CORRESPONDANCES( SUITE ) petite bonne soeur, un peu bête et pleurnicheuse.(...) Charlotte ne bafouille pas le russe, elle le parle correctement, seulement <strong>de</strong> temps à autre elle déplace les accents et se trompe dans les articles défi- nis simples. Pichtchik est un vieux typiquement russe et perclus par la goutte et la bonne chère. Il est gros, habillé d’une sorte <strong>de</strong> houppelan<strong>de</strong>, porte <strong>de</strong>s bottes sans talon.(...) Voilà trois ans que je me mettais en train pour écrire la <strong>Cerisaie</strong> et trois ans que je vous dis d’inviter une actrice pour le rôle <strong>de</strong> Lioubov Andreevna ; eh bien maitennant vous êtes <strong>de</strong>vant une patience que vous ne pourrez pas résoudre. Et moi, je suis dans une situation idiote : je suis là, seul et ne sachant que faire.(...) A propos, les théâtres populaires et la littérature populaire, tout cela n’est que baliverne, du caramel populiste ; ce n’est pas Gogol qu’il faut abaisser jusqu’au peuple, c’est le peuple qu’il faut rehausser jusqu’à Gogol. à Stanislavski Yalta, 2 novembre 1903 Dans ma pièce, la maison est gran<strong>de</strong> et à <strong>de</strong>ux étages. Vous savez qu’au troisième acte, il est question d’un escalier intérieur ; le troisième acte se passe, non pas dans une salle d’hôtel quelconque, mais bien dans un salon. Si dans mon manuscrit, il est dit que c’est un hôtel, il faut rectifier ; on ne peut pas laisser passer la pièce avec <strong>de</strong>s fautes qui en changeraient tout le sens. <strong>La</strong> maison doit être gran- <strong>de</strong>, soli<strong>de</strong>, <strong>de</strong> pierre, ou en bois, c’est égal. <strong>La</strong> maison est vieille et spacieuse, les villégiateurs ne louent pas ce genre <strong>de</strong> maison, on les démolit et on emploie le matériel pour la construction <strong>de</strong> petits pavillons. Les meubles sont vieux, soli<strong>de</strong>s, d’un bon style ; la ruine et les <strong>de</strong>ttes n’ont pas altéré l’ins- tallation. à sa femme Yalta, 5 novembre 1903 Stanislavski veut faire marcher le train au <strong>de</strong>uxième acte, mais je crois qu’il faudrait l’empêcher <strong>de</strong> faire cela. Il veut aussi les grenouilles et les grives. Yalta, 23 novembre 1903 Pour le premier acte, il faut un chien hirsute, petit et à moitié crevé, avec <strong>de</strong>s yeux chassieux. Schnap n’irait pas. 8
CORRESPONDANCES( SUITE ) Yalta, 27 novembre 1903 Je répète, Schnap ne fait pas l’affaire. Il faut ce petit chien galeux que tu as vu un jour, ou dans le genre. Après tout, on peut se passer <strong>de</strong> chien, même. Yalta, 29 novembre 1903 Je peux dire une chose ! Stanislavski a massacré ma pièce. Mais que Dieu soit avec lui ! Je ne lui en veux pas. 9 Yalta, 29 mars 1904