La Cerisaie - Odéon Théâtre de l'Europe
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CORRESPONDANCES( SUITE )<br />
Un télégramme <strong>de</strong> Gorki qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la pièce pour son recueil. Il y a quelque chose à changer et à refai-<br />
re dans la pièce, mais il suffit, il me semble, <strong>de</strong> quinze minutes pour le faire. Le quatrième acte n’est pas<br />
au point et il y a quelque chose à remuer dans le <strong>de</strong>uxième, et, peut-être, changer <strong>de</strong>ux ou trois mots<br />
dans la fin du troisième. Sans cela, il pourrait y avoir une ressemblance avec la fin d’Oncle Vania<br />
Yalta, 17 octobre 1903<br />
Mon cher petit Cheval, j’ai reçu un télégramme <strong>de</strong> Stanislavski dans lequel il dit que ma pièce est génia-<br />
le ; cela veut dire qu’il va trop loin, ce qui peut enlever une gran<strong>de</strong> partie du succès que pourrait avoir,<br />
dans <strong>de</strong>s conditions heureuses, ma pièce.(...) Ania, avant tout, est une enfant gaie jusqu’à la fin, ne<br />
connaissant pas la vie ; elle ne pleure pas une seule fois, seulement au <strong>de</strong>uxième acte elle a les larmes<br />
aux yeux.<br />
à Vladimir Nemirovitch-Dantchenko<br />
Yalta, 21 octobre 1903<br />
J’ai peur qu’Ania ne prenne un ton larmoyant (je ne sais pas pourquoi tu trouves qu’elle ressemble à<br />
Irina). Je redoute qu’elle soit jouée par une actrice pas suffisamment jeune. Ania, chez moi, ne pleure<br />
pas, ne parle pas sur un ton pleurnichard ; au <strong>de</strong>uxième acte elle a les larmes aux yeux, mais le ton est<br />
toujours gai et vivant. Pourquoi dis-tu dans ton télégramme qu’il y a beaucoup <strong>de</strong> larmes dans ma<br />
pièce ? Où sont-elles ? Seulement Varia, mais c’est que Varia, <strong>de</strong> par sa nature, est une pleureuse et<br />
ses larmes ne doivent pas provoquer chez les spectateurs un sentiment <strong>de</strong> tristesse. On trouve souvent<br />
chez moi l’indice “ à travers larmes “, mais cela démontre l’état <strong>de</strong>s personnages et non les larmes.<br />
à sa femme<br />
Yalta, 23 octobre 1903<br />
Il ne faut pas jouer Lopakhine en gueulard, il ne faut pas qu’il soit un vulgaire commerçant. C’est un<br />
homme sensible.<br />
à Stanislavski<br />
Yalta, 30 octobre 1903<br />
En choisissant l’acteur pour ce rôle, il ne faut pas oublier que Lopakhine était aimé par Varia qui est une<br />
fille pieuse et pas frivole ; elle n’aurait pas pu aimer un koulak.<br />
à Vladimir Nemirovitch-Dantchenko<br />
Yalta, 30 octobre 1903<br />
Varia ne ressemble ni à Sonia, ni à Natacha <strong>de</strong>s Trois Soeurs ; c’est un personnage en robe noire, une<br />
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