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Numéro 63 - Le libraire

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Écrivain prolifique,<br />

animateur à Espace<br />

Musique, trompettiste<br />

amateur et père de famille<br />

épuisé, Stanley Péan<br />

est rédacteur en chef<br />

du <strong>libraire</strong>.<br />

Au plus fort de sa joute verbale avec Dieudonné à<br />

l’émission <strong>Le</strong> 3950 en 2008, Richard Martineau s’était<br />

levé de table pour scander : « Jean Charest est un gros<br />

trou du cul de merde qui mange du vomi », excès de<br />

langage visant à prouver qu’au contraire de ce que les<br />

dires du controversé humoriste ont provoqué en<br />

France, la liberté d’expression était telle chez nous<br />

qu’on pouvait émettre des commentaires aussi<br />

grossiers sans craindre de représailles.<br />

<strong>Le</strong> franc-tireur, dont la démagogie n’a d’égale que<br />

l’opportunisme, a tort et il le sait pertinemment. En ces<br />

temps où notre premier ministre a fait de la mise en<br />

demeure sa réponse privilégiée aux critiques ou railleries<br />

qu’il attire, il est malvenu d’égratigner certaines<br />

éminences grises. Parlez-en au vice-président de Radio-<br />

Canada, poursuivi par Pierre-Karl Péladeau pour propos<br />

désobligeants au lendemain de l’annonce du boycott<br />

par Quebecor du Fonds canadien des télédiffuseurs…<br />

Il y a quelque chose d’attendrissant dans le zèle avec<br />

lequel Martineau défend l’empire médiatique qu’il<br />

pourfendait du temps où il dirigeait le Voir, mais qui<br />

serait subitement devenu un haut lieu de la pensée<br />

éclairée depuis qu’on l’y emploie; quelque chose de<br />

risible dans son acharnement à attaquer l’empire<br />

concurrent. Pour avoir collaboré tour à tour à des<br />

publications de Quebecor et de Gesca, j’estime que<br />

c’est bonnet blanc et blanc bonnet.<br />

À Quebecor, on peut quand même reprocher d’avoir<br />

instauré le lock-out comme « mode de négociation<br />

aussi valable qu’un autre » (dixit Martineau à Tout le<br />

monde en parle), sous le regard blasé de la société civile<br />

et de la classe politique. Après en avoir usé pour mater<br />

des syndicats au Saguenay et à Québec, Quebecor<br />

maintient depuis deux ans la ligne dure en opposant<br />

aux syndiqués du Journal de Montréal une mauvaise<br />

foi aberrante, propose de supprimer 80% des emplois<br />

et interdit aux employés mis à pied de continuer<br />

la publication de leur organe de résistance, Rue<br />

Frontenac, ou de travailler chez la concurrence pendant<br />

les six mois suivant leur licenciement.<br />

Ce comportement ne semble plus émouvoir grand<br />

monde. Nous avons au Québec des solidarités sélectives,<br />

alors quelle importance ces 250 individus manifestement<br />

inutiles ont-ils? Après tout, le Journal de<br />

Montréal continue de paraître et de prospérer sans leur<br />

L’ÉDITORIAL DE STANLEY PÉAN<br />

contribution, en générant davantage de revenus pour<br />

la vénérable entreprise familiale qui fait la fierté<br />

des Québécoises et des Québécois. Ces derniers, paraîtil,<br />

vouent une admiration sans borne au mari de Julie<br />

Snyder.<br />

Aussi, quand un écrivain aux convictions aussi inébranlables<br />

que Gil Courtemanche choisit de se retirer de la<br />

course aux Prix des librairies Archambault par solidarité<br />

pour les lock-outés du Journal de Montréal, lui intentet-on<br />

volontiers un procès d’intention, de même qu’on<br />

lui invente un supposé mépris à l’égard des écrivains<br />

plus jeunes également en lice, ou qu’on l’accuse de<br />

mettre en péril un des rares prix à générer de l’attention<br />

médiatique pour les lettres d’ici, ou encore de cracher<br />

dans la soupe si gracieusement mitonnée par PKP, etc.<br />

Personnellement, j’applaudis Courtemanche (de retour<br />

en ces pages, en remplacement de Michel Vézina).<br />

Non pas par réflexe vénal de rédacteur en chef d’un<br />

magazine publié par la concurrence des librairies<br />

Archambault. Je l’applaudis parce que lui, ainsi que<br />

Jean-Simon DesRochers, auteur de La canicule des<br />

pauvres resté dans la course aux Prix Archambault mais<br />

promettant de verser la bourse aux lock-outés s’il devait<br />

l’emporter pour son roman, font acte d’une forme<br />

d’idéalisme que les cyniques prétendent dépassée, en<br />

cette ère du « moi d’abord; après moi, le déluge ». Et<br />

non, la reconnaissance de la résistance des uns n’est<br />

pas une condamnation de ceux qui ont opté pour<br />

la neutralité…<br />

Ces jours derniers, dans la France de Sarkozy, qui n’a<br />

rien à envier au Canada de Harper en matière de<br />

dérives sociales, un opuscule de trente pages défraie la<br />

manchette : Indignez-vous! de Stéphane Hessel. Ancien<br />

résistant déporté à Buchenwald et ex-ambassadeur de<br />

France à l’ONU, le nonagénaire y fustige l’idéologie de<br />

la droite : « Mais comment [l’État] peut-il manquer<br />

aujourd’hui d’argent pour maintenir et prolonger ces<br />

conquêtes [de la social-démocratie], alors que la<br />

production de richesses a considérablement augmenté<br />

depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée?<br />

Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement<br />

combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand,<br />

insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque<br />

dans les plus hautes sphères de l’État. »<br />

À méditer.<br />

<strong>Le</strong> monde du livre<br />

De l’indignation<br />

comme vertu<br />

CONNAÎTRE,<br />

DIFFUSER<br />

ET AGIR.<br />

194 pages 20 $<br />

194 pages 20 $<br />

194 pages 27 $<br />

27 $<br />

280 pages 24 $<br />

24 $<br />

SAINT-DENYS SAINT SAINT- -DE DE ENYS GARNEAU<br />

EN REVUE<br />

Sous la directi direction ion de François Dumont<br />

et Andrée-Ann<br />

Andrée-Anne ne Giguère<br />

Collection De vive vives es voix<br />

Lire Saint-Denys Saint-Denyys<br />

Garneau, c’est entendre<br />

résonner la tradition trradition<br />

critique avec ses<br />

harmonies harmonies et ses<br />

désaccords. C’est ce que<br />

fait apparaître apparaîtree<br />

cette sélection d’études<br />

publiées dans la revue Voix Vo oix et images<br />

en laissant voir voiir<br />

la variété des approches<br />

de l’œuvre ll’œuvre œuvre de<br />

Garneau et un intertexte<br />

critique très riche. ricche.<br />

DÉVELOPPEMENT<br />

DÉVELOPPPEMENT<br />

INTERNATIONAL<br />

INTERNAAT<br />

TIONAL<br />

DESJARDINS DESJARDDINS<br />

1970-2010<br />

Pionnier qu québécois ébécois<br />

de la microfi microfinance finance<br />

Chantal De Corte CCorte<br />

Collection Communication<br />

Comm munication<br />

S’intéressant à la stratégie de communica-<br />

tion organisationnelle organisattionnelle<br />

de Développement<br />

international Desjardins, DDesjardins,<br />

l’auteure retrace<br />

les moments majeurs mmajeurs<br />

de son histoire et les<br />

associe aux grandes grrandes<br />

étapes de l’évolution<br />

de ses communications.<br />

SOLITUDES<br />

SOLITUDDES<br />

EN NATURE NAT TUURE<br />

Regards sur<br />

r les quêtes<br />

contemporaines contemporaaines<br />

de vision<br />

Serge Rochon<br />

Collection Communication<br />

Comm munication<br />

Quels sont les lees<br />

motifs qui conduisent<br />

une personne à pratiquer un jeûne en<br />

nature sauvage sauvagge<br />

pendant trois jours et<br />

trois nuits? Quels QQuels<br />

bienfaits retire-t-elle<br />

de cette cette expérience?<br />

Serge Rochon<br />

porte un regard<br />

à la fois scientifique et<br />

philosophique sur les quêtes de vision.<br />

LE LIBRAIRE • FÉVRIER - MARS 2011 • 7

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