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J’AI PERCÉ UN TROU DANS MA TÊTE Dès la première phrase de J’ai percé<br />
un trou dans ma tête, premier récit<br />
de l’artiste visuelle Cynthia Girard, on est averti : « Je dois percer un trou dans ma<br />
tête, sinon elle va exploser. » <strong>Le</strong> problème vient du fait que sa<br />
mère-araignée, qui vit dans sa tête, dans une caverne au milieu<br />
d’une île, prend beaucoup trop de place dans sa matière grise.<br />
Pour se libérer de la mère-araignée, elle s’allie avec l’irrésistiblement<br />
sensuelle scarabée-thérapeute. À travers ses errances, elle<br />
rencontre un renard-capitaine ainsi qu’un dauphin rose, mais il<br />
faudra attendre l’arrivée des souris magiques, qui fourniront<br />
finalement à l’héroïne une défense de narval, partie essentielle<br />
du rituel psychédélique visant à la libérer. Récit halluciné,<br />
sensuel et complèment surréaliste, comme l’art de l’auteure.<br />
Jean-Philip Guy Du Soleil<br />
Cynthia Girard, Héliotrope, 110 p., 15,95$<br />
JE VOUDRAIS QU’ON M’EFFACE Roxanne adore la Russie. Elle va d’ailleurs<br />
tous les jours à la bibliothèque consulter des<br />
livres sur le sujet, même si les autres lui lancent des méchancetés parce qu’elle n’est<br />
pas comme eux. Sa mère aussi est différente : elle ne sort jamais de<br />
la maison, et Roxanne part avec ses bouteilles vides le matin pour<br />
s’acheter un May West. Mélissa, elle, est dépassée. Sa mère est partie<br />
faire le trottoir sans revenir et son beau-père les a quittés. Elle est<br />
seule avec ses deux petits frères. Kevin lui, adore les jeux vidéo et<br />
son père lutteur. Un bloc d’appartements, trois enfants, trois<br />
histoires, trois destins… La vie ne semble pas toujours être ce qu’elle<br />
paraît. Un roman époustouflant et dérangeant sur la condition<br />
humaine. Criant de vérité! Caroline Larouche <strong>Le</strong>s Bouquinistes<br />
LA NOYADE DU MARCHAND DE<br />
PARAPLUIES<br />
littérature québécoise<br />
Anaïs Barbeau-Lavalette, Hurtubise, 184 p., 19,95$<br />
Il n’est pas question de noyade ou de marchand<br />
de parapluies dans cet ouvrage, mais bien… d’un<br />
livre. Un livre qui a le pouvoir de réaliser ce qu’on<br />
inscrit à sa dernière page. C’est donc ce qui lance notre narrateur dans une suite<br />
d’aventures plus que rocambolesques : il sera tour à tour responsable<br />
d’un déluge, de l’inclinaison de la tour de Pise, de l’échec de Colomb,<br />
qui cherchait à atteindre les Indes et des débuts de la Première<br />
Guerre mondiale. Rien de moins! Et ça, uniquement grâce au pouvoir<br />
du livre, qui fait de lui un acteur de l’histoire mondiale malgré lui,<br />
un livre n’est pas aussi obéissant qu’il en a l’air! L’écriture de Francis<br />
Malka est simple, mais habilement mise au service de son histoire,<br />
dans laquelle on plonge facilement. On se lance dans ce livre avec<br />
énormément de bonheur! Mariane Cayer Daigneault<br />
Francis Malka, Hurtubise, 270 p., 22,95$<br />
LE LIBRAIRE CRAQUE! poésie<br />
AU FOND DE L’AIR<br />
Au fond de l’air, deuxième recueil de Jean-Philippe<br />
Gagnon, poète qui s’intéresse de près à la présence<br />
du sacré et de la profanation dans l’univers poétique, s’élabore autour de la figure de<br />
Minerve, déesse antique, qui agit ici comme objet catalyseur de l’élan poétique, à<br />
l’instar d’une Délie : objet obsessionnel de désir et de savoir,<br />
confidente cérébrale, figure envoûtante qui nous élève. La dualité<br />
entre le corps et l’âme s’exprime ainsi par le biais d’une écriture<br />
élégante et ambitieuse, murmurée dans l’ombre de l’Être, saccadée<br />
dans sa mise en page, mais qui dégage un parfum souple par son<br />
esprit délicat, et manifeste une belle maîtrise des principaux<br />
symboles poétiques : « elle porte couronne / nos astres décentrés /<br />
tourne parmi le sexe / belliqueux des esprits. »<br />
Ian Lauda <strong>Le</strong> Fureteur<br />
Jean-Philippe Gagnon, L’Hexagone, 184 p., 19,95$<br />
LES CHOIX DE LA RÉDACTION<br />
littérature québécoise<br />
Lors de la parution d’Un amour empoulaillé et, plus récemment de La conscience<br />
d’Éliah, les médias avaient souligné l’aptitude avérée de Guy Lalancette à manier<br />
la langue. Cette fois, c’est au moyen d’une myriade de courtes réflexions dédiées<br />
à la sœur du narrateur, lequel ressasse petites déclarations d’amour fraternel et<br />
souvenirs d’enfance, qu’on redécouvre la plume délicate de cet<br />
auteur. De fait, Lalancette joue avec les mots, comme pour se<br />
soustraire à la douleur de son narrateur. Dans le rôle d’un fureteur<br />
qui enfreint les limites de l’intimité,<br />
LE BRUIT QUE FAIT<br />
LA MORT EN TOMBANT<br />
Guy Lalancette<br />
VLB éditeur<br />
72 p. | 19,95$<br />
le lecteur découvrira que la vie, parfois,<br />
est salvatrice, autant lorsqu’elle naît<br />
que lorsqu’elle disparaît : « Mais le bruit<br />
de ta mort n’a pas muselé tous les mots<br />
de nos longues soirées jusqu’à nos nuits<br />
confidentes. »<br />
Drag raconte l’histoire de deux personnages marginaux, liés entre eux par leur désir de<br />
s’affranchir des limites sociales et de leurs propres frontières. Il y a Claire, cette artiste<br />
de 35 ans qui renaît dans l’adversité et qui, sans être lesbienne, aime s’habiller en Jules.<br />
Et il y a Baboushka, ce Russe, ancien chef d’orchestre, qui a toujours préféré les hommes<br />
aux femmes et qui, maintenant, revêt des robes noires. Ensemble,<br />
ils boivent de la vodka, repoussent les conventions et aiment à leur<br />
façon. <strong>Le</strong> lecteur se laissera bercer par<br />
l’écriture rythmée, subtile et fouillée de<br />
DRAG<br />
Marie-Christine Arbour<br />
Triptyque<br />
184 p. | 20$<br />
Marie-Christine Arbour, et sombrera dans<br />
ce récit, loin d’être fleur bleue, qui<br />
donne une voix à ces deux êtres dont la<br />
sensibilité émeut.<br />
Histoire de faire écho au dossier du présent numéro, voilà un roman familial, bercé<br />
par les paysages du Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie. « Il paraît que Joachim s’est<br />
débarrassé de son associé quand la carrière a commencé à rapporter de l’argent.<br />
C’était un homme sombre, un père de famille étrange et, pour se venger, il aurait<br />
jeté un mauvais sort à Joachim et à toute sa descendance » : voilà les prémices de<br />
cette superbe saga familiale, qui s’étale sur cinq générations.<br />
L’auteure, Rachel <strong>Le</strong>clerc, est originaire<br />
de la Baie des Chaleurs et fut récipi-<br />
LA PATIENCE DES<br />
FANTÔMES<br />
Rachel <strong>Le</strong>clerc<br />
Boréal<br />
264 p. | 24,95$<br />
endaire de nombreux prix pour ses écrits<br />
de poésie. Notons au passage la parution<br />
simultanée de la réédition de son premier<br />
roman, Noce de sable, chez Boréal Compact.<br />
Trois hommes ont choisi la forêt, sa solitude, sa liberté, à la vie à la mort. « Et l’amour?<br />
Eh bien, il faudra attendre pour l’amour », nous dit-on d’entrée de jeu. Débarquée comme<br />
un cheveu sur la soupe dans ce sombre asile au cœur des bois, une visiteuse anonyme<br />
à la recherche d’un de ces « réfugiés » le découvrira mort. <strong>Le</strong> vieil homme qu’elle<br />
cherchait avait été témoin d’un drame terrible au début du XX e<br />
Jocelyne Saucier<br />
Il pleuvait des oiseaux<br />
roman<br />
Romanichels<br />
siècle… Ainsi débute ce récit à l’écriture acérée et dans lequel il se<br />
trouve, presque à chaque page, une phrase à<br />
noter tellement elle est belle. La romancière<br />
IL PLEUVAIT<br />
DES OISEAUX<br />
Jocelyne Saucier<br />
XYZ<br />
186p. | 22$<br />
Jocelyne Saucier confirme avec cet ouvrage<br />
la beauté pénétrante de sa plume.<br />
LE LIBRAIRE • FÉVRIER - MARS 2011 • 15