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Numéro 63 - Le libraire

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J’AI PERCÉ UN TROU DANS MA TÊTE Dès la première phrase de J’ai percé<br />

un trou dans ma tête, premier récit<br />

de l’artiste visuelle Cynthia Girard, on est averti : « Je dois percer un trou dans ma<br />

tête, sinon elle va exploser. » <strong>Le</strong> problème vient du fait que sa<br />

mère-araignée, qui vit dans sa tête, dans une caverne au milieu<br />

d’une île, prend beaucoup trop de place dans sa matière grise.<br />

Pour se libérer de la mère-araignée, elle s’allie avec l’irrésistiblement<br />

sensuelle scarabée-thérapeute. À travers ses errances, elle<br />

rencontre un renard-capitaine ainsi qu’un dauphin rose, mais il<br />

faudra attendre l’arrivée des souris magiques, qui fourniront<br />

finalement à l’héroïne une défense de narval, partie essentielle<br />

du rituel psychédélique visant à la libérer. Récit halluciné,<br />

sensuel et complèment surréaliste, comme l’art de l’auteure.<br />

Jean-Philip Guy Du Soleil<br />

Cynthia Girard, Héliotrope, 110 p., 15,95$<br />

JE VOUDRAIS QU’ON M’EFFACE Roxanne adore la Russie. Elle va d’ailleurs<br />

tous les jours à la bibliothèque consulter des<br />

livres sur le sujet, même si les autres lui lancent des méchancetés parce qu’elle n’est<br />

pas comme eux. Sa mère aussi est différente : elle ne sort jamais de<br />

la maison, et Roxanne part avec ses bouteilles vides le matin pour<br />

s’acheter un May West. Mélissa, elle, est dépassée. Sa mère est partie<br />

faire le trottoir sans revenir et son beau-père les a quittés. Elle est<br />

seule avec ses deux petits frères. Kevin lui, adore les jeux vidéo et<br />

son père lutteur. Un bloc d’appartements, trois enfants, trois<br />

histoires, trois destins… La vie ne semble pas toujours être ce qu’elle<br />

paraît. Un roman époustouflant et dérangeant sur la condition<br />

humaine. Criant de vérité! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s Bouquinistes<br />

LA NOYADE DU MARCHAND DE<br />

PARAPLUIES<br />

littérature québécoise<br />

Anaïs Barbeau-Lavalette, Hurtubise, 184 p., 19,95$<br />

Il n’est pas question de noyade ou de marchand<br />

de parapluies dans cet ouvrage, mais bien… d’un<br />

livre. Un livre qui a le pouvoir de réaliser ce qu’on<br />

inscrit à sa dernière page. C’est donc ce qui lance notre narrateur dans une suite<br />

d’aventures plus que rocambolesques : il sera tour à tour responsable<br />

d’un déluge, de l’inclinaison de la tour de Pise, de l’échec de Colomb,<br />

qui cherchait à atteindre les Indes et des débuts de la Première<br />

Guerre mondiale. Rien de moins! Et ça, uniquement grâce au pouvoir<br />

du livre, qui fait de lui un acteur de l’histoire mondiale malgré lui,<br />

un livre n’est pas aussi obéissant qu’il en a l’air! L’écriture de Francis<br />

Malka est simple, mais habilement mise au service de son histoire,<br />

dans laquelle on plonge facilement. On se lance dans ce livre avec<br />

énormément de bonheur! Mariane Cayer Daigneault<br />

Francis Malka, Hurtubise, 270 p., 22,95$<br />

LE LIBRAIRE CRAQUE! poésie<br />

AU FOND DE L’AIR<br />

Au fond de l’air, deuxième recueil de Jean-Philippe<br />

Gagnon, poète qui s’intéresse de près à la présence<br />

du sacré et de la profanation dans l’univers poétique, s’élabore autour de la figure de<br />

Minerve, déesse antique, qui agit ici comme objet catalyseur de l’élan poétique, à<br />

l’instar d’une Délie : objet obsessionnel de désir et de savoir,<br />

confidente cérébrale, figure envoûtante qui nous élève. La dualité<br />

entre le corps et l’âme s’exprime ainsi par le biais d’une écriture<br />

élégante et ambitieuse, murmurée dans l’ombre de l’Être, saccadée<br />

dans sa mise en page, mais qui dégage un parfum souple par son<br />

esprit délicat, et manifeste une belle maîtrise des principaux<br />

symboles poétiques : « elle porte couronne / nos astres décentrés /<br />

tourne parmi le sexe / belliqueux des esprits. »<br />

Ian Lauda <strong>Le</strong> Fureteur<br />

Jean-Philippe Gagnon, L’Hexagone, 184 p., 19,95$<br />

LES CHOIX DE LA RÉDACTION<br />

littérature québécoise<br />

Lors de la parution d’Un amour empoulaillé et, plus récemment de La conscience<br />

d’Éliah, les médias avaient souligné l’aptitude avérée de Guy Lalancette à manier<br />

la langue. Cette fois, c’est au moyen d’une myriade de courtes réflexions dédiées<br />

à la sœur du narrateur, lequel ressasse petites déclarations d’amour fraternel et<br />

souvenirs d’enfance, qu’on redécouvre la plume délicate de cet<br />

auteur. De fait, Lalancette joue avec les mots, comme pour se<br />

soustraire à la douleur de son narrateur. Dans le rôle d’un fureteur<br />

qui enfreint les limites de l’intimité,<br />

LE BRUIT QUE FAIT<br />

LA MORT EN TOMBANT<br />

Guy Lalancette<br />

VLB éditeur<br />

72 p. | 19,95$<br />

le lecteur découvrira que la vie, parfois,<br />

est salvatrice, autant lorsqu’elle naît<br />

que lorsqu’elle disparaît : « Mais le bruit<br />

de ta mort n’a pas muselé tous les mots<br />

de nos longues soirées jusqu’à nos nuits<br />

confidentes. »<br />

Drag raconte l’histoire de deux personnages marginaux, liés entre eux par leur désir de<br />

s’affranchir des limites sociales et de leurs propres frontières. Il y a Claire, cette artiste<br />

de 35 ans qui renaît dans l’adversité et qui, sans être lesbienne, aime s’habiller en Jules.<br />

Et il y a Baboushka, ce Russe, ancien chef d’orchestre, qui a toujours préféré les hommes<br />

aux femmes et qui, maintenant, revêt des robes noires. Ensemble,<br />

ils boivent de la vodka, repoussent les conventions et aiment à leur<br />

façon. <strong>Le</strong> lecteur se laissera bercer par<br />

l’écriture rythmée, subtile et fouillée de<br />

DRAG<br />

Marie-Christine Arbour<br />

Triptyque<br />

184 p. | 20$<br />

Marie-Christine Arbour, et sombrera dans<br />

ce récit, loin d’être fleur bleue, qui<br />

donne une voix à ces deux êtres dont la<br />

sensibilité émeut.<br />

Histoire de faire écho au dossier du présent numéro, voilà un roman familial, bercé<br />

par les paysages du Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie. « Il paraît que Joachim s’est<br />

débarrassé de son associé quand la carrière a commencé à rapporter de l’argent.<br />

C’était un homme sombre, un père de famille étrange et, pour se venger, il aurait<br />

jeté un mauvais sort à Joachim et à toute sa descendance » : voilà les prémices de<br />

cette superbe saga familiale, qui s’étale sur cinq générations.<br />

L’auteure, Rachel <strong>Le</strong>clerc, est originaire<br />

de la Baie des Chaleurs et fut récipi-<br />

LA PATIENCE DES<br />

FANTÔMES<br />

Rachel <strong>Le</strong>clerc<br />

Boréal<br />

264 p. | 24,95$<br />

endaire de nombreux prix pour ses écrits<br />

de poésie. Notons au passage la parution<br />

simultanée de la réédition de son premier<br />

roman, Noce de sable, chez Boréal Compact.<br />

Trois hommes ont choisi la forêt, sa solitude, sa liberté, à la vie à la mort. « Et l’amour?<br />

Eh bien, il faudra attendre pour l’amour », nous dit-on d’entrée de jeu. Débarquée comme<br />

un cheveu sur la soupe dans ce sombre asile au cœur des bois, une visiteuse anonyme<br />

à la recherche d’un de ces « réfugiés » le découvrira mort. <strong>Le</strong> vieil homme qu’elle<br />

cherchait avait été témoin d’un drame terrible au début du XX e<br />

Jocelyne Saucier<br />

Il pleuvait des oiseaux<br />

roman<br />

Romanichels<br />

siècle… Ainsi débute ce récit à l’écriture acérée et dans lequel il se<br />

trouve, presque à chaque page, une phrase à<br />

noter tellement elle est belle. La romancière<br />

IL PLEUVAIT<br />

DES OISEAUX<br />

Jocelyne Saucier<br />

XYZ<br />

186p. | 22$<br />

Jocelyne Saucier confirme avec cet ouvrage<br />

la beauté pénétrante de sa plume.<br />

LE LIBRAIRE • FÉVRIER - MARS 2011 • 15

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