« Jersey, un paradis fiscal au purgatoire » - RFI
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Transcription<br />
Un homme dans la rue : [il épelle] F-I-S-C-A-L. Six figurants, là, pour <strong>fiscal</strong> !<br />
Une je<strong>un</strong>e femme : J’le fais alors ?<br />
Le je<strong>un</strong>e homme : S’il vous plait.<br />
La journaliste : Une trentaine de militants d’ONG, sur l’esplanade de Saint-Hélier, la capitale de <strong>Jersey</strong>.<br />
En amont des falaises découpées qui plongent dans la mer, les militants brandissent leurs armes : des ballons, des billets<br />
de Monopoly et des capes, sur lesquelles on peut lire : <strong>«</strong> <strong>paradis</strong> <strong>fiscal</strong>, enfer social <strong>»</strong>.<br />
Une femme : […] et moi, je suis la fin du <strong>paradis</strong>, bon voilà. [rire]<br />
[bruits de pas dans la rue]<br />
La journaliste : À <strong>Jersey</strong>, <strong>un</strong> État dépendant de la couronne britannique, les taxes sont quasiment inexistantes. L’île a la<br />
réputation d’être l’<strong>un</strong> de ces refuges fisc<strong>au</strong>x pour milliardaires et multinationales, peu adeptes de redistribution.<br />
Selon les experts internation<strong>au</strong>x, les <strong>paradis</strong> fisc<strong>au</strong>x gèreraient près de 10 000 milliards de dollars ; et à <strong>Jersey</strong>, toutes les<br />
structures sont là pour accueillir cet argent. Des centaines de cabinets d’avocats, des milliers de sociétés écrans, mais <strong>au</strong>ssi<br />
HSBC, City Bank, Deutsche Bank, UBS. Tous les 100 mètres, l’enseigne d’<strong>un</strong>e grande banque internationale, et les<br />
françaises sont là elles <strong>au</strong>ssi.<br />
Un Anglais : Next stop, Société Générale across the street. Next stop, Société Générale across the street<br />
La journaliste : Jacques Harel, de l’ONG Attac.<br />
Jacques Harel : [bruits de la rue] C’qu’on sait, c’est que la plupart des entreprises françaises, internationales, du CAC 40,<br />
toutes sont présentes dans des <strong>paradis</strong> fisc<strong>au</strong>x, par le biais de la Société Générale ou de BNP Paribas pour l’essentiel. BNP<br />
Paribas, d’ailleurs, est en tête de plate<strong>au</strong>, très, très loin devant, heu, la Société Générale.<br />
La Société Générale elle-même fait partie de l’ensemble des banques qui ont des possessions, des fonds, qui viennent de<br />
nation<strong>au</strong>x français. Ces nation<strong>au</strong>x français ont déposé, selon le FMI, à <strong>Jersey</strong>, 10 milliards de dollars ; par an, hein,<br />
actuellement. Vous avez <strong>au</strong> moins 10 milliards de dollars qui sont à, à <strong>Jersey</strong>.<br />
Le même Anglais: Next stop, City Bank, please move.<br />
La journaliste : Des milliards qui échappent à l’impôt. Sur le sujet, les banques sont peu loquaces. La BNP Paribas et la<br />
Société Générale refusent catégoriquement de répondre.<br />
Finalement, <strong>un</strong> financier français, qui travaille pour <strong>un</strong>e grande banque irlandaise, accepte de parler <strong>au</strong> micro.<br />
Le financier français : C’qu’<strong>un</strong> client va chercher dans <strong>un</strong> <strong>paradis</strong> <strong>fiscal</strong>, c’est <strong>un</strong> service. Donc, bien sûr, la caricature,<br />
c’est l’évasion <strong>fiscal</strong>e, etc. Mais en réalité, je pense que… en particulier <strong>Jersey</strong>, propose <strong>un</strong> service qui ne peut pas être<br />
proposé dans d’<strong>au</strong>tres endroits, par sa qualité ou par, heu, la, la géographie, etc. Donc tous ces éléments sont très<br />
importants.<br />
Les commodités pour venir à <strong>Jersey</strong>, j’veux dire, on est à, on est à moins d’<strong>un</strong>e heure de, de Londres. On est à moins d’<strong>un</strong>e<br />
heure de Genève, de Paris, donc, heu, c’est <strong>un</strong> élément dont on ne se rend pas forcément compte.<br />
La journaliste : Mais c’est encore plus facile de placer son argent dans son propre pays, non ? Pourquoi aller à <strong>Jersey</strong> ?<br />
Le financier français : Vous allez venir à <strong>Jersey</strong>, non pas pour de l’évasion <strong>fiscal</strong>e, mais tout simplement pour, heu, y<br />
trouver des services que vous n’pouvez pas, heu, obtenir ailleurs.<br />
Et donc oui, c’est c’que cherche le, le client, ici. Donc c’est pas du tout le, l’évasion <strong>fiscal</strong>e telle qu’on peut la caricaturer,<br />
mais <strong>un</strong> vrai service, heu, qui est pérenne. Lié <strong>au</strong>ssi à la confidentialité, j’veux dire, ça c’est, c’est quelque chose de très<br />
important.<br />
La journaliste : Alors, pourquoi les gens veulent de la confidentialité s’ils ont rien à cacher ?<br />
Le financier français : [rire] Confidentialité, heu, c’est surtout le terme confiance qui est derrière ça. Je pense que, à partir<br />
du moment…<br />
La journaliste : Hum hum… Mais pas que…<br />
Le financier français : Oui non mais il f<strong>au</strong>t, il f<strong>au</strong>t prendre en considération le, les, les volumes, le, le patrimoine de, de ces<br />
personnes, donc, heu, c’est jamais facile de parler d’argent, en règle générale, quels que soient vos revenus, quel que soit<br />
votre patrimoine. L’argent reste <strong>un</strong> tabou. Et nous, on, on traite avec ce tabou <strong>au</strong> quotidien.<br />
Fiche pédagogique <strong>RFI</strong> 7 © Radio France Internationale