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amassée à la Rivière du Loup. Il avait eu une fille avec cette<br />
femme, qui avait 14 ans. Née de parents catholiques, elle<br />
allait bien rarement à la messe. Elle se levait toujours trop<br />
tard pour aller à la messe. Le père y allait tous les dimanches,<br />
mais la mère n'avait pas le temps. Elle avait environ 10 à 15<br />
pensionnaires et elle était seule pour tenir la maison. Le père<br />
avait un garçon qui était marie et qui avait quatre enfants. Il<br />
était séparé de sa femme, je ne sais pas depuis quand. Les<br />
enfants avaient de 5 à 8 ans. II en avait deux avec lui. Il<br />
restait chez son père et se faisait nourrir. Il ne voulait pas<br />
travailler pour faire vivre sa famille. Sa femme était devenue<br />
folle et il l'avait amenée à l'asile de Gaspé. J'ai su qu'elle était,<br />
redevenue normale, mais elle n'avait pas voulu se remettre<br />
avec lui.<br />
Les autres pensionnaires, il y avait un veuf qui parlait<br />
de Roberval, Lac-St-Jean, là où il avait enterré sa femme. Il y<br />
avait sept ans qu'il n'avait pas fait de Pâques. Il m'a dit qu'il<br />
allait les faire cet été là, mais, de ma connaissance, quand je<br />
suis parti au mois d'août, il ne les avait pas encore faits. Le<br />
samedi de chaque semaine, le soir, il commençait à jouer aux<br />
cartes et prendre de la bière. Cela durait jusqu'au matin, de<br />
sorte qu'il n'était pas en forme pour aller communier le matin.<br />
La semaine, il travaillait tous les jours.<br />
Revenons aux deux enfants de notre jeune Leduc.<br />
C'est à dire le "bum", un vrai. Il ne voulait pas travailler pour<br />
faire vivre ses enfants et il ne voulait pas qu'ils les placent. Ils<br />
faisaient bien pitié. Ils étaient regardés par leur belle-mère<br />
comme de mauvais chiens. Elle ne voulait pas les voir et si<br />
leur corps était mal nourri, leur âme n'avait rien que le<br />
mauvais exemple pour nourriture.<br />
Quand j'y pense, le coeur m'en fait mal encore. La<br />
deuxième semaine que j'ai été là, le "bum" avait pu se faire<br />
venir un baril de whisky du Canada. Je ne sais pas par quel<br />
moyen il avait pu arriver à l'avoir et ils ont tout bu ce baril à<br />
la maison de pension. Il a fait une semaine. La première nuit<br />
au matin, ce que je vis n'était pas un spectacle bien drôle à<br />
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