Arthur Dallaire

Un jour, j'étais en train de faire le tour d'une certaine
rue pour revenir à la maison par une autre rue. Le bébé de
deux ans, qui était mon petit frère Alfred, s'avisait de faire le
tour lui aussi, mais il se perdit. Grand émoi dans la maison.
Les recherches commençaient lorsque je vis tout à coup un
policier qui s'en venait avec un bébé qui n'était autre que mon
petit frère.
Nous étions non loin d'un enclos où de temps en
temps, on jouait à la balle. Je voyais plusieurs garçons, petits
et grands, qui grimpaient sur la clôture pour assister à la joute
sans payer. Mais il y avait la police qui gardait l'enclos, et
quand il voyait des enfants sur la clôture, il partait après. La
première fois que j'ai vu cela, j'étais sur le chemin des
Fuyards. J'étais par terre et je n'ai pas eu le temps de me
relever avant que tous soient passés, la police est arrivée avec
son fouet à la main. Je vous dis que j'en avais eu peur. Je crois
que c'est à partir de ce temps, que je suis resté avec une peur
de la police. Chaque fois que j'en rencontrais une, j'en avais
peur.
Il faut dire que je m'étais fait de petits amis anglais qui
m’ont appris que quelques mot d’anglais et ça n'aurait pas
pris bien du temps avant que je le parle couramment. Mais
nous sommes entrés en ville et je n'ai plus eu de contact avec
les Anglais jusqu'à l'âge de sept ans, où je commençais à aller
à la classe. Avant cet âge, il était défendu de descendre dans
la rue, C'est pourquoi, je regardais par la fenêtre ce qui se
passait au dehors et quand mes soeurs arrivaient de la
"factory", rien de plus pressé que de leur raconter tout ce qui
s'était passé dans la journée.
Un jour, nous avions reçu la visite d'un vendeur de
pommes. Maman acheta un couple de minots, je crois.
Arthur, me dit-elle, "tu ne le diras pas" puis se ravisant, "et
bien, tu auras beau leur dire qu’il y a des pommes dans la
cobette, mais pas sous le lit". J'étais bien décidé de ne pas leur
dire. Le soir, j'allais les recevoir à la porte, tout joyeux par
mon accueil, ils virent qu'il y avait du nouveau et par la
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