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amos 2

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C’est le seigneur Édonf, seigneur et maître des terres<br />

d’Omain, qui monta le premier sur le bateau. L’homme n’avait<br />

pas changé d’un poil.<br />

Il était toujours aussi gras et ressemblait encore à un gros<br />

crapaud de mer. Il avait trois imposants mentons de graisse, et<br />

ses yeux exorbités le rendaient ridiculement laid. Il reconnut<br />

tout de suite Amos :<br />

— Bien content que tu sois mort, toi aussi ! lança l’adipeux<br />

seigneur avec un mouvement théâtral. Il était temps que ce<br />

bateau arrive, cela faisait des jours que nous l’attendions. Nous<br />

avons sonné et sonné la cloche ! Impossible aussi de sortir de ce<br />

maudit cimetière ! En passant, jeune vaurien, ton âne ne m’a<br />

jamais donné d’or et toute la ville s’est bien moquée de moi. J’ai<br />

échafaudé nombre de plans pour me venger de toi… mais bon,<br />

aujourd’hui, tout cela n’a plus véritablement d’importance…<br />

— Pourrais-je savoir ce qui est arrivé ? demanda poliment<br />

Amos à son ancien seigneur.<br />

— Un grand malheur s’est abattu sur mon royaume,<br />

répondit le seigneur. Personne ne comprend véritablement<br />

comment ni pourquoi nous en sommes arrivés là. En fait, le<br />

problème, ce fut la surprise ! Rien à faire, en moins d’une heure,<br />

nous étions tous morts !<br />

— Je ne comprends pas, dit Amos. C’est une catastrophe<br />

naturelle qui vous a surpris alors ?<br />

— Pire ! répliqua gravement Édonf. Il s’agit d’un démon !<br />

Une vraie bête sortie tout droit des enfers ! Il est arrivé au<br />

village par une nuit sombre et sans lune. Il était grand, balafré<br />

et portait une immense épée. Sans crier gare, il a massacré toute<br />

la population ! Maison par maison, il a assassiné tout le monde !<br />

Des vieillards les plus faibles aux enfants sans défense,<br />

personne n’a trouvé grâce à ses yeux. Il est ensuite monté au<br />

château, ma petite place forte. En deux temps trois<br />

mouvements, il avait mis en déroute ma garde personnelle.<br />

Aucun de mes soldats n’a réussi à tenir plus de trois secondes<br />

devant lui. Un vrai démon, je te dis ! Il avait d’ailleurs le mot<br />

« meurtrier » tatoué sur le front. Seul un démon peut avoir une<br />

telle force, une telle audace et cette marque sur la figure.<br />

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