Vers l'égalité entre les genres au Burkina Faso - Sida
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Les moyens d’existence rur<strong>au</strong>x<br />
Dans <strong>les</strong> documents officiels sur le développement, des variations sur le<br />
schéma suivant du rôle des femmes dans l’agriculture sont souvent reproduites.<br />
67<br />
Dans le premier cas, dans la ferme familiale, <strong>les</strong> femmes participent à<br />
toutes <strong>les</strong> opérations. De plus, el<strong>les</strong> cultivent des champs personnels. C’est<br />
le cas parmi <strong>les</strong> Mossis, Gourmantches, Bissas et Samos (dans <strong>les</strong> parties<br />
du c<strong>entre</strong> et de l’est du pays) et parmi <strong>les</strong> Bwas, Gouins, Turkas, etc. (dans<br />
<strong>les</strong> parties de l’ouest du pays). Le riz est une culture féminine d’après <strong>les</strong><br />
Bissas et <strong>les</strong> Gouins.<br />
Dans le second cas, <strong>les</strong> hommes préparent et labourent <strong>les</strong> champs que<br />
<strong>les</strong> femmes sèment. Par la suite, <strong>les</strong> femmes sont libres de poursuivre<br />
d’<strong>au</strong>tres activités, jusqu’à la récolte, pendant laquelle el<strong>les</strong> ont des tâches<br />
spécifiques déterminées par le genre. Les femmes peuvent avoir des<br />
champs personnels. C’est le cas parmi <strong>les</strong> Bobos, <strong>les</strong> Gourounsis et <strong>les</strong><br />
Senoufos du sud.<br />
Le troisième cas ressemble <strong>au</strong> second dans la mesure ou la participation<br />
des femmes dans l’agriculture est limitée à la semence et à la récolte.<br />
Mais el<strong>les</strong> n’ont pas de champs personnels. El<strong>les</strong> se conc<strong>entre</strong>nt sur des<br />
petites activités commerçantes, surtout la préparation de la bière. C’est le<br />
cas des Dagaras, Lobis etc. (dans la région du sud-ouest).<br />
Dans le quatrième cas, <strong>les</strong> femmes ne travaillent pas du tout sur le<br />
champ familial. C’est le cas pour <strong>les</strong> groupes Peuls, Rimaibes, Bellas <strong>au</strong><br />
nord, pour qui l’elevage est considéré comme le mode de vie idéal, et<br />
pour <strong>les</strong> Dafings, très musulmans, du nord-ouest. Dans ces groupes, <strong>les</strong><br />
femmes ont parfois des champs personnels. El<strong>les</strong> s’occupent <strong>au</strong>ssi de<br />
l’élevage du petit bétail et du commerce. Ce sont <strong>au</strong>ssi <strong>les</strong> activités principa<strong>les</strong><br />
des Senoufos du nord (dans le nord-ouest).<br />
La description ci-dessus est simplifiée et ne rend pas compte du fait<br />
que la division du travail selon le genre est constamment renégociée en<br />
réponse <strong>au</strong>x nouvel<strong>les</strong> situations et à la nécessité économique. Comme il<br />
sera montré dans <strong>les</strong> trois exemp<strong>les</strong> ci-dessous, <strong>les</strong> femmes ont pris de<br />
nouvel<strong>les</strong> tâches et responsabilités dans l’agriculture.<br />
La notion de complémentarité <strong>entre</strong> le mari et la femme est très<br />
répandue en Afrique de l’Ouest. En principe, le mari fournit <strong>les</strong> céréa<strong>les</strong><br />
pour le tô, la pâte du mil quotidien et <strong>les</strong> femmes fournissent la s<strong>au</strong>ce <strong>au</strong><br />
légume pour compléter le plat. 68 Comme décrit plus h<strong>au</strong>t, la femme, dans<br />
la plupart des sociétés loca<strong>les</strong>, contribue <strong>au</strong> travail de production des<br />
céréa<strong>les</strong> sur le champ familial même si le grain est considéré comme la<br />
contribution du mari. La femme est non seulement tenue de transformer<br />
<strong>les</strong> grains en tô mais <strong>au</strong>ssi de fournir la s<strong>au</strong>ce quotidienne avec tous ses<br />
ingrédients. Elle remplit sa part dans la division des responsabilités sans<br />
<strong>au</strong>cune aide (même pécuniaire) de son mari.<br />
Même si <strong>les</strong> conditions environnementa<strong>les</strong> et culturel<strong>les</strong> sont différentes<br />
dans <strong>les</strong> régions du <strong>Burkina</strong> <strong>Faso</strong>, toutes <strong>les</strong> femmes subissent <strong>les</strong><br />
conséquences de la détérioration de l’environnement naturel qui rend de<br />
plus en plus difficile la responsabilité de fournir <strong>les</strong> ingrédients pour la<br />
s<strong>au</strong>ce qui accompagne <strong>les</strong> repas quotidiens. Moudre et piler <strong>les</strong> grains<br />
67 (<strong>Burkina</strong> <strong>Faso</strong> 1993, 1993; Sanwidi et Yacouba 2000)<br />
68 (Venema 1986)<br />
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