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CMJN<br />
SAMEDI 8 JUILLET <strong>2000</strong> 28<br />
Ornans Après trois étés de silence,<br />
le Musée Courbet accueille le maître<br />
En affichant «Courbet en<br />
privé», nouvelle exposition<br />
estivale qui fera d’Ornans<br />
une capitale provinciale de<br />
la peinture, le Musée Gustave<br />
Courbet renoue avec<br />
une tradition suspen<strong>du</strong>e<br />
<strong>du</strong>rant trois ans. Les admirateurs<br />
<strong>du</strong> maître apprécieront.<br />
Ils ont jusqu’à l’automne<br />
pour découvrir une<br />
soixantaine d’œuvres inconnues<br />
et rassemblées<br />
pour la première fois au<br />
bord de la Loue.<br />
Après les expositions événementielles<br />
consacrées à André<br />
Masson, Balthus, Bernard Buffet,<br />
Paul Rebeyrolle ou encore<br />
«Courbet, l’amour», qui ont<br />
ponctué les années 90 dans la<br />
maison natale de Gustave Courbet<br />
à Ornans, «Courbet en<br />
privé» renoue avec une tradition<br />
mise à mal par des querelles<br />
politiques stériles, au<br />
grand dam <strong>du</strong> conservateur<br />
Jean-Jacques Fernier. Aussi<br />
convient-il de saluer l’engagement<br />
de ce dernier à faire vivre<br />
et à enrichir constamment le<br />
Musée Courbet, pour l’histoire<br />
de l’art, pour le patrimoine et<br />
pour le bonheur des admirateurs<br />
<strong>du</strong> grand maître comtois<br />
décédé à La Tour-de-Peilz en<br />
1877, après quatre ans d’exil en<br />
Suisse.<br />
Par «Courbet en privé», l’exposition<br />
<strong>2000</strong> qui s’ouvre ce<br />
jour, il faut comprendre des<br />
œuvres inconnues <strong>du</strong> marché<br />
de l’art et des institutions,<br />
prêtées par des amateurs privés<br />
de toute l’Europe et des Etats-<br />
Unis que Jean-Jacques Fernier<br />
a retrouvés. Ajoutées à une<br />
soixantaine d’œuvres permanentes<br />
<strong>du</strong> musée, à deux peintures<br />
prêtées par le musée d’Orsay<br />
et trois par le musée de Besançon,<br />
130 œuvres au total<br />
Beau livre Au fil<br />
<strong>du</strong> canal de Briare<br />
Quatorze ponts et sept<br />
écluses: ce pourrait être la carte<br />
de visite de Briare, ville située<br />
dans l’axe Nevers-Paris.<br />
Ville <strong>du</strong> bord de la Loire, ce<br />
qui en fit un point de passage important<br />
dès le Moyen Age,<br />
Briare a donné son nom au canal<br />
reliant son fleuve à la Seine. Un<br />
certain Hugues Cosnier en eut<br />
l’idée, et il obtint d’Henri IV l’autorisation<br />
d’entreprendre les travaux;<br />
achevé à la fin <strong>du</strong> règne de<br />
Louis XIII, l’ouvrage connut son<br />
essor grâce à la Compagnie des<br />
Seigneurs <strong>du</strong> canal, une entreprise<br />
commerciale «florissante<br />
et parfaitement gérée», écrit<br />
# BESOIN PRESSANT.<br />
Que celui qui n’a jamais<br />
éprouvé le besoin de se soulager<br />
en pleine nature lui jette la<br />
première pierre! Laissons<br />
donc la fillette, au fil de dessins<br />
et de commentaires minimalistes,<br />
libérer une belle rivière<br />
dans l’herbette, pour découvrir,<br />
a v e c<br />
elle, les<br />
conséquences<br />
d’une<br />
telle<br />
inondation.<br />
Un<br />
tout petit pipi pour l’homme,<br />
une marée jaune pour la<br />
fourmi et la coccinelle... / dbo<br />
! «Pipi dans l’herbe», Magali<br />
Bonniol, éd. l’école des loisirs,<br />
<strong>2000</strong>.<br />
Gustave Courbet, «Le Château de Chillon», 1876, huile sur toile, 66x80 cm. photo sp<br />
Jean-Yves Montagu dans<br />
«Briare, un canal, des émaux»,<br />
un superbe ouvrage qui rend<br />
hommage à la ville. A noter que<br />
ces 34 kilomètres de canal ont<br />
fourni de modèle, grandeur nature,<br />
au canal <strong>du</strong> Midi, ouvert à<br />
la navigation quarante ans plus<br />
tard. Accélérons encore la<br />
marche <strong>du</strong> temps pour assister,<br />
au XIXe siècle, à la construction<br />
<strong>du</strong> pont-canal, architecture métallique<br />
qui enjambe la Loire.<br />
Forgée dans les ateliers de l’entreprise<br />
Eiffel, cette nouvelle<br />
voie d’eau répondait aux besoins<br />
d’un commerce en pleine expansion.<br />
La réputation grandissante<br />
de la manufacture d’émaux de<br />
Briare n’y était pas étrangère.<br />
Ceux-ci, en effet, constituent<br />
l’autre fleuron de la cité depuis<br />
1845, année où Jean-Félix Bapterosse<br />
racheta une fabrique en<br />
faillite pour y créer sa manufacture.<br />
Aujourd’hui encore, on y<br />
pro<strong>du</strong>it un émail vitrifié très<br />
prisé par les professionnels et<br />
les artistes. DBO<br />
! «Briare», Jean-Yves Montagu,<br />
Erwan Quéméré, éd. La Renaissance<br />
<strong>du</strong> livre, <strong>2000</strong>.<br />
# VAINE DISPUTE. Deux<br />
lapins abandonnent leurs jeux<br />
pour se disputer<br />
une<br />
carotte<br />
géante. La<br />
querelle se<br />
transforme<br />
en méchante<br />
guerre jusqu’aumoment<br />
où, hop, les taupes subtilisent<br />
le butin sous leur nez.<br />
Mieux vaut cultiver l’esprit de<br />
famille plutôt que la discorde,<br />
apprendront les petits. Les<br />
plus grands apprécieront le<br />
soin apporté à l’illustration,<br />
qui varie les formats, les cadrages<br />
et les angles. / dbo<br />
! «C’est ma carotte!», Cl. Collinet,<br />
P. Tortel, éd. l’école des loisirs,<br />
<strong>2000</strong>.<br />
sont disposées par thèmes —<br />
paysages, portraits, marines,<br />
natures mortes, animaux — et<br />
non pas chronologiquement<br />
dans les salles d’Ornans. Elles<br />
sont représentatives de toutes<br />
les périodes de la création de<br />
Courbet, celles des années de<br />
maturité en particulier.<br />
Parmi elles, «Le rétameur»,<br />
une œuvre forte, descriptive de<br />
la vie <strong>du</strong> petit peuple contemporain<br />
<strong>du</strong> peintre, une peinture de<br />
jeunesse exécutée par Gustave<br />
Courbet en 1842, à l’âge de 23<br />
ans. Ou le «Château de Chillon»,<br />
réalisé en 1876 par un<br />
exilé payant sur la Riviera vaudoise<br />
le prix de l’affaire de la colonne<br />
Vendôme qui lui valut le<br />
cachot, et les poursuites <strong>du</strong> fisc<br />
français.<br />
Entre ces deux pôles, le travail<br />
gratuit d’un jeune artiste en<br />
colère et en devenir d’une part<br />
— alors que le romantisme était<br />
loin de vivre ses dernières<br />
heures dans le visuel de l’époque<br />
et que, pour d’aucuns,<br />
être portraituré par Courbet eut<br />
été une punition si l’on en croit<br />
une caricature <strong>du</strong> «Charivari»<br />
de 1865 —, et le travail bon chic<br />
bon genre et tout à fait commercial<br />
d’un artiste vieillissant<br />
mais célèbre auprès de qui les<br />
commandes affluent d’autre<br />
part, il y a tout le Courbet de la<br />
légende.<br />
Une légende de réaliste choquant,<br />
de provocateur, de rebelle<br />
communard qui refusa la<br />
Légion d’honneur après avoir<br />
défrayé la chronique avec son<br />
Pavillon <strong>du</strong> réalisme en marge<br />
de l’Exposition universelle de<br />
Paris en 1855, ou indécent selon<br />
certaines peintures de<br />
scènes qui se vivaient mais ne<br />
se montraient pas. Pourtant,<br />
Courbet l’artiste tonitruant et<br />
dérangeant savait aussi plaire.<br />
C’est ainsi qu’il est parvenu à<br />
conquérir la bourgeoisie et à entrer<br />
dans ses salons cossus avec<br />
des représentations élégantes<br />
d’Honfleur, d’Etretat ou de<br />
Trouville, ou des portraits de<br />
notables, autant de tableaux<br />
convenables tranchant violemment<br />
avec «L’origine <strong>du</strong><br />
monde». Mais n’a-t-il pas fréquenté<br />
le comte de Choiseul sur<br />
Roman Des soldats cernés<br />
par le surnaturel<br />
C’est une excellente idée<br />
qu’a eu le Fleuve noir en rééditant<br />
«Les soldats de la mer»,<br />
un roman fantastique dans<br />
tous les sens <strong>du</strong> terme écrit à<br />
la fin des années soixante par<br />
Yves et Ada Rémy.<br />
A première vue, on pourrait<br />
se croire dans l’Europe <strong>du</strong><br />
XIXe siècle, avec ses puissances<br />
militarisées et querelleuses.<br />
Mais dans ces diverses<br />
«chroniques illégitimes de la<br />
Fédération», les soldats sont<br />
avant tout cernés par le surnaturel.<br />
Des hommes se perdent<br />
dans une forêt au brouillard<br />
maléfique, et ceux qui s’engagent<br />
sur les mauvais chemins<br />
se figent à tout jamais.<br />
Lorsque les survivants sortent<br />
de ce labyrinthe d’arbres<br />
morts, ils s’aperçoivent qu’ils<br />
sont dans un monde parallèle,<br />
où ne brille qu’une seule lune<br />
dans le ciel au lieu de deux.<br />
Plus tard vient l’ère de l’expansion<br />
coloniale. Parties à<br />
l’assaut d’îles exotiques, les<br />
troupes de la Fédération se<br />
RAYON JUNIORS<br />
# EFFEUILLAGE. Comment<br />
expliquer la notion d’antipodes à<br />
son gosse? Par le biais d’une amusante<br />
symétrie, qui progresse<br />
couche par couche: sous une<br />
feuille, une autre feuille, dessous,<br />
une table, dessous, un plancher,<br />
dessous... et l’on émerge, tête,<br />
pardon, dessins à l’envers, au<br />
pays des kangourous. Rien<br />
n’empêche de refaire le chemin<br />
dans l’autre sens... / dbo<br />
! «Antipodes», N. Junge, E. Jandl,<br />
éd. l’école des loisirs, <strong>2000</strong>.<br />
heurtent à un ennemi invisible<br />
dont seul un officier saura deviner<br />
l’incroyable nature, sauvant<br />
ainsi sa peau.<br />
Qu’ils évoquent la vie dans<br />
un fort désolé sous les ordres<br />
d’un officier fantôme ou le<br />
sort de troupes décimées par<br />
un vampire, Yves et Ada Rémy<br />
ont réussi le tour de force de<br />
# AU PAYS DU CONTE. A<br />
la nuit tombante, Clara se<br />
glisse dans la bibliothèque<br />
pour se<br />
plong<br />
e r<br />
dans<br />
son livre<br />
de<br />
contes.<br />
Plongerdevient<br />
le<br />
mot juste puisque, cette nuitlà,<br />
Clara peut marcher sur les<br />
talons <strong>du</strong> grand méchant loup<br />
et entrer dans l’histoire. Ces<br />
contes revisités en accéléré<br />
tra<strong>du</strong>isent joliment les voyages<br />
de l’enfance, qui abolissent les<br />
frontières entre l’imaginaire et<br />
le réel. / dbo<br />
! «Clara et les loups», M. Barataud,<br />
P. Fouillet, éd. Retz, <strong>2000</strong>.<br />
donner un tour neuf aux<br />
thèmes apparemment les plus<br />
éculés <strong>du</strong> fantastique. Une<br />
performance qui doit beaucoup<br />
à une écriture magnifique<br />
au talent d’évocation incroyable.<br />
Que demander de plus, sinon<br />
les nouvelles qui suivent?<br />
Parues à l’origine dans la revue<br />
«Fiction», ces nouvelles<br />
étaient devenues introuvables.<br />
La plus longue, «Le roi<br />
d’arbres», raconte l’odyssée<br />
fiévreuse de trois aventuriers<br />
partis chercher les diamants<br />
<strong>du</strong> Guayanara. Ils parviendront<br />
jusqu’à cette contrée<br />
per<strong>du</strong>e, après un long voyage<br />
qui se mue en dérive sans issue<br />
au cœur d’une jungle malsaine.<br />
Ils étaient trois, terrorisant<br />
ceux qui cherchent à les<br />
empêcher d’aller plus loin,<br />
sourds à tous les avertissements,<br />
et un seul l’un d’entre<br />
eux reviendra.<br />
HEK<br />
!"«Les soldats de la mer», Yves<br />
et Ada Rémy, Bibliothèque <strong>du</strong><br />
fantastique, Fleuve noir<br />
# BEAU COMME UN<br />
DINO. La vanité existait déjà<br />
dans la préhistoire, si l’on en<br />
croit Verdino, un petit dino<br />
uniquement préoccupé par<br />
son apparence. Le jour où un<br />
groupe de mastodontes très<br />
colorés viennent s’abreuver<br />
dans son lac, Verdino comprend<br />
qu’il n’a pas l’apanage<br />
de la beauté. Ouvrir les yeux,<br />
c’est ouvrir son cœur: les bambins<br />
feront-ils la même démarche,<br />
face à ces<br />
monstres<br />
p o l y -<br />
chromes? /<br />
dbo<br />
! «Verdino,<br />
le dinosaure<br />
vaniteux»,<br />
éd. Nathan,<br />
<strong>2000</strong>.<br />
la côte normande en compagnie<br />
de Boudin et de Monet?<br />
C’est essentiellement ce volet-là<br />
de l’œuvre de Courbet, un<br />
Courbet sage et méconnu, que<br />
montre cet été l’exposition estivale<br />
d’Ornans. Le public sera<br />
surpris et des clichés ré<strong>du</strong>cteurs<br />
tomberont. Sonia Graf<br />
! Ornans, Musée Gustave Courbet,<br />
jusqu’au 22 octobre (tous<br />
les jours 10-18h, dès septembre<br />
10-12h et 14-18h). Catalogue.<br />
Repères<br />
1819, naissance de Gustave<br />
Courbet à Ornans,<br />
dans une famille de bourgeois-paysans.<br />
Arrive à Paris<br />
en 1839. Premier envoi<br />
au Salon en 1842, refusé.<br />
1852, le <strong>du</strong>c de Morny<br />
achète «Les demoiselles de<br />
village». Un an plus tard,<br />
«Les baigneuses» scandalisent<br />
le Salon. 1855, Pavillon<br />
<strong>du</strong> réalisme. 1860, séjour à<br />
Francfort. 1866, invité <strong>du</strong><br />
comte de Choiseul en Normandie.<br />
1870, refuse la Légion<br />
d’honneur, mais la<br />
chute de l’Empire le propulse<br />
président de la Commission<br />
des arts. 1871,<br />
Commune, arrêté après l’affaire<br />
de la colonne<br />
Vendôme. Libération au<br />
printemps suivant. 1873,<br />
exil en Suisse. 31 décembre<br />
1877, mort de Courbet. / sog<br />
Fribourg<br />
Portraits<br />
d’écrivains<br />
suisses<br />
La Bibliothèque cantonale<br />
et universitaire (BCU) de Fribourg<br />
accueille jusqu’au 26<br />
août l’exposition «Portraits<br />
d’écrivains suisses», <strong>du</strong> photographe<br />
zurichois Felix von<br />
Muralt. Cette galerie de portraits<br />
avait été présentée à la<br />
Foire <strong>du</strong> livre de Francfort en<br />
1998.<br />
Felix von Muralt, né à Zurich<br />
en 1963, a constitué cette<br />
collection de portraits d’auteurs<br />
suisses dès 1988 sur la<br />
base d’une commande de Pro<br />
Helvetia, a indiqué la BCU. La<br />
Suisse était hôte d’honneur de<br />
la Foire <strong>du</strong> livre de Francfort<br />
en 1998. / ats<br />
France Plus<br />
de 500 romans<br />
pour la rentrée<br />
Au total, 557 romans paraîtront<br />
entre fin août et la mi-octobre<br />
en France. Il s’agit d’un<br />
nouveau record pour la rentrée<br />
littéraire d’automne, indique<br />
la revue professionnelle<br />
«Livres-Hebdo». L’an dernier<br />
511 romans avaient été édités<br />
<strong>du</strong>rant cette période.<br />
«Plutôt jeune, le cru <strong>2000</strong> se<br />
distingue par une extrême variété<br />
de tons, de styles et de<br />
sources d’inspiration, même si<br />
l’amour et l’enfance restent dominants»,<br />
a récemment écrit<br />
l’hebdomadaire. Le nombre<br />
de romans étrangers enregistre<br />
une forte progression<br />
(+33 tra<strong>du</strong>ctions), selon la revue<br />
qui souligne la nette domination<br />
de l’anglais.<br />
Le Seuil publiera le plus de<br />
romans (19), devant Gallimard<br />
(18), Flammarion (17),<br />
Albin Michel et Le Rocher<br />
(13), Actes Sud et Grasset<br />
(12), Fayard et Stock (11), Phébus<br />
(10). La moyenne d’âge<br />
des romanciers se situe entre<br />
30 et 40 ans. / afp