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au village ? Tu savais que j’allais mourir, alors pourquoi me<br />
faire ainsi souffrir ? » La mort répondit : « Tu t’es mépris sur<br />
mon regard, il n’était pas du tout rempli de colère mais plutôt<br />
de surprise. Hier, j’ai reçu l’ordre d’aller te chercher dans la<br />
montagne. Si bien que, quand je t’ai vu dans ta forge, au village,<br />
je me suis demandé : « Mais comment ce forgeron pourra-t-il<br />
être demain dans la montagne alors qu’ici, il croule sous<br />
l’ouvrage et semble parfaitement heureux ? Il n’a aucune raison<br />
de partir ! »<br />
Béorf soupira, puis, après un long moment de silence, il<br />
reprit son monologue :<br />
— Il semble, mon ami Amos, que nous n’échappons pas à<br />
notre destin. Le baron Samedi m’a salué en disant que nous<br />
allions nous revoir. Comme dans l’histoire de mon père, je viens<br />
de voir pour une première fois la mort. J’ai peur de mourir,<br />
Amos…<br />
Comme il terminait sa phrase, Béorf aperçut une ombre qui<br />
se faufilait dans le couloir. Doucement, il se dirigea vers la porte<br />
entrebâillée. Le gros garçon vit alors un des cuisiniers du<br />
château, habillé de vêtements de voyage, descendre furtivement<br />
l’escalier et courir vers les écuries. Il reconnut l’homme que<br />
Lolya avait poursuivi avec un couteau dans les cuisines du<br />
palais. La jeune reine l’avait alors accusé de traîtrise et avait dit<br />
qu’il avait le mauvais œil. Le cuisinier vola un cheval et<br />
déguerpit dans la nuit. Sans hésiter, Béorf se transforma en ours<br />
et se lança à la poursuite du fugitif.<br />
« Si mon destin est de mourir dans cette aventure, pensa-til,<br />
je mourrai la tête haute, comme mon père et ma mère ! Je ne<br />
fuirai pas lâchement devant le danger ! »<br />
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