<br />
et enfin (3) l’épaisseur de la paroi de la vessie. Dans son étude en Camargue,<br />
seulement 8% de l’échantillon ont des vessies intactes, soit 92% avec des vessies<br />
abîmées, pourtant 35% seulement possèdent des vers dans le lumen. Selon les<br />
résultats expérimentaux de Würtz & Taraschewski (2000), les changements<br />
macroscopiques de la paroi de la vessie ne pourraient être observés qu’après des<br />
infestations répétitives, c’est pourquoi il existe des vessies non abîmées avec des<br />
parasites adultes à l’intérieur.<br />
Les interactions entre parasites peuvent créer des synergies favorables au<br />
développement parasitaire. A. crassus semble favoriser, à partir d’un certain seuil<br />
d’infestation, le développement de deux Protistes : Myxidium giardi et Eimeria<br />
anguillae. Ce processus pourrait être lié à des modifications physiologiques ou à une<br />
baisse des défenses immunitaires de l’hôte (Benajiba et al., 1995). Maillo et al. (2000)<br />
ont observé une corrélation positive entre les niveaux d’infestation d’Anguillicola<br />
crassus et Myxidium giardi. Certains parasites non pathologènes par eux-mêmes<br />
peuvent être le vecteur d’infections virales ou bactériennes (Maillo et al., 2000).<br />
5.2.3 Facteurs influençant les indices épidémiologiques<br />
Les indices épidémiologiques : prévalence, intensité moyenne et abondance moyenne<br />
du parasite varient selon plusieurs facteurs biotiques et abiotiques.<br />
- La taille de l’anguille. Certaines études ont mis en évidence une diminution de<br />
l’intensité du parasite avec l’augmentation de la taille des anguilles (15-65 cm)<br />
(Loukili & Belghyti, 2007). Ce phénomène peut s’expliquer par le régime alimentaire<br />
des jeunes anguilles qui consomment plus d’hôtes intermédiaires comparativement<br />
aux grandes anguilles qui se nourrissent de petits poissons et crabes. Au contraire,<br />
Lefebvre et al. (2002a) trouvent une corrélation positive entre la taille de l’anguille et<br />
l’intensité et l’abondance du parasite, mais pas avec sa prévalence. Cette relation<br />
pourrait venir d’une exposition de l’hôte plus longue en milieu parasité, une surface à<br />
infester plus grande ou une consommation plus grande compte tenu de sa taille. Le<br />
régime alimentaire joue certainement un rôle aussi pour expliquer la relation en<br />
cloche de l’abondance du parasite en fonction de la taille de l’hôte. En effet, les<br />
jeunes anguilles se nourrissent d’abord de crustacés puis deviennent de plus en plus<br />
piscivores. Gargouri Ben Abdallah & Maamouri (2006) notent les plus fortes<br />
prévalences chez les individus de petites tailles : 20-25 cm (corrélation négative),<br />
mais l’inverse pour les intensités, les plus forte étant chez les grands individus<br />
(Corrélation positive). El Hilali et al. (2004-2005) notent une corrélation entre les<br />
classes de taille (10 à 30 cm) et la prévalence (35-70%), au Maroc, dans l’estuaire du<br />
Sebou (Atlantique). Le taux plus faible d’infestation sur des anguilles de grandes<br />
tailles peut indiquer soit une diminution parallèle du taux d’infestation des hôtes<br />
paraténiques, soit l’acquisition d’une résistance au parasite (Blanc, 1998).<br />
- Alimentation. Une infestation plus grande (3 parasites) serait à corréler avec la<br />
phase intense d’alimentation de l’hôte (Benajiba et al., 1994).<br />
- Variation saisonnière (température, alimentation). Gargouri Ben Abdallah &<br />
Maamouri (2006) proposent plusieurs explications. (1) Les changements de<br />
températures : basses et hautes températures empêchent le développement du cycle<br />
parasitaire (développement impossible dans l’hôte intermédiaire copépode). (2)<br />
L’anguille arrête de se nourrir en été lorsque la température est >30 C° et en hiver<br />
quand
température en milieu expérimental. A basse température (4C°), le développement<br />
larvaire se fait plus lentement, et les adultes, eux, sont sévèrement touchés avec une<br />
mortalité accrue et une baisse de la croissance et de la reproduction (Knopf et al.,<br />
1998). Un suivi de 4 ans en Camargue montre des variations saisonnières avec des<br />
pics réguliers au début de l’été et à la fin de l’hiver. Il montre également qu’il n’y a<br />
pas d’influence de la localisation de l’échantillon et que l’importance de l’année<br />
semble secondaire (Lefebvre et al., 2002a). Au Maroc, des suivis d’un an ont montré<br />
des fluctuations mensuelles des taux de prévalence (0-70% et 13-55%) (Rahhou et al.,<br />
2001; El Hilali et al., 2004-2005).<br />
- La salinité. Les niveaux d’infestation diminuent avec l’augmentation de la salinité<br />
(Kirk et al., 2000a), cependant, même en eau de mer, l’éclosion des œufs des parasites<br />
est diminuée mais pas totalement inhibée (Kennedy & Fitch, 1990). Lefebvre et al.<br />
(2003) mettent en évidence une relation négative entre les indices parasitaires<br />
(prévalence, intensité moyenne et abondance moyenne) des anguilles argentées et la<br />
salinité (prévalence de 52% en eau saumâtre à 77% en eau douce). De même, en<br />
Bretagne sud, les prévalences sont supérieures pour les anguilles vivant dans des<br />
milieux peu salés (>90%) comparées à celles vivant dans des conditions estuariennes<br />
(15%) (Sauvaget et al., 2003). La même tendance est observée dans 4 lagunes de<br />
Tunisie (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2006).<br />
5.2.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite<br />
Il n’existe pour le moment aucun remède efficace en milieu naturel pour éradiquer le<br />
parasite A. crassus. Certains moyens sont utilisés en anguilliculture : utilisation de<br />
produits chimiques (Trichlorfon..) pour tuer les copépodes (hôte intermédiaire),<br />
anthelminthiques (Geets et al., 1992) mais sont inapplicables en milieu naturel. En ce<br />
qui concerne la défense de l’hôte contre A. crassus, les études ont échoué à démontrer<br />
la mise en place d´une défense immunitaire de A. anguilla contre A. crassus (Knopf,<br />
2006). Une réponse contre les antigènes est caractérisée pour les 2 espèces d’anguilles<br />
japonaise et européenne, cependant il reste une incertitude quant à la fonction<br />
protectrice de ces anticorps contre A. crassus (Knopf, 2006). D’autres études sont<br />
nécessaires pour comparer les réponses de A. anguilla et A. japonica. En effet Knopf<br />
& Mahnke (2004) montrent que A. japonica a des mécanismes de défense (réponse<br />
immunitaire) plus efficaces comparée à A. anguilla. Cela pourrait être le résultat<br />
d’une plus longue co-évolution et d’une relation équilibrée hôte-parasite. La réponse<br />
au stress est adressée principalement contre les stades larvaires et jeunes adultes de A.<br />
crassus, pas contre les adultes plus âgés. Le stress de l’anguille se matérialise par une<br />
augmentation de la concentration en cortisol (corrélée à une augmentation du niveau<br />
de glucose). Une étude récente montre que cette augmentation de cortisol est corrélée<br />
avec la diminution de l´anticorps anti-A. crassus. Cet effet immuno dépresseur mis en<br />
évidence pour la première fois pourrait expliquer le succès de survie et de<br />
colonisation de A. crassus (Sures et al., 2006).<br />
Il semble que l’infestation de A. crassus ait atteint un niveau seuil dans plusieurs sites<br />
Européens. Déjà en 1998, Blanc (1998) rapportait un niveau d’intensité moyenne<br />
stabilisé à environ 4 adultes par hôte, indice, selon lui, d’une autorégulation. Il est<br />
cependant impossible de savoir quand cette infestation en Europe se stabilisera à un<br />
niveau plus faible comme observé au Japon chez A. japonica (Blanc, 1998). Molnár et<br />
al. (1994) estiment qu’un équilibre hôte-parasite a été atteint en 1993 dans le lac<br />
Balaton en Hongrie avec une stabilisation à 44-57% d’anguilles infectées. Le plus<br />
long suivi disponible sur la dynamique d’A. crassus a été mené dans le canal de<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 26
Fumemorte en Camargue entre 1982-2003 (Lefebvre & Crivelli, 2004a). Depuis son<br />
introduction en 1985, le taux de prévalence de A. crassus a augmenté de 32% à<br />
environ 50% entre 1989 et 1990, puis a oscillé entre 56% et 73% entre 1997 et 2003.<br />
Moins de 10 ans après son introduction, l’apparition d’un palier à environ 60-70%<br />
est observée. L’intensité des parasites sur les 5 dernières années est en moyenne de 6<br />
et ne montre pas d’évolution à la hausse. Ces résultats confirment ceux observés<br />
ailleurs en Europe (Pays Bas : Van Willingen et Dekker 1989, Angleterre : Ashworth<br />
1994, Hongrie: Molnar et al 1994, Allemagne : Wurtz et al 1998) ou la propagation de<br />
A. crassus s’est caractérisée de la même façon, par une rapide propagation puis une<br />
stabilisation autour d’un seuil. La représentation de la prévalence en fonction de<br />
l’index de dégénérescence de la vessie (SDI) est en forme de cloche, et indique un<br />
maximum à environ 75% qui correspond à un SDI entre 2 et 3 et une intensité<br />
moyenne correspondante entre 4.9 et 5.9. Ceci permet de penser que les infestations<br />
répétitives pourraient rendre la vessie inadéquate à l’établissement de nouveaux<br />
parasites. Différents mécanismes sont proposés pour expliquer la stabilisation de<br />
l’infestation (Lefebvre & Crivelli, 2004a) : (1) densité-dépendance des populations<br />
larvaires de A. crassus au sein des hôtes intermédiaires (toujours 20-60% de<br />
copépodes restent non infectés). (2) densité-dépendance des larves et adultes A.<br />
crassus dans l’hôte définitif : Ashworth et Kennedy (1999) : établissement de larves<br />
inhibées par la présence d’adultes établis + nombre constant d’environ 3 femelles<br />
gravides par hôte infesté. (3) Mortalité induite par la forte charge parasitaire. Cas de<br />
mortalité due à l’infestation rapportée dans les fermes aquacoles (Hartmann 1987,<br />
Liewes et Schaminee-Main 1987) et dans les habitats naturels (Molnár et al. 1991,<br />
Csaba et al. 1993, Barus et Moravec 1999). Cependant ces résultats sont à prendre<br />
avec précaution car d’autres causes possibles sont mises en évidence : insecticides,<br />
fortes densités de poisson, très fortes températures, infections bactériennes. (4)<br />
Adaptation immunitaire de l’hôte (toujours ambigu). (5) L’infestation cause<br />
d’importants dommages histologiques à la vessie et devient un habitat non favorable<br />
pour le développement du parasite. L’atteinte d’un seuil ne serait donc pas forcément<br />
positive puisqu’il pourrait refléter une mortalité des anguilles ou une accumulation<br />
des dommages dans les organes touchés.<br />
5.2.5 Distribution dans le bassin RMC<br />
Les résultats sur le bassin RMC montrent que A. crassus est omniprésent dans toutes<br />
les lagunes et cours d’eau récemment étudiés. Sa présence en France a été observée<br />
pour la première fois dans les eaux douces et salées du delta du Rhône en 1985<br />
(Dupont et Petter 1988).<br />
Les tableaux 8,9 et 10 récapitulent les informations répertoriées respectivement sur la<br />
région du Languedoc Roussillon, la région PACA et la Corse. Seules les études ayant<br />
un échantillonnage supérieur ou égal à 10 individus sont indiquées, les autres n’étant<br />
pas représentatives.<br />
En ne considérant que les échantillonnages récents (année 2000 et postérieures), des<br />
informations sont disponibles pour 10 lagunes sur les 39 lagunes principales (surface<br />
> 400 ha) du bassin RMC. Nous n’avons trouvé aucune donnée récente pour les<br />
lagunes de Canet, La Palme, Ayrolle, Vendres, Bagnas, Ingril, Vic, Arnel, Méjan,<br />
Biguglia et Diana. Aucune information n’est disponible sur les rivières et seulement 3<br />
fleuves ont été étudiés récemment : le Rhône, la Saône et le bas Argens.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 27
Les échantillons d’anguilles comprennent les 3 stades (entre 10 et 70 cm) : anguillette,<br />
jaune et argentée, sans claire séparation des stades pour la plupart des études.<br />
Cependant, notons l’étude de Lefebvre et al. (2003) portant spécialement sur les<br />
anguilles argentées de Camargue (Vaccarès, Canal de Fumemorte et Aube de Bouic)<br />
sur la période 1998-1999, avec des prévalences élevées comprises entre 53.3% et<br />
94.8%<br />
A par quelques exceptions, les études sont ponctuelles et ne permettent pas les<br />
comparaisons temporelles afin d’interpréter les résultats du point de vue évolution.<br />
L’étude de Fazio (Com. Pers.) permet de suivre l’évolution entre 2002 et 2003 sur la<br />
lagune de Salses-Leucate pour le mois de mars. L’infestation semble assez stable avec<br />
une prévalence passant de 6.7 à 11.6%. Sur la même lagune, entre 2004 et 2005, des<br />
échantillons de juillet montrent une diminution du taux d’infestation : de 66.7% (Sasal<br />
et al., Com. pers.) à 16.7% (Fazio et al., Com pers). Il se pourrait cependant que la<br />
variation provienne de la différence de la taille moyenne des individus échantillonnés<br />
(21 et 32 cm respectivement). Pour l’étang de Bages-Sigean, il est possible de<br />
comparer 2 échantillons collectés en juillet. Alors qu’aucun A. crassus n’avait été<br />
détecté en 2004 (Sasal et al., Com. pers.), l’échantillon de 2005 montre une<br />
prévalence de 15% (Fazio et al., Com pers). Pour le Rhône, il est possible de<br />
comparer des échantillons collectés pendant les étés 2005 et 2006. La prévalence<br />
fluctue de 60% (Girard, 2005) à 30% (Girard, 2007), cependant la longueur moyenne<br />
des anguilles de l’échantillon 2005 est supérieure à celle de 2006 (51 cm contre 20 et<br />
40 cm pour 2006).<br />
La seule étude à notre connaissance couvrant une période conséquente et ayant une<br />
méthode d’échantillonnage homogène (tailles des individus similaires et comparaison<br />
de la même période chaque année : Septembre à Décembre) est celle réalisé entre<br />
1985 et 2003 par Lefebvre et al. (2004) dans le canal de Fumemorte en Camargue.<br />
Cette étude montre l’apparition dès 1997 d’un plateau du taux d’infestation à environ<br />
60-70%. Il faut noter cependant que cette étude demande un fort investissement<br />
logistique. Ces résultats confirment ceux observés ailleurs en Europe (voir paragraphe<br />
5.3.4).<br />
Une autre étude particulièrement intéressante a été réalisée en Camargue (lagune du<br />
Vaccarès et de Malagroy) par Lefebvre et al. (2002a) pendant 4 années consécutives<br />
avec un échantillonnage mensuel. Dans cette étude, la variation de la prévalence et de<br />
l’abondance est principalement expliquée par le mois, alors que l’intensité est<br />
expliquée principalement par la taille de l’hôte. Pas d’effet significatif de la localité (2<br />
lagunes de salinité différentes), ni de l’année sont observés.<br />
En ce qui concerne les autres pays du pourtour méditerranéen, les études ne se<br />
concentrent que sur quelques pays : Espagne (P = 21-44%), Italie (0-64%), Turquie<br />
(78%), Tunisie (0-19%) et Maroc (0-70%). Il est difficile de conclure puisqu’il n’y a<br />
pas d’homogénéité des prélèvements (temps, nombre d’individus, taille) entre les<br />
différents pays. Au Maroc, une colonisation rapide du parasite a été observée sur la<br />
côte Atlantique en 1994, puis une extension à la côte Méditerranéenne a eu lieu en<br />
1997. L’importation de cyprinidés pourrait en être responsable puisqu´aucune<br />
importation d’anguille n’est recensée (Kheyyali et al., 1999).<br />
Le Cemagref (P.Elie) est sur le point de publier une note de synthèse sur A. crassus en<br />
Europe.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 28
Tableau 8. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus dans la Région du Languedoc Roussillon. N=nombre d’individus échantillonnés (seuls sont<br />
considérés les études pour lesquelles N≥10), M=male, F= Femelle. Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité<br />
moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000.<br />
Évol-<br />
Stade/<br />
Site<br />
Année Echantillonnage N<br />
P I A Auteur<br />
ution<br />
Salses-Leucate 0-67 1989-1992 0 Blanc (1994)<br />
2002 1 éch. Mars 15 28.2 (25-34) 6.7 1 0.1 (0-1) Fazio (Com. Pers)<br />
Taille<br />
2002 1 éch. Oct. 24 34.6 (23-56) 20.8 1.4 0.3 (0-3) Fazio (Com. Pers)<br />
2002 1 éch. Déc. 20 32.3 (19-48) 10 8 0.8 (0-13) Fazio (Com. Pers)<br />
2003 1 éch. Mars 43 31.7 (25-43) 11.6 2.2 0.3 (0-4) Fazio (Com. Pers)<br />
2002-2003<br />
Mars, Oct, Déc 02<br />
Mars03<br />
1 éch./ mois<br />
80<br />
2004 1 éch. Fév. 29<br />
Jaune<br />
30.7 (19-42)<br />
79% jaune<br />
29 (26-39)<br />
7.5 1.5 0.11 (0-3) Fazio et al. (2005)<br />
0 Fumet (2004)<br />
2004 1 éch. juil. 30 21.1(10-40) 66.7 2.3 ± 1.7 1.53 (0-6) Sasal et al. (Com. pers.)<br />
2005 1 éch. juil. 18<br />
Jaune<br />
32.2 (27-38)<br />
16.7 8.3± 5.5 1.4 (0-19) Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
Bages-Sigean 0-15 1989-1992 10-120 ind/éch. 0 Blanc (1994)<br />
2004 1 éch. Fév. 29<br />
79% jaune<br />
29 (26-39)<br />
0 Fumet (2004)<br />
Ayrolle et<br />
Guissan<br />
2004 1 éch. Juil. 23 29.8 (19-40) 0 Sasal et al. (Com. pers.)<br />
2005 1 éch. juil. 27<br />
Jaune et argentée<br />
30.3 (23-51)<br />
14.8 6.8 ± 5.8 1 (0-24) Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
1989-1992 0 Blanc (1994)<br />
Aude 1999 1 éch. juin 15<br />
Jaune 38.9<br />
(22.5-72)<br />
13 2 ± 1.4 0.3 (0-3) Girard (Com. Pers.)<br />
Vendres 1989-1992 9 Blanc (1994)<br />
Lergue 1989 1 éch. Janv 55 0 Benajiba (1991)<br />
Thau 0-24 1989-1992 0 Blanc (1994)<br />
2004 1 éch. Juil. 17 33.6 (25-41) 23.5 5.5 ± 4.3 1.29 (0-18) Sasal et al. (Com. pers.)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 29
Suite du Tableau 8<br />
Site<br />
Évol<br />
ution<br />
Année Echantillonnage N<br />
Stade/<br />
Taille<br />
P I A Auteur<br />
Ingril et Vic 1989-1992 0 Blanc (1994)<br />
Pierre Blanche 2004 1 éch. Juil. 12 36.6 (28-46) 0 Sasal et al. (Com. pers.)<br />
Prévost 1989-1992 6 Blanc (1994)<br />
Arnel 8-10 1989-1992 8 Blanc (1994)<br />
2005 1 éch. juil. 89<br />
Jaune et argentée<br />
38.9 (23-57)<br />
10.1 1.7 ± 0.2 0.1 (0-3) Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
Le Lez 1989<br />
Juil.<br />
Clinique du parc<br />
25 80 Benajiba (1991)<br />
1989<br />
Juil.<br />
Source<br />
20 0 Benajiba (1991)<br />
Méjean 1989-1992<br />
Jaune<br />
1.8 Blanc (1994)<br />
Maugio 22-94 1988-1989<br />
Janv.-Nov.<br />
(30-42/ mois)<br />
829<br />
10-25 :76%<br />
Tableau 9. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus dans la Région PACA.M= male, F= Femelle. C= Capelière, F=Fumemorte, M=Mornès. Taille<br />
moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. =<br />
échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000.<br />
Site Évol- Année Echantillonnage N Stade P I A Auteur<br />
ution<br />
Taille/poids<br />
Vaccarès et<br />
2000 Mars-Mai 96 58.3g 58.3 4.6 Lefebvre et al. (2004b)<br />
Impérial<br />
Vaccarès et<br />
Malagroy<br />
(4jours/mois)<br />
1997-2000 Jan97-Déc00<br />
(mensuel)<br />
13319 Anguillette,<br />
jaune et Argenté<br />
(6-72)<br />
15 Argenté M<br />
35.6<br />
40-72 3.36<br />
1.5-7.8<br />
0.75-5.41 Lefebvre et al. (2002a)<br />
Malagroy 1999 1 éch./mois d’Avril<br />
à Nov.<br />
53.3 3.4 1.8 Lefebvre et al. (2003)<br />
Vaccarès 31-77 1989 1 mois avril 32 56.3 Benajiba (1991)<br />
1989-1992 30.6 Blanc (1994)<br />
1996-1997 Nov96,Jan-Fév97, 18 Jeunes adultes ou 33 Roche et al. (2000)<br />
Juin96,Juin97<br />
immatures<br />
50%
Tableau 9 (suite)<br />
Site Évol- Année Echantillonnage N Stade P I A Auteur<br />
ution<br />
Taille/poids<br />
Vaccarès 1999-2000 Juin99,Nov99, 88 Adultes 40 (0-18) Roche et al. (2003)<br />
Mai00,Oct00<br />
immatures<br />
F,C<br />
34.8-52.4<br />
(23-70)<br />
2000 Mars-Déc<br />
(4jours/mois)<br />
1251 (6.4-72) 47 3.8 Lefebvre et al. (2002b)<br />
2005 1 mois Juil. 22 30.7 (20-41) 77.3 7.1 5.5 (0-26) Sasal et al. (Com. pers.)<br />
2006 1 jours juin<br />
grau Fourcade<br />
14 civelles 0 Girard (2007)<br />
Aube de Bouic 1998 4 jours./mois 19 Argenté F<br />
63<br />
78.9 10.7 8.4 Lefebvre et al. (2003)<br />
1998-1999 4 jours./mois 39 Argenté 94.9 Lefebvre et al. (2003)<br />
1999 4 jours./mois 17 Argenté F<br />
62.1<br />
76.5 7.2 5.5 Lefebvre et al. (2003)<br />
Fumemorte 1982-1983 258 45 0 Dupont (1984)<br />
1985 Sept-Déc 25 32 Dupont et al. (1988)<br />
1989 Mars-Mai 39 30.9 Benajiba (1991)<br />
1989 Sept-Déc 54 47.6 51.9 Lefebvre et al. (2004)<br />
1990 Sept-Déc 70 39 54.3 Lefebvre et al. (2004)<br />
1996-1997 Nov96,Jan-Fév97, 16 Jeunes adultes ou 25 Roche et al. (2000)<br />
Juin96,Juin97<br />
immatures<br />
50%
Tableau 9 (suite)<br />
Site Évol- Année Echantillonnage N Stade/ P I A Auteur<br />
ution<br />
Taille<br />
Fumemorte 2000 Sept-Déc 66 51.3 71.2 3.7 Lefebvre et al. (2004)<br />
2001 Sept-Déc 55 42.5 70.9 6.9 Lefebvre et al. (2004)<br />
2002 Sept-Déc 52 43.1 73.1 5.2 Lefebvre et al. (2004)<br />
2003 Sept-Déc 78 51 61.5 4.7 Lefebvre et al. (2004)<br />
Grand Palun 1985 142 Maj. M Argenté<br />
37<br />
96 (0-30) Dupont et al. (1988)<br />
1989 Juil. 22 36.4 Benajiba (1991)<br />
Berre 1989-1992 Martigues ? 49 Blanc (1994)<br />
1989-1992 St-Chamas ? 39 Blanc (1994)<br />
Bolmon 1989-1992 ? 56.6 Blanc (1994)<br />
Argens 2004 juillet 10 48.4 (40-50) 60 2 Maison régionale de<br />
l’eau et al. (sous presse)<br />
2004 juillet 10 46.2 (40-50) 40 3.8 Maison régionale de<br />
l’eau et al. (sous presse)<br />
2004 juillet 10 46.2 (40-50) 50 2.8 Maison régionale de<br />
l’eau et al. (sous presse)<br />
Tableau 10. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus en Corse. M= male, F= Femelle, Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille<br />
maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année<br />
2000.<br />
Site<br />
Évol<br />
ution<br />
Année<br />
Echantillonnage<br />
N<br />
Stade/<br />
Taille<br />
Prévale<br />
nce<br />
Intensité moy. Abondance Auteur<br />
Biguglia 1997<br />
Avril-Juin<br />
20<br />
53.8<br />
(40-72)<br />
55<br />
6.1 3.35<br />
(1-16)<br />
Caillot et al. (1999)<br />
Urbino 2002 Avril-Juin 31 13.3 1.25 0.16 Ternengo et al. (2005)<br />
Gravone 1989-1992 présent Blanc (1994)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 33
5.3 Autres parasites<br />
5.3.1 Généralités<br />
L’annexe 6 présente la liste des parasites rencontrés dans le bassin Méditerranéen.<br />
La communauté de parasites helminthes semble de composition similaire dans les<br />
lagunes en Europe (Di Cave et al., 2001). Il y aurait donc des facteurs déterminants<br />
communs, stabilisants, conduisant à cette similarité. En eau douce, des études menées<br />
sur la dynamique des communautés d’helminthes dans l’intestin de l’anguille<br />
européenne au Royaume-Uni et sur la rivière Tibre en Italie montrent des résultats<br />
similaires : faible densité, faible diversité et dominance d’une espèce, souvent un<br />
acanthocéphale (Kennedy et al., 1998b). L’espèce dominante de parasites d’anguilles<br />
varie selon les sites : Pseudodactylogyrus anguillae (monogène) dans le delta de<br />
l’Èbre (Maillo et al., 2005), Deropristis inflata et Bucephalus polymorphus (digènes)<br />
dans les lagunes d’Italie (Kennedy et al., 1997; Di Cave et al., 2001), A. crassus dans<br />
les lagunes du Languedoc Roussillon (Benajiba, 1991) et Bucephalus anguillae dans<br />
les lagunes tunisiennes (étude basée uniquement sur les digènes) (Gargouri Ben<br />
Abdallah & Maamouri, 2005). En terme de richesse parasitaire des anguilles, les<br />
études menées sur les lagunes méditerranéennes montrent des résultas similaires : 10<br />
espèces en France (Fazio et al., 2005), 10 espèces en Italie (Kennedy et al., 1997) et<br />
11 espèces en Espagne (Maillo et al., 2000). Les études sont très ponctuelles comme<br />
pour A. crassus et rares sont les suivis temporels. Schabuss et al. (2005) ont étudié<br />
pendant 8 ans (1994-2001) en Autriche la composition et la richesse de la<br />
communauté d’helminthes d’une population d’anguilles de culture. Ils trouvent des<br />
caractéristiques similaires avec celles des populations sauvages d’Angleterre : peu<br />
d’espèces et une espèce dominante.<br />
La disponibilité des hôtes intermédiaires indispensable au déroulement des cycles<br />
hétéroxènes des parasites, les conditions du milieu (température, salinité, vitesse du<br />
courant) qui agissent sur le développement des différents stades du parasite et l’état<br />
des milieux (la pollution influe sur l’abondance des hôtes intermédiaires) joue un rôle<br />
dans la variation des paramètres épidémiologiques (Barker & Cone, 2000; Gargouri<br />
Ben Abdallah & Maamouri, 2005; Maillo et al., 2005). L’augmentation de salinité est<br />
corrélée à une diminution de la diversité parasitaire (Koie, 1988; Kennedy et al.,<br />
1997). Il existe aussi des variations spatiotemporelles : certaines espèces de digènes<br />
sont rares, se limitent localement (certaines lagunes) et ne se rencontrent que pendant<br />
certaines saisons (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005). Dupont & Gabrion<br />
(1987a) observent des variations mensuelles de la prévalence de Bothriocephalus<br />
claviceps chez l’anguille dans le canal de Fumemorte en Camargue (pics au printemps<br />
et automne). Aucun effet de la taille des hôtes sur les prévalences et l’intensité n’a été<br />
mis en évidence. La présence de certains parasites semble favoriser l’apparition<br />
d’autres. Exemple de A. crassus qui semble favoriser, à partir d’un certain seuil<br />
d’infestation, le développement de deux Protistes : Myxidium giardi et Eimeria<br />
anguillae (Benajiba et al., 1995). Il existe une autorégulation des parasites au sein de<br />
l’hôte par compétition intraspécifique, limitation des ressources et immunité de l’hôte.<br />
Par exemple, la majorité des anguilles hébergent une et rarement deux espèces de<br />
trématodes (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 34
5.3.2. Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC<br />
Pseudodactylogyrus anguillae et P. bini sont des parasites monogènes de branchies de<br />
l’anguille. Moins étudié qu’Anguillicola crassus, ils peuvent cependant entraîner des<br />
troubles respiratoires graves, particulièrement lorsque les conditions du milieu se<br />
dégradent (hausse des températures en été et eutrophisation). Les deux espèces<br />
exotiques invasives P. anguillae et P. bini semblent être responsables de l’extinction<br />
du parasite natif et endémique Gyrodactylus anguillae. Ce phénomène a été répertorié<br />
en Italie dans le Tibre ainsi que dans la rivière Culm et les marais de Exminster en<br />
Angleterre (Kennedy & Di Cave, 1998a; Kennedy et al., 1998b).<br />
Le tableau 11 répertorie les études portant sur Pseudodactylogyrus sp. Des données<br />
sont disponibles pour seulement 9 lagunes, 5 fleuves, 1 rivière et 1 canal. Si l’on<br />
considère les études menées pendant et postérieurement à 2000, Vaccarès, Salses-<br />
Leucate et Bages-Sigean sont les seuls sites explorés.<br />
Les taux d’infestation semblent plus faibles que ceux observés pour A. crassus. Ils<br />
varient entre 0 et 25%. On note cependant un cas de 100% d’infestation d’un<br />
échantillon de 40 civelles provenant du Grau de la Fourcade à l’entrée de l’étang de<br />
Vaccarès (en janvier 2006). Pseudodactylogyrus sp. est présent dans toutes les<br />
lagunes récemment étudiées, sauf sur les étangs de Salses-Leucate et Bages Sigean<br />
lors d’une récente étude menée en juillet 2005 (Fazio et al., Com pers.). Cette absence<br />
pourrait avoir un lien avec l’eutrophisation du milieu à cette période de l’année,<br />
conduisant à une mortalité des anguilles infestées. Aucune étude de suivi à long terme<br />
n’a été répertoriée ce qui limite l’interprétation des données. Les taux d’infestation<br />
observés dans les lagunes d’Espagne semblent plus élevés: entre 35.9 et 84.6%<br />
(Maillo et al., 2005). Les prélèvements n’ayant pas été faits sur la même période de<br />
temps, la comparaison avec le bassin RMC est cependant difficile.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 35
Tableau 11. Résultats d’indices épidémiologiques pour le parasite Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC. a = anguillae, b=bini, sp.=espèce non déterminée. N=nombre<br />
d’individus échantillonnés (seuls sont considérés les études pour lesquelles N≥10). Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I =<br />
intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000.<br />
Site Espèce Année Echantillonnage N Stade/Taille P I A Auteur<br />
Salses -<br />
Leucate<br />
sp. 2002 1 éch. Mars 15 28.2 (25-34) 6.7 3<br />
0.2<br />
(0-3)<br />
Fazio (Com. Pers)<br />
sp. 2002 1 éch. Oct. 24 34.6 (23-56) 25 5.5<br />
1.4<br />
(0-18)<br />
Fazio (Com. Pers)<br />
sp. 2002 1 éch. Déc. 20 32.3 (19-48) 15 19<br />
2.9<br />
(0-53)<br />
Fazio (Com. Pers)<br />
sp. 2003 1 éch. Mars 43 31.7 (25-43) 2.2 16<br />
0.4<br />
(0-16)<br />
Fazio (Com. Pers)<br />
sp.<br />
2002-<br />
2003<br />
Mars, Oct, Déc 02<br />
Mars03<br />
1 éch./mois<br />
80<br />
Jaune<br />
30.7 (19-42)<br />
1.3 3 0.04 Fazio et al. (2005)<br />
sp. 2005 1 éch. juil. 18<br />
Jaune<br />
32.2 (27-38)<br />
0 Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
Bages - Sigean sp. 2005 1 éch. juil. 27<br />
Jaune et argentée<br />
30.3 (23-51)<br />
0 Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
Orb a ? présent Lambert et al. (1984)<br />
Hérault a ? présent Lambert et al. (1984)<br />
Lergue b 1989 1 éch., Jan. 55 0 Benajiba (1991)<br />
sp. 2005 1 éch. juil. 89<br />
Jaune et argentée<br />
38.9 (23-57)<br />
0 Fazio et al. (Com. Pers.)<br />
Lez b 1989 Juil. 25 0 Benajiba (1991)<br />
Maugio b<br />
a ? présent Lambert et al. (1984)<br />
b 1989 Jan.-Juil. 20 0 Benajiba (1991)<br />
1988-<br />
1989<br />
Jan-Nov 829<br />
(10-65)<br />
76%:0-25<br />
0.8 Benajiba (1991)<br />
Vidourle a ? présent Lambert et al. (1984)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 36
Tableau 11 (suite).<br />
Site Espèce Année Echantillonnage N Stade/Taille P I A Auteur<br />
Scamandre b 1989 Fev 27 0 Benajiba (1991)<br />
Rhône b 1988 1 éch., Déc. 12 0 Benajiba (1991)<br />
Vaccarès b 1989 Avril 32 0 Benajiba (1991)<br />
sp. 2006 1 éch., Jan. 40 civelles 100 Girard (2007)<br />
sp. 2006 1 éch., Juin. 45 civelles 24.4 1 à 2 (0-8) Girard (2007)<br />
Fumemorte b 1989 Mars-Mai 39 0 Benajiba (1991)<br />
Grand Palun b 1989 Juil. 22 0 Benajiba (1991)<br />
Biguglia a 1997 Avr. et Juin 20 53.8 (40-72) 15<br />
10.7<br />
(1-28)<br />
1.6 Caillot et al (1999)<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 37
5.3.3 Ichtyophthirius multifiliis dans le bassin RMC<br />
La Fédération des Alpes-Maritimes pour la Pêche et la Protection de Milieu<br />
Aquatique (FPPMA des Alpes-Maritimes, 2006) a mis en évidence la présence<br />
massive d’Ichtyophthirius multifiliis sur les civelles et anguilles du bas Var en 2005 et<br />
2006, particulièrement au mois d’avril. Les classes de tailles supposées les moins<br />
résistantes (7-10cm) ont été particulièrement touchées. Un prélèvement en février<br />
2007 (8.2°C) à environ 14 km de la mer (communication personnelle de Romain<br />
Passeron de la FDAAPPMA06) à mis en évidence ce parasite sur des individus plus<br />
grands 9-20 cm. Le protozoaire cilié semble affecter la mobilité des civelles<br />
conduisant à une réduction de la capacité de reptation. Cela pourrait avoir un impact<br />
important sur leur recrutement, notamment en présence d’obstacles lors de la<br />
montaison (FPPMA des Alpes-Maritimes, 2006).<br />
5.3.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite<br />
Il n’existe pas de méthodes efficaces pour éradiquer les parasites en milieu naturel.<br />
Buchmann et al. (1992) reportent une augmentation du risque de sélectionner des<br />
monogènes de branchies résistants au mebendazole MBZ (antihelminthique) dans les<br />
conditions de fermes européennes. Cependant, certains moyens alternatifs sont mis<br />
en place en milieu aquacole pour mitiger les infestations. Au Canada, l’abondance<br />
moyenne et la prévalence du parasite Pseudodactylogryrus anguillae ont été corrélées<br />
positivement avec le pH, la température et corrélées négativement avec la vitesse du<br />
courant. Afin de mitiger l’effet des parasites en anguilliculture l’auteur propose<br />
d’augmenter la vitesse du courant (>5cm/s) et diminuer le pH (
décrit pour la première fois en 1977, dans un fret de France vers Tokyo). Pour le<br />
moment, il n’est pas prouvé si ce virus est endémique à la population européenne ou<br />
s’il a été dispersé depuis les 50 dernières années avec les pratiques d’aquaculture. Le<br />
virus Evex a été observé sur des civelles de l’estuaire de la Loire au début des années<br />
80 (Castric & Chastel, 1980), puis en 2004 (Girard, Com. Pers.). Cependant, il n’a<br />
encore jamais été détecté sur des anguilles jaunes et argentées (9 lots constitués entre<br />
2001 et 2002 sur la Loire étaient négatifs (EELREP, 2005)). Dans une récente étude<br />
de Van Ginneken et al. (2004), le virus EVEX a été observé sur des anguilles venant<br />
de milieu naturel aux Pays-Bas (50-100%) et au Maroc (Sebou, côte Atlantique :<br />
50%), mais les échantillonnages étant faibles (N=2-10), l’aspect quantitatif est à<br />
prendre avec précaution. De même le virus HVA (herpèsvirus anguillae qui conduit à<br />
des nécroses du foie et des branchies ainsi que des hémorragies) a été observé aux<br />
Pays-Bas sur les populations sauvages (10-100%) et sur les civelles en culture. Le<br />
Virus EVE (Eel virus European, apparenté au virus NPI, qui cause de sévères lésions<br />
rénales) n’a été identifié qu’en Italie sur des individus de culture (100%).<br />
L’herpèsvirus anguillae (HVA) a été identifié sur des populations d’anguilles de<br />
divers pays (civelles d’élevage aux Pays-Bas). L’auteur met en garde contre les<br />
risques de la propagation de virus par le commerce d’anguilles.<br />
5.4.2 Effets pathogènes du virus EVEX<br />
La seule étude à notre connaissance sur l’effet du virus EVEX sur la migration des<br />
anguilles a été menée lors du récent projet européen EELREP (EELREP, 2005). Les<br />
résultats sont repris dans un articles de van Ginneken et al. (2005). Toutes les<br />
anguilles infectées par le rhabdovirus EVEX (EEL Virus European X), développent<br />
des hémorragies et des anémies pendant la nage de migration simulée (utilisation de<br />
tunnels de nage de 127l de 2m de profondeur, sans simulation de pression). Elles sont<br />
alors contraintes de s’arrêter et meurent après 1000-1500 km de nage. En<br />
comparaison, les anguilles non atteintes par le virus nagent 5500 km, la distance<br />
estimée pour rejoindre la mer des Sargasses. On observe chez les anguilles infectées<br />
des changements physiologiques indiquant une infection virale sérieuse. Basé sur ces<br />
observations, il est conclu que le virus EVEX pourrait significativement affecter la<br />
migration des anguilles et pourrait représenter un facteur contribuant au déclin<br />
mondial de l’anguille. Cependant, il est important de noter que dans cette étude, les<br />
anguilles infectées (qui paraissent saines avant l’expérience) sont au stade argenté<br />
venant de milieu naturel saumâtre (85cm) alors que les anguilles non infectées sont<br />
jaunes venant d’un milieu d’aquaculture en eau douce (75cm).<br />
5.4.3 Virus détectés dans le bassin RMC<br />
Très peu d’études virologiques ont été menées sur le bassin RMC (tableau 12). La<br />
première étude visant à évaluer l’état sanitaire en terme de virologie des civelles et<br />
des anguilles du bassin méditerranéen a été réalisé par MRM en 2004 (Girard, 2007).<br />
La recherche de virus se fait en culture cellulaire par effet cytopathogène. Les virus<br />
recherchés sont NPI, SHV, NHI, EVEX, VPC et Herpès virus. Entre janvier 2005 et<br />
juin 2006, 534 individus (444 civelles, 74 anguillettes et 16 anguilles) ont été analysés<br />
(par lots). Cette étude a mis en évidence pour la première fois le virus EVEX sur des<br />
civelles de Méditerranée (au Grau de la Fourcade à l'entrée de l'étang du Vaccarès).<br />
Dans son étude, Van Ginneken et al. (2004) examinent 3 spécimens venant de<br />
Perpignan (site exact non précisé), sur lesquels aucun virus n’a été détecté malgré la<br />
présence de signes cliniques tels que des hémorragies diffuses. Aucune étude à notre<br />
connaissance n’a été menée sur les virus dans les autres pays méditerranéens.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 39
Tableau 12. Résultats d’indices épidémiologiques pour le virus EVEX dans la bassin RMC. N=nombre<br />
d’individus échantillonnés.Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), éch.<br />
= échantillon.<br />
Site AV Année<br />
Echantillonnage<br />
N Stade/Taille Présence Auteur<br />
Vaccarès * 2006 1 éch., Jan. 40 civelles 0 Girard (2007)<br />
* 2005 1 éch., Jan. 6 lots<br />
(20 ind./lot)<br />
civelles 2 lots Girard (2007)<br />
* 2006 1 éch., Fév. 3 lots (30<br />
ind.)<br />
civelles 0 Girard (2007)<br />
* 2005 1 éch., Nov. 3 lots<br />
(10-20<br />
ind./lot)<br />
civelles 3 lots Girard (2007)<br />
* 2006 1 éch., Jan. 3 lots<br />
(10-20<br />
ind./lot)<br />
civelles 0 Girard (2007)<br />
1998 1 lot<br />
anguillettes 0 LDA 39 (1998)<br />
(10 ind./lot) (17.3-30.5)<br />
Var * 2005 1 éch., Nov. 3 lots<br />
(10 ind./lot)<br />
civelles (6-12) 0 Girard (2007)<br />
2005 1 éch., Nov. 1 lot<br />
Anguillettes 0 Girard (2007)<br />
(organes<br />
d'anguilles)<br />
(19-36)<br />
2006 1 éch., Avril 5 anguilles – 0 FPPMA Alpesanguillette<br />
26.7<br />
Maritimes<br />
(2006)<br />
2006 1 éch., Avril 3 lots (10 Civelles 7.6 0 FPPMA Alpesind.)<br />
Maritimes<br />
(2006)<br />
*= Analyse de la présence des autres virus (AV) : NPI, SHV, NHI, VPC et Herpès : négatif<br />
5.5 Conclusions et recommandations<br />
• Les résultats des différentes études sont difficilement comparables.<br />
Des problèmes ont été identifiés au niveau des protocoles d’échantillonnage, de<br />
l’analyse des échantillons et de l’expression des résultats.<br />
(a) Protocole d’échantillonnage :<br />
- Pour que l’échantillonnage soit représentatif de la population, il est nécessaire de<br />
collecter un nombre minimum d’individus. S’il est trop faible, inférieur à 20<br />
individus (comme c’est le cas pour beaucoup d’études), les résultats ne sont pas<br />
interprétables à l’échelle de la population.<br />
- La plupart des études sont ponctuelles. Or des variations mensuelles importantes des<br />
indices épidémiologiques sont observées. Les résultats sont alors à interpréter avec<br />
précaution, un seul échantillon ne pouvant pas être représentatif de l’année. S’il<br />
n’existe aucune information préalable sur la présence du pathogène, il semble<br />
nécessaire de suivre son évolution dans le temps pour comprendre sa dynamique et<br />
ainsi procéder à un échantillonnage pertinent par la suite. Une prévalence de « zéro »<br />
un certain mois de l’année ne signifie pas forcement que le site est exempt de<br />
parasites (à prendre en considération pour l’identification des zones de meilleure<br />
qualité sanitaire).<br />
- Certaines variables qui décrivent l’échantillon sont nécessaires en vue de<br />
comparer et d’interpréter les résultats des différentes études. Il est important de<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 40
spécifier : la date de l’échantillonnage, le lieu exact (position géoréférencée), le stade<br />
(civelle, anguillette, jaune, argentée), la taille, la prévalence, l’intensité moyenne et<br />
l’abondance moyenne accompagnées de leur paramètre de variation, et si possible<br />
l’âge, le sexe et les conditions environnementales (température, salinité…). Le<br />
manque d’information dans certaines publications rend difficile l’interprétation des<br />
résultats.<br />
(b) Analyse des échantillons :<br />
- La prise en compte des stades larvaires des parasites pour le calcul des indices<br />
épidémiologiques est nécessaire pour avoir une bonne estimation du taux<br />
d’infestation. Or selon la méthode, utilisation d’un microscope ou à l’œil nu, il est<br />
plus ou moins facile de les détecter. Pour A. crassus, les stades larvaires pourraient<br />
représenter deux tiers du nombre total de parasites (Thomas et Ollevier, 1992 dans<br />
(Lefebvre et al., 2003)). Ne pas les prendre en compte conduit à une sous estimation<br />
du nombre d’individus parasités et de la charge parasitaire.<br />
- L’état de dégénérescence de la vessie est rarement pris en compte. Pourtant il<br />
indique à court terme si l’anguille sera capable d’effectuer sa longue migration. Entre<br />
40% et 70% des individus montrent des signent d’infection antérieures de la vessie<br />
sans avoir pour autant présenté des parasites lors de l’autopsie (Lefebvre et al., 2003).<br />
L’indice de dégénérescence de la vessie (SDI) prend en compte l’effet des différents<br />
stades des parasites et caractérise la pression exercée par les parasites, passée et<br />
présente (Lefebvre et al., 2002b). Pour le moment, les études nous montrent qu’entre<br />
15 et 20% des anguilles argentées possèdent une vessie tellement détériorée qu’elles<br />
n’ont aucune chance d’atteindre la mer des Sargasses. Le paramètre SDI devrait être<br />
utilisé systématiquement dans les études épidémiologiques de l’anguillicolose.<br />
L’encadré 1 reprend les critères pour quantifier l’état de la vessie.<br />
Encadré 1 : Méthode pour caractériser l’état de la vessie natatoire de l’anguille infestée par<br />
Anguillicola crassus. D’après l’annexe 8c du document GRISAM (2006), méthode originaire de<br />
Lefebvre et al. (2002b).<br />
Trois critères sont alors utilisés afin de quantifier l’état de dégradation, chacun de ces critères pouvant<br />
prendre les valeurs 0, 1 et 2 ; la valeur 0 étant systématiquement attribuée aux vessies intactes.<br />
- L’opacité / transparence :<br />
Vessie transparente : valeur 0<br />
Vessie nacrée : valeur 1<br />
Vessie opaque : valeur 2<br />
- La pigmentation et les débris :<br />
Vessie dépourvue d’exudat et de pigmentation des tissus conjonctifs : valeur 0<br />
Vessie présentant soit un exudat soit une pigmentation : valeur 1<br />
Vessie présentant à la fois un exudat et une pigmentation : valeur 2<br />
- L’épaisseur de la vessie natatoire :<br />
Epaisseur inférieure à 1 mm : valeur 0<br />
Epaisseur comprise entre 1 et 3 mm : valeur 1<br />
Epaisseur supérieure à 3 mm : valeur 2<br />
Ces trois critères, une fois cumulés permettent d’attribuer une note à chacune des vessies disséquées<br />
allant de 0 à 6. On considère qu’une note de 0 équivaut à une vessie parfaitement intacte ; n’ayant<br />
pas subi de pression parasitaire, une note comprise entre 1 et 3 nous indique que la vessie reste<br />
modérément dégradée et enfin au delà de la note de 4, la vessie est alors considérée comme<br />
sévèrement dégradée remettant en doute ses capacités de fonctionnement au cours de la migration de<br />
l’anguille.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 41
- La détermination des virus se fait par culture cellulaire. Des lots d’individus<br />
(organes prélevés sur 10-30 individus) sont analysés et renseignent sur le statut d’une<br />
zone géographique. Cependant cette technique ne permet pas une estimation<br />
quantitative de la proportion de la population atteinte par les virus. L’utilisation<br />
de tests sérologiques et PCR devraient être développée pour fournir des résultats au<br />
niveau individuel (GRISAM, 2006).<br />
(c) L’expression des résultats :<br />
Les résultats sont rapportés de multiples façons. Les méthodes ont besoin d’être<br />
homogénéisées pour pouvoir comparer et interpréter les résultats.<br />
- Les résultats devraient être présentés par évènement d’échantillonnage. En<br />
effet, dans certaines études, les indices épidémiologiques sont moyennés par site<br />
(moyenne sur plusieurs mois ou années pour un site) ou par saison (regroupant tous<br />
les sites d’échantillonnage), rendant les comparaisons avec d’autres études difficiles.<br />
Lorsque les échantillons sont pris à intervalles irréguliers sur une année, la moyenne<br />
ne reflète pas forcément la situation réelle.<br />
• Manque de connaissance<br />
Cette étude met en évidence des manques de connaissance sur le bassin RMC. Bien<br />
que des études aient été réalisées sur tout le pourtour méditerranéen, un nombre<br />
important de bassins versants (lagunes, fleuves et rivières) reste non étudié. De plus, il<br />
n’existe au final que peu d’études récentes. La plupart des études menées sont éparses<br />
et restent ponctuelles. Il en résulte un manque de suivi évident. On observe un<br />
manque d’études s’intéressant au virus EVEX et aux parasites allochtones<br />
Pseudodactylogyrus sp.<br />
Dans l’idéal, il serait nécessaire de faire un état « zéro » de toutes les lagunes et cours<br />
d’eau, puis suivre leur évolution annuelle. La seule étude de ce type a été réalisée en<br />
Camargue mais a demandé un fort investissement logistique.<br />
• Identification de zones de bonne qualité sanitaire:<br />
Au vu des résultats disponibles, il n’a pas été possible de définir des zones de<br />
« meilleure » qualité sanitaire. Il semble qu’aucune zone explorée récemment ne soit<br />
épargnée par A. crassus et Pseudodactylogyrus sp. Les données sur Evex sont trop<br />
peu nombreuses pour en tirer des conclusions. Des études devraient être menées dans<br />
des retenues d’eaux éloignées de la côte pour déterminer s’il existe des zones<br />
indemnes. Benajiba et al. (1995) mettent en garde contre le transfert incontrôlé<br />
d’anguilles entraînant le risque de nouveaux problèmes d’épidémiologie dans les<br />
populations naturelles.<br />
• Actions prioritaires :<br />
L’objectif principal pour les gestionnaires est de permettre au niveau de chaque bassin<br />
versant la migration d’anguilles de bonne qualité sanitaire pour potentiellement<br />
permettre un meilleur recrutement de l’espèce.<br />
Pour hiérarchiser les actions à mener, nous devons prendre en compte le coût des<br />
mesures et leur impact potentiel de gestion à long terme. Aux vues des contraintes<br />
logistiques (coût élevé, besoin humain) et des difficultés rencontrées pour comparer<br />
les résultats des études précédentes, il semble plus judicieux de miser sur la qualité de<br />
l’échantillonnage plutôt que sur la quantité.<br />
- Mettre en place des indicateurs qui représentent au mieux l’état sanitaire de la<br />
population et qui permettent un suivi de leur évolution et donc de leur potentiel<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 42
amélioration dans le temps. Au point de vu pathologique, il semble nécessaire de<br />
suivre les indicateurs : (1) la prévalence, l’intensité moyenne, l’abondance<br />
moyenne des parasites, (2) l’indice de dégénérescence de la vessie et (3) le taux<br />
d’infection par les virus.<br />
-Afin de palier le problème de variation mensuelle des indices épidémiologiques, la<br />
meilleure cible semble être les géniteurs, c'est-à-dire les anguilles argentées prêtes à<br />
migrer. Elles peuvent être collectées en fin d’année, au moment de leur migration.<br />
Cela permettrait d’avoir une idée précise de leurs conditions pour la traversée.<br />
- Où ces études devraient-elles être menées ? L’idée proposée dans le plan GRISAM<br />
(2006) est idéale (il prévoit de couvrir l’ensemble des bassins RN<strong>DE</strong>) mais semble<br />
difficilement réalisable, à cause de son coût et de ses besoins importants en main<br />
d’œuvre. De plus, la réduction de la taille d’échantillonnage prévue (5 anguilles par<br />
localité) risque de nuire à la représentativité de l’étude. Une alternative consiste à<br />
choisir des sites modèles (lagunes et/ou sorties de bassins versants). Le choix peut se<br />
faire selon les programmes de recherches en place ou à venir, et la facilité d’obtention<br />
des échantillons (les pêcheurs doivent être impliqués autant que possible dans les<br />
échantillonnages).<br />
- Il est important de se mettre d’accord sur un plan d’échantillonnage commun. Un<br />
nombre suffisant d’individus doit être collecté (N>20) par échantillon et les<br />
remarques du paragraphe 5.6.1 doivent être prises en compte. Il serait intéressant<br />
d’avoir au moins 3 réplicats par saison de dévalaison afin d’identifier une éventuelle<br />
différence de qualité selon le début et la fin de la période de migration.<br />
- L’accent doit être mis sur le besoin de suivi temporel. Un suivi annuel est<br />
nécessaire (même endroit, même date) pour voir l’évolution de la qualité des<br />
géniteurs.<br />
6. Les contaminants chimiques<br />
6.1 Généralités<br />
Parmi les causes possibles du déclin de l’anguille européenne, un autre facteur semble<br />
primordial à prendre en compte : les micropolluants. On les retrouve dans tous les<br />
compartiments de l’environnement (eaux, sédiments, air) ainsi que dans les<br />
organismes vivants. Deux voies de contamination sont possibles pour l’anguille : une<br />
voie de contamination directe par l’eau et les sédiments via les branchies et la peau ;<br />
et/ou par transfert trophique en ingérant des proies contaminées. Les concentrations<br />
de micropolluants retrouvées dans l’anguille dépendent de la capacité de l’individu à<br />
éliminer les contaminants.<br />
Depuis le début de l’industrialisation, la production de substances chimiques n’a fait<br />
qu’augmenter. Depuis 1930, la production mondiale est passée de 1 million à 400<br />
millions de tonnes par an (European Commission, 2006). Les produits chimiques sont<br />
utilisés et dispersés dans l’environnement au quotidien, sans connaître pour la plupart<br />
leur impact à long terme sur les organismes vivants et l’environnement. La directive<br />
européenne REACH (Registration, Evaluation and Autorisation of Chemicals) vient<br />
d’être adoptée par le parlement européen en janvier 2007. Elle a pour but de<br />
répertorier et d’évaluer le danger des substances chimiques produites par l’Homme.<br />
Le constat est alarmant : il est estimé que sur 100000 substances chimiques<br />
industrielles commercialisées actuellement, seulement 3% ont été évaluées. REACH<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 43
prévoit l’évaluation de 30 000 substances supplémentaires dans les 11 prochaines<br />
années.<br />
Il existe une multitude de polluants que l’on peut séparer en deux grands groupes :<br />
- les polluants organiques, dont le groupe particulièrement toxique des<br />
polluants organiques persistants (POP). Ce sont des substances chimiques qui<br />
persistent dans l’environnement et qui s’accumulent dans les tissus des<br />
organismes à travers la chaîne alimentaire. Elles peuvent être transportées sur<br />
de longues distances, dans des régions où elles n’ont jamais été utilisées, et<br />
constituent donc une menace pour l’environnement dans le monde entier. Les<br />
POP sont connues pour leur toxicité en tant que neurotoxiques et perturbateurs<br />
endocriniens. La plupart sont des organochlorés.<br />
- le groupe des polluants inorganiques tels les métaux lourds (cadmium,<br />
plomb, mercure…).<br />
On distingue 5 catégories principales de micropolluants organiques toxiques :<br />
- les polychlorobiphényles (PCB), probablement les contaminants les plus<br />
connus, ils sont aujourd’hui interdits en Europe ainsi qu’aux États-Unis mais<br />
sont encore utilisés dans de nombreux pays tropicaux. Ils ont été utilisés<br />
massivement jusque dans les années 70 pour la fabrication des transformateurs<br />
électriques. Il existe 209 congénères distincts, différenciés par le nombre et la<br />
position des atomes de chlore sur le noyau biphényle.<br />
- les retardateurs de flammes bromés : ils sont utilisés pour prévenir la<br />
combustion et retarder la propagation du feu dans divers plastiques, textiles ou<br />
autres matériaux. Parmi les retardateurs de flammes bromés, trois groupes<br />
chimiques dominent les usages courants : les polybromodiphényles éthers<br />
(PB<strong>DE</strong>), l’hexabromocyclododécane (HBCD) et les bisphénols bromés (le<br />
TBBP-A en particulier). Ils provoquent des retards de croissance et perturbent<br />
le développement neuronal des mammifères.<br />
- les dioxines sont les polychlorodibenzo-p-dioxines ou PCDD. A ce groupe<br />
sont souvent associées d’autres familles de molécules comportant des<br />
propriétés communes telles que les furanes (Polychlorodibenzofuranes,<br />
PCDF) et les PCB dits de type dioxines « dioxin-like ». Ces substances sont<br />
libérées lors de la combustion de l’essence, du bois, mais aussi lors de<br />
l’incinération des ordures ménagères et des déchets industriels. La toxicité de<br />
chaque composé dépend du nombre et de la position des atomes de chlore<br />
dans la molécule. La TCDD-2,3,7,8 est la plus toxique. Elle peut provoquer,<br />
entre autres, des troubles du foie, du système immunitaire et de l’appareil<br />
reproducteur.<br />
- les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) : molécules<br />
toxiques, potentiellement cancérogènes, elles sont très présentes dans les<br />
combustibles fossiles, y compris l’essence.<br />
- les pesticides. Les principaux pesticides utilisés actuellement appartiennent à<br />
quelques grandes familles chimiques : les organochlorés, les<br />
organophosphorés, les pyréthroïdes et les carbamates.<br />
Deux textes internationaux on été ratifiés par la France sur les POP : le protocole<br />
d’Aarhus de 1988 et la convention de Stockholm de 2001. Leur objectif est de<br />
contrôler, réduire ou éliminer les émissions de certaines substances de<br />
dioxines/furannes, PCB, HAP et du fongicide hexachlorobenzène (HCB).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 44
6.2 Normes toxicologiques de référence / cadre législatif<br />
Il est très difficile d’avoir accès à une vue d’ensemble des normes de référence<br />
appliquées en Europe et dans les autres pays pour toutes les substances xénobiotiques.<br />
Les normes de référence évoluent selon les avancées scientifiques et sont donc en<br />
constante réévaluation. Les valeurs sont déterminées principalement par rapport au<br />
risque sanitaire humain, non pas par rapport à l’état de santé de l’espèce et de son<br />
écosystème. Les poissons dont « les teneurs en contaminants excèdent les teneurs<br />
maximales ne doivent être mis sur le marché ni en tant que tels, ni après mélange avec<br />
d’autres denrées alimentaires, ni comme ingrédients d’autres denrées alimentaires »<br />
(La Commission Des Communautés Européennes, 2006). Les normes dépendent du<br />
pays, de l’espèce et du polluant considéré. Il n’existe pas des normes pour tous les<br />
contaminants.<br />
Deux organismes font office de référence en France : la Commission Européenne<br />
(CE) et l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA). Les valeurs<br />
présentées dans le tableau 13 proviennent de la dernière communication de la<br />
Commission Européenne en date du 19 décembre 2006 (La Commission Des<br />
Communautés Européennes, 2006). Elle ne porte que sur 3 métaux lourds, les<br />
dioxines, les PCB type dioxine et le Benzo(a)pyrène (HAP). En 2003, l’avis de<br />
l’AFSSA (Saisine n° 2003-SA-0007) préconise des valeurs guides, pour les poissons,<br />
de 0.05 mg/kg de poids sec pour un dosage portant sur la somme des 16 HAP de la<br />
liste EPA (Environmental Protection Agency) et de 0.02 mg/kg de poids sec pour un<br />
dosage portant sur la somme des 6 HAP, recommandées par le Conseil Supérieur<br />
d'Hygiène Publique de France (CSHPF).<br />
[16 HAP : acénaphtène, acénaphtylène, anthracène, benz(a)anthracène, benzo(b+j)fluoranthène,<br />
benzo(k)fluoranthène, benzo(g,h,i)pérylène, benzo(a)pyrène, chrysène, dibenz(a,h)anthracène,<br />
fluoranthène, fluorène, indéno(1,2,3,-c,d)pyrène, naphtalène, phénanthrène, pyrène.<br />
6 HAP : benz(a)anthracène, benzo(b+j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, benzo(a)pyrène, dibenz<br />
(a,h)anthracène, indéno(1,2,3,-c,d)pyrène.]<br />
Concernant les PCB, l’AFSSA, dans son avis du 13/03/2006, se base sur la dose<br />
journalière tolérable (DJT) déterminée par l’OMS (0.02 µg/kg poids corporel/jour<br />
pour l’ensemble des PCB) pour proposer la DJT de 0.01 µg/kg poids corporel/jour<br />
pour des 7 PCB indicateurs (28,52,101,118,138,153,180). Dans ce même avis,<br />
l’AFSSA observe une corrélation très étroite entre les PCB indicateurs et les PCB<br />
type dioxines.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 45
Tableau 13. Normes de référence des teneurs en contaminants autorisés dans la chair musculaire<br />
d’anguilla anguilla selon le règlement (CE) N°1881/2006.<br />
Contaminants Teneur dans la chair<br />
musculaire de poisson<br />
en poids frais (PF)<br />
Métaux<br />
Plomb Pb (1) 0.30 mg/kg<br />
Cadmium Cd 0.1 mg/kg<br />
Mercure Hg (2) 1 mg/kg<br />
Dioxine et PCB (dioxine-like)<br />
Somme des dioxines (OMS-PCDD/F-TEQ) (3) 4 pg/g<br />
Somme des dioxines et PCB de type dioxine (OMS-<br />
PCDD/F-PCB-TEQ) (3)<br />
HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques)<br />
12 pg/g<br />
Benzo(a)pyrène (4) 2 µg/kg<br />
(1) Codex alimentarius (FAO/WHO) http://www.codexalimentarius.net/web/index_en.jsp<br />
(2) Correspond au méthylmercure qui représente environ 90 % du mercure total présent dans les<br />
poissons et produits de la mer.<br />
(3) Dioxines [somme des polychlorodibenzo-para-dioxines (PCDD) et des polychlorodibenzofuranes<br />
(PCDF), exprimée en équivalents toxiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), après<br />
application des TEF-OMS (facteurs d'équivalence toxique)] et somme des dioxines et PCB de type<br />
dioxine [somme des PCDD, PCDF et des polychlorobiphényles (PCB : 77, 81, 105, 114, 118, 123, 126,<br />
156, 157, 167, 169, 189), exprimée en équivalents toxiques de l'OMS, après application des TEF-<br />
OMS)]. TEF-OMS : évaluation des risques encourus par l’homme, fondée sur les conclusions de la<br />
réunion de l’OMS tenue à Stockholm en 1997.<br />
« Les dioxines sont généralement présentes dans des mélanges contenant plusieurs types de dioxines et<br />
composés apparentés aux dioxines (" dioxin-like "), chacun ayant un degré de toxicité spécifique. Afin<br />
de pouvoir exprimer la toxicité globale d'un tel mélange en une seule valeur, le concept d' " Equivalents<br />
Toxiques Internationaux " (ou I-TEQ pour International Toxic Equivalents) fut créé. Le système d' "<br />
Equivalents Toxiques " (TEQ) exprime la toxicité relative de chaque composé moins toxique en tant<br />
que fraction de la toxicité du TCDD le plus toxique. Chaque composé se voit attribué un " Facteur<br />
d'Equivalence Toxique " (ou TEF pour Toxic Equivalent Factor). Ce coefficient de pondération indique<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 46
le degré de toxicité par rapport au 2,3,7,8-TCDD, auquel une valeur de référence de 1 a été donné. Pour<br />
calculer l'équivalent toxique global d'un mélange de dioxines par rapport au TCDD, les quantités de<br />
chaque composé toxique sont multipliées par leur Facteur d'Equivalence Toxique (TEF) respectif, et<br />
ensuite additionnées » (http://www.greenfacts.org/fr/dioxines/toolboxes/equivalents-toxiques.htm).<br />
(4) Le benzo(a)pyrène, pour lequel des teneurs maximales sont mentionnées, est utilisé comme<br />
marqueur de la présence et de l'effet des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérogènes.<br />
6.3 Impacts des micopolluants sur l’anguille<br />
S’il semble évident que les polluants affectent le cycle biologique de l’anguille, il<br />
n’existe cependant que peu d’études écotoxicologiques sur les anguilles et presque<br />
aucune n’apportent des éléments de réponse afin de prédire l’effet des contaminants<br />
sur la capacité des anguilles à se reproduire. Afin de répondre au besoin des<br />
gestionnaires, Robinet et Feunteun (2002) insistent sur l’urgence d’engager des études<br />
quantitatives pour connaître quelles concentrations de quels polluants, dans<br />
l’environnement et dans les organismes, sont responsables d’une diminution de la<br />
capacité de reproduction de l’anguille (Robinet & Feunteun, 2002). Le projet<br />
(EELREP, 2005) fournit la première pierre de l’édifice, en montrant que de faibles<br />
concentrations de contaminants de type dioxine suffisent pour mettre en péril la<br />
reproduction des anguilles.<br />
Les polluants présents dans l’habitat de l’anguille pourraient compromettre fortement<br />
le succès de sa reproduction. En effet, malgrés un système de détoxification<br />
permanant via le foie et les reins, l’anguille possède des traits de vie qui la rendent<br />
particulièrement vulnérable aux polluants. Son pourcentage élevé de lipides, son<br />
niveau trophique élevé, sa durée de vie (3-8 ans pour les mâles, 5-20 ans pour les<br />
femelles) et le fait qu’elle se reproduise une seule fois dans sa vie (sans pouvoir<br />
évacuer la pollution par une reproduction régulière), font qu’elle peut dramatiquement<br />
accumuler des molécules xénobiotiques lipophiles lors de son long séjour continental.<br />
Elle a besoin de constituer des réserves énergétiques (sous forme de lipides)<br />
suffisantes pour (1) la migration transatlantique (un jeûne complet débute lors de la<br />
dévalaison) et (2) la maturation des gamètes et œufs. Or les micropolluants pourraient<br />
perturber ces deux activités critiques pour la survie de l’espèce lors du transfert des<br />
lipides accumulés aux gonades.<br />
Il existe 3 principales revues sur les anguilles qui synthétisent les effets des métaux<br />
lourds (Bruslé, 1990), des polluants organiques (Bruslé, 1991) et des composés<br />
chimiques en général (Robinet & Feunteun, 2002). Principalement, ils perturbent les<br />
systèmes endocrinien, reproducteur, enzymatique, immunitaire, neuronal, nerveux<br />
central ainsi que le stockage des lipides et le bon fonctionnement des organes vitaux.<br />
Pour ne citer que quelques exemples. Les retardateurs de flamme bromés (Darnerud,<br />
2003), le lindane (Yadav & Singh, 1987), le malathion (Singh, 1992), l’endosulfan<br />
(Murty & Devi, 1982), les dioxines et furanes (-PCDD, -PCDF) et certains PCB<br />
(Safe, 1990) et HAP (Leatherland & Sonstegard, 1980) perturbent chez les poissons le<br />
fonctionnement de la glande thyroïdienne, impliquée dans le stockage des lipides.<br />
Certains retardateurs de flamme bromés ainsi que PCB perturbent le système neuronal<br />
pouvant induire des changements de comportements (Santillo et al., 2005). De graves<br />
altérations hépatocytaires et branchiales ont été observées expérimentalement après<br />
une exposition des anguilles à l’atrazine (Hildebrand et al., 1993) et au cadmium<br />
(Gony et al., 1988). Dans le milieu naturel, des lésions histopathologiques ont été<br />
observées sur les anguilles échantillonnées sur 3 sites en Camargue (Oliveira Ribeiro<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 47
et al., 2005). Le foie semble le plus touché avec des nécroses sur presque tous les<br />
spécimens et des débuts de tumeurs. Il semble que les effets chroniques des polluants<br />
(OC, HAP et les métaux) soient responsables de ces symptômes mais sans preuves<br />
réelles. Le lindane pourrait perturber le développement du vitellus chez le guppy<br />
(Wester et al., 1985). La contamination au Cadmium conduirait à une augmentation<br />
de l’utilisation des lipides de réserve chez l’anguille (Pierron et al., 2007). Des<br />
concentrations sublétales de fenitrothion seraient responsables expérimentalement de<br />
l’inhibition significative de l’activité de l’ ATPase Na+ et K+ ainsi que de<br />
l’acetylcholinestérase (AChE, impliquée dans l’activité neuronale) (Sancho et al.,<br />
1997a; Sancho et al., 2000).<br />
La plupart du temps un mélange de contaminants est présent dans le milieu naturel.<br />
C’est pourquoi il est difficile de corréler les dommages observés sur les anguilles à tel<br />
ou tel contaminant. En effet, les impacts sur l’environnement sont complexes. Il faut<br />
prendre en compte la toxicité de la matière active, des produits de dégradation mais<br />
aussi de leurs métabolites. Il existe des actions synergiques ou antagonistes entre<br />
contaminants ou/et entre les contaminants et le milieu. C’est pourquoi il est souvent<br />
difficile d’appliquer les résultats obtenus expérimentalement à une situation en milieu<br />
naturel.<br />
Un premier bilan des connaissances sur l’estimation de la qualité des géniteurs vis-àvis<br />
de la pollution organique a été réalisé par Robinet et Feunteun en 2002. Ils<br />
distinguent :<br />
(1) les polluants à effet direct : pesticides neurotoxiques et les substances chimiques<br />
perturbant la physiologie. Ils ont pour conséquence une perturbation du stockage des<br />
graisses et une argenture précoce. Ils diminuent la quantité de géniteurs réels.<br />
(2) les polluants à effet indirect : ils s’accumulent dans les lipides de l’anguille et sont<br />
mobilisés lors de la migration océanique mais aussi pour la maturation des gonades.<br />
Ils sont donc responsables de la diminution du succès reproducteur et de la survie des<br />
œufs et des larves (malformations). La figue 8 d’après Robinet et Feunteun (2002)<br />
représente les niveaux d’action des micropolluants. Quatre hypothèses expliquent le<br />
déficit énergétique pré migratoire rapporté pour certaines anguilles européennes.<br />
Pour la première fois, une équipe Hollandaise a mis en évidence l’effet direct des<br />
composés type dioxine (PCB, PCDD/PCDF) sur le développement embryonnaire<br />
ainsi que sur la survie des embryons d’anguilles (Palstra et al., 2006). La survie des<br />
embryons a été corrélée négativement avec la teneur en composés type dioxine. Pour<br />
des valeurs supérieures à 4 ng TEQ/kg gonades (de loin inférieures aux normes de<br />
consommation qui sont de 12ng OMS-TEQ/kg muscle frais), il semblerait qu’il n’y<br />
ait aucune chance de survie des embryons. Or la plupart des anguilles des pays<br />
Européens affichent des teneurs bien supérieures. Il serait donc très probable que ces<br />
composés xénobiotiques jouent un rôle important dans le déclin de l’anguille. De plus,<br />
les émissions de PCB dans l’environnement coïncideraient avec la chute du stock<br />
d’anguilles.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 48
Pesticides<br />
Neurotoxiques<br />
Inhibition<br />
AchE<br />
EXCITATION<br />
MUSCULAIRE<br />
PERMANENTE<br />
1 2<br />
GLUCOGENESE<br />
LIPOLYSE<br />
UTILISATION<br />
ANORMALE<br />
<strong>DE</strong>S LIPI<strong>DE</strong>S<br />
MUSCULAIRES<br />
VIE CONTINENTALE VIE OCEANIQUE<br />
Stress<br />
Chimique<br />
Hypophyse<br />
Corticosurrenales<br />
Action<br />
CORTISOL<br />
prolongée<br />
3<br />
Apparition de la<br />
livrée argentée<br />
<strong>DE</strong>FICIT<br />
ENERGETIQUE<br />
PRE-MIGRATOIRE<br />
Organophosphorés,<br />
organochlorés,<br />
PCDD, PCDF, PCB<br />
THYROÏ<strong>DE</strong><br />
PERTURBATIONS<br />
METABOLIQUES<br />
STOCKAGE<br />
LIPI<strong>DE</strong><br />
INSUFFISANT<br />
Quatre hypotheses pour expliquer le deficit énergétique pré-migratoire reporté chez certaines anguilles européennes (1) Des<br />
pesticides neurotoxiques (organophosphorines, carbamates et pyrethrynoïdes) inhibent l'acetylcholinestérase (AchE), d'induire<br />
une activité musculaire continue et l'utilisation de lipides musculaires (2) Un stress chimique, du à la pollution<br />
environnementale déclenche une libération de cortisol pour mobiliser le glucose en réponse au stress, puis la lipolyse<br />
musculaire. (3) Une action prolongée du cortisol entraîne l'apparition de caractéristiques argentées, en particulier une<br />
adaptation à la salinité, qui est présumée induire une dévalaison précoce. (4) Quelques composants entraînent une<br />
perturbation métabolique de la régulation du stockage d'énergie via la glande thyroïde. Naturellement, (1) and (4) induisent (2).<br />
(5) Contaminants lipophiles accumulés pendant la vie en milieu continentale, qui est réutilisé pendant la migration, induisant<br />
(1), (2) et (4). (6) Accumulation de contaminants dans les gonades affecte de différentes façons le succès reproducteur.<br />
Figure 8 : Niveau d’action des contaminants dans la diminution du succès reproducteur. D’après<br />
Robinet et Feunteun (2002)<br />
6.4 Facteurs influençant les teneurs en xénobiotiques<br />
+<br />
Adaptation à la<br />
salinité<br />
Migration<br />
précoce<br />
MIGRATION MIGRATION<br />
STOPPEE IMPOSSIBLE<br />
ET RETAR<strong>DE</strong>E<br />
( re-alimentation)<br />
(MORT)<br />
BAISSE DU NOMBRE<br />
<strong>DE</strong> GENITEURS<br />
Lorsque l’on compare les teneurs en contaminants dans les organismes, il est<br />
important de tenir compte des facteurs responsables de variations entre les individus<br />
dans leur façon de les métaboliser. Buet et al. (2006) observent dans leur étude une<br />
grande variation intraspécifique. En effet, les facteurs biotiques tels que le sexe, l’âge,<br />
le stade de maturité, l’état de nutrition, la fraction lipidique prise en compte ainsi que<br />
les facteurs abiotiques tels que la température, la salinité, la saison, le site, le type<br />
d’étude (en milieu expérimental ou naturel), la méthode utilisée, peuvent induire<br />
d’importantes variations.<br />
Les variations des teneurs en contaminants dans les anguilles se font au niveau :<br />
- Temporel. Roche et al. (2002a) mettent en évidence en Camargue de fortes<br />
variations saisonnières. L’amplitude et la localisation des polluants dans les tissus<br />
dépendent de la saison. Dans le Delta de l’Ebre en Espagne, Ruiz & Llorente (1991)<br />
mettent en évidence une variation mensuelle des concentrations de DDT et PCB. Les<br />
2 pics (sur la base de poids frais) sont liés aux activités agricoles : l’ouverture des<br />
canaux pour la culture du riz en avril entraîne la mise en suspension des particules<br />
polluantes et la fermeture des canaux en décembre entraînent une évaporation et donc<br />
la concentration de la pollution.<br />
4<br />
STOCK LIPIDIQUE<br />
MIGRATION<br />
OCEANIQUE<br />
RAPI<strong>DE</strong><br />
MOBILISATION <strong>DE</strong>S LIPI<strong>DE</strong>S<br />
ET REJET <strong>DE</strong>S CONTAMINANTS<br />
DANS LA CIRCULATION<br />
ACCUMULATION<br />
<strong>DE</strong>S CONTAMINANTS DANS<br />
LES GONA<strong>DE</strong>S<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 49<br />
1<br />
2<br />
4<br />
<strong>DE</strong>FICIENCES<br />
<strong>DE</strong>S OVAIRES<br />
MATURATION<br />
SEXUELLE<br />
PERTURBEE<br />
BAISSE DU SUCCÈS<br />
REPRODUCTEUR<br />
6<br />
5<br />
<strong>DE</strong>FICIENCES<br />
<strong>DE</strong> LA<br />
VITELLOGENESE<br />
GENOTOXICITE<br />
(ADN)<br />
MALFORMATIONS<br />
EMBRYONNAIRES<br />
BAISSE TAUX <strong>DE</strong> SURVIE<br />
<strong>DE</strong>S OEUFS
- De l’unité de mesure considérée. Pour pallier le problème de comparaison<br />
d’anguilles de taille/âge différents qui ont des pourcentages lipidiques différents, les<br />
teneurs en contaminants sont parfois exprimées en poids lipidiques. Le profil mensuel<br />
de ces teneurs est alors différent de celui exprimé en poids frais (Corsi et al., 2005).<br />
De plus, la concentration en polluants, lorsque celle-ci est exprimée sur une base<br />
lipidique, peut être masquée les mois où les réserves en lipides sont élevées (Ruiz &<br />
Llorente, 1991).<br />
- Des méthodes utilisées. Les limites de détection des micropolluants diffèrent selon<br />
les techniques utilisées. Plusieurs méthodes sont possibles. Les analyses sur des<br />
extraits pris directement d’homogénats ou de la fraction lipidique totale donnent une<br />
approximation, (réaliste cependant), de la quantité de contaminant accumulée (Roche<br />
et al., 2000). Des analyses plus efficaces pour déceler des composés plus complexes<br />
consistent à extraire les groupes lipidiques selon leur polarité. Lipides et substances<br />
lipophiles se séparent en 3 fractions. Le stockage des lipides se fait principalement<br />
sous la forme neutre qui correspond à 75% des lipides dans le foie et 92% dans le<br />
muscle (Roche et al., 2002a). Les concentrations de HAP varient selon la forme<br />
lipidique prise en compte (neutre ou phospholipides). Les anguilles peuvent être<br />
analysées individuellement ou en pool quand les tissus provenant de différents<br />
individus sont homogénéisés. Cela dépend si la masse musculaire est suffisante pour<br />
l’analyse ainsi que du coût élevé des analyses. Enfin, les résultats diffèrent si ils sont<br />
exprimés en moyenne arithmétique ou géométrique.<br />
- Du type de polluant étudié. La vitesse de métabolisation du polluant dépend de sa<br />
forme. Les molécules les plus lourdes sont les plus faciles et rapides à métaboliser<br />
(Buet et al., 2006). Le nombre de congénères considéré pour calculer la somme des<br />
PCBs diffère selon les études. De Boer et al. (1994) montrent lors d’une étude de<br />
détoxication en milieu naturel de 8 ans que l’élimination des composés organochlorés<br />
n’est pas la même selon la substances considérée et dépend du caractère persistant des<br />
contaminants. Il n’y a pas d’élimination visible pour les chlorobenzènes, par contre,<br />
en quelques années, on note l’élimination des autres composés.<br />
- De la forme du contaminant étudié. Le mercure inorganique est transformé en<br />
mercure organique, le méthylmercure, forme chimique toxique et très peu<br />
biodégradable par l’action d’une bactérie présente dans les sédiments et dans le tube<br />
digestif de certains poissons. Le taux de méthylation peut augmenter avec le niveau<br />
d’eutrophisation du milieu. Ce phénomène est important en Camargue avec de fortes<br />
teneurs en phosphates dans les canaux d’irrigation.<br />
- Des conditions du milieu (température, salinité, pH). La toxicité de certains<br />
contaminants augmente (cas de l’endosulfan) ou diminue (cas du lindane) avec<br />
l’élévation de température (Ferrando et al., 1987). De même, la toxicité du lindane<br />
augmente quand le pH de l’eau diminue (Ferrando et al., 1991). La salinité joue un<br />
rôle modérateur sur l’accumulation du cadmium (Gony et al., 1988).<br />
- De la localisation. Dans une même lagune, les teneurs en polluants des anguilles<br />
varient selon l’exposition de leur habitat aux contaminants (Corsi et al., 2005).<br />
- De la taille, du stade de développement de l’anguille. Les teneurs varient en fonction<br />
des stades étudiés (Buet et al., 2006). Dans l’estuaire de la Gironde, les teneurs en<br />
contaminants (PCB et retardateur de flamme bromés) augmentent du stade civelle<br />
jusqu’à l’argenture (Tapie, 2006). Mariottini et al. (2006) observent une corrélation<br />
entre les teneurs en PCB et la taille des anguilles dans la lagune de Orbetello en Italie,<br />
suggérant une bio-accumulation avec le temps. De même, Batty et al. (1996) trouvent<br />
une corrélation entre les classes de tailles croissantes et les teneurs en plomb<br />
(Vaccarès et Berre) et cuivre (Vaccarès) exprimées en poids sec de foie.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 50
- Du tissu étudié. Les concentrations varient selon les tissus analysés : foie, muscle et<br />
bile (Roche et al., 2002a). Les organochlorés sont plus élevés dans le foie que dans le<br />
muscle, sauf pour l’Hexachlorobenzene (HCB) (Buet et al., 2006). Dans leur étude<br />
sur les métaux lourds dans le lac de Tunis, Ben Souissi et al. (2000) trouvent des<br />
concentrations plus forte dans le foie que dans le muscle.<br />
- De l’état de nutrition. L’étude de Grosell et al. (1998) semble indiquer des<br />
concentrations hépatiques en cuivre plus faibles pour les poissons nourris.<br />
6.5 Les contaminants observés chez les anguilles dans le bassin RMC<br />
La liste des contaminants répertoriés dans le bassin RMC est présentée dans l’annexe<br />
7. Des informations sont disponibles pour seulement 7 lagunes (sur 39), 1 canal et 5<br />
fleuves (sur 28). Les métaux lourds sont les substances les plus étudiées. Aucune<br />
étude portant sur les dioxines n’a été répertoriée.<br />
La comparaison des teneurs en contaminants est complexe en raison des différents<br />
niveaux d’analyse à prendre en compte :<br />
- Polluants ou famille de polluants<br />
- Stade de l’anguille : civelle, anguillette, jaune, argentée<br />
- Taille de l’échantillon<br />
- Saison/année<br />
- Site d’étude<br />
- Organe étudié : anguille entière, muscle, foie, « bile », rate<br />
- Unités : poids sec (PS), poids frais (PF), poids lipidique<br />
Les principales études dans le bassin RMC ont été réalisées d’une part sur le cadmium<br />
dans les lagunes du Languedoc-Roussillon (Gony, 1985; Gony et al., 1988; Gony-<br />
Lemaire, 1990)et d’autre part sur la réserve de Camargue (Roche et al., 2000; Buet et<br />
al., 2000-2001; Roche et al., 2000-2001; Buet, 2002; Roche et al., 2002a; Roche et<br />
al., 2002b; Roche et al., 2003a; Roche et al., 2003b; Roche et al., 2003c; Buet et al.,<br />
2006). En Camargue, les concentrations de divers types de contaminants : pesticides,<br />
PCB, HAP, métaux lourds ont été mesurées entre 1996 et 2003 dans divers tissus des<br />
anguilles : foie, bile, reins et muscle. Buet et al. (2006) concluent que de fortes<br />
concentrations de contaminants sont présentes dans les tissus. Les réponses des<br />
anguilles à l’exposition des polluants organiques provoquent certainement des effets<br />
écophysiologiques et toxicologiques délétères, mais il n’existe pour le moment pas de<br />
preuves concrètes à l’appui. Les études histo-cytologiques menées sur des anguilles<br />
de Bages-Sigean montrent une réponse adaptative à l’agression toxique des molécules<br />
xénobiotiques liposolubles (Maldes et al., 1991; Lemaire et al., 1992). Elle se<br />
caractérise par un réticulum endoplasmique hyperdéveloppé avec un nombre élevé de<br />
globules lipidiques dans les cellules hépatiques. Des signes dégénératifs sont observés<br />
dans les tissus hépatiques : microvillosités latérales hépatocytaires et fibrose<br />
périvasculaire. De la même façon, les effets chroniques des polluants dans la lagune<br />
du Vaccarès semblent être caractérisés par des lésions histopathologiques dans le foie,<br />
la rate et les branchies (Oliveira Ribeiro et al., 2005). Ainsi que la présence de<br />
tumeurs dans le foie et la rate.<br />
Il existe des valeurs références pour quelques xénobiotiques seulement (voir 6.5). Le<br />
tableau 14 récapitule ces valeurs en PF et PS de muscle. Dans un premier temps nous<br />
avons comparé les valeurs obtenues sur le bassin RMC avec les valeurs références.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 51
Malheureusement, il n’existe des normes alimentaires que pour les teneurs mesurées<br />
dans le muscle, c’est pourquoi dans un premier temps nous ne prendrons en compte<br />
que les valeurs données pour les muscles. Selon Romeo et al. (1996), pour être<br />
converties de poids frais en poids sec, les normes en poids frais ont besoin d’être<br />
multipliées par un facteur 5. Ce facteur dépend du tissu pris en compte ainsi que du<br />
taux d’humidité de l’échantillon. Selon P. Girard (Com. Pers.), pour le muscle, le<br />
poids sec représenterait entre 20 et 25% du poids frais, ce qui corespondrait à un<br />
facteur qui varierait entre 4 à 5.<br />
Tableau 14. Normes de référence des contaminants en poids frais (PF) et en poids sec (PS) de muscle.<br />
DJT = Dose journalière tolérable en µg/kg poids corporel/jour. En italique les valeurs converties (la<br />
valeur en PF est multipliée par 5 pour obtenir la valeur en PS).<br />
Contaminants (PF) (PS) DJT<br />
Plomb 0.30 mg/kg 1.5 mg/kg<br />
Cadmium 0.1 mg/kg 0.5 mg/kg<br />
Mercure 1 mg/kg 5 mg/kg<br />
Somme des dioxines (OMS-PCDD/F-TEQ)<br />
(3)<br />
4 pg/g 20 pg/g<br />
PCB de type dioxine (OMS-PCDD/F-PCB- 8 pg/g 40 pg/g<br />
TEQ)<br />
Benzo(a)pyrène (HAP) 2 µg/kg PF 10 µg/kg<br />
16 HAP de la liste EPA 0.01 mg/kg 0.05 mg/kg<br />
6 HAP de la liste CSHPF 0.004 mg/kg 0.02 mg/kg<br />
Somme des PCB 0.02<br />
7 PCB indicateurs 0.01<br />
Le tableau 15 synthétise les concentrations de métaux lourds trouvées dans le muscle<br />
des anguilles échantillonnées dans le bassin RMC. La lagune de Bages-Sigean semble<br />
plus polluée en cadmium et plomb que les autres avec 5 valeurs égales ou supérieures<br />
aux normes sanitaires. Le Gapeau et le bas Argens semblent être assez fortement<br />
contaminés en cadmium. Mais ces résultats sont à prendre avec précaution étant<br />
donné les conditions différentes dans lesquelles ont été réalisés les échantillonnages<br />
(saison, stade de l’anguille, nombre d’individus échantillonnés…).<br />
Tableau 15. Teneurs des métaux lourds cadmium, mercure et plomb dans le muscle des anguilles<br />
échantillonnées dans le bassin RMC. PF=poids frais, PS=poids sec.
Il est difficile d’interpréter les résultats obtenus pour les PCB étant donné la<br />
variabilité du nombre de congénères pris en compte dans les études. Des valeurs sont<br />
disponibles pour les lagunes de Bages-Sigean, Vaccarès, le canal de Fumemorte et le<br />
Rhône. Elles varient entre 8.3 et 18 µg/kg de PF et 27.8 et 627 µg/kg PS. Selon la<br />
norme OMS sur l’ensemble des PCB, la limite sanitaire serait de 0.02 µg/kg poids<br />
corporel/jour. Si l’on considère un adulte de 70 kg, celui-ci pourrait absorber au<br />
maximum 1.4 µg de PCB/jour. Si l’on considère une anguille contenant 18 µg de<br />
PCB/kg, le consommateur ne devrait pas consomer plus de 0.5 kg/semaine. Mais ne<br />
connaissant pas les habitudes alimentaires des consommateurs d’anguille, il est<br />
difficile de conclure. En comparaison, dans l’estuaire de la Gironde, Tapie (2006)<br />
observe des concentrations plus élevées, de l’ordre de 28 ± 12 ng/g PS de PCB<br />
indicateurs pour les civelles et 650 ± 509 ng/g PS de PCB indicateurs pour les<br />
anguilles. Les teneurs en PCB indicateurs varient entre 2 et 1512 ng/g PF dans une<br />
étude menée dans 10 pays d’Europe (Santillo et al., 2005).<br />
Un arrêté inter-préfectoral Isère -Rhône a été pris le 22 février 2007, pour étendre la<br />
zone géographique de l’interdiction de consommation en aval de la confluence Rhône<br />
Saône jusqu’au barrage de Vaugris. Pour cause de contamination en PCB et dioxines<br />
potentiellement cancérigènes pour l’homme, l’interdiction de consommer le poisson<br />
pêché s’applique désormais sur tout le linéaire du fleuve Rhône depuis le barrage de<br />
Sault Brénaz, à l’amont, jusqu’au barrage de Vaugris, à l’aval (Communiqué de<br />
presse de la préfecture de la région Rhône-Alpes et du département du Rhône, Lyon le<br />
23 février 2007). Cette pollution pourrait être due à une usine spécialisée dans le<br />
traitement de déchets spéciaux à Saint-Vulbas (Ain) (Cemagref, 2007). Les poissons<br />
analysés (barbeau, chevaine, hotu) avaient des concentrations en PCB indicateurs<br />
entre 40 et 7045 µg/kg PF, correspondant à des valeurs de PCB-TEQ majoritairement<br />
supérieures à la norme de la CE de 8 pg/g PF. Ces valeurs sont nettement supérieures<br />
aux concentrations rapportées pour l’étang de Bages-Sigean (seules données<br />
comparables en PF de muscle : 8.3 et 18 µg/kg). Cependant, il est très probable que<br />
les anguilles, qui sont habituellement plus sensibles que les autres poissons aux<br />
pollutions, soient fortement contaminées dans la zone du Rhône où la pêche a été<br />
interdite.<br />
En ce qui concerne les teneurs de HAP dans le muscle, très peu de données sont<br />
disponibles. Il existe une multitude de composés chimiques appartenant au groupe des<br />
HAP, mais pas de normes spécifiques pour chacun d’eux, sauf pour le<br />
Benzo(a)pyrène. Les teneurs en Benzo(a)pyrène observées dans le muscle d’anguilles<br />
capturées au Vaccarès, 0.01 et 0.36 ng/g PS (Buet et al., 2006), semblent inférieures à<br />
la norme européenne convertie en PS de 10 ng/g. Les données disponibles concernent<br />
les 16 HAP prioritaires définis par l’EPA (Agence de Protection Environnementale<br />
américaine) avec des teneurs variant de 2.37 à 90.5 mg/kg de PS dans la lagune du<br />
Vaccarès. Ces valeurs semblent très supérieures à la norme rapportée au poids sec de<br />
0.05 mg/kg PS. Il se peut cependant que le facteur de conversion ne soit pas adapté<br />
aux HAP.<br />
En ce qui concerne les retardateurs de flamme bromés, une seule étude récente<br />
menée par Greenpeace (Santillo et al., 2005) documente les teneurs des anguilles du<br />
bassin RMC. Les échantillons proviennent de la lagune de Thau et l’échantillon est<br />
faible : 1 lot de 5 individus. Seules les teneurs en HBCD (somme des congénères) ont<br />
été détectées (PB<strong>DE</strong> et TBBP-A en dessous du seuil de détection). La teneur mesurée<br />
est de 3 ng/g PF. Cette étude porte sur des échantillons de 10 pays d’Europe (la<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 53
Belgique, la République Tchèque, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, la<br />
Hollande, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni) et pour chaque site, au moins un<br />
composé RFB est détecté. Pour l’ensemble des échantillons, les teneurs en PB<strong>DE</strong><br />
varient de
ponctuelles. Les réseaux de suivis (discutés plus loin dans cette partie) permettent<br />
d’identifier les pollutions chroniques et de suivre leurs évolutions. Tandis que la<br />
détection des pollutions ponctuelles se fait surtout par les pêcheurs qui sont les<br />
premiers sur le terrain (sans pêcheurs, il existe le risque d’une augmentation des<br />
pollutions accidentelles). Les pollutions ponctuelles peuvent être provoquées par des<br />
inondations ou des rejets « accidentels » d’usines. Par exemple, en novembre 1999,<br />
des inondations ont envahi les zones urbaines et industrielles et provoqué un lessivage<br />
important des sols du bassin versant transportant des contaminants dans la lagune de<br />
Bages-Sigean (Alzieu & Abadie, 2000). Les résultats de l’étude ont montré un apport<br />
supplémentaire en zinc, chrome, nickel et DDT pouvant venir des sédiments<br />
transportés par la Berre lors de la crue. La prud'homie de Bages-Sigean ainsi que 28<br />
pêcheurs viennent récemment de gagner un procès mené depuis 10 ans contre les<br />
usines pétrochimiques responsables de pollutions dans l’étang dans les années 90.<br />
Mais les événements de ce type sont fréquents et les pêcheurs sont de nouveau en<br />
procès contre une usine (SOFT) pour une pollution « accidentelle » de produit<br />
chimique (insecticide chlorpyrifos) survenue en décembre 2004. Cet accident a<br />
conduit à une interdiction de pêche et donc une diminution significative des revenus<br />
des pêcheurs. La prud'homie a décidé elle-même de suspendre la commercialisation<br />
par mesure de précaution. Ces accidents à répétition risquent de se reproduire si les<br />
règlements préfectoraux continuent à ne pas être respectés. On note aussi d’importants<br />
problèmes observés au niveau du Grau de port la Nouvelle (com. pers. de Dominique<br />
Blanchard, président du comité local de pêche de Bages-Sigean), qui est nettoyé pour<br />
permettre le passage des bateaux, mais à de mauvaises périodes et de façon non<br />
réglementaire. Le déversement de la vase dans la mer a une répercussion plus que<br />
probable sur le recrutement des civelles par le grau. D’autres problèmes sont<br />
rencontrés en été lors de l’augmentation massive de la population autour des étangs.<br />
Les stations d’épuration sont alors débordées et il arrive que des eaux non<br />
suffisamment traitées soient déversées dans les lagunes. Ceci provoque des niveaux<br />
de contamination des eaux qui entraînent l’interdiction de consommation des<br />
mollusques.<br />
Origines de la pollution dans le bassin RMC<br />
Les pesticides tels le lindane (pour le contrôle des chenilles dans les rizières) et le<br />
dieldrine ont été utilisés intensivement pour l’agriculture (Roche et al., 2002a). Ils<br />
sont interdits d’utilisation depuis 1998 et 1972 respectivement. Ce sont cependant des<br />
substances persistantes qui sont encore retrouvés dans la réserve de Camargue. De<br />
plus, il est supposé que le dieldrine est toujours utilisé illégalement pour la culture du<br />
riz. Il est démontré que 10 à 30% des pesticides utilisés au sol et 50-75% des<br />
pesticides utilisés en spray n’atteignent pas les organismes ciblés et restent dans<br />
l’environnement (Oliveira Ribeiro et al., 2005). La source majeure des HAP en<br />
Camargue est supposée d’origine atmosphérique (Roche et al., 2002a), provenant des<br />
raffineries et complexes pétrochimiques de Fos-Sur-Mer à 40 km à l’est.<br />
Les lagunes, comme les estuaires, agissent comme une zone tampon qui protège la<br />
zone marine. Au contact eau douce/eau salée, il existe un phénomène de<br />
complexations organo-métalliques responsable des fortes concentrations en éléments<br />
métalliques dans les embouchures. Il existe une grande variabilité de réponse à la<br />
pollution selon les lagunes. Les lagunes largement ouvertes comme celle de Thau<br />
concentrent moins de contaminants comparées aux lagunes plus fermées comme celle<br />
de Bages-Sigean. Les forts vents Nord-Ouest permettent une remise en suspension des<br />
sédiments (Buscail et al., 1984). Une étude récente des sédiments superficiels dans le<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 55
golfe du Lion (Roussiez et al., 2006) montre que la contamination en métaux (Cd,<br />
Cu, Pb et Zn) provient principalement des rivières et qu’il y a accumulation à<br />
proximité des embouchures. En s’éloignant de l’embouchure, la remise en suspension<br />
des contaminants et les processus de biodégradation permettent un retour à des<br />
niveaux naturels.<br />
D’après les données disponibles sur le bassin RMC, il est difficile de conclure sur une<br />
quelconque évolution du niveau de contamination des anguilles. Des expériences<br />
récentes (non publiées) menées en Camargue semblent montrer une diminution de<br />
l’imprégnation des tissus en lindane (Roche et al., 2002a).<br />
6.6 Conclusions et recommandations – micropolluants<br />
Conclusions<br />
• Les teneurs en micropolluants des anguilles n’ont été étudiées que pour très<br />
peu de sites : moins de 20% des lagunes et fleuves. Aucune information n’est<br />
disponible pour les lagunes de Ayrolle, Vendres, Bagnas, Ingril, Vic, Arnel,<br />
Méjan, Maugio, Impériaux, ainsi que pour toutes les lagunes de Corse.<br />
• Les métaux lourds ont été largement plus étudiés comparés aux autres familles<br />
de polluants. Aucune étude n’a porté sur les dioxines.<br />
• Comme pour les pathogènes, les études sur les contaminants sont difficilement<br />
comparables. Des problèmes ont été identifiés au niveau :<br />
(a) Des protocoles d’échantillonnage. Une taille minimum de l’échantillon<br />
devrait être requise pour avoir des résultats représentatifs. Pour être<br />
reproductibles, les résultats devraient être accompagnés d’un minimum de<br />
renseignements : le nombre, le stade (taille, poids, âge, indice oculaire),<br />
l’état sanitaire (pathogènes) des anguilles analysées ainsi que le lieu exact<br />
et la date de l’échantillonnage. Les études sont ponctuelles, il est donc<br />
impossible d’estimer une quelconque évolution de la situation.<br />
(b) Des analyses des échantillons : les méthodes varient selon les niveaux de<br />
précision requis, selon le laboratoire et les composés étudiés. Les seuils de<br />
détection des teneurs en contaminants varient d’un laboratoire à l’autre et<br />
parfois sont supérieurs aux valeurs de référence utilisées pour<br />
l’interprétation des résultats (Girard, 2004 (non publié)). Certaines formes<br />
chimiques de contaminants sont particulièrement toxiques, or la forme<br />
chimique (minérale, organique) des contaminants n’est quasiment jamais<br />
déterminée.<br />
(c) De l’expression des résultats : utilisation de différents organes cibles,<br />
unités, type de moyenne, rendent les comparaisons et interprétations<br />
difficiles. Les résultats devraient être au moins exprimés en poids frais<br />
pour pouvoir les comparer aux normes de référence. Si jamais l’unité poids<br />
sec est utilisée, le taux d’humidité de l’échantillon devrait être précisé afin<br />
de pouvoir convertir les résultats. De même, pour les études qui expriment<br />
les résultats en poids lipidique, le taux de lipide devrait être précisé. Les<br />
résultats qui regroupent les saisons, les sites d’échantillonnage ou/et<br />
différents stades d’anguille, rendent l’analyse difficile. Les résultats<br />
devraient être présentés par évènement d’échantillonnage et par stade<br />
d’anguille (basé sur l’indice oculaire).<br />
Une méthode optimisée et commune semble nécessaire.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 56
• Le manque de normes de référence rend l’interprétation des résultats<br />
impossible. Les normes disponibles ont pour but de protéger la santé humaine.<br />
Des études ont besoin d’être menées pour définir quantitativement des niveaux<br />
de risque pour la survie de l’espèce.<br />
• L’identification de zones de « meilleure » qualité où les anguilles seraient<br />
moins contaminées n’a pas été possible. Il semble que toutes les anguilles<br />
étudiées contiennent des micropolluants en concentrations variables. Il serait<br />
intéressant cependant d’étudier des zones éloignées de sources majeures de<br />
pollution (industries, agriculture, tourisme) telles la Corse ou des plans d’eau<br />
situés en moyenne montagne.<br />
Recommandations :<br />
• Le manque de formules de conversion pour l’anguille (poids sec vers poids<br />
frais et vice versa) limite les comparaisons possibles. L’AFSSA (avis du<br />
13/03/2006) observe une corrélation très étroite entre les PCB indicateurs et<br />
les PCB type dioxines. De telles données devraient être mises en valeur afin de<br />
développer des formules de conversions.<br />
• Comme pour les pathogènes, il semble nécessaire de mettre en place des<br />
indicateurs et suivre leur évolution dans le temps. Les recommandations sont<br />
similaires : suivi annuel des géniteurs sur des sites modèles en utilisant un plan<br />
d’échantillonnage commun optimisé. Le coût des analyses étant très élevé, il<br />
est nécessaire de limiter le choix de micropolluants. Chaque grande famille de<br />
contaminant devrait avoir son indicateur : PCB, dioxines, HAP, métaux,<br />
retardateurs de flamme bromés, pesticides. Une méthode alternative moins<br />
onéreuse est l’analyse semi-quantitative des micropolluants qui reste<br />
cependant moins précise (± 20%).<br />
• La majorité des études sont ponctuelles et ne permettent pas d’appréhender<br />
une évolution dans le temps. Les études qui ressemblent le plus à un suivi sont<br />
celles menées sur la réserve de Camargue (1996-2003). Toutefois, les<br />
échantillons et le protocole ne sont pas constants dans le temps ce qui rend<br />
l’interprétation difficile.<br />
• Identifier les sources de pollution et engager des mesures. Le bassin<br />
versant est une source important de pollution pour les systèmes lagunaires.<br />
L’interdiction de commercialiser les produits des lagunes peut mettre en<br />
faillite les professionnels. Dans certains cas, la pollution provient de loin en<br />
amont du bassin versant, au niveau des activités industrielles et agricoles. Des<br />
efforts devraient être menés au niveau du respect des réglementations<br />
notamment par les usines situées sur le bassin versant (plan de mise à niveau<br />
avec échéances). Il existe des outils administratifs pour déterminer les sources<br />
de pollutions et minimiser leurs effets (travail en collaboration des SAGE qui<br />
ont pour objectif l’amélioration des écosystèmes aquatiques). Comme<br />
l’indiquent Alzieu & Abadie (2000), il convient d’identifier les sources<br />
d’apports en contaminants dans le sol des bassins versants pour ainsi examiner<br />
les solutions techniques afin d’éviter la contamination lors des crues. Pour des<br />
raisons de coût analytique, cette étude n’avait pas pris en compte les<br />
pesticides, pourtant source majeur de pollution et de risques pour l’écosystème<br />
aquatique. Les auteurs recommandent « d’informer et sensibiliser les<br />
détenteurs de substances toxiques sur les risques pour les écosystèmes<br />
lagunaires ». Dans les Pyrénées Orientales (P.O.), une étude menée par le CSP<br />
vient de se terminer sur le peuplement piscicole. Les cours d’eau de mauvaise<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 57
qualité ont été identifiés ainsi que la source du problème lorsque c’était<br />
possible.<br />
De nouvelles contaminations sont à prévoir, il est donc important de s’y préparer au<br />
mieux en mettant en place des protocoles de suivi à long terme. Sur le bassin RMC,<br />
nous pouvons citer les prochains aménagements prévus sur la lagune de Berre dus à la<br />
construction prochaine du réacteur ITER (International Thermonuclear Experimental<br />
Reactor). Ce projet prévoit en effet dès 2009 le transport par barge sur l’étang de<br />
convois exceptionnels transportant durant 5 années les pièces monumentales du<br />
réacteur. La construction de quais spéciaux sera nécessaire, ainsi que<br />
vraisemblablement un réaménagement du lit de la Durance pour le passage des<br />
convois. Par ailleurs, le plan bleu a récemment publié une synthèse sur l’état de la<br />
Méditerranée, qui en un siècle a vu sa population tripler, surtout sur la zone littorale.<br />
Cela conduit à une pression considérable sur la ressource en eau et la qualité de ces<br />
ressources pour le maintient des écosystèmes. Les estuaires, deltas et lagunes sont les<br />
milieux les plus productifs au monde (3 fois plus productifs que les forêts tropicales),<br />
mais subissent des conflits d’usage, la surexploitation et la pollution. Les zones<br />
humides sont les écosystèmes qui supportent le plus la pollution des collectivités mais<br />
qui sont aussi le plus détériorées. L’augmentation de la démographie, particulièrement<br />
l’été (problème de traitement des eaux), ainsi que les déversements de produits<br />
industriels et agricoles provenant des bassins versants, favorisent les phénomènes<br />
d’eutrophisation dans les lagunes. L’enrichissement en nutriments (phosphore et<br />
azote) conduit à une modification de la qualité des eaux, et donc, des peuplements. La<br />
dégradation de la matière organique peut conduire à l’épuisement total de l’oxygène.<br />
Les conditions météorologiques particulières rencontrées en été (chaleur et absence de<br />
vent) peuvent aggraver la situation et déclancher des crises anoxiques connues sous le<br />
nom de " malaïgues " (" mauvaises eaux " en occitan). Ces crises peuvent provoquer<br />
des pertes considérables pour les pêcheurs et conchyliculteurs.<br />
7. Effets synergiques pathogènes – polluants<br />
Il existe des relations synergiques entre les pathogènes et les contaminants. Les<br />
contaminants chimiques peuvent induire un stress chez l’anguille qui devient alors<br />
plus sensible aux atteintes pathogènes (Bruslé, 1994). Les taux d’infestations les plus<br />
élevés par des Acanthocéphales et des Nématodes ont été observés dans les sites les<br />
plus pollués de la Weser (Halsband et al., 1985 dans (Bruslé, 1994)). Les taux<br />
d’infections bactériennes et virales sont moins élevées dans les zones moins polluées<br />
(4% contre 80%). Mais très peu d’études prennent en compte l’aspect pathogène et<br />
contaminants en même temps. Et celles qui le font ne s’intéressent que rarement aux<br />
effets conjugués des deux. L’étude de Sures et al. (2006) est une exception, elle porte<br />
sur l’effet conjugué d’Anguillicola crassus, du Cadmium et du PCB126. En croisant<br />
les différents traitements, ils montrent que le parasite A. crassus (larves et jeunes<br />
adultes) serait l’agent le plus stressant pour l’anguille, comparé aux traitements PCB<br />
et Cd. Il faut quand même signaler le manque de données à long terme sur les effets<br />
des contaminants. Il semble important de tenir compte du parasite A. crassus dans les<br />
études écotoxicologiques.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 58
8. Résumé des recommandations existantes au niveau sanitaire<br />
La mise en place d’un réseau de surveillance sanitaire sur le bassin RMC a été<br />
recommandée dans plusieurs études (Crivelli, 1998; Girard, 2004 (non publié)) mais<br />
elle a toujours manqué de moyens et de volonté politique pour être mise en place.<br />
Avant de proposer des actions prioritaires et des recommandations pour le bassin<br />
RMC, il est important de résumer ce qui se fait ailleurs et de voir ce qui peut être<br />
appliqué aux conditions spécifiques rencontrées en Méditerranée.<br />
Au niveau international, le CIEM et la FAO (ICES, 2006), dans leur dernier rapport,<br />
s’inquiètent particulièrement de la qualité des géniteurs. Ils recommandent :<br />
- L’utilisation des anguilles comme biomarqueurs pour suivre l’état des eaux de<br />
surface dans le cadre de la DCE.<br />
- L’estimation de la qualité des géniteurs devrait être incluse dans le plan national de<br />
gestion. L’étude devrait inclure au minimum les PCBs, les retardateurs de flamme<br />
bromés, Anguillicola crassus et EVEX. Un effort particulier devrait être engagé pour<br />
la standardisation et l’harmonisation des résultats : unités et méthodes (besoin de se<br />
concerter).<br />
- Les contaminants du type dioxines ainsi que les autres facteurs anthropiques tels que<br />
les autres virus, la bioaccumulation des métaux lourds et les retardateurs de flamme<br />
bromés ayant un impact sur la migration, la maturation et la reproduction, devraient<br />
être étudiés expérimentalement et leur effets déterminés.<br />
- Evex et A. crassus devraient être considérés comme des maladies importantes.<br />
- Le passage des anguilles dévalantes devrait être assuré. Un inventaire des barrages et<br />
de leurs effets sur la qualité et la quantité des géniteurs devrait être réalisé.<br />
- L’identification et la protection des zones produisant des géniteurs de bonne qualité<br />
à fort potentiel reproducteur : femelles de grande taille (≥ 70 cm et/ou 0.7 kg), faible<br />
niveau de contamination et infestation, sans obstacles à la migration.<br />
Au niveau national, il n’existe que peu d’initiatives quant au suivi sanitaire des<br />
anguilles. INDICANG constitue un réseau de suivi de l’anguille européenne sur la<br />
façade Atlantique (12 bassins versants, situés dans 4 pays). Le projet prend en compte<br />
les différentes phases de l’anguille : civelle, anguille jaune et anguille argentée, en<br />
intégrant ses habitats et les pressions qu’elles subissent. Le premier volet du projet<br />
INDICANG 2004-2006 vient de se finir et une nouvelle phase est sur le point de<br />
commencer. Lors du 2éme séminaire d’étape du programme INDICANG à Porto (6-7<br />
juin 2006), les indicateurs proposés pour chaque stade biologique de l’anguille ont été<br />
présentés. Dans la boîte anguilles jaunes, une des taches indispensables décrite est le<br />
diagnostic de l’état sanitaire et des niveaux de contamination des individus en<br />
croissance. Ils concernent les métaux lourds, les pesticides, les PCB et dioxines et les<br />
retardateurs de flamme bromés. Mais aussi les pathogènes A. crassus et le virus<br />
EVEX. La connaissance des niveaux de contamination dans les divers bassins et sous<br />
bassins de son aire de répartition pourra permettre d’orienter les actions<br />
d’aménagement ou de transfert d’individus vers des zones de meilleures qualités<br />
possibles et donc plus à même de produire des géniteurs de qualité. La mise en place<br />
de l’indicateur de la qualité des géniteurs dans la boîte anguilles argentées repose sur<br />
3 postes d’analyse :<br />
« (1) Les parasitoses : bactérioses et mycoses sont révélatrices de l’état de santé<br />
générale de l’anguille, tandis que certains parasites - Anguillicola crassus,<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 59
Pseudodactylogyrus sp.- et certains virus - EVEX, herpès virus - sont des atteintes<br />
directes au succès reproducteur;<br />
(2) la caractérisation de l’état physique individuel (différents paramètres tels la<br />
condition corporelle, le taux de graisses, l’état des organes vitaux, etc.),<br />
(3) l’accumulation de polluants organiques et métalliques, qui seront remis dans la<br />
circulation générale de l’anguille lors de sa migration (et surtout redirigés vers les<br />
gonades et les oeufs pour les femelles). Un protocole spécial d’échantillonnage des<br />
anguilles argentées est indispensable à la mise en oeuvre de cet indicateur. »<br />
L’idée est d’établir s’il existe dans chaque bassin des données antérieures concernant<br />
l’état sanitaire des géniteurs : parasites, virus et polluants. S’il n’y a pas de données<br />
récentes, il est nécessaire de réaliser un bilan sanitaire. Un document co-écrit par<br />
Robinet, Boury, Roche, Sasal et Girard a été proposé au sein du GRISAM en 2006<br />
pour réaliser le bilan national de la qualité des géniteurs d’anguille européenne. Le<br />
projet consiste à effectuer un échantillonnage national afin de délimiter des zones de<br />
plus ou moins bonne qualité pour les géniteurs par unité hydrographique.<br />
L’échantillonnage portera sur les anguilles argentées (migrantes ou pré-migrantes). A<br />
terme, le programme devra permettre l’élaboration d’un coefficient réducteur du<br />
potentiel reproducteur des bassins concernés. Le protocole prévoit d’identifier 3 à 6<br />
localités par bassin RN<strong>DE</strong> (Réseau National des Données sur l’Eau) et d’y capturer 5<br />
anguilles par localité. Ce nombre semble insuffisant par rapport aux remarques<br />
effectuées tout au long de ce rapport. Pour les milieux lagunaires, il est prévu de<br />
collecter au minimum 15 anguilles par zone lagunaire ou de marais littoraux. Cela<br />
consistera à choisir une lagune par secteur (Aude/PO, Thau, Palavas, Camargue,<br />
Berre et Corse). L’échantillonnage sera réalisé 1 fois « avec éventuellement un<br />
nouveau prélèvement pour post évaluation locale 5 ans plus tard ». Cette<br />
méthodologie ne semble pas adéquate pour la mise en place d’un indicateur qui nous<br />
permettrait d’évaluer la tendance de la qualité des géniteurs dans le temps. De plus, le<br />
problème dans la pratique réside dans le coût élevé : environ 650 000 euros pour la<br />
France, 12 187 euros par bassin RN<strong>DE</strong>. Si l’ensemble des analyses est effectué, le<br />
prix est estimé à 600 euros par anguille argentée TTC. C’est pourquoi il a semblé<br />
nécessaire au groupe INDICANG lors de la réunion de Porto de développer une<br />
approche taille-poids ainsi que de hiérarchiser la nécessité de chaque analyse. Il ne<br />
semble pas y avoir un accord définitif pour le moment. Une méthode alternative va<br />
être utilisée dans la prochaine phase INDICANG basée sur les « codes pathologie ».<br />
Elle a été mise au point par le CSP et améliorée par P. Girard et P. Elie. Elle consiste<br />
à décrire les anomalies et les parasites externes et de déterminer leur prévalence au<br />
sein des populations. L’objectif est d’intégrer cette méthode dans toutes les études qui<br />
prendront en compte la condition sanitaire de l’anguille en France (stations RHP,<br />
marquage, pêcheurs professionnels…) (Girard & Elie, 2007). Cette méthodologie<br />
qui a l’avantage d’être non létale, ne permet cependant pas d’estimer la charge en<br />
pathogène (Anguillicola crassus, Pseudodactylogyrus sp., EVEX) ni en contaminants.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 60
9. Conclusions générales, recommandations et actions prioritaires<br />
CONCLUSIONS :<br />
• Un bilan des connaissances de l’état sanitaire de l’anguille sur le bassin RMC<br />
a été réalisé à partir de la bibliographie disponible (littérature blanche et grise).<br />
Les données sont fragmentaires. Nous avons identifié un manque de<br />
connaissances sur plus de trois-quarts des lagunes et fleuves en ce qui<br />
concerne les pathogènes et micropolluants.<br />
• Il semble qu’aucune zone étudiée récemment ne soit épargnée par les<br />
micropolluants et A. crassus.<br />
• Certaines zones potentiellement de meilleure qualité sanitaire,<br />
particulièrement celles se trouvant écartées des zones industrielles et recevant<br />
peu de polluants via le bassin versant, devraient être étudiées.<br />
• Il n’existe pas pour le moment de moyen d’éradiquer les pathogènes alors<br />
qu’il existe des réglementations pour réduire les phénomènes de pollutions.<br />
L’accent devrait être mis sur les actions conduisant à la réduction des<br />
polluants et à une meilleure qualité de l’habitat des anguilles.<br />
• Il existe des relations synergiques entre pathogènes et polluants. Il est<br />
important de tenir compte des pathogènes dans les études écotoxicologiques.<br />
• Certaines études font apparaître qu’une partie des géniteurs n’atteindra pas la<br />
zone de reproduction, tandis qu’une autre sera incapable de donner naissance à<br />
une progéniture viable. La situation nous est apparue préoccupante.<br />
(1) 15 à 20% des anguilles argentées semblent avoir des vessies natatoires<br />
tellement dégradées par A. crassus qu’elles ne peuvent pas effectuer la<br />
migration océanique.<br />
(2) Les anguilles infestées par A. crassus ont une capacité de nage réduite, et<br />
celles fortement infestées, indépendamment de leur index de reproduction,<br />
n’atteindront jamais l’aire de ponte (ne peuvent pas nager plus de 2 mois).<br />
(3) Les anguilles contaminées par le virus EVEX ne semblent pas pouvoir<br />
terminer leur migration (meurent après 1500 km sur les 5500 à parcourir).<br />
(4) Les géniteurs ayant des teneurs de plus de 4 ng/kg de gonades de contaminants<br />
type dioxines (PCB, PCDD/PCDF) ne pourront pas donner naissance à une<br />
progéniture viable.<br />
• Il n’existe pour le moment aucun suivi sanitaire (à par le suivi de A. crassus en<br />
Camargue) sur le bassin RMC. Aucune structure ne centralise les informations<br />
et il n’existe pas pour le moment de consortium pour la mise en place<br />
d’indicateurs de la population.<br />
• Au vu des teneurs en contaminants présents dans le bassin RMC, un réseau<br />
d’épidémiosurveillance est nécessaire non seulement pour suivre l’évolution<br />
de l’état sanitaire des géniteurs mais également pour la santé publique.<br />
• Plusieurs études recommandent la mise en place d’un suivi épidémiologique<br />
ainsi qu’un tableau de bord (Crivelli, 1998; Girard, 2007). Mais il semble que<br />
jusqu’ici, une réelle volonté politique a fait défaut.<br />
• Il existe sur le bassin Atlantique des structures efficaces permettant la mise en<br />
place et le suivi d’indicateurs de population. Le bassin méditerranéen pourrait<br />
largement s’en inspirer tout en tenant compte de ses spécificités.<br />
• Il faut souligner un manque d’échange, de communication et d’information<br />
entre les différentes structures, organismes, gestionnaires et acteurs de terrains.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 61
RECOMMANDATIONS :<br />
• Compte tenu du nombre limité des données disponibles sur le bassin RMC, il<br />
y a un besoin urgent de mettre en place des indicateurs de la qualité sanitaire<br />
des anguilles sur le bassin RMC.<br />
• Ces indicateurs devront être mesurés régulièrement, chaque année pendant la<br />
période de migration (choisir une période précise entre Septembre et<br />
Décembre) afin d’être capable d’évaluer dans les prochaines années une<br />
possible évolution.<br />
• La mise au point d’indicateurs doit être associée à la mise en place d’un<br />
protocole commun d’échantillonnage en tenant compte de la qualité plutôt<br />
que de la quantité.<br />
• Afin d’éviter un échantillonnage trop compliqué, les anguilles argentées prêtes<br />
à migrer devraient être la cible des indicateurs. L’échantillonnage devra<br />
toujours être réalisé au même moment de l’année (au moment de la<br />
dévalaison) et au même site pour permettre les comparaisons.<br />
• L’idéal serait de couvrir tous les bassins versants de la Méditerranée.<br />
Cependant, il semble utopiste d’atteindre cet objectif directement. Dans un<br />
premier temps, utiliser des sites modèles qui ont de bonnes chances d’être<br />
étudiés dans les années à venir, puis élargir peu à peu le nombre de sites<br />
étudiés. Les lagunes concernées pour les prochaines années sont la lagune de<br />
Mauguio (projet Cépralmar), la lagune du Prevost (Tour du Valat), lagunes de<br />
Bages-Sigean et Canet (IFREMER de Sète et CBETM de Perpignan).<br />
• L’échantillonnage devra être optimisé. Des réseaux de compétences et des<br />
formations seront probablement nécessaires afin d’utiliser au mieux les<br />
échantillons (pathogènes, polluants, otolithes, argenture…).<br />
• La mise en place d’un tableau de bord anguille semble une étape décisive pour<br />
la gestion concertée et coordonnée de l’anguille sur le bassin RMC. MRM<br />
prévoit de mettre en place un tableau de bord pour les espèces migratrices dès<br />
2008 et éventuellement un tableau de bord spécialement pour les anguilles en<br />
2009 (année de début d’une nouvelle phase de financement). MRM travaille<br />
en ce moment même à la détermination d’indicateurs. Le tableau de bord<br />
devrait être une plateforme regroupant tous les organismes travaillant de près<br />
ou de loin à la gestion de l’anguille sur le bassin RMC.<br />
• Pour éviter la multiplicité des échantillons, il faut mettre en parallèle les<br />
données disponibles. Par ailleurs, il existe de nombreux réseaux de<br />
surveillance de la qualité des milieux aquatiques. La plupart ont pour objectif<br />
la protection de la santé humaine mais ces réseaux sont aussi utiles pour<br />
évaluer et surveiller la qualité des habitats de l’anguille et suivre leur évolution<br />
(Encadré 2).<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 62
Encardé 2 : Les réseaux de suivis en place sur le bassin RMC<br />
Réseau interrégional des gestionnaires de lagunes (ex. FOGEM), animé par la Pôle<br />
relais lagunes méditerranéennes (www.pole-lagunes.org). Il effectue entre autre le<br />
suivi de la salinité, température, conductivité, redox, pH, saturation en oxygène,<br />
niveau de l’eau.<br />
RSL : Réseau de suivi lagunaire depuis 2000 (indicateurs du niveau<br />
d’eutrophisation) : hydrologie, sels nutritifs, phytoplancton, macrophytes et<br />
macrofaune benthiques, sédiments (http://rsl.cepralmar.com).<br />
RNO Le Réseau National d'Observation de la qualité du milieu marin, depuis 1974.<br />
Évaluation des niveaux des concentrations en contaminants chimiques et des<br />
paramètres généraux de la qualité du milieu. RNO matière vivante : contaminants<br />
chimiques dans la matière vivante. RNO sédiments : contaminants chimiques dans les<br />
sédiments.<br />
REPHY (Réseau de Surveillance phytoplanctonique, depuis 1984) : surveillance du<br />
phytoplancton.<br />
REMI (Réseau de surveillance microbiologique) contamination microbiologique de<br />
chaque zone de production ou de pêche de coquillages.<br />
RINBIO (Réseau Intégrateur Biologique, depuis 1996) : recherche les radioéléments,<br />
les métaux traces ainsi que les contaminants organiques dans la chair des moules.<br />
RNB (réseau national de bassin : chaque année) et RCB (réseau complémentaire de<br />
bassin : 1 année sur 2). Réseaux de surveillance de la qualité physico-chimique des<br />
cours d’eau (eau douce)<br />
Les stations hydrométriques de la DIREN.<br />
RHP (Réseau Hydrobiologique et Piscicole): nature des peuplements (nombre<br />
d’espèces, d’individus, structure des populations), sur la description de l’habitat et de<br />
ses altérations. Connaissance de l’état des peuplements piscicoles et de leur habitat et<br />
suivre leur évolution sur le moyen et long terme.<br />
• S’appuyer sur les structures déjà en place. Outre son importance économique,<br />
de par sa grande distribution dans les milieux lagunaires et continentaux,<br />
l’anguille est un excellent bio-indicateur de la qualité des milieux, et s’intègre<br />
donc parfaitement aux objectifs de la DCE (Directive Cadre Eau). La DCE,<br />
adoptée en 2000 au niveau Européen, possède un poids politique très<br />
important. Elle a pour objectif d’obtenir la protection, l´amélioration et la<br />
restauration de toutes les masses d’eau, afin de parvenir à un bon état<br />
écologique de ces eaux au plus tard en 2015. Des moyens sont mis à la<br />
disposition des agences de l’eau afin de tendre vers ce but. Une liste de 32<br />
substances prioritaires a été élaborée, revue tous les 4 ans. Parmi elles se<br />
trouvent les substances dangereuses qui devront être éliminés prioritairement :<br />
anthracène, atrazine, cadmium, mercure, plomb, hydrocarbures, composés<br />
chlorés. L’anguille est considérée comme une espèce parapluie, c'est-à-dire<br />
qu’améliorer sa distribution et sa qualité sanitaire revient à l’améliorer pour<br />
toutes les espèces aquatiques vivant dans le même habitat. Toute action pour<br />
sa gestion se répercutera positivement sur les autres espèces et conduira à une<br />
meilleure qualité de l’écosystème. L’anguille colonise tous les types de cours<br />
d’eau, c’est donc aussi un excellent indicateur de la qualité chimique du milieu<br />
aquatique ainsi que du continuum fluvial. Pour certains départements, des<br />
données très précises et récentes sont disponibles concernant l’anguille dans<br />
les cours d’eau. L’anguille, de par ses caractéristiques, est utilisée comme<br />
espèce repère par le CSP pour ses études piscicoles (Fédération de pêche des<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 63
P.O.). Ces rapports donnent un état des lieux précis de la présence de<br />
l’anguille et fait l’inventaire des perturbations du fonctionnement des milieux<br />
aquatiques (qui consiste à estimer les altérations du cycle de vie d’une espèce<br />
repère).<br />
• Limiter la dispersion des polluants et des pathogènes en appliquant le principe<br />
de précaution. Éviter les transports d’individus qui pourraient faciliter la<br />
propagation de parasites. Il existe un risque réel avec l’anguille américaine qui<br />
héberge des espèces de parasites absentes chez l’anguille européenne (Baisez,<br />
2004). Les répercussions des actions de repeuplements et de<br />
réempoissonnement restent encore mal connues. Il se pourrait que l’anguille<br />
européenne possède un système de « homing » (Limburg et al., 2003; Westin,<br />
2003). Auquel cas il faudrait éviter de relâcher des anguilles provenant d’un<br />
bassin différent (sur ce sujet, un cahier des charges INDICANG est en cours<br />
de validation).<br />
• Les fleuves sont très peu étudiés alors que l’anguille y est présente même si<br />
elle y est peu pêchée. Certains fleuves ou rivières pourraient constituer des<br />
réservoirs de géniteurs de bonne qualité (grandes anguilles, peu polluées, peu<br />
parasitées). Selon le récent rapport du CSP dans les PO, 42.3% des linéaires<br />
du réseau hydrographique pérenne sont exempts de perturbations<br />
significatives.<br />
• A. crassus est le plus étudié des parasites allochtones et semble avoir colonisé<br />
tout le pourtour méditerranéen. Les données restent cependant limitées à<br />
quelques pays seulement, il serait nécessaire de prospecter dans les pays pour<br />
lesquels aucune information n´est disponible afin d’identifier d’éventuelles<br />
zones à protéger.<br />
• Mettre en place un réseau méditerranéen similaire à celui déjà en place et<br />
ayant fait ses preuves sur la façade Atlantique (INDICANG/tableau de bord).<br />
La détermination des indicateurs devra se faire en tenant compte des<br />
spécificités du bassin méditerranéen.<br />
• Pour répondre aux attentes européennes, les études menées sur la qualité<br />
sanitaire des géniteurs doivent être accompagnées d’un suivi de la quantité des<br />
géniteurs, du taux de recrutement, de la qualité et de la disponibilité des<br />
habitats essentiels à l’anguille. Ce suivi devra se faire par la mise en place<br />
d’indicateurs.<br />
ACTIONS PRIORITAIRES :<br />
Pour hiérarchiser les actions à mener, il est nécessaire de prendre en compte le coût<br />
des mesures et leur potentiel d’impact de gestion à long terme.<br />
1. Mettre au point un protocole commun d’échantillonnage, d’analyse et<br />
d’expression des résultats.<br />
2. Déterminer des sites modèles (bassins versants) : lagunes et fleuves où<br />
pourront être suivis des indicateurs de la qualité sanitaire des géniteurs dans<br />
les 3 prochaines années au moins.<br />
3. Création d’un tableau de bord anguille en Méditerranée afin de centraliser<br />
les informations.<br />
4. Informer régulièrement les acteurs des actions menées et des résultats obtenus<br />
afin d’agir de façon coordonnée pour la gestion de l’anguille.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 64
A l’heure actuelle, il est impossible de déterminer la part respective de chaque cause<br />
possible du déclin de la population d’A. anguilla. C’est pourquoi les efforts doivent<br />
être unis afin de hiérarchiser les causes et de les réduire lorsque c’est possible (phase<br />
continentale). L’effort est à mener sur tous les fronts, pour chaque stade de vie, dans<br />
chaque habitat. La mise en place d’indicateurs de la population est un passage obligé<br />
et le seul moyen de mesurer une éventuelle amélioration dans le temps. Le plus tôt les<br />
indicateurs seront mis en place, le plus tôt il sera possible de déterminer l’évolution<br />
des stocks d’anguilles pêchés sur le bassin RMC.<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 65
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Sures, B., I. Lutz, et W. Kloas. 2006. Effects of infection with Anguillicola crassus<br />
and simultaneous exposure with Cd and 3,3',4,4',5-pentachlorobiphenyl (PCB<br />
126) on the levels of cortisol and glucose in European eel (Anguilla anguilla).<br />
Parasitology 132:281-288.<br />
Tapie, N. 2006. Contamination des écosystèmes aquatiques par les PCB et PB<strong>DE</strong> :<br />
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Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 74
ANNEXES<br />
Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 75
ANNEXE 1. Caractéristiques des principales lagunes du bassin RMC d’après (Barral, 2001). S= superficie en hectares et P= profondeur moyenne en mètre.<br />
Étang / Lagune département, commune) S P Communication avec la mer ou les Mode de gestion, problème de<br />
Secteur PO/Aude<br />
embouchures de fleuves côtiers.<br />
recrutement.<br />
Canet-Saint (66) (St-Nazaire, Canet) 480 0,5 grau en communication directe muni d’un Gestion<br />
Nazaire<br />
barrage à vannes.<br />
régulièrement ouvert de janvier à avril.<br />
favorable au recrutement.<br />
Salses-Leucate (11) (Salses, Leucate) 5400 1,75 3 graus (creusés ou aménagés) en<br />
pas d’obstacle à la migration, gestion en<br />
communication directe .<br />
faveur du recrutement.<br />
la Palme (11) (La Palme) 600 1 communication par le grau temporaire de la grau fermé naturellement (sable) .<br />
Franqui.<br />
Ouverture lors de « coups de mer ».<br />
Bages-Sigean (11) (Sigean, Port la 3800 2,1 communication directe par le canal de Port la ouvrage à vannes ne fonctionnant plus.<br />
Nouvelle)<br />
Nouvelle.<br />
Pas de blocage physique .<br />
Ayrolle (11) (Port la Nouvelle) 1500 0,5 communication directe par le grau naturel de le grau naturel permanent favorise le<br />
la Vieille Nouvelle.<br />
recrutement, pas de blocage.<br />
Campignol (11) (Gruissan) 100 0,5 communication indirecte par l’étang pas de blocage pour le recrutement entre<br />
d’Ayrolle.<br />
l’Ayrolle et le Campignol.<br />
Grazel (11) (Gruissan-Plage) 230 3 communication directe par un large grau le grau est permanent et ne présente pas<br />
aménagé<br />
d’obstacle au recrutement<br />
Gruissan (11) (Gruissan) 136 0,4 communication indirecte par le canal pas d’obstacles au niveau du canal de<br />
artificiel de Grazel.<br />
Grazel.<br />
Mateille (11) (Gruissan-Plage) 60 3 communication directe temporaire obstacle naturel (ensablement) au<br />
recrutement. Pas de gestion spécifique.<br />
Pissevaches (11) (Les Cabanes de 78 0,3 communication directe temporaire . ensablement du grau et ouverture lors<br />
Fleury)<br />
des« coups de mer ».<br />
Vendres (34) (Vendres) 1900 ? embouchure de l’Aude, présence d’un passe à poisson et ouverture des vannes<br />
Secteur Thau<br />
barrage à vannes.<br />
de<br />
novembre à mars.<br />
Bagnas (34) (Agde) 651 1,2 pas de communication directe. sa non communication directe le rend<br />
peu intéressant.<br />
Thau (34) (Marseillan, Sète, etc.) 7500 4 1 grau et 2 canaux. Seul le canal des Quilles le canal de Sète et le grau de Pisse<br />
est muni de vannes.<br />
Saumes favorise le recrutement.<br />
La Peyrade (34) (Frontignan) 45 0,2 communication indirecte par l’étang de pas de blocage dans le canal reliant Thau<br />
Thau.<br />
et Peyrade<br />
76
ANNEXE 1 (suite)<br />
Étang / Lagune département, commune) S P Communication avec la mer ou les<br />
embouchures de fleuves côtiers.<br />
Secteur Palavas<br />
Ingril (34) (Frontignan) 685 0,6 communication directe par le Port de<br />
Frontignan.<br />
Mode de gestion, problème de<br />
recrutement.<br />
pas d’ouvrage présent, recrutement<br />
favorisé.<br />
Vic (34) (Vic-la-Gardiole) 1255 1,1 pas de communication directe. peu d’intérêt pour le recrutement<br />
Pierre-Blanche (34) (Villeneuve-les- 371 0,6 pas de communication directe. peu d’intérêt pour le recrutement vu sa<br />
Maguelone)<br />
position géographique.<br />
Prévost (34) (Palavas-les-Flots) 294 0,75 communication directe par un grau creusé en pas d’obstacle au recrutement. Gestion<br />
1964.<br />
favorable.<br />
Arnel (34) (Villeneuve-les- 580 0,35 communication directe par canal et<br />
pas d’obstacle à la migration des<br />
Maguelone)<br />
embouchure du Lez.<br />
juvéniles.<br />
Grec (34) (Carnon) 270 0,25 communication directe par canalette et pas d’obstacle à la migration des<br />
embouchure du Lez.<br />
juvéniles.<br />
Méjean (34) (Lattes, Carnon) 747 0,25 communication par le grau de Carnon, ouvrages gérés par convention pour<br />
Pérols<br />
équipé d’une porte.<br />
favoriser le recrutement (janvier-mars).<br />
Mauguio (Or) (34) (Mauguio) 3170 1 grau de Carnon avec porte et canal de Lunel ouvrages gérés par convention pour<br />
avec barrage antisel.<br />
favoriser le recrutement (janvier-mars).<br />
Ponant (30) (la Grande-Motte) 200 2,7 communication par la passe des Abîmes. pas d’obstacle à la migration au niveau du<br />
grau.<br />
Médard (30) (le-Grau-du-Roi) ? 0,8 communication par le canal du Grau du Roi, martelières gérées pour favoriser le<br />
Secteur Camargue<br />
présence de martelières.<br />
recrutement (janvier-septembre).<br />
Impériaux (13) (Saintes-Maries-de-la- 3000 0,5 communication directe par le grau de la martelières difficilement gérées pour le<br />
Mer)<br />
Fourcade, équipé de martelières.<br />
recrutement. Conflits d’usage.<br />
Vaccarès (13) (Saintes-Maries-de-la- 6400 1,5 communication indirecte par les étangs des pas de blocage entre les impériaux et le<br />
Secteur Berre<br />
Mer)<br />
Impériaux.<br />
Vaccarès.<br />
Berre (13) (Martigues, Istres, etc.) 15500 10 communication directe par le canal de canal surcreusé ,circulation de bateaux.<br />
Caronte.<br />
Pas de blocages.<br />
Villepey (83) (Saint-Aygulf, Fréjus) 255 0,8 communication par l’embouchure de<br />
l’Argens.<br />
pas de blocage au recrutement.<br />
77
ANNEXE 1 (suite)<br />
Étang / Lagune<br />
Secteur Corse<br />
département, commune) S P Communication avec la mer ou les<br />
embouchures de fleuves côtiers.<br />
Biguglia (2B) (Furiani, Biguglia,<br />
etc.)<br />
1450 1 communication non permanente par un grau<br />
naturel.<br />
Diana (2B) (Aléria) 570 6 communication directe par un grau<br />
aménagé.<br />
Urbino (2A) (Aléria, Ghisonaccia) 790 5 communication directe avec la mer par un<br />
grau naturel.<br />
Mode de gestion, problème de<br />
recrutement.<br />
grau régulièrement ensablé, problème de<br />
gestion (curage non-régulier).<br />
pas d’obstacle au recrutement de par<br />
l’entretien régulier du grau.<br />
le grau est entretenu régulièrement, le<br />
recrutement est favorisé.<br />
Palu (2A) (Ventiseni) 40 1 communication directe non permanente. le grau est curé chaque année pour<br />
favoriser le recrutement.<br />
78
ANNEXE 2 : Tableau de correspondance entre les codes des documents inventoriés et leur auteurs.<br />
Code 1<br />
Bassin RMC<br />
Code 2 Auteur<br />
Années de<br />
publication<br />
2 R1 Santillo et al. 2005<br />
3 T2 Blanc 1994<br />
6 Ap3 Buet et al. 2006<br />
13 T7 Gony-Lemaire 1990<br />
18 R3 Grauby et al 1973<br />
20 Ap11 Gony et al. 1988<br />
21 Ap12 Lemaire-Gony et al. 1992<br />
23 Ap15 Dupont et al. 1988<br />
24 T8 Dupont 1984<br />
25 Ap16 Benajiba et al. 1995<br />
26 Ap17 Benajiba et al. 1994<br />
27 T9 Benajiba 1991<br />
29 Ap19 Caillot et al 1999<br />
34 Ap24 Lefebvre et al 2002a<br />
37 Ap27 Lambert et al. 1984<br />
40 Ap29 Ternengo et al 2005<br />
41 Ap30 Roche et al. 2003<br />
42 Ap31 Roche et al. 2000<br />
43 Ap32 Roche et al. 2002a<br />
44 Ap33 Roche et al. 2002b<br />
45 Ap34 Lefebvre et al 2002b<br />
46 Ap35 Sasal et al.<br />
communication<br />
personelle<br />
47 R4 Girard 2005<br />
49 R5 Maison régionale de l'eau 2004<br />
51 R6 Feunteun et al. 2000<br />
53 Ap38 Lefebvre et al 2004<br />
54 Ap39 Lefebvre et al 2003<br />
55 Ap40 Lefebvre et al 2004b<br />
56 R7 Girard 2007<br />
58 R8 Lemaire et al 1992<br />
63 R9 Laugier et al. 2003<br />
64 R12 Gony 1985<br />
65 Ap46 Oliveira Ribeiro et al. 2005<br />
66 Ap47 Pointet et al. 2000<br />
68 R10 LDA 39 1996<br />
70 R11<br />
Centre National d'Etudes<br />
Vétérinaires et Alimentaires<br />
1993<br />
72 Ap50 Buet et al. 2000-2001<br />
80 Ap58 Batty et al. 1996<br />
81 R13 Labo analyse 2001<br />
82 R14 Alzieu et al. 2000<br />
85 Ap61 Dupont et al. 1987<br />
88 R15 Romeo et al. 1996<br />
89 R16 Maldes et al. 1991<br />
90 R17 Brutel 1991<br />
91 R18 Hildebrand et al. 1993<br />
79
ANNEXE 2 (suite)<br />
Code 1 Code 2 Auteur<br />
92 R19<br />
Fédération des Alpes-Maritimes<br />
pour la pêche et la protection du<br />
milieu aquatique<br />
Années de<br />
publication<br />
2006<br />
93 R20 LDA 39 1998<br />
94 C1 Fazio Com. Pers.<br />
95 R21 Fumet 2004<br />
96 C2 Fazio Com. Pers.<br />
97 Ap64 Fazio et al. 2005<br />
Autres Pays<br />
Méditerranéens<br />
14 Ap5 Ruiz et al. 1991<br />
28 Ap18 Maíllo et al. 2000<br />
30 Ap20 Moravec et al. 1994<br />
31 Ap21 Maíllo et al. 2005<br />
32 Ap22 Kennedy et al. 1997<br />
33 Ap23 Di Cave et al. 2001<br />
35 Ap25 Spakulova et al. 2002<br />
38 Ap28 Paggi et al. 1982<br />
57 Ap41 Gargouri Ben Abdallah et al 2006<br />
59 Ap42 Gargouri Ben Abdallah et al 2005<br />
60 Ap43 Kheyyali et al. 1999<br />
61 Ap44 EL Hilali et al. 1996<br />
62 Ap45 Rahhou et al. 2001<br />
67 Ap48 Ferrando et al. 1992<br />
73 Ap51 Bressa et al. 1997<br />
74 Ap52 Mariottini et al. 2006<br />
75 Ap53 Bordajandi et al. 2003<br />
76 Ap54 Storelli 2007<br />
77 Ap55 Ben Souissi et al. 2000<br />
78 Ap56 Agradi et al. 2000<br />
79 Ap57 Caliskan et al. 2000<br />
83 Ap59 Corsi et al. 2005<br />
84 Ap60 Canestri-Trotti 1987<br />
86 Ap62 Genç et al. 2005<br />
87 Ap63 Kennedy et al. 1998<br />
80
ANNEXE 3. Documents portant sur l’état sanitaire de l’anguille dans les pays Méditerranéens la France exclue. T = type de site. L :lagune, F : fleuve, R :rivière, C :canal,<br />
D :delta. #=code du site utilisé dans la base excel.<br />
Noms T # A. crassus P. anguillae P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides Retardateur de flamme<br />
bromés<br />
ESPAGNE<br />
Ébre<br />
Canal Vell<br />
Encanzissada<br />
Tancada<br />
D<br />
L<br />
L<br />
L<br />
3 28,31 28,31<br />
14 14<br />
Turia F 37 75 75 75 75<br />
Albufera<br />
ITALIE<br />
L 2 67<br />
Po D,F 46 84 73 73<br />
Valle Figheri L 20 33 33 33<br />
Comacchio L 43 33 33 33<br />
Lesina L 19 76 76 76<br />
Acquatina L 44 33 33 33<br />
Burano<br />
Fogliano<br />
Monaci<br />
Caprolace<br />
L 45 32 32<br />
Tibre F 41 87 87 87 2<br />
Bracciano L 42 30 2<br />
Orbetello L 12 74, 83 83<br />
Santa Giusta<br />
TURQUIE<br />
L 36 74<br />
Koycegiz L 40 79<br />
Ceyhan<br />
TUNISIE<br />
F 39 86<br />
Ichkeul L 33 57<br />
Bizerte L 48 57<br />
Ghar El Melh L 49 57<br />
Tunis L 32 57 77<br />
2<br />
81<br />
dioxines
Suite ANNEXE 3<br />
Noms T # A. crassus P. anguillae P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides Retardateur de flamme<br />
bromés<br />
MAROC<br />
Moulouya E 47 60,61,62<br />
Nador L 35 60<br />
Nb articles 12 5 2 3 6 7 1<br />
Nb thèses<br />
Nb rapports<br />
Total 12 5 2 3 6 7 1<br />
82<br />
dioxines
ANNEXE 4 : Liste de quelques principales lagunes et de certains fleuves de Méditerranée (hors bassin<br />
RMC). D’après (Hervé, 1978). Cette liste n’est pas exhaustive.<br />
Espagne :<br />
Croitie<br />
1- Mar Menor de Murca<br />
21- Lac de Vrana<br />
2- Lagune de Valence, Lac d’Albufera<br />
Grèce<br />
3- Delta de l’Ebre, lagunes :<br />
22- Lacs de Macédoine<br />
Encazissada, Tancada, Canal Vell<br />
Turquie<br />
37- Turia (fleuve)<br />
23- Lac de Porto-Lagos<br />
24- Lacs turcs de la mer de Marmara<br />
Italie<br />
25- « limans » bulgares<br />
12- Lagune d’Orbetello<br />
Roumanie<br />
13- Lagunes des marais pontins<br />
26- Lagunes Razelm, Sinoe et « limans »<br />
14- Lac Fusaro<br />
roumains<br />
15- Etangs sardes<br />
Ukraine<br />
16- Lac de Faro<br />
27- « limans » russes<br />
17- Lac de Marsala<br />
Turquie<br />
18- Lac de Pergusa<br />
28- Lagunes turques de la mer Egée<br />
19- Lacs de Lesina et Varano<br />
29- Lagunes turques de Méditerranée<br />
20- Lagune de Venise et valli vénitiens, Valle<br />
39- Ceylan river, Turquie<br />
Figheri<br />
40- Lagune de Köycegiz<br />
41- Le fleuve Tibre, Italie<br />
Égypte<br />
42- Lac Bracciano, Italie<br />
30- Lacs du delta du Nil<br />
43- Lagune de Comacchio, Italie<br />
Tunisie<br />
44- Lagune de Acquatina, Italie<br />
31- Lac Kelbia<br />
36- Santa Giusta (lagunes)<br />
32- Lac de Tunis<br />
38- Le fleuve Po, la Casella (station)<br />
33- Lac Ischkeul<br />
45- Lagunes de Burano, Fogliano, Monaci et<br />
48- Lac de Bizerte, Tunisie<br />
Caprolace<br />
49- Lagune de Ghar el Melh, Tunisie<br />
46- Delta du fleuve Po<br />
Algérie<br />
34- Lac Mellah<br />
Maroc<br />
35- Mar Chica de Mellila, lagune de Nador,<br />
Maroc<br />
47- Estuaire Moulouya, Maroc<br />
83
ANNEXE 5. Sites pour lesquels des études sur les pathogènes et/ou sur les micropolluants de l’anguille européenne ont été mené dans le bassin Méditerranéen (hors bassin<br />
RMC). Les numéros se reportent à l’annexe 4. Carte d’après Hervé (1978).<br />
84
ANNEXE 6 : Liste des espèces de parasites répertoriés dans le bassin RMC.<br />
Espèce Phylum embranchement<br />
sousembramchement<br />
classe<br />
sousclasse<br />
famille<br />
position chez<br />
l'hôte<br />
généraliste/s<br />
pécialiste<br />
Acanthocephala (larvae) métazoaires Acanthocephala Acanthocéphales intestin<br />
Acanthocephalus clavula métazoaires Acanthocephala Acanthocéphales intestin spécialiste<br />
Anguillicola australiensis métazoaires Némathelminthes Nématodes Anguillicolidae<br />
Anguillicola crassus métazoaires Némathelminthes Nématodes Anguillicolidae vessie gazeuse spécialiste<br />
Anguillicola<br />
novaezelandiae<br />
métazoaires Némathelminthes Nématodes Anguillicolidae vessie gazeuse<br />
Bothriocephalus claviceps métazoaires Plathelminthes Cestodes Bothriocephalidae intestin spécialiste<br />
Brachiphallus crenatus métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea<br />
Bucephalus anguillae métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Bucephalidae intestin spécialiste<br />
Bucephalus polymorphus métazoaires Plathelminthes trématodes estomac, intestin<br />
Caryophyllaeidae<br />
(accidentel)<br />
métazoaires Plathelminthes Cestodes intestin généraliste<br />
Contracaecum sp. métazoaires Némathelminthes Nématodes cavité corporel<br />
Cosmocephalus obvelatus<br />
(larves)<br />
métazoaires Némathelminthes Nématodes Acuriidae cavité corporel<br />
Deropristis inflata métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Acanthocolpidae<br />
intestin et<br />
estomac<br />
spécialiste<br />
Eimeria anguillae protozoaires<br />
sporozoaires (ou<br />
Apicomplexes)<br />
eimeriidae<br />
cellules<br />
intestinales<br />
spécialiste<br />
Epieimeria anguillae protozoaires<br />
sporozoaires (ou<br />
Apicomplexes)<br />
coccidia<br />
Epieimeria graini protozoaires<br />
sporozoaires (ou<br />
Apicomplexes)<br />
coccidia<br />
Ergasilus gibbus métazoaires Arthropoda Crustacea Maxillopoda<br />
Copepo<br />
da<br />
branchies spécialiste<br />
Goezia anguilla Anisakidae intestin<br />
Gyrodactylus anguillae métazoaires Plathelminthes Monogenea branchies spécialiste<br />
Helicometra fasciata métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Opecoelidae intestin<br />
Hysterothylacium<br />
aduncam<br />
métazoaires Némathelminthes Nématodes Anisakidae intestin<br />
Ichtyophthirius multifiliis<br />
protozoaire<br />
cilié,<br />
Ciliophora<br />
Cilioph<br />
ora<br />
sous cuntané<br />
85
ANNEXE 6 (suite)<br />
Espèce Phylum embranchement<br />
sousembramchement<br />
classe<br />
sousclasse<br />
famille<br />
position chez<br />
l'hôte<br />
généraliste/s<br />
pécialiste<br />
Lasiotocus longicystis métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Monorchidae intestin généraliste<br />
Lecithochirium gravidum métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Hemiuridae intestin généraliste<br />
Lecithochirium musculus métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Hemiuridae estomac,intestin<br />
Lecithochirium rufoviride métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea<br />
Limnoderetrema sp. métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea intestin<br />
Microspora protozoaires Microspora<br />
Myxidium giardi Myxozoaires Myxosporea branchies, reins spécialiste<br />
Myxobolus sp. Myxozoaires Myxosporea reins, parenchyme non connu<br />
Nicolla gallica<br />
(accidentel)<br />
métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea intestin généraliste<br />
Paraquimperia tennerima métazoaires Némathelminthes Nématodes Quimperiidae estomac, intestin<br />
Pomphorhynchus laevis<br />
(accidentel)<br />
métazoaires Acanthocephala Acanthocéphales intestin généraliste<br />
Prosorhynchus aculeatus métazoaires Plathelminthes trématodes Digenea Bucephalidae intestin généraliste<br />
Proteocephalus<br />
macrocephalus<br />
métazoaires Plathelminthes Cestodes intestin spécialiste<br />
Pseudocapillaria<br />
tomentosa<br />
métazoaires Némathelminthes Nématodes intestin spécialiste<br />
Pseudodactylogyrus<br />
anguillae<br />
métazoaires Plathelminthes Monogenea Dactylogyridae branchies spécialiste<br />
Pseudodactylogyrus bini métazoaires Plathelminthes Monogenea Dactylogyridae branchies spécialiste<br />
Pseudodactylogyrus sp. métazoaires Plathelminthes Monogenea Dactylogyridae branchies spécialiste<br />
Pseudomonas<br />
anguilliseptica<br />
bactérie<br />
Raphidascaris acus métazoaires Némathelminthes Nématodes intestin généraliste<br />
Telosentis exiguus métazoaires Acanthocephala intestin<br />
Tetraphyllidea (larves) métazoaires Plathelminthes Cestodes Tetraphyllidea intestin<br />
Trichodina pediculus<br />
protozoaires,<br />
Ciliophora<br />
branchies généraliste<br />
Trichodina fultoni<br />
protozoaires,<br />
Ciliophora<br />
branchies généraliste<br />
Trypanosoma granulosum protozoaires<br />
86
ANNEXE 7: Micropolluants inorganiques et organiques répertoriés dans le bassin Méditerranéen. Les<br />
codes font référence à l’annexe 2. Code RMC = documents portant sur le bassin RMC français, Code<br />
Méd. = documents portant sur les autres pays Méditerranéens. HAP =Hydrocarbures aromatiques<br />
polycycliques<br />
Famille de polluant Polluant Code RMC Code Méd.<br />
Inorganiques<br />
Métaux Aluminium (Al) 56,65,81<br />
Arsenic (As) 56,65,75,81,82<br />
Bore (B) 56<br />
Barium (Ba) 56<br />
Cadmium (Cd) 13,20,21,56,63,64,65,80,<br />
81,82,88,89,90<br />
75,76,77<br />
Chrome (Cr) 56,65,82 77<br />
Cobalt (Co) 65<br />
Cuivre (Cu) 56,65,80,81,82 75,76,77<br />
Fer (Fe) 56,65 77<br />
Mercure (Hg) 49,56,63,65,70,80,81,82, 76<br />
Magnésium (Mg) 65<br />
Manganèse (Mn) 56,65<br />
Molybdène (Mo) 65<br />
Sodium (Na) 65<br />
Nickel (Ni) 56,65,82<br />
Plomb (Pb) 63,65,80,81,82,88 75,77<br />
rubidium (Rb) 65<br />
étain (Sn) 56<br />
Strontium (Sr) 56,65<br />
Titane (Ti) 56,65<br />
zinc (Zn) 56,65,80,81,82 75,76,77<br />
non-métaux Sélénium (Se) 56<br />
Organiques<br />
Dioxines et furanes PCDD/Fs 75<br />
HAP Acénaphtène 6<br />
Acénaphtylène 6<br />
Anthracène 6,44,66<br />
Benzo(a)anthracène 6<br />
Benzo(a)pyrène 6,21,44<br />
(B(a)P)<br />
Benzo(b)fluoranthène 6,82<br />
Benzo(k)fluoranthène 6,82<br />
Benzo[a]anthracène 66<br />
Benzo[a]pyrène 66,82<br />
Benzofluoranthènes 66<br />
Benzol(ghi)perylène 6,82<br />
Chrysène 6,86<br />
Dibenzo(a)anthracène 6<br />
Fluoranthène 6,44,66,82<br />
Fluorène 6,66<br />
Indenol(1,2,3cd)pyrène 6,82<br />
Naphtalène 6,44,66<br />
Phénanthrène 6,44,66<br />
Pyène 6,66<br />
16 HAP prioritaires de l'EPA 43<br />
88<br />
87
ANNEXE 7 (suite)<br />
Famille de polluant Polluant Code RMC Code Méd.<br />
Organiques (suite)<br />
Polychlorobiphényles (PCB) PCB (somme de différents 74,44,42,6,8 14,83,73,76<br />
congénères)<br />
2<br />
PCB (7 indicateurs:<br />
101/118/138/153/170/180/190 )<br />
2,56,76<br />
Pesticides<br />
PCB de type dioxine 75<br />
Organochlorés (OC) Aldrine 65 79<br />
Atrazine 89,91<br />
α,γ Chlordane 65<br />
Chlorpirifos 67<br />
Cianazine 67<br />
Dicofol 67<br />
Dieldrine 6,42,43,65 79<br />
α,β Endosulfan 65<br />
Endosulfan 67<br />
Endosulfan sulfate 65<br />
Endrine 16,65 79<br />
Endrine aldehyde 65<br />
Fipronil 65<br />
HCB (Hexachlorobenzène, lindane) 6,42 73,83<br />
Heptachlor 65<br />
Heptachlor epoxide 65<br />
Simazine 89<br />
Tetradifon 67<br />
OC, HCH (hexachlorocyclohexane) lindane (γHCH) 6,10,42,43,4<br />
4,82,83,89<br />
79,67,83<br />
α HCH 65,82 79<br />
β, γ HCH 65<br />
β HCH 79<br />
OC, DDT et ses métabolites et<br />
82,6,42 14,73,75,76,<br />
produits de transformation DDD,<br />
D<strong>DE</strong>, T<strong>DE</strong><br />
79,83<br />
Organophosphates Fenitrothion 67<br />
Malathion 67<br />
Retardateurs de flamme bromés HBCD (somme α,β,γ) 2<br />
PB<strong>DE</strong> (11 B<strong>DE</strong><br />
congenères:17,28,47,66,85,99,100,<br />
138,153,154,183)<br />
2<br />
TBBP-A 2<br />
88