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La Cerisaie - Odéon Théâtre de l'Europe

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LA CERISAIE PAR ANTOINE VITEZ ( SUITE )<br />

bonne et qui naturellement se fera <strong>de</strong>scendre par la critique parce que la critique est toujours en retard<br />

d’une dizaine d’années, ce sera peut-être <strong>de</strong> faire ce qu’il voulait : maintenant qu’on a tellement accumulé<br />

les signes, que moi en tout cas je sais bien le faire, l’intérêt serait <strong>de</strong> faire ce que je ne sais pas<br />

faire justement, et <strong>de</strong> relancer ainsi la discussion ou la curiosité sur ce morceau <strong>de</strong> mémoire et <strong>de</strong> culture<br />

collectives qu’est Tchékhov. Jouer <strong>La</strong> <strong>Cerisaie</strong> en vau<strong>de</strong>ville... Ne pas me laisser trop tenter non plus<br />

par le Tchékhov cruel... Je ne veux pas m’attribuer <strong>de</strong>s mérites historiques qui sont invérifiables mais,<br />

ce Tchékhov cruel, j’y avais pensé avant d’avoir jamais entendu parler <strong>de</strong> Krejca ; il y en a la trace aux<br />

cours <strong>de</strong> l’école Lecoq, où je travaillais sur Tchékhov. C’est une idée ancienne que j’ai reprise encore tout<br />

récemment, à l’atelier d’Ivry voici trois mois : prendre les pièces en un acte, qui sont <strong>de</strong>s vau<strong>de</strong>villes, et<br />

les jouer en se trompant, en s’obligeant à croire qu’il s’agit <strong>de</strong>s drames <strong>de</strong> Tchékhov. Et inversement.<br />

Comme un imbécile qui dans dans la bibliothèque se tromperait <strong>de</strong> livre ou <strong>de</strong> rayon, prendrait Les Trois<br />

Sœurs et croirait qu’il s’agit d’une <strong>de</strong>s pièces comiques en un acte, et jouerait la farce. Eh bien, je vous<br />

assure que ça fonctionne. Le résultat est terrible. L’inverse aussi d’ailleurs : jouer les farces comme <strong>de</strong>s<br />

drames donne un résultat effrayant. C’est très drôle, mais différemment. Et naturellement, ça accumle<br />

les signes.<br />

Antoine Vitez<br />

Silex, n°16 (1980) , (Le théâtre <strong>de</strong>s Idées, Gallimard, 1996, pages 266 à 269)<br />

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