3 - IARC
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ONCOGENES ET GENES SUPPRESSEURS DE TUMEUR<br />
RESUME<br />
> Les cellules humaines deviennent<br />
malignes suite à l’activation des<br />
oncogènes et à l’inactivation des gènes<br />
suppresseurs de tumeurs. L'éventail des<br />
gènes impliqués varie de manière<br />
remarquable selon différentes localisations<br />
organiques.<br />
> Les oncogènes stimulent la prolifération<br />
cellulaire et peuvent être surexprimés<br />
par amplification génique (par<br />
exemple, MYC). En outre, les oncogènes<br />
peuvent être activés par des mutations<br />
(par exemple, la famille des gènes RAS).<br />
> Les gènes suppresseurs de tumeur<br />
sont le plus souvent inactivés par<br />
mutations génétiques d'un allèle (copie<br />
de gène), suivies d’une perte de l’allèle<br />
intact au cours de la réplication cellulaire<br />
(mécanisme dit de "doublefrappe").<br />
Ceci conduit à une perte de<br />
l'expression et à l'abolition de la fonction<br />
de suppression, particulièrement<br />
importante dans le contrôle du cycle<br />
cellulaire.<br />
> L'inactivation par mutation des gènes<br />
suppresseurs dans les cellules germinales<br />
est la cause sous-jacente de la<br />
plupart des syndromes tumoraux<br />
héréditaires. Le même type de mutation<br />
peut avoir lieu lors des mutations<br />
survenant tout au long de la vie d'un<br />
individu.<br />
Définitions<br />
La nature multi-étapes de la cancérogenèse<br />
est admise depuis longtemps<br />
(Cancérogenèse multi-étapes, p. 84). Ces<br />
20 dernières années, des études expérimentales<br />
sur des animaux et des études<br />
pathologiques moléculaires ont convergé<br />
pour établir la notion selon laquelle<br />
chaque étape dans la transformation<br />
maligne est déterminée par un nombre<br />
limité de modifications dans un petit sousensemble<br />
de plusieurs milliers de gènes<br />
cellulaires [1]. Les termes ‘oncogène’ et<br />
‘gène suppresseur de tumeur’ sont<br />
couramment utilisés pour identifier les<br />
ensembles de gènes impliqués dans ces<br />
séquences d’événements [2]. Ces deux<br />
groupes de gènes sont extrêmement différents<br />
en termes de nature et de fonction.<br />
Un oncogène est un gène dont la<br />
fonction est activée dans le cancer. Un<br />
certain nombre de mécanismes cellulaires<br />
simples aboutissent à cette activation,<br />
dont les mutations ponctuelles qui<br />
activent une enzyme de manière constitutive,<br />
les délétions qui suppriment les<br />
régions régulatrices négatives des protéines,<br />
ou l'augmentation de l'expression<br />
qui résulte de la dérégulation du promoteur<br />
ou de la multiplication du nombre de<br />
copies du gène (phénomène dénommé<br />
‘amplification’ [3]). L’activation d’un oncogène<br />
est un mécanisme dominant, étant<br />
donné que la modification d’un seul allèle<br />
est suffisante pour conférer un gain de<br />
fonction pour l’initiation ou la progression<br />
d'un cancer. L’homologue non activé d'un<br />
oncogène est parfois appelé ‘protooncogène’.<br />
Un proto-oncogène est en fait<br />
un gène ‘normal à tous égards, ayant<br />
souvent d'importantes fonctions dans le<br />
contrôle de la signalisation de la prolifération,<br />
de la différenciation, de la motilité et<br />
de la survie cellulaires.<br />
Un gène suppresseur de tumeur est un<br />
gène dont la modification au cours de la<br />
cancérogenèse se traduit par la perte<br />
d'une propriété fonctionnelle essentielle<br />
pour le maintien de la prolifération cellulaire<br />
normale. La perte de fonction d'un<br />
gène suppresseur de tumeur est le plus<br />
souvent un mécanisme récessif. En effet,<br />
dans la plupart des cas, les deux copies<br />
du gène doivent être inactivées pour désactiver<br />
la fonction correspondante.<br />
L'inactivation des gènes suppresseurs de<br />
tumeur se produit par la perte d’allèles (la<br />
plupart du temps par la perte de sections<br />
chromosomiques entières englobant<br />
plusieurs dizaines de gènes), par de<br />
petites délétions ou insertions qui brouillent<br />
le cadre de lecture du gène, par<br />
l’atténuation transcriptionnelle consécutive<br />
à l’altération de la région promotrice,<br />
ou par des mutations ponctuelles qui<br />
changent la nature de résidus essentiels à<br />
l’activité de la protéine correspondante.<br />
On a récemment découvert que les gènes<br />
suppresseurs de tumeur pouvaient être<br />
sous-divisés en deux groupes principaux.<br />
Les gènes du premier groupe sont<br />
surnommés ‘garde-barrières’. Leurs produits<br />
contrôlent les barrières qui se trouvent<br />
sur les voies signalétiques de la prolifération<br />
cellulaire. Essentiellement, les<br />
gènes garde-barrières sont des régulateurs<br />
négatifs du cycle cellulaire, agissant<br />
comme des ‘freins’ sur le contrôle de la<br />
division cellulaire. Les gènes du second<br />
groupe sont dénommés ‘concierges’, étant<br />
donné que leur principale fonction n'est<br />
pas de contrôler la vitesse ni la durée de<br />
la division cellulaire, mais plutôt sa précision.<br />
Les gènes concierges sont généralement<br />
impliqués dans la réparation de<br />
l’ADN et dans le contrôle de la stabilité<br />
génomique. Leur inactivation ne stimule<br />
pas la division cellulaire en soi, mais sensibilise<br />
la cellule pour qu’elle acquière<br />
rapidement d’autres modifications génétiques<br />
[4]. La combinaison de l'activation<br />
d’oncogènes et de l'inactivation de gènes<br />
suppresseurs de tumeur régit l’évolution<br />
du cancer. Les conséquences biologiques<br />
les plus évidentes de ces altérations sont<br />
la prolifération cellulaire autonome, l’augmentation<br />
de la capacité à acquérir des<br />
modifications génétiques dues à une<br />
Instabilité<br />
génétique<br />
Angiogenèse<br />
Croissance<br />
autonome<br />
Potentiel<br />
invasif<br />
Potentiel<br />
de<br />
réplication<br />
illimité<br />
Fig. 3.15 Puzzle du cancer: une multitude de fonctions<br />
doivent être altérées pour que la tumorigenèse<br />
ait lieu.<br />
Oncogènes et gènes suppresseurs de tumeur 97