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— Ce sont… les dragons ! fit Arkillon avec un certain trouble<br />
dans la voix. Lolya est… comment te dire ?… elle est le premier<br />
dragon qui va bientôt renaître sur la Terre. Les dieux sont de<br />
nouveau en guerre, tu le sais déjà. Ta mission, comme tu me l’as<br />
expliqué, est de rétablir l’équilibre du monde. Eh bien, le monde<br />
est sur le point de subir un profond déséquilibre. Le baron<br />
Samedi a choisi son camp. Il se prépare à rétablir sur terre le<br />
règne des dragons pour se venger des hommes. Les dieux se<br />
servent de toi pour accomplir leurs sombres desseins.<br />
— Si je comprends bien, récapitula Amos sur un ton<br />
anxieux, un dieu du mal m’utilise pour que je trouve la clé de<br />
Braha et que j’ouvre la porte entre le monde des vivants et celui<br />
des morts. Si j’accomplis cette mission, je deviendrai un dieu, et<br />
des centaines de fantômes envahiront la Terre pour provoquer<br />
la fin du monde ! Je sauve ma peau, mais je provoque en même<br />
temps un cataclysme ! Si le baron Samedi fait amener mon<br />
corps dans le désert de Mahikui, en haut de cette pyramide,<br />
c’est qu’il joue le jeu d’un dieu plus puissant, ce même dieu qui<br />
m’utilise. Ce baron compte sur mon échec à Braha. Si je rate<br />
mon coup ici, dans la cité des morts, il se débarrasse<br />
définitivement de moi et, dans quelques décennies, c’est lui qui<br />
contrôlera le monde avec ses dragons. D’un côté comme de<br />
l’autre, quoi que je fasse, je provoque la fin du monde. C’est une<br />
situation sans issue ! Je suis piégé ! Pas d’échappatoire<br />
possible…<br />
Un lourd silence s’installa dans la pièce. Arkillon, tête basse,<br />
réfléchissait. Atterré par ses conclusions, Amos sentit un<br />
profond découragement l’envahir. C’est à ce moment qu’Ougocil<br />
se réveilla. En bâillant, il laissa tomber :<br />
— Il te faut tout effacer… Il faut revenir en arrière et tout<br />
recommencer !<br />
— Tais-toi ! lança méchamment Arkillon. Tu ne vois pas que<br />
nous essayons de réfléchir ?<br />
Amos se leva d’un bond, sauta au cou d’Ougocil et, en<br />
l’embrassant sur le front, lui cria, tout excité :<br />
— TU ES UN GÉNIE, BRAVE OUGOCIL ! UN VÉRITABLE<br />
GÉNIE !<br />
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