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de lard. Eh bien ! Je vis cet homme en manger deux grosses, à<br />
plein poêlon. Je ne croyais pas qu'un homme puisse manger<br />
autant, sans mourir.<br />
Le lendemain, nous nous sommes rendus à notre<br />
camp, et notre camp était séparé en deux. D'un coté l'étable,<br />
et de l'autre le camp. Seule une cloison nous séparait des<br />
chevaux et des odeurs produites par ces derniers.<br />
Mon travail consistait à scier des tailles, quelquefois<br />
faire la cuisine. Nous n'étions pas difficiles, nous avions bon<br />
appétit. Notre menu était composé de lièvre, perdrix, lard salé<br />
et sirop noir. Cela était suffisant pour bien vivre.<br />
Le dimanche, nous nous amusions à courir le bois à la<br />
recherche de gibier. Je me souviens de mon premier lièvre<br />
que j'ai tué au fusil. J'étais avec mon ami Georges Doucet<br />
(frère de Alcide Doucet et Pierre époux de ses sœurs Marie<br />
Laure <strong>Dallaire</strong> et Alexina <strong>Dallaire</strong>).<br />
Tout à coup, nous vîmes un lièvre dans la clairière. Je<br />
cours chercher le fusil au camp, car nous étions trop jeunes<br />
pour le traîner avec nous et il n'était pas question, en ce temps<br />
là de cartouches. On chargeait le fusil par la gueule et on<br />
foulait avec une baguette. Je donnai le fusil à Georges qui tira<br />
le lièvre. Celui-ci fit un saut de coté et resta à la même place.<br />
Je repris le fusil, le chargeai à mon tour et même résultat,<br />
excepté que l'on vit quelques gouttes de sang qui tombaient<br />
des orteils. Comme il fallait en finir, Georges se coupa une<br />
branche d'arbre et en asséna un bon coup sur les reins du<br />
lièvre. Depuis, j'ai tué beaucoup de lièvres au fusil, mais je<br />
n'ai jamais eu besoin de perche pour les achever.<br />
Cela m'amène au premier lièvre que j'ai pris au piège.<br />
Un bon matin, j'arrive, un lièvre de pris. Comment faire ? Car<br />
je n'ai pas de hache. Je tombai à coups de poings dessus.<br />
Comme je n'avais pas les poings bien forts, la pauvre bête a<br />
souffert longtemps, et moi, j'étais bien fatigué. J'ai conté à ma<br />
mère mon aventure qui m'a appris à faire mourir un lièvre<br />
sans qu'il pâtisse.<br />
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