couverture Fabienne

Décrocher la lune
On a beaucoup parlé d’indignation, au cours des derniers mois. On a parlé. On a parfois campé - sur
des pelouses ou sur des positions. On a, aussi, cassé. Incendié.
Pendant ce temps, d’autres ont choisi d’avancer. Et de construire. C’est le cas de la Fondation
Trajets, dans un domaine qui peut légitimement indigner : la situation de grande détresse où se
trouvent des jeunes que l’on dit « en rupture ». Des jeunes dont on se dit, souvent, qu’ils sont la
cause de nombreux problèmes. Et dont on oublie de se demander quelles sont les causes de leurs
problèmes, à eux. Un prétexte pour délaisser ces jeunes dont personne ne veut, qui s’isolent
socialement et oscillent entre déprime, violence et dépendances.
Des dizaines de jeunes adultes qui n’ont rien réussi jusqu’ici. L’école ? Echec. La famille ? Le plus
souvent, un désastre. Le travail ? Néant. Les amis ? Alcool, abus de substances bagarres. Si pour le
commun des mortels, depuis Sartre, « l’enfer c’est les autres », pour eux, l’enfer, c’est en eux.
La fondation Trajets s’est indignée. Pour eux, et non contre eux. Elle refuse la fatalité et innove,
pour eux. Elle a inauguré, pour eux, l’atelier « Move on ! » (« bouge-toi »). Objectif : les réinsérer
professionnellement, alors qu’ils ne parviennent jusqu’ici pas à gérer les étapes les plus sommaires
de la vie en société. Autant dire, décrocher la lune.
C’est ce genre d’ambition qui fait la noblesse de l’être humain. Sa capacité à s’indigner au lieu de
se résigner, et à transformer l’indignation en action. C’est parce qu’elle veut décrocher la lune, que
la Fondation Trajets finira, un jour, par y parvenir.
Au nom du Conseil d’Etat, j’adresse ici mes remerciements à toutes celles et ceux qui, au quotidien,
autour du conseil de fondation et du directeur général Michel Pluss, continuent à voir la lune, quand
les autres ne voient que la nuit.
François Longchamp
Conseiller d’Etat
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