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L'immeuble Yacoubian

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l’orchestre eut terminé la marche nuptiale, on ouvrit le<br />

buffet. Essayant de préserver un cachet européen à la fête,<br />

Christine joua au piano La Vie en rose d’Édith Piaf. Elle en<br />

répéta les paroles de sa voix mélodieuse :<br />

— Lorsqu’il me prend dans ses bras, qu’il me parle<br />

tout bas<br />

Je vois la vie en rose.<br />

Il me dit des mots d’amour, des mots de tous les<br />

jours<br />

Et ça me fait quelque chose…<br />

Les deux mariés dansèrent seuls. Boussaïna se troubla<br />

un peu et faillit trébucher mais le marié lui redonna la<br />

cadence en en profitant pour la serrer contre lui. Le geste<br />

ne passa pas inaperçu de l’assistance et déclencha des<br />

commentaires facétieux. Zaki trouvait que, dans sa robe de<br />

mariée, Boussaïna avait l’air d’une merveilleuse créature,<br />

limpide comme si elle venait de naître aujourd’hui même et<br />

s’était à jamais débarrassée des souillures du passé qui<br />

l’avaient éclaboussée sans qu’elle soit coupable.<br />

Lorsque la danse fut terminée, Christine tenta, avec<br />

délicatesse, mais en vain, de proposer d’autres chansons<br />

françaises. La pression de l’opinion publique fut la plus<br />

forte : l’orchestre se mit à jouer des morceaux de danse<br />

orientale. Ce fut comme un coup de baguette magique : les<br />

femmes et les filles – se retrouvant enfin dans leur élément<br />

– commencèrent à frapper dans leurs mains, à chanter, à<br />

onduler en suivant le rythme. Plusieurs s’attachèrent un<br />

foulard autour de la taille et se mirent à danser. Elles

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