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Position et production de l'artiste dans un contexte périurbain - Blog

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POSITION ET PRODUCTION DE L’ARTISTE DANS UN CONTEXTE PERIURBAIN<br />

“ Ombres vues par les yeux d'<strong>un</strong> enfant. Ou par ceux d'<strong>un</strong> artiste adulte qui sait se remémorer<br />

l'étrang<strong>et</strong>é fondamentale <strong>de</strong> ces choses sombres jamais bien situables, toujours à mi-chemin entre <strong>un</strong>e<br />

inexistence <strong>et</strong> <strong>un</strong>e insistance. Ombres vues avec les yeux <strong>de</strong> l'animisme, dont on aura compris<br />

l'avantage considérable sur les systèmes classiques <strong>de</strong> la philosophie (le spiritualisme, par exemple):<br />

c'est qu'il regar<strong>de</strong> les choses au plus près <strong>de</strong> leur puissance matérielle comme <strong>de</strong> leur puissance<br />

d'apparition. Parmiggiani travaille avec la matière <strong>de</strong> l'ombre parce que celle-ci, à ses yeux, constitue le<br />

“lieu occulte où prennent forme images <strong>et</strong> idées”; parce que “l'ombre est le sang <strong>de</strong> la lumière”. ”<br />

Georges Didi-Huberman, Génie du non-lieu, p. 105.<br />

“ Delocazione, en ses multiples versions, ne serait-elle pas elle-même le “déplacement” répété, le<br />

voyage fantomatique du premier atelier, la maison en cendres noyée <strong>dans</strong> les grisailles du Pô? Ce<br />

pourrait être, du moins, notre fable – notre passagère tentation – interprétative. ”<br />

Georges Didi-Huberman, Génie du non-lieu, p. 143.<br />

Valais, lieu originaire <strong>et</strong> primitif<br />

Le Valais se présente sous différents points <strong>de</strong> vue comme <strong>un</strong>e terre originaire <strong>et</strong> utopique. Pour les<br />

peintres, <strong>dans</strong> la première moitié du XX e siècle, peintres venus <strong>de</strong>s régions urbaines <strong>de</strong> Suisse, le Valais<br />

incarne <strong>un</strong> lieu primitif où les coutumes sont importantes (fêtes, traditions, religion, costumes), la<br />

nature sauvage <strong>et</strong> les conditions <strong>de</strong> vie, saines <strong>et</strong> ru<strong>de</strong>s.<br />

Dans sa correspondance au poète romand Gustave Roud, René Auberjonois exprime à la fois son désir<br />

<strong>de</strong> restituer la grâce du lieu, sa force utopique <strong>et</strong> originaire, <strong>et</strong> se dresse contre les essais <strong>de</strong>s autres<br />

peintres, qui, cherchant aux aussi à faire percevoir <strong>un</strong>e nature authentique, tombent <strong>dans</strong> les lieux<br />

comm<strong>un</strong>s :<br />

“ Ce Valais ! il faudra bien que pendant les quelques années qui me restent à vivre j’en tire quelque<br />

chose d’autre que les Saviézannes en costumes chantées par les Biéler, Dallèves <strong>et</strong> autres grands<br />

peintres immortalisés par leurs stupi<strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> genre. Toutes ces gran<strong>de</strong>s architectures se prêtent à<br />

<strong>un</strong>e réalisation paraissant toute simple <strong>de</strong> prime abord. Une maison blanche, <strong>un</strong>e route qui fuit, <strong>un</strong><br />

arbre vert <strong>et</strong> noir sali <strong>de</strong> poussière, <strong>et</strong> le noir d’<strong>un</strong> mul<strong>et</strong>, le noir d’<strong>un</strong>e jupe, le toute enveloppé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

lumière d’éclipse si particulière au pays. ”<br />

René Auberjonois, Avant les autruches, après les iguanes. L<strong>et</strong>tres à Gustave Roud, p. 215, l<strong>et</strong>tre 6 octobre 1934.<br />

Dès le XVIIIe siècle, le Valais correspond, pour les philosophes venus <strong>de</strong> la ville, à <strong>un</strong> lieu originaire, ses<br />

habitants aux premiers hommes, bons sauvages préservés <strong>de</strong> tout contact avec <strong>un</strong>e civilisation néfaste :<br />

“ C'est alors qu'elle découvre la montagne <strong>et</strong> le montagnard. Et elle a comme <strong>un</strong>e révélation. Face à sa<br />

propre crise qu'elle vit parfois comme sa décomposition, la ville découvre là-haut <strong>un</strong> mon<strong>de</strong> intact,<br />

authentique <strong>et</strong> naturel. C<strong>et</strong> homme, ce paysan-montagnard lui paraît comme ce bon sauvage à l'état<br />

<strong>de</strong> nature. Et elle proj<strong>et</strong>te en lui, <strong>dans</strong> l'<strong>un</strong> <strong>de</strong>s plus grands mythes mo<strong>de</strong>rnes, la réconciliation <strong>de</strong><br />

l'homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nature. Elle fera ici, avec l'habitant <strong>de</strong>s montagnes, ce que certains, aux sources <strong>de</strong><br />

l'<strong>et</strong>hnographie, vont chercher <strong>dans</strong> les continents lointains. Dans les <strong>de</strong>ux cas, il s'agit, par le détour <strong>de</strong><br />

la science <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'aventure, <strong>de</strong> trouver la terre <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> réconciliation, où l'homme <strong>dans</strong> son<br />

organisation, ses symboles <strong>et</strong> son système <strong>de</strong> pouvoir, serait comme le prolongement sans coupure <strong>de</strong><br />

la terre, sa matrice originelle. Que ce soit chez les sauvages lointains ou chez les sauvages <strong>de</strong>s<br />

montagnes, la quête d'<strong>un</strong> nouveau rapport entre la nature <strong>et</strong> la culture est i<strong>de</strong>ntique. Les paysans <strong>de</strong>s<br />

montagnes furent les exotiques <strong>de</strong> l'intérieur avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir le modèle intégré <strong>de</strong> la mère-patrie. ”<br />

Bernard Cr<strong>et</strong>taz, Un village suisse, p. 16.<br />

Proj<strong>et</strong> DORE – ECAV, 2001 24

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