You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Écrivain prolifique,<br />
animateur à Espace<br />
Musique, trompettiste<br />
amateur et père de famille<br />
épuisé, Stanley Péan<br />
est rédacteur en chef<br />
du <strong>libraire</strong>.<br />
Au plus fort de sa joute verbale avec Dieudonné à<br />
l’émission <strong>Le</strong> 3950 en 2008, Richard Martineau s’était<br />
levé de table pour scander : « Jean Charest est un gros<br />
trou du cul de merde qui mange du vomi », excès de<br />
langage visant à prouver qu’au contraire de ce que les<br />
dires du controversé humoriste ont provoqué en<br />
France, la liberté d’expression était telle chez nous<br />
qu’on pouvait émettre des commentaires aussi<br />
grossiers sans craindre de représailles.<br />
<strong>Le</strong> franc-tireur, dont la démagogie n’a d’égale que<br />
l’opportunisme, a tort et il le sait pertinemment. En ces<br />
temps où notre premier ministre a fait de la mise en<br />
demeure sa réponse privilégiée aux critiques ou railleries<br />
qu’il attire, il est malvenu d’égratigner certaines<br />
éminences grises. Parlez-en au vice-président de Radio-<br />
Canada, poursuivi par Pierre-Karl Péladeau pour propos<br />
désobligeants au lendemain de l’annonce du boycott<br />
par Quebecor du Fonds canadien des télédiffuseurs…<br />
Il y a quelque chose d’attendrissant dans le zèle avec<br />
lequel Martineau défend l’empire médiatique qu’il<br />
pourfendait du temps où il dirigeait le Voir, mais qui<br />
serait subitement devenu un haut lieu de la pensée<br />
éclairée depuis qu’on l’y emploie; quelque chose de<br />
risible dans son acharnement à attaquer l’empire<br />
concurrent. Pour avoir collaboré tour à tour à des<br />
publications de Quebecor et de Gesca, j’estime que<br />
c’est bonnet blanc et blanc bonnet.<br />
À Quebecor, on peut quand même reprocher d’avoir<br />
instauré le lock-out comme « mode de négociation<br />
aussi valable qu’un autre » (dixit Martineau à Tout le<br />
monde en parle), sous le regard blasé de la société civile<br />
et de la classe politique. Après en avoir usé pour mater<br />
des syndicats au Saguenay et à Québec, Quebecor<br />
maintient depuis deux ans la ligne dure en opposant<br />
aux syndiqués du Journal de Montréal une mauvaise<br />
foi aberrante, propose de supprimer 80% des emplois<br />
et interdit aux employés mis à pied de continuer<br />
la publication de leur organe de résistance, Rue<br />
Frontenac, ou de travailler chez la concurrence pendant<br />
les six mois suivant leur licenciement.<br />
Ce comportement ne semble plus émouvoir grand<br />
monde. Nous avons au Québec des solidarités sélectives,<br />
alors quelle importance ces 250 individus manifestement<br />
inutiles ont-ils? Après tout, le Journal de<br />
Montréal continue de paraître et de prospérer sans leur<br />
L’ÉDITORIAL DE STANLEY PÉAN<br />
contribution, en générant davantage de revenus pour<br />
la vénérable entreprise familiale qui fait la fierté<br />
des Québécoises et des Québécois. Ces derniers, paraîtil,<br />
vouent une admiration sans borne au mari de Julie<br />
Snyder.<br />
Aussi, quand un écrivain aux convictions aussi inébranlables<br />
que Gil Courtemanche choisit de se retirer de la<br />
course aux Prix des librairies Archambault par solidarité<br />
pour les lock-outés du Journal de Montréal, lui intentet-on<br />
volontiers un procès d’intention, de même qu’on<br />
lui invente un supposé mépris à l’égard des écrivains<br />
plus jeunes également en lice, ou qu’on l’accuse de<br />
mettre en péril un des rares prix à générer de l’attention<br />
médiatique pour les lettres d’ici, ou encore de cracher<br />
dans la soupe si gracieusement mitonnée par PKP, etc.<br />
Personnellement, j’applaudis Courtemanche (de retour<br />
en ces pages, en remplacement de Michel Vézina).<br />
Non pas par réflexe vénal de rédacteur en chef d’un<br />
magazine publié par la concurrence des librairies<br />
Archambault. Je l’applaudis parce que lui, ainsi que<br />
Jean-Simon DesRochers, auteur de La canicule des<br />
pauvres resté dans la course aux Prix Archambault mais<br />
promettant de verser la bourse aux lock-outés s’il devait<br />
l’emporter pour son roman, font acte d’une forme<br />
d’idéalisme que les cyniques prétendent dépassée, en<br />
cette ère du « moi d’abord; après moi, le déluge ». Et<br />
non, la reconnaissance de la résistance des uns n’est<br />
pas une condamnation de ceux qui ont opté pour<br />
la neutralité…<br />
Ces jours derniers, dans la France de Sarkozy, qui n’a<br />
rien à envier au Canada de Harper en matière de<br />
dérives sociales, un opuscule de trente pages défraie la<br />
manchette : Indignez-vous! de Stéphane Hessel. Ancien<br />
résistant déporté à Buchenwald et ex-ambassadeur de<br />
France à l’ONU, le nonagénaire y fustige l’idéologie de<br />
la droite : « Mais comment [l’État] peut-il manquer<br />
aujourd’hui d’argent pour maintenir et prolonger ces<br />
conquêtes [de la social-démocratie], alors que la<br />
production de richesses a considérablement augmenté<br />
depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée?<br />
Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement<br />
combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand,<br />
insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque<br />
dans les plus hautes sphères de l’État. »<br />
À méditer.<br />
<strong>Le</strong> monde du livre<br />
De l’indignation<br />
comme vertu<br />
CONNAÎTRE,<br />
DIFFUSER<br />
ET AGIR.<br />
194 pages 20 $<br />
194 pages 20 $<br />
194 pages 27 $<br />
27 $<br />
280 pages 24 $<br />
24 $<br />
SAINT-DENYS SAINT SAINT- -DE DE ENYS GARNEAU<br />
EN REVUE<br />
Sous la directi direction ion de François Dumont<br />
et Andrée-Ann<br />
Andrée-Anne ne Giguère<br />
Collection De vive vives es voix<br />
Lire Saint-Denys Saint-Denyys<br />
Garneau, c’est entendre<br />
résonner la tradition trradition<br />
critique avec ses<br />
harmonies harmonies et ses<br />
désaccords. C’est ce que<br />
fait apparaître apparaîtree<br />
cette sélection d’études<br />
publiées dans la revue Voix Vo oix et images<br />
en laissant voir voiir<br />
la variété des approches<br />
de l’œuvre ll’œuvre œuvre de<br />
Garneau et un intertexte<br />
critique très riche. ricche.<br />
DÉVELOPPEMENT<br />
DÉVELOPPPEMENT<br />
INTERNATIONAL<br />
INTERNAAT<br />
TIONAL<br />
DESJARDINS DESJARDDINS<br />
1970-2010<br />
Pionnier qu québécois ébécois<br />
de la microfi microfinance finance<br />
Chantal De Corte CCorte<br />
Collection Communication<br />
Comm munication<br />
S’intéressant à la stratégie de communica-<br />
tion organisationnelle organisattionnelle<br />
de Développement<br />
international Desjardins, DDesjardins,<br />
l’auteure retrace<br />
les moments majeurs mmajeurs<br />
de son histoire et les<br />
associe aux grandes grrandes<br />
étapes de l’évolution<br />
de ses communications.<br />
SOLITUDES<br />
SOLITUDDES<br />
EN NATURE NAT TUURE<br />
Regards sur<br />
r les quêtes<br />
contemporaines contemporaaines<br />
de vision<br />
Serge Rochon<br />
Collection Communication<br />
Comm munication<br />
Quels sont les lees<br />
motifs qui conduisent<br />
une personne à pratiquer un jeûne en<br />
nature sauvage sauvagge<br />
pendant trois jours et<br />
trois nuits? Quels QQuels<br />
bienfaits retire-t-elle<br />
de cette cette expérience?<br />
Serge Rochon<br />
porte un regard<br />
à la fois scientifique et<br />
philosophique sur les quêtes de vision.<br />
LE LIBRAIRE • FÉVRIER - MARS 2011 • 7