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Position et production de l'artiste dans un contexte périurbain - Blog

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POSITION ET PRODUCTION DE L’ARTISTE DANS UN CONTEXTE PERIURBAIN<br />

conteur croit aux contes. Pour lui les contes sont vrais car ils reproduisent <strong>de</strong>s faits qui se sont vraiment<br />

passé, <strong>et</strong> ils sont vrais parce qu'ils produisent eux-mêmes <strong>de</strong> la vérité.<br />

Un conte a besoin d’être dit, <strong>et</strong> il existe parce qu’il est dit : il relate quelque chose du mon<strong>de</strong>, il fait<br />

exister c<strong>et</strong>te chose, la révèle, lui donne naissance, puis pour que le récit ne meure pas <strong>et</strong> pour que le<br />

sens <strong>de</strong>meure, il doit être perpétré, transmis, répété. Il a <strong>un</strong>e importance sociale, <strong>de</strong> constitution du<br />

groupe <strong>et</strong> <strong>de</strong> la collectivité.<br />

“ Le “dire” va impliquer <strong>de</strong>ux fonctions importantes. En tant que tel, il appelle l'auditeur <strong>et</strong> la<br />

comm<strong>un</strong>ication. On est ainsi introduit à la dimension comm<strong>un</strong>autaire <strong>de</strong> l’événement. A leur origine,<br />

les contes-événements existent pour <strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>auté. C'est elle qui en ouvre la possibilité, qui en<br />

fon<strong>de</strong> la légitimité <strong>et</strong> qui en détient le co<strong>de</strong>. Pour ces raisons, les histoires redéfinissent les liens entre<br />

personne <strong>et</strong> groupe <strong>et</strong> redistribuent les rôles. ”<br />

Bernard Cr<strong>et</strong>taz, Un village suisse, p. 337.<br />

“ Tous ces niveaux indiquent que les contes sont situés <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e société <strong>un</strong>ifiée dont la totalité est<br />

signifiante. De l'expérience collective à l'expérience individuelle, il y a <strong>un</strong> lien. La totalité sociale se vit<br />

selon le même <strong>de</strong>stin que la totalité individuelle. Or la distanciation progressive face à la terre par la<br />

médiation d'<strong>un</strong> milieu technique; l'éclatement <strong>de</strong> l'ancien système <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'ancienne comm<strong>un</strong>auté;<br />

l'avènement d'<strong>un</strong> nouveau système qui n'est plus <strong>un</strong>e totalité signifiante: tout cela laisse s'opérer la<br />

montée du suj<strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rne, du privé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'individu. Celui-ci n'a plus la grammaire, ni le co<strong>de</strong> qui, par le<br />

conte, le lie au groupe, <strong>et</strong> qui lui perm<strong>et</strong> l'expérience qui fon<strong>de</strong> le conte. Ce qui était “<strong>de</strong>hors” est<br />

passé “<strong>de</strong><strong>dans</strong>”. Comme la vie comm<strong>un</strong>autaire a fait place à l'existence privée, ce que l'individu vivait<br />

“<strong>de</strong>hors”, il le vit “<strong>de</strong><strong>dans</strong>”. La totalité a éclaté d'<strong>un</strong>e part vers le <strong>de</strong><strong>dans</strong> <strong>de</strong> l'homme. D'autre part, elle<br />

s'est éloignée, concentrée ou globalisée ailleurs. Il n'y a plus d'expérience possible <strong>dans</strong> <strong>un</strong> conte où<br />

soient joints l'individu <strong>et</strong> la totalité. S'il fallait chercher les restes <strong>de</strong>s contes, nous en trouverions <strong>de</strong>s<br />

bribes à l'intérieur <strong>de</strong> nous <strong>et</strong> d'autres “là-bas” <strong>dans</strong> la <strong>production</strong> culturelle. ”<br />

Bernard Cr<strong>et</strong>taz, Un village suisse, p. 404.<br />

Pour notre étu<strong>de</strong>, la question s’est sans cesse posée du “ comment raconter le lieu ”, “ comment<br />

recueillir <strong>de</strong>s paroles <strong>et</strong> expériences sur le lieu ” <strong>et</strong> “ comment transm<strong>et</strong>tre les différents récits, reçus <strong>et</strong><br />

inventés ” sans tomber <strong>dans</strong> le folklore, ou le reportage documentaire réaliste ou pseudo-objectif.<br />

Comment habiter <strong>un</strong>e parole, comment éviter l’écueil <strong>de</strong>s stéréotypes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s lieux comm<strong>un</strong>s, comment<br />

esquiver la nostalgie. Nous tendions vers l’invention d’<strong>un</strong>e parole singulière, d’<strong>un</strong> récit qui se dirige vers<br />

<strong>un</strong>e fiction. Trouver le relief, l’anecdote qui perm<strong>et</strong>te <strong>de</strong> dépasser le terroir, <strong>de</strong> rendre le lieu vivant,<br />

fragile, incertain, sans l’enfermer <strong>dans</strong> <strong>un</strong>e formule éculée.<br />

Sans cesse confrontés au “ typique ”, aux recueils <strong>de</strong> contes ou <strong>de</strong> photographies <strong>dans</strong> l’esprit “Sierre<br />

autrefois” véhiculant <strong>un</strong>e nostalgie étouffante sur les coutumes disparues <strong>et</strong> les lieux détruits, nous<br />

avons essayé d’éviter ces écueils qui instituent <strong>un</strong>e parole dominante sur le Valais. Les contes figés <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s formes vi<strong>de</strong>s donnent naissance au folklore <strong>et</strong> c’est tout. Ils ne nous concernent plus, ne<br />

transm<strong>et</strong>tent auc<strong>un</strong>e expérience, se vi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur contenu symbolique. Par contre lorsqu’<strong>un</strong> écrivain,<br />

<strong>un</strong> artiste, prend possession d’<strong>un</strong>e légen<strong>de</strong> <strong>et</strong> la revisite, celle-ci à nouveau nous interpelle, r<strong>et</strong>rouve <strong>un</strong><br />

sens, rencontre notre imaginaire. Il faut que l’histoire <strong>de</strong>venue anonyme trouve <strong>un</strong> corps, soit prise en<br />

charge par <strong>un</strong>e parole singulière qui la transm<strong>et</strong>te sous <strong>un</strong>e forme neuve. Notre position : inventer <strong>un</strong>e<br />

forme entre le documentaire <strong>et</strong> la fiction, entre le discours <strong>et</strong> le récit, entre la légen<strong>de</strong> <strong>et</strong> la fiction.<br />

Celui qui mène l'enquête s'en mêlera, revendiquera son corps, son visage, sa voix.<br />

Pierre Imhasly, <strong>dans</strong> son volumineux ouvrage sur le Valais, intitulé Rhone Saga, invente <strong>un</strong>e forme pour<br />

dire le Rhône. Il crée <strong>un</strong>e saga en suivant le cours du fleuve. Le lieu s’incarne <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s personnes<br />

(Corbusier, Chappaz, Corinna Bille, Bouvier, Cr<strong>et</strong>taz entre autres), il recherche <strong>un</strong>e famille, <strong>de</strong>s<br />

parentés. Imhasly compose son livre graphiquement, mêlant typographies, photographies, <strong>de</strong>ssins, <strong>et</strong><br />

Proj<strong>et</strong> DORE – ECAV, 2001 30

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