KYSTE HYDATIQUE DU REIN (A PROPOS DE 40 CAS) - Lazraq info
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Kyste hydatique du rein<br />
DISCUSSION<br />
Le kyste hydatique est une antropozoonose due au<br />
développement chez l’homme de la forme larvaire du<br />
Tænia Ecchinococcus granulosis [1, 2, 3]. Elle est<br />
répandue de façon endémique en Afrique et dans le<br />
pourtour du bassin méditerranéen constituant un<br />
véritable problème de santé publique [4]. La localisation<br />
hépatique et pulmonaire est la plus fréquente. Le kyste<br />
hydatique rénal (KHR) arrive en troisième position (5%)<br />
et représente la localisation la plus fréquente du tractus<br />
urogénital [2, 5]. Il est généralement primitif, presque<br />
toujours unique, de localisation corticale et<br />
préférentiellement polaire. Dans 2 à 5% des cas, le<br />
KHR est associé à d’autres localisations, essentiellement<br />
hépatiques et pulmonaires [4, 5].<br />
Le KHR peut rester asymptomatique pendant des années<br />
expliquant parfois la découverte de masses volumineuses<br />
avant les manifestations cliniques qui dépendent de la<br />
rupture ou non du kyste [1, 2, 3, 5]. Aucun signe<br />
clinique n’est spécifique sauf l’hydaturie qui témoigne<br />
de l’ouverture du kyste dans les voies excrétrices. Les<br />
autres signes cliniques sont représentés par des<br />
lombalgies (60 à 80% des cas), l’hématurie (10 à 30%<br />
des cas), celle-ci est la conséquence d’une fissuration<br />
calicielle liée à une compression par le kyste lorsqu’il<br />
augmente de volume, des signes digestifs de<br />
compression, des signes respiratoires en cas de kyste<br />
polaire supérieur, une masse lombaire ou lomboabdominale.<br />
Enfin, le KHR peut être responsable<br />
d’une fièvre prolongée, exceptionnellement d’une<br />
hypertension artérielle [5, 6, 7, 8].<br />
Biologiquement, il existe une hyperéosinophilie<br />
évocatrice dans 20 à 50% des cas. Les sérologies de<br />
l’hydatidose sont de moins en moins réalisées en raison<br />
de leur faible fiabilité. Le test d’hémagglutination<br />
indirecte est la réaction la plus sensible avec une<br />
sensibilité de 70%. Une étude a montré que<br />
l’immunoélectrophorèse de l’arc 5 avait une sensibilité<br />
et une spécificité de 100% [4, 5, 6, 9].<br />
L’imagerie médicale permet de poser le diagnostic, de<br />
dresser le bilan d’opérabilité et le suivi postthérapeutique<br />
[1, 2, 10, 11]. L’échographie est un<br />
examen simple, anodin, facile et reproductible. Elle<br />
oriente le diagnostic de KHR et recherche les<br />
associations lésionnelles. Les éléments évocateurs de<br />
l’origine hydatique sont la nature liquidienne, les<br />
calcifications, le décollement membranaire et la<br />
présence de vésicules filles. La classification de Gharbi<br />
en 5 stades des kystes hydatiques hépatiques s’applique<br />
aux kystes hydatiques rénaux [4, 5, 10]. L’aspect du<br />
type II et III est pathognomonique du kyste hydatique.<br />
Le type I peut être différencié d’un kyste séreux devant<br />
la présence d’une membrane propre épaisse. Le type<br />
V est évocateur du diagnostic dans une région<br />
endémique. Cependant, d’autres lésions peuvent donner<br />
le même aspect, comme le cancer du rein ou la caverne<br />
tuberculeuse rénale. L’aspect pseudo-tumoral (type IV)<br />
-12-<br />
H. EN-NOUALI et coll.<br />
soulève essentiellement le problème d’un cancer du<br />
rein. L’échodoppler apporte dans ce cas des arguments<br />
diagnostiques complémentaires en mettant en évidence<br />
l’absence de flux vasculaire en intra et péri-lésionnel<br />
[5, 10].<br />
L’urographie intraveineuse (UIV) montre un syndrome<br />
tumoral avasculaire, déformant les contours du rein,<br />
comprimant, refoulant et étirant les voies excrétrices,<br />
des calcifications en projection de l’aire rénale d’autant<br />
plus orientatrices si elles sont organisées en liseré<br />
arciforme périphérique. Elle peut aussi montrer un<br />
syndrome obstructif, secondaire à l’englobement de la<br />
voie excrétrice ou à la migration de vésicules filles<br />
dans l’uretère. Dans certains cas, l’UIV met en évidence<br />
un rein muet dû à une destruction parenchymateuse<br />
totale [4, 5, 10].<br />
La tomodensitométrie apporte beaucoup de<br />
renseignements supplémentaires, elle s’avère nécessaire<br />
chaque fois que le diagnostic est incertain, surtout pour<br />
les kystes de type IV et V [5, 10]. Elle permet de dresser<br />
un bilan topographique précis, de rechercher<br />
d’éventuelles localisations extrarénales en particulier<br />
hépatiques et péritonéales et d’objectiver une éventuelle<br />
communication avec les voies excrétrices. L’aspect<br />
tomodensitométrique du KHR est caractéristique. Il<br />
s’agit d’une formation kystique uni ou multivésiculaire<br />
avec une paroi fine qui peut se rehausser. L’aspect est<br />
très caractéristique dans les kystes multivésiculaires où<br />
les vésicules filles ont une densité plus faible que celle<br />
du kyste mère (aspect en rosette).<br />
L’imagerie par résonance magnétique n’est pas une<br />
technique de 1ère intention dans la maladie hydatique<br />
(5). Elle ne trouve sa justification que lorsque les autres<br />
imageries en coupe ne permettent pas d’établir un<br />
diagnostic certain. Le contour du kyste a un signal bas<br />
sur toutes les séquences spin-écho. Le liquide vésiculaire<br />
est en hyposignal en T1 et en hypersignal en T2.<br />
Le traitement du KHR est le plus souvent chirurgical.<br />
Il doit préserver au mieux le tissu rénal fonctionnel [1,<br />
6, 12, 13]. La lombotomie est la voie classiquement<br />
utilisée qui permet de minimiser le risque d’essaimage.<br />
La voie médiane est justifiée uniquement en cas de<br />
localisations péritonéales associées, parfois en cas de<br />
KHR bilatéral. Pour la grande majorité des auteurs, le<br />
traitement de référence est la résection du dôme saillant.<br />
Dans une série de 31 cas [14], une ponction percutanée<br />
a été réalisée dans un cas de type I.<br />
L’adjonction d’un traitement médical est controversée.<br />
Elle ne semble pas diminuer le risque de récidive, elle<br />
reste indiquée dans les localisations multiples avec<br />
exérèse incomplète ou en cas de localisations<br />
péritonéales diffuses associées. L’Albendazole, utilisé<br />
à la dose de 10-12 mg/kg/jour pendant 3 mois, semble<br />
prometteur.