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Nuisances sonores aéroportuaires - Centre d'information et de ...

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore – Avignon<br />

18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005<br />

Sommaire<br />

Avant-propos 2<br />

Allocutions d’ouverture<br />

Thierry Trouvé, directeur <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s pollutions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s risques, ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable 3<br />

François Leleu, maire adjoint d’Avignon, chargé <strong>de</strong> l’environnement 6<br />

Marcelle Ramon<strong>et</strong>, prési<strong>de</strong>nte du Conseil national du bruit (CNB), députée du Finistère 7<br />

Séance plénière<br />

Protéger la santé <strong>de</strong>s citoyens, fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la directive 2002/49/CE 10<br />

Séance plénière<br />

La gestion <strong>de</strong> l'environnement sonore urbain : cadres européen <strong>et</strong> national 16<br />

Séance plénière<br />

Des politiques globales pour réduire le bruit en agglomération 23<br />

Séance plénière<br />

Des politiques nationales fondées sur l’analyse <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices 33<br />

Séance plénière<br />

Les outils pour prévenir <strong>et</strong> réduire le bruit <strong>de</strong>s transports en milieu urbain en France : exemples <strong>de</strong> mise en œuvre 38<br />

Atelier<br />

Recherche en acoustique : bilan d’étape du programme "Bruit <strong>et</strong> nuisances <strong>sonores</strong>" 54<br />

Atelier<br />

<strong>Nuisances</strong> <strong>sonores</strong> aéroportuaires 64<br />

Atelier<br />

Programme européen Harmonoise : les métho<strong>de</strong>s harmonisées <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> l’exposition au bruit dans le cadre <strong>de</strong> la directive<br />

européenne<br />

Atelier<br />

Confort acoustique dans les bâtiments – Maîtrise <strong>de</strong>s maillons <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> l’acoustique dans les logements <strong>et</strong> le tertiaire,<br />

en neuf <strong>et</strong> en réhabilitation : prévision, produits, mise en œuvre, mesure <strong>et</strong> contrôle<br />

78<br />

83<br />

Atelier<br />

Bruits <strong>et</strong> vie quotidienne 95<br />

Atelier<br />

Cartographie <strong>et</strong> surveillance du bruit urbain 111<br />

Allocution <strong>de</strong> clôture<br />

François Leleu, maire adjoint d’Avignon, chargé <strong>de</strong> l’environnement 126<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 1


Avant-propos<br />

Alice Debonn<strong>et</strong>-Lambert, directrice du <strong>Centre</strong> d’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> documentation sur le bruit<br />

Après Strasbourg en 1995, Paris en 1998, Angers en 2001,<br />

Avignon accueillait en janvier 2005 les quatrièmes Assises <strong>de</strong><br />

la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore. Ces Assises, dont<br />

l’initiative revient au ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du<br />

Développement durable, ont pour objectif <strong>de</strong> réunir les<br />

acteurs intervenant dans les domaines <strong>de</strong> la gestion du bruit<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l'environnement sonore pour faire le bilan<br />

<strong>de</strong>s recherches <strong>et</strong> <strong>de</strong>s politiques menées dans ce secteur <strong>et</strong><br />

élaborer <strong>de</strong>s pistes pour l'avenir. Tous ceux qui agissent au<br />

quotidien pour l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement sonore<br />

participent à ce ren<strong>de</strong>z-vous <strong>et</strong> y expriment leur point <strong>de</strong><br />

vue.<br />

La directive européenne relative à l'évaluation <strong>et</strong> à la<br />

gestion du bruit dans l'environnement, <strong>et</strong> sa transcription en<br />

droit français (ordonnance du 14 novembre 2004),<br />

constituent le fil conducteur <strong>de</strong> ces Assises 2005.<br />

Ces trois journées s'adressent principalement aux autorités<br />

publiques concernées directement par la mise en œuvre <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te directive : régions <strong>et</strong> départements, communautés<br />

urbaines <strong>et</strong> d'agglomération, villes, gestionnaire d'aéroports,<br />

services <strong>de</strong> l'État...<br />

Sont aussi directement impliqués les consultants, bureaux<br />

d'ingénierie opérationnelle <strong>et</strong> agences d’urbanisme<br />

intéressés par les techniques <strong>de</strong> cartographie <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

surveillance (monitoring) du bruit dans l'environnement <strong>et</strong> la<br />

mise en place <strong>de</strong> plans d'action <strong>de</strong> lutte contre le bruit.<br />

Ces journées sont également ouvertes à un public plus large<br />

qui vient s'exprimer dans le cadre <strong>de</strong>s ateliers thématiques :<br />

responsables <strong>de</strong> laboratoire <strong>de</strong> recherche, fabricants <strong>de</strong><br />

matériaux acoustiques, professionnels du secteur <strong>de</strong> la<br />

santé, représentants d'associations…<br />

PAGE 2<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Allocution d’ouverture<br />

Thierry Trouvé, directeur <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s pollutions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s risques, ministère <strong>de</strong> l’Écologie<br />

<strong>et</strong> du Développement durable<br />

En matière <strong>de</strong> bruit, comme pour tous les suj<strong>et</strong>s<br />

d’environnement ou <strong>de</strong> risques, les échanges d’expériences,<br />

la qualité scientifique ainsi que la transparence <strong>de</strong><br />

l’information sont nécessaires pour mener à bien la lutte<br />

contre les nuisances <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> ai<strong>de</strong>r les maîtres d’ouvrages<br />

<strong>et</strong> les déci<strong>de</strong>urs dans leurs orientations <strong>et</strong> leurs choix<br />

stratégiques. Le programme <strong>de</strong> travail riche <strong>et</strong> varié <strong>de</strong> ces<br />

trois jours <strong>de</strong>vrait contribuer à atteindre ces objectifs.<br />

Le bruit figure, vous le savez, parmi les préoccupations que<br />

nos concitoyens placent en tête <strong>de</strong> liste dans les enquêtes<br />

d’opinion. La <strong>de</strong>rnière enquête <strong>de</strong> l’Insee parue en 2002 le<br />

confirme. À la question : « quels problèmes dans votre<br />

commune ou votre quartier vous préoccupent le plus », 54%<br />

<strong>de</strong>s habitants d’agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 000 habitants<br />

se déclarent gênés par le bruit à leur domicile ; le bruit est<br />

ainsi cité <strong>de</strong>vant le manque <strong>de</strong> sécurité ou la pollution. Qu’il<br />

s’agisse <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> voisinage, <strong>de</strong> ceux provoqués par<br />

les infrastructures <strong>de</strong> transports terrestres ou aériens, ou<br />

encore <strong>de</strong> ceux liés aux performances acoustiques du<br />

bâtiment, tous sont ressentis comme une agression, un<br />

facteur d’atteinte à la santé…<br />

La lutte contre les nuisances <strong>sonores</strong> n’est pas une action<br />

récente <strong>de</strong>s pouvoirs publics. L'édifice réglementaire est en<br />

place <strong>de</strong>puis 1992 grâce à la loi du 31 décembre 1992 qui a<br />

permis d’encadrer strictement la lutte contre le bruit. Le<br />

bilan <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi dressé par le Conseil national du bruit,<br />

voici maintenant <strong>de</strong>ux ans, soulignait le travail<br />

réglementaire accompli <strong>et</strong> préconisait une mobilisation <strong>de</strong><br />

l'ensemble <strong>de</strong>s acteurs impliqués en matière <strong>de</strong> lutte contre<br />

le bruit.<br />

C'est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont<br />

manifesté la volonté <strong>de</strong> redynamiser l'action <strong>de</strong> l'État dans<br />

ce domaine en présentant le 6 octobre 2003 un plan national<br />

d'actions contre le bruit. Ce plan d'actions se veut fidèle à<br />

l’esprit <strong>de</strong> la charte <strong>de</strong> l’environnement <strong>et</strong> aux principes qui<br />

ont guidé l’élaboration <strong>de</strong> la stratégie nationale <strong>de</strong><br />

développement durable. Il se veut également réaliste,<br />

concr<strong>et</strong>, adapté aux attentes <strong>de</strong> nos concitoyens, <strong>et</strong> il se<br />

décline selon trois axes : l’isolation acoustique <strong>de</strong>s<br />

logements soumis à un bruit excessif, la lutte contre le bruit<br />

au quotidien, la préparation <strong>de</strong> l’avenir.<br />

Certains <strong>de</strong> nos concitoyens ont leur domicile situé dans une<br />

zone où le bruit est manifestement excessif, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

seuils <strong>de</strong> 70 décibels. Je pense en premier lieu aux riverains<br />

<strong>de</strong>s grands aéroports ou ceux situés à proximité <strong>de</strong> grands<br />

axes <strong>de</strong> transports terrestres. À ces nuisances<br />

environnementales peuvent s’ajouter d’autres handicaps,<br />

notamment dans les quartiers urbains défavorisés où la gêne<br />

sonore aggrave la détresse sociale. C'est la raison pour<br />

laquelle <strong>de</strong>s mesures spécifiques pour ai<strong>de</strong>r à l’isolation<br />

acoustique <strong>de</strong> ces logements, orientées vers les quartiers les<br />

plus exposés au bruit ou situés dans les zones urbaines<br />

sensibles ont été engagées. Trois ministères sont<br />

étroitement associés dans ce dispositif. Il s'agit : du<br />

ministère <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> du Développement durable ; du<br />

ministère <strong>de</strong> l'Équipement, <strong>de</strong>s Transports, <strong>de</strong><br />

l'Aménagement du territoire, du Tourisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Mer ; du<br />

ministère <strong>de</strong> l'emploi, du travail <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cohésion sociale,<br />

dont les crédits viennent abon<strong>de</strong>r ceux que mobilisent les<br />

collectivités territoriales.<br />

Dans le domaine du transport aérien, le dispositif d’ai<strong>de</strong> à<br />

l’insonorisation <strong>de</strong>s logements riverains <strong>de</strong>s dix principaux<br />

aéroports a été rénové : <strong>de</strong>puis le premier janvier 2004, les<br />

gestionnaires <strong>de</strong> ces aéroports bénéficient du produit <strong>de</strong> la<br />

taxe prélevée sur les compagnies aériennes, conformément<br />

au principe <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>s nuisances qu’elles génèrent.<br />

C<strong>et</strong>te taxe, qui a sensiblement augmenté au cours <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rnières années (17 M€ en 2003, 34 M€ en 2004, 55 M€ en<br />

2005) est désormais directement <strong>et</strong> intégralement affectée à<br />

l'isolation acoustique <strong>de</strong>s logements situés dans les plans <strong>de</strong><br />

gêne sonore. Ce nouveau dispositif présente divers<br />

avantages : le circuit administratif du traitement <strong>de</strong>s<br />

dossiers est simplifié, l’augmentation significative <strong>de</strong>s<br />

crédits affectés doit perm<strong>et</strong>tre d’ai<strong>de</strong>r les travaux<br />

concernant 8 800 logements par an contre 3 000 avant 2004,<br />

les gestionnaires d’aéroports sont responsabilisés <strong>et</strong> la<br />

transparence <strong>et</strong> l’information du public sont garanties.<br />

L’État, <strong>et</strong> en particulier le ministre <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> du<br />

développement durable, n’abandonne pas sa responsabilité<br />

en la matière : les préf<strong>et</strong>s restent prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s<br />

commissions locales <strong>de</strong> concertation. Les Commissions<br />

consultatives <strong>de</strong> l'environnement (CCE) <strong>et</strong> les ai<strong>de</strong>s à<br />

l'insonorisation sont désormais attribuées sur avis conforme<br />

<strong>de</strong> ces commissions. L'État reste garant en tout état <strong>de</strong><br />

cause du bon fonctionnement <strong>de</strong> ce dispositif.<br />

Afin <strong>de</strong> lutter contre le bruit excessif <strong>de</strong>s transports<br />

terrestres, <strong>de</strong>s mesures spécifiques ont été engagées pour<br />

financer, avec le soutien <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres ministères que je<br />

viens <strong>de</strong> citer (Equipement, Travail, Emploi <strong>et</strong> Cohésion<br />

sociale) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s collectivités locales concernées, l’isolation<br />

acoustique <strong>de</strong> ces logements. Orientées vers les quartiers les<br />

plus exposés au bruit ou situés dans les zones urbaines<br />

sensibles, <strong>de</strong>s opérations d’isolation seront réalisées sur<br />

50 000 logements soumis au bruit <strong>de</strong>s réseaux nationaux<br />

routier <strong>et</strong> ferroviaire d'ici 2008. Ces opérations concernent<br />

en priorité les logements situés en zones urbaines sensibles<br />

<strong>et</strong> exposés à plus <strong>de</strong> 70 décibels le jour ou 65 décibels la<br />

nuit, ainsi que les logements situés hors ZUS mais exposés à<br />

plus <strong>de</strong> 70 décibels le jour <strong>et</strong> 65 décibels la nuit.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 3


Les nuisances <strong>sonores</strong> sont traitées <strong>de</strong> plusieurs manières. La<br />

réduction à la source du bruit est privilégiée, avec <strong>de</strong>s<br />

techniques comme la pose <strong>de</strong> revêtement routier<br />

acoustique, le meulage <strong>de</strong>s rails, le renouvellement <strong>de</strong>s<br />

semelles <strong>de</strong> frein <strong>de</strong>s trains, ou en <strong>de</strong>rnier recours, les<br />

écrans antibruit. En outre, ces opérations comprennent <strong>de</strong>s<br />

travaux d’isolation acoustique <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s, notamment <strong>de</strong>s<br />

étages supérieurs. Enfin, dans certains cas, la lutte contre<br />

les nuisances <strong>sonores</strong> doit passer par la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s<br />

logements <strong>et</strong> leur reconstruction aux normes actuelles.<br />

Le ministre présentera dans les prochaines semaines le bilan<br />

à un an <strong>de</strong> ce vol<strong>et</strong> du plan national d'actions <strong>de</strong>vant le<br />

Conseil national du bruit.<br />

Le bruit au quotidien est le second axe <strong>de</strong> ce plan. Chacun<br />

peut, dans sa vie quotidienne, être agressé par le bruit, dont<br />

les origines sont extrêmement diverses. Il s’agit souvent <strong>de</strong><br />

problématiques locales, qui intéressent en premier lieux les<br />

élus locaux <strong>et</strong> notamment les maires dont je tiens à rappeler<br />

le rôle crucial. Dans ce contexte, l’action du ministère <strong>de</strong><br />

l'Écologie <strong>et</strong> du Développement durable a été ciblée sur<br />

quelques priorités pour lesquelles <strong>de</strong>s progrès sensibles sont<br />

attendus. Afin <strong>de</strong> limiter le stress <strong>et</strong> la fatigue <strong>de</strong>s enfants<br />

<strong>et</strong> du personnel d'encadrement, une campagne <strong>de</strong><br />

réhabilitation acoustique <strong>de</strong> 500 crèches, 500 salles <strong>de</strong> repos<br />

d’écoles maternelles, 500 cantines scolaires <strong>et</strong> 250 salles <strong>de</strong><br />

sport utilisées par les collèges <strong>et</strong> les lycées est engagée sur 5<br />

ans. Des améliorations significatives peuvent être apportées<br />

par les techniques mo<strong>de</strong>rnes à l’acoustique intérieure <strong>de</strong> ce<br />

type <strong>de</strong> locaux. Le ministère <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> du<br />

Développement durable cofinance jusqu' à 50% les travaux<br />

avec les collectivités locales qui souhaitent répondre à c<strong>et</strong><br />

appel à proj<strong>et</strong>s (20% pour les salles <strong>de</strong> sport). De nouvelles<br />

instructions ont été adressées début janvier 2005 aux DIREN<br />

chargées du traitement <strong>de</strong> ces dossiers. Elles assouplissent le<br />

dispositif fixé par la circulaire du 10 février 2004 <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong>tront <strong>de</strong> réserver une suite favorable à un nombre<br />

plus important <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />

En outre, dans le cadre <strong>de</strong> la stratégie nationale <strong>de</strong><br />

développement durable, le gouvernement a décidé <strong>de</strong><br />

consacrer à l’éducation à l’environnement 30 heures dans<br />

l’enseignement primaire <strong>et</strong> autant dans le secondaire à<br />

partir <strong>de</strong> la rentrée 2004/2005. Une partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> horaire<br />

doit être consacrée à l’éducation à l’environnement sonore.<br />

Les matières abordées seront notamment la sensibilisation à<br />

l’écoute, l’éducation au civisme sonore <strong>et</strong> au respect<br />

d’autrui, <strong>et</strong> la prévention <strong>de</strong>s comportements<br />

potentiellement dangereux, comme l’écoute <strong>de</strong> musique<br />

amplifiée. Un CD <strong>de</strong>stiné à tous les enfants du primaire sera<br />

ainsi diffusé au cours <strong>de</strong> l'année scolaire 2005/2006 auprès<br />

<strong>de</strong>s enfants du primaire. La préparation d'outils<br />

pédagogiques à l'intention <strong>de</strong>s collégiens <strong>et</strong> lycéens sera par<br />

ailleurs engagée dès c<strong>et</strong>te année en vue d'une diffusion dans<br />

un an <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi.<br />

Lorsqu'on évoque le bruit au quotidien, on doit également<br />

s'interroger sur les moyens, notamment réglementaires,<br />

perm<strong>et</strong>tant d'effectuer le contrôle <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

Les plaintes contre les nuisances <strong>sonores</strong> ont trop souvent<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’un classement sans suite. Dans le cadre <strong>de</strong> la<br />

mise en place <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> proximité, qui ont la compétence<br />

<strong>de</strong> juger ce type <strong>de</strong> contravention, le ministre <strong>de</strong> la Justice,<br />

gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Sceaux, a donné <strong>de</strong>s instructions, le 16 octobre<br />

2004, pour que ces plaintes soient mieux traitées : les<br />

procureurs ont donc été invités à recourir plus régulièrement<br />

à <strong>de</strong>s dispositions alternatives aux poursuites, telles que le<br />

rappel solennel à la loi, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> régularisation <strong>de</strong><br />

situation, l'obligation <strong>de</strong> réparation ou la médiation pénale.<br />

Ces mesures sont particulièrement indiquées dans le cas <strong>de</strong>s<br />

bruits <strong>de</strong> voisinage où la pacification <strong>de</strong>s relations doit<br />

primer sur la sanction pénale.<br />

Une circulaire complémentaire à l'intention <strong>de</strong> l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>vrait prochainement être signée<br />

par les ministères chargés <strong>de</strong> l'intérieur <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'écologie.<br />

C<strong>et</strong>te circulaire a pour objectif <strong>de</strong> mobiliser les services<br />

préfectoraux chargés du contrôle <strong>de</strong>s nuisances, d'améliorer<br />

la connaissance locale <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> <strong>et</strong>, pour la<br />

première fois, d' abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière spécifique la question<br />

du bruit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux roues motorisés.<br />

Enfin, le <strong>de</strong>rnier vol<strong>et</strong> du plan national d'actions contre le<br />

bruit concerne la recherche sur la perception du bruit <strong>et</strong><br />

contre les nuisances <strong>sonores</strong>, que l’État soutiendra via le<br />

programme PREDIT, à hauteur <strong>de</strong> 5,6 M€ par an. Deux<br />

domaines offrent <strong>de</strong> sérieuses perspectives d’avancées dans<br />

les prochaines années : d’une part, la technologie liée à la<br />

réduction <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> à la source <strong>et</strong>, d’autre part,<br />

les recherches sur la perception même du bruit <strong>et</strong> ses<br />

conséquences.<br />

Le ministère <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> du Développement durable va<br />

accompagner les agglomérations dans la réalisation <strong>de</strong><br />

cartes <strong>de</strong> bruit, qui illustrent graphiquement les niveaux<br />

<strong>sonores</strong> dans les gran<strong>de</strong>s agglomérations. Il soutient par<br />

exemple le proj<strong>et</strong> européen « GipSyNoise » qui regroupe<br />

quinze agglomérations européennes dont dix françaises. Ces<br />

cartes seront un outil d’information du public <strong>et</strong> d’assistance<br />

à l’urbanisme.<br />

Voici donc présenté le plan d’actions contre le bruit qui sert<br />

<strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> conduite aux services <strong>de</strong> l’État compétents en la<br />

matière. Ce plan sera poursuivi en 2005 <strong>et</strong> sera complété par<br />

diverses actions <strong>de</strong> portée nationale. La mise en oeuvre <strong>de</strong><br />

la directive bruit ambiant sera poursuivie. Je me félicite <strong>de</strong><br />

l’application prochaine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te directive, qui va améliorer<br />

la connaissance en matière <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> dynamiser à terme<br />

les politiques publiques. L'ordonnance <strong>de</strong> transposition a été<br />

publiée le 14 novembre 2004, le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> loi sera déposé à<br />

l'Assemblée nationale d'ici 15 jours <strong>et</strong> nous travaillons dès à<br />

présent à l'élaboration <strong>de</strong>s décr<strong>et</strong>s d'application, en liaison<br />

avec l'ensemble <strong>de</strong>s ministères concernés. Inutile d'évoquer<br />

davantage ce suj<strong>et</strong> qui sera largement examiné au cours <strong>de</strong><br />

ces Assises.<br />

Une valorisation <strong>de</strong>s questions relatives au bruit dans la<br />

démarche développement durable sera recherchée : le bruit<br />

est aujourd'hui encore trop peu abordé dans ce cadre, or<br />

plusieurs suj<strong>et</strong>s tels que le bruit <strong>et</strong> l'aménagement urbain, le<br />

bruit <strong>et</strong> le concept <strong>de</strong> haute qualité environnementale<br />

(HQE), ou encore l'éducation <strong>de</strong>s jeunes en matière<br />

d'environnement sonore peuvent enrichir la démarche. Nous<br />

nous efforcerons donc en 2005 <strong>de</strong> mieux intégrer le bruit<br />

dans c<strong>et</strong>te démarche.<br />

Il s'agira également en 2005 <strong>de</strong> promouvoir diverses mesures<br />

techniques relatives : à la qualité acoustique <strong>de</strong>s<br />

infrastructures (encourager la pose <strong>de</strong> revêtements non<br />

bruyants, s'assurer <strong>de</strong> la non dégradation <strong>de</strong> la qualité<br />

acoustique lors d'une modification <strong>de</strong> revêtements, <strong>et</strong>c.) ; à<br />

l'analyse <strong>de</strong>s dégradations du niveau sonore <strong>de</strong>s poids lourds<br />

dans le temps <strong>et</strong> à la définition d'éventuelles mesures<br />

correctives à m<strong>et</strong>tre en oeuvre. L'étu<strong>de</strong> que nous avons<br />

commandée début 2004 vient <strong>de</strong> nous être remise <strong>et</strong> fera<br />

l'obj<strong>et</strong> d'une exploitation dans le courant du premier<br />

semestre 2005.<br />

Le plan bruit, assorti <strong>de</strong> ces actions complémentaires,<br />

représente un proj<strong>et</strong> ambitieux. Mais vous le savez bien, si<br />

l'action <strong>de</strong>s pouvoirs publics a vocation à impulser <strong>de</strong>s<br />

initiatives, elle doit nécessairement s'appuyer, pour être<br />

efficace, sur tous ses partenaires, en l'occurrence ceux <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> famille du bruit : les collectivités mais aussi, bien<br />

sûr, les industriels, techniciens, chercheurs, représentants<br />

PAGE 4<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


d'associations, tous impliqués au premier rang. Dans ce<br />

domaine comme dans d'autres, les réflexions collectives, les<br />

échanges professionnels sont essentiels.<br />

C'est la raison pour laquelle j'attache une gran<strong>de</strong> importance<br />

à ces Assises. Ces trois journées <strong>de</strong> travail vous perm<strong>et</strong>tront<br />

d'abor<strong>de</strong>r successivement tout les aspects <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntification<br />

<strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

Madame Ramon<strong>et</strong>, prési<strong>de</strong>nte du CNB <strong>et</strong> députée du<br />

Finistère, dirigera dès la fin <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te présentation, le débat,<br />

aujourd'hui sous les feux <strong>de</strong> l'actualité, sur la protection <strong>de</strong><br />

la santé <strong>de</strong>s citoyens. Puis les questions relatives à la<br />

protection <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'environnement sonore urbain<br />

seront abordées en début d'après-midi avant <strong>de</strong> traiter en<br />

ateliers <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> aéroportuaires, la recherche<br />

en acoustique <strong>et</strong> le programme européen Harmonoise.<br />

Demain <strong>et</strong> après <strong>de</strong>main, ce programme sera complété par<br />

diverses contributions présentant <strong>de</strong>s actions exemplaires,<br />

qu'il s'agisse <strong>de</strong> politique globale à l'échelle d'une<br />

agglomération ou <strong>de</strong> politiques nationales, menées par<br />

d'autres pays, fondées sur l'analyse <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices.<br />

Demain après-midi, trois ateliers relatifs au bruit au<br />

quotidien, au confort acoustique dans les bâtiments <strong>et</strong>,<br />

enfin, à la cartographie <strong>et</strong> la surveillance du bruit urbain<br />

seront, comme aujourd'hui, organisés en parallèles. Et pour<br />

terminer, jeudi matin, divers outils <strong>de</strong>stinés à prévenir <strong>et</strong><br />

réduire le bruit <strong>de</strong>s transports en milieu urbain vous seront<br />

présentés.<br />

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter <strong>de</strong>s échanges riches<br />

d'enseignements. Je ne pourrai, vous le comprenez, assister<br />

à l'ensemble <strong>de</strong>s travaux, mais mes collaborateurs ici<br />

présents ne manqueront pas <strong>de</strong> me rapporter vos<br />

suggestions, observations ou interrogations…<br />

Je vous remercie <strong>de</strong> votre écoute <strong>et</strong> <strong>de</strong> votre implication<br />

pour c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> cause qu’est le bruit.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 5


Allocution d’ouverture<br />

François Leleu, maire adjoint d’Avignon, chargé <strong>de</strong> l’environnement<br />

Voilà pourquoi, <strong>de</strong>puis quelques années, notre Ville, comme<br />

je suppose un grand nombre en France, a entamé une lutte<br />

contre le bruit qui passe par différentes actions coordonnées<br />

par les services <strong>de</strong> l’Environnement, Hygiène <strong>et</strong> Santé, en<br />

liaison avec le Pôle bruit créé en Préfecture <strong>et</strong> piloté par la<br />

DDASS. Ces actions portent sur <strong>de</strong>s domaines divers dont<br />

voici une liste qui n’est pas exhaustive mais qui n’en révèle<br />

pas moins la multiplicité <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> nuisances <strong>sonores</strong> :<br />

bruits <strong>de</strong> voisinage, bruits <strong>de</strong> musique, bruits<br />

d’équipements, bruits <strong>de</strong> chantiers, aboiements <strong>de</strong> chiens,<br />

bruits <strong>de</strong> lieux musicaux, bruits industriels, ceux liés aux<br />

livraisons <strong>et</strong> enfin tous les bruits qui relèvent <strong>de</strong> l’instruction<br />

sanitaire <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> construire.<br />

En tant qu’adjoint à l’environnement <strong>et</strong> au déplacement<br />

urbain d’Avignon, je suis particulièrement heureux<br />

d’accueillir ces quatrièmes Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore dans le cadre prestigieux, cela a été<br />

déjà rappelé, du Palais <strong>de</strong>s papes, <strong>et</strong> <strong>de</strong> transm<strong>et</strong>tre à tous<br />

les congressistes le souhait <strong>de</strong> bienvenue au nom <strong>de</strong> la Ville<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> son maire, la ministre Marie-José Roig, dont les<br />

obligations ministérielles l’ont r<strong>et</strong>enue à Paris.<br />

Parmi les fléaux <strong>de</strong> la vie mo<strong>de</strong>rne, le bruit est sans doute<br />

celui qui fait le plus <strong>de</strong> ravages, aussi invisibles<br />

qu’assourdissants. En eff<strong>et</strong>, la plupart <strong>de</strong>s conflits <strong>de</strong><br />

voisinage, qui représentent plus <strong>de</strong> 100 000 plaintes par an<br />

en France avec <strong>de</strong>s passages à l’acte parfois spectaculaires,<br />

trouvent leur origine dans c<strong>et</strong>te cause. Stressés par le<br />

rythme <strong>de</strong> leurs préoccupations quotidiennes, nos<br />

contemporains aspirent au calme <strong>et</strong> à la paix, difficilement<br />

compatible avec un environnement bruyant, peu propice à<br />

ce besoin <strong>de</strong> pause <strong>et</strong> d’apaisement.<br />

C’est un fait, nos villes sont <strong>de</strong> plus en plus bruyantes, comme<br />

s’il était entendu que le bruit est le tribut à payer au<br />

développement économique <strong>et</strong> à l’activité commerciale <strong>de</strong>s<br />

centres urbains. Depuis la loi bruit <strong>de</strong> 1992, le nombre <strong>de</strong>s<br />

victimes du bruit en France est loin <strong>de</strong> baisser avec, en tête,<br />

les nuisances <strong>de</strong>s transports terrestres. On estime en eff<strong>et</strong> à<br />

environ 7 millions, soit 12% <strong>de</strong> la population, le nombre <strong>de</strong><br />

français qui sont exposés à <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> supérieures<br />

à 65 dB pour ce qui est <strong>de</strong>s trafics routier <strong>et</strong> ferroviaire. Un<br />

chiffre qui a <strong>de</strong> quoi inquiéter lorsque l’on sait que le bruit,<br />

par <strong>de</strong>là la dimension subjective <strong>de</strong> sa perception, est très<br />

souvent une véritable agression sur la santé, un facteur <strong>de</strong><br />

stress important qui explique notamment l’usage trop<br />

fréquent <strong>de</strong> tranquillisants par nos concitoyens.<br />

Les expositions régulières pendant plusieurs années à <strong>de</strong><br />

forts niveaux <strong>sonores</strong>, comme ceux rencontrés dans<br />

l’industrie ou les discothèques risquent en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

provoquer une baisse d’audition. De façon générale, être<br />

exposé à un bruit non désiré accroît notre niveau <strong>de</strong> stress<br />

<strong>et</strong> peut conduire à la longue à un état <strong>de</strong> fatigue générale<br />

plus sérieux. Apparaissent alors une irritabilité plus<br />

marquée, <strong>de</strong> l’intolérance face aux p<strong>et</strong>its désagréments <strong>de</strong><br />

la vie, une augmentation <strong>de</strong> l’anxiété, voire l’apparition <strong>de</strong><br />

problèmes <strong>de</strong> santé.<br />

Notre municipalité a entrepris une véritable croisa<strong>de</strong> contre<br />

toutes ces pollutions <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> nous avons lancé une<br />

campagne <strong>de</strong> sensibilisation en direction <strong>de</strong> la population<br />

afin <strong>de</strong> lutter contre les bruits <strong>de</strong> voisinage notamment ceux<br />

liés, <strong>et</strong> là je parle plutôt dans le centre historique, au<br />

problème <strong>de</strong>s ordures ménagères. Par ailleurs, nous avons<br />

mis en place <strong>de</strong>s bus hybri<strong>de</strong>s (diesel/électrique) moins<br />

bruyants <strong>et</strong> moins polluants dans l’intra muros grâce à une<br />

action conjointe <strong>de</strong> la communauté d’agglomération <strong>et</strong> du<br />

syndicat en charge <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> l’agglomération<br />

d’Avignon. C<strong>et</strong>te action s’est accompagnée d’une mise en<br />

service <strong>de</strong> véhicules électriques dans le parc municipal,<br />

véhicules légers aussi bien qu’utilitaires notamment pour le<br />

service <strong>de</strong> la propr<strong>et</strong>é urbaine. Dans ce même état d’esprit,<br />

nous participons activement au comité <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> la ligne<br />

TGV, en prenant part aux négociations conduites en liaison<br />

avec les associations <strong>de</strong> défense <strong>et</strong> celles <strong>de</strong> protection <strong>de</strong><br />

l’environnement afin <strong>de</strong> servir au mieux les intérêts <strong>de</strong>s<br />

riverains <strong>de</strong> la voie TGV. Toujours en liaison avec les<br />

associations avignonnaises, nous avons élaboré une charte <strong>de</strong><br />

bonne conduite avec l’aéroclub vauclusien basé sur<br />

l’aérodrome d’Avignon-Caumont. Les négociations avec la<br />

Chambre <strong>de</strong> commerce <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’industrie, les autorités<br />

aéroportuaires <strong>et</strong> l’aviation civile afin <strong>de</strong> limiter les<br />

nuisances engendrées par le trafic <strong>de</strong>s vols sur Avignon <strong>et</strong> les<br />

communes riveraines ont permis <strong>de</strong> satisfaire toutes les<br />

parties grâce à un compromis harmonieux, mais toutefois<br />

encore perfectible. Enfin, au sein <strong>de</strong> la police municipale,<br />

nous avons créé une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement chargée<br />

notamment en matière <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong> lutter contre diverses<br />

nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

À l’ordre du jour <strong>de</strong> ces quatrièmes Assises, il est logique que<br />

nombre <strong>de</strong> thèmes rejoignent les préoccupations <strong>de</strong> notre<br />

ville <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes les villes <strong>de</strong> notre pays, notamment dans le<br />

domaine du développement aéroportuaire, <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong><br />

l’acoustique, <strong>de</strong>s logements <strong>et</strong> du tertiaire <strong>et</strong> en ce qui<br />

concerne également les bruits <strong>de</strong> la vie quotidienne, qui<br />

affectent les bons rapports <strong>de</strong> voisinages dans nos cités. Ces<br />

rapports d’ailleurs connaissent à Avignon une problématique<br />

majeure lors du festival du mois <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> il est vrai qu’à<br />

c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> s’ajoute la spécificité <strong>de</strong>s villes provençales où<br />

l’on prolonge les soirées <strong>et</strong> les conversations à l’extérieur<br />

tandis que d’autres essayent <strong>de</strong> trouver le sommeil, les<br />

fenêtres gran<strong>de</strong>s ouvertes à cause <strong>de</strong> la chaleur.<br />

C’est donc avec une oreille attentive que nous allons suivre<br />

ces Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore afin d’en<br />

tirer les meilleurs enseignements pour améliorer la qualité<br />

<strong>de</strong> vie dans nos villes. Car il est évi<strong>de</strong>nt que la lutte contre<br />

le bruit est un <strong>de</strong>s enjeux majeurs <strong>de</strong> la convivialité, du<br />

bien-être ensemble au sein <strong>de</strong> nos cités <strong>et</strong> l’un <strong>de</strong>s objectifs<br />

principaux d’un développement acceptable par tous.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Allocution d’ouverture<br />

Marcelle Ramon<strong>et</strong>, prési<strong>de</strong>nte du Conseil national du bruit (CNB), députée du Finistère<br />

patients anxio-dépressifs —, s’ajoute un coût social du bruit<br />

encore mal discerné mais aussi une « fracture<br />

environnementale ».<br />

Parmi les objectifs <strong>de</strong> santé publique en France r<strong>et</strong>enus au<br />

niveau du ministère <strong>de</strong> la Santé, <strong>de</strong>ux se réfèrent<br />

directement à la limitation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit. Le premier<br />

objectif est la réduction <strong>de</strong>s pollutions, quelle que soient<br />

leurs sources ; le second objectif concerne le bruit au<br />

travail : Il s’agit <strong>de</strong> réduire <strong>de</strong> 20% en 5 ans le nombre <strong>de</strong><br />

travailleurs exposés à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 85<br />

dB(A) pendant plus <strong>de</strong> 20 heures par semaine, <strong>et</strong> cela sans<br />

port <strong>de</strong> protections auditives.<br />

Ces quatrièmes assises <strong>de</strong> l’environnement sonore<br />

auxquelles je suis heureuse <strong>de</strong> vous voir si nombreux se<br />

déroulent dans ce lieu hautement symbolique pour la<br />

médiation <strong>et</strong> la sérénité : <strong>de</strong>ux notions importantes pour le<br />

suj<strong>et</strong> qui nous rassemble aujourd’hui. Le bruit, qui constitue<br />

une préoccupation majeure <strong>de</strong> nos concitoyens, représente<br />

pour la majorité d’entre eux plus qu’une gêne, une réelle<br />

pollution dégradant la qualité <strong>de</strong> la vie <strong>et</strong> ayant, le cas<br />

échéant, <strong>de</strong>s conséquences importantes sur la santé.<br />

Monsieur le directeur <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s pollutions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

risques du ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du développement<br />

durable vient <strong>de</strong> nous le rappeler.<br />

Aujourd’hui, notre société est parvenue à contrôler la<br />

qualité <strong>de</strong> l’eau, à mesurer la qualité <strong>de</strong> l’air, qui<br />

représentent <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> nuisances avérées <strong>et</strong> dont les<br />

eff<strong>et</strong>s sur la santé sont désormais prouvés. Mais<br />

l’appréhension <strong>et</strong> le traitement <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>, la<br />

connaissance <strong>de</strong> ses conséquences, sont encore très<br />

incomplètes. Si les eff<strong>et</strong>s mécaniques <strong>de</strong> l’exposition au<br />

bruit sur l’acuité auditive sont aujourd’hui patents, les<br />

troubles extra auditifs qu’elle induit sont beaucoup plus<br />

difficiles à cerner. Le philosophe Alain Finkelkraut déclarait<br />

en 2000 : « le silence se meurt, le bruit prend tout le<br />

pouvoir ; c’est la seule calamité écologique dont personne<br />

ne parle ». C<strong>et</strong>te assertion n’est d’ailleurs plus vraie <strong>de</strong>puis<br />

que les pouvoirs publics, prenant la pleine mesure <strong>de</strong> ce<br />

fléau, ont relancé en 2003 la lutte contre le bruit avec le<br />

Plan national d’action. Ledit plan vous sera présenté par M.<br />

Pascal Valentin, <strong>de</strong> la Mission bruit du ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie.<br />

Le bruit est un phénomène complexe tant ses sources sont<br />

nombreuses. Le plus souvent local avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés<br />

d’acceptation variable, ses eff<strong>et</strong>s sont insidieux <strong>et</strong><br />

heureusement rarement mortels, ce qui peut expliquer la<br />

difficulté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s normes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s seuils<br />

communs. L’impact du bruit sur la santé humaine tend à<br />

être minoré, car on perçoit souvent c<strong>et</strong>te question sous<br />

l’angle du confort. Or, la santé <strong>de</strong> l’homme est, selon la<br />

définition donnée dans le préambule <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong><br />

l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la santé, « un état compl<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

bien-être physique, mental <strong>et</strong> social qui ne consiste pas<br />

seulement en une absence <strong>de</strong> maladie ou d’infirmité ». À la<br />

dimension sanitaire bien réelle — j’indiquerai à titre<br />

d’exemple que c’est la première nuisance pour 59 % <strong>de</strong>s<br />

Les conséquences sanitaires du bruit sont aujourd’hui bien<br />

i<strong>de</strong>ntifiées, nous disposons <strong>de</strong> nombreux éléments<br />

établissant clairement la relation entre le bruit <strong>et</strong> divers<br />

paramètres <strong>de</strong> santé. Dans notre environnement, le bruit est<br />

présent naturellement. L’homme est naturellement<br />

bruyant ; cependant, les bruits auxquels il est soumis ont<br />

évolué. Une part significative <strong>de</strong> nos concitoyens vivant le<br />

plus souvent dans <strong>de</strong>s quartiers défavorisés est confrontée à<br />

ce que j’appelais il y a un instant c<strong>et</strong>te fracture<br />

environnementale. Les nuisances ou les eff<strong>et</strong>s liés à<br />

l’environnement y sont souvent vécus avec une plus gran<strong>de</strong><br />

acuité <strong>de</strong> sorte que ces handicaps ten<strong>de</strong>nt à s’additionner<br />

les uns aux autres. Ce sont les nuisances liées au transport<br />

aérien <strong>et</strong> au transport terrestre dans un contexte <strong>de</strong><br />

croissance exponentielle. Ainsi, environ 7 millions <strong>de</strong><br />

français, soit plus <strong>de</strong> 12% <strong>de</strong> la population, sont exposés à<br />

<strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit extérieur excé<strong>de</strong>nt le seuil <strong>de</strong> 65 dB(A)<br />

<strong>de</strong> jour, c’est-à-dire le niveau <strong>de</strong> pression acoustique<br />

continu qui peut être considéré comme la limite à partir <strong>de</strong><br />

laquelle apparaît une forte gêne. Parmi ces 7 millions <strong>de</strong><br />

personnes exposées, on peut estimer que plus <strong>de</strong>s trois<br />

quarts sont <strong>de</strong>s riverains d’infrastructures routières. Pour ce<br />

qui concerne le bruit <strong>de</strong>s transports aériens, on estime,<br />

qu’en France, 500 000 riverains sont gênés aux abords<br />

directs <strong>de</strong>s aéroports, dont 300 000 en Ile-<strong>de</strong>-France. Mais<br />

en Ile-<strong>de</strong>-France, ce sont 2 millions d’habitants qui sont<br />

survolés par <strong>de</strong>s avions volants à moins <strong>de</strong> 3000 mètres<br />

d’altitu<strong>de</strong>. Par ailleurs, une augmentation tendancielle<br />

prévisible du trafic aérien doit être regardée comme une<br />

constante durable. Dans le seul domaine <strong>de</strong>s transports, une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Inspection générale <strong>de</strong>s finances <strong>et</strong> du conseil<br />

général <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées prévoit, d’ici à 2020, une<br />

augmentation minimum <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s déplacements aussi bien<br />

pour la route, que pour le trafic ferroviaire <strong>de</strong>s voyageurs.<br />

L’Organisation mondiale <strong>de</strong> la santé a ainsi constaté, au<br />

travers <strong>de</strong> différentes étu<strong>de</strong>s, que les eff<strong>et</strong>s les plus<br />

fréquemment cités sont les perturbations du sommeil, les<br />

difficultés d’endormissement, les réveils fréquents, dont les<br />

contrecoups sur la santé sont patents, ainsi que le stress <strong>et</strong><br />

les maladies cardiovasculaires, que le bruit <strong>de</strong>s transports<br />

contribue à aggraver, comme les eff<strong>et</strong>s néfastes sur les<br />

systèmes psychophysiologiques. Que les bruits soient<br />

continus, fluctuants ou discontinus, ils ont un impact<br />

d’autant plus important sur notre santé lorsqu’ils se<br />

produisent durant la nuit.<br />

Le développement <strong>de</strong>s loisirs bruyants constitue également<br />

un suj<strong>et</strong> d’inquiétu<strong>de</strong> tant les eff<strong>et</strong>s risquent, dans l’avenir,<br />

d’avoir <strong>de</strong>s répercussions considérables en terme <strong>de</strong> santé<br />

publique. L’utilisation prolongée d’un bala<strong>de</strong>ur, comme<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 7


l’évolution <strong>de</strong>s pratiques d’écoute musicale ont notablement<br />

augmenté le niveau d’exposition au bruit <strong>de</strong>s jeunes. Nous<br />

en mesurons dès à présent les eff<strong>et</strong>s pervers avec les<br />

nombreux cas d’acouphènes, dont une majorité a pour<br />

origine un traumatisme sonore parfois très aigu lié à<br />

l’écoute <strong>de</strong> la musique amplifiée. Ainsi, un lycéen sur dix<br />

présente un déficit auditif parfois irréversible.<br />

Le Conseil national du bruit (CNB) que je prési<strong>de</strong> est<br />

préoccupé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te évolution, ce qui nous a amené à initier<br />

une réflexion sur ce suj<strong>et</strong> précis. Je pense, s’agissant du<br />

bruit, que l’on peut parler <strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> civilisation car les<br />

principales composantes sont ici réunies, la fréquence liée à<br />

l’évolution <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong> l’environnement. À ceci<br />

près ici, que le bruit est un facteur <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> maladie <strong>et</strong><br />

non pas une pathologie en soi. C’est un facteur <strong>de</strong> risque<br />

diffus, faible à p<strong>et</strong>ite dose, mais très élevé pour <strong>de</strong>s millions<br />

<strong>de</strong> personnes exposées d’une façon quasi permanente. Même<br />

si les conséquences sont, à tort, considérées comme moins<br />

dramatiques que d’autres pathologies, nous <strong>de</strong>vons évaluer<br />

dans la globalité son impact sanitaire car, comme toute<br />

maladie <strong>de</strong> civilisation, le bruit n’est pas une fatalité. C’est<br />

le jeu <strong>de</strong> la prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong> la répression qui doit être<br />

actionné pour faire reculer les nuisances <strong>sonores</strong>. C’est<br />

avant tout par la volonté politique que c<strong>et</strong>te cause peut<br />

avancer.<br />

Au niveau <strong>de</strong> la communauté européenne, les premières<br />

actions menées pour résoudre les problèmes <strong>de</strong> bruit<br />

industriel <strong>et</strong> <strong>de</strong>s transports remontent à plus <strong>de</strong> 30 ans. Elles<br />

consistaient essentiellement en <strong>de</strong>s mesures sectorielles<br />

fixant le niveau maximum <strong>de</strong> bruit que pouvaient ém<strong>et</strong>tre<br />

les véhicules routiers, les avions, les machines dans une<br />

optique <strong>de</strong> réalisation du marché unique. Elles ne<br />

s’inscrivaient donc pas dans le cadre d’une politique<br />

générale <strong>de</strong> lutte contre le bruit.<br />

L’élaboration <strong>de</strong> véritables programmes <strong>de</strong> lutte contre le<br />

bruit a, dans un premier temps, relevé <strong>de</strong> la volonté propre<br />

<strong>de</strong> chaque État membre au niveau national. Ainsi, la loi<br />

cadre du 31 décembre 1992 a constitué en France une<br />

avancée importante dans la lutte contre le bruit.<br />

Parallèlement, dans le début <strong>de</strong>s années 90, le bruit causé<br />

par la circulation, l’industrie <strong>et</strong> les activités <strong>de</strong> loisirs a<br />

commencé à s’imposer en Europe comme l’un <strong>de</strong>s principaux<br />

problèmes d’environnement, surtout en zone urbaine, <strong>et</strong><br />

comme la source <strong>de</strong> plainte la plus fréquente du public. Il a<br />

été estimé que près <strong>de</strong> 20% <strong>de</strong>s habitants d’Europe<br />

occi<strong>de</strong>ntale souffraient <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> bruit que les<br />

scientifiques <strong>et</strong> les experts <strong>de</strong> la santé jugeaient<br />

inacceptables, avec les eff<strong>et</strong>s que j’évoquais il y a un<br />

instant. Le cinquième programme d’action en matière<br />

d’environnement élaboré en 1993 prévoyait <strong>de</strong> remédier à<br />

c<strong>et</strong>te situation en fixant certains objectifs à atteindre avant<br />

l’an 2000 en matière d’exposition au bruit par <strong>de</strong>s mesures<br />

relevant du domaine <strong>de</strong> l’information, <strong>de</strong> la technologie, <strong>de</strong><br />

la planification <strong>de</strong> l’économie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la formation. En matière<br />

d’environnement local, un sondage d’Euro-baromètre réalisé<br />

en 1995 a révélé que le bruit était le cinquième suj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

plainte après la circulation routière, la pollution routière, la<br />

dégradation <strong>de</strong>s paysages <strong>et</strong> les déch<strong>et</strong>s, mais était aussi le<br />

seul problème au suj<strong>et</strong> duquel le nombre <strong>de</strong> plaintes<br />

enregistré avait augmenté <strong>de</strong>puis 1992, ce qui traduisait une<br />

sensibilisation croissante <strong>de</strong>s citoyens au problème <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong>. La même année, la proposition <strong>de</strong><br />

réexamen du cinquième programme d’action a annoncé un<br />

programme <strong>de</strong> lutte initié par l’élaboration en 1996 du<br />

premier Livre vert, première étape <strong>de</strong> la mise au point d’un<br />

programme européen <strong>de</strong> lutte contre le bruit constituant<br />

une approche globale d’une politique européenne commune.<br />

La Commission y désignait le bruit comme l’un <strong>de</strong>s<br />

principaux problèmes d’environnement qui se pose en<br />

Europe. Ce texte évoquait les eff<strong>et</strong>s non auditifs du bruit sur<br />

la santé tels que le stress, les réactions cardio-vasculaires<br />

déterminant même certains niveaux cibles d’exposition au<br />

bruit pour les perturbations du sommeil <strong>et</strong> la perception du<br />

langage. Le Livre vert procédait, également, à un état <strong>de</strong>s<br />

lieux tel que l’information sur le bruit <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>s, les<br />

principales zones <strong>de</strong> bruit, le coût social <strong>de</strong> la pollution<br />

sonore, la politique <strong>de</strong> réduction du bruit, <strong>et</strong> évoquait les<br />

mesures à prendre pour évaluer <strong>et</strong> réduire l’exposition au<br />

bruit. Il proposait d’introduire une approche globale d’une<br />

politique européenne <strong>de</strong> lutte contre le bruit, reposant<br />

notamment sur un réel partage <strong>de</strong>s responsabilités, sur <strong>de</strong>s<br />

actions cohérentes visant <strong>de</strong>s objectifs déterminés, sur un<br />

suivi <strong>de</strong>s résultats par <strong>de</strong>s indicateurs pertinents.<br />

La directive 2002/49/CE fait suite aux recommandations<br />

émises dans le Livre vert. C<strong>et</strong>te directive vise à établir une<br />

approche commune <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s États membres pour<br />

évaluer l’exposition <strong>de</strong>s populations au bruit, adopter <strong>de</strong>s<br />

plans d’action <strong>de</strong> prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong> réduction du bruit <strong>et</strong><br />

informer le public. Elle concrétise enfin la prise en compte<br />

<strong>de</strong> la lutte contre le bruit comme une priorité au même titre<br />

que la pollution <strong>de</strong> l’air ou la pollution <strong>de</strong> l’eau. Son premier<br />

constat indique, dans le cadre <strong>de</strong> la politique<br />

communautaire, qu’un niveau élevé <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la<br />

santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’environnement doit être atteint, <strong>et</strong> la<br />

protection contre le bruit est un <strong>de</strong>s objectifs fixés.<br />

Si le bruit au travail a obtenu également un traitement à<br />

l’échelon européen par la directive 2003/10/CE en cours <strong>de</strong><br />

transposition, il n’en est pas <strong>de</strong> même pour les bruits <strong>de</strong><br />

voisinage, qui restent une source importante <strong>de</strong> nuisance<br />

pouvant se cumuler avec d’autres pollutions <strong>sonores</strong>.<br />

Monsieur le directeur <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s pollutions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

risques vient également <strong>de</strong> le rappeler, les pouvoirs publics<br />

ont pour vocation d’impulser <strong>de</strong>s initiatives que tous les<br />

acteurs dans le domaine du bruit doivent relayer. C’est l’une<br />

<strong>de</strong>s missions du CNB que j’ai l’honneur <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r. À c<strong>et</strong><br />

égard, le Conseil a mis en place un comité <strong>de</strong> suivi du plan<br />

bruit composé <strong>de</strong> trois groupes reprenant les trois vol<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />

ce plan, afin <strong>de</strong> suivre, mais aussi <strong>de</strong> favoriser sa mise en<br />

œuvre.<br />

La transposition <strong>de</strong> la directive 2002/49/CE du Parlement <strong>et</strong><br />

du Conseil européen relative à l’évaluation <strong>et</strong> à la gestion du<br />

bruit dans l’environnement, actuellement en cours, est l’une<br />

<strong>de</strong>s actions du troisième vol<strong>et</strong> qui s’intitule : « Préparer<br />

l’avenir ». Je peux vous assurer que le CNB sera très vigilant<br />

à l’égard <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>et</strong> du suivi <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te directive.<br />

De même, le gouvernement s’apprête à publier le décr<strong>et</strong><br />

présenté par le ministère <strong>de</strong> l’Emploi relatif à l’exposition<br />

<strong>de</strong>s travailleurs aux risques dus aux agents physiques (bruit),<br />

pour lequel le CNB vient <strong>de</strong> rendre un avis officiel. Le CNB<br />

constate avec satisfaction que ce nouveau texte constitue<br />

une avancée par rapport au décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1988, notamment en<br />

ce qui concerne l’abaissement <strong>de</strong>s seuils d’action <strong>de</strong> 5 dB(A)<br />

<strong>et</strong> les précisions apportées sur le contenu <strong>de</strong> l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s risques. Le texte donne également <strong>de</strong>s indications sur le<br />

contenu du plan <strong>de</strong> réduction du bruit, en citant <strong>de</strong>s<br />

exemples d’actions.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s textes que je viens d’évoquer, le Conseil s’est<br />

saisi <strong>de</strong> plusieurs questions qui nous sont apparues<br />

essentielles : sur les bruits <strong>de</strong> voisinage, sur la musique<br />

amplifiée, sur l’aviation légère notamment.<br />

Afin <strong>de</strong> prendre notamment en compte certaines<br />

propositions du rapport Ritter sur les difficultés<br />

d’application <strong>de</strong> la réglementation sur les bruits <strong>de</strong><br />

voisinage, propositions <strong>de</strong>stinées à renforcer la défense <strong>de</strong>s<br />

victimes du bruit, le CNB a mis en place un groupe <strong>de</strong><br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


éflexion sur la révision du décr<strong>et</strong> du 18 avril 1995 sur les<br />

bruits <strong>de</strong> voisinage. En eff<strong>et</strong>, les trois premières propositions<br />

<strong>de</strong> ce rapport préconisaient d’abaisser le seuil limite <strong>de</strong><br />

bruit ambiant, ainsi que le terme correctif <strong>de</strong> l’émergence<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> prendre en compte l’émergence par ban<strong>de</strong>s d’octaves<br />

pour l’évaluation <strong>de</strong> la gêne. La proposition 36, quant à elle,<br />

visait à renforcer les pénalités. La réflexion menée avec le<br />

ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable, celui<br />

<strong>de</strong> la Justice, ainsi que les ministères chargés <strong>de</strong> la santé, <strong>de</strong><br />

l’équipement <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’industrie, est actuellement en cours.<br />

Sur la musique amplifiée, le Conseil participe aux travaux du<br />

ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable <strong>et</strong> du<br />

ministère chargé <strong>de</strong> la santé sur la révision du décr<strong>et</strong> du 16<br />

décembre 1998 sur la musique amplifiée, travaux qui sont<br />

notamment <strong>de</strong>stinés à élargir le champ à tous les<br />

établissements diffusant <strong>de</strong> la musique amplifiée <strong>et</strong> à la<br />

musique amplifiée <strong>de</strong> plein air, ainsi qu’à m<strong>et</strong>tre en<br />

cohérence les <strong>de</strong>ux indicateurs mentionnés dans le décr<strong>et</strong><br />

(niveaux continu équivalent <strong>et</strong> <strong>de</strong> pression crête). À c<strong>et</strong><br />

égard, le CNB mène une réflexion sur la musique amplifiée<br />

<strong>de</strong> plein air, qui ne fait pas, à ce jour, l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

réglementation spécifique.<br />

Sur l’aviation légère, le Conseil a mis en place un groupe <strong>de</strong><br />

travail sur c<strong>et</strong>te activité non encore réglementée, présidé<br />

par M. Lamure, qui a abouti à l’élaboration d’un rapport,<br />

puis à la création d’un comité <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>stiné à m<strong>et</strong>tre en<br />

place les principales recommandations <strong>de</strong> ce rapport. Elles<br />

concernent notamment la généralisation <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong><br />

l’environnement entre utilisateurs <strong>et</strong> riverains <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

commissions consultatives <strong>de</strong> l’environnement, la mise en<br />

place éventuelle <strong>de</strong> restrictions <strong>de</strong> vols, ainsi que le<br />

développement <strong>de</strong> l’information <strong>de</strong>s riverains <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

formation <strong>de</strong>s utilisateurs.<br />

D’autres actions que je ne peux toutes rappeler ici sont<br />

menées. Je signalerai cependant en matière <strong>de</strong> publication<br />

notre participation aux documents <strong>de</strong> référence du<br />

département <strong>de</strong> l’Isère sur la problématique bruit <strong>et</strong> plan<br />

local d’urbanisme <strong>et</strong> la publication programmée en 2005 par<br />

le CNB d’une plaqu<strong>et</strong>te à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s enfants afin <strong>de</strong> les<br />

sensibiliser à ce fléau.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 9


Séance plénière<br />

Protéger la santé <strong>de</strong>s citoyens, fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la directive 2002/49<br />

Séance présidée par Marcelle Ramon<strong>et</strong>, prési<strong>de</strong>nte du Conseil national du bruit <strong>et</strong> députée du Finistère<br />

Modérateur : Nicolas Grén<strong>et</strong>ier (ministère <strong>de</strong> la Santé)<br />

Introduction<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier (Direction générale <strong>de</strong> la<br />

santé, ministère <strong>de</strong> la Santé)<br />

L’OMS a émis en 1999 <strong>de</strong>s recommandations en matière <strong>de</strong><br />

bruit <strong>et</strong> mène actuellement <strong>de</strong>s travaux plus particulièrement<br />

axés sur l’exposition en pério<strong>de</strong> nocturne. Célia Rodrigues, du<br />

bureau <strong>de</strong> l’OMS à Bonn, présente les travaux, passés <strong>et</strong><br />

présents, <strong>de</strong> l’OMS en matière <strong>de</strong> bruit, ainsi que l’état <strong>de</strong>s<br />

connaissances sur la gêne <strong>et</strong> la perturbation du sommeil, pour<br />

finir par les priorités <strong>de</strong> l’OMS pour l’avenir. Le sommeil <strong>et</strong><br />

l’exposition nocturne sont au cœur <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l’OMS. On<br />

attendra notamment avec impatience les recommandations qui<br />

vont découler du groupe <strong>de</strong> travail Night time noise gui<strong>de</strong>lines.<br />

L’exposition nocturne est également une préoccupation <strong>de</strong> la<br />

directive 2002/49, puisque ce texte impose la prise en compte<br />

d’un indicateur <strong>de</strong> bruit spécifique à la pério<strong>de</strong> nocturne, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

produire <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit nocturne. Sur c<strong>et</strong>te question du<br />

bruit nocturne, <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gêne qu’il occasionne, Jacques<br />

Lambert apporte <strong>de</strong>s compléments d’information, en<br />

présentant les travaux du groupe européen Santé <strong>et</strong> aspects<br />

socioéconomiques du bruit. On a maintenant <strong>de</strong>s courbes doseréponse,<br />

vraiment très intéressantes, mais il reste malgré tout<br />

beaucoup <strong>de</strong> questions à éluci<strong>de</strong>r.<br />

La directive du 25 juin 2002, qui est au cœur <strong>de</strong> ces<br />

Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore, a pour<br />

objectif premier d’éviter, <strong>de</strong> prévenir ou <strong>de</strong> réduire les<br />

eff<strong>et</strong>s néfastes pour la santé humaine <strong>de</strong> l’exposition au<br />

bruit dans l’environnement. Il était logique <strong>de</strong> consacrer<br />

c<strong>et</strong>te première séance plénière au thème <strong>de</strong> la santé<br />

publique pour, en quelque sorte, « planter le décor ».<br />

Le docteur Gilles Dixsaut est responsable <strong>de</strong> l’unité agents<br />

physiques <strong>de</strong> l’Agence française <strong>de</strong> sécurité sanitaire<br />

environnementale. C<strong>et</strong>te agence a produit un véritable<br />

document <strong>de</strong> référence sur les eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé. Le<br />

rapport final vient d’être finalisé <strong>et</strong> M. Dixsaut en présente les<br />

principaux enseignements.<br />

Les travaux <strong>et</strong> recommandations <strong>de</strong> l'Organisation mondiale <strong>de</strong> la santé<br />

Célia Rodrigues (Organisation mondiale <strong>de</strong> la<br />

santé, European <strong>Centre</strong> for Environment and<br />

Health, Bonn)<br />

Passé <strong>et</strong> présent <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l’OMS<br />

Les valeurs gui<strong>de</strong>s pour le bruit communautaire publiées en<br />

1999, bien connues <strong>de</strong> tous, font référence à <strong>de</strong>s données<br />

qui remontent déjà à 1995. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années,<br />

l’OMS s’est notamment penchée sur la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />

quelques relations dose-eff<strong>et</strong>s en matière <strong>de</strong> gêne.<br />

En juill<strong>et</strong> 2004, l’OMS a proposé quatre indicateurs à la<br />

Commission européenne : population exposée à différents<br />

niveaux <strong>sonores</strong> (L <strong>de</strong>n and L night ) pour différentes sources ;<br />

population déclarant souffrir <strong>de</strong> gêne le jour <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

perturbation du sommeil la nuit (détermination au moyen<br />

d’enquêtes) ; mortalité <strong>et</strong> morbidité par maladies cardiovasculaires<br />

attribuables à une exposition à <strong>de</strong>s bruits<br />

excessifs ; indicateur d’action <strong>de</strong>stiné à déterminer<br />

l’existence <strong>de</strong> politiques visant à réduire l’exposition aux<br />

bruits <strong>de</strong> loisirs (musique amplifiée). Concernant les<br />

maladies cardio-vasculaires dues à l’exposition au bruit, tous<br />

les experts sont désormais d’accord sur l’existence d’un<br />

risque relatif <strong>de</strong> contracter <strong>de</strong>s maladies cardio-vasculaires à<br />

cause du bruit. Nombre d’étu<strong>de</strong>s ont mis en évi<strong>de</strong>nce un lien<br />

fort entre l’exposition au bruit <strong>et</strong> l’hypertension. Nous avons<br />

développé un indicateur qui rend compte <strong>de</strong> ce risque.<br />

Si certains pays comme la France sont plutôt avancés dans<br />

les connaissances, il y a encore trop peu <strong>de</strong> données fiables<br />

<strong>et</strong> comparables, à l’échelle internationale <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Europe,<br />

sur l’importance <strong>de</strong>s populations exposées. De nombreuses<br />

enquêtes montrent que le bruit environnemental est un vrai<br />

problème <strong>de</strong> santé publique : la gêne <strong>et</strong> la perturbation du<br />

sommeil dues au bruit sont ressenties comme <strong>de</strong>s problèmes<br />

sérieux par <strong>de</strong>s populations importantes, mais sans que c<strong>et</strong><br />

enjeu soit reconnu comme tel par les politiques. L’OMS va<br />

donc continuer ses efforts pour que c<strong>et</strong> enjeu soit mieux pris<br />

en compte.<br />

L’OMS a réalisé une enquête dans huit villes européennes,<br />

dont Angers en France : l’enquête WHO/LARES, qui a porté<br />

sur un échantillon <strong>de</strong> 7800 personnes. Dans c<strong>et</strong>te enquête,<br />

25% <strong>de</strong>s adultes disent avoir un sommeil perturbé, 40%<br />

d’entre eux attribuent c<strong>et</strong>te perturbation au bruit : en<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


d’autres termes, un adulte sur dix déclare avoir un sommeil<br />

perturbé par le bruit. Les bruits <strong>de</strong> circulation, pour lesquels<br />

17% <strong>de</strong>s personnes interrogées se disent gênés, constituent<br />

la première source <strong>de</strong> nuisances <strong>sonores</strong> ; les bruits <strong>de</strong><br />

voisinage sont également mal ressentis. Un pourcentage<br />

assez élevé <strong>de</strong> l’échantillon interrogé, 22%, déclare avoir<br />

connu <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux semaines ou plus avec<br />

un sommeil perturbé. Un autre aspect intéressant <strong>de</strong><br />

l’enquête concerne les risques relatifs <strong>de</strong> maladie chez les<br />

personnes au sommeil perturbé, par comparaison à<br />

l’échantillon au sommeil "normal" : <strong>de</strong> fortes associations<br />

sont notées, pour la dépression <strong>et</strong> les migraines notamment.<br />

Il ressort également <strong>de</strong> l’enquête que le fait <strong>de</strong> mal dormir<br />

la nuit augmente le risque d’acci<strong>de</strong>nt domestique <strong>de</strong> 46%.<br />

On souffre toutefois <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> protocole international<br />

pour mener <strong>de</strong> telles enquêtes. Au Royaume-Uni, une<br />

enquête (BRE social survey 1999/2000) indique que 18% <strong>de</strong> la<br />

population a son sommeil perturbé par le bruit ; aux Paysbas,<br />

ce chiffre est <strong>de</strong> 24,5% (RIVM survey 2003).<br />

Impact sur la santé d’un sommeil perturbé<br />

Un sommeil perturbé est d’abord synonyme <strong>de</strong> moindre<br />

qualité du sommeil : les réveils constituent un paramètre<br />

essentiel, mais on s’intéresse aussi aux changements <strong>de</strong><br />

sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil, à la réduction <strong>de</strong> sa durée ou <strong>de</strong> son<br />

efficacité, au r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> l’endormissement <strong>et</strong> à la réduction<br />

<strong>de</strong> la “qualité” ressentie du sommeil. Parmi les<br />

conséquences possibles <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te perturbation du sommeil,<br />

on trouve l’attention réduite, l’augmentation du risque<br />

d’acci<strong>de</strong>nts, la productivité du travail réduites, la fatigue<br />

diurne <strong>et</strong> l’altération <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la vie. Lorsqu’on<br />

s’habitue à dormir dans le bruit, notre système sensitif<br />

continue néanmoins <strong>de</strong> recevoir les stimuli <strong>sonores</strong>. À ces<br />

conséquences d’un sommeil perturbé, s’ajoutent donc les<br />

pathologies liées au mécanisme <strong>de</strong> la réponse à <strong>de</strong>s stress,<br />

qui ne sont pas filtrées par le cortex cérébral, <strong>et</strong> qui ne<br />

connaissent pas <strong>de</strong> phénomène d’habituation (sécrétions<br />

hormonales, maladies cardiovasculaires, hypertension…).<br />

C<strong>et</strong>te exposition nocturne au bruit sur le long terme peut<br />

avoir <strong>de</strong> sérieuses conséquences. Quant à l’utilisation <strong>de</strong> la<br />

pathologie <strong>de</strong> l’insomnie en tant que modèle pour évaluer<br />

l’impact du bruit nocturne sur la santé, elle semble faire<br />

consensus. Il conviendrait par ailleurs d’étudier plus en<br />

détail l’impact sur la santé une fois adulte <strong>de</strong>s enfants<br />

exposés au bruit la nuit <strong>de</strong> façon chronique, par exemple par<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s longitudinales. Les conséquences possibles d’un<br />

sommeil perturbé par le bruit chez les enfants sont non<br />

seulement les symptômes associés au manque <strong>de</strong> sommeil,<br />

mais aussi l’altération possible du système immunitaire, la<br />

perturbation du métabolisme <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s <strong>et</strong> l’altération <strong>de</strong>s<br />

fonctions endocriniennes.<br />

L’exposition au bruit la nuit a <strong>de</strong>s conséquences en terme <strong>de</strong><br />

santé publique qui justifient donc que l’OMS se préoccupe<br />

<strong>de</strong> la question. C’est la raison pour laquelle l’organisation a<br />

initié, en juin 2004, un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> définition <strong>de</strong>s valeurs gui<strong>de</strong><br />

pour le bruit la nuit. Cofinancé par l’OMS <strong>et</strong> la Commission<br />

européenne, impliquant 18 partenaires, ce proj<strong>et</strong> poursuit<br />

l’objectif <strong>de</strong> faire le point sur les connaissances <strong>de</strong>s impacts<br />

sur la santé d’une exposition nocturne au bruit provenant <strong>de</strong><br />

différentes sources (air, rail, route, voisinage..). Autre but<br />

avoué, celui d’obtenir un consensus sur <strong>de</strong>s valeurs<br />

d’émissions qui pourraient servir <strong>de</strong> base à la mise en œuvre<br />

<strong>de</strong>s futures directives européennes, <strong>et</strong> au développement<br />

harmonisé <strong>de</strong> législations. Tout ceci pour que les 80 millions<br />

d’Européens qui sont exposés aujourd’hui voient leur<br />

situation améliorée <strong>et</strong> leur sommeil protégé, <strong>et</strong> que ces<br />

mesures s’exportent sur les autres continents bien sûr.<br />

Les travaux à venir <strong>de</strong> l’OMS<br />

Dans un avenir proche, les principaux suj<strong>et</strong>s sur lesquels<br />

l’OMS entend porter ses efforts sont l’amélioration <strong>de</strong>s<br />

connaissances sur les eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé, en<br />

particulier sous l’angle <strong>de</strong>s durées d’exposition, le<br />

perfectionnement <strong>de</strong>s valeurs gui<strong>de</strong>s, la concrétisation, par<br />

une publication, <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l’OMS sur le bruit <strong>de</strong>s avions<br />

<strong>et</strong>, enfin, un accent sur le bruit lié aux activités <strong>de</strong> loisir<br />

(acouphènes). Des valeurs gui<strong>de</strong>s uniformément reconnues,<br />

mieux documentées, perm<strong>et</strong>traient notamment <strong>de</strong> mieux<br />

connaître l’impact sanitaire d’une réduction du bruit. Il<br />

importe également <strong>de</strong> progresser dans la connaissance <strong>de</strong><br />

l’impact du bruit sur la santé mentale. Pour cela, il convient<br />

<strong>de</strong> mieux décrire la gêne, prise comme indicateur <strong>et</strong> non<br />

comme eff<strong>et</strong>, <strong>et</strong> ses liens avec le stress, dont on connaît<br />

assez bien les implications mentales. Pour d’autres eff<strong>et</strong>s, il<br />

nous faut d’autres indicateurs, afin <strong>de</strong> pouvoir m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre <strong>de</strong>s actions <strong>et</strong> établir <strong>de</strong>s comparaisons entre pays.<br />

Les recommandations du groupe <strong>de</strong> travail européen « Santé <strong>et</strong> aspects<br />

socioéconomiques »<br />

Jacques Lambert (Inr<strong>et</strong>s, membre du groupe<br />

<strong>de</strong> travail européen « Santé <strong>et</strong> aspects<br />

socioéconomiques du bruit »)<br />

Historique du groupe <strong>de</strong> travail<br />

Peu après la conférence <strong>de</strong> Copenhague <strong>de</strong> 1998, point <strong>de</strong><br />

départ <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> la Commission européenne sur la<br />

directive, trois groupes <strong>de</strong> travail avaient été mis en place :<br />

l’un, présidé par J. Lambert, était axé sur les relations doseeff<strong>et</strong>s<br />

; le second s’occupait <strong>de</strong> la réduction du bruit, sous la<br />

houl<strong>et</strong>te <strong>de</strong> Mme S. Paikkala (Finlan<strong>de</strong>) ; le troisième,<br />

chapeauté par le Britannique T. Worsley, s’intéressait aux<br />

coûts <strong>et</strong> bénéfices <strong>de</strong> la réduction du bruit. En 2002, pour<br />

<strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> financement notamment, ces groupes ont<br />

fusionné, donnant naissance au groupe actuel “Santé <strong>et</strong><br />

aspects socioéconomiques”, présidé par le Néerlandais<br />

M. van <strong>de</strong>n Berg. Principal but : explorer la question <strong>de</strong>s<br />

aspects tant sanitaires que socioéconomiques <strong>de</strong>s politiques<br />

<strong>de</strong> réduction du bruit. Directive 2002/49 oblige, il faut<br />

désormais compter avec l’indice L <strong>de</strong>n 1 . Dès lors, il importait<br />

avant tout d’établir, sur la base <strong>de</strong> travaux scientifiques,<br />

<strong>de</strong>s relations dose-eff<strong>et</strong>s entre la gêne sur le long terme <strong>et</strong><br />

l’indice L <strong>de</strong>n ; <strong>et</strong> d’en faire <strong>de</strong> même pour l’indice L night 2 ,<br />

également consacré par la directive, pour ce qui concerne la<br />

pério<strong>de</strong> nocturne. Troisième vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te entreprise :<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit. Enfin, le<br />

quatrième <strong>de</strong> ces travaux a consisté à formuler <strong>de</strong>s<br />

recommandations sur l’utilisation <strong>de</strong> l’analyse coûtsavantages<br />

en matière d’évaluation <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> lutte<br />

contre le bruit.<br />

Les résultats concr<strong>et</strong>s <strong>de</strong>puis 2002<br />

Trois documents ont été publiés. L’un, en février 2002, un<br />

position paper sur les relations dose-réponses entre le bruit<br />

<strong>de</strong>s transports <strong>et</strong> la gêne. Approuvé par la Commission<br />

européenne, il est maintenant disponible sur Intern<strong>et</strong>. En<br />

novembre 2003, une contribution sur l’évaluation<br />

1 L <strong>de</strong>n : Indice acoustique Jour-Soirée-Nuit (“<strong>de</strong>n” pour Day/Evening/Night)<br />

accordant une pondération plus élevée aux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la soirée <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nuit.<br />

2 L night : indice correspondant au niveau sonore équivalent <strong>de</strong> nuit<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 11


économique du bruit a notamment permis d’avancer sur le<br />

thème <strong>de</strong> la “valorisation” <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> la réduction du<br />

bruit au travers <strong>de</strong> plans d’action. Plus récemment, en<br />

novembre 2004, un rapport sur les relations dose-eff<strong>et</strong>s a<br />

été établi pour le bruit nocturne, en relation, bien<br />

évi<strong>de</strong>mment, avec les perturbations du sommeil. Ce<br />

document est en cours d’évaluation par la Commission.<br />

Devrait paraître enfin, dans le courant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te année 2005,<br />

une étu<strong>de</strong> sur l’efficacité <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit,<br />

fruit <strong>de</strong> travaux menés par un consultant allemand.<br />

permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s relations entre les<br />

niveaux <strong>de</strong> bruit (au sens L <strong>de</strong>n ) <strong>et</strong> la gêne <strong>de</strong> long terme.<br />

Pour un même niveau d’exposition, ces résultats indiquent<br />

que le bruit <strong>de</strong>s avions occasionne une gêne déclarée plus<br />

élevée que le bruit <strong>de</strong> la route, le bruit ferroviaire étant le<br />

moins gênant <strong>de</strong> ces trois mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport. Ces données<br />

sont disponibles sur les sites <strong>de</strong> la Commission européenne<br />

<strong>et</strong> du ministère français chargé <strong>de</strong> l’écologie.<br />

Utilité <strong>de</strong>s relations dose-eff<strong>et</strong>s<br />

En quoi la recherche <strong>de</strong> relations entre la dose <strong>de</strong> bruit<br />

reçue <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s tels que la gêne <strong>et</strong> les perturbations du<br />

sommeil s’inscrit-elle dans l’application <strong>de</strong> la directive<br />

2002/49 ? Tout d’abord, en association avec la cartographie<br />

du bruit, <strong>de</strong> telles relations perm<strong>et</strong>tent d’estimer le nombre<br />

<strong>de</strong> personnes affectées, c’est-à-dire, à proprement parler,<br />

“atteintes”, par le bruit. Elles constituent aussi un moyen<br />

d’informer le public sur les eff<strong>et</strong>s du bruit — on notera que<br />

certaines villes envisagent même <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du<br />

bruit. Elles contribuent à une prise <strong>de</strong> conscience accrue, <strong>de</strong><br />

la part du public, <strong>de</strong> l’enjeu sanitaire que revêt la<br />

problématique du bruit. Pour les déci<strong>de</strong>urs, elles sont une<br />

ai<strong>de</strong> pour fixer <strong>de</strong>s valeurs limites d’exposition, tant pour le<br />

jour que pour la nuit.<br />

L’état <strong>de</strong>s connaissances<br />

Pour l’ensemble <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> transport (route, train <strong>et</strong><br />

avion), <strong>de</strong>puis 2002, la relation entre la gêne <strong>de</strong> long terme<br />

<strong>et</strong> l’indice L <strong>de</strong>n a pu être établie. En revanche, une meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du bruit industriel se fait crûment<br />

attendre. Pour certaines sources <strong>de</strong> bruit industriel, les<br />

données sont quasi inexistantes.<br />

S’agissant <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur le sommeil, certains indicateurs<br />

constituent <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> preuve suffisante. C’est le cas<br />

<strong>de</strong> la motilité 3 : dans le cas du bruit du transport aérien, le<br />

surcroît <strong>de</strong> mouvement du corps imputable au bruit peut<br />

être interprété comme une réaction <strong>de</strong> l’individu pendant<br />

son sommeil. Pour d’autres indicateurs <strong>de</strong>s répercussions sur<br />

le sommeil, rien n’a en revanche pu encore être mis en<br />

évi<strong>de</strong>nce. Si l’impact du bruit aéronautique est plutôt bien<br />

décrypté, celui <strong>de</strong> la route <strong>et</strong> du train restent encore mal<br />

élucidés. Un suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> satisfaction : pour les réveils,<br />

paramètre ô combien important, on dispose <strong>de</strong> données<br />

suffisantes pour la route <strong>et</strong> l’avion.<br />

Du côté <strong>de</strong>s indicateurs « plus pathologiques », par exemple<br />

le risque d’hypertension, ou le risque d’infarctus, les<br />

travaux <strong>de</strong>s Allemands Maschke <strong>et</strong> Babisch publiés en 2003<br />

laissent supposer que <strong>de</strong> tels eff<strong>et</strong>s existent, ou le montrent,<br />

dans le cas du risque d’hypertension.<br />

Des travaux, anciens mais pertinents, menés notamment au<br />

Japon, ont apporté la preuve d’un eff<strong>et</strong> du bruit <strong>de</strong>s avions<br />

sur le poids <strong>de</strong> naissance. Ce même bruit aéronautique a<br />

également <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur les performances scolaires, comme<br />

le montrent <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s récentes, notamment le proj<strong>et</strong><br />

Ranch financé par la Commission européenne.<br />

Sur les <strong>de</strong>ux points importants r<strong>et</strong>enus par la Commission<br />

européenne, à savoir la gêne <strong>et</strong> les perturbations du<br />

sommeil, <strong>de</strong>s courbes dose-réponses ont pu être établies<br />

pour les trois mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport. Ces courbes réalisées par<br />

le TNO (Pays-Bas) portent sur une compilation <strong>de</strong> données<br />

collectées à travers le mon<strong>de</strong>, totalisant 60 000 personnes :<br />

26 étu<strong>de</strong>s concernent le bruit routier, 8 le bruit ferroviaire<br />

<strong>et</strong> 19 le bruit aéronautique. La taille <strong>de</strong> c<strong>et</strong> échantillon a<br />

3 Motilité moyenne : mouvement du corps durant le sommeil<br />

Un recueil <strong>de</strong> données similaire, portant c<strong>et</strong>te fois sur un<br />

échantillon total <strong>de</strong> 15000 personnes, a permis <strong>de</strong><br />

déterminer <strong>de</strong>s relations entre le niveau <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong> nuit<br />

(mesuré en niveau équivalent) <strong>et</strong> les perturbations du<br />

sommeil rapportées. Les courbes dose-réponses spécifiques<br />

<strong>de</strong>s perturbations du sommeil montrent la même hiérarchie<br />

entre les trois mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport que celle observée pour la<br />

gêne.<br />

Tentant <strong>de</strong> caractériser la perturbation du sommeil au<br />

moyen d’indicateurs moins subjectifs que la perturbation<br />

rapportée, <strong>de</strong>s auteurs néerlandais se sont intéressés au<br />

nombre <strong>de</strong> réveils imputables au bruit <strong>de</strong>s avions. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

est exprimé à travers le niveau <strong>de</strong> bruit équivalent à<br />

l’intérieur <strong>de</strong> la chambre. À partir <strong>de</strong> 40 dB(A), voire 35<br />

dB(A), le nombre <strong>de</strong> réveils imputables au bruit croît très<br />

fortement. Des valeurs qui convergent avec les<br />

recommandations <strong>de</strong> l’OMS, qui sont <strong>de</strong> 35 dB(A) à<br />

l’intérieur <strong>de</strong> la chambre.<br />

Les recommandations<br />

Le groupe <strong>de</strong> travail « Santé <strong>et</strong> aspects socioéconomiques du<br />

bruit » a émis <strong>de</strong>s recommandations relatives à l’intégration<br />

dans l’annexe III <strong>de</strong> la directive 2002/49 <strong>de</strong>s travaux menés<br />

par ce groupe. Il s’agit notamment <strong>de</strong>s relations dose-eff<strong>et</strong>s,<br />

établies à la fois pour la gêne sur le long terme <strong>et</strong> pour la<br />

perturbation du sommeil, en particulier pour le bruit <strong>de</strong>s<br />

avions.<br />

Ces courbes correspondant à <strong>de</strong>s situations stables<br />

d’exposition au bruit, on notera toutefois qu’elles ne<br />

sauraient être représentatives <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s à court terme <strong>de</strong>s<br />

changements <strong>de</strong> l’environnement sonore consécutifs, par<br />

exemple, à la mise en place <strong>de</strong> plans d’action.<br />

Des recommandations en matière <strong>de</strong> recherche ont par<br />

ailleurs été soumises au réseau Calm. Une meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s à court terme implique <strong>de</strong> suivre<br />

l’évolution <strong>de</strong> la relation bruit-gêne dans le temps : il<br />

convient <strong>de</strong> confirmer ou non la tendance voulant que les<br />

populations très fortement gênées le soient à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

bruit plus faibles qu’autrefois. La question <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce du<br />

bruit sur les réveils doit être approfondie pour les transports<br />

routier <strong>et</strong> ferroviaire. Concernant les réactions humaines à<br />

un nombre faible d’événements — le cas <strong>de</strong> la nuit,<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


typiquement —, il importe <strong>de</strong> savoir s’il s’agit seulement<br />

d’une perturbation <strong>de</strong> court terme, sans conséquence<br />

sanitaire sur le long terme. Il reste aussi à s’intéresser à<br />

l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’insonorisation <strong>de</strong>s logements, <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> la<br />

présence ou non <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s au calme dans le logement.<br />

Pour les eff<strong>et</strong>s à moyen terme, la question <strong>de</strong>s basses<br />

fréquences, mais aussi celle <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’exposition à <strong>de</strong>s<br />

sources multiples, restent insuffisamment éclaircies.<br />

Enfin, pour les eff<strong>et</strong>s sur le long terme, qui relèvent d’eff<strong>et</strong>s<br />

plus pathologiques, il s’agit d’approfondir les questions <strong>de</strong> la<br />

prise <strong>de</strong> médicaments, <strong>de</strong> l’hypertension <strong>et</strong> <strong>de</strong>s risques<br />

cardio-vasculaires.<br />

Les recommandations <strong>de</strong> l’Agence française <strong>de</strong> sécurité sanitaire<br />

environnementale<br />

Gilles Dixsaut (Afsse)<br />

En juill<strong>et</strong> 2003, les ministères chargés <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’environnement ont <strong>de</strong>mandé à l’Afsse un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong><br />

la connaissance scientifique sur l’impact sanitaire du bruit.<br />

Autre suj<strong>et</strong> sur lequel il était <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> s’appesantir : la<br />

pertinence <strong>de</strong>s indicateurs utilisés dans la réglementation.<br />

Deux objectifs ont guidé la réalisation <strong>de</strong> ce rapport : faire<br />

porter l’analyse sur le suj<strong>et</strong> du bruit dans sa globalité, plutôt<br />

que <strong>de</strong> cibler un domaine particulier, comme c’est trop<br />

souvent le cas ; ai<strong>de</strong>r les pouvoirs publics à la transposition<br />

<strong>de</strong> la directive 2002/49/CE, si possible, en proposant <strong>de</strong><br />

nouveaux indicateurs ou <strong>de</strong> nouvelles orientations.<br />

Un groupe <strong>de</strong> 28 experts, couvrant un large champ <strong>de</strong><br />

compétences, tant techniques que réglementaires, a été<br />

constitué. Les experts ont disposé d’une totale liberté pour<br />

formuler leurs recommandations, l’intervention <strong>de</strong> l’Afsse<br />

s’étant limitée à la coordination du groupe.<br />

Des sources <strong>de</strong> bruit bien méconnues<br />

Le bruit <strong>et</strong> l’opinion publique entr<strong>et</strong>iennent <strong>de</strong>s relations<br />

pour le moins paradoxales : si nous sommes nombreux à nous<br />

plaindre du bruit, peu sont disposés à le citer comme un<br />

enjeu <strong>de</strong> santé publique majeur ; <strong>et</strong> pour cause, c’est la<br />

pollution atmosphérique qui est la plus couramment<br />

dénoncée, quand bien même ses répercussions sanitaires<br />

sont loin d’être évi<strong>de</strong>ntes aux yeux du grand public.<br />

Autre suj<strong>et</strong> qui gagnerait à être mieux décrypté, celui <strong>de</strong>s<br />

sources <strong>de</strong> bruit dans les transports, qui ont rarement fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une analyse spécifique. En milieu industriel,<br />

toutefois, l’exposition au bruit bénéficie d’une surveillance<br />

attentive. À cela, une raison simple : l’enjeu financier <strong>de</strong>s<br />

réparations pour maladies professionnelles dont le bruit peut<br />

être la cause.<br />

Si l’exposition en un lieu <strong>et</strong> un temps donnés est connue,<br />

l’exposition réelle, pondérée dans le temps sur une journée,<br />

voire plus, n’est, elle, pas évaluée. L’Afsse recomman<strong>de</strong><br />

donc <strong>de</strong> progresser sur ce point.<br />

L’exposition cumulée, résultant <strong>de</strong> l’exposition à différentes<br />

sources <strong>de</strong> bruit est, elle aussi, méconnue. En cause, <strong>de</strong>s<br />

indicateurs spécifiques <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s sources.<br />

Par ailleurs, seules quelques étu<strong>de</strong>s ponctuelles,<br />

restrictives, se sont penchées sur les niveaux d’exposition à<br />

l’intérieur <strong>de</strong>s transports. Même insuffisance pour<br />

l’exposition à l’occasion <strong>de</strong>s loisirs où, pourtant, les niveaux<br />

sont parfois extrêmement élevés.<br />

Enfin, il est à déplorer que les mesures ponctuelles, non<br />

pondérées sur la durée, ne ren<strong>de</strong>nt pas compte <strong>de</strong>s<br />

variations importantes du bruit en fonction <strong>de</strong>s conditions<br />

environnementales <strong>et</strong> météorologiques.<br />

Les eff<strong>et</strong>s auditifs du bruit<br />

On peut se réjouir que <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s sur les eff<strong>et</strong>s<br />

auditifs du bruit existent, mais, faute <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s<br />

d’évaluation harmonisées, toute comparaison entre ces<br />

étu<strong>de</strong>s est impossible. En outre, il est difficile <strong>de</strong> faire la<br />

part <strong>de</strong>s choses entre le rôle du seul niveau <strong>de</strong> bruit, <strong>et</strong> celui<br />

<strong>de</strong>s autres facteurs susceptibles d’influer. Reste aussi à<br />

développer les connaissances <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s multiexpositions<br />

1 , ainsi que <strong>de</strong>s co-expositions 2 . Enfin, chez les<br />

jeunes, <strong>de</strong>s expositions importantes lors <strong>de</strong>s loisirs sont<br />

clairement en cause dans les déficits observés chez nombre<br />

d’entre eux.<br />

L’Afsse estime donc indispensable <strong>de</strong> définir un protocole<br />

unifié d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s auditifs du bruit. Encore faut-il<br />

que c<strong>et</strong> effort <strong>de</strong> cohérence soit associé au développement<br />

d’outils diagnostiques <strong>et</strong> épidémiologiques fiables. Dernier<br />

point sur le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s auditifs, il conviendrait<br />

également <strong>de</strong> caractériser les atteintes auditives <strong>de</strong> la<br />

population par classe d’âge.<br />

Les eff<strong>et</strong>s extra-auditifs<br />

Nous sommes loin <strong>de</strong> tout connaître <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s extra-auditifs<br />

<strong>de</strong> l’exposition au bruit. Nombreux, ces eff<strong>et</strong>s sont difficiles<br />

à attribuer au bruit <strong>de</strong> manière univoque, car associés à <strong>de</strong><br />

multiples facteurs <strong>de</strong> confusion dont on ignore le<br />

r<strong>et</strong>entissement réel. Qu’il s’agisse <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur les<br />

systèmes végétatifs, notamment respiratoires <strong>et</strong> cardiaques,<br />

sur le sommeil ou sur la santé mentale, les indicateurs<br />

censés rendre compte <strong>de</strong> ces eff<strong>et</strong>s restent très imparfaits :<br />

d’importantes différences interindividuelles expliquent qu’il<br />

soit difficile <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conclusions formelles quant aux<br />

mécanismes sous-jacents. Qui plus est, le statut<br />

socioéconomique <strong>de</strong> la population constitue une source <strong>de</strong><br />

confusion importante.<br />

Tous ces éléments poussent donc les experts <strong>de</strong> l’Afsse à<br />

appeler <strong>de</strong> leurs vœux la formulation <strong>de</strong> protocoles<br />

standardisés. Seule c<strong>et</strong>te exigence d’étu<strong>de</strong>s cohérentes<br />

perm<strong>et</strong>trait en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> s’attaquer à la compréhension <strong>de</strong> ce<br />

problème.<br />

Les eff<strong>et</strong>s subjectifs<br />

La gêne due au bruit, en tant qu’eff<strong>et</strong> subjectif, n’échappe<br />

pas à la règle : au vu <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> variabilité intraindividuelle<br />

<strong>et</strong> interindividuelle qui caractérise la<br />

manifestation <strong>de</strong> la gêne, on imagine volontiers la difficulté<br />

à établir tous les déterminants <strong>de</strong> la relation entre bruit <strong>et</strong><br />

gêne. Tout au plus peut-on aujourd’hui avancer que le<br />

niveau <strong>de</strong> bruit compte à lui seul pour 30 ou 40% <strong>de</strong> la gêne<br />

exprimée. Parmi les autres facteurs non acoustiques qui<br />

interviennent dans la perception <strong>de</strong> la gêne, citons en<br />

premier lieu la nature <strong>de</strong> la source, en particulier la<br />

perception du bénéfice personnel qui est tiré <strong>de</strong> la source.<br />

Aussi faut-il compter avec les gran<strong>de</strong>s différences culturelles<br />

1 Multi-exposition : exposition à diverses sources <strong>de</strong> bruit<br />

2 Co-exposition : exposition au bruit associée à un autre facteur potentiellement<br />

toxique<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 13


<strong>et</strong> sociales dans la perception <strong>de</strong> la gêne. Ce qui ne veut pas<br />

dire pour autant que le risque sanitaire ne soit pas aussi<br />

élevé, pour peu qu’il soit lié au niveau <strong>de</strong> bruit.<br />

Descripteurs <strong>et</strong> indicateurs du bruit<br />

Le groupe d’experts auteur du rapport Afsse s’accor<strong>de</strong> à<br />

dénoncer la confusion entr<strong>et</strong>enue par le trop grand nombre<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>scripteurs utilisés pour évaluer l’exposition au bruit.<br />

Certes, on ne peut se contenter <strong>de</strong>s seuls indices<br />

énergétiques intégrés 3 , insuffisants pour décrire les eff<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong>s sources évènementielles. De fait, l’impact <strong>de</strong>s<br />

événements individuels, même s’ils sont <strong>de</strong> niveau élevé, y<br />

est amoindri par l’intégration sur la durée. Qui plus est, il<br />

reste encore à vali<strong>de</strong>r les pondérations dans le temps<br />

introduites dans différents indices intégrés tels que le L <strong>de</strong>n .<br />

Les indices évènementiels <strong>de</strong>vraient quant à eux prendre en<br />

compte l’émergence, le nombre d’événements isolés <strong>et</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la journée. La réflexion a aussi conduit à<br />

préconiser la création d’un indicateur synthétique<br />

représentatif <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> multi-exposition <strong>et</strong><br />

d’exposition sur le long terme, un peu à la manière du<br />

dosimètre à rayonnements ionisants.<br />

Somme toute, ces considérations rejoignent la ligne tenue<br />

par l’OMS <strong>de</strong> vouloir favoriser l’émergence d’un indice<br />

vraiment représentatif <strong>de</strong> l’exposition au bruit, à l’instar <strong>de</strong><br />

l’indice ATMO adopté pour la pollution atmosphérique.<br />

Les recommandations générales concernant la recherche<br />

Au chapitre <strong>de</strong>s préconisations d’ordre général sur la<br />

conduite <strong>de</strong> la recherche, le rapport <strong>de</strong> l’Afsse souligne tout<br />

d’abord le danger qu’il y a à fon<strong>de</strong>r toutes les stratégies sur<br />

la gêne. On l’a vu, celle-ci est loin <strong>de</strong> constituer le seul<br />

eff<strong>et</strong> à prendre en compte. En outre, face à c<strong>et</strong>te vaste<br />

question <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé, en ciblant les<br />

recherches non pas sur la population générale mais sur les<br />

populations à risques, <strong>de</strong>s conclusions plus contrastées<br />

pourraient peut-être se faire jour.<br />

Sur le plan <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> recherche épidémiologique suggérés<br />

par l’Afsse, citons l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s basses fréquences<br />

liées au transport, notamment en milieu urbain, ainsi que<br />

celle <strong>de</strong> l’impact sanitaire <strong>de</strong>s multi-expositions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

expositions cumulées, en pério<strong>de</strong> nocturne notamment.<br />

Autre besoin criant soulevé par les experts, celui <strong>de</strong><br />

connaître les eff<strong>et</strong>s sanitaires <strong>de</strong>s co-expositions, en<br />

particulier dans les zones à l’environnement dégradé, où<br />

l’on sait que les populations exposées au bruit sont<br />

également exposées à d’autres sources <strong>de</strong> pollution.<br />

Concernant les eff<strong>et</strong>s du bruit en milieu scolaire, face aux<br />

nombreux facteurs <strong>de</strong> confusion — le statut socioéconomique<br />

notamment —, un effort <strong>de</strong> caractérisation <strong>de</strong> ces eff<strong>et</strong>s<br />

s’impose.<br />

Le rôle <strong>de</strong>s pouvoirs publics<br />

Première recommandation à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s pouvoirs<br />

publics : faire respecter les valeurs limites d’exposition. Il<br />

faudrait aussi mesurer les niveaux d’exposition <strong>de</strong> la<br />

population dans les établissements publics. Car l’une <strong>de</strong>s<br />

surprises révélées par c<strong>et</strong>te expertise a été <strong>de</strong> constater <strong>de</strong>s<br />

niveaux d’exposition non réglementaires dans certains<br />

établissements publics. Quant au vol<strong>et</strong> préventif, à travers<br />

l’intégration <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> bruit dans les<br />

politiques d’aménagement du territoire, il est plus que<br />

jamais d’actualité, quand on sait sa supériorité sur le<br />

curatif. Enfin, comme le souligne l’étu<strong>de</strong> menée par l’Ifen,<br />

il faut informer <strong>et</strong> sensibiliser la population sur les eff<strong>et</strong>s<br />

auditifs <strong>et</strong> extra-auditifs du bruit.<br />

Surveiller les impacts sanitaires du bruit<br />

En réunissant l’ensemble <strong>de</strong>s données sanitaires produites<br />

sur le suj<strong>et</strong> du bruit par les différents acteurs concernés,<br />

l’on pourrait constituer un dispositif <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong>s<br />

impacts sanitaires du bruit. Placé sous la compétence <strong>de</strong><br />

l’Institut <strong>de</strong> veille sanitaire, ce proj<strong>et</strong> ambitieux <strong>de</strong>vrait être<br />

fondé sur la mesure en continu <strong>de</strong> marqueurs (directs <strong>et</strong><br />

indirects) <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sanitaires du bruit. La consommation<br />

médicamenteuse, les eff<strong>et</strong>s du bruit en milieu scolaire ou<br />

l’acuité auditive <strong>de</strong> la population, sont au nombre <strong>de</strong>s<br />

indicateurs envisageables.<br />

Où trouver les sources ? Dans les services <strong>de</strong> santé scolaire,<br />

les centres d’examens <strong>de</strong> santé, les caisses d’assurance<br />

maladie, les cellules interrégionales d’épidémiologie (CIRE),<br />

les observatoires régionaux <strong>de</strong> la santé (ORS), les unions<br />

régionales <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins libéraux (URML), ou encore, les<br />

services statistiques <strong>de</strong>s DDASS <strong>et</strong> <strong>de</strong>s DRASS.<br />

Le levier <strong>de</strong> la réglementation<br />

Le groupe <strong>de</strong> travail a proposé <strong>de</strong> clarifier le dispositif<br />

réglementaire dédié à la maîtrise du bruit, que tous<br />

s’accor<strong>de</strong>nt à considérer comme difficile à appliquer, en<br />

raison <strong>de</strong> son caractère hétéroclite. Pour ce faire, il<br />

convient <strong>de</strong> mieux définir les responsabilités <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />

acteurs, <strong>et</strong> <strong>de</strong> regrouper leurs compétences. Deuxième axe<br />

d’amélioration, la priorité à donner aux populations<br />

sensibles. De fait, les premiers bénéficiaires <strong>de</strong> l’adoption<br />

<strong>de</strong> nouvelles valeurs limites d’exposition <strong>de</strong>vraient être les<br />

enfants ou les personnes co-exposées, à leur travail<br />

notamment, au bruit <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s substances ototoxiques. La<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la nuit est aussi à privilégier. On notera par<br />

ailleurs l’idée <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> périmètres <strong>de</strong> sécurité<br />

<strong>de</strong>stinés à rendre inaccessibles les zones dans lesquelles les<br />

valeurs limites sont dépassées. De tels périmètres<br />

trouveraient notamment toute leur utilité dans les<br />

établissements diffusant <strong>de</strong> la musique amplifiée. Enfin, il<br />

conviendrait <strong>de</strong> reconsidérer les valeurs limites d’exposition<br />

en milieu scolaire <strong>et</strong> périscolaire.<br />

En matière <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong> voisinage, les orientations <strong>de</strong> la<br />

circulaire du 16 octobre 2003 ont fait un pas en direction<br />

d’une meilleure gestion <strong>de</strong> c<strong>et</strong> enjeu. Encore faut-il les<br />

m<strong>et</strong>tre réellement en œuvre. Quant au problème <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxroues<br />

motorisés, la réponse passe par une évolution <strong>de</strong>s<br />

procédures d’homologation <strong>de</strong>s silencieux d’échappement<br />

<strong>de</strong>s véhicules, ainsi que par l’application effective <strong>de</strong> la<br />

réglementation. Concernant la qualité acoustique <strong>de</strong>s<br />

bâtiments, il faut la faire évoluer, par voie réglementaire ou<br />

normative, <strong>et</strong> définir les éléments d’une réglementation<br />

relative aux vibrations <strong>et</strong> aux bruits solidiens. Enfin, il<br />

importe <strong>de</strong> former les personnels <strong>de</strong>s collectivités<br />

territoriales aux précieux outils <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s nuisances<br />

<strong>sonores</strong> que sont l’aménagement urbain <strong>et</strong> les étu<strong>de</strong>s<br />

d’impact.<br />

La part <strong>de</strong>s professionnels<br />

Loin d’être en reste, les professionnels ont également un<br />

rôle clé à jouer dans la réduction <strong>de</strong>s impacts sanitaires du<br />

bruit. Citons pour exemple les vertus préventives d’une<br />

sensibilisation <strong>de</strong>s maîtres d’ouvrages <strong>et</strong> maîtres d’œuvre à<br />

la qualité acoustique, <strong>et</strong> ce dès la conception d’un<br />

bâtiment, qu’il soit public ou privé. Ou encore, le besoin<br />

d’étudier l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> matériaux absorbants en milieu urbain :<br />

on le sait, la réflexion du bruit sur les faça<strong>de</strong>s est un facteur<br />

<strong>de</strong> niveau sonore important en ville. Dernier point, un gros<br />

effort reste à accomplir en ce qui concerne les transports,<br />

au niveau <strong>de</strong>s motorisations, <strong>de</strong>s pneumatiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bruits<br />

<strong>de</strong> roulement.<br />

3 Les <strong>de</strong>scripteurs énergétiques intégrés, parfois associés à une pondération<br />

dans le temps, intègrent la puissance acoustique sur une certaine durée.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Et le grand public ?<br />

Les recommandations du groupe d’experts concernent aussi<br />

le grand public. Le rapport souligne le besoin <strong>de</strong> sensibiliser<br />

le public aux inégalités face au risque d’atteinte auditive<br />

par le bruit, ainsi que <strong>de</strong> sensibiliser les enfants <strong>et</strong> les<br />

enseignants du primaire aux facteurs <strong>de</strong> risque. C<strong>et</strong>te<br />

démarche passe notamment par la large diffusion <strong>de</strong><br />

supports d’information auprès <strong>de</strong>s jeunes, <strong>et</strong> par l’affichage<br />

<strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong> dans les lieux les plus bruyants. Enfin,<br />

l’éducation au civisme en matière <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s du bruit reste à<br />

construire.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 15


Séance plénière<br />

La gestion <strong>de</strong> l'environnement sonore<br />

urbain : cadres européen <strong>et</strong> national<br />

Séance présidée par Pascal Valentin, chef <strong>de</strong> la Mission bruit du ministère <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> du Développement durable,<br />

<strong>et</strong> David Delcampe, chargé <strong>de</strong> mission à la Direction générale <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> la Commission européenne<br />

David Delcampe, qui est en charge du dossier bruit à la Commission européenne, se frotte ici à l’exercice <strong>de</strong> dresser un<br />

panorama compl<strong>et</strong> du cadre communautaire en matière <strong>de</strong> bruit dans l’environnement. Partant du traité instituant la<br />

Communauté, il précise la teneur du sixième programme d’action pour l’environnement <strong>et</strong> passe en revue les différentes<br />

directives existantes, pour terminer par l’accompagnement technique <strong>et</strong> financier mis en place au niveau communautaire<br />

pour supporter la politique européenne en matière <strong>de</strong> bruit dans l’environnement.<br />

Pascal Valentin précise ensuite les dispositions réglementaires relatives à la transposition en droit français <strong>de</strong> la directive<br />

européenne sur le bruit dans l'environnement.<br />

Présentation <strong>de</strong> la politique communautaire<br />

David Delcampe (Direction générale <strong>de</strong><br />

l’Environnement, Commission européenne)<br />

Le traité instituant la CE<br />

Dans le traité instituant la Communauté européenne, un seul<br />

article, l’article 174, traite <strong>de</strong>s questions d’environnement.<br />

Les orientations politiques <strong>et</strong> les principes fondateurs qui y<br />

sont précisés constituent le socle <strong>de</strong> la législation<br />

communautaire en matière d’environnement. On r<strong>et</strong>iendra<br />

que la politique <strong>de</strong> la communauté doit contribuer à la<br />

préservation, à la protection <strong>et</strong> à l’amélioration <strong>de</strong> la<br />

qualité <strong>de</strong> l’environnement ; que c<strong>et</strong>te politique a<br />

également vocation à protéger la santé <strong>de</strong>s Européens ; <strong>et</strong><br />

que la Communauté doit m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s dispositions<br />

visant à un niveau <strong>de</strong> protection élevé dans ces domaines,<br />

en tenant compte <strong>de</strong> la diversité géographique <strong>et</strong> historique<br />

<strong>de</strong> l’Europe. Quant aux principes qui gui<strong>de</strong>nt l’action <strong>de</strong> la<br />

communauté, ils sont au nombre <strong>de</strong> quatre : principe <strong>de</strong><br />

précaution ; principe <strong>de</strong> prévention ; principe <strong>de</strong> correction<br />

<strong>de</strong>s nuisances en priorité à la source ; principe<br />

pollueur/payeur. Si leur application pratique est loin d’être<br />

aisée, ils restent néanmoins la référence fondamentale sur<br />

laquelle repose toute la législation européenne en matière<br />

d’environnement.<br />

Le sixième programme d’action communautaire en<br />

matière d’environnement<br />

Deuxième niveau <strong>de</strong> prescription communautaire, le<br />

programme d’action, actuellement sixième du genre, décrit<br />

<strong>de</strong> manière plus détaillée la politique communautaire en<br />

matière d’environnement. Il précise pour la pério<strong>de</strong> 2002-<br />

2012 les objectifs <strong>de</strong> protection environnementale, les<br />

actions à m<strong>et</strong>tre en place <strong>et</strong> les instruments à utiliser pour<br />

atteindre ces objectifs. Fait important, ce sixième<br />

programme d’action liste <strong>de</strong>s priorités qui gui<strong>de</strong>nt fortement<br />

l’action <strong>de</strong> la Commission dans le domaine <strong>de</strong><br />

l’environnement ou <strong>de</strong> la santé. Ces priorités sont réparties<br />

en cinq chapitres : changement climatique ; protection <strong>de</strong> la<br />

biodiversité ; protection <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> maintien <strong>et</strong><br />

amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie ; protection <strong>de</strong>s ressources<br />

naturelles <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nature ; déch<strong>et</strong>s.<br />

Les objectifs du vol<strong>et</strong> “Santé <strong>et</strong> qualité <strong>de</strong> vie”, qui traite <strong>de</strong><br />

la problématique du bruit, sont <strong>de</strong>s plus ambitieux : « la<br />

communauté doit contribuer à atteindre un niveau élevé <strong>de</strong><br />

qualité <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> bien-être social pour les citoyens, […],<br />

en leur procurant un environnement dans lequel la pollution<br />

n’a pas d’eff<strong>et</strong> nuisible sur la santé humaine <strong>et</strong><br />

l’environnement, […], ainsi qu’en encourageant un<br />

développement urbain durable ». On le voit, la spécificité<br />

urbaine est pointée dès le programme d’action.<br />

L’article 7 du programme d’action apporte <strong>de</strong>s précisions sur<br />

la nature <strong>de</strong>s actions à conduire. L’une d’elles consiste à<br />

“réduire sensiblement le nombre <strong>de</strong> personnes soumises <strong>de</strong><br />

manière régulière à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit moyens élevés,<br />

provoqués notamment par la circulation, qui selon les<br />

étu<strong>de</strong>s scientifiques réalisées, ont <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s néfastes sur la<br />

santé humaine”. On r<strong>et</strong>rouve ici l’origine <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong><br />

bruit moyen préconisés par la directive 2002/49 : dès le<br />

programme d’action <strong>de</strong> 2002, priorité est donc donnée à la<br />

réduction <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> longue durée à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

bruit permanent moyen relativement élevés. Avec, pour<br />

cible principale, la circulation routière, dont les eff<strong>et</strong>s<br />

néfastes pour la santé sont révélés, données scientifiques à<br />

l’appui. L’action qui, elle, consiste à “préparer la prochaine<br />

étape <strong>de</strong>s travaux sur la directive sur le bruit dans<br />

l’environnement” a été accomplie, comme chacun sait, avec<br />

l’adoption <strong>de</strong> la directive. Quant à l’action qui préconise <strong>de</strong><br />

“tenir compte <strong>de</strong>s normes, orientations <strong>et</strong> programmes <strong>de</strong><br />

l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la santé (OMS)”, elle exprime<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


clairement les relations étroites entre l’action<br />

communautaire <strong>et</strong> l’OMS.<br />

Dans un contexte <strong>de</strong> marché communautaire, l’échelle<br />

européenne est pertinente pour tenter <strong>de</strong> réduire les<br />

émissions <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> bruit. Principe <strong>de</strong> priorité <strong>de</strong> la<br />

correction <strong>de</strong>s nuisances à la source oblige, véhicules,<br />

pneumatiques, revêtements routiers <strong>et</strong> machines bruyantes<br />

sont ainsi visés dès le programme d’action, à travers le vol<strong>et</strong><br />

appelant à “compléter <strong>et</strong> améliorer les dispositions en<br />

matière d’émissions <strong>sonores</strong> <strong>de</strong>s véhicules <strong>et</strong> machines”.<br />

Signe <strong>de</strong> la priorité que constitue le bruit <strong>de</strong> circulation, la<br />

réduction du bruit dû au trafic routier fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

action spécifique relevant <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> mesures<br />

politiques <strong>et</strong> d’instruments visant à rationaliser la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> transport : réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> transports,<br />

passage à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s moins bruyants, mesures techniques,<br />

planification durable <strong>de</strong>s transports”.<br />

Côté maîtrise <strong>de</strong> l’environnement urbain, il conviendra<br />

également que la stratégie communautaire accor<strong>de</strong> une plus<br />

gran<strong>de</strong> place aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport alternatifs à la voiture,<br />

tels que le transport public, le rail, les voies navigables, la<br />

marche à pied ou le vélo. Il faudra aussi maîtriser le volume<br />

croissant <strong>de</strong> la circulation <strong>et</strong> instaurer un découplage entre<br />

développement <strong>de</strong>s transports <strong>et</strong> PIB, dont les courbes <strong>de</strong><br />

croissance sont parallèles <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années. Enfin, l’action<br />

<strong>de</strong> la communauté doit contribuer à promouvoir les<br />

véhicules à faible taux d’émission dans les transports<br />

publics.<br />

Le cadre législatif applicable aux sources <strong>de</strong> bruit<br />

De ces <strong>de</strong>ux blocs <strong>de</strong> prescriptions communautaires que sont<br />

le traité <strong>et</strong> le programme d’action découlent une législation<br />

relativement importante sur le bruit dans l’environnement,<br />

couvrant à la fois les différentes sources <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong>, <strong>de</strong><br />

manière plus récente, la gestion du bruit ambiant perçu.<br />

D’autres législations, quoi que non purement dédiées aux<br />

nuisances <strong>sonores</strong>, contribuent aussi à réglementer la<br />

problématique du bruit.<br />

La première législation communautaire portant sur le bruit<br />

remonte à 1970 : la directive 70/157/CEE fixe les valeurs<br />

limites d’émission sonore <strong>de</strong>s véhicules à quatre roues <strong>et</strong><br />

plus. Depuis, <strong>de</strong>s modifications sont venues accroître la<br />

sévérité <strong>de</strong> ces limites, la <strong>de</strong>rnière révision datant <strong>de</strong> 1999<br />

(directive 1999/101/CE). Les modalités d’essai sont quant à<br />

elles établies par la Commission économique pour l’Europe<br />

<strong>et</strong> les Nations Unies (CENU) dans le cadre du règlement 51<br />

CEE/NU qui est en cours <strong>de</strong> révision. Les valeurs limites<br />

correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit maximaux, L Amax ,<br />

mesurés au passage sur une piste normalisée, à 7,5 mètres<br />

du véhicule. Actuellement, la limite pour une automobile est<br />

<strong>de</strong> 74 dB(A), 76 ou 77 dB(A), suivant les cas, pour un<br />

utilitaire léger, <strong>de</strong> 77 à 80 dB(A) pour un camion ou un<br />

autobus. Dans les faits, il faut bien avouer que ces valeurs<br />

limites ont plus servi l’harmonisation <strong>de</strong>s spécifications<br />

techniques, dans une logique <strong>de</strong> marché unique, que tiré le<br />

marché vers <strong>de</strong> meilleures performances environnementales.<br />

Certes, en trente ans, les niveaux <strong>de</strong> bruit maximum<br />

admissibles à l’homologation <strong>de</strong>s véhicules ont notablement<br />

baissé. Mais ces gains ne doivent pas masquer la réalité, à<br />

savoir <strong>de</strong>s gains sur le bruit <strong>de</strong> trafic qui, eux, restent assez<br />

ténus. Des progrès sont attendus : le Parlement <strong>et</strong> la<br />

direction Environnement du Conseil agissent <strong>de</strong> concert pour<br />

que la Commission gui<strong>de</strong> le marché vers <strong>de</strong>s véhicules plus<br />

silencieux. Autre fait encourageant, certains modèles sont<br />

<strong>de</strong> 3 à 9 dB en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la limite admissible. On notera, non<br />

sans intérêt, que sous la récente prési<strong>de</strong>nce néerlandaise du<br />

Conseil, les États ont montré une certaine volonté <strong>de</strong> faire<br />

progresser c<strong>et</strong>te législation <strong>et</strong> d’améliorer les performances<br />

<strong>sonores</strong> <strong>de</strong>s véhicules. Mais il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit que le<br />

rythme <strong>de</strong> réduction du bruit <strong>de</strong>s véhicules est aussi<br />

tributaire <strong>de</strong>s autres émissions polluantes, elles aussi vécues<br />

comme <strong>de</strong>s freins à la bonne santé du marché automobile.<br />

Le bruit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux-roues <strong>et</strong> trois-roues à moteur est quant à<br />

lui réglementé par la directive 97/24/CE. Elle limite à 71<br />

dB(A) le bruit émis (L Amax au passage, comme pour les<br />

quatre-roues) par un cyclomoteur à <strong>de</strong>ux roues (la limite est<br />

comprise entre 66 <strong>et</strong> 71 dB(A), selon la vitesse autorisée du<br />

véhicule) ; un cyclomoteur à trois roues ne peut dépasser 76<br />

dB(A) ; quant aux motocycl<strong>et</strong>tes, suivant la cylindrée, les<br />

limites admissibles sont <strong>de</strong> 75, 77 ou 80 dB(A) — on voit donc<br />

que les plus grosses motos peuvent faire autant <strong>de</strong> bruit<br />

qu’un poids lourd. Faut-il faire mieux ? Assurément oui.<br />

Partout en Europe les émissions <strong>sonores</strong> en circulation <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux-roues motorisés s’avèrent anormalement élevées. Mais<br />

l’Europe ne peut pas tout : contrôle technique <strong>et</strong> contrôle<br />

<strong>de</strong>s véhicules en circulation sont du ressort <strong>de</strong>s États. À eux<br />

<strong>de</strong> faire en sorte que les véhicules anormalement bruyants<br />

soient contrôlés <strong>et</strong> rectifiés. De son côté, la Commission<br />

étudie <strong>de</strong>s solutions, en partenariat avec les États. Un<br />

rapport officiel prévu pour 2005 <strong>de</strong>vrait formuler <strong>de</strong>s<br />

propositions, semble-t-il sur le contrôle technique <strong>de</strong>s<br />

véhicules <strong>et</strong> sur le renforcement <strong>de</strong>s valeurs limites.<br />

Autre législation relative au bruit routier, la directive<br />

2001/43/CE réglemente les caractéristiques acoustiques <strong>de</strong>s<br />

pneumatiques neufs. Les limites sont fonction <strong>de</strong> la largeur<br />

du pneu <strong>et</strong> du type <strong>de</strong> véhicule sur lequel il est posé. Les<br />

conclusions <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce néerlandaise communiquées en<br />

octobre 2004 sont sans équivoque sur le souhait largement<br />

partagé, chez les vingt-cinq États, <strong>de</strong> voir se renforcer la<br />

législation dans ce domaine. On s’en doute, la difficulté<br />

tient à trouver <strong>de</strong>s solutions représentant un compromis<br />

acceptable entre coût <strong>et</strong> bénéfice. Un prochain rapport<br />

officiel <strong>de</strong> la Commission doit évoquer la question d’une<br />

secon<strong>de</strong> étape <strong>de</strong> valeurs limites. Au sommaire également,<br />

la faisabilité <strong>de</strong> l’abaissement <strong>de</strong>s valeurs limites en regard<br />

<strong>de</strong>s problèmes d’adhérence. Enfin, on l’a dit, les protocoles<br />

d’essai (règlement 51 CEE/NU) seront bientôt révisés, afin<br />

<strong>de</strong> mieux prendre en compte les performances <strong>de</strong>s<br />

pneumatiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s revêtements <strong>de</strong> chaussée.<br />

Au chapitre du bruit ferroviaire, la démarche actuelle <strong>de</strong><br />

libéralisation du marché — celui du fr<strong>et</strong> dans un premier<br />

temps (2007), celui du transport <strong>de</strong> voyageurs par la suite<br />

(2012) — impose <strong>de</strong>s spécifications techniques<br />

d’interopérabilité, définies au niveau communautaire pour<br />

perm<strong>et</strong>tre la libre circulation <strong>de</strong>s trains. La réduction du<br />

bruit n’échappe pas à c<strong>et</strong>te vague d’uniformisation. Pour le<br />

réseau à gran<strong>de</strong> vitesse, les spécifications ont d’ores <strong>et</strong> déjà<br />

été adoptées : la directive 96/48/CE <strong>et</strong> les décisions<br />

2002/732/CE <strong>et</strong> 2002/735/CE limitent le bruit au passage <strong>et</strong><br />

le bruit à l’arrêt. Sont concernés les infrastructures <strong>et</strong> les<br />

véhicules neufs ou modifiés. À 25 mètres d’un train à gran<strong>de</strong><br />

vitesse neuf, la valeur limite du bruit au passage L Aeq,tp est<br />

<strong>de</strong> 87 dB(A) à 250 km/h, 91 dB(A) à 300 km/h <strong>et</strong> 92 dB(A) à<br />

320 km/h. Ces spécifications feront l’obj<strong>et</strong> d’une révision<br />

prochaine qui tiendra notamment compte <strong>de</strong>s résultats du<br />

proj<strong>et</strong> européen Noemie piloté par la SNCF. Le réseau<br />

conventionnel a lui aussi son propre vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> spécifications,<br />

constitué par la directive 2001/16/CE <strong>et</strong> par une décision<br />

attendue pour 2005. Mais ces spécifications ne concernent<br />

que le matériel neuf ou rénové faisant l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

modifications importantes. Le bruit du matériel existant en<br />

circulation, <strong>et</strong> notamment <strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> marchandises, qui<br />

peuvent présenter une durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> 30 à 40 ans, qui<br />

circulent <strong>et</strong> circuleront sur le réseau trans-européen, la nuit<br />

surtout, est un enjeu <strong>de</strong> taille. Sur le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s solutions<br />

techniques <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire, les efforts<br />

consentis par la Commission européenne se sont révélés<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 17


précieux. Un vaste corpus d’informations techniques <strong>et</strong><br />

d’évaluations a été réuni au sein d’un position paper<br />

consacré au bruit ferroviaire. La solution préconisée consiste<br />

à remplacer la fonte <strong>de</strong>s semelles <strong>de</strong> freins par <strong>de</strong>s<br />

matériaux moins bruyants. On gagne ainsi <strong>de</strong> 8 à 10 dB au<br />

passage ! Mais équiper les 600 000 wagons coûterait entre<br />

0,9 milliards d’euros (semelle <strong>de</strong> type LL) <strong>et</strong> 3 milliards<br />

d’euros (semelle <strong>de</strong> type K). Des sommes importantes, bien<br />

en <strong>de</strong>çà néanmoins <strong>de</strong> ce que coûterait la protection par<br />

murs antibruit. Aussi c<strong>et</strong>te solution fait-elle l’obj<strong>et</strong> d’un<br />

consensus large au niveau communautaire. On attend avec<br />

impatience l’homologation définitive <strong>de</strong> la semelle LL (trois<br />

fois moins coûteuse que la semelle K), prévue pour 2006-<br />

2007. Le dialogue est engagé avec l’industrie <strong>et</strong> les<br />

entreprises ferroviaires pour la recherche d’un accord<br />

volontaire sur ce suj<strong>et</strong>. Les tramways, métros légers <strong>et</strong><br />

autres moyens <strong>de</strong> transport urbain guidé, quant à eux, ne<br />

bénéficient pas du même état d’harmonisation technique<br />

<strong>de</strong>s infrastructures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s matériels roulants que le<br />

ferroviaire. La Commission a lancé une consultation publique<br />

<strong>et</strong> la DG Environnement a veillé à ce que le bruit <strong>et</strong> les<br />

vibrations fassent partie <strong>de</strong>s spécifications techniques<br />

harmonisées.<br />

Concernant maintenant le bruit <strong>de</strong>s avions, quel est le rôle<br />

communautaire dans c<strong>et</strong>te problématique ? Premier constat,<br />

l’essentiel ne se joue pas à Bruxelles, mais au sein <strong>de</strong><br />

l’Organisation <strong>de</strong> l’aviation civile internationale (OACI), qui<br />

joue un rôle clé dans l’élaboration <strong>de</strong>s règles adoptées au<br />

niveau international, en particulier la limitation <strong>de</strong>s<br />

émissions <strong>de</strong>s aéronefs. Au sein <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te organisation, les<br />

États négocient directement les normes <strong>de</strong> bruit, <strong>et</strong> la<br />

Commission européenne n’y a qu’un rôle d’observateur. Le<br />

chapitre 4 entrera en vigueur au 1 er janvier 2006. Autrement<br />

dit, tout avion neuf commercialisé <strong>de</strong>vra alors respecter <strong>de</strong>s<br />

valeurs limites <strong>de</strong> bruit conformes à c<strong>et</strong>te catégorie<br />

acoustique plus performante. La notion d’approche<br />

équilibrée autour <strong>de</strong>s aéroports, qui est préconisée au<br />

niveau international, joue aussi un rôle important. Issue <strong>de</strong><br />

la résolution A 33-7, l’approche équilibrée est un concept<br />

d’une gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce environnementale, puisqu’elle<br />

entend viser un équilibre délicat entre protection <strong>de</strong><br />

l’environnement <strong>et</strong> circulation aérienne internationale. Les<br />

restrictions sont possibles, mais elles doivent être étudiées<br />

au cas par cas, après évaluation <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices, <strong>et</strong><br />

proportionnées à l’objectif <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’aéroport. On<br />

notera que, dans un document diffusé par l’OACI, référencé<br />

98 29 (disponible sur le site Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’OACI),<br />

l’organisation ne manque pas <strong>de</strong> souligner l’importance <strong>de</strong> la<br />

gestion <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong>s sols pour limiter l’urbanisation<br />

<strong>de</strong>s territoires autour <strong>de</strong>s aéroports. Des recommandations<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s orientations ont aussi été réunies au sein d’un<br />

document référencé 91 84. Ces documents ont leur<br />

importance, car ils finissent en pratique par délimiter le<br />

contexte dans lequel la Communauté doit s’efforcer<br />

d’appliquer les grands principes inscrits au traité instituant<br />

l’UE.<br />

Quel a été l’apport <strong>de</strong> la Commission européenne sur ce<br />

dossier du bruit <strong>de</strong>s avions ? Trois directives : la directive<br />

2002/49/CE qui vise la cartographie du bruit <strong>et</strong> les plans<br />

d’action visant à gérer le bruit <strong>de</strong>s avions créé dans<br />

l’environnement autour <strong>de</strong>s grands aéroports civils <strong>et</strong> dans<br />

les gran<strong>de</strong>s agglomérations ; la directive 92/14/CE, qui date<br />

<strong>de</strong> 1992, qui interdit les avions <strong>de</strong> chapitre 2 <strong>de</strong>puis 1992 ; la<br />

directive 2002/30/CE, qui définit les conditions dans<br />

lesquelles les États peuvent restreindre la circulation<br />

aérienne dans les grands aéroports <strong>de</strong> la communauté (plus<br />

<strong>de</strong> 50 000 mouvements annuels). Idée séduisante que c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière directive, mais qui ne doit pas masquer une<br />

limitation majeure, à savoir que ces prescriptions<br />

reprennent à l’i<strong>de</strong>ntique celles établies dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’OACI. La 2002/30 perm<strong>et</strong> d’appliquer <strong>de</strong>s restrictions, mais<br />

au cas par cas : elle peut s’appliquer aux avions présentant<br />

une faible marge <strong>de</strong> conformité avec le chapitre 3 ; elle<br />

prévoit la possibilité <strong>de</strong> restreindre les vols <strong>de</strong> nuit ; elle<br />

impose une étu<strong>de</strong> d’impact <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> restriction, mais<br />

avec obligation <strong>de</strong> démontrer que les mesures prises<br />

présentent le meilleur rapport coût/bénéfice. Sa<br />

transposition est fixée à septembre 2003. La direction<br />

générale <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> la Commission européenne, chef<br />

<strong>de</strong> file <strong>de</strong> ce dossier, a lancé diverses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées à<br />

évaluer la mise en œuvre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te directive <strong>et</strong>,<br />

éventuellement, à la faire évoluer. Un rapport est prévu<br />

pour 2007. L’enjeu est crucial : d’ici 2015, il faut s’attendre<br />

à une augmentation <strong>de</strong>s populations exposées à <strong>de</strong> fortes<br />

expositions (L <strong>de</strong>n > 65 dB(A)), hausse comprise entre 10 <strong>et</strong><br />

50%, selon les divers scénarios. Ceci justifie bien la nécessité<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’exposition<br />

au bruit dans le cadre <strong>de</strong> la directive 2002/30 <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

directive 2002/49.<br />

Il existe également une directive sur les bateaux <strong>de</strong><br />

plaisance, la 2003/44/CE : elle impose <strong>de</strong>s valeurs limites au<br />

passage. Un rapport <strong>de</strong> la Commission est prévu pour 2006,<br />

<strong>de</strong>s propositions législatives étant possibles avant 2007.<br />

On trouve aussi une directive sur les tracteurs, la<br />

74/151/CEE, directive ancienne sur laquelle aucune<br />

évolution n’est à prévoir.<br />

Domaine plus essentiel, les activités fixes, font l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

directive 96/61/CE. Ce texte prévoit la prévention <strong>et</strong> la<br />

réduction intégrées <strong>de</strong>s pollutions dans les gran<strong>de</strong>s<br />

installations nouvelles <strong>et</strong> modifiées, qu’elles soient<br />

industrielles ou agricoles. L’étu<strong>de</strong> d’impact préalable à<br />

autorisation doit obligatoirement prendre en compte le<br />

bruit. On notera qu’un réseau d’experts européens produit<br />

<strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> référence d’une gran<strong>de</strong> qualité, qui<br />

portent sur les techniques <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s nuisances <strong>et</strong> les<br />

procédures <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> ces installations.<br />

Depuis 2000, une directive, la 2000/14/CE, assure<br />

l’harmonisation <strong>de</strong> la puissance acoustique <strong>de</strong>s matériels<br />

utilisés en extérieur. Couvrant 57 types <strong>de</strong> matériels<br />

différents, son obj<strong>et</strong> principal est le marquage CE :<br />

l’affichage du niveau <strong>de</strong> puissance acoustique est obligatoire<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s valeurs limites doivent être respectées. Celles-ci<br />

s’appliquent en <strong>de</strong>ux phases, janvier 2002 <strong>et</strong> janvier 2006.<br />

En complément, les États peuvent réglementer l’utilisation<br />

<strong>de</strong> ces matériels en restreignant les horaires d’utilisation,<br />

notamment dans les zones sensibles. Un rapport <strong>de</strong> la<br />

Commission prévu pour 2005 étudiera la faisabilité <strong>de</strong>s<br />

valeurs limites pour la <strong>de</strong>uxième étape <strong>de</strong> 2006 <strong>et</strong> pourrait<br />

déboucher sur un assouplissement <strong>de</strong>s exigences en la<br />

matière pour une série <strong>de</strong> matériels.<br />

En ce qui concerne les sources <strong>de</strong> bruit, une communication<br />

passe en revue l’ensemble <strong>de</strong> la législation communautaire<br />

en vigueur en matière <strong>de</strong> sources <strong>de</strong> bruit dans<br />

l’environnement. Ce document, référencé COM (2004) 160,<br />

est disponible sur le site Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Commission 1 .<br />

L’évaluation <strong>et</strong> la gestion du bruit ambiant<br />

La directive 2002/49/CE sur l’évaluation <strong>et</strong> la gestion du<br />

bruit dans l’environnement, thème principal <strong>de</strong> ces Assises,<br />

vient en complément <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te abondante législation<br />

communautaire sur les sources. Ses objectifs ? Perm<strong>et</strong>tre<br />

une évaluation harmonisée, dans les vingt-cinq États<br />

européens, <strong>de</strong> l’exposition au bruit dans l’environnement,<br />

au moyen <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques ; prévenir <strong>et</strong><br />

réduire les bruits excessifs au moyen <strong>de</strong> plans d’action ;<br />

1 www.europa.eu.int/comm/environment/noise<br />

PAGE 18<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


protéger les zones calmes ; faire en sorte que l’information<br />

<strong>et</strong> la participation du public soient au cœur du processus.<br />

Précieux outil que c<strong>et</strong>te directive pour, qu’enfin, puissent<br />

être collectées <strong>de</strong>s données harmonisées, portant sur <strong>de</strong>s<br />

indicateurs communs, <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s actions puissent être<br />

menées à l’échelon communautaire. Routes, voies ferrées,<br />

aéroports, industries, telles sont les gran<strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> bruit<br />

ambiant ciblées par c<strong>et</strong>te directive, qui s’applique<br />

notamment aux agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000<br />

habitants. Une approche en <strong>de</strong>ux étapes a été adoptée : les<br />

gran<strong>de</strong>s agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 000 habitants sont<br />

concernées par la première étape (échéance pour les cartes<br />

<strong>de</strong> bruit : 30 juin 2007 ; échéance pour les plans d’action :<br />

18 juill<strong>et</strong> 2008) ; les plus p<strong>et</strong>ites agglomérations par la<br />

secon<strong>de</strong> (2012–2013). Si la directive 2002/49 détaille<br />

précisément les prescriptions techniques relatives à la<br />

cartographie, elle laisse en revanche aux États le soin <strong>de</strong><br />

désigner les autorités responsables <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s<br />

cartes, <strong>de</strong>s plans d’action <strong>et</strong> <strong>de</strong> la collecte <strong>de</strong>s données au<br />

niveau national.<br />

Concernant les cartes <strong>de</strong> bruit, la directive impose, au<br />

minimum, l’utilisation <strong>de</strong>s indicateurs L <strong>de</strong>n + L night 2 . Ce qui<br />

n’empêche pas d’en utiliser, d’autres, en complément.<br />

Citons par exemple le niveau <strong>de</strong> bruit maximum L Amax ,<br />

indicateur événementiel que beaucoup préconisent. Pour la<br />

première étape <strong>de</strong> 2007, les États disposant <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s<br />

nationales peuvent les utiliser sous certaines conditions, les<br />

autres <strong>de</strong>vant appliquer les métho<strong>de</strong>s provisoires<br />

recommandées en annexe 2 <strong>de</strong> la directive <strong>et</strong> les lignes<br />

directrices <strong>de</strong> la Commission du 6 août 2003. Pour la<br />

<strong>de</strong>uxième étape <strong>de</strong> la cartographie, fixée pour 2012, les<br />

États <strong>de</strong>vront utiliser la même métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévision du<br />

bruit. Les proj<strong>et</strong>s Harmonoise <strong>et</strong> Imagine sont le socle d’une<br />

révision technique <strong>de</strong> la directive qui aboutira à l’émergence<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> harmonisée. En complément <strong>de</strong>s<br />

spécifications techniques précisées à l’Annexe 4 <strong>de</strong> la<br />

directive, la DG Environnement a confié à un groupe<br />

d’expert européen (WG AEN) la réalisation d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

bonnes pratiques en matière cartographique. La Commission<br />

se réserve par ailleurs la possibilité <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>s lignes<br />

directrices si le besoin s’en faisait sentir.<br />

Pour la mise en œuvre <strong>de</strong>s plans d’action, les États ont<br />

n<strong>et</strong>tement plus <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre : critères d’action,<br />

valeurs limites <strong>et</strong> choix <strong>de</strong>s actions sont <strong>de</strong> la discrétion <strong>de</strong>s<br />

États <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autorités compétentes. En revanche,<br />

l’information, la consultation <strong>et</strong> la participation du public<br />

sont obligatoires <strong>et</strong> doivent respecter les prescriptions <strong>de</strong>s<br />

directives 2003/4/CE <strong>et</strong> 2003/35/CE. Des obligations<br />

relatives au contenu <strong>et</strong> au format <strong>de</strong> l’information du public<br />

sont fixées par la directive 2002/49.<br />

C<strong>et</strong>te directive a une importance majeure pour la<br />

Commission. Afin d’en accompagner l’application, un<br />

dispositif d’envergure a été mis en place. Six groupes<br />

d’experts mis en place par la Commission avec l’accord <strong>de</strong>s<br />

États se partagent les différents enjeux couverts par la<br />

directive : bruit routier, bruit ferroviaire, bruit <strong>de</strong>s avions,<br />

bruit <strong>de</strong>s machines, aspects socioéconomiques <strong>et</strong> <strong>de</strong> santé,<br />

évaluation <strong>de</strong> l’exposition au bruit. Leur rôle est <strong>de</strong><br />

conseiller la Commission sur les politiques à m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre <strong>et</strong> <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s techniques. La diffusion<br />

<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s besoins<br />

<strong>de</strong> recherche pour l’avenir sont coordonnés dans le cadre du<br />

réseau dénommé Calm. Enfin, <strong>de</strong>ux ou trois fois par an, se<br />

réunit le groupe <strong>de</strong> pilotage sur le bruit (noise steering<br />

group), auquel prennent part les États membres, les ONG,<br />

2 La pério<strong>de</strong> 23h00-7h00 est la plus couramment considérée pour la nuit, mais<br />

les Etats peuvent aussi bien choisir 22h00-6h00, l’important étant que la nuit<br />

dure 8 heures.<br />

les lobbies industriels <strong>et</strong> les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s groupes<br />

d’experts, sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la Commission (DG<br />

Environnement). Trois autres directions générales <strong>de</strong> la<br />

Commission sont fortement impliquées : la DG Transports <strong>et</strong><br />

Énergie (DG TREN), la DG Entreprises (DG ENTR) <strong>et</strong> la DG<br />

Recherche <strong>et</strong> Développement (DG RTD).<br />

Quel bilan peut-on dresser, début 2005, <strong>de</strong>s travaux menés<br />

par les groupes d’experts ? Dans c<strong>et</strong>te foule <strong>de</strong><br />

contributions, il faut souligner l’importance <strong>de</strong>s position<br />

papers publiés sur le site Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Commission<br />

européenne 3 . L’un d’eux, consacré aux indicateurs <strong>de</strong> bruit<br />

communautaire, r<strong>et</strong>race l’historique <strong>de</strong> l’émergence <strong>de</strong>s<br />

indices L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night , <strong>et</strong> explore largement le champ <strong>de</strong>s<br />

relations entre gêne <strong>et</strong> L <strong>de</strong>n . D’autres sont également<br />

disponibles sur les mesures <strong>de</strong> réduction du bruit, le bruit<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux roues, la monétarisation du bruit, la stratégie<br />

communautaire en matière <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire,<br />

les relations entre les niveaux <strong>de</strong> bruit L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> la gêne, sans<br />

oublier le position paper sur le proj<strong>et</strong> Harmonoise. D’autres<br />

productions sont attendues sous peu : la <strong>de</strong>uxième version<br />

du gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonnes pratiques en matière <strong>de</strong> cartographie 4 ;<br />

un position paper sur les relations entre L night <strong>et</strong> les<br />

perturbations du sommeil ; un rapport sur l’efficacité <strong>de</strong>s<br />

mesures <strong>de</strong> réduction du bruit. Enfin, un <strong>de</strong>rnier enjeu<br />

d’importance concerne le proj<strong>et</strong>, piloté par l’OMS <strong>et</strong> financé<br />

par la Commission, portant sur les valeurs gui<strong>de</strong>s<br />

recommandées en matière <strong>de</strong> bruit nocturne.<br />

Avant <strong>de</strong> clôturer la présentation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te directive sur<br />

l’évaluation <strong>et</strong> la gestion du bruit dans l’environnement, il<br />

convient <strong>de</strong> rappeler l’obligation faite aux États d’assurer la<br />

remontée d’information à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> la Commission.<br />

Ceci vaut tant pour les données d’exposition au bruit issues<br />

<strong>de</strong>s cartes que pour les résumés <strong>de</strong>s plans d’action. Pour ce<br />

faire, la DG Environnement développe un mécanisme<br />

électronique qui facilitera la centralisation <strong>de</strong>s données par<br />

l’Agence européenne <strong>de</strong> l’environnement. Le recueil <strong>de</strong> ces<br />

données <strong>de</strong>vrait, dès le rapport <strong>de</strong> la Commission prévu pour<br />

2009, fournir une vision plus claire <strong>de</strong> l’exposition au bruit<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices à attendre <strong>de</strong> certaines mesures.<br />

On peut espérer que les enseignements tirés <strong>de</strong> ces données<br />

feront évoluer la législation communautaire sur les émissions<br />

<strong>sonores</strong>.<br />

Les autres législations non spécifiques du bruit<br />

D’autres législations, sans être directement consacrées à la<br />

réduction <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>, intègrent la dimension<br />

bruit. C’est le cas <strong>de</strong>s directives sur l’analyse <strong>de</strong>s impacts<br />

sur l’environnement (directive 85/337/CEE modifiée par la<br />

directive 97/11/CE pour les proj<strong>et</strong>s, directive 2001/42/CE<br />

pour les plans <strong>et</strong> <strong>de</strong>s programmes). Il en va également <strong>de</strong> la<br />

législation sur la tarification <strong>de</strong>s transports, suj<strong>et</strong><br />

fondamental qui reste l’un <strong>de</strong>s principaux point <strong>de</strong> fixation<br />

<strong>de</strong>s dissensions qui règnent entre les États. Or, à travers c<strong>et</strong><br />

enjeu se <strong>de</strong>ssine notamment la question <strong>de</strong> l’internalisation<br />

<strong>de</strong>s coûts environnementaux dus au bruit <strong>de</strong>s transports. Le<br />

récent livre blanc <strong>de</strong> la politique commune <strong>de</strong>s transports<br />

(2001) préconise une tarification qui intègre les coûts<br />

externes environnementaux. Les débats sur la directive<br />

Eurovign<strong>et</strong>te (1999/62/CE) ont montré que la Commission<br />

avançait difficilement sur ce dossier <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s progrès<br />

restent à faire pour que le principe d’internalisation <strong>de</strong>s<br />

coûts externes environnementaux <strong>de</strong>vienne une réalité.<br />

La politique <strong>de</strong> cohésion, plus couramment désignée sous le<br />

terme <strong>de</strong>s “fonds structurels”, constitue également un levier<br />

important. Fait encourageant, la Commission a adopté en<br />

2004 <strong>de</strong> nouvelles propositions — au Parlement européen <strong>et</strong><br />

3<br />

http://europa.eu.int/comm/environment/noise/home.htm<br />

4 voir précé<strong>de</strong>nte note <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 19


au Conseil — <strong>de</strong> règlements qui vont dans le sens d’une<br />

meilleure prise en compte <strong>de</strong>s enjeux d’environnement :<br />

pour la pério<strong>de</strong> 2007-2013, les 336 milliards d’euros <strong>de</strong>stinés<br />

à une remise à niveau <strong>de</strong>s États les moins économiquement<br />

dotés <strong>de</strong> l’Union seraient conditionnés à <strong>de</strong>s critères<br />

d’éligibilité qui intègrent le développement <strong>de</strong> transports<br />

plus propres <strong>et</strong> plus durables, <strong>et</strong> qui privilégient la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> l’activité communautaire en matière<br />

d’environnement. Quoi qu’il en soit, la DG Environnement<br />

veillera à ce que les lignes directrices qui découleront <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te politique <strong>de</strong> cohésion intègrent bien la problématique<br />

du bruit, cartes <strong>et</strong> plans d’action à l’appui. Une stratégie sur<br />

la gestion <strong>de</strong> l’environnement urbain est également en<br />

préparation. Devant être proposée aux États fin 2005, la<br />

stratégie COM(2004) 60 visera notamment la mise en œuvre<br />

<strong>de</strong> plans <strong>de</strong> transports urbains durables dans tous les États<br />

<strong>de</strong> l’Union, en particulier dans les agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

100 000 habitants. On r<strong>et</strong>rouve ici les plans <strong>de</strong> déplacements<br />

urbains déjà obligatoires en France, mais avec une<br />

coloration environnementale encore plus accentuée.<br />

Les proj<strong>et</strong>s européens<br />

Parmi les moyens mis à la disposition <strong>de</strong>s États membres par<br />

la Commission pour améliorer l’environnement, citons en<br />

premier lieu le programme Life Environment. Outil financier<br />

<strong>de</strong> la Commission européenne en matière d’environnement,<br />

Life perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> financer <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s visant à ai<strong>de</strong>r les États<br />

ou les collectivités locales à appliquer l’acquis<br />

communautaire <strong>et</strong> à mener une politique volontariste en la<br />

matière. Mais il s’agit d’un dispositif très opérationnel. Pour<br />

ne citer que quelques proj<strong>et</strong>s dédiés à l’application <strong>de</strong> la<br />

directive bruit ambiant, GipSynoise 5 (Grand Lyon), Smile 6<br />

(A<strong>de</strong>me), Goal 7 (Ville <strong>de</strong> Graz) <strong>et</strong> la cartographie du bruit <strong>de</strong><br />

Bruxelles 8 ont été financés dans le cadre du programme Life<br />

Environnement. Le budg<strong>et</strong> associé à ce programme — 1<br />

milliard d’euros sur 7 ans entre 2000 <strong>et</strong> 2006 — est loin<br />

d’être négligeable. Ce programme <strong>de</strong>vrait évoluer à terme<br />

(migration vers Life+).<br />

Le <strong>de</strong>uxième vol<strong>et</strong> <strong>de</strong>s moyens déployés à l’échelon<br />

européen pour stimuler l’émergence <strong>de</strong> pratiques<br />

environnementales innovantes repose sur le programme<br />

cadre en matière <strong>de</strong> recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement<br />

(PCRD). On l’a vu, la coordination du PCRD s’effectue au<br />

sein du réseau Calm. Sur le site web <strong>de</strong> Calm 9 , qui recense<br />

tous les proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> recherche sur le bruit financés par la<br />

communauté, un document très récent est consacré aux<br />

5 www.gipsynoise.org<br />

6 www.smile-europe.org<br />

7 www.goal-graz.at<br />

8 www.ibgebim.be<br />

9 www.calm-n<strong>et</strong>work.org<br />

perspectives <strong>de</strong> recherche à l’horizon 2020 pour une Europe<br />

plus silencieuse. Document clé, Research for a qui<strong>et</strong>er<br />

Europe 2020 passe en revue l’essentiel <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong><br />

recherche qui seront financés à compter <strong>de</strong> 2007 en matière<br />

<strong>de</strong> réduction du bruit. Au nombre <strong>de</strong>s priorités figurent<br />

l’application <strong>de</strong> la directive 2002/49 <strong>et</strong> la préparation <strong>de</strong>s<br />

futures législations en matière d’émissions <strong>sonores</strong> liées aux<br />

transports <strong>et</strong> aux machines utilisées en extérieur. Bien<br />

coordonnée <strong>et</strong> dotée d’une puissance <strong>de</strong> feu respectable,<br />

c<strong>et</strong>te recherche <strong>de</strong>vrait se traduire par <strong>de</strong>s avancées<br />

notables.<br />

Les proj<strong>et</strong>s clés en matière <strong>de</strong> bruit dans l’environnement<br />

Quels sont les proj<strong>et</strong>s phares menés actuellement sur le<br />

front <strong>de</strong> la réduction du bruit dans l’environnement ? Les<br />

proj<strong>et</strong>s Harmonoise <strong>et</strong> Imagine portent sur l’évaluation du<br />

bruit dans l’environnement, sa cartographie <strong>et</strong> sa mesure.<br />

Rotranomo, quant à lui, mise sur la modélisation du bruit<br />

<strong>de</strong>s sources routières <strong>et</strong> une approche coûts-bénéfices pour<br />

déterminer les meilleures solutions <strong>de</strong> gestion du bruit<br />

routier. Siruus 10 <strong>et</strong> Silvia 11 sont <strong>de</strong>ux proj<strong>et</strong>s très riches<br />

d’enseignements qui portent sur les revêtements <strong>de</strong><br />

chaussée peu bruyants. Pour ce qui concerne le bruit<br />

ferroviaire, on citera trois proj<strong>et</strong>s particulièrement dignes<br />

d’intérêt : le proj<strong>et</strong> Stairrs pose le fon<strong>de</strong>ment technique qui<br />

régit les arbitrages entre, par exemple, une stratégie<br />

d’action au niveau <strong>de</strong>s rails <strong>et</strong> une autre se focalisant sur les<br />

semelles <strong>de</strong> freins ; avec le proj<strong>et</strong> ERS se joue le<br />

développement <strong>de</strong>s semelles LL évoquées précé<strong>de</strong>mment,<br />

semelles à meilleur rapport, à meilleurs cycles <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> à<br />

moindre coût ; le proj<strong>et</strong> Noemie, enfin, vise une meilleure<br />

connaissance du bruit à l’émission <strong>de</strong>s véhicules à gran<strong>de</strong><br />

vitesse. En matière <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong>s avions, le proj<strong>et</strong> Sourdine,<br />

l’un <strong>de</strong>s nombreux proj<strong>et</strong>s financés par la Commission<br />

européenne sur ce thème, traite <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s<br />

trajectoires à moindre bruit (voir, entre autres, les résultats<br />

particulièrement éloquents obtenus par l’aéroport <strong>de</strong><br />

Schiphol). QCity <strong>et</strong> Silence relèvent quant à eux davantage<br />

<strong>de</strong>s plans d’action en matière <strong>de</strong> réduction du bruit en<br />

milieu urbain. Le proj<strong>et</strong> Ranch porte, lui, sur la meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur la santé du bruit <strong>de</strong>s avions <strong>et</strong> du<br />

bruit routier, notamment sur les enfants. Enfin, citons à<br />

nouveau le proj<strong>et</strong> soutenu par la DG Environnement <strong>et</strong> que<br />

pilote l’OMS Europe, le proj<strong>et</strong> Night time gui<strong>de</strong>lines <strong>de</strong>s<br />

recommandations en matière <strong>de</strong> bruit nocturne <strong>et</strong> <strong>de</strong> valeurs<br />

gui<strong>de</strong>s.<br />

10 Voir Inr<strong>et</strong>s<br />

11 www.silvia.trl.uk<br />

Dispositions réglementaires relatives à la transposition <strong>de</strong> la directive<br />

européenne sur le bruit dans l'environnement (cartes <strong>et</strong> plans d'action en<br />

agglomération)<br />

Pascal Valentin (Mission bruit, ministère <strong>de</strong><br />

l'Écologie <strong>et</strong> du Développement durable)<br />

Comme on l’a vu dans l’exposé précé<strong>de</strong>nt, la mise en œuvre<br />

<strong>de</strong> la directive sur le bruit dans l’environnement fait une<br />

large place à la liberté <strong>et</strong> à la responsabilité <strong>de</strong>s États.<br />

Surtout en ce qui concerne l’adoption <strong>de</strong>s plans d’action,<br />

puisque le contenu <strong>et</strong> les critères <strong>de</strong> déclenchement <strong>de</strong> ces<br />

plans sont laissés à la discrétion <strong>de</strong>s autorités compétentes.<br />

En France, les ministères concernés ont souhaité confier<br />

c<strong>et</strong>te responsabilité aux collectivités territoriales,<br />

notamment au titre du bruit émis en ville par les<br />

infrastructures <strong>de</strong> transports terrestre <strong>et</strong> aérien <strong>et</strong> par les<br />

ICPE. Pour transposer c<strong>et</strong>te directive, la France a choisi <strong>de</strong><br />

modifier le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Environnement, en créant ses articles<br />

L. 572-1 <strong>et</strong> suivants, <strong>et</strong> ce par voie d’ordonnance. En voici<br />

les principaux termes.<br />

L’article L 572-1 consacre le principe <strong>de</strong> l’évaluation du<br />

bruit émis dans l’environnement aux abords <strong>de</strong>s principales<br />

infrastructures <strong>de</strong> transport. Sont concernés : les<br />

infrastructures routières <strong>et</strong> autoroutières dont le trafic<br />

annuel est supérieur à 3 millions <strong>de</strong> véhicules ; les<br />

PAGE 20<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


infrastructures ferroviaires dont le trafic est supérieur à<br />

30 000 passages <strong>de</strong> trains par an ; les aérodromes civils dont<br />

le trafic annuel est supérieur à 50 000 mouvements (hors<br />

mouvements effectués exclusivement à <strong>de</strong>s fins<br />

d’entraînement sur <strong>de</strong>s avions légers).<br />

La liste <strong>de</strong>s agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000 habitants sera<br />

déterminée par un décr<strong>et</strong> en Conseil d’État. En outre, c<strong>et</strong>te<br />

liste sera très proche <strong>de</strong> celle correspondant à la<br />

surveillance <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air, par ailleurs visée par un<br />

autre décr<strong>et</strong>.<br />

L’article L. 572-3 rappelle le principe <strong>et</strong> l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s cartes<br />

<strong>de</strong> bruit. Leur objectif ? Perm<strong>et</strong>tre une évaluation globale <strong>de</strong><br />

l’exposition du bruit dans l’environnement <strong>et</strong> <strong>de</strong> son<br />

évolution à venir. Les cartes sont établies sur la base<br />

d’indicateurs du niveau sonore selon <strong>de</strong>s conditions qui<br />

seront précisées par décr<strong>et</strong> en Conseil d’État. Les cartes<br />

relatives aux agglomérations prennent en compte le bruit<br />

émis par les trafics routier, ferroviaire <strong>et</strong> aérien, les<br />

activités industrielles <strong>et</strong>, le cas échéant, d’autres sources <strong>de</strong><br />

bruit. En tout état <strong>de</strong> cause, en agglomération, il conviendra<br />

que les cartes <strong>de</strong> bruit reflètent la multi-exposition.<br />

Mais quelles sont les autorités compétentes pour établir les<br />

cartes <strong>de</strong> bruit ? Hors agglomérations, pour les<br />

infrastructures <strong>de</strong> transport correspondant aux critères <strong>de</strong><br />

trafic énoncés précé<strong>de</strong>mment, c’est le représentant <strong>de</strong><br />

l’État qui se charge <strong>de</strong> la cartographie ; dans le périmètre<br />

<strong>de</strong>s agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000 habitants, c’est aux<br />

communes ou, s’il en existe, aux établissements <strong>de</strong><br />

coopération intercommunale compétents en matière <strong>de</strong><br />

lutte contre les nuisances <strong>sonores</strong>, <strong>de</strong> réaliser les cartes <strong>de</strong><br />

bruit. On s’en doute, dans le cas d’une infrastructure<br />

importante traversant une agglomération <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000<br />

habitants, il convient que le gestionnaire <strong>de</strong> l’infrastructure<br />

partage ses informations (cartes <strong>de</strong> bruit dans l’idéal,<br />

données entrantes sinon), afin d’éviter que le travail ne soit<br />

réalisé <strong>de</strong>ux fois.<br />

L’article 572-5 pose le principe d’un réexamen <strong>et</strong>, le cas<br />

échéant, d’une révision <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit, tous les cinq ans<br />

au moins. Bien évi<strong>de</strong>mment, les cartes <strong>de</strong> bruit sont rendues<br />

publiques, éventuellement par voie électronique.<br />

On l’a vu, pour l’établissement <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit, la<br />

directive <strong>et</strong> ses annexes laissent peu <strong>de</strong> place à l’à-peu-près.<br />

Les plans <strong>de</strong> prévention du bruit dans l’environnement,<br />

quant à eux, sont bien moins encadrés. Pourquoi c<strong>et</strong>te<br />

différence ? D’une part, parce que le financement <strong>de</strong>s plans<br />

d’action est assuré par les autorités chargées <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre les<br />

plans en œuvre. D’autre part, parce que les plans d’action<br />

ne sont pas un simple catalogue <strong>de</strong>s mesures pouvant être<br />

prises pour lutter contre le bruit, mais trouvent leur<br />

ancrage, le cas échéant, dans les mesures existantes. Seront<br />

donc comprises dans les plans <strong>de</strong> prévention du bruit les<br />

dispositions relatives au classement sonore <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s voies<br />

routières <strong>et</strong> ferroviaires. Il en va <strong>de</strong> même pour les<br />

servitu<strong>de</strong>s d’urbanisme définies par le plan d’exposition au<br />

bruit au voisinage <strong>de</strong>s aérodromes, ou pour celles qui<br />

concernent l’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation. Mais il n’est bien sûr<br />

pas question <strong>de</strong> confier à qui que ce soit d’autre que l’État<br />

la réalisation du classement sonore.<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit existantes<br />

en France, qui sont bien rôdées, l’on peut légitimement se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce que c<strong>et</strong>te directive représente comme<br />

obligations nouvelles. Pour les collectivités territoriales, la<br />

nouveauté est évi<strong>de</strong>nte : dans les agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

100 000 habitants, c’est à la commune ou, lorsqu’il existe, à<br />

l’établissement public <strong>de</strong> coopération intercommunal<br />

compétent en matière <strong>de</strong> lutte contre les nuisances <strong>sonores</strong>,<br />

que revient l’élaboration <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> prévention du bruit. Pour les<br />

gestionnaires d’infrastructures, c’est la responsabilité <strong>de</strong>s<br />

plans d’action qui change la donne : pour les infrastructures<br />

qui ne relèvent pas <strong>de</strong> l’État, gestionnaires ou propriétaires<br />

d’infrastructures ont la charge d’élaborer les plans <strong>de</strong><br />

prévention du bruit dans l’environnement. Pour les<br />

autoroutes <strong>et</strong> les routes d’intérêt national <strong>et</strong> européen<br />

faisant parties du domaine public routier national, pour les<br />

infrastructures ferroviaires <strong>et</strong> pour les principaux<br />

aérodromes (ceux qui enregistrent plus <strong>de</strong> 50 000<br />

mouvements par an), l’autorité compétente sera le<br />

représentant <strong>de</strong> l’État.<br />

On le voit, le besoin se fait sentir <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s<br />

dispositifs <strong>de</strong> concertation <strong>et</strong> <strong>de</strong> dialogue, afin <strong>de</strong> prévenir<br />

le cas d’une agglomération qui prendrait <strong>de</strong>s dispositions qui<br />

ne seraient pas <strong>de</strong> son ressort. Prenons l’exemple d’un maire<br />

qui, soucieux <strong>de</strong> protéger ses administrés, déci<strong>de</strong>rait <strong>de</strong> la<br />

ferm<strong>et</strong>ure d’un aérodrome ou d’une infrastructure à<br />

certaines heures. De fait, il importe que les plans <strong>de</strong><br />

prévention du bruit dans l’environnement ne comportent<br />

que <strong>de</strong>s mesures qui puissent être mises en œuvre <strong>de</strong><br />

manière réaliste.<br />

Les plans <strong>de</strong> prévention du bruit dans l’environnement<br />

comporteront également <strong>de</strong>s prescriptions <strong>de</strong> nature à<br />

prévenir les eff<strong>et</strong>s du bruit ou à réduire, si nécessaire, les<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bruit, ainsi qu’à protéger les zones calmes.<br />

L’ordonnance définit ces <strong>de</strong>rnières comme <strong>de</strong>s « espaces<br />

extérieurs remarquables par leur faible exposition au bruit<br />

dans lesquelles l’autorité qui établit le plan souhaite<br />

maîtriser l’évolution <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te exposition compte tenu <strong>de</strong>s<br />

activités humaines pratiquées ou prévues ». Autrement dit,<br />

il sera non seulement possible <strong>de</strong> protéger les zones calmes<br />

qui existent mais également <strong>de</strong> créer, autant que faire se<br />

peut, <strong>de</strong> nouvelles zones calmes. Les plans <strong>de</strong> prévention<br />

comporteront une évaluation du nombre <strong>de</strong> personnes<br />

exposées à un niveau <strong>de</strong> bruit excessif <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntifieront les<br />

sources <strong>de</strong> bruit dont les niveaux <strong>de</strong>vraient être réduits. Ils<br />

recenseront les mesures prévues par les autorités<br />

compétentes pour traiter les situations critiques i<strong>de</strong>ntifiées<br />

par les cartes <strong>de</strong> bruit, en particulier lorsque les valeurs<br />

limites (fixées dans <strong>de</strong>s conditions définies par décr<strong>et</strong>)<br />

seront dépassées ou risqueront <strong>de</strong> l’être. Comme pour les<br />

cartes <strong>de</strong> bruit, les plans <strong>de</strong> prévention du bruit dans<br />

l’environnement <strong>de</strong>vront être publiés <strong>et</strong> réexaminés au<br />

minimum tous les 5 ans <strong>et</strong> avant ce délai en cas d’évolution<br />

significative <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit.<br />

Qu’en est-il maintenant <strong>de</strong>s délais d’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

directive ? Pour les agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 000<br />

habitants, les infrastructures routières <strong>de</strong> trafic supérieur à<br />

6 millions <strong>de</strong> véhicules, les infrastructures ferroviaires <strong>de</strong><br />

trafic supérieur à 60 000 passages <strong>et</strong> les aérodromes <strong>de</strong><br />

trafic annuel supérieur à 50 000 mouvements, le délai pour<br />

la publication <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit est fixé au 30 juin 2007 au<br />

plus tard. Pour ces mêmes agglomérations <strong>et</strong> infrastructures,<br />

les plans <strong>de</strong> prévention du bruit correspondants <strong>de</strong>vront être<br />

établis avant le 18 juill<strong>et</strong> 2008. Les agglomérations <strong>et</strong><br />

infrastructures plus réduites bénéficient d’un délai<br />

supplémentaire <strong>de</strong> 5 ans : publication <strong>de</strong>s cartes avant le 30<br />

juin 2012, mise en œuvre <strong>de</strong>s plans d’action correspondants<br />

avant le 18 juill<strong>et</strong> 2013.<br />

L’État français sera chargé <strong>de</strong> répercuter les cartes <strong>et</strong> les<br />

résumés <strong>de</strong>s plans d’action (en 10 pages maximum) à la<br />

Commission européenne. Par conséquent, pour les cartes <strong>de</strong><br />

bruit <strong>et</strong> les plans d’action dont l’établissement revient à <strong>de</strong>s<br />

autorités autres que l’État, les informations <strong>de</strong>vront être<br />

transmises à l’État.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 21


Débat<br />

Et l’émergence, dans tout çà ?<br />

Dans c<strong>et</strong>te discussion, on s’est interrogé sur la suprématie,<br />

dans l’évaluation du bruit ambiant, <strong>de</strong>s indicateurs<br />

dosimétriques tels que le L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> le L night . À ces niveaux<br />

moyens, certains opposent une certaine tradition française<br />

qui évalue volontiers la gêne au moyen <strong>de</strong> l’émergence<br />

sonore (entre un bruit particulier <strong>et</strong> un bruit résiduel).<br />

Quelles sont les raisons <strong>de</strong> ce choix ? D’une part, il faut<br />

revenir au programme d’action communautaire en matière<br />

d’environnement, qui donne la priorité, en matière <strong>de</strong> bruit<br />

dans l’environnement, à la réduction <strong>de</strong>s expositions <strong>de</strong><br />

longue durée à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit moyen élevés. D’autre<br />

part, la directive 2002/49 impose une évaluation harmonisée<br />

dans toute l’Europe <strong>de</strong> l’exposition au bruit. Ce qui a poussé<br />

les États à adopter au moins <strong>de</strong>ux indicateurs “fédérateurs”.<br />

Mais il est clairement établi dans la directive que d’autres<br />

indicateurs <strong>de</strong> bruit peuvent être utilisés en complément,<br />

afin <strong>de</strong> caractériser l’exposition au bruit ou <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s<br />

critères pour les plans d’action. À ce titre, l’annexe 1 <strong>de</strong> la<br />

directive dresse une liste non limitative d’indicateurs <strong>de</strong><br />

bruit complémentaires. La pertinence <strong>de</strong>s indicateurs<br />

événementiels tels que le L Amax y est clairement soulignée,<br />

notamment pour l’évaluation du bruit ferroviaire <strong>et</strong> du bruit<br />

<strong>de</strong>s avions. Il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue que les États ont<br />

toute latitu<strong>de</strong> pour définir leurs critères d’action <strong>de</strong><br />

réduction du bruit. Par ailleurs, la législation<br />

communautaire, pour fixer les limites <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> bruit,<br />

fait largement appel à la notion <strong>de</strong> bruit maximum au<br />

passage L Aeq,tp . Enfin, <strong>de</strong>rnier élément <strong>de</strong> réponse, c<strong>et</strong>te<br />

directive peut évoluer : le programme <strong>de</strong> recherche<br />

communautaire laisse la porte gran<strong>de</strong> ouverte à<br />

l’amélioration <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> à l’amélioration<br />

<strong>de</strong>s connaissances en matière d’eff<strong>et</strong> du bruit sur la santé ;<br />

un rapport <strong>de</strong> la commission est prévu pour 2009. Et puis la<br />

profusion d’indicateurs est couramment dénoncée comme un<br />

frein à l’évaluation <strong>de</strong> l’exposition au bruit sur le long terme<br />

<strong>de</strong>s citoyens d’Europe. Seule la collecte <strong>de</strong> données robustes<br />

<strong>et</strong> comparables, par mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport, perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong><br />

déterminer les priorités <strong>et</strong> <strong>de</strong> quantifier les gains pour la<br />

société.<br />

La crainte d’une coûteuse “valse <strong>de</strong>s<br />

indicateurs”<br />

Le débat a également porté sur la pérennité <strong>de</strong>s indicateurs<br />

choisis pour établir les cartes <strong>de</strong> bruit. En eff<strong>et</strong>, dans<br />

l’éventualité où le rapport <strong>de</strong> la Commission prévu pour<br />

2009 <strong>de</strong>vait infléchir les choix actuels du L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> du L night , un<br />

tel revirement, pour les autorités compétentes, les<br />

agglomérations notamment, serait lourd <strong>de</strong> conséquences.<br />

En d’autres termes, quelle garantie ont les États membres<br />

<strong>de</strong> ne pas <strong>de</strong>voir établir <strong>de</strong> nouvelles cartes <strong>de</strong> bruit avec <strong>de</strong><br />

nouveaux indicateurs tous les cinq ans ? David Delcampe,<br />

s’exprimant au nom <strong>de</strong> la DG Environnement, a clairement<br />

écarté un tel scénario. Pour lui, les règles du jeu<br />

complémentaires sont <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong>s États.<br />

Expert, vous avez dit expert…<br />

Le débat a ensuite porté sur les modalités <strong>de</strong> recrutement<br />

<strong>de</strong>s experts <strong>et</strong> sur la faible représentativité <strong>de</strong> certaines<br />

disciplines, les sciences dites “molles” notamment, telles<br />

que la sociologie, la psychologie ou la linguistique. En outre,<br />

certaines conclusions établies <strong>de</strong> longue date — comme par<br />

exemple la part du niveau <strong>de</strong> bruit dans l’explication <strong>de</strong> la<br />

gêne qui, selon toute vraisemblance, se limite à 30% —, ne<br />

se seraient toujours pas concrétisées par voie réglementaire.<br />

À <strong>de</strong> telles critiques, la Commission rétorquera que, dans les<br />

instances <strong>de</strong> l’Union, le choix <strong>de</strong>s experts suit une logique<br />

toute transparente : la Commission déci<strong>de</strong> avec les États, en<br />

l’occurrence, pour ce qui est du domaine du bruit dans<br />

l’environnement, avec leurs ministères chargés <strong>de</strong><br />

l’environnement. Pragmatique, la Commission prend sa<br />

décision, faisant peser dans la balance, ici, les coûts <strong>de</strong><br />

participation, là, la pertinence <strong>de</strong>s références <strong>de</strong>s<br />

spécialistes pressentis. Avec vingt-cinq États, on s’en doute,<br />

l’équilibre à trouver a tout du casse-tête. Dès lors, que<br />

certaines disciplines soient sous représentées n’a rien <strong>de</strong><br />

surprenant.<br />

Quant à l’Afsse, l’instance est totalement indépendante<br />

dans ses choix. L’équipe qui a étudié l’impact sanitaire du<br />

bruit, par exemple, comprenait dans ses rangs <strong>de</strong>s<br />

professeurs <strong>de</strong> sociologie, <strong>de</strong>s chargés <strong>de</strong> la gestion du<br />

risque au sein <strong>de</strong> collectivités locales <strong>et</strong> <strong>de</strong>s techniciens<br />

maîtrisant d’autres disciplines que le bruit.<br />

À l’OMS, pour finir, les collectifs d’experts très cosmopolites<br />

commis par l’organisation s’efforceront, pour suggérer <strong>de</strong>s<br />

indicateurs du bruit, <strong>de</strong> concilier <strong>de</strong>ux exigences majeures :<br />

les orientations <strong>de</strong> la directive <strong>et</strong> les meilleurs arguments<br />

possibles <strong>de</strong> représentativité <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s réels sur la santé.<br />

Les moyens déployés contre le bruit <strong>de</strong>s<br />

avions : dérisoires, au vu <strong>de</strong> l’ampleur <strong>de</strong><br />

l’enjeu ?<br />

Prenant exemple sur le dispositif d’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation au<br />

voisinage <strong>de</strong>s aéroports français, lequel, en dix ans, a<br />

concerné à peine plus du quart <strong>de</strong>s logements éligibles, la<br />

discussion a ensuite porté sur la faible adéquation entre les<br />

moyens déployés <strong>et</strong> l’ampleur <strong>de</strong> la tâche à accomplir. Sans<br />

infirmer c<strong>et</strong>te vision <strong>de</strong>s choses, la réponse ministérielle<br />

s’est voulue positiviste, m<strong>et</strong>tant en avant la possibilité,<br />

<strong>de</strong>puis le 1 er janvier 2005, d’assuj<strong>et</strong>tir la taxe prélevée au<br />

trafic 1 , à la catégorie acoustique <strong>de</strong> l’appareil <strong>et</strong> à l’heure<br />

<strong>de</strong> décollage.<br />

1 Dans les aéroports parisiens <strong>et</strong> à Toulouse, ce taux est 22 euros par tonne ;<br />

dans les autres aéroports, Mulhouse excepté, <strong>de</strong> 8 €/t ; à Mulhouse, <strong>de</strong> 0,5 €/t.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Séance plénière<br />

Des politiques globales pour réduire le bruit en agglomération<br />

Séance présidée par François Leleu, maire adjoint d’Avignon, chargé <strong>de</strong> l’environnement<br />

Modérateur : Jean-Pierre Gualezzi, vice-Prési<strong>de</strong>nt du CIDB.<br />

Introduction<br />

Jean-Pierre Gualezzi (vice-Prési<strong>de</strong>nt du CIDB,<br />

membre du Conseil national du bruit)<br />

L’ordonnance transposant, en France, la directive<br />

2002/49/CE sur le bruit dans l’environnement est venue<br />

imposer aux agglomérations <strong>de</strong> se doter à court terme <strong>de</strong><br />

plans d’actions contre les nuisances <strong>sonores</strong>, plans <strong>de</strong>vant<br />

prendre appui sur les cartographies du bruit dans le<br />

territoire considéré. C<strong>et</strong>te obligation constitue une<br />

importante avancée, elle constitue en quelque sorte l’acte<br />

fondateur <strong>de</strong>s politiques globales, au niveau local, <strong>de</strong> lutte<br />

contre le bruit. Qui plus est, c<strong>et</strong>te obligation prend un<br />

caractère irréversible, les cartographies <strong>et</strong> les plans d’action<br />

<strong>de</strong>vant être actualisés au moins tous les cinq ans. La force<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te législation tient aussi à son ancrage dans la<br />

gouvernance, puisque la participation effective <strong>de</strong> la<br />

population à l’élaboration <strong>et</strong> à l’évaluation <strong>de</strong>s plans<br />

d’action est requise.<br />

Certes, les vol<strong>et</strong>s traités par la directive ne recouvrent pas<br />

tous les types <strong>de</strong> bruits — les bruits <strong>de</strong>s activités<br />

domestiques <strong>et</strong> les bruits <strong>de</strong> voisinage, notamment, en sont<br />

exclus — mais rien n’empêche qu’un plan d’action les<br />

concerne. La dimension globale inhérente à ce texte n’est<br />

pas la moindre <strong>de</strong> ses qualités : seuls <strong>de</strong>s plans<br />

véritablement globaux ont la capacité d’éviter ce que Serge<br />

Lepeltier, maire <strong>de</strong> Bourges <strong>et</strong> ancien ministre <strong>de</strong> l’Écologie<br />

<strong>et</strong> du Développement durable, appelle le « paradoxe du<br />

maire ». À savoir qu’une action ciblée sur une nuisance<br />

seulement risque <strong>de</strong> faire rejaillir une autre nuisance encore<br />

moins tolérable, jusqu’alors masquée par la première. Il en<br />

va ainsi <strong>de</strong> l’isolation acoustique aux bruits extérieurs, qui<br />

révèle <strong>de</strong>s bruits intérieurs à l’immeuble, auparavant à<br />

peine audibles ; ou <strong>de</strong> la création d’une rue piétonne, qui<br />

favorise le passage nocturne <strong>de</strong> piétons dont les<br />

conversations à voix hautes, surtout s’ils sortent <strong>de</strong><br />

discothèques ou bars <strong>de</strong> nuit, perturbent les riverains.<br />

L’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te directive constitue donc un tournant,<br />

<strong>et</strong> ces Assises <strong>de</strong> l’environnement sonore tombent à point<br />

nommé pour réfléchir collectivement aux moyens par<br />

lesquels le dirigeants locaux concernés pourraient être aidés<br />

dans la mise en œuvre <strong>de</strong> leurs prérogatives. La Commission<br />

européenne s’y emploie <strong>de</strong>puis plusieurs années <strong>et</strong> plusieurs<br />

villes <strong>et</strong> agglomérations <strong>de</strong> différents pays européens ont<br />

anticipé. Parallèlement, plusieurs pays mènent déjà <strong>de</strong>s<br />

politiques incitatives, la France, notamment, avec son plan<br />

national d’action contre le bruit lancé en octobre 2003, dont<br />

le suivi a été confié au Conseil national du bruit. Ce plan<br />

comporte en particulier un important dispositif<br />

d’amélioration <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>s points<br />

noirs du bruit <strong>de</strong>s transports terrestres. Une première<br />

initiative <strong>de</strong> contribution décentralisée est à porter au<br />

crédit <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France, qui participe<br />

financièrement à ce dispositif. Les observatoires du bruit se<br />

multiplient par ailleurs. C<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> journée <strong>de</strong>s Assises a<br />

donc vocation à faire le tour <strong>de</strong> ces questions.<br />

C<strong>et</strong>te séance plénière est résolument axée sur le vol<strong>et</strong><br />

transports <strong>et</strong> circulation. Sur ce suj<strong>et</strong>, il convient <strong>de</strong><br />

rappeler qu’un récent sondage commandé par l’association<br />

<strong>de</strong>s maires <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> France indique que l’une<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales attentes <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>s villes n’est<br />

autre que la réduction <strong>de</strong> la circulation automobile, l’autre<br />

priorité restant bien sûr la sécurité.<br />

Au programme <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te plénière figure donc le proj<strong>et</strong> SMILE,<br />

initié par la Commission européenne dans le cadre <strong>de</strong> son<br />

programme Life, qui ne concerne pas directement le bruit<br />

mais qui inclut un vol<strong>et</strong> bruit. Suivent différents exemples<br />

<strong>de</strong> politiques globales mises en place localement pour<br />

réduire le bruit en agglomération : l’exemple <strong>de</strong> Londres, <strong>de</strong><br />

Graz en Autriche, <strong>de</strong> Nantes <strong>et</strong> d’Annecy.<br />

Après un premier débat portant sur c<strong>et</strong>te première partie,<br />

c<strong>et</strong>te séance plénière se tourne ensuite vers le vol<strong>et</strong> bruit du<br />

proj<strong>et</strong> Smile, en quelque sorte, avec la présentation du<br />

gui<strong>de</strong> Smile <strong>de</strong>s bonnes pratiques <strong>de</strong> réduction du bruit en<br />

milieu urbain.<br />

Présentation générale du programme européen SMILE<br />

Jean-Louis Plazy (A<strong>de</strong>me)<br />

SMILE est l’acronyme <strong>de</strong> sustainable mobility initiatives for<br />

local environment, ce qu’on pourrait traduire<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 23


par « Initiatives en mobilité durable pour un contexte<br />

local ». Ce programme traite donc <strong>de</strong> la mobilité urbaine<br />

sous tous ses aspects, qu’il s’agisse <strong>de</strong> protéger la qualité <strong>de</strong><br />

l’air, <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s économies d’énergie ou <strong>de</strong> lutter<br />

contre les nuisances <strong>sonores</strong>. SMILE s’articule autour d’un<br />

consortium regroupant divers partenaires : quatre agences<br />

nationales — ADEME en France, ENEA en Italie, EVA en<br />

Autriche <strong>et</strong> IDAE en Espagne ; trois réseaux <strong>de</strong> villes<br />

européennes — Énergie-Cités (Association <strong>de</strong>s municipalités<br />

en faveur d'une politique énergétique locale durable),<br />

Access-Eurocités (Villes européennes pour une nouvelle<br />

culture <strong>de</strong> la mobilité), Climate alliance (Alliance <strong>de</strong> villes<br />

européennes pour le climat) ; une organisation non<br />

gouvernementale (EAUE, European Aca<strong>de</strong>my of the Urban<br />

Environment).<br />

L’objectif <strong>de</strong> ce programme : formuler <strong>de</strong>s recommandations<br />

<strong>de</strong>stinées à réduire l’impact <strong>de</strong>s transports sur<br />

l’environnement local urbain. Il s’agit d’encourager les<br />

bonnes pratiques, <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s solutions innovantes <strong>et</strong><br />

permanentes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>, telles que<br />

les alternatives à l’usage <strong>de</strong> la voiture, mais sans perdre <strong>de</strong><br />

vue les besoins spécifiques <strong>de</strong>s populations en matière <strong>de</strong><br />

mobilité.<br />

La métho<strong>de</strong> a consisté à collecter <strong>et</strong> analyser les initiatives<br />

<strong>de</strong>s collectivités prises dans le cadre <strong>de</strong>s opérations “En ville<br />

sans ma voiture” <strong>et</strong> <strong>de</strong> la “semaine européenne <strong>de</strong> la<br />

mobilité”. Un questionnaire a été envoyé dans les villes <strong>de</strong>s<br />

25 pays <strong>de</strong> l’Union ayant participé à ces manifestations. Sur<br />

les mille villes sollicitées, 170 réponses utilisables <strong>et</strong> bien<br />

documentées ont alimenté une base <strong>de</strong> données relatives<br />

aux mesures permanentes mises en place dans ces villes. La<br />

diffusion <strong>de</strong>s informations a tout d’abord été assurée par<br />

une série <strong>de</strong> séminaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> conférences, puis par un site<br />

Intern<strong>et</strong> collectant ces données.<br />

Au total, 170 exemples <strong>de</strong> mesures permanentes sont<br />

présentés. Les différentes modalités d’action sont<br />

regroupées selon les thèmes suivants : les transports<br />

publics ; les transports <strong>de</strong> marchandise <strong>et</strong> livraisons en ville ;<br />

le vélo ; la marche <strong>et</strong> les piétons ; l’intermodalité ; la<br />

circulation douce ; l’usage raisonné <strong>de</strong> la voiture, les plans<br />

<strong>de</strong> mobilité ; les parkings ; les politiques locales <strong>de</strong><br />

déplacement ; la planification urbaine ; la sensibilisation du<br />

public.<br />

Ces différents exemples nous révèlent à quel point il<br />

importe <strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s actions globales résultant d’une<br />

politique cohérente menée à l’échelon <strong>de</strong> la ville ou <strong>de</strong> la<br />

collectivité territoriale. De ce corpus d’expériences, quatre<br />

gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recommandations pour les collectivités ont été<br />

réalisés. L’un traite <strong>de</strong>s politiques locales en faveur <strong>de</strong>s<br />

déplacements soutenables, un autre <strong>de</strong>s transports publics —<br />

ce pilier <strong>de</strong> la mobilité soutenable —, un autre encore est<br />

axé sur le thème <strong>de</strong> la mobilité pour tous. Enfin, émanation<br />

du groupe <strong>de</strong> travail dédié aux nuisances <strong>sonores</strong>, le <strong>de</strong>rnier<br />

document est un gui<strong>de</strong> pour la réalisation <strong>de</strong>s plans<br />

d’atténuation <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> liées au trafic.<br />

Des circuits <strong>de</strong> visite ont par ailleurs été organisés dans<br />

quatorze villes jugées comme étant les meilleurs exemples<br />

<strong>de</strong>s différents registres d’action. En France, Nantes <strong>et</strong> La<br />

Rochelle sont les <strong>de</strong>ux villes r<strong>et</strong>enues pour ces “voyages<br />

d’étu<strong>de</strong>”.<br />

Concernant les nuisances <strong>sonores</strong>, le groupe d’experts piloté<br />

par Christophe Rau (EAUE) a analysé les mesures prises dans<br />

diverses villes européennes. Voici quelques exemples <strong>de</strong><br />

villes comptant parmi les initiatives <strong>de</strong> réduction du bruit les<br />

plus intéressantes : Annecy (France), Berlin (Allemagne),<br />

Breda (Pays-Bas), Parme (Italie), Valence (Espagne), Vienne<br />

(Autriche), Göteborg (Suè<strong>de</strong>), Modène (Italie), Madrid<br />

(Espagne).<br />

Pour en savoir plus, ou pour se procurer les différents<br />

documents disponibles, on contactera les agences nationales<br />

ou les villes relais : www.smile-europe.org.<br />

La politique <strong>de</strong> limitation du trafic à Londres<br />

Patrick Allcorn (Transport for London)<br />

Londres compte presque 7,5 millions d’habitants, mais<br />

n’occupe que 1600 kilomètres carrés. Les jours ouvrés, la<br />

<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population passe du simple au double. Le nombre<br />

<strong>de</strong> foyers, quant à lui, est <strong>de</strong> 3,1 millions. Londres est<br />

organisée en 33 divisions administratives (boroughs), chacun<br />

<strong>de</strong> ces arrondissements ayant son propre plan d’urbanisme<br />

<strong>et</strong> sa propre autorité routière. Ainsi, sur les 14 500 km <strong>de</strong><br />

routes que compte Londres, le maire n’est responsable que<br />

<strong>de</strong> 1000 km. Ceci a son importance car, pour entreprendre la<br />

moindre action, il est indispensable <strong>de</strong> s’entendre avec les<br />

arrondissements. De surcroît, les 945 stations du réseau<br />

ferré appartiennent au secteur privé, seules les 350 stations<br />

<strong>de</strong> métro <strong>et</strong> les autobus étant gérés par la Ville. Le maire <strong>de</strong><br />

Londres a passé les quatre premières années <strong>de</strong> son mandat<br />

à concevoir un plan en neuf stratégies, le bruit ambiant<br />

comptant pour l’une d’elles. Pour la première fois <strong>de</strong>puis<br />

cinquante ans, une stratégie globale intéressant l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s arrondissements londoniens a vu le jour.<br />

Le péage urbain <strong>de</strong> Londres ne concerne que l’hypercentre<br />

<strong>de</strong> la capitale, soit 22 km 2 . Du lundi au vendredi, pour<br />

entrer, circuler ou se garer dans c<strong>et</strong>te zone, <strong>de</strong> 07h00 à<br />

18h30, il faut acquitter une somme <strong>de</strong> 5 £ (8 euros). Les<br />

personnes habitant c<strong>et</strong>te zone ne payent que 10% <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

taxe. Le système est fondé sur le pré paiement par l’usager,<br />

puis par le contrôle vidéo <strong>de</strong> la plaque minéralogique <strong>de</strong>s<br />

véhicules entrant dans la zone.<br />

Malheureusement, faute d’une technologie suffisante, ce<br />

système n’est économiquement viable que dans une zone <strong>de</strong><br />

superficie restreinte. De plus, le trafic dans la zone a<br />

recommencé à croître. À tel point que, dans une prochaine<br />

étape, il est envisagé <strong>de</strong> porter la taxe à 8 £ par jour. Plutôt<br />

que <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r par <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites augmentations annuelles, le<br />

maire estime en eff<strong>et</strong> plus efficace <strong>de</strong> pratiquer une<br />

augmentation substantielle, en une fois. Ce point est au<br />

cœur du débat à l’heure actuelle. L’extension <strong>de</strong> la zone<br />

vers l’ouest fait également l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> pourparlers. Le<br />

recours à <strong>de</strong>s technologies nouvelles, qui autoriseraient <strong>de</strong>s<br />

taxations différenciées, compte également parmi les pistes<br />

envisagées. Enfin, l’impact du péage urbain sur le<br />

dynamisme économique <strong>de</strong> la zone est également à l’étu<strong>de</strong>.<br />

Côté résultats, après <strong>de</strong>ux ans d’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mesure<br />

[NDLR : en janvier 2005], la zone a connu une baisse <strong>de</strong> 15%<br />

du trafic. Plus intéressant encore, aucune augmentation<br />

significative du trafic n’a été remarquée aux limites <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te zone. Autre satisfaction, la régularité <strong>de</strong>s bus dans<br />

l’hypercentre s’est améliorée <strong>de</strong> 50 % (un bus toutes les trois<br />

à quatre minutes). Les déplacements à vélo <strong>et</strong> à pied ont<br />

été qualitativement améliorés. Par exemple, le temps<br />

nécessaire pour traverser Trafalgar Square à pied a diminué.<br />

PAGE 24<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


En revanche, en ce qui concerne le bruit, aucune variation<br />

notable n’a été décelée. Deux raisons à cela : d’une part,<br />

les véhicules dans c<strong>et</strong>te zone se déplacent plus vite<br />

qu’auparavant ; d’autre part, s’il y a moins <strong>de</strong> voitures, il y<br />

a davantage d’autobus, qui sont plus bruyants. Les fameux<br />

autobus à impériale, auxquels les londoniens sont si<br />

attachés, circulent en moyenne <strong>de</strong>puis 45 ans <strong>et</strong> sont loin<br />

d’être silencieux. Pour c<strong>et</strong>te raison, <strong>de</strong>s autobus plus<br />

récents, à moteur Merce<strong>de</strong>s, commencent à être intégrés au<br />

parc <strong>de</strong>s bus londoniens. Curieusement, les sondages<br />

montrent que ces autobus sont perçus comme étant bien<br />

moins bruyants qu’ils ne le sont en réalité.<br />

Alors, la ville <strong>de</strong> Londres a-t-elle un problème <strong>de</strong> bruit ? Aux<br />

dires <strong>de</strong>s Londoniens eux-mêmes, la réponse est oui : 46 %<br />

d’entre eux estiment que le bruit est un problème à<br />

Londres ; 55 % citent le trafic routier <strong>et</strong> les chantiers<br />

routiers comme les principaux points à améliorer ; quant aux<br />

Londoniens vivant en périphérie, ils sont 22 % à s’estimer<br />

gênés par le bruit, 24 heures sur 24 <strong>et</strong> sept jour sur sept. En<br />

l’état actuel <strong>de</strong> ce bilan, compte tenu du faible impact du<br />

péage urbain sur le bruit, il est impossible d’envisager une<br />

taxation.<br />

Aussi la ville se tourne-t-elle vers d’autres pistes<br />

d’amélioration. Comme celle <strong>de</strong>s bus à hydrogène.<br />

Potentiellement plus silencieux <strong>et</strong> plus efficaces, ils font<br />

partie du proj<strong>et</strong> QCity. Différents revêtements <strong>de</strong> surface<br />

sont également en cours d’évaluation. Bien sûr, les écrans<br />

acoustiques, le long <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> bus <strong>et</strong> <strong>de</strong> métro, sont<br />

également envisagés, mais ils ont l’inconvénient<br />

d’augmenter l’emprise <strong>de</strong>s routes, ayant ainsi un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

coupure <strong>de</strong>s quartiers. Une certitu<strong>de</strong>, l’augmentation <strong>de</strong> la<br />

vitesse <strong>de</strong>s véhicules doit être évitée. En matière <strong>de</strong><br />

sécurité, les dos d’âne sont largement utilisés, mais ils sont<br />

source <strong>de</strong> bruit, au passage <strong>de</strong>s poids lourds (<strong>de</strong>s camions <strong>de</strong><br />

lait !) notamment. Quant aux comportements illicites,<br />

également cause <strong>de</strong> bruit, il est difficile <strong>de</strong> les verbaliser. Et<br />

l’échelon local n’est pas le plus pertinent pour régler tous<br />

ces problèmes.<br />

Dès lors, face à ces questions, Transport for London mise sur<br />

l’évolution <strong>de</strong>s comportements, sur la responsabilité<br />

individuelle du citoyen. En quoi doit consister ce réveil <strong>de</strong>s<br />

consciences ? Les déplacements doux (marche <strong>et</strong> vélo), une<br />

meilleure attitu<strong>de</strong> au volant, la conscience <strong>de</strong> l’impact<br />

environnemental <strong>de</strong>s véhicules polluants, le covoiturage en<br />

sont quelques exemples. Sont également mis en avant la<br />

meilleure accessibilité <strong>de</strong>s transports en commun, les<br />

bienfaits <strong>de</strong> l’activité physique, l’amélioration <strong>de</strong> la sécurité<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s déplacements. On notera, non sans<br />

intérêt, que les enjeux du bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air sont<br />

délibérément exclus du propos. Et pour cause : dans l’esprit<br />

<strong>de</strong>s gens, ces gran<strong>de</strong>s questions d’environnement relèvent<br />

d’une problématique globale, lour<strong>de</strong>, <strong>de</strong> ce fait difficile à<br />

résoudre. En m<strong>et</strong>tant ainsi l’accent sur les aspects<br />

personnels du problème (la santé, la sécurité, les difficultés<br />

à se rendre d’un endroit à un autre), le pari est que,<br />

indirectement, <strong>de</strong>s progrès en matière <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> bruit seront obtenus.<br />

Pour favoriser l’évolution <strong>de</strong>s comportements, la Ville a<br />

lancé “Good going”, une campagne <strong>de</strong> sensibilisation axée<br />

sur la notion <strong>de</strong> déplacement durable (travel awareness).<br />

Une sorte <strong>de</strong> Semaine européenne <strong>de</strong> la mobilité, mais mise<br />

en œuvre tout au long <strong>de</strong> l’année. Concrètement, c<strong>et</strong>te<br />

stratégie repose sur la mise en place <strong>de</strong> plans <strong>de</strong><br />

déplacement d’entreprise, <strong>de</strong> plans <strong>de</strong> déplacement <strong>de</strong>s<br />

écoles <strong>et</strong> <strong>de</strong> plans <strong>de</strong> déplacements personnels. Ces plans<br />

piochent dans la pal<strong>et</strong>te complète <strong>de</strong> solutions : mo<strong>de</strong>s<br />

doux, transports collectifs, covoiturage <strong>et</strong> stationnement. La<br />

partie information n’a pas été négligée, loin <strong>de</strong> là. Grâce à<br />

<strong>de</strong>s manifestations, à une l<strong>et</strong>tre d’information, chaque<br />

habitant est ainsi informé <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière ligne <strong>de</strong> bus créée,<br />

ou <strong>de</strong> l’extension d’une piste cyclable. Il importe que les<br />

Londoniens sachent qu’ils peuvent marcher ou utiliser leur<br />

vélo <strong>de</strong> tel endroit à tel autre. Au plan national, on notera<br />

que les plans <strong>de</strong> déplacement d’entreprise ont permis <strong>de</strong><br />

réduire le trafic <strong>de</strong> 14%. À Londres, l’autorité locale <strong>de</strong><br />

Wandsworth a relevé une diminution <strong>de</strong> 6% ; un hôpital une<br />

réduction <strong>de</strong> 10% ; une école publique une baisse <strong>de</strong> 21% du<br />

nombre <strong>de</strong> parents accompagnant leurs enfants en voiture.<br />

L’objectif, à l’horizon 2009, est que chaque école <strong>de</strong><br />

Londres se soit dotée d’un plan <strong>de</strong> déplacement. Les plans<br />

<strong>de</strong> déplacement personnels consistent à cibler les familles <strong>et</strong><br />

à leur apporter une information adéquate. Ce mo<strong>de</strong> d’action<br />

s’avère plutôt coûteux, mais le rapport coût-bénéfice par<br />

habitant — sur 4000 familles londoniennes, une réduction <strong>de</strong><br />

6% <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> la voiture a pu être atteinte, pour<br />

moins d’un million <strong>de</strong> livres sterling d’investissement<br />

(1 600 000 €) — reste bien supérieur à celui d’un péage<br />

urbain ou d’une nouvelle infrastructure <strong>de</strong> transport.<br />

Quand on prend un peu <strong>de</strong> recul sur toutes ces mesures, on<br />

doit adm<strong>et</strong>tre que l’équilibre entre sécurité routière, bruit<br />

<strong>et</strong> qualité <strong>de</strong> l’air est difficile à trouver. Lesquels <strong>de</strong> ces<br />

enjeux, qui ne sont pas forcément compatibles, faut-il<br />

privilégier ? Le bruit semble gagner à être inclus dans un<br />

“emballage” plus global, axé sur l’utilisateur : il ne s’agit<br />

pas tant <strong>de</strong> lui faire comprendre pourquoi la ville souhaite<br />

appliquer ces mesures, mais qu’il voit en quoi ces mesures<br />

sont bonnes pour lui. Sans vouloir abandonner tout<br />

investissement dans les infrastructures <strong>et</strong> les lignes<br />

d’autobus, il convient <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à l’esprit que chaque livre<br />

sterling dépensée dans la mise en place <strong>de</strong> plans <strong>de</strong><br />

déplacement d’entreprise se traduit par une réduction du<br />

trafic équivalente, en termes <strong>de</strong> bruit, <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> sécurité, à un gain pour la collectivité <strong>de</strong> 10 £.<br />

Stratégie <strong>de</strong> développement durable <strong>de</strong>s transports à Graz<br />

Gerhart Ablasser (mairie <strong>de</strong> Graz, Autriche)<br />

Graz est une p<strong>et</strong>ite ville du sud-est <strong>de</strong> l’Autriche, déclarée<br />

capitale culturelle <strong>de</strong> l’année 2003 <strong>et</strong> dont le centre<br />

historique est entré au patrimoine <strong>de</strong> l’Unesco en 1999. La<br />

ville a également reçu le prix 1999 du développement<br />

durable, dans la catégorie <strong>de</strong>s Villes. Son centre historique<br />

est un dédale <strong>de</strong> ruelles trop p<strong>et</strong>ites pour y ménager<br />

davantage <strong>de</strong> place pour les déplacements. Pour preuve, les<br />

axes prioritaires ne représentent que le quart <strong>de</strong>s 1056 km<br />

du réseau routier <strong>de</strong> Graz ; les p<strong>et</strong>ites voies secondaires sont<br />

donc très majoritaires. Le réseau <strong>de</strong> transport public — 6<br />

lignes <strong>de</strong> tramway <strong>et</strong> 37 lignes d’autobus — couvre 294 km.<br />

Depuis 1979, Graz a progressivement mis en place un certain<br />

nombre <strong>de</strong> mesures ayant vocation à mieux maîtriser les<br />

déplacements urbains. Différents programmes ont été<br />

lancés : Gentle mobility, Space for People, GOAL <strong>et</strong><br />

MLA/AMOS en sont les principaux.<br />

Sous la bannière du programme Gentle mobility, sont<br />

rassemblées un certain nombre <strong>de</strong> mesures diverses : une<br />

zone bleue (en 1979) ; un centre d’information, le premier<br />

en Autriche, sur l’offre en transports publics (Mobil Zentral,<br />

financé en partie par les proj<strong>et</strong>s européens Momentum <strong>et</strong><br />

Centaur EU) ; la création <strong>de</strong> 200 km <strong>de</strong> sites cyclables (Velo-<br />

City, 1988) ; en périphérie <strong>de</strong> la ville, un parking relais, géré<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 25


<strong>de</strong> manière privée, existe <strong>de</strong>puis 1991. Depuis 2004, un tarif<br />

spécial pour les véhicules à faibles émissions polluantes <strong>et</strong> la<br />

gratuité pour les véhicules électriques sont en vigueur. La<br />

majeure partie <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> ce parking est réinvestie dans<br />

la mo<strong>de</strong>rnisation du réseau <strong>de</strong> transport public. Les<br />

nouveaux tramways surbaissés, qui roulent au biodiesel, un<br />

carburant à base d’huiles <strong>de</strong> friture usagées, en sont un bon<br />

exemple. Depuis 1992, la limite <strong>de</strong> vitesse en ville est <strong>de</strong> 30<br />

km/h sur les axes secondaires, les artères principales étant<br />

limitées à 50 km/h.<br />

Le programme Space for People s’articule quant à lui autour<br />

du concept <strong>de</strong> réoccupation <strong>de</strong> l’espace par les habitants <strong>de</strong><br />

Graz. Voies piétonnes, trafic dans certaines rues permis<br />

uniquement le matin pour les livraisons, pont promena<strong>de</strong><br />

implanté sur la rivière Mur, en sont quelques exemples.<br />

Le programme GOAL — acronyme <strong>de</strong> “Gesund Ohne Auto und<br />

Lärm” (La santé sans voitures ni bruit) — a fait l’obj<strong>et</strong> d’un<br />

financement européen Life. Ce proj<strong>et</strong> entend restaurer une<br />

meilleure qualité <strong>de</strong> vie dans le centre-ville, par la<br />

réduction du bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> polluants<br />

atmosphériques. Pour ce faire, la ville n’a, par exemple, pas<br />

hésité à reclasser certaines voies à 50 km/h en axes à 30<br />

km/h, notamment quand une école est à proximité. Elle a<br />

aussi engagé <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> rénovation du revêtement<br />

routier, interdit le trafic <strong>de</strong>s poids lourds la nuit <strong>et</strong> financé<br />

la construction d’écrans acoustiques <strong>et</strong> d’isolations <strong>de</strong><br />

faça<strong>de</strong>. Enfin, a été mise en place une formation à la<br />

conduite silencieuse à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s conducteurs <strong>de</strong> taxis<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> bus. Le système <strong>de</strong> transport public est aussi<br />

largement impliqué dans GOAL : l’une <strong>de</strong>s principales<br />

mesures <strong>de</strong> sensibilisation a consisté en un autobus itinérant<br />

où était proposée <strong>de</strong> l’information sur le bruit, notamment<br />

la possibilité d’écouter l’impact sonore <strong>de</strong> différents moyens<br />

<strong>de</strong> transport.<br />

Le Proj<strong>et</strong> MLA, acronyme <strong>de</strong> Multifunktionale Lärmschutz<br />

Anlage (système <strong>de</strong> protection antibruit multifonction),<br />

concerne quant à lui le tronçon autoroutier Graz-Vienne, qui<br />

passe à 20 km du centre-ville. Des écrans acoustiques d’une<br />

hauteur <strong>de</strong> 2,75 m ont été implantés, sur une longueur <strong>de</strong> 3<br />

km, associés à <strong>de</strong>s revêtements moins bruyants, protégeant<br />

ainsi 6000 riverains. Pour éviter l’augmentation <strong>de</strong> la vitesse<br />

sur les tronçons dotés d’écrans antibruit, un système<br />

novateur a été adopté : <strong>de</strong>s capteurs acoustiques mesurent<br />

le bruit en faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>s immeubles riverains, <strong>et</strong> ce niveau <strong>de</strong><br />

bruit est directement répercuté sur la vitesse limite<br />

autorisée. La pluie, l’augmentation du trafic, par exemple,<br />

peuvent augmenter le niveau <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> dépasser la<br />

capacité d’atténuation <strong>de</strong>s écrans. Pour encourager<br />

davantage encore les usagers à lever le pied, ce système est<br />

complété par <strong>de</strong>s affichages insistant sur le lien entre<br />

vitesse <strong>et</strong> bruit. Des écrans antibruit à cellules<br />

photovoltaïques ont par ailleurs été mis en place, sur une<br />

longueur <strong>de</strong> 1200 mètres, pour une capacité <strong>de</strong> crête <strong>de</strong> 101<br />

kW. Les autres bénéfices <strong>de</strong> ces mesures sont l’amélioration<br />

<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air, une meilleure fluidité du trafic, plus<br />

<strong>de</strong> sécurité sur la route <strong>et</strong> un r<strong>et</strong>our sur investissement.<br />

Pour finir, le proj<strong>et</strong> AMOS, pour “Active Mastering Of Sound“<br />

mise sur le principe <strong>de</strong> la résonance pour disperser les on<strong>de</strong>s<br />

<strong>sonores</strong> <strong>et</strong> ainsi diminuer la perception du bruit. Un gain <strong>de</strong><br />

50% (-10 dB) est attendu, dans une gamme <strong>de</strong> fréquences<br />

assez large centrée sur les fréquences basses (50-700 Hz).<br />

Eff<strong>et</strong>s du PDU <strong>de</strong> Nantes sur la réduction <strong>de</strong>s pollutions<br />

Olivier Sorin (Nantes métropole)<br />

La politique <strong>de</strong>s déplacements à Nantes n’a pas pour seul<br />

objectif <strong>de</strong> limiter l’impact sonore <strong>de</strong> la circulation. L’action<br />

menée à Nantes, plus globale, vise l’amélioration <strong>de</strong> la<br />

qualité <strong>de</strong> vie par la maîtrise <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en transports <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la circulation automobile <strong>et</strong> par la promotion <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> déplacements alternatifs.<br />

La communauté urbaine nantaise comprend une population<br />

<strong>de</strong> 555 000 habitants répartie sur 24 communes, <strong>et</strong> un bassin<br />

<strong>de</strong> 255 000 emplois. Les actions publiques, dont une gran<strong>de</strong><br />

part vont à la politique <strong>de</strong>s transports, bénéficient d’un<br />

budg<strong>et</strong> annuel <strong>de</strong> 700 millions d’euros environ.<br />

L’urbanisation à Nantes a connu un essor important durant<br />

les années 70, avec le développement du réseau <strong>de</strong> voiries<br />

principales, complété notamment par le périphérique<br />

achevé en 1994 <strong>et</strong>, en parallèle, le développement du<br />

réseau <strong>de</strong> transports collectifs. Le boulevard périphérique a<br />

permis <strong>de</strong> décongestionner le centre en réduisant le trafic<br />

<strong>de</strong> transit par le centre ville. Les déplacements, qui ont<br />

connu une explosion dans les années 80 <strong>et</strong> 90, semblent se<br />

stabiliser actuellement autour <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong> déplacements<br />

par jour. La population <strong>de</strong> l’agglomération continue quant à<br />

elle d’augmenter <strong>de</strong> 1% par an environ. Au cours <strong>de</strong> la<br />

décennie 90, l’agglomération ayant gagné 50 000 habitants,<br />

la part modale <strong>de</strong> l’automobile a fortement augmenté<br />

(20 000 véhicules supplémentaires), pour se stabiliser<br />

ensuite. C<strong>et</strong>te augmentation s’est faite au détriment <strong>de</strong> la<br />

marche à pied <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux-roues, motorisés notamment, la<br />

part <strong>de</strong>s transports publics restant stable, à hauteur <strong>de</strong> 14%<br />

<strong>de</strong> part modale.<br />

Face à la hausse <strong>de</strong>s déplacements <strong>de</strong> périphérie à<br />

périphérie, le transport collectif souffre d’un manque <strong>de</strong><br />

compétitivité par rapport aux déplacements individuels, vu<br />

la difficulté d’assurer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssertes avec <strong>de</strong>s fréquences<br />

importantes. Comme c’est le cas un peu partout en France,<br />

la périurbanisation reste donc un enjeu majeur à Nantes,<br />

l’une <strong>de</strong>s solutions consistant à encourager la re<strong>de</strong>nsification<br />

<strong>de</strong> l’habitat du cœur <strong>de</strong> ville.<br />

La première ligne <strong>de</strong> tramway dans sa version mo<strong>de</strong>rne, a<br />

été ouverte en 1985, après moult débats au niveau local. Le<br />

premier plan <strong>de</strong> déplacement voté en 1991 visait cinq<br />

objectifs majeurs : mieux utiliser le périphérique ; r<strong>et</strong>raiter<br />

les pénétrantes urbaines ; créer <strong>de</strong> nouveaux<br />

franchissements <strong>de</strong> la Loire ; développer les transports<br />

collectifs ; amorcer le réseau <strong>de</strong>s continuités cyclables <strong>de</strong><br />

l’agglomération. Concrètement, c<strong>et</strong>te politique s’est<br />

déclinée selon trois axes, à savoir un schéma <strong>de</strong> transports<br />

collectifs (lignes <strong>de</strong> tramways 2 <strong>et</strong> 3, développement du<br />

réseau d’autobus), un schéma <strong>de</strong> continuités cyclables (sur<br />

300 km) <strong>et</strong> un schéma <strong>de</strong>s continuités vélo/promena<strong>de</strong>, le<br />

long <strong>de</strong>s cours d’eau notamment (250 à 300 km).<br />

Le plan <strong>de</strong> déplacement urbain 2000-2010 actuel, outre la<br />

mise à jour du précé<strong>de</strong>nt plan <strong>et</strong> la mise en conformité avec<br />

la loi sur l’air, a pour principale ambition d’atteindre<br />

l’équilibre entre la part <strong>de</strong> la voiture <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s autres<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport (en 2002, la part modale <strong>de</strong> l’automobile<br />

était <strong>de</strong> 60%). Cela exige bien évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> développer<br />

l’offre alternative à la voiture, <strong>de</strong> repenser l’usage <strong>de</strong> la<br />

voirie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’espace public, <strong>et</strong> d’expérimenter <strong>de</strong> nouveaux<br />

services <strong>de</strong> mobilité. Sans oublier <strong>de</strong> traiter le problème <strong>de</strong><br />

l’acheminement <strong>de</strong>s marchandises <strong>et</strong> <strong>de</strong> définir une<br />

politique <strong>de</strong> stationnement. Dans le même temps, il<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


convient d’assurer l’accessibilité aux différents pôles<br />

d’activité, l’agglomération <strong>de</strong>venant <strong>de</strong> plus en plus<br />

multipolaire. Enfin, tout ceci ne peut se faire sans une vision<br />

globale, une démarche <strong>de</strong> management <strong>de</strong> la mobilité, au<br />

moyen notamment <strong>de</strong> plans <strong>de</strong> mobilité d'entreprise<br />

associant tous les acteurs.<br />

Depuis les années 90, les pénétrantes urbaines nantaises <strong>et</strong><br />

l’espace public du cœur d’agglomération ont vu<br />

progressivement la place <strong>de</strong> la voiture régresser. De<br />

pénétrantes à <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong>ux voies, on est passé à <strong>de</strong>s axes à<br />

<strong>de</strong>ux fois une voie où le gain d’espace est dédié aux<br />

tramways, aux autobus en site propre, aux pistes cyclables<br />

ou aux trottoirs. Pour le traj<strong>et</strong> du tramway en périphérie, un<br />

traitement végétal, à la fois esthétique <strong>et</strong> insonorisant, a<br />

été privilégié. Bien que relativement silencieuses, les rames<br />

occasionnent néanmoins <strong>de</strong>s crissements dans les virages qui<br />

suscitent <strong>de</strong> nombreuses critiques.<br />

La requalification du Cours <strong>de</strong>s 50 otages constitue un<br />

exemple symbolique du recul du tout automobile au profit<br />

d’un environnement urbain <strong>de</strong> qualité. Dans les années 80,<br />

ce boulevard partageant les <strong>de</strong>ux centres <strong>de</strong> Nantes<br />

consistait en une <strong>de</strong>ux fois quatre voies servant d’axe <strong>de</strong><br />

transit, vers la Br<strong>et</strong>agne notamment. A l’occasion <strong>de</strong> la<br />

construction <strong>de</strong> la ligne 2 du tramway, c<strong>et</strong> axe a été<br />

totalement transformé en espace public reliant les <strong>de</strong>ux<br />

centres-villes. On y trouve aujourd’hui une voie réservée aux<br />

autobus, <strong>de</strong>ux voies <strong>de</strong> circulation générale, le tramway <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s espaces publics piétons. L’île Fey<strong>de</strong>au, bien que n’étant<br />

plus une île <strong>de</strong>puis longtemps, était quant à elle ceinturée<br />

d’un important flot d’automobiles. Sa requalification s’est<br />

attachée à faire <strong>de</strong> ce quartier une sorte d’île verte<br />

entourée par <strong>de</strong>s douves recouvertes <strong>de</strong> verdure, avec <strong>de</strong>s<br />

cheminements piétons <strong>et</strong> où le nombre <strong>de</strong> voies <strong>de</strong><br />

circulation a été diminué.<br />

En périphérie, la construction du tramway a été l’occasion<br />

<strong>de</strong> réduire l’espace dédié à la voiture <strong>et</strong> <strong>de</strong> créer une sorte<br />

<strong>de</strong> verrou en entrée <strong>de</strong> ville afin d’inciter à l’utilisation <strong>de</strong>s<br />

parkings relais. A l’usage, il s’avère que les parkings relais<br />

les plus utilisés sont les plus proches du centre-ville, les<br />

parkings relais <strong>de</strong> terminus ayant tendance à être sous<br />

utilisés. Sur le campus universitaire <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> droit, avec l’augmentation du nombre d’étudiants, le<br />

parking avait pris <strong>de</strong>s proportions gigantesques. Par une<br />

démarche assez volontariste <strong>de</strong> requalification du site, <strong>de</strong><br />

limitation du stationnement, <strong>de</strong> pose d’appuis-vélos <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

renforcement <strong>de</strong>s transports en commun, le campus a<br />

r<strong>et</strong>rouvé une ambiance n<strong>et</strong>tement plus paisible.<br />

Côté périphérique, initialement limité à 110 km/h, suite aux<br />

plaintes émanant d’associations <strong>de</strong> riverains, un<br />

observatoire du bruit a été créé en 1997. A la suite d’un<br />

diagnostic établi en concertation avec les communes, les<br />

riverains <strong>et</strong> l’agglomération nantaise, <strong>de</strong>s revêtements <strong>de</strong><br />

chaussée moins bruyants ont été progressivement mis en<br />

œuvre (bétons bitumineux minces, échelonnés sur cinq ans),<br />

pour un gain <strong>de</strong> 3,1 dB en journée <strong>et</strong> <strong>de</strong> 2,3 dB la nuit.<br />

Parallèlement, la limite <strong>de</strong> vitesse a été abaissée à 90 km/h<br />

en 1998.<br />

Dans le cadre du schéma directeur <strong>de</strong>s transports collectifs,<br />

qui est décliné <strong>de</strong>puis 2002, le développement du réseau<br />

d’autobus a fait l’obj<strong>et</strong> d’efforts particuliers, afin <strong>de</strong> hisser<br />

le niveau <strong>de</strong> service à égalité avec celui offert par le tram.<br />

Le renouvellement <strong>de</strong> la flotte d’autobus a motivé<br />

l’acquisition <strong>de</strong> 185 bus au gaz naturel, au confort sonore<br />

amélioré. Mais ce n’est pas tout. La communauté urbaine<br />

m<strong>et</strong> actuellement en place un concept <strong>de</strong> lignes <strong>de</strong> bus à<br />

fréquence importante, dénommé Chronobus, bénéficiant<br />

notamment <strong>de</strong> la priorité aux carrefours, associé à <strong>de</strong>s lignes<br />

express en périphérie reliées aux points d’échange<br />

tramways. Mise à part l’extension <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> tramway,<br />

l’année 2005 voit par ailleurs pour trois ans<br />

l’expérimentation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nav<strong>et</strong>tes fluviales équipées <strong>de</strong><br />

moteurs thermiques. Pour 2006, un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> quatrième<br />

ligne <strong>de</strong> transport collectif en site propre est prévu pour la<br />

pénétrante sud, ainsi qu’une ligne express <strong>de</strong>vant relier le<br />

nord <strong>de</strong> la périphérie. Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Région, une<br />

première ligne <strong>de</strong> TER « urbain » perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> relier Vertou,<br />

une commune <strong>de</strong> la périphérie, <strong>et</strong> le centre <strong>de</strong> Nantes en 12<br />

mn, contre 30 à 40 mn en voiture.<br />

Concernant maintenant les parkings relais, d’une capacité<br />

actuelle <strong>de</strong> 3000 places, l’on <strong>de</strong>vrait passer à 6000<br />

emplacements en 2010. En matière <strong>de</strong> politique <strong>de</strong><br />

stationnement, un levier qui n’est pas à négliger pour<br />

maîtriser les déplacements, la stratégie adoptée repose sur<br />

une réponse différenciée selon les usagers du<br />

stationnement. Ainsi, le stationnement <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts est<br />

encouragé en cœur <strong>de</strong> ville, afin qu’ils ne soient pas tentés<br />

d’utiliser leur véhicule, tandis que pour les visiteurs, la<br />

limitation du temps <strong>de</strong> stationnement assure une meilleure<br />

rotation <strong>de</strong>s places disponibles en cœur <strong>de</strong> ville. A compter<br />

<strong>de</strong> juin 2005, la zone <strong>de</strong> stationnement payante sera<br />

étendue. Preuve <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> ces mesures, en 2003, la<br />

seule intensification <strong>de</strong>s contrôles en centre-ville s’est<br />

traduite par une augmentation <strong>de</strong> 7% <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s<br />

parkings relais.<br />

Concernant les vélos, le schéma cyclable, qui représente<br />

aujourd’hui près <strong>de</strong> 300 km <strong>de</strong> pistes, vise un total <strong>de</strong> 846<br />

km. Ce schéma inclut aussi un réseau <strong>de</strong> continuité le long<br />

<strong>de</strong>s cours d’eau <strong>de</strong> l’agglomération (vélo-promena<strong>de</strong>,<br />

itinéraires à pieds). Qui plus est, <strong>de</strong>s stationnements<br />

sécurisés pour les <strong>de</strong>ux-roues sont également à l’étu<strong>de</strong>.<br />

Enfin, la communauté urbaine apporte son soutien à<br />

l’association Vélo Campus, qui propose le prêt <strong>de</strong> vélos aux<br />

étudiants pour 30 euros par an. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s 300 vélos<br />

disponibles, c<strong>et</strong>te initiative fait <strong>de</strong> chaque étudiant cycliste<br />

un ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la politique cyclable <strong>de</strong> l’agglomération.<br />

Pour finir, Nantes a stimulé la mise en place <strong>de</strong> plans <strong>de</strong><br />

mobilité entreprises : cinq plans ont été signés au printemps<br />

2004, concernant près <strong>de</strong> 13 000 employés. D’autres plans<br />

sont en cours <strong>de</strong> discussion, avec 22 autres entreprises <strong>de</strong><br />

l’agglomération, essentiellement du cœur <strong>de</strong> ville. L’une <strong>de</strong>s<br />

mesures phares consiste à proposer une réduction sur<br />

l’abonnement aux transports collectifs aux employés <strong>de</strong>s<br />

entreprises ayant signé un plan <strong>de</strong> mobilité. Selon le<br />

volontarisme <strong>de</strong> l’entreprise, les autres mesures incluent<br />

notamment la constitution d’un parc <strong>de</strong> vélos <strong>de</strong> service, ou<br />

la distribution <strong>de</strong> tick<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bus pour les déplacements<br />

professionnels.<br />

[NDLR : A l’heure où nous m<strong>et</strong>tons sous presse, certains <strong>de</strong>s chiffres présentés<br />

dans c<strong>et</strong>te synthèse ont connu <strong>de</strong> sensibles variations. Pour plus <strong>de</strong> détails, se<br />

renseigner auprès <strong>de</strong> l’auteur.]<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 27


Le plan <strong>de</strong> circulation en centre-ville d’Annecy<br />

Maryse Bouvier (Ville d’Annecy)<br />

Annecy, préfecture <strong>de</strong> la Haute-Savoie, est une ville<br />

moyenne <strong>de</strong> 52 000 habitants incluse dans une<br />

agglomération <strong>de</strong> 134 000 habitants. Sa situation privilégiée<br />

dans les Hautes-Alpes <strong>et</strong> le cach<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa vieille ville datant<br />

du Moyen Age, <strong>de</strong> même que son passé industriel, en font<br />

une ville très attractive tant pour son dynamisme<br />

économique, que pour son attrait touristique. Rançon <strong>de</strong> ce<br />

succès, l’agglomération connaît une augmentation régulière<br />

<strong>de</strong> sa population, qui est passée <strong>de</strong> 120 000 habitants en<br />

1990 à 134 000 en 2000, soit une augmentation <strong>de</strong> 11,6% en<br />

dix ans. Les treize communes <strong>de</strong> la communauté<br />

d’agglomérations sont très soucieuses du respect <strong>de</strong><br />

l’environnement, en particulier <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux du<br />

lac. Celui-ci a été considéré en son temps, c’est peut-être<br />

encore le cas, comme l’un <strong>de</strong>s plus purs d’Europe.<br />

La ville d’Annecy a été r<strong>et</strong>enue comme proj<strong>et</strong> pilote du<br />

programme Smile d’élaboration d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

recommandations pour la réduction du bruit en ville.<br />

Le trafic automobile induit par les activités a conduit très<br />

tôt la ville à imaginer <strong>de</strong>s solutions pour préserver son cadre<br />

<strong>de</strong> vie. Ainsi, au début <strong>de</strong>s années 70, une première zone<br />

piétonne a été créée dans le centre-ville. Seules y étaient<br />

autorisées, à certaines heures <strong>de</strong> la journée, les livraisons <strong>et</strong><br />

l’accès <strong>de</strong>s riverains. Simultanément, une politique <strong>de</strong><br />

création <strong>de</strong> parkings, gratuits <strong>et</strong> payants, a progressivement<br />

été menée, se concrétisant par la réalisation <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5000<br />

places <strong>de</strong> parkings à proximité du centre-ville. Très vite, la<br />

lutte contre le bruit a fait partie <strong>de</strong>s priorités politiques <strong>de</strong><br />

la municipalité : un arrêté bruit, plus contraignant que<br />

l’arrêté préfectoral, a été pris en 1991 <strong>et</strong> révisé en 2003.<br />

Depuis 1985, la ville contrôle les véhicules bruyants,<br />

essentiellement les <strong>de</strong>ux-roues, suivant en cela le modèle<br />

suisse. Sur certaines mesures <strong>de</strong> réduction du bruit urbain,<br />

comme l’enfouissement <strong>de</strong>s containers à verres, Annecy a<br />

fait figure <strong>de</strong> ville pionnière. L’interdiction du transit poids<br />

lourds en ville, la réduction <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> 50 à 30 km/h,<br />

l’achat <strong>de</strong> véhicules <strong>de</strong> voirie moins bruyants, sont d’autres<br />

aspects <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te politique volontariste. Enfin, symbole du<br />

contact permanent que la ville entr<strong>et</strong>ien avec les habitants,<br />

le bus du service Vie <strong>de</strong>s quartiers sillonne les quartiers afin<br />

d’aller à la rencontre <strong>de</strong>s habitants <strong>et</strong> d’entendre leurs<br />

attentes <strong>et</strong> doléances, lesquelles sont en majorité liées au<br />

bruit.<br />

La loi sur l’air <strong>de</strong> 1996 a introduit l’obligation d’élaborer un<br />

PDU dans toutes les agglomérations <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000<br />

habitants. Le plan <strong>de</strong> l’agglomération d’Annecy, approuvé<br />

en juin 2001, reprend les principaux objectifs préconisés par<br />

c<strong>et</strong>te loi, à savoir : réduction du trafic ; développement <strong>de</strong>s<br />

transports collectifs ; partage <strong>de</strong> l’espace ; organisation du<br />

stationnement ; maîtrise du transport <strong>et</strong> <strong>de</strong>s livraisons ;<br />

usage accru <strong>de</strong>s transports en commun.<br />

Le diagnostic élaboré en préparation à la mise en place du<br />

PDU a montré <strong>de</strong>s perspectives d’accroissement<br />

démographique <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 11% à l’horizon 2010, soit<br />

145 000 habitants <strong>de</strong> plus. Les prévisions indiquaient, dans<br />

l’hypothèse qu’aucune mesure ne soit prise, que c<strong>et</strong>te<br />

croissance démographique <strong>de</strong>vrait se traduire par une hausse<br />

<strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s déplacements, passant <strong>de</strong> 300 000 à 413 000<br />

déplacements par jour. Autre constat fort regr<strong>et</strong>table, la<br />

part modale <strong>de</strong> l’automobile représentait plus <strong>de</strong> 75% <strong>de</strong>s<br />

déplacements, avec <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> trafic qui paralysaient le<br />

centre ville pendant <strong>de</strong> longues heures, rendant difficile<br />

l’accès aux commerces <strong>et</strong> aux services. À signaler que les<br />

attentes <strong>de</strong> la population étaient très fortes en matière <strong>de</strong><br />

qualité <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

préservation <strong>de</strong>s espaces. La décision a été prise dans un<br />

premier temps <strong>de</strong> rendre les transports publics plus<br />

performants <strong>et</strong> plus attractifs. le réseau d’autobus étant<br />

principalement pénalisé dans sa traversée du centre ville,<br />

l’amélioration <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> bus<br />

nécessitait la création <strong>de</strong> sites propres.<br />

La réflexion sur l’élaboration d’un nouveau plan <strong>de</strong><br />

circulation a été initiée conjointement à la décision prise en<br />

1998 <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s transports en commun en site propre.<br />

L’objectif principal ? Supprimer le fort trafic <strong>de</strong> transit <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssertes — 140 000 véhicules par jour — qui traversait la<br />

ville d’est en ouest sur <strong>de</strong>ux axes principaux. Il convenait en<br />

même temps d’assurer l’accessibilité aux commerces <strong>et</strong> aux<br />

parkings, aux logements pour les riverains, tout en<br />

améliorant le cheminement <strong>de</strong>s piétons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux-roues. Il<br />

s’agissait aussi <strong>de</strong> gagner en qualité <strong>de</strong> vie, sur le plan du<br />

bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pollution notamment, <strong>de</strong> récupérer à<br />

l’occasion <strong>de</strong>s espaces publics, tout en réduisant l’insécurité<br />

routière. Le nouveau plan <strong>de</strong> circulation a été élaboré sur le<br />

principe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cordons interdisant le transit du centreville<br />

: une roca<strong>de</strong> <strong>de</strong> contournement <strong>et</strong> un anneau <strong>de</strong><br />

distribution plus central, reliés par <strong>de</strong>s voies d’accès. Pour<br />

limiter les possibilités <strong>de</strong> transit, <strong>de</strong>ux poches presque<br />

étanches ont été <strong>de</strong>ssinées dans l’hypercentre : les sens <strong>de</strong><br />

circulation y sont tels que, quand on pénètre ces poches, on<br />

doit en ressortir par le même endroit, interdisant ainsi la<br />

traversée <strong>de</strong> la ville d’est en ouest. Le tout aboutit à un<br />

cœur <strong>de</strong> ville où les voies autorisées aux voitures sont toutes<br />

en sens unique <strong>et</strong> les voies réservées aux autobus sont à<br />

contresens. Une configuration qui supprime toute utilisation<br />

<strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> bus par les voitures. Entre 1996 <strong>et</strong> 2000, les<br />

différentes simulations <strong>de</strong> trafic réalisées ont permis<br />

d’alimenter la décision politique mais ont aussi servi <strong>de</strong><br />

support d’information au cours <strong>de</strong> réunions publiques. Le<br />

proj<strong>et</strong> r<strong>et</strong>enu par Annecy s’est également appuyé sur la<br />

création <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tunnels routiers. Leur avantage est<br />

double : écoulement du trafic nord-sud en souterrain <strong>et</strong><br />

libération <strong>de</strong> vastes espaces <strong>de</strong>stinés à être reconquis par les<br />

piétons. L’aménagement <strong>de</strong>s tunnels a nécessité la<br />

construction d’ouvrages spécifiques antibruit pour tenir<br />

compte <strong>de</strong> la proximité d’habitations. Une large<br />

concertation a été menée, afin que chacun puisse faire<br />

entendre son point <strong>de</strong> vue : l’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s riverains tenait<br />

à la facilité d’accès à leur logement, aux conditions <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>sserte ; celle <strong>de</strong>s commerçants — ce qui n’étonnera<br />

personne — était focalisée sur la perte éventuelle <strong>de</strong><br />

clientèle qu’une baisse du trafic automobile pourrait<br />

amener. La mise en place <strong>de</strong>s nouvelles règles <strong>de</strong> circulation<br />

dans le centre-ville nécessitant la création <strong>de</strong> nouveaux sens<br />

<strong>de</strong> circulation, <strong>de</strong> verrous <strong>et</strong> <strong>de</strong> circulation à contresens, il a<br />

été décidé d’intervenir la nuit. En une nuit, celle du 2 au 3<br />

juill<strong>et</strong> 2001, balis<strong>et</strong>tes en plastique, barrières, bidons<br />

métalliques <strong>et</strong> autres fléchages provisoires ont <strong>de</strong>ssiné le<br />

nouveau plan <strong>de</strong> circulation d’Annecy. Les travaux, qui se<br />

sont échelonnés sur trois ans, ont été programmés rue par<br />

rue, afin <strong>de</strong> minimiser les situations <strong>de</strong> blocage. Certaines<br />

réactions ont été plutôt hostiles, la ville étant accusée <strong>de</strong><br />

favoriser les habitants <strong>et</strong> les commerçants, au détriment <strong>de</strong>s<br />

autres usagers.<br />

Quel premier bilan tirer <strong>de</strong> ce nouveau plan <strong>de</strong> circulation ?<br />

S’il est trop tôt pour réaliser un bilan chiffré, il est certain<br />

que plusieurs objectifs sont déjà atteints : grâce aux sites<br />

propres, les temps <strong>de</strong> parcours <strong>de</strong>s bus se sont réduits <strong>et</strong><br />

leur fréquentation a augmenté ; le trafic automobile dans le<br />

centre a fortement diminué, réduisant donc le bruit <strong>et</strong> la<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


pollution ; l’accès aux commerces <strong>et</strong> aux parkings publics<br />

s’est amélioré, avec un maintien, voire même une<br />

augmentation, <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>s commerces <strong>de</strong><br />

centre-ville par rapport à la périphérie <strong>et</strong> aux zones<br />

commerciales <strong>de</strong> type hypermarché. Ont également été<br />

constatées une diminution du nombre d’acci<strong>de</strong>nts, liée à la<br />

réduction <strong>de</strong> la vitesse, une forte augmentation <strong>de</strong> l’usage<br />

du vélo en ville — ceux-ci sont tolérés dans les voies <strong>de</strong> bus<br />

—, <strong>et</strong> une augmentation <strong>de</strong> l’emprise <strong>de</strong>s zones piétonnes.<br />

Malheureusement, le nouveau plan a aussi ses eff<strong>et</strong>s<br />

négatifs. En premier lieu, il faut déplorer le report <strong>de</strong>s<br />

difficultés <strong>de</strong> circulation sur les voies <strong>de</strong> contournement. On<br />

s’en doute, sur ces axes, bruit <strong>et</strong> pollution ont augmenté, ce<br />

que confirment une opération <strong>de</strong> comptage <strong>de</strong>s véhicules <strong>et</strong><br />

une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la pollution <strong>de</strong> l’air. Les “nouveaux gênés”,<br />

s’ils acceptent le principe d’un nouveau plan <strong>de</strong> circulation,<br />

n’enten<strong>de</strong>nt toutefois pas en supporter seuls les<br />

conséquences <strong>et</strong> réclament <strong>de</strong>s mesures compensatoires.<br />

Que faire donc pour ces axes nouvellement encombrés,<br />

notamment la route nationale 508 qui, été comme hiver,<br />

sert <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> transit vers les stations touristiques <strong>de</strong><br />

Savoie ? Une <strong>de</strong>s solutions pour désengorger c<strong>et</strong>te voie<br />

principale serait <strong>de</strong> créer un accès direct au lac au moyen<br />

d’un tunnel percé à travers la montagne. Ce proj<strong>et</strong> est à<br />

l’étu<strong>de</strong>, mais l’État semble réticent à le financer. Une autre<br />

solution consisterait à tenter <strong>de</strong> fluidifier la circulation en<br />

remplaçant les feux tricolores <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te artère par <strong>de</strong>s ronds<br />

points giratoires. Quant à la roca<strong>de</strong> <strong>de</strong> contournement, <strong>de</strong>ux<br />

fois <strong>de</strong>ux voies séparées par un îlot central, il conviendrait<br />

<strong>de</strong> lui redonner <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> boulevard urbain :<br />

les immeubles d’habitation qui la jouxtent, sans être <strong>de</strong>s<br />

points noirs du bruit, sont en eff<strong>et</strong> soumis à <strong>de</strong>s niveaux<br />

<strong>sonores</strong> assez élevés.<br />

Ces eff<strong>et</strong>s négatifs du nouveau plan <strong>de</strong> circulation rappellent<br />

l’importance d’inclure habitants, commerçants <strong>et</strong> usagers<br />

dans un processus <strong>de</strong> concertation permanent. À toutes les<br />

étapes, <strong>et</strong> même une fois le plan mis en place, <strong>de</strong>s<br />

améliorations peuvent être apportées, ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

souplesse, mais exige aussi une volonté politique forte pour<br />

résister aux critiques. Par exemple, certains commerçants<br />

ont eu à subir <strong>de</strong>s baisses sensibles <strong>de</strong> leur chiffre d’affaire<br />

pendant les travaux.<br />

Quoi qu’il en soit, l’attractivité <strong>de</strong> la ville reste forte. Mais,<br />

les déplacements continuant d’augmenter, les efforts<br />

engagés doivent être continués. Le plan <strong>de</strong> circulation n’est<br />

qu’un <strong>de</strong>s outils venant s’inscrire dans un dispositif plus<br />

large : le PDU. La circulation <strong>de</strong> transit a pu être jugulée,<br />

mais en la reportant sur d’autres axes. Alors que le véritable<br />

objectif initial n’était pas <strong>de</strong> déplacer la circulation mais <strong>de</strong><br />

la faire diminuer. Prochaine étape (actuellement en cours<br />

<strong>de</strong> réalisation) : la création <strong>de</strong> parkings relais. Il serait vain<br />

<strong>de</strong> vouloir limiter l’action au seul centre-ville ; d’autres<br />

aménagements restent à réaliser, pour que chacun puisse<br />

parcourir <strong>et</strong> faire usage <strong>de</strong>s rues à son rythme.<br />

Présentation du gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> recommandations pratiques pour la réduction du<br />

bruit émis par le trafic<br />

Catherine Serve (CETE <strong>de</strong> l’Est)<br />

La coordination <strong>de</strong> l’atelier bruit du proj<strong>et</strong> Smile a été<br />

confiée à l’A<strong>de</strong>me <strong>et</strong> l’EAUE <strong>de</strong> Berlin (European Aca<strong>de</strong>my of<br />

the Urban Environment). Pour l’assistance technique<br />

spécialisée sur le suj<strong>et</strong> du bruit, l’A<strong>de</strong>me s’est rapprochée<br />

du <strong>Centre</strong> d’étu<strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> l’équipement <strong>de</strong> l’Est,<br />

basé à Strasbourg, l’EAUE ayant fait appel à Lärmkontor, un<br />

bureau d’étu<strong>de</strong> en acoustique basé à Hambourg. Un groupe<br />

d’experts, issus <strong>de</strong> six pays européens (Espagne, Italie,<br />

Autriche, Danemark, Allemagne <strong>et</strong> France), a également été<br />

constitué.<br />

Les missions <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier sont au nombre <strong>de</strong> quatre. Il<br />

convenait dans un premier temps <strong>de</strong> passer en revue les<br />

initiatives diverses <strong>de</strong> réduction du bruit mises en place dans<br />

les villes européennes. L’analyse <strong>de</strong> ce panorama <strong>de</strong>vait<br />

ensuite faire ressortir les aspects positifs <strong>de</strong>s mesures<br />

adoptées, mais également, le cas échéant, les eff<strong>et</strong>s<br />

néfastes observés. Le troisième vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> a consisté<br />

à sélectionner <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s pilotes regroupant les exemples<br />

les plus novateurs <strong>de</strong> lutte contre le bruit en ville. Enfin, la<br />

rédaction d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> recommandations est venue<br />

concrétiser l’ensemble <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te démarche.<br />

Recensement <strong>de</strong>s initiatives<br />

Le questionnaire, adressé dans 86 villes <strong>de</strong> douze pays<br />

différents, comportait déjà un effort <strong>de</strong> classement<br />

typologique <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit. Ces<br />

catégories sont au nombre <strong>de</strong> huit : réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité<br />

du trafic ; réduction <strong>de</strong> la vitesse (pistes cyclables,<br />

interdictions <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>s poids lourds) ;<br />

renouvellement <strong>de</strong>s véhicules <strong>de</strong> transport en commun ;<br />

changement <strong>de</strong> la couche <strong>de</strong> roulement ; écrans<br />

acoustiques ; isolement <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> ; planification urbaine ;<br />

mesures organisationnelles (mesures non techniques, à<br />

caractère réglementaire le plus souvent, comme les<br />

restrictions d’horaires pour les livraisons, mise en place <strong>de</strong><br />

chartes, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> stratégiques (campagnes d’information <strong>de</strong><br />

sensibilisation du public). Certaines <strong>de</strong> ces mesures<br />

stratégiques <strong>et</strong> organisationnelles n’étaient pas<br />

exclusivement vouées à réduire le bruit, mais participaient<br />

d’une logique plus large, correspondant à une mission<br />

environnementale fixée pour la ville.<br />

Le taux <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s questionnaires, 63%, soit 54 villes, est<br />

plutôt satisfaisant. La taille <strong>de</strong> ces villes — il ne s’agit pas<br />

d’agglomérations mais bien <strong>de</strong> villes au sens administratif du<br />

terme — se répartit en douze p<strong>et</strong>ites villes (<strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

100 000 habitants), 19 villes moyennes (<strong>de</strong> population<br />

comprise entre 100 000 <strong>et</strong> 250 000 habitants) <strong>et</strong> 23 gran<strong>de</strong>s<br />

villes (<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 000 habitants). Peu <strong>de</strong> réponses ont<br />

été obtenues concernant le rapport coût-ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

mesures mises en place. Sans doute faut-il m<strong>et</strong>tre cela sur le<br />

compte du fait que ces informations n’étaient pas<br />

disponibles <strong>et</strong> qu’elles nécessitaient un travail conséquent<br />

pour les obtenir. Ou encore, que certaines villes n’ont pas<br />

souhaité communiquer c<strong>et</strong>te information. De même,<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s mesures a été peu renseignée dans les<br />

questionnaires. Une raison à cela : très souvent, les mesures<br />

mises en place étaient trop récentes pour pouvoir en dresser<br />

le bilan.<br />

L’analyse <strong>de</strong>s réponses révèle que les <strong>de</strong>ux mesures les plus<br />

couramment mises en œuvre sont celles qui agissent<br />

directement sur le trafic, dans sa <strong>de</strong>nsité comme dans sa<br />

vitesse. Les autres mesures les plus “populaires”, elles aussi<br />

utilisées par au moins la moitié <strong>de</strong>s villes recensées, sont la<br />

planification urbaine, le changement <strong>de</strong> la couche <strong>de</strong><br />

roulement <strong>et</strong> le renouvellement du parc <strong>de</strong> véhicules.<br />

Les principaux écueils<br />

Chaque fiche du gui<strong>de</strong> — il y a une fiche par mesure <strong>de</strong><br />

réduction du bruit — fait donc une large place aux<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 29


problèmes rencontrés par les municipalités dans la mise en<br />

place <strong>de</strong>s mesures. Les surprises, bonnes ou mauvaises, qui<br />

n’ont pas manqué <strong>de</strong> survenir, y sont également traitées.<br />

Quels sont donc les principaux écueils à éviter ? Tout<br />

d’abord, il convient <strong>de</strong> s’interroger si le “jeu en vaut bien la<br />

chan<strong>de</strong>lle” : autrement dit, avant <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place<br />

certaines mesures qui requièrent une forte mobilisation <strong>de</strong><br />

la part <strong>de</strong>s services, ou une concertation importante avec le<br />

public, il importe <strong>de</strong> savoir si le bénéfice en termes <strong>de</strong><br />

réduction du bruit sera suffisamment conséquent pour que<br />

tous ces efforts apparaissent louables. Une trop faible<br />

amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> réduction du niveau sonore, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1, 2<br />

ou 3 dB(A), a toutes les chances <strong>de</strong> ne pas être perçue. À<br />

l’arrivée, l’initiative est vécue négativement. Deuxième<br />

remarque : attention à bien distinguer réduction du niveau<br />

sonore <strong>et</strong> réduction <strong>de</strong> la perturbation due au bruit. Par<br />

exemple, un gain <strong>de</strong> 2 ou 3 dB(A) obtenu par la suppression<br />

<strong>de</strong> la circulation <strong>de</strong>s poids lourds peut être perçu, sur le plan<br />

du ressenti <strong>de</strong> la gêne, <strong>de</strong> manière plus positive qu’un gain<br />

<strong>de</strong> 4 à 5 dB(A) obtenu par une réduction <strong>de</strong> vitesse mais avec<br />

circulation <strong>de</strong>s poids lourds. Troisième écueil,<br />

l’augmentation <strong>de</strong> vitesse qui est très souvent associée à la<br />

rénovation d’une couche <strong>de</strong> roulement <strong>et</strong> qui a obligé bon<br />

nombre <strong>de</strong> villes à associer une limitation <strong>de</strong> la vitesse au<br />

changement d’enrobé.<br />

Quand on procè<strong>de</strong> à l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> d’un immeuble,<br />

chacun sait que l’atténuation du bruit extérieur a un eff<strong>et</strong><br />

connexe qui mérite quelques aménagements <strong>et</strong> précautions :<br />

en eff<strong>et</strong>, dans un immeuble nouvellement insonorisé contre<br />

les bruits extérieurs, <strong>de</strong> nouveaux bruits intérieurs, qui n’ont<br />

plus l’anonymat <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> circulation qui dominaient<br />

l’ambiance sonore auparavant, font “irruption” dans les<br />

appartements. Mis à part c<strong>et</strong> exemple bien connu, l’analyse<br />

menée dans le cadre <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> a pu lister quelques autres<br />

eff<strong>et</strong>s fortuits qu’il convient <strong>de</strong> bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit. Il en<br />

va ainsi <strong>de</strong>s coûts d’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit, qui sont trop souvent sous estimées, voire même non<br />

provisionnées. Autre mise en gar<strong>de</strong>, l’établissement d’une<br />

cartographie du bruit, préalable fréquent à la mise en place<br />

<strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> réduction du bruit, présente le risque qu’un<br />

phénomène <strong>de</strong> dépréciation immobilière frappe les quartiers<br />

désignés comme bruyants, <strong>et</strong> que les zones calmes<br />

connaissent au contraire une inflation. Les mesures <strong>de</strong><br />

réduction du bruit peuvent aussi occasionner <strong>de</strong>s<br />

changements dans les pratiques d’urbanisme. Évolutions qui<br />

ne sont pas forcément négatives, mais mieux vaut les avoir<br />

prévues que les subir. On prêtera bien sûr attention aux<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> circulation : même si les seuils<br />

réglementaires sont respectés, une zone calme qui <strong>de</strong>vient<br />

passante, est moins calme ; une déviation n’est pas<br />

forcément bien vécue, suivant qu’on est riverain,<br />

commerçant, usager en transit, <strong>et</strong>c. Enfin, <strong>de</strong>rnier<br />

avertissement, non <strong>de</strong>s moindres : pour être acceptée <strong>et</strong><br />

porter ses fruits, une mesure <strong>de</strong> réduction du bruit doit,<br />

dans la majorité <strong>de</strong>s cas, être accompagnée d’un effort<br />

d’information <strong>de</strong>s populations concernées.<br />

Les proj<strong>et</strong>s pilotes<br />

Dix villes ont été r<strong>et</strong>enues comme proj<strong>et</strong> pilote. Annecy,<br />

pour la réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité du trafic ; Berlin Essel, pour<br />

la réduction <strong>de</strong> la part modale <strong>de</strong>s poids lourds ; Breda pour<br />

les réductions <strong>de</strong> vitesse ; Parme, pour le renouvellement du<br />

parc <strong>de</strong> véhicules <strong>de</strong> transports en commun ; Valence,<br />

(Espagne) pour le changement <strong>de</strong> couche <strong>de</strong> roulement ;<br />

Vienne (Autriche), pour les écrans antibruit ; Göteborg, pour<br />

les isolements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s ; Modène, pour la planification<br />

urbaine ; Paris, pour l’approche stratégique <strong>et</strong> Madrid, pour<br />

l’approche organisationnelle.<br />

Le gui<strong>de</strong><br />

Dans une première partie, le gui<strong>de</strong> consacre une vingtaine<br />

<strong>de</strong> pages à un rappel <strong>de</strong>s connaissances acquises sur le suj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la réduction du bruit en ville. Par exemple, une étu<strong>de</strong><br />

réalisée à l’occasion <strong>de</strong> la construction d’un mur antibruit à<br />

l’Hay-les-Roses, a eu pour principale conclusion que la gêne<br />

commence à baisser à partir d’un gain en niveau sonore <strong>de</strong> 6<br />

dB(A). Ce qui ne signifie pas qu’il faut renoncer aux mesures<br />

qui ne pourraient apporter <strong>de</strong> tels gains, mais plutôt qu’il<br />

convient <strong>de</strong> prévoir un assortiment <strong>de</strong> mesures qui,<br />

ensemble, pourront se traduire par un gain <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5<br />

ou 6 dB.<br />

Si l’on prend l’exemple <strong>de</strong> la création d’une piste cyclable,<br />

la fiche consacrée à ce thème précise, mais si cela semble<br />

évi<strong>de</strong>nt, qu’il convient d’évaluer la vitesse maximale à<br />

adopter sur les voies où l’on introduit les pistes cyclables. La<br />

fiche rappelle également le besoin d’un minimum <strong>de</strong><br />

concertation interne entre les différents services <strong>de</strong> la ville,<br />

afin <strong>de</strong> connaître les mesures <strong>de</strong> construction <strong>et</strong><br />

d’urbanisme savoir, par exemple, si d’éventuels travaux<br />

d’intervention sur le réseau <strong>de</strong> gaz, d’électricité ou <strong>de</strong><br />

télécommunication sont prévues au droit <strong>de</strong> la piste cyclable<br />

en question, dans un avenir plus ou moins proche. Au<br />

nombre <strong>de</strong>s recommandations, toujours s’agissant <strong>de</strong>s pistes<br />

cyclables, on r<strong>et</strong>iendra qu’il faut s’efforcer <strong>de</strong> donner le<br />

plus souvent possible la priorité aux vélos, <strong>et</strong> s’assurer que<br />

les sites soient bien i<strong>de</strong>ntifiées, non déviées, les carrefours<br />

bien sécurisés <strong>et</strong> que le réseau soit bien bidirectionnel<br />

(qu’on puisse aller du point A au point B <strong>et</strong> vice-versa).<br />

Le gui<strong>de</strong> sera traduit en français <strong>et</strong> diffusé à la fois via<br />

Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> sous forme papier.<br />

Les pistes cyclables prioritaires <strong>de</strong> Breda<br />

La ville <strong>de</strong> Breda a été r<strong>et</strong>enue en tant que ville pilote à la<br />

fois pour le développement <strong>de</strong> ses pistes cyclables <strong>et</strong> pour la<br />

réduction <strong>de</strong> vitesse. L’originalité du réseau mis en place ?<br />

Un système <strong>de</strong> pistes cyclables à <strong>de</strong>ux vitesses : un grand<br />

réseau <strong>de</strong>sservant la ville, sans carrefours : chaque traversée<br />

<strong>de</strong> voie s’y fait par souterrain ou passerelle ; un réseau avec<br />

carrefour mais où les vélos ont en permanence la priorité sur<br />

les voitures. Qui plus est, <strong>de</strong> nombreux parkings à vélo, vrais<br />

abris qui n’ont rien à voir avec les simples anneaux auxquels<br />

l’on attache son vélo, sont proposés à travers la ville.<br />

Côté réduction <strong>de</strong> la vitesse, la ville <strong>de</strong> Breda s’est<br />

distinguée par une mesure plutôt hardie : la transformation<br />

d’une autoroute en voie <strong>de</strong> communication urbaine. Breda<br />

était traversée par une <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong>ux voies, un trafic <strong>de</strong><br />

60 000 véhicules par jour, dont un quart <strong>de</strong> poids lourds, <strong>et</strong><br />

une vitesse limitée à 70 km/h. En 1994, c<strong>et</strong> axe est <strong>de</strong>venu<br />

une <strong>de</strong>ux fois une voie, avec un trafic <strong>de</strong> 24 000 véhicules<br />

par jour, 4% seulement <strong>de</strong> poids lourds, <strong>et</strong> une vitesse<br />

limitée à 50 km/h. Des radars, une couche <strong>de</strong> surface<br />

silencieuse, <strong>de</strong>s pistes cyclables <strong>de</strong> chaque côté, séparées<br />

<strong>de</strong> la route par une ban<strong>de</strong> réservée au stationnement, <strong>de</strong>s<br />

trottoirs élargis, complètent le dispositif. Le reste du trafic<br />

a été détourné sur une voie <strong>de</strong> déviation qui contourne la<br />

ville.<br />

Les écrans transparents <strong>de</strong> Vienne<br />

Le caractère exemplaire <strong>de</strong> l’initiative menée à Vienne, qui<br />

a donc contribué à la r<strong>et</strong>enir comme site pilote, rési<strong>de</strong> dans<br />

l’effort <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong>s zones calmes déployé par la<br />

municipalité. Un enjeu, rappelons-le, qui est au cœur <strong>de</strong> la<br />

directive 2002/49/CE. Ainsi, lorsqu’une route bor<strong>de</strong> un parc,<br />

on protège l’ambiance sonore <strong>de</strong> ce parc par <strong>de</strong>s écrans<br />

acoustiques transparents. Pour protéger la cour <strong>de</strong>sservant<br />

un ensemble d’immeubles d’habitat social, une structure<br />

monumentale transparente, haute <strong>de</strong> cinq étages dans<br />

laquelle on a ménagé un portail d’entrée, apporte à la fois<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


son pouvoir <strong>de</strong> protection acoustique <strong>et</strong> son esthétisme<br />

mo<strong>de</strong>rne. Dernier détail, mais qui a son importance quand<br />

on sait le frein que constitue le coût <strong>de</strong> telles initiatives,<br />

certains <strong>de</strong>s écrans qui jalonnent Breda servent d’espace<br />

publicitaire, mais tout en conservant leur transparence,<br />

contribuant ainsi à rembourser une partie <strong>de</strong>s sommes<br />

investies.<br />

La planification urbaine à Modène<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> la politique italienne <strong>de</strong> réduction du bruit,<br />

la ville <strong>de</strong> Modène a défini un zonage acoustique du<br />

territoire <strong>de</strong> la ville servant <strong>de</strong> socle à <strong>de</strong>s actions tant<br />

préventives que curatives. Sept zones ont été adoptées,<br />

avec pour chacune <strong>de</strong>s plans d’action <strong>et</strong> <strong>de</strong>s seuils <strong>de</strong> bruit à<br />

respecter, <strong>de</strong> jour comme <strong>de</strong> nuit. D’une part, toute<br />

construction nouvelle ne peut dépasser les niveaux<br />

d’exposition au bruit prévus pour la zone ; d’autre part, les<br />

habitations existantes dépassant ces seuils font l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

mesures <strong>de</strong> rattrapage visant à r<strong>et</strong>rouver les niveaux <strong>sonores</strong><br />

réglementaires <strong>de</strong> la zone. Deux indicateurs ont guidé ces<br />

actions : une évaluation <strong>de</strong> l’impact du bruit, consistant,<br />

pour toute nouvelle activité bruyante ou infrastructure, a<br />

comparer les niveaux “avant” <strong>et</strong> “après” l’implantation ;<br />

une évaluation du “climat <strong>de</strong> bruit”, sorte d’indicateur<br />

d’ambiance sonore perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> vérifier que les niveaux<br />

<strong>de</strong> bruit sont conformes lors <strong>de</strong> nouveaux proj<strong>et</strong>s<br />

rési<strong>de</strong>ntiels. En parallèle, une structure <strong>de</strong> concertation<br />

perm<strong>et</strong> aux habitants concernés <strong>de</strong> prendre part à la<br />

définition <strong>de</strong>s plans locaux <strong>de</strong> réduction du bruit. À noter<br />

aussi que les <strong>de</strong>ux indicateurs <strong>de</strong> bruit sont rendus publics.<br />

Ainsi, l’ensemble <strong>de</strong>s intervenants — notamment les<br />

architectes, qui collaborent beaucoup à Modène avec les<br />

spécialistes du bruit — ont les moyens <strong>de</strong> suivre ces enjeux.<br />

Sur la base <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit, se prennent, par exemple<br />

pour redonner une bonne qualité d’environnement sonore à<br />

un site rési<strong>de</strong>ntiel, certaines décisions, qui restent<br />

raisonnables dans leur ampleur : renforcer un remblai,<br />

construire un écran acoustique sur quelques dizaines <strong>de</strong><br />

mètres, supprimer un immeuble pour le reconstruire<br />

ailleurs, transformer <strong>de</strong>s bâtiments d’habitations en<br />

commerces, en immeubles administratifs ou <strong>de</strong> bureau.<br />

Débat<br />

Moins <strong>de</strong> bruit grâce aux ronds-points ?<br />

Les ronds-points sont ils vraiment efficaces pour fluidifier le<br />

trafic, <strong>et</strong> quand bien même ils le seraient, apportent-ils un<br />

mieux en termes <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> pollution <strong>de</strong> l’air ? Telle est<br />

en substance la première question soulevée au cours <strong>de</strong> ce<br />

débat. À Annecy, comme l’a montré Maryse Bouvier, <strong>de</strong>s<br />

ronds-points ayant remplacé certains feux tricolores, le<br />

trafic a gagné en fluidité. Mais une étu<strong>de</strong> menée par la DDE<br />

<strong>de</strong> Haute-Savoie indique qu’il ne faut pas attendre <strong>de</strong>s<br />

ronds-points <strong>de</strong> gain significatif en termes <strong>de</strong> pollution <strong>de</strong><br />

l’air. Ce qui vaut pour la pollution vaut-il aussi pour le<br />

bruit ? D’autre part, sur une artère à fort trafic, où trois ou<br />

quatre ronds-points doivent se succé<strong>de</strong>r, certains se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt s’il y a une différence entre un rond-point<br />

engorgé <strong>et</strong> un feu tricolore. À Nantes, que certains<br />

n’hésitent pas à présenter comme la capitale française du<br />

rond-point, il apparaît que les ronds-points fluidifient<br />

effectivement le trafic, même sur <strong>de</strong>s pénétrantes urbaines<br />

importantes. Quoi qu’il en soit, leur impact sur le bruit reste<br />

incertain. Selon Philippe Ritter (communauté urbaine <strong>de</strong><br />

Lyon), l’expérience montre qu’un trafic entièrement<br />

congestionné est souvent moins bruyant qu’un trafic plus<br />

flui<strong>de</strong>. Mais, pour en avoir le cœur n<strong>et</strong>, rien ne vaut une<br />

campagne <strong>de</strong> mesure. Pour Judicaël Picaut (Laboratoire<br />

Central <strong>de</strong>s Ponts-<strong>et</strong>-Chaussées, LCPC), l’impact acoustique<br />

<strong>de</strong>s ronds-points relève du cas par cas : c’est en tout cas ce<br />

qu’indique une étu<strong>de</strong> du Laboratoire régional <strong>de</strong> Blois. On<br />

r<strong>et</strong>iendra non sans intérêt qu’une étu<strong>de</strong> menée par le LCPC<br />

sur l’impact acoustique <strong>de</strong>s aménagements tels que rondspoints,<br />

feux tricolores <strong>et</strong> chicanes <strong>de</strong>vrait se concrétiser par<br />

la formulation <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> prévision.<br />

Les rues piétonnes, forcément moins<br />

bruyantes ?<br />

La discussion a ensuite porté sur les voies piétonnes <strong>et</strong> leurs<br />

éventuels bienfaits sur le bruit. La requalification d’une voie<br />

en rue piétonne constitue certes une solution radicale pour<br />

supprimer le bruit routier, mais sa réappropriation par les<br />

piétons peut réserver <strong>de</strong>s surprises. Ainsi, M. Ritter a-t-il<br />

mentionné qu’un relevé acoustique effectué à Lyon le jour<br />

<strong>de</strong> En ville sans ma voiture avait montré, dans <strong>de</strong>s quartiers<br />

inattendus, un L Aeq(7h—22h) plus élevé que lorsque les<br />

automobiles y circulent. Quant à la nuit, il est bien connu<br />

que le caractère piétonnier d’une rue dans un quartier<br />

animé est parfois source <strong>de</strong> nuisances <strong>sonores</strong>. D’où<br />

l’intérêt, pour M. Ritter, <strong>de</strong> la métrologie pour contrôler le<br />

bénéfice sonore d’une voie piétonne.<br />

Pour Philippe Woloszyn (laboratoire Cerma), une<br />

manifestation comme la journée En ville sans ma voiture ne<br />

doit s’analyser que globalement : dans bien <strong>de</strong>s villes, c<strong>et</strong>te<br />

journée expérimentale consiste tout au plus à reporter la<br />

circulation automobile d’un endroit à un autre, ce qui<br />

revient à gagner 1,5 à 3 dB(A) à un endroit pour augmenter<br />

le niveau sonore <strong>de</strong> 5 ou 6 dB(A) ailleurs, sur les roca<strong>de</strong>s ou<br />

les rues avoisinantes. Sur le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’impact sonore d’une<br />

rue piétonne, M. Woloszyn considère qu’une évaluation<br />

purement quantitative, ne tenant compte que <strong>de</strong>s niveaux<br />

<strong>sonores</strong>, n’est pas suffisante. Pour lui, la piétonisation d’une<br />

rue, si elle n’apporte pas forcément un mieux sur le plan du<br />

niveau sonore global, a néanmoins un eff<strong>et</strong> sur la<br />

composition, la tonalité <strong>de</strong>s ambiances <strong>sonores</strong>. Nantes, <strong>de</strong><br />

1990 à 1995, a fait figure <strong>de</strong> ville pilote avec la réalisation,<br />

en partenariat avec le CNRS, d’une vaste cartographie<br />

qualitative <strong>de</strong>s ambiances <strong>sonores</strong> du centre historique<br />

nantais. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> a justement servi à requalifier le plan<br />

<strong>de</strong> circulation, notamment le circuit cœur. Au croisement <strong>de</strong><br />

la mesure acoustique <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’évaluation qualitative du<br />

paysage sonore, <strong>de</strong>s modèles pourraient se perfectionner <strong>et</strong><br />

constituer une ai<strong>de</strong> précieuse pour les collectivités<br />

territoriales.<br />

De l’importance du nombre <strong>de</strong> personnes<br />

affectées par le bruit<br />

La directive sur le bruit dans l’environnement accor<strong>de</strong> certes<br />

<strong>de</strong> l’importance aux niveaux <strong>de</strong> bruit, mais elle se<br />

préoccupe encore davantage du nombre <strong>de</strong> personnes<br />

affectées par le bruit. Lors <strong>de</strong> la redéfinition d’un plan <strong>de</strong><br />

circulation, il y aurait grand intérêt à raisonner en termes <strong>de</strong><br />

dose totale <strong>de</strong> bruit perçu, <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> population<br />

soumise au bruit, <strong>et</strong> pas seulement en termes <strong>de</strong> niveau<br />

sonore d’une rue.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 31


Le péage urbain <strong>de</strong> Londres : <strong>de</strong>stination du<br />

produit <strong>de</strong> la taxe ?<br />

À Londres, pour les dix ans à venir, le produit du péage<br />

urbain doit être réinvesti dans le système <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> la<br />

ville. À l’heure actuelle, les bénéfices dégagés servent à<br />

rembourser les sommes investies préalablement à l’entrée<br />

en vigueur du péage : création <strong>de</strong> voies d’autobus, <strong>de</strong> voies<br />

cyclables, mo<strong>de</strong>rnisation du parc d’autobus, <strong>et</strong>c. Il n’est<br />

ensuite pas prévu d’affecter les gains à <strong>de</strong>s mesures<br />

environnementales, telles que la surveillance du bruit, mais<br />

à <strong>de</strong>s mesures d’aménagement <strong>de</strong> la voirie (amélioration <strong>de</strong>s<br />

infrastructures, rénovation du revêtement routier,<br />

élargissement <strong>de</strong>s voies, <strong>et</strong>c.).<br />

Comment inciter aux déplacements doux ?<br />

Comment inciter les automobilistes à lever le<br />

pied ? L’approche <strong>de</strong> Londres.<br />

À Londres, où 45% <strong>de</strong>s traj<strong>et</strong>s inférieurs à 2 km sont toujours<br />

réalisés en voiture, pour dissua<strong>de</strong>r les habitants <strong>de</strong> prendre<br />

leur véhicule, Transport for London axe son discours sur les<br />

bienfaits pour la santé <strong>de</strong> l’usage du vélo ou <strong>de</strong> la marche à<br />

pied <strong>et</strong> sur les désavantages que présentent l’usage <strong>de</strong> la<br />

voiture. Cela passe par une démarche <strong>de</strong> proximité,<br />

consistant à délivrer <strong>de</strong>s messages personnalisés visant à<br />

prouver qu’un traj<strong>et</strong> donné est plus court à pied ou à vélo,<br />

(si l’on comptabilise le traj<strong>et</strong> porte à porte, incluant<br />

notamment le temps pour trouver un stationnement, <strong>et</strong>c.).<br />

Les analyses menées à Londres indiquent que bon nombre <strong>de</strong><br />

Londoniens ne souhaitent pas prendre leur voiture, ou<br />

encore qu’ils prennent le bus <strong>de</strong>puis vingt ans sans vraiment<br />

maîtriser tout le potentiel du réseau.<br />

Concernant l’incitation à limiter la vitesse sur la route, la<br />

démarche est tout autre. Délaissant l’approche “génie civil”<br />

du rétrécissement <strong>de</strong>s voies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s dos d’ânes, qui ne sont<br />

pas neutres en termes <strong>de</strong> pollution atmosphérique <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

bruit, Londres a évolué <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> douce vers une<br />

approche plus dure. C<strong>et</strong>te démarche part du postulat que,<br />

pour arriver à faire évoluer les comportements, il faut<br />

quinze ans d’efforts <strong>de</strong> communication continus avant que<br />

<strong>de</strong>s résultats substantiels soient observés. Pendant 15 ou 20<br />

ans, les messages <strong>de</strong> sécurité routière ont conditionné les<br />

mentalités sur l’importance <strong>de</strong> réduire la vitesse au volant,<br />

mais pas par la manière forte. Récemment, la Gran<strong>de</strong>-<br />

Br<strong>et</strong>agne a lancé une campagne <strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

ampleur, dénommée Think, qui n’hésite pas employer la<br />

métho<strong>de</strong> forte. Par exemple, une campagne diffusée dans<br />

tout le pays, à la télévision aux heures <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> écoute <strong>et</strong><br />

dans les cinémas, montre une victime d’un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

route qui revient à la vie pour expliquer que si c<strong>et</strong><br />

automobiliste avait roulé à 30 km/h plutôt qu’à 45 km/h, il<br />

serait toujours vivant.<br />

Les murs transparents <strong>de</strong> Vienne : quelle<br />

durée <strong>de</strong> vie ? quelle résistance à l’impact ?<br />

Les murs antibruit transparents <strong>de</strong> Vienne n’ont pas dix ans,<br />

<strong>et</strong> aucun problème <strong>de</strong> dégradation particulier n’a été<br />

mentionné par l’équipe <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Vienne. En revanche,<br />

ce type d’écran, en particulier l’écran monumental implanté<br />

en bordure <strong>de</strong> la cité HLM, pose <strong>de</strong>s problèmes d’entr<strong>et</strong>ien.<br />

S’agissant <strong>de</strong> la sécurité, <strong>de</strong> la résistance au choc <strong>de</strong> ces<br />

écrans par rapport aux écrans traditionnels qui, a priori, ont<br />

offrent une meilleure résistance en cas d’acci<strong>de</strong>nt, la ville<br />

<strong>de</strong> Vienne n’a pas fait mention <strong>de</strong> problème <strong>de</strong> sécurité<br />

particulier. Sauf pour les oiseaux, auxquels il arrive <strong>de</strong><br />

percuter un écran.<br />

Quels indicateurs <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s<br />

améliorations ?<br />

Les niveaux moyens L Aeq présentent certes l’inconvénient <strong>de</strong><br />

ne pas refléter fidèlement l’efficacité d’une mesure <strong>de</strong><br />

réduction du bruit, soit que cela en minimise, soit au<br />

contraire que cela en exagère, l’eff<strong>et</strong> réel.<br />

Malheureusement, mis à part Modène <strong>et</strong> ses <strong>de</strong>ux indicateurs<br />

— l’un, purement acoustique, comparable à ce qui s’utilise<br />

dans les étu<strong>de</strong>s d’impact, l’autre, un indicateur <strong>de</strong> climat<br />

sonore —, le r<strong>et</strong>our d’information concernant l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s mesures mises en place a été plutôt<br />

décevant. Tout au plus les villes ont elles réalisé <strong>de</strong>s<br />

mesures acoustiques avant <strong>et</strong> après la mise en œuvre <strong>de</strong><br />

l’action.<br />

L’expérience menée à Nantes <strong>de</strong> 1990 à 1995, rappelons-le,<br />

a consisté à faire appel à la notion d’i<strong>de</strong>ntité sonore, sans se<br />

cantonner exclusivement au registre quantitatif, pour<br />

évaluer la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s quartiers.<br />

On peut espérer que, sous l’impulsion <strong>de</strong> la directive<br />

2002/49/CE, les plans d’action feront l’obj<strong>et</strong>, à l’occasion<br />

<strong>de</strong> leur révision tous les cinq ans, <strong>de</strong> vraies évaluations <strong>et</strong><br />

d’enquêtes auprès <strong>de</strong> la population.<br />

Écrans transparents, mais eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> coupure<br />

quand même ?<br />

La route constitue une coupure en ville, capable d’isoler <strong>de</strong>s<br />

quartiers. Et les murs antibruit transparents tels que adoptés<br />

à Vienne n’annulent effectivement pas c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> coupure.<br />

Si Vienne est ainsi montrée en exemple dans le proj<strong>et</strong> Smile,<br />

c’est principalement pour le côté novateur d’écrans<br />

acoustiques implantés en plein centre-ville. Sa présence<br />

dans ce gui<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> au moins <strong>de</strong> réintégrer ce type <strong>de</strong><br />

solution dans l’éventail <strong>de</strong>s mesures possibles en centreville.<br />

Toutes les solutions présentées dans le cadre <strong>de</strong> ce<br />

gui<strong>de</strong> ne sont pas forcément adaptées à toutes les<br />

situations, mais elles constituent <strong>de</strong>s exemples d’initiatives<br />

auxquelles il est possible <strong>de</strong> faire appel.<br />

PAGE 32<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Séance plénière<br />

Des politiques nationales fondées sur<br />

l'analyse <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices<br />

Séance présidée par François Leleu, maire adjoint d’Avignon, chargé <strong>de</strong> l’environnement<br />

Modérateur : Jean-Pierre Gualezzi, vice-Prési<strong>de</strong>nt du CIDB<br />

Stratégie globale <strong>de</strong> maîtrise du bruit routier au Danemark<br />

Brian Kristensen (Danish environmental<br />

agency)<br />

La stratégie <strong>de</strong> maîtrise du bruit routier menée au Danemark<br />

<strong>de</strong>puis 2003 est résolument ancrée dans une approche <strong>de</strong><br />

“rentabilité” <strong>de</strong>s actions. Prenant appui sur une estimation<br />

du coût <strong>de</strong> la réduction du bruit, c<strong>et</strong>te initiative exerce une<br />

analyse socioéconomique afin <strong>de</strong> déduire les outils <strong>de</strong><br />

réduction du bruit routier présentant le meilleur rapport<br />

coût/efficacité.<br />

Le contexte<br />

Ces vingt <strong>de</strong>rnières années, le volume du trafic routier n’a<br />

pas été réduit au Danemark. Les progrès les plus marquants<br />

en bordure <strong>de</strong>s habitations existantes ont été le fait du<br />

réseau routier national. Lors <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> nouvelles<br />

routes, ou l’extension <strong>de</strong> routes existantes en zone urbaine,<br />

<strong>de</strong>s ressources substantielles ont été allouées à la réduction<br />

du bruit, typiquement, à hauteur <strong>de</strong> 10% du coût <strong>de</strong><br />

l’infrastructure ou <strong>de</strong>s travaux d’extension. Ces efforts<br />

déployés par les pouvoirs publics durant ces 15 ou 20<br />

<strong>de</strong>rnières années ont permis qu’aucun nouveau logement<br />

nouvellement construit ne soit exposé à un niveau sonore<br />

excédant 55 dB(A) : en eff<strong>et</strong>, aucune zone rési<strong>de</strong>ntielle<br />

nouvelle ne peut être construite là où le bruit routier<br />

dépasse ce seuil. Ainsi, <strong>de</strong>puis les années 80, 300 000<br />

logements ont été construits en prenant en compte les<br />

nuisances <strong>sonores</strong>. Grâce à ces mesures, l’ampleur du<br />

problème a pu être stabilisé, mais 700 000 logements<br />

restent exposés à <strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong> excédant 55 dB(A), <strong>et</strong><br />

150 000 d’entre eux sont même exposés à <strong>de</strong>s niveaux<br />

excédant 65 dB(A). Plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s habitations exposées au<br />

bruit routier sont situées le long <strong>de</strong> routes municipales.<br />

Face à ce constat, le gouvernement danois a lancé en 2003<br />

une stratégie nationale <strong>de</strong> réduction du bruit, qui a vu le<br />

jour grâce aux efforts conjoints <strong>de</strong> six ministères, le<br />

ministère <strong>de</strong> l’environnement s’étant chargé <strong>de</strong> recueillir <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> coordonner les différentes contributions. Dans un premier<br />

temps, il s’est agi d’analyser les mesures pouvant être prises<br />

pour traiter c<strong>et</strong>te problématique. L’analyse a débouché sur<br />

la formulation <strong>de</strong> dix initiatives spécifiques <strong>de</strong>stinées à ai<strong>de</strong>r<br />

les collectivités territoriales à organiser leurs efforts <strong>de</strong><br />

lutte contre le bruit, dans une démarche <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s<br />

coûts.<br />

Évaluation économique <strong>de</strong> la réduction du bruit<br />

Selon l’OMS, l’exposition chronique au bruit du trafic routier<br />

peut avoir <strong>de</strong>s répercussions sur la santé, liées au stress<br />

principalement. Dans le cadre <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> lutte contre<br />

le bruit routier, une revue <strong>de</strong> la littérature internationale a<br />

été commanditée afin <strong>de</strong> tenter d’évaluer le coût <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s<br />

du bruit routier sur la santé. On ne dispose à l’heure<br />

actuelle d’aucune preuve formelle d’un eff<strong>et</strong> significatif du<br />

bruit sur la santé, mais, néanmoins, les spécialistes<br />

s’accor<strong>de</strong>nt pour adm<strong>et</strong>tre qu’il existe <strong>de</strong>s relations entre le<br />

bruit routier <strong>et</strong> l’inci<strong>de</strong>nce d’hypertension <strong>et</strong> <strong>de</strong> maladies<br />

cardiovasculaires. Plusieurs facteurs interviennent bien<br />

évi<strong>de</strong>mment dans le développement <strong>de</strong> telles maladies, mais<br />

la littérature rapporte que l’exposition au bruit routier peut<br />

induire un risque accru <strong>de</strong> développer ces affections. Sur la<br />

base <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te analyse, il a été estimé que entre 200 <strong>et</strong> 500<br />

Danois meurent prématurément chaque année<br />

d’hypertension ou <strong>de</strong> maladie cardiaque liée à une<br />

exposition chronique au bruit du trafic routier. La<br />

monétarisation du coût social annuel <strong>de</strong> ces 200 à 500 décès<br />

prématurés est estimée à 0,5 milliard d’euros.<br />

Pour évaluer le coût <strong>de</strong> la gêne, le gouvernement danois<br />

s’est basé sur une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’immobilier menée au<br />

printemps 2003 par l’Agence <strong>de</strong> protection <strong>de</strong><br />

l’environnement danoise. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> indique que les biens<br />

immobiliers subissent une décote <strong>de</strong> 1% pour chaque décibel<br />

<strong>de</strong> trafic routier supplémentaire. À noter que ce chiffre<br />

concerne les logements tant individuels que collectifs (tout<br />

porte à croire que la décote pour les seuls logements<br />

collectifs serait inférieure). À partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te estimation <strong>de</strong><br />

la dépréciation immobilière due au bruit routier, la valeur<br />

monétaire annuelle attribuée à la gêne induite par le bruit<br />

routier au Danemark a été estimée à 0,7 milliard d’euros.<br />

Au total, le coût social annuel du bruit routier, tenant<br />

compte à la fois <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur la santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> la dépréciation<br />

immobilière, est donc estimé à 1,2 milliard d’euros. Le coût<br />

correspondant à l’inaction est donc conséquent.<br />

Les mesures <strong>de</strong> réduction du bruit les plus rentables<br />

Dans l’esprit d’efficacité économique insufflé par la<br />

stratégie danoise <strong>de</strong> réduction du bruit, il importait que les<br />

futures initiatives <strong>de</strong> réduction du bruit offrent le meilleur<br />

rapport entre les sommes dépensées <strong>et</strong> les progrès<br />

environnementaux accomplis. Une analyse coûts-avantages<br />

<strong>de</strong>s diverses solutions <strong>de</strong> réduction du bruit a donc été<br />

entreprise. Les calculs <strong>de</strong>s économistes révèlent que, dans<br />

bien <strong>de</strong>s cas, le coût <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit reste<br />

inférieur au bénéfice pour la communauté que constituent le<br />

revalorisation <strong>de</strong>s logements <strong>et</strong> la baisse <strong>de</strong>s maladies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

décès imputés à l’exposition au bruit.<br />

Quelles sont donc les mesures <strong>de</strong> réduction du bruit les plus<br />

rentables ? S’il est un enseignement à tirer <strong>de</strong> l’analyse<br />

socioéconomique menée par le gouvernement danois, c’est<br />

que c’est rentable <strong>de</strong> réduire le bruit ! En eff<strong>et</strong>, la plupart<br />

<strong>de</strong>s outils, d’un point <strong>de</strong> vue socioéconomique, donnent un<br />

résultat positif. Seules <strong>de</strong>ux solutions sont à éviter :<br />

l’utilisation généralisée <strong>de</strong>s écrans acoustiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

limitations <strong>de</strong> vitesse.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 33


Voyons cela dans le détail. Les enrobés moins bruyants <strong>et</strong> les<br />

fenêtres acoustiques, mesures assez coûteuses, ont un<br />

rapport socioéconomique plutôt élevé, car elles offrent un<br />

bon eff<strong>et</strong> d’atténuation. Les limitations <strong>de</strong> vitesse ne<br />

coûtent pas cher <strong>et</strong> ont un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

moyen, mais leur apport socioéconomique peut être négatif<br />

s’il est trop généralisé : en eff<strong>et</strong>, dans les calculs, une<br />

gran<strong>de</strong> importance est donnée aux pertes <strong>de</strong> temps liées<br />

induites par la limitation <strong>de</strong> la vitesse. Cependant, si c<strong>et</strong>te<br />

mesure est appliquée sur <strong>de</strong>s axes traversant <strong>de</strong> nombreux<br />

logements, sérieusement affectés par le bruit, les<br />

limitations <strong>de</strong> vitesse sont socioéconomiquement<br />

excé<strong>de</strong>ntaires. Quant aux écrans acoustiques, qui ont<br />

beaucoup été utilisés par le passé au Danemark, leur<br />

généralisation se sol<strong>de</strong>rait par un résultat socioéconomique<br />

négatif dans certains cas. La raison à cela : le coût assez<br />

élevé <strong>de</strong>s écrans, qui fait qu’ils ne <strong>de</strong>vraient être utilisés<br />

que dans les zones <strong>de</strong> forte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> logements. Sur les<br />

axes routiers moins <strong>de</strong>nsément peuplés, d’autres outils,<br />

comme les enrobés moins bruyants, les fenêtres acoustiques<br />

ou les limitations <strong>de</strong> vitesse, doivent être envisagés. Enfin,<br />

les pneus moins bruyants ou les moteurs plus silencieux ont<br />

un faible eff<strong>et</strong> d’atténuation sonore localement, mais leur<br />

eff<strong>et</strong> se fait sentir partout, sur toutes les routes. Par<br />

conséquent, à condition d’être utilisés à gran<strong>de</strong> échelle, ces<br />

outils donnent un résultat socioéconomique positif. Ce qui<br />

renforce la pertinence <strong>de</strong>s efforts consentis par l’Union<br />

européenne en matière <strong>de</strong> recherche sur les véhicules moins<br />

bruyants.<br />

Le financement <strong>de</strong> la réduction du bruit<br />

Au Danemark, l’État prend en charge les investissements<br />

correspondant au réseau routier national (autoroutes <strong>et</strong><br />

routes nationales), les initiatives <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

concernant le réseau régional étant <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong>s<br />

communes. Dans le sillage <strong>de</strong> la stratégie du bruit routier, le<br />

ministre <strong>de</strong>s Transports a décidé d’investir 15 millions<br />

d’euros supplémentaires dans la réduction du bruit le long<br />

<strong>de</strong>s routes gérées par l’État. L’avenir dira si les gran<strong>de</strong>s<br />

municipalités du Danemark seront capables <strong>de</strong> faire <strong>de</strong><br />

même sur leurs routes. Car, rappelons-le, plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s<br />

logements exposés au bruit au Danemark sont situés le long<br />

<strong>de</strong> routes régionales.<br />

À la lumière <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s menées dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

initiative, les pouvoirs publics danois enten<strong>de</strong>nt exploiter<br />

l’hypothèse selon laquelle les propriétaires <strong>de</strong> biens<br />

immobiliers ont avantage à voir <strong>de</strong>s investissements réduire<br />

l’impact du bruit sur leur logement. C’est la raison pour<br />

laquelle le ministère <strong>de</strong> l’environnement a consacré 700 000<br />

euros à la réalisation d’un gui<strong>de</strong> d’accompagnement aux<br />

partenariats financiers entre municipalités <strong>et</strong> propriétaires<br />

<strong>de</strong> biens immobiliers. Selon Brian Kristensen, c<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong><br />

cofinancement pourrait se généraliser.<br />

Le plan suisse <strong>de</strong> maîtrise du bruit ferroviaire<br />

P<strong>et</strong>er Hübner (SBB)<br />

Le plan suisse <strong>de</strong> maîtrise du bruit ferroviaire constitue un<br />

bon exemple <strong>de</strong> pragmatisme en matière <strong>de</strong> politique <strong>de</strong><br />

réduction du bruit.<br />

Les Chemins <strong>de</strong> fer fédéraux suisses (CFF, SBB, FFS)<br />

emploient 29 000 personnes — c’est le cinquième plus gros<br />

employeur en Suisse —, gèrent un réseau <strong>de</strong> 3000 km <strong>de</strong><br />

voies ferrées, pour 8000 trains <strong>et</strong> 800 000 passagers par jour.<br />

Concernant la part modale du train, l’entreprise publique<br />

représente 25% <strong>de</strong>s transports en commun, 20% du transport<br />

<strong>de</strong> passagers <strong>et</strong> 40% du transport <strong>de</strong> fr<strong>et</strong>.<br />

Abrégé d’histoire du bruit ferroviaire en Suisse<br />

Dans les années 80-90, un ensemble <strong>de</strong> lois<br />

environnementales ont été introduites, parmi lesquelles,<br />

l’ordonnance sur la protection contre le bruit, entrée en<br />

vigueur en 1987, qui avait pour but <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place, en<br />

quinze ans, une protection efficace <strong>de</strong> la population contre<br />

l’exposition au bruit. Au moment <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

législation, le coût global <strong>de</strong> la réduction du bruit, tous<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport confondus, a été estimé à 64 millions<br />

d’euros pour le pays entier. Mais, faute <strong>de</strong> crédits<br />

disponibles, la route <strong>et</strong> le fer n’ont pu amorcer la mise en<br />

application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réglementation. L’année 1992 marque<br />

un autre jalon important : les chemins <strong>de</strong> fer ont reçu<br />

l’ordre <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser les couloirs <strong>de</strong> ferroutage du Gothard<br />

<strong>et</strong> du Lötschberg. Le cahier <strong>de</strong>s charges inclut l’obligation<br />

d’une prise en compte <strong>de</strong> l’environnement, notamment <strong>de</strong><br />

protéger du bruit les riverains <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux couloirs. Ces <strong>de</strong>ux<br />

proj<strong>et</strong>s ont constitué le départ d’un grand programme <strong>de</strong><br />

réduction du bruit ferroviaire en Suisse.<br />

SBB, qui a la responsabilité <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> ces couloirs, lance à<br />

c<strong>et</strong>te occasion la première initiative suisse <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit basée sur un système d’information géographique. Une<br />

cartographie du bruit est réalisée sur la totalité du couloir,<br />

long <strong>de</strong> 300 kilomètres. Que disent les cartes <strong>de</strong> bruit ? Qu’il<br />

faut ériger 200 km d’écrans acoustiques, sur une hauteur<br />

moyenne <strong>de</strong> 4 à 5 mètres. Ce que les services en charge <strong>de</strong><br />

la protection du paysage voient d’un mauvais œil. De<br />

surcroît, pour généraliser une telle mesure à l’ensemble du<br />

réseau ferré suisse, il faudrait débourser 4,5 milliards<br />

d’euros environ. À l’évi<strong>de</strong>nce, personne ne pouvant payer<br />

une telle somme, il fallait trouver une autre solution.<br />

Celle-ci a été amenée à la faveur d’une <strong>de</strong>uxième étape, les<br />

travaux du groupe <strong>de</strong> travail interministériel sur le réseau<br />

ferré global, groupe dans lequel étaient impliqués les<br />

ministères <strong>de</strong> l’Environnement, <strong>de</strong>s Transports, <strong>de</strong>s Finances<br />

<strong>et</strong> la direction en charge <strong>de</strong>s Chemins <strong>de</strong> fer. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> ne<br />

s’est pas seulement intéressée au couloir nord-sud, mais a<br />

porté sur le réseau SBB entier. Là encore, une cartographie<br />

du bruit basée sur un système d’information géographique a<br />

été établie, perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> pointer les besoins en matière <strong>de</strong><br />

protection contre le bruit. L’étape suivante a consisté à<br />

mener une analyse coûts-efficacité <strong>de</strong>s écrans acoustiques.<br />

Un écran acoustique, par trop coûteux <strong>et</strong> ne protégeant que<br />

quelques personnes, est d’une faible pertinence. Des lois ont<br />

ainsi été établies afin <strong>de</strong> structurer c<strong>et</strong>te démarche. Ainsi,<br />

en limitant la hauteur <strong>de</strong>s murs antibruit à 2 mètres, il est<br />

apparu que le coût pouvait être réduit <strong>de</strong> moitié, tout en<br />

protégeant 75% <strong>de</strong> la population.<br />

Un progrès crucial est ensuite accompli avec la prise <strong>de</strong><br />

conscience qu’il faut avant tout agir à la source, sur le<br />

matériel roulant. Un ensemble <strong>de</strong> scénarios <strong>de</strong><br />

rééquipement du matériel roulant sont modélisés, <strong>et</strong> ce<br />

processus d’optimisation amène à la conclusion qu’un<br />

investissement <strong>de</strong> 1,3 milliards d’euros perm<strong>et</strong>trait<br />

d’obtenir une réduction du bruit ferroviaire suffisante.<br />

L’examen <strong>de</strong>s différents indices coût/efficacité a permis<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier les surcoûts qui n’apportent qu’un bénéfice<br />

modéré. Concernant les écrans acoustiques, la Suisse fait<br />

ainsi la même constatation que les Danois, à savoir qu’il<br />

n’est pas rentable <strong>de</strong> trop en augmenter la hauteur.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Prenons donc un peu <strong>de</strong> recul sur les chiffres : l’estimation<br />

initiale du coût <strong>de</strong> protection contre le bruit <strong>de</strong> l’ensemble<br />

du réseau ferré suisse était <strong>de</strong> 4,5 milliards d’euros ; après<br />

analyse <strong>de</strong>s coûts <strong>et</strong> bénéfices, c<strong>et</strong>te estimation est<br />

diminuée <strong>de</strong> moitié ; enfin, avec le scénario <strong>de</strong><br />

rééquipement du parc roulant (équipement <strong>de</strong>s trains en<br />

semelles <strong>de</strong> frein composites principalement), la ligne <strong>de</strong><br />

crédit à allouer n’est plus que <strong>de</strong> 1,3 milliard d’euros.<br />

Malgré c<strong>et</strong>te démarche d’optimisation, les 1,3 milliard<br />

d’euros n’étant toujours pas disponibles, décision est prise<br />

<strong>de</strong> financer le rééquipement dans le cadre d’un grand<br />

programme <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement du<br />

réseau ferré suisse, doté d’une enveloppe budgétaire <strong>de</strong> 19<br />

milliards d’euros sur vingt ans (1995-2015). Fin 1998, 60%<br />

<strong>de</strong>s électeurs votent pour la mobilisation <strong>de</strong>s 1,3 milliard<br />

d’euros à la lutte contre le bruit <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer. On<br />

notera, non sans intérêt, que 60% <strong>de</strong>s 19 milliards d’euros<br />

proviennent <strong>de</strong>s taxes sur le carburant <strong>et</strong> sur la circulation<br />

<strong>de</strong>s poids lourds. En plus <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi <strong>de</strong> finance, le registre<br />

réglementaire est également exploité, adaptation <strong>de</strong><br />

l’ancienne réglementation <strong>de</strong> 1987 oblige. Un premier texte<br />

établissant les priorités <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit, le budg<strong>et</strong> <strong>et</strong> le délai imparti, est produit en mars 2000<br />

(loi fédérale sur la réduction du bruit émis par les chemins<br />

<strong>de</strong> fer), puis, en novembre 2001, une ordonnance précise les<br />

modalités d’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te politique. Véhicules<br />

concernés, coûts à la charge <strong>de</strong> la Confédération,<br />

introduction <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong>s “2 mètres” sur la hauteur <strong>de</strong>s<br />

écrans acoustiques, introduction du rapport <strong>de</strong><br />

coût/efficacité <strong>de</strong>s écrans... trois ans après le vote <strong>de</strong> 1998,<br />

les outils réglementaires sont fin prêts.<br />

La mise en application du programme<br />

L’ampleur <strong>de</strong> ce programme dépasse tout ce qui avait été<br />

réalisé auparavant : plus <strong>de</strong> mille sites, répartis sur<br />

l’ensemble du réseau ferré, ont été recensés. Pour chaque<br />

proj<strong>et</strong>, afin <strong>de</strong> s’assurer d'une exécution conforme aux<br />

coûts, aux délais <strong>et</strong> aux objectifs, un ensemble <strong>de</strong><br />

procédures <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong> d’autorisation est appliqué<br />

systématiquement. Deux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> planification sont<br />

envisagées. L’une, un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong><br />

traditionnel, consiste à mandater <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong>s en<br />

ingénierie pour réaliser la planification. L’autre procédure<br />

est plus centralisée : les calculs sont effectués par les<br />

services <strong>de</strong> la SBB, seules les vérifications <strong>de</strong> détail étant<br />

confiées aux équipes locales <strong>de</strong> planification. C’est c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière solution, moins coûteuse, qui est r<strong>et</strong>enue. La clé <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> rési<strong>de</strong> dans la centralisation <strong>de</strong> toutes les<br />

données d'entrée au sein d’un seul système d’information<br />

géographique, ce qui offre la possibilité <strong>de</strong> réaliser les<br />

calculs <strong>et</strong> <strong>de</strong> visualiser les niveaux <strong>sonores</strong>, à l’émission <strong>et</strong> à<br />

la réception, à l’échelle <strong>de</strong> l’ensemble du réseau ferré. De<br />

même, les calculs <strong>de</strong> dimensionnement <strong>de</strong>s protections<br />

peuvent aussi être réalisés à l’échelle du réseau ferré<br />

entier. Bien sûr, <strong>de</strong>s analyses coûts-efficacité sont réalisées,<br />

<strong>et</strong> un système automatisé d’autorisation <strong>de</strong>s dossiers est mis<br />

en œuvre. Ce dossier contient tous les éléments nécessaires<br />

à la phase <strong>de</strong> planification.<br />

Écrans <strong>et</strong> isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> : état actuel du programme<br />

Pour le seul réseau public, un total <strong>de</strong> 1060 sites<br />

susceptibles <strong>de</strong> bénéficier d’écrans ou <strong>de</strong> fenêtres<br />

acoustiques ont été recensés. Pour 420 d’entre eux,<br />

l’autorisation d’engagement <strong>de</strong> la phase préliminaire a été<br />

délivrée, 150 dossiers sont en cours d’instruction, 30 sont en<br />

phase <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>s travaux, 15 ont été menés à leur<br />

terme <strong>et</strong> 60 s’avèrent ne pas nécessiter <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong><br />

réduction du bruit. Les délais étant jusqu’à présent<br />

respectés, l’ensemble <strong>de</strong> l’infrastructure <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit <strong>de</strong>vrait être finalisée d’ici 2015. Le coût total <strong>de</strong>vrait<br />

se situer aux environs <strong>de</strong> 450 millions d’euros.<br />

Le rééquipement du matériel roulant<br />

Le bruit <strong>de</strong> roulement constitue la principale source <strong>de</strong> bruit<br />

<strong>de</strong> bruit ferroviaire. C’est pourquoi l’état <strong>de</strong> surface <strong>de</strong>s<br />

roues <strong>et</strong> <strong>de</strong>s rails, leur rugosité, est un paramètre essentiel<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te problématique. L’une <strong>de</strong>s pistes d’action sur le<br />

matériel roulant consiste à remplacer les semelles <strong>de</strong> freins<br />

en fonte traditionnelles par <strong>de</strong>s semelles en matériau<br />

composite. Celles-ci ne dégra<strong>de</strong>nt pas la surface <strong>de</strong><br />

roulement <strong>de</strong> la roue, mais l’améliorent en la polissant.<br />

L’autre piste consiste à adopter le système <strong>de</strong> freinage à<br />

disque, qui ne sollicite pas la surface <strong>de</strong> contact roue-rail.<br />

L’option <strong>de</strong>s semelles en matériau composite, qui est<br />

apparue comme la plus viable économiquement, nécessite<br />

<strong>de</strong>ux phases <strong>de</strong> développement. Le développement <strong>de</strong>s<br />

semelles <strong>de</strong> frein doit inclure dans son cahier <strong>de</strong>s charges<br />

l’impératif <strong>de</strong> compatibilité avec le réseau ferré<br />

international, <strong>de</strong> l’Italie à la Norvège. La <strong>de</strong>uxième phase<br />

concerne l’ingénierie du véhicule. Chaque type <strong>de</strong> véhicule<br />

doit faire l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> modifications. En eff<strong>et</strong>, le coefficient<br />

<strong>de</strong> friction plus important <strong>de</strong>s semelles en matériau<br />

composite <strong>de</strong> type K nécessite <strong>de</strong> modifier les pressions <strong>de</strong><br />

freinage. Le rééquipement <strong>de</strong>s matériels roulants consiste<br />

enfin à remplacer les semelles <strong>de</strong> frein ainsi que <strong>de</strong> modifier<br />

la géométrie du système <strong>de</strong> freinage afin d’adapter la force<br />

<strong>de</strong> freinage.<br />

Rééquipement <strong>de</strong>s voitures : où en est-on ?<br />

Fin 2004, l’ensemble du parc <strong>de</strong> wagons <strong>de</strong> voyageurs avait<br />

été rééquipé, soit 1030 wagons sur un parc total <strong>de</strong> 1077<br />

wagons. Le coût moyen par véhicule, incluant l’installation<br />

d’un système anti-glissement, s’établit à hauteur <strong>de</strong> 25 000<br />

euros, pour un coût total du rééquipement <strong>de</strong>s voitures <strong>de</strong><br />

27 millions d’euros.<br />

Le traitement <strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> marchandise est quant à lui<br />

compliqué par la diversité <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> wagons. On<br />

dénombre tout au plus une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> wagons <strong>de</strong><br />

passagers, tandis que la diversité règne chez les wagons <strong>de</strong><br />

fr<strong>et</strong>. Deux wagons <strong>de</strong> marchandise <strong>de</strong> même type, Hbis par<br />

exemple, peuvent même être équipés <strong>de</strong> freins différents<br />

(Westinghouse, Knorr), suivant le type <strong>de</strong> rail sur lequel ils<br />

sont exploités. Par conséquent, ce type <strong>de</strong> matériel roulant<br />

nécessite une stratégie <strong>de</strong> rééquipement adaptée. Début<br />

2005, trois prototypes avaient été rééquipés, représentatifs<br />

<strong>de</strong> la majorité du parc, <strong>et</strong> étaient en phase <strong>de</strong> test<br />

opérationnel. Au lieu d’une émission sonore voisine <strong>de</strong> 90<br />

décibels à 80 km/h <strong>et</strong> 75 mètres <strong>de</strong> distance, ces wagons<br />

rééquipés n’ém<strong>et</strong>tent plus que 79 décibels. Le rééquipement<br />

<strong>de</strong> ces wagons perm<strong>et</strong> donc un gain <strong>de</strong> au moins 10 décibels.<br />

Les autorités suisses ont alloué à ce programme un budg<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 190 millions d’euros. Le rééquipement <strong>de</strong>vait<br />

commencer en 2005 <strong>et</strong> prendre fin en 2009. Le même délai a<br />

été fixé pour les compagnies privées. Le budg<strong>et</strong> total affecté<br />

au rééquipement du parc ferroviaire suisse, transport <strong>de</strong><br />

passagers <strong>et</strong> <strong>de</strong> marchandises confondus, est <strong>de</strong> 340 millions<br />

d’euros.<br />

Le bilan<br />

L’année 2004 a constitué un tournant important dans le<br />

programme <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire en Suisse. C<strong>et</strong>te<br />

année a en eff<strong>et</strong> vu la conclusion du programme <strong>de</strong><br />

rééquipement <strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> passagers, ainsi que le<br />

lancement du rééquipement <strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> marchandise.<br />

Qui plus est, 2004 coïnci<strong>de</strong> avec le dixième anniversaire <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te vaste opération <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire. Il<br />

faudra encore dix ans supplémentaires pour le finaliser. L’un<br />

<strong>de</strong>s objectifs fixés à ce programme était d’obtenir une<br />

réduction durable du bruit ferroviaire. Les résultats déjà<br />

obtenus attestent que c<strong>et</strong> objectif sera atteint. Comme le<br />

souligne P<strong>et</strong>er Hübner, désormais, “vous voyez le train <strong>de</strong><br />

marchandise, mais vous ne l’enten<strong>de</strong>z pas”. D’ici 2009, tout<br />

le matériel roulant suisse <strong>de</strong>vrait avoir été rééquipé. Cela<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 35


signifie que les trains suisses ne feront pas plus <strong>de</strong> bruit<br />

qu’un train d’interconnexion régionale mo<strong>de</strong>rne. Fin 2014,<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s écrans acoustiques programmés <strong>de</strong>vraient<br />

avoir été installés, <strong>et</strong> la maîtrise du bruit ferroviaire <strong>de</strong>vrait<br />

avoir été généralisée à l’ensemble du réseau. Ce qui signifie<br />

que la population ne sera plus vraiment gênée par le bruit<br />

ferroviaire.<br />

Stratégies <strong>de</strong> réduction du bruit adaptées à l’ensemble d’un réseau<br />

ferroviaire<br />

Jakob Oertli (SBB)<br />

Stairrs est un proj<strong>et</strong> financé par l’Union européenne.<br />

Acronyme <strong>de</strong> Strategies and tools to assess and implement<br />

noise reducing measures for railway systems [NDLR :<br />

littéralement, stratégies <strong>et</strong> outils <strong>de</strong>stinés à évaluer <strong>et</strong> à<br />

m<strong>et</strong>tre en oeuvre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit dans le<br />

domaine ferroviaire], ce proj<strong>et</strong> constitue en quelque sorte le<br />

prolongement <strong>de</strong> ce qui a été accompli en Suisse en matière<br />

<strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire. C’est une bonne<br />

illustration <strong>de</strong> la façon d’exploiter ces stratégies à l’échelle<br />

<strong>de</strong> l’ensemble d’un réseau ferroviaire.<br />

Éléments d’une stratégie <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s bruits<br />

ferroviaires<br />

Quels sont les facteurs susceptibles d’influencer une<br />

stratégie <strong>de</strong> maîtrise du bruit ferroviaire ? La<br />

réglementation, bien sûr, qu’elle soit européenne ou<br />

nationale. La directive européenne sur le bruit dans<br />

l’environnement nécessite que <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit soient<br />

établies d’ici 2007 <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s plans d’action soient mis en<br />

œuvres dès 2008 ; dans certains cas, au niveau national, <strong>de</strong>s<br />

seuils <strong>de</strong> bruit sont fixés pour les lignes existantes — ce qui<br />

reste rare — ou pour les nouvelles lignes — ce qui est<br />

courant. Autre facteur qui a son importance, la dimension<br />

économique. Le leitmotiv, c’est la recherche du moindre<br />

coût, car la maîtrise du bruit peut coûter très cher. Pour<br />

rester compétitif par rapport aux autres moyens <strong>de</strong><br />

transport, le chemin <strong>de</strong> fer ne peut se perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s<br />

mesures <strong>de</strong> gestion du bruit coûteuses. Enfin, <strong>de</strong>rnier<br />

facteur, mais non <strong>de</strong>s moindres, il importe <strong>de</strong> réduire le<br />

bruit le plus possible.<br />

Les partenaires du proj<strong>et</strong><br />

Le proj<strong>et</strong> Stairrs a pour vocation <strong>de</strong> fournir un système<br />

d’ai<strong>de</strong> au développement <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

ferroviaire. Pour ce faire, <strong>de</strong>s informations acoustiques<br />

détaillées issues <strong>de</strong> sept pays européens ont été collectées<br />

afin d’alimenter une base <strong>de</strong> données. Qui plus est, <strong>de</strong>s<br />

données acoustiques brutes, provenant d’autres pays<br />

européens, ont été rassemblées, afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre<br />

l’extrapolation <strong>de</strong> ces résultats à l’ensemble du réseau <strong>de</strong><br />

chemin <strong>de</strong> fer européen, ainsi qu’individuellement, à<br />

l’échelle d’un seul pays. Dans c<strong>et</strong>te intention, les différents<br />

partenaires du proj<strong>et</strong> ont exploré un certain nombre <strong>de</strong><br />

fonctions perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> relier coûts <strong>et</strong> efficacité. Une<br />

méthodologie d’extrapolation a également été finalisée.<br />

Toutes ces étapes ont, bien entendu, pour fonction<br />

d’aboutir à la définition d’une combinaison optimale <strong>de</strong><br />

mesures <strong>de</strong> réduction du bruit.<br />

La coordination <strong>de</strong> l’ensemble du proj<strong>et</strong> a été confiée au<br />

European Rail Research Institute, lequel n’existe plus<br />

aujourd’hui. Les Chemins <strong>de</strong> fer fédéraux suisses se sont<br />

chargés <strong>de</strong> la responsabilité opérationnelle <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />

travail, avec, pour les différents partenaires : la SNCF, les<br />

chemins <strong>de</strong> fer allemands (DB), les consultants autrichien<br />

PSI-A <strong>et</strong> anglais AEAT, l'Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles (ULB),<br />

l'institut <strong>de</strong> technologie suisse ETH.<br />

Principe d’utilisation<br />

Dans quelle logique d’utilisation le proj<strong>et</strong> Stairrs a-t-il été<br />

conçu ? Deux cas <strong>de</strong> figure : soit l’utilisateur a déjà établi<br />

son programme <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire <strong>et</strong> il<br />

souhaiterait en connaître le coût <strong>et</strong> l’efficacité ; soit, à<br />

l’inverse, l’utilisateur souhaiterait connaître le programme<br />

d’action le mieux adapté aux objectifs fixés dans le cadre <strong>de</strong><br />

sa politique <strong>de</strong> réduction du bruit. Dans son principe, Stairrs<br />

constitue un outil d’ai<strong>de</strong> à la décision : d’un côté, y sont<br />

introduits les paramètres propres à la situation <strong>de</strong><br />

l’utilisateur — programme déjà défini ou simples<br />

orientations politiques —, <strong>de</strong> l’autre, sont précisées les<br />

données d’entrée telles que les paramètres géographiques<br />

(zone urbaine, zone rurale), <strong>de</strong> trafic (nombre <strong>et</strong><br />

composition <strong>de</strong>s trains), <strong>de</strong> configuration acoustique <strong>de</strong>s<br />

voies <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population. Une fois ce paramétrage<br />

effectué, différents modules perm<strong>et</strong>tent d’évaluer les<br />

niveaux <strong>de</strong> bruit, <strong>de</strong> mener une analyse coûts-efficacité,<br />

d’extrapoler <strong>de</strong>s résultats à l’échelle d’un autre réseau ou<br />

d’effectuer une optimisation. Au final, on dispose <strong>de</strong><br />

programmes <strong>de</strong> réduction du bruit spécialement adaptés à<br />

une ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer donnée, à un ou plusieurs pays,<br />

ou à l’ensemble du réseau <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer européen.<br />

À partir <strong>de</strong>s données d'entrée, l’algorithme <strong>de</strong> calcul<br />

formule <strong>de</strong>s recommandations en matière <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit — écrans acoustiques, amélioration <strong>de</strong>s voies, isolation<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> — <strong>et</strong> évalue l’efficacité <strong>de</strong>s mesures (nombre <strong>de</strong><br />

personnes exposées à un niveau sonore excédant un seuil<br />

donné).<br />

Les données acoustiques détaillées, collectées dans sept<br />

pays d’Europe, ont porté sur un total <strong>de</strong> 11 000 km <strong>de</strong> voies<br />

ferrées. Quant aux données acoustiques plus approximatives,<br />

elles ont porté sur 21 pays européens différents. Les<br />

paramètres étudiés, pour le rééquipement du matériel<br />

roulant, ont consisté soit en une réduction standard <strong>de</strong> 10<br />

dB, soit en l’introduction <strong>de</strong> semelles en matériau composite<br />

<strong>de</strong> type K. Pour l’amélioration <strong>de</strong>s voies, l’étu<strong>de</strong> a pris en<br />

compte le meulage <strong>de</strong>s rails <strong>et</strong> la mise en place d’absorbeurs<br />

dynamiques sur les rails. Enfin, pour les écrans antibruit,<br />

<strong>de</strong>ux hauteurs ont été considérées : une hauteur <strong>de</strong> 2 mètres<br />

<strong>et</strong> une hauteur <strong>de</strong> 4 mètres. Chacune <strong>de</strong> ces mesures a été<br />

étudiée séparément, ainsi qu’en association avec d’autres<br />

partenaires.<br />

Les résultats<br />

Les résultats extrapolés aux 21 pays européens considérés<br />

perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> formuler les conclusions suivantes : le<br />

meulage, s’il ne coûte pas très cher, n’apporte que peu<br />

d’eff<strong>et</strong>s ; le rééquipement du matériel roulant perm<strong>et</strong><br />

d’atteindre la moitié <strong>de</strong> l’efficacité maximum, tout en étant<br />

relativement peu coûteuse, ce qui lui confère un bon<br />

rapport coût/efficacité ; les écrans acoustiques <strong>de</strong> 4 mètres<br />

<strong>de</strong> haut, à cause <strong>de</strong> leur coût prohibitif, ont un rapport<br />

coût/bénéfice très peu intéressant ; les écrans acoustiques<br />

<strong>de</strong> 2 mètres <strong>de</strong> haut ne s’avèrent pas non plus très<br />

performants, mais leur combinaison avec <strong>de</strong>s semelles <strong>de</strong><br />

type K offre une efficacité accrue <strong>et</strong> un rapport<br />

coût/efficacité intéressant ; il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong><br />

l’association entre les absorbeurs sur rail <strong>et</strong> les semelles <strong>de</strong><br />

type K, combinaison qui obtient un rapport coût/efficacité<br />

PAGE 36<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


très satisfaisant. Conclusion ? Le rééquipement du matériel<br />

roulant perm<strong>et</strong> d’obtenir le meilleur rapport<br />

coût/efficacité, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’améliorer le rapport<br />

coût/efficacité d’autres mesures.<br />

L’extrapolation <strong>de</strong> ces résultats au cas <strong>de</strong> la France donne<br />

approximativement les mêmes tendances. Il apparaît donc<br />

qu’une solution apparaissant comme optimale pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong> l’Europe s’avère également constituer une<br />

option optimale pour un pays pris individuellement. C<strong>et</strong>te<br />

observation est corroborée par une étu<strong>de</strong> réalisée<br />

antérieurement, portant sur <strong>de</strong>ux couloirs <strong>de</strong> fr<strong>et</strong> : la ligne<br />

Rotterdam-Milan <strong>et</strong> la ligne Hambourg-Lyon. Là encore, les<br />

mêmes tendances sont observées.<br />

Étant donné que les applications étendues à l’ensemble d’un<br />

réseau perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> bons rapports coût/efficacité, lors du<br />

développement d’une stratégie <strong>de</strong> réduction du bruit, il<br />

semble pertinent <strong>de</strong> suivre les étapes suivantes : tout<br />

d’abord, réaliser une cartographie approximative — l’échelle<br />

du 1/25000 ou même du 1/50000 est suffisante — afin <strong>de</strong><br />

tester différents scénarios <strong>et</strong> <strong>de</strong> déterminer une solution<br />

optimale à partir <strong>de</strong> laquelle développer la stratégie. Une<br />

fois c<strong>et</strong>te étape accomplie, il apparaît utile <strong>de</strong> déterminer<br />

les zones critiques <strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser une cartographie détaillée,<br />

habitation par habitation, <strong>et</strong> <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r les mesures <strong>de</strong><br />

réduction du bruit sur c<strong>et</strong>te représentation détaillée. Pour la<br />

première étape, n’importe quel outil <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> bruit fera<br />

l’affaire. Pour développer la stratégie, Stairrs est un<br />

exemple d’outil spécialement développé pour c<strong>et</strong>te étape.<br />

Un outil <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> acoustique peut être utilisé<br />

pour les étapes <strong>de</strong> la cartographie détaillée <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

définition <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> réduction du bruit.<br />

Un conseil : ce peut être une bonne idée que d’informer le<br />

gouvernement <strong>de</strong> son pays <strong>de</strong> l’intention <strong>de</strong> réaliser un<br />

programme <strong>de</strong> réduction du bruit, car il existe peut-être <strong>de</strong>s<br />

opportunités, par du lobbying, <strong>de</strong> faire adopter une<br />

législation qui correspon<strong>de</strong> à la stratégie adoptée. En<br />

général, les gouvernements fixent <strong>de</strong>s seuils d’exposition<br />

qui, pour être respectés, s’avèrent bien plus coûteux que <strong>de</strong><br />

définir une stratégie <strong>de</strong> coût/efficacité. Cela a fonctionné<br />

en Suisse, <strong>et</strong> il se pourrait que cela fonctionne aussi bientôt<br />

au Luxembourg.<br />

Conclusions<br />

L’adoption d’une approche coût/efficacité perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

réaliser <strong>de</strong>s économies très substantielles. Pour le transport<br />

par chemin <strong>de</strong> fer, les mesures <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

présentant un bon rapport coût/efficacité incluent <strong>de</strong>s<br />

mesures généralisables à l’ensemble d’un réseau ferré telles<br />

que le rééquipement du matériel roulant. En conséquence,<br />

pour m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s mesures rentables, il faut<br />

considérer le réseau dans son ensemble, <strong>et</strong> pas seulement<br />

les agglomérations principales. Et c’est précisément en<br />

planifiant <strong>de</strong>s mesures dimensionnées uniquement pour une<br />

agglomération donnée que <strong>de</strong>s solutions plus globales, ayant<br />

toutes les chances <strong>de</strong> s’avérer être les plus rentables,<br />

risquent d’être ignorées.<br />

Débat<br />

200 à 500 décès dus au bruit par an ! D’où<br />

viennent ces chiffres ?<br />

L’OMS n’a pas encore réussi à établir <strong>de</strong> relation robuste<br />

entre l’exposition au bruit <strong>et</strong> un taux <strong>de</strong> mortalité. Les<br />

chiffres avancés par Brian Kristensen font donc pour le moins<br />

gran<strong>de</strong> impression. L’Agence <strong>de</strong> l’environnement danoise<br />

s’est en fait basée sur une revue <strong>de</strong> la littérature, confiée à<br />

l’agence danoise Working environment Agency, pour estimer<br />

le nombre <strong>de</strong> morts prématurées pouvant être attribuées à<br />

l’exposition au bruit. M. Kristensen avoue qu’on trouve peu<br />

<strong>de</strong> traces dans la littérature <strong>de</strong> preuve formelle d’une<br />

relation entre bruit <strong>et</strong> mortalité. Mais pour lui, « dire que<br />

personne ne meurt <strong>de</strong> ces problèmes est aussi une sousestimation<br />

». C<strong>et</strong>te tentative <strong>de</strong> monétarisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

problématique est bien entendu très entachée d’incertitu<strong>de</strong>.<br />

Il faut évi<strong>de</strong>mment plus <strong>de</strong> recherche sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

Comment construire les écrans sans gêner ?<br />

L’implantation <strong>de</strong> murs antibruit le long <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> chemin<br />

<strong>de</strong> fer pose le problème <strong>de</strong> la perturbation du trafic <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong> pour les riverains. La stratégie adoptée<br />

par les Chemins <strong>de</strong> fer fédéraux suisses a consisté, dès les<br />

appels d’offre, à encourager les contractants à adopter <strong>de</strong><br />

bonnes pratiques <strong>de</strong> construction, moins gênantes.<br />

Également, <strong>de</strong>s trains spéciaux perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> construire<br />

l’écran <strong>de</strong>puis le train. Enfin, dans le cas d’une intervention<br />

sur une ligne entière, lorsqu’une opération <strong>de</strong> maintenance<br />

a été programmée, les équipes s’efforcent d’intervenir à ce<br />

moment.<br />

Les écrans ne suffisent pas toujours. Isolation<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> en complément ?<br />

On a vu que dans le programme suisse, comme dans le<br />

proj<strong>et</strong> Stairrs, la combinaison <strong>de</strong> l’amélioration du matériel<br />

roulant <strong>et</strong> <strong>de</strong>s murs antibruit perm<strong>et</strong> d’atteindre <strong>de</strong> bons<br />

rapports coût/efficacité. Cependant, chaque fois que les<br />

écrans ne perm<strong>et</strong>tent pas <strong>de</strong> respecter les seuils <strong>de</strong> bruit,<br />

l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> est bien entendu associée.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 37


Séance plénière<br />

Les outils pour prévenir <strong>et</strong> réduire le bruit <strong>de</strong>s transports en milieu<br />

urbain en France : exemples <strong>de</strong> mise en œuvre<br />

Modérateur : Pascal Valentin, chef <strong>de</strong> la Mission bruit, ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable<br />

Introduction<br />

Pascal Valentin (Mission bruit, ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable)<br />

urbanisation sauvage <strong>et</strong> <strong>de</strong> veiller, au même titre que<br />

d'autres préoccupations écologiques clairement i<strong>de</strong>ntifiées —<br />

le r<strong>et</strong>raitement <strong>de</strong>s déch<strong>et</strong>s notamment —, à la prise en<br />

compte <strong>de</strong> la qualité sonore dans l'aménagement <strong>de</strong>s<br />

quartiers urbains.<br />

De quels moyens disposons-nous ? L'une <strong>de</strong>s solutions les plus<br />

pertinentes consiste à élaborer <strong>de</strong>s outils perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong><br />

mieux prévenir <strong>et</strong> <strong>de</strong> mieux gérer les nuisances. Le bruit <strong>de</strong>s<br />

transports, nous l'avons vu, est l'une <strong>de</strong>s principales sources<br />

<strong>de</strong> nuisances dont se plaignent nos riverains. S'il convient <strong>de</strong><br />

rechercher toutes les solutions perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> réduire le<br />

bruit émis par les infrastructures <strong>de</strong> transport, une <strong>de</strong>s<br />

premières mesures <strong>de</strong> nature à réduire l'exposition <strong>de</strong>s<br />

populations au bruit nous paraît être <strong>de</strong> faire en sorte que<br />

les infrastructures bruyantes ne viennent pas, autant que<br />

faire se peut, s'installer trop près <strong>de</strong>s lieux où rési<strong>de</strong>nt les<br />

populations <strong>et</strong>, dans le même temps, d'éviter que les<br />

populations ne s'installent aux abords directs <strong>de</strong>s<br />

infrastructures.<br />

Les <strong>de</strong>ux premières journées <strong>de</strong> ces Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore ont permis <strong>de</strong> dresser un constat :<br />

on assiste à une augmentation sensible <strong>de</strong>s nuisances<br />

<strong>sonores</strong> en milieu urbain. En perpétuelle mutation <strong>de</strong>puis la<br />

révolution industrielle, le milieu urbain, au fil du temps <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s évolutions, voit les bruits s’y superposer <strong>et</strong> affecter un<br />

nombre croissant <strong>de</strong> personnes. En France, 7 millions <strong>de</strong><br />

personnes, soit 12 % <strong>de</strong> la population, sont exposées à <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong> bruit extérieur excédant le seuil <strong>de</strong> 65 dB(A) <strong>de</strong><br />

jour <strong>et</strong> subissent ainsi une forte gêne. Parmi ces 7 millions<br />

<strong>de</strong> personnes exposées, environ les trois-quarts sont <strong>de</strong>s<br />

riverains d'infrastructures <strong>de</strong> transports terrestres, routières<br />

notamment. L'objectif est maintenant <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s<br />

politiques locales <strong>de</strong> prise en compte du bruit dans la qualité<br />

environnementale <strong>de</strong>s villes. La politique <strong>de</strong> développement<br />

durable a trouvé une première traduction concrète dans la<br />

démarche <strong>de</strong> haute qualité environnementale <strong>de</strong>s<br />

constructions, <strong>et</strong> il est aujourd'hui important que le vol<strong>et</strong><br />

acoustique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te démarche soit soutenu.<br />

Il apparaît surtout aujourd'hui que les bâtiments sont<br />

souvent construits dans un environnement urbain dégradé<br />

qui grève fortement la qualité sonore améliorée <strong>de</strong>s<br />

constructions actuelles. Il <strong>de</strong>vient donc indispensable <strong>de</strong><br />

mieux prendre en compte les nuisances <strong>sonores</strong> en amont<br />

<strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d'aménagement urbain. Il importe donc<br />

d'apporter <strong>de</strong>s solutions concrètes afin d'éviter toute<br />

L’intervention <strong>de</strong> Daniel Pillant (Certu) abor<strong>de</strong> donc ce<br />

thème <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> la prise en compte du bruit dès la<br />

planification, dans les documents d'urbanisme <strong>et</strong>, d'une<br />

manière générale, en matière d'utilisation <strong>de</strong>s sols. Didier<br />

Cattenoz (Mission bruit) souligne ensuite le rôle que joue le<br />

classement sonore <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> transport terrestre<br />

dans la protection <strong>de</strong>s riverains contre le bruit. Puis,<br />

Véronique Poirot <strong>et</strong> Marc Esmenjaud (DDE <strong>et</strong> DDASS Isère)<br />

précisent en quoi le PLU constitue une boîte à outils <strong>de</strong><br />

l'aménageur en matière <strong>de</strong> lutte contre le bruit. Ils sont les<br />

auteurs du remarquable gui<strong>de</strong> intitulé “PLU <strong>et</strong> bruit”<br />

reproduit avec le soutien du Conseil national du bruit <strong>et</strong><br />

adressé par la prési<strong>de</strong>nte du CNB à chaque député.<br />

Dominique Prat (Certu) traite ensuite <strong>de</strong> l’apport <strong>de</strong>s<br />

aménagements <strong>de</strong> voirie en matière <strong>de</strong> lutte contre le bruit,<br />

en comparant les eff<strong>et</strong>s respectifs <strong>de</strong>s aménagements<br />

ponctuels, <strong>de</strong>s aménagements <strong>de</strong> zone ou <strong>de</strong>s<br />

aménagements d'itinéraire. Gérard Horvath (mairie <strong>de</strong><br />

Clermont-Ferrand) livre une présentation <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />

régulation du trafic routier. Nathalie Fürst (Certu) consacre,<br />

quant à elle, ses développements aux différents dispositifs<br />

capables <strong>de</strong> réduire le bruit <strong>de</strong>s infrastructures, qu'il s'agisse<br />

<strong>de</strong> protection à la source ou <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s.<br />

Georges Innocenti (Escota), Nadine Asconchilo, Anne<br />

Guerrero <strong>et</strong> Pascal Fodiman, représentants du ministère <strong>de</strong>s<br />

Transports, <strong>de</strong> RFF <strong>et</strong> <strong>de</strong> la SNCF respectivement,<br />

présentent enfin <strong>de</strong>s exemples d’actions <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit <strong>de</strong>s transports terrestres.<br />

PAGE 38<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Les documents <strong>de</strong> planification (SCoT, PDU)<br />

Daniel Pillant (<strong>Centre</strong> d'étu<strong>de</strong>s sur les<br />

réseaux, les transports, l'urbanisme <strong>et</strong> les<br />

constructions publiques - Certu)<br />

En 1998, déjà, le Conseil économique <strong>et</strong> social mentionnait<br />

que la « prévention <strong>de</strong>s nuisances passe en tout premier lieu<br />

par la prise en considération du bruit dans l’élaboration <strong>de</strong>s<br />

documents d’urbanisme <strong>et</strong> dans toute décision concernant<br />

l’utilisation <strong>de</strong>s sols ». Il semble que c<strong>et</strong> appel n’ait pas été<br />

suffisamment entendu : le bruit augmente, les trafics routier<br />

<strong>et</strong> ferroviaire sont en hausse, les zones bâties gagnent du<br />

terrain <strong>et</strong> le phénomène <strong>de</strong> l'étalement urbain est une<br />

réalité contre laquelle il est difficile <strong>de</strong> lutter. La question<br />

qui s’impose alors : peut-on œuvrer en amont, à travers la<br />

planification, pour maîtriser les déplacements <strong>et</strong> maîtriser<br />

l’urbanisme ? Oui, notamment, grâce aux plans <strong>de</strong><br />

déplacements urbains (PDU) <strong>et</strong> aux schémas <strong>de</strong> cohérence<br />

territoriale (SCoT). L’ennui, c'est que ni les PDU, ni les SCoT,<br />

n’ont le bruit pour préoccupation première.<br />

Les PDU<br />

Les PDU sont loin d’être récents : à l'origine, ils ont été<br />

instaurés par la loi d'orientation sur les transports intérieurs<br />

(LOTI, 1982) puis complétés par la loi sur l'air <strong>et</strong> l'utilisation<br />

rationnelle <strong>de</strong> l’énergie (LAURE,1996) <strong>et</strong> confortés enfin par<br />

la loi solidarité <strong>et</strong> renouvellement urbains (SRU, 2000). En<br />

l’occurrence, toute agglomération <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 000<br />

habitants doit se doter d’un PDU.<br />

À quoi servent-ils? À préciser les principes généraux <strong>de</strong><br />

l'organisation <strong>de</strong>s transports, <strong>de</strong> la circulation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

stationnements dans un périmètre urbain. Le PDU vise un<br />

équilibre durable entre les besoins en mobilité <strong>et</strong> la<br />

protection <strong>de</strong> l'environnement — sonore notamment — <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

la santé. Tenant <strong>de</strong> l'usage coordonné <strong>de</strong> tous les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

déplacement, le PDU favorise la baisse du trafic automobile,<br />

l’affectation appropriée <strong>de</strong>s voiries <strong>et</strong> la promotion <strong>de</strong>s<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déplacements les moins polluants. Le PDU n’est<br />

pas qu’un document <strong>de</strong> planification, c’est également un<br />

plan d’action : doivent y être précisées, à travers les<br />

orientations politiques mentionnées dans les scénarios, les<br />

mesures d'aménagement <strong>et</strong> d'exploitation à m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre.<br />

Et le bruit dans tout çà ? En agissant sur le volume <strong>de</strong> trafic,<br />

sur la nature <strong>et</strong> la vitesse <strong>de</strong>s véhicules, sur la fluidité du<br />

trafic, en privilégiant les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déplacement doux <strong>et</strong> en<br />

organisant l'intermodalité, le PDU contribue à limiter les<br />

émissions <strong>sonores</strong>. Limiter les véhicules particuliers au profit<br />

<strong>de</strong>s transports en commun, restreindre la circulation dans<br />

certains secteurs, aménager <strong>de</strong>s zones 30, autant<br />

d’exemples d’actions aptes à réduire le bruit urbain.<br />

En juin 2004, 78 % <strong>de</strong>s collectivités concernées avaient<br />

arrêté les obligations propres à leur PDU (56 agglomérations<br />

sur 72). L’analyse <strong>de</strong> la première génération <strong>de</strong> PDU révèle<br />

que la problématique du bruit, mais aussi d'autres enjeux<br />

d'environnement, tels que la qualité <strong>de</strong> l'air, faisait l’obj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> nombreuses déclarations d'intention — du type « nous<br />

veillerons à limiter l'impact sonore <strong>de</strong>s infrastructures » —,<br />

mais que les objectifs à atteindre étaient rarement précisés<br />

<strong>de</strong> manière quantitative.<br />

Les SCoT<br />

La loi SRU mentionne explicitement la réduction <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong> au nombre <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong> planification<br />

précisées dans les SCoT, PLU, <strong>et</strong> cartes communales : « Les<br />

schémas <strong>de</strong> cohérence territoriale, les plans locaux<br />

d'urbanisme <strong>et</strong> les cartes communales déterminent les<br />

conditions perm<strong>et</strong>tant d'assurer : […] 3° Une utilisation<br />

économe <strong>et</strong> équilibrée <strong>de</strong>s espaces naturels, urbains,<br />

périurbains <strong>et</strong> ruraux, la maîtrise <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong><br />

déplacement <strong>et</strong> <strong>de</strong> la circulation automobile […], la<br />

réduction <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> […], <strong>de</strong>s pollutions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>de</strong> toute nature. » (Art. L.122-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’urbanisme).<br />

Le SCoT est l’outil d’une planification stratégique<br />

intercommunale à moyen ou long terme (10 ans). SCoT <strong>et</strong><br />

PDU n’ont pas forcément les mêmes aires d’action. On<br />

constate néanmoins aujourd'hui que bon nombre <strong>de</strong> SCoT se<br />

calquent sur les aires <strong>de</strong>s PDU. Que contient un SCoT ? Un<br />

rapport <strong>de</strong> présentation, un proj<strong>et</strong> d'aménagement <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

développement durable (PADD) <strong>et</strong> un document<br />

d'orientations générales. Le rapport <strong>de</strong> présentation analyse<br />

l'état initial <strong>de</strong> l'environnement <strong>et</strong> évalue l’impact <strong>de</strong>s<br />

orientations du PADD sur l’environnement. Le document<br />

d'orientation précise notamment les espaces <strong>et</strong> sites naturels<br />

à protéger. A noter que SCoT <strong>et</strong> PDU doivent satisfaire à<br />

certaines obligations <strong>de</strong> compatibilité.<br />

La logique du SCoT <strong>de</strong>vrait être d’urbaniser en priorité les<br />

secteurs accessibles aux transports en commun. Chose<br />

importante, ce sont les systèmes <strong>de</strong> déplacement qui<br />

organisent la hiérarchie <strong>de</strong>s espaces urbains : le SCoT vise la<br />

pertinence d'ensemble du système <strong>de</strong> transports en<br />

commun, construit l’intermodalité, hiérarchise les rôles <strong>de</strong><br />

la voirie, <strong>et</strong> favorise la maîtrise <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> déplacement<br />

(en structurant la ville autour d’axes <strong>de</strong> transports en<br />

commun forts).<br />

La directive plans <strong>et</strong> programmes<br />

La directive 2001/42/CE sur l'évaluation <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces <strong>de</strong><br />

certains plans <strong>et</strong> programmes sur l'environnement (EIPPE)<br />

place l’évaluation environnementale à tous les niveaux <strong>de</strong><br />

procédure, à tous les niveaux territoriaux (SCoT, PDU,<br />

PLU…). Pour ce qui concerne les SCoT, on notera que la loi<br />

SRU avait anticipé c<strong>et</strong>te directive : s’y trouvaient déjà<br />

précisées les obligations en matière d’analyse <strong>de</strong> l'état<br />

initial <strong>de</strong> l'environnement, d’évaluation <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces <strong>de</strong>s<br />

orientations, <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> mesures réductrices <strong>et</strong><br />

correctrices, <strong>et</strong> <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>et</strong> <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s.<br />

Sur les 200 SCoT en cours d'élaboration, la majorité en est<br />

encore à la phase <strong>de</strong> diagnostic initial. On dispose donc <strong>de</strong><br />

moins <strong>de</strong> recul sur les SCoT que sur les PDU.<br />

L’analyse <strong>de</strong> l’état initial<br />

Quels sont les problèmes actuels ? Quels seront les<br />

problèmes futurs si aucune planification n’est réalisée ?<br />

Voilà en substance les interrogations auxquelles le diagnostic<br />

initial doit répondre. Un diagnostic bruit s’attachera donc à<br />

i<strong>de</strong>ntifier les zones où les niveaux <strong>de</strong> bruit dépassent une<br />

valeur jugée inacceptable, à recenser les populations<br />

concernées, à i<strong>de</strong>ntifier les zones sensibles, à établir une<br />

représentation cartographique, puis à croiser ces<br />

informations à partir d’indicateurs. Le tout aboutit à<br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s zones à traiter.<br />

Côté données d’entrée, les données d’émission proviendront<br />

du classement sonore <strong>de</strong>s voies (niveaux <strong>sonores</strong> d’émission,<br />

données d’entrée telles que débits, vitesses, allures,<br />

typologie du tissu bâti traversé, largeurs <strong>de</strong> chaussées,<br />

rampe,...). Relevés <strong>de</strong> terrain, morphologie du bâti,<br />

localisation <strong>de</strong>s protections existantes (écrans, isolements<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s,…) complèteront le bilan. A ce sta<strong>de</strong>, on est<br />

capables <strong>de</strong> déterminer les zones déjà protégées du bruit.<br />

Les actes <strong>de</strong>s Quatrièmes assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore – CIDB — Septembre 2005 PAGE 39


Des mesures acoustiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s informations sur<br />

l’occupation <strong>de</strong>s sols (zones urbanisées, population, zones<br />

sensibles, zones calmes) viendront alors parfaire c<strong>et</strong><br />

instantané.<br />

Les orientations ou scénarios<br />

Il serait utopique pour une agglomération <strong>de</strong> vouloir<br />

concentrer toute sa stratégie <strong>de</strong> réduction du bruit dans les<br />

seuls instruments du PDU ou du ScoT. Quelles pistes suivre<br />

alors ? On peut raisonnablement se fixer pour scénario<br />

l’amélioration <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s zones fragiles recensées, la<br />

création ou la préservation <strong>de</strong> zones calmes, la recherche<br />

d’améliorations spécifiques à chaque secteur <strong>et</strong>, bien sûr, la<br />

planification dans l’espace <strong>et</strong> dans le temps.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s infrastructures, les options sont variées :<br />

créer <strong>de</strong>s voies nouvelles ou en modifier <strong>de</strong> manière<br />

significative ; restreindre les capacités <strong>de</strong> circulation, le<br />

stationnement ; dévier le trafic lourd ; limiter les vitesses,<br />

par la réglementation ou les aménagements ; fluidifier le<br />

trafic (on<strong>de</strong>s vertes, giratoires, <strong>et</strong>c.) ; concentrer le trafic<br />

sur les réseaux principaux disposant <strong>de</strong> protections <strong>sonores</strong><br />

— une manière <strong>de</strong> dégager un r<strong>et</strong>our sur les investissements<br />

d’argent public ; développer les mo<strong>de</strong>s doux (TC silencieux,<br />

vélo, <strong>et</strong>c.).<br />

L’évaluation<br />

La loi SRU prévoit qu’après mise en œuvre, les plans soient<br />

évalués, cinq ans après pour les PDU, 10 ans après pour les<br />

SCoT. Les objectifs <strong>de</strong> réduction du bruit sont-ils atteints ?<br />

Pour répondre à une telle question, encore faut-il avoir fixé<br />

<strong>de</strong>s objectifs spécifiques <strong>de</strong> réduction du bruit, <strong>de</strong>s objectifs<br />

réalistes <strong>et</strong> quantifiables, avoir mis en œuvre <strong>de</strong>s scénarios<br />

réellement en phase avec ces objectifs <strong>et</strong>, enfin, ne pas<br />

oublier <strong>de</strong> prendre en compte l’apport d’éventuelles actions<br />

complémentaires qui n’étaient pas purement vouées à ces<br />

objectifs.<br />

Les indicateurs, incontournables<br />

À toutes les phases — état initial, diagnostic, objectifs,<br />

scénarios, évaluation <strong>et</strong> suivi —, les indicateurs ont leur<br />

utilité. Les indicateurs primaires tels que L Aeq <strong>et</strong> L <strong>de</strong>n sont<br />

bien connus mais, pour fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s stratégies opérationnelles<br />

<strong>et</strong> réalistes, l’important est <strong>de</strong> croiser ces données<br />

acoustiques avec les données <strong>de</strong> population, les surfaces<br />

habitées <strong>et</strong> les zones sensibles. (C'est c<strong>et</strong>te logique même<br />

qui prési<strong>de</strong> à la résorption <strong>de</strong>s points noirs bruit <strong>de</strong>s<br />

transports terrestres, dans les zones urbaines sensibles<br />

notamment.) On s’intéressera donc au nombre <strong>de</strong> zones <strong>de</strong><br />

bruit critique (habitat, zones sensibles), au linéaire <strong>de</strong> voie<br />

(traversant une zone bâtie dont le niveau sonore dépasse un<br />

seuil donné), au nombre <strong>de</strong> personnes exposées à <strong>de</strong>s<br />

niveaux en faça<strong>de</strong>s supérieurs à un seuil donné, à <strong>de</strong>s<br />

indicateurs agrégés, utiles pour comparer les scénarios<br />

(construits, à partir <strong>de</strong> l’indicateur population, par cumul<br />

pondéré du nombre <strong>de</strong> personnes dans chaque classe <strong>de</strong><br />

bruit).<br />

Les orientations fortes<br />

La réduction du kilométrage total parcouru en mo<strong>de</strong><br />

motorisé est une orientation forte qui peut légitimement<br />

figurer <strong>de</strong> façon explicite dans un PDU ou dans un SCoT. De<br />

même, on pourra concentrer les scénarios sur<br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>et</strong> le dénombrement <strong>de</strong>s populations<br />

soumises à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit considérés comme excessifs,<br />

sur la proposition <strong>de</strong> mesures prioritaires pour les<br />

populations les plus exposées ou sur la préservation <strong>de</strong>s<br />

zones calmes.<br />

Le suivi<br />

En théorie, dans tout PDU ou ScoT, à chaque objectif<br />

<strong>de</strong>vraient être assignés <strong>de</strong>s résultats quantitatifs. Pour<br />

pouvoir évaluer, il faut pouvoir mesurer. Cela suppose <strong>de</strong><br />

construire <strong>de</strong>s outils d’évaluation, <strong>de</strong> bâtir <strong>de</strong>s indicateurs<br />

adaptés <strong>et</strong> accessibles <strong>et</strong> d’organiser le recueil <strong>de</strong> données.<br />

En théorie toujours, car tout ceci a un coût, il conviendrait<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place un dispositif d’observation <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

communiquer sur le vol<strong>et</strong> bruit du PDU ou du SCoT. Début<br />

2005, une dizaine d’observatoires <strong>de</strong> PDU étaient en place<br />

mais, autres priorités obligent, la mesure du bruit (avant,<br />

après) n’est que rarement réalisée.<br />

Les pré-requis indispensables<br />

Quels sont les éléments indispensables à une réelle prise en<br />

compte du bruit dans les documents <strong>de</strong> planification ? Tout<br />

d’abord, <strong>et</strong> cela n’étonnera personne, prendre le bruit en<br />

considération. Ensuite, avoir la volonté d’utiliser les moyens<br />

<strong>de</strong> planification comme moyen <strong>de</strong> lutte <strong>et</strong>, enfin, s’en<br />

donner les moyens, par <strong>de</strong>s observatoires, <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong><br />

bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s plans d'action.<br />

La stratégie <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its pas<br />

Mais ce n’est pas tout : se pose toujours le problème <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie <strong>de</strong>s enjeux <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’échelle d’intervention. De fait,<br />

ce sont rarement les mêmes élus qui ont la responsabilité<br />

<strong>de</strong>s SCoT, <strong>de</strong>s PDU ou du bruit, a fortiori dans ces espaces<br />

pluri-communaux que sont les agglomérations. D’où les<br />

vertus d’actions concrètes menées à p<strong>et</strong>ite échelle, à un<br />

moindre <strong>de</strong>gré que celui du PDU ou du SCoT. A <strong>de</strong> telles<br />

échelles plus mo<strong>de</strong>stes, l’évaluation par les collectivités <strong>de</strong>s<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s actions est facilitée. Il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong> la<br />

valorisation <strong>de</strong>s réussites <strong>et</strong> <strong>de</strong> la sensibilisation, tant <strong>de</strong> la<br />

population que <strong>de</strong>s élus non concernés par le SCoT. Autre<br />

point non négligeable, la communication. Le vol<strong>et</strong> bruit <strong>de</strong>s<br />

PDU <strong>et</strong> <strong>de</strong>s SCoT doit faire l’obj<strong>et</strong> d’une communication qui<br />

se démarque <strong>de</strong>s trop habituelles généralités sur les méfaits<br />

du bruit, qui traite précisément <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

objectifs visés à travers les documents <strong>de</strong> planification.<br />

Enfin, gouvernance <strong>et</strong> cohérence locales jouent un rôle clé<br />

dans ce registre d’action, où, ne l’oublions pas, le bruit<br />

n’est pas la priorité. Pour finir, il convient <strong>de</strong> rappeler les<br />

autres moyens d’action — plan local d'urbanisme, écrans<br />

acoustiques, aménagement <strong>de</strong> voirie, régulation <strong>de</strong> trafic —<br />

dont disposent les collectivités pour réduire le bruit.<br />

Le classement sonore<br />

Didier Cattenoz (Mission bruit, ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable)<br />

Le classement sonore, outre le dispositif préventif qu'il<br />

constitue, perm<strong>et</strong> précisément d'alimenter les différents<br />

outils <strong>de</strong> prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong> réduction du bruit <strong>de</strong>s transports<br />

en milieu urbain. Il constitue en quelque sorte un travail<br />

préparatoire à la cartographie <strong>et</strong> aux plans d'actions prévus<br />

par la directive 2002/49/CE.<br />

Principe du classement sonore<br />

En France, la lutte contre le bruit <strong>de</strong>s transports terrestres<br />

s'articule autour <strong>de</strong> trois axes : un dispositif préventif, le<br />

classement sonore <strong>de</strong>s voies ; la prise en compte du bruit<br />

lors <strong>de</strong> la construction ou <strong>de</strong> la modification<br />

d'infrastructures ; la détection <strong>et</strong> la résorption <strong>de</strong>s points<br />

noirs du bruit. Le dispositif juridique <strong>de</strong> prévention est<br />

abusivement dénommé “classement sonore” puisqu’il ne se<br />

limite pas qu’à cela. Il prévoit en eff<strong>et</strong> que le réseau soit<br />

PAGE 40<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


classifié en cinq catégories, que soient délimités <strong>de</strong>s<br />

secteurs dits “affectés par le bruit” (dans lesquels les futurs<br />

bâtiments sensibles au bruit <strong>de</strong>vront présenter une isolation<br />

acoustique renforcée) <strong>et</strong>, surtout, que le public ait accès à<br />

ces informations, via les documents d’urbanisme.<br />

Concernant les seuils <strong>de</strong> trafic définissant les infrastructures<br />

concernées, on notera que le classement sonore diffère <strong>de</strong>s<br />

cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques <strong>de</strong> la directive 2002/49/CE : le<br />

trafic moyen journalier annuel (TMJA) est <strong>de</strong> 5000 véhicules<br />

par jour pour le classement, <strong>de</strong> 8200 véhicules par jour (3<br />

millions <strong>de</strong> véhicules par an) pour les cartes. Il en va <strong>de</strong><br />

même pour les lignes ferroviaires : le TMJA est <strong>de</strong> 100 trains<br />

(en site urbain) ou 50 trains (en site interurbain) pour le<br />

classement, <strong>de</strong> 82 trains pour les cartes.<br />

Fait important, le classement sonore ne tient aucun compte<br />

<strong>de</strong> la propagation du bruit, mais seulement <strong>de</strong> son 'émission.<br />

Le préf<strong>et</strong> arrête la catégorie du tronçon en fonction d'un<br />

niveau <strong>de</strong> bruit évalué à un emplacement conventionnel <strong>et</strong> à<br />

un horizon <strong>de</strong> vingt ans. Ce niveau peut-être mesuré mais il<br />

est le plus souvent calculé. Est également précisée la<br />

largeur <strong>de</strong>s secteurs affectés par le bruit <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre<br />

<strong>de</strong>s tronçons, ainsi que les niveaux <strong>de</strong> bruit à prendre en<br />

compte pour le calcul <strong>de</strong>s isolements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> à respecter<br />

lors <strong>de</strong> la construction d’un bâtiment.<br />

Comment protéger les nouveaux bâtiments ?<br />

Dans un premier temps, il s'agit d’adopter un parti<br />

d’insertion urbanistique <strong>et</strong> architecturale minimisant<br />

l’exposition au bruit <strong>de</strong>s personnes : faça<strong>de</strong> borgne (cas<br />

extrême), interposition d’espaces tampons (coursives),<br />

optimisation <strong>de</strong> l’orientation <strong>de</strong>s parois. Fait regr<strong>et</strong>table, ce<br />

registre <strong>de</strong> protection acoustique semble très rarement<br />

exploité lors <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s bâtiments, les architectes<br />

se contentant <strong>de</strong> dimensionner les vitrages. A l'échelle d'un<br />

lotissement, on peut par ailleurs combiner plusieurs<br />

protections <strong>et</strong>, notamment, interposer un écran pour<br />

optimiser le dimensionnement <strong>de</strong>s vitrages acoustiques.<br />

Suivant la même logique que celle adoptée pour les<br />

nouvelles infrastructures, le rapport coût/efficacité gui<strong>de</strong> la<br />

décision <strong>de</strong> construire ou non un écran acoustique. Les<br />

faça<strong>de</strong>s doivent présenter <strong>de</strong>s niveaux d’isolement compris<br />

entre 30 <strong>et</strong> 45 décibels. La nouvelle réglementation<br />

acoustique (arrêtés du 30 juin 1999) exige un minimum <strong>de</strong> 30<br />

décibels pour tout logement, quel que soit l’endroit où il se<br />

situe.<br />

Information <strong>de</strong>s riverains<br />

Début 2005, les arrêtés <strong>de</strong> classement sonore se<br />

présentaient simplement sous la forme <strong>de</strong> tableaux, ce qui<br />

manque <strong>de</strong> lisibilité pour le riverain, qui souhaiterait<br />

connaître la situation propre à son habitation. Depuis la<br />

circulaire du 25 mai 2004, en plus <strong>de</strong> l’obligation <strong>de</strong> reporter<br />

le classement sonore dans les documents d'urbanisme, il est<br />

<strong>de</strong>mandé aux préf<strong>et</strong>s d’inciter les services compétents à<br />

indiquer ces informations dans les certificats d'urbanisme,<br />

<strong>de</strong> cartographier les secteurs affectés par le bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

publier les cartes sur Intern<strong>et</strong>. Il a été <strong>de</strong>mandé d’adopter<br />

une échelle mieux adaptée à la consultation <strong>de</strong>s cartes par<br />

les riverains. A noter que ces cartes ne représentent pas <strong>de</strong>s<br />

courbes isophones mais s’en tiennent uniquement à préciser<br />

la catégorie acoustique <strong>de</strong>s voies <strong>et</strong> la largeur <strong>de</strong>s secteurs<br />

affectés.<br />

Faute <strong>de</strong> délai réglementaire, le report <strong>de</strong>s informations<br />

issues du classement sonore dans les annexes du PLU n’est,<br />

malheureusement, que rarement réalisé. Pourtant, une<br />

simple mise à jour par arrêté municipal suffit.<br />

Les autres vertus du classement sonore<br />

Outre sa vocation préventive, le classement sonore présente<br />

plusieurs intérêts. Il constitue une information <strong>de</strong> premier<br />

ordre sur les niveaux <strong>de</strong> bruit à l'émission du réseau <strong>de</strong><br />

transport terrestre, qu’il conviendrait d’intégrer dans les<br />

divers documents d’urbanisme que sont les PADD, SCoT,<br />

PDU, PLU <strong>et</strong> cartes communales. Il constitue également un<br />

outil d’information à <strong>de</strong>stination du public <strong>et</strong> pose les bases<br />

du dialogue nécessaire avec les riverains. Enfin, il prépare à<br />

l’établissement <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit telles que définies par<br />

l’article L. 572 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement (qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

diffuser les données d’émission).<br />

Articulation entre directive 2002/49/CE <strong>et</strong> classement<br />

sonore<br />

L'articulation réglementaire entre l’article L. 572 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'Environnement — l'article qui transpose la directive — <strong>et</strong> le<br />

classement sonore repose sur le principe d’une<br />

représentation visuelle <strong>de</strong>s secteurs affectés par le bruit<br />

dans les cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques. On s’oriente vers <strong>de</strong>s<br />

cartes dynamiques sur support informatique perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong><br />

superposer <strong>de</strong>s calques, l’un <strong>de</strong> ces calques pouvant<br />

correspondre aux secteurs affectés par le bruit. Deuxième<br />

articulation avec la directive, compte tenu du fait que les<br />

plans d’action <strong>de</strong>vront énoncer les mesures <strong>de</strong> réduction du<br />

bruit déjà mises en place, les prescriptions acoustiques sur<br />

les isolements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s figureront en tant que mesures<br />

dans les plans <strong>de</strong> prévention du bruit dans l’environnement.<br />

Enfin, la fréquence <strong>de</strong> révision du classement sonore sera<br />

harmonisée avec celle <strong>de</strong>s cartes <strong>et</strong> plans exigés par la<br />

directive, soit tous les cinq ans. Il faut ajouter que le<br />

dispositif réglementaire du classement sonore ne répond pas<br />

en soi aux exigences <strong>de</strong> la directive portant sur les cartes <strong>de</strong><br />

bruit <strong>de</strong>s transports terrestres. De fait, certaines voies non<br />

classées peuvent néanmoins être bruyantes, dans le cas<br />

d’une configuration en U par exemple. A ce titre, les cartes<br />

du bruit qui seront mises à la disposition du public grâce à la<br />

directive constituent un progrès.<br />

Les données <strong>de</strong> trafic ayant servi au classement sonore, à<br />

condition d’être actualisées, fourniront une information<br />

pour l’évaluation <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> trafic nécessaires à<br />

l’établissement <strong>de</strong>s premières cartes <strong>de</strong> bruit attendues<br />

pour 2007. Détail important, il est recommandé <strong>de</strong> préparer<br />

les bases <strong>de</strong> données <strong>de</strong> prévision <strong>de</strong> trafic (débits, vitesses,<br />

allures par catégories <strong>de</strong> véhicules sur les réseaux) sur<br />

chacune <strong>de</strong>s trois pério<strong>de</strong>s 6h00-18h00, 18h00-22h00 <strong>et</strong><br />

22h00-6h00.<br />

Il a été <strong>de</strong>mandé au Certu <strong>de</strong> fournir une métho<strong>de</strong><br />

forfaitaire <strong>de</strong> calcul du L <strong>de</strong>n à partir <strong>de</strong>s données L Aeq (6h-22h)<br />

<strong>et</strong> L Aeq (22h-6h) , mais, le mieux reste tout <strong>de</strong> même d’exploiter<br />

les données <strong>de</strong> base.<br />

Débat<br />

Classement sonore : prévision à 20 ans -<br />

Cartes <strong>de</strong> bruit : situation actuelle. Quelle<br />

compatibilité <strong>de</strong>s représentations ?<br />

Le classement sonore porte sur <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit évalués<br />

à un horizon <strong>de</strong> vingt ans. Les cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques<br />

reflètent, elles, la situation actuelle. L’on peut<br />

légitimement se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment faire figurer sur le<br />

même document <strong>de</strong>s informations aussi hétérogènes. Dans<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 41


un souci <strong>de</strong> proposer au public l’information la plus<br />

complète possible, l’empreinte du classement sonore sera<br />

reportée sur les cartes <strong>de</strong> bruit quelles que soient la<br />

référence temporelle <strong>de</strong> ce classement sonore.<br />

Publication sur Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> licence IGN<br />

Certaines DDE ont eu la mauvaise surprise <strong>de</strong> s’apercevoir<br />

que la licence IGN qu’elles avaient acquittée ne leur<br />

perm<strong>et</strong>tait pas <strong>de</strong> diffuser les cartes du classement sonore<br />

sur Intern<strong>et</strong>. À la date <strong>de</strong> ces Assises, ce problème était en<br />

passe d’être réglé par la Direction générale <strong>de</strong><br />

l'administration <strong>et</strong> <strong>de</strong> la fonction publique.<br />

Responsabilité juridique <strong>et</strong> publication sur<br />

Intern<strong>et</strong><br />

Certaines DDE se sont interrogées sur la responsabilité<br />

juridique liée à d’éventuelles erreurs dans la restitution <strong>de</strong>s<br />

informations du classement sonore sous forme <strong>de</strong> cartes<br />

publiées sur Intern<strong>et</strong>. La réponse ministérielle apportée<br />

postérieurement au colloque indique que les cartes<br />

graphiques placées sur Intern<strong>et</strong> n’ont qu’une valeur<br />

informative, il convient <strong>de</strong> le signaler par une mention<br />

explicite dans le site, d’indiquer également l’endroit où<br />

consulter l’information officielle. Le préf<strong>et</strong> arrête une<br />

distance au bord extérieur <strong>de</strong> la voie, elle seule fait foi.<br />

Enfin, c’est au constructeur <strong>de</strong> juger quand il dimensionne<br />

les protections grâce à un calcul détaillé <strong>de</strong> propagation du<br />

bruit.<br />

Publication Intern<strong>et</strong> du classement sonore :<br />

vers un cahier <strong>de</strong>s charges type ?<br />

Début 2005, seule la DDE <strong>de</strong> Seine-Maritime avait publié sur<br />

Intern<strong>et</strong> une carte représentant à la fois la catégorie<br />

acoustique <strong>de</strong>s voies <strong>et</strong> la largeur <strong>de</strong>s secteurs affectés. Le<br />

souhait a été formulé par les participants <strong>de</strong> faire profiter<br />

les autres départements <strong>de</strong> ce type d’expérience réussie, à<br />

la faveur, par exemple, d’un cahier <strong>de</strong>s charges type <strong>de</strong> la<br />

publication <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> classement sonore sur Intern<strong>et</strong>.<br />

Aller plus loin dans la prise en compte du bruit dans le PLU<br />

Véronique Poirot (DDE <strong>de</strong> l’Isère) <strong>et</strong> Marc<br />

Esmenjaud (DDASS <strong>de</strong> l’Isère)<br />

L’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te présentation est <strong>de</strong> montrer comment le<br />

plan local d’urbanisme (PLU) peut être un outil perm<strong>et</strong>tant<br />

<strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> prendre en compte les problèmes <strong>de</strong> bruit<br />

dans les décisions d’aménagement, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> même d’aller<br />

plus loin que le minimum exigé par la réglementation.<br />

Dans le cadre du pôle <strong>de</strong> compétence bruit <strong>de</strong> l’Isère, un<br />

groupe <strong>de</strong> travail a souhaité rédiger un gui<strong>de</strong> pour une<br />

meilleure prise en compte <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong> nuisances<br />

<strong>sonores</strong> dans les PLU. La réflexion, commencée en 1999, a<br />

été quelque peu bouleversée par les modifications<br />

intervenues dans ce champ avec, en 2000, la loi SRU <strong>et</strong>, en<br />

2003, la loi urbanisme <strong>et</strong> habitat. Ce gui<strong>de</strong>, intitulé, Plan<br />

local d’urbanisme <strong>et</strong> bruit : la boîte à outil <strong>de</strong> l’aménageur,<br />

est disponible <strong>de</strong>puis début 2005 (en version papier ainsi<br />

qu’en version téléchargeable <strong>de</strong>puis le site du ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie).<br />

C<strong>et</strong>te démarche a initialement été motivée par un constat :<br />

les élus sont insuffisamment sensibilisés aux problèmes <strong>de</strong><br />

bruit <strong>et</strong> ce paramètre est insuffisamment pris en compte<br />

dans les documents d’urbanisme, ce qui est à l’origine <strong>de</strong><br />

fréquentes situations <strong>de</strong> conflit. Les techniciens <strong>de</strong> terrain,<br />

dans les services <strong>de</strong>s communes comme dans ceux <strong>de</strong><br />

l’Équipement, ont aussi un besoin <strong>de</strong> formation<br />

complémentaire sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

Ce gui<strong>de</strong> fait suite à un premier travail, réalisé au sein du<br />

pôle <strong>de</strong> compétence bruit <strong>de</strong> l’Isère, sur les problématiques<br />

du bruit <strong>et</strong> du permis <strong>de</strong> construire. En l’occurrence, la<br />

procédure du permis <strong>de</strong> construire a montré ses limites : elle<br />

intervient souvent trop tardivement pour pouvoir trouver <strong>de</strong>s<br />

solutions satisfaisantes aptes à éviter les conflits, <strong>et</strong> n’offre<br />

pas <strong>de</strong> possibilité pour l’instructeur <strong>de</strong> savoir si une<br />

installation bruyante existe à proximité du bâtiment sensible<br />

qui va s’implanter. La démarche d’élaboration d’un PLU<br />

offre un cadre plus général perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> mieux connaître<br />

le contexte dans lequel interviendra le permis <strong>de</strong> construire.<br />

Le gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong> Bruit a donc vocation à sensibiliser les élus<br />

<strong>et</strong> les professionnels <strong>de</strong> l’urbanisme, à les inciter à une<br />

réflexion globale <strong>et</strong> prospective à l’échelle <strong>de</strong> la commune<br />

<strong>et</strong> du territoire. En travaillant en amont <strong>de</strong>s autorisations <strong>de</strong><br />

construire, les instructeurs sont plus à même <strong>de</strong> détecter les<br />

situations <strong>de</strong> conflits potentiels. La problématique du bruit<br />

étant complexe, difficile à vulgariser, ce gui<strong>de</strong> se veut à la<br />

fois simple <strong>et</strong> compl<strong>et</strong> ; il entend favoriser l’adoption d’une<br />

démarche pragmatique, adaptable partout.<br />

Se poser les bonnes questions au bon moment<br />

La métho<strong>de</strong> d’élaboration du PLU suivie dans c<strong>et</strong> ouvrage<br />

correspond à une démarche <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> structurée en trois<br />

temps : le diagnostic, le proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> la traduction graphique <strong>et</strong><br />

réglementaire. L’étape du diagnostic, qui servira à rédiger<br />

le rapport <strong>de</strong> présentation du PLU, consiste à dresser un état<br />

initial <strong>de</strong> l’environnement, à analyser c<strong>et</strong> état initial <strong>et</strong> à<br />

fournir un effort <strong>de</strong> prospective, puis à définir les enjeux <strong>et</strong><br />

à les hiérarchiser. Le proj<strong>et</strong> d’aménagement <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

développement durable (PADD) s’apparente, quant à lui, à<br />

un proj<strong>et</strong> urbain : il comporte un programme d’actions<br />

définies <strong>et</strong> mises en cohérence, qui doit aboutir à la<br />

traduction <strong>de</strong>s enjeux du PADD dans le règlement, dans les<br />

documents graphiques <strong>et</strong> les annexes du PLU.<br />

Voyons maintenant comment le bruit peut être pris en<br />

compte à chaque étape <strong>de</strong> l’élaboration d’un PDU.<br />

Le diagnostic<br />

Suivant la sensibilité <strong>de</strong> la population, <strong>et</strong> l’intérêt <strong>de</strong>s élus<br />

pour la problématique du bruit, on peut distinguer quatre<br />

niveaux d’analyse. Tout d’abord, certaines données doivent<br />

obligatoirement être reportées dans un PLU : c’est le cas du<br />

classement sonore <strong>de</strong>s voies <strong>et</strong>, le cas échéant, <strong>de</strong>s plans<br />

d’exposition au bruit (PEB). Dans ces zones, il faudra donc<br />

tenir compte du bruit.<br />

Pour aller un peu plus loin, tout en restant dans une<br />

démarche relativement simple, on peut mener un inventaire<br />

<strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> bruit ainsi que <strong>de</strong>s secteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bâtiments<br />

sensibles au bruit. C<strong>et</strong>te démarche s’appuie sur la<br />

connaissance du terrain <strong>et</strong> sur les données fournies par<br />

l’Administration. Peuvent également être reportées sur une<br />

carte les zones <strong>de</strong> bruit critique, les éventuels points noirs<br />

du bruit routier <strong>et</strong> ferroviaire <strong>et</strong> les zones <strong>de</strong> silence, le cas<br />

échéant. Ces cartes perm<strong>et</strong>tront d’i<strong>de</strong>ntifier les zones <strong>de</strong><br />

conflits, les secteurs où les outils <strong>de</strong> l’urbanisme pourraient<br />

être mis à profit pour tenter <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions.<br />

PAGE 42<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Troisième niveau d’implication : la cartographie sonore.<br />

Etablie à la suite d’une étu<strong>de</strong> acoustique, elle sera<br />

principalement basée sur le bruit <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong><br />

transports — souvent la principale source <strong>de</strong> bruit —, <strong>et</strong><br />

éventuellement complétée par les bruits <strong>de</strong>s activités, sans<br />

oublier, bien sûr, l’inventaire <strong>de</strong>s secteurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bâtiments<br />

sensibles au bruit. Les niveaux <strong>de</strong> bruit (courbes isophones)<br />

sont soit déterminés par <strong>de</strong>s mesures, soit par le calcul, ou,<br />

le plus souvent, par la combinaison <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux moyens. La<br />

cartographie peut porter sur la commune entière ou<br />

seulement sur <strong>de</strong>s portions <strong>de</strong> territoires communaux jugés<br />

plus sensibles.<br />

Établie à partir d’une étu<strong>de</strong> acoustique tant qualitative que<br />

quantitative, la carte d’ambiance sonore vise à représenter<br />

la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore sur tout ou partie du<br />

territoire communal. Plus délicates à traduire en termes<br />

réglementaires, les cartes d’ambiance sonore constituent<br />

néanmoins un outil pédagogique privilégié pour l’information<br />

<strong>et</strong> le dialogue avec la population. À Meylan, commune <strong>de</strong> la<br />

banlieue grenobloise qui s’est dotée d’une telle carte, on<br />

distingue par exemple <strong>de</strong>s “zones très calmes”, <strong>de</strong>s “zones<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s villes” <strong>et</strong> <strong>de</strong>s “zones très bruyantes”.<br />

Analyse <strong>et</strong> prospective<br />

L’étape <strong>de</strong> l’analyse vise à établir une vision du paysage<br />

sonore <strong>de</strong> la commune. La situation est-elle dégradée,<br />

moyenne ou <strong>de</strong> bonne qualité ? Quels secteurs traiter en<br />

priorité ? Quelles sont les zones <strong>de</strong> conflit ? Ici, une vision<br />

systémique s’impose : il s’agit <strong>de</strong> croiser toutes les<br />

problématiques <strong>de</strong> la commune, sans s’attacher au seul<br />

paysage sonore. Il convient aussi <strong>de</strong> se proj<strong>et</strong>er dans<br />

l’avenir, en prévoyant l’impact sonore <strong>de</strong>s éventuels proj<strong>et</strong>s<br />

d’infrastructures, en tenant compte <strong>de</strong>s emplacements<br />

réservés à <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s futurs d’implantation d’activités<br />

bruyantes.<br />

Définition <strong>de</strong>s enjeux<br />

À ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la démarche, les orientations en matière <strong>de</strong><br />

nuisances <strong>sonores</strong> sont définies : réduire les nuisances,<br />

préserver les zones calmes, limiter l’exposition au bruit <strong>de</strong>s<br />

constructions nouvelles, encadrer l’installation <strong>de</strong>s activités<br />

nuisantes, autant <strong>de</strong> mesures qu’il convient <strong>de</strong> hiérarchiser.<br />

L’inci<strong>de</strong>nce sur le bruit <strong>de</strong>s autres orientations est<br />

également à prendre en considération dans c<strong>et</strong>te<br />

hiérarchisation. Un exemple : la mixité <strong>de</strong>s fonctions<br />

urbaines, l’un <strong>de</strong>s grands enjeux <strong>de</strong> la loi SRU, n’est pas<br />

neutre en termes <strong>de</strong> nuisances <strong>sonores</strong>. Elle nécessitera une<br />

<strong>de</strong> porter une attention toute particulière aux points <strong>de</strong><br />

conflit bruit/calme, <strong>et</strong> d’accompagner c<strong>et</strong>te mixité, par <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s acoustiques notamment.<br />

Le proj<strong>et</strong> d’aménagement <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement durable<br />

Le PADD s’apparente à un proj<strong>et</strong> urbain qui peut comporter<br />

un programme d’actions définies <strong>et</strong> mises en cohérence. Une<br />

approche cartographique <strong>de</strong>s actions envisagées perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les conflits <strong>sonores</strong> éventuels <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

prendre <strong>de</strong>s décisions correctives. Il ne s’agit pas d’une<br />

étu<strong>de</strong> fine, mais d’une analyse sommaire <strong>de</strong>s interactions<br />

entre les actions du PADD, ainsi qu’entre les actions <strong>et</strong> le<br />

tissu urbain existant.<br />

Les secteurs <strong>de</strong> conflit <strong>et</strong> d’impact sonore (axe routier,<br />

activités bruyantes), qu’ils soient existants ou en proj<strong>et</strong>,<br />

sont i<strong>de</strong>ntifiés. Les zones en <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> calme sont, elles<br />

aussi, i<strong>de</strong>ntifiées. Après avoir analysé l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

interactions entre les proj<strong>et</strong>s envisagés par la commune,<br />

i<strong>de</strong>ntifié les conflits existants <strong>et</strong> les probables conflits<br />

futurs, <strong>de</strong>s corrections ou compensations sont proposées.<br />

Cela peut par exemple consister à intercaler une zone<br />

tampon entre un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> salle <strong>de</strong>s fêtes <strong>et</strong> la zone occupée<br />

par <strong>de</strong>s logements <strong>et</strong> un groupe scolaire, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

accès aboutissant à l’ouverture du parking du côté qui n’est<br />

pas habité. Autre exemple : la mise en place d’un merlon<br />

viendra protéger un lotissement du bruit causé par un atelier<br />

<strong>de</strong> carrosserie.<br />

Le tout aboutit à la réalisation d’un document explicatif <strong>de</strong>s<br />

choix r<strong>et</strong>enus, reprenant tous les proj<strong>et</strong>s, les conditions <strong>de</strong><br />

leur réalisation <strong>et</strong> les mesures compensatoires, correctives<br />

ou préventives qui sont proposées. Ce n’est pas le seul<br />

intérêt <strong>de</strong> ce document. La commune va aussi s’en servir<br />

pour concerter la population sur ses choix.<br />

Le diagnostic ayant été réalisé <strong>et</strong> les choix d’aménagements<br />

exprimés dans le PADD, il reste à traduire ces choix dans les<br />

documents graphiques, le règlement <strong>et</strong> les annexes.<br />

Les stratégies <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’habitat le long <strong>de</strong>s<br />

infrastructures<br />

Le groupe <strong>de</strong> travail a recensé différentes stratégies<br />

adaptées à la gestion <strong>de</strong> l’urbanisation à proximité <strong>de</strong>s<br />

infrastructures bruyantes.<br />

Première stratégie : protéger. Voyons quelques exemples <strong>de</strong><br />

solutions susceptibles <strong>de</strong> protéger <strong>de</strong>s habitations du bruit<br />

issu d’un axe routier ou ferroviaire. En rétablissant une<br />

continuité du bâti, on remédie ainsi à une situation <strong>de</strong><br />

perméabilité au bruit. Autre exemple, le bâtiment écran. Il<br />

peut faire l’obj<strong>et</strong>, du côté exposé, d’isolements prévus dans<br />

le cadre du classement <strong>de</strong>s voies, ou bien être affecté à <strong>de</strong>s<br />

activités tertiaires ou <strong>de</strong> stockages. L’on peut également<br />

faire appel au principe <strong>de</strong> l’épannelage, où la hauteur<br />

progressive <strong>de</strong>s bâtiments leur perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> se protéger les uns<br />

<strong>et</strong> les autres. Les bâtiments les plus hauts, situés à l’arrière,<br />

bénéficient à la fois <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> d’éloignement <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

protection <strong>de</strong>s bâtiments situés <strong>de</strong>vant. Pour inscrire un tel<br />

dispositif dans le PLU, un zonage U est réalisé, accompagné<br />

d’un document graphique représentant un plan masse coté<br />

en trois dimensions <strong>et</strong> précisant <strong>de</strong>s règles spéciales<br />

d’implantation <strong>et</strong> <strong>de</strong> hauteur.<br />

Une autre stratégie peut consister à éloigner le bâtiment<br />

sensible <strong>de</strong> la source <strong>de</strong> bruit : le règlement du PLU impose<br />

alors un r<strong>et</strong>rait <strong>de</strong>s constructions par rapport à l’alignement<br />

<strong>de</strong> la voie. Compte tenu <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> propagation <strong>de</strong> l’énergie<br />

sonore, les premiers mètres sont cruciaux. L’éloignement<br />

fait gagner quelques précieux décibels. Reste toutefois à<br />

prévoir la <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’espace rendu disponible. Parfois,<br />

l’on pourra tirer profit <strong>de</strong> c<strong>et</strong> espace pour y ériger un écran<br />

acoustique. Ou profiter <strong>de</strong> l’éloignement pour intercaler un<br />

terrain <strong>de</strong> boules, faisant quadrupler la distance par rapport<br />

à la route, pour un gain <strong>de</strong> 6 dB(A). Dans une variante plus<br />

globale <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te stratégie d’éloignement, on peut aussi<br />

procé<strong>de</strong>r à une gradation <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong>s secteurs en<br />

fonction du bruit. La première zone la plus exposée au bruit<br />

pourra être affectée à <strong>de</strong>s activités industrielles, artisanales<br />

ou commerciales ; une <strong>de</strong>uxième zone tampon comportera<br />

<strong>de</strong>s bâtiments tertiaires, moins sensibles au bruit que les<br />

immeubles d’habitation ; la zone d’habitations, enfin,<br />

bénéficiera à la fois <strong>de</strong> l’éloignement <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’écran constitué<br />

par les <strong>de</strong>ux premières lignes <strong>de</strong> bâtiments. Autre<br />

possibilité, perm<strong>et</strong>tre un changement <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s<br />

locaux. C<strong>et</strong>te stratégie s’adresse tout particulièrement aux<br />

zones immédiatement attenantes aux voies bruyantes où les<br />

rez-<strong>de</strong>-chaussée sont particulièrement exposés à la fois à la<br />

pollution <strong>et</strong> au bruit. Pour ce faire, on introduit dans le PLU<br />

<strong>de</strong>s prescriptions spéciales : le long <strong>de</strong>s linéaires portés au<br />

document graphique, les constructions nouvelles <strong>et</strong> les<br />

changements <strong>de</strong> <strong>de</strong>stination ne sont autorisés, pour les rez<strong>de</strong>-chaussée<br />

donnant sur voie, que pour <strong>de</strong>s affectations<br />

autres que l’habitation. On favorise ainsi la réappropriation<br />

d’un bâti par <strong>de</strong>s activités moins sensibles au bruit.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 43


Une autre stratégie consistera, en bordure d’une voie<br />

bruyante, à inscrire dans le PLU un secteur plan masse AU<br />

indicé (b) — b comme bruit —, avec obligation d’un<br />

document graphique pour toute urbanisation du secteur <strong>et</strong><br />

d’une notice acoustique conseillée, <strong>de</strong>vant expliquer les<br />

choix d’aménagement en fonction <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

Enfin, <strong>de</strong>rnier point, qui correspond à un domaine restant à<br />

explorer, il serait souhaitable, comme c’est le cas à<br />

Grenoble, d’insérer en annexe du PLU <strong>de</strong>s recommandations<br />

techniques à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s maîtres d’ouvrage <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

architectes. En intervenant c<strong>et</strong>te fois au niveau du permis<br />

<strong>de</strong> construire, les quatre stratégies présentées<br />

précé<strong>de</strong>mment — éloigner, protéger, orienter, isoler —<br />

peuvent constituer un canevas d’organisation possible pour<br />

la conception <strong>de</strong> solutions d’aménagement cohérentes.<br />

Débat<br />

Et les activités bruyantes, les lieux diffusant<br />

<strong>de</strong> la musique amplifiée notamment ? La boîte<br />

à outils marche aussi ?<br />

Compte tenu du thème <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te séance plénière — la gestion<br />

du bruit le long <strong>de</strong>s infrastructures —, V. Poirot <strong>et</strong><br />

M. Esmenjaud ne se sont pas appesantis dans leur<br />

intervention sur les problématiques liées aux activités. Lors<br />

du diagnostic ou <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> prospective, il convient<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier s’il existe un problème ou s’il risque <strong>de</strong> s’en<br />

poser un. Les salles <strong>de</strong> spectacles, les bars musicaux sont<br />

bien entendu concernés au premier chef par les plans<br />

d’aménagements. Le gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong> bruit abor<strong>de</strong> aussi les<br />

problèmes <strong>de</strong>s activités.<br />

Quand le traitement d’une nuisance sonore<br />

crée une autre nuisance sonore…<br />

L’exemple <strong>de</strong> la stratégie consistant à implanter <strong>de</strong>s<br />

commerces en rez-<strong>de</strong>-chaussée soulève en même temps la<br />

problématique <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> occasionnées par les<br />

livraisons. À travers c<strong>et</strong>te remarque s’exprime la difficulté<br />

supplémentaire que constitue pour les urbanistes l’objectif<br />

<strong>de</strong> mixité <strong>de</strong>s fonctions urbaines prôné par la loi SRU. Le<br />

risque <strong>de</strong> report <strong>de</strong>s nuisances existe <strong>et</strong> doit être pris en<br />

compte au niveau du permis <strong>de</strong> construire <strong>et</strong>,<br />

éventuellement, au niveau <strong>de</strong> la réglementation sur les<br />

bruits <strong>de</strong> voisinage. Le parti urbanistique <strong>de</strong> la proximité<br />

entre commerces <strong>et</strong> habitat n’est pas forcément facile à<br />

gérer, mais la ségrégation présente elle aussi d’autres<br />

inconvénients.<br />

Sur ce suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s bruits occasionnés par les commerces <strong>et</strong><br />

supér<strong>et</strong>tes, il faut signaler que le groupe <strong>de</strong> travail mené par<br />

M. Ritter au sein du Conseil national du bruit <strong>de</strong>vait, courant<br />

2005, produire <strong>de</strong>s propositions sur ce thème.<br />

Habitation construite à proximité d’une<br />

activité bruyante : qui est responsable ?<br />

Quand une mairie déci<strong>de</strong> d’autoriser la construction<br />

d’habitations à proximité d’une activité bruyante, par<br />

exemple, un champ <strong>de</strong> tir, un atelier, une usine, une salle<br />

<strong>de</strong>s fêtes, <strong>et</strong> que les riverains entament ensuite une<br />

procédure contre l’activité, il appartient bien sûr aux<br />

tribunaux <strong>de</strong> déterminer le responsable. Il faut savoir que la<br />

règle <strong>de</strong> l’antériorité ne s’applique plus dès lors que la<br />

réglementation sur les bruits <strong>de</strong> voisinage n’est pas<br />

respectée. Souvent, c’est l’activité qui se trouve en tort,<br />

malgré son antériorité. Parfois, le tribunal administratif est<br />

amené à modérer ce type <strong>de</strong> posture <strong>et</strong> à annuler un permis<br />

<strong>de</strong> construire pour non prise en compte <strong>de</strong>s problématiques<br />

<strong>de</strong> bruit. Quoi qu’il en soit, c’est exactement pour tenter <strong>de</strong><br />

prévenir ce type <strong>de</strong> conflits, qui se règlent, soit par<br />

contentieux <strong>de</strong> voisinage, soit par contentieux d’urbanisme,<br />

que la DDASS <strong>et</strong> la DDE <strong>de</strong> l’Isère ont créé leur gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong><br />

bruit.<br />

Qualité sonore <strong>de</strong>s espaces publics : existe-t-il<br />

une boîte à outils <strong>de</strong> l’aménageur ?<br />

Dans le sillage <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> mixité entre le social <strong>et</strong><br />

l’économique, on pourrait se préoccuper <strong>de</strong> la qualité<br />

sonore <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie publics en milieu urbain, comme les<br />

places <strong>de</strong> marché par exemple. Dans leur gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong> bruit,<br />

V. Poirot <strong>et</strong> M. Esmenjaud ont pris le parti <strong>de</strong> ne pas abor<strong>de</strong>r<br />

directement la notion <strong>de</strong> qualité sonore, restant dans le<br />

registre plus réglementaire du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme, <strong>de</strong><br />

l’élaboration d’un PLU. [NDLR : Pour ces problématiques <strong>de</strong><br />

qualité sonore, auxquelles les auteurs <strong>de</strong> ce gui<strong>de</strong> sont loin<br />

d’être indifférents, mais qui sont difficiles à abor<strong>de</strong>r sous<br />

l’angle strictement réglementaire, on se reportera<br />

notamment vers les travaux <strong>de</strong> laboratoires tels que le<br />

<strong>Centre</strong> pour la recherche sur l'environnement sonore<br />

(Cresson, Grenoble)].<br />

L’aménagement <strong>de</strong> la voirie<br />

Dominique Prat (<strong>Centre</strong> d'étu<strong>de</strong>s sur les<br />

réseaux, les transports, l'urbanisme <strong>et</strong> les<br />

constructions publiques - Certu)<br />

Au Certu, Dominique Prat s’occupe <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s<br />

déplacements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s usagers, domaine qui n'est pas<br />

directement lié à la problématique du bruit, mais qui traite<br />

plutôt <strong>de</strong> la sécurité routière, <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> “conduite<br />

apaisée en ville” <strong>et</strong> <strong>de</strong> la valorisation du cadre <strong>de</strong> vie.<br />

Néanmoins, sur le terrain <strong>de</strong> la vitesse, <strong>de</strong> la fluidité <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l'apaisement du trafic, l’acoustique <strong>et</strong> l’aménagement <strong>de</strong> la<br />

voirie ont certains intérêts communs.<br />

L'aménagement <strong>de</strong> la voirie en ville, historiquement, a pour<br />

principale vocation la sécurité routière, l'amélioration du<br />

cadre <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> le meilleur usage <strong>de</strong> l'espace public.<br />

Quelques données d’acci<strong>de</strong>ntologie sont à connaître pour<br />

bien saisir l’importance <strong>de</strong> l’enjeu <strong>de</strong> la sécurité routière en<br />

ville : les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts corporels surviennent en<br />

ville ; un tiers <strong>de</strong>s tués ou blessés graves sont le fait<br />

d’acci<strong>de</strong>nts survenus en ville ; en ville, les tués <strong>et</strong> les<br />

blessés graves sont, pour presque 70%, <strong>de</strong>s conducteurs <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux roues motorisés, <strong>de</strong>s cyclistes ou <strong>de</strong>s piétons ; les<br />

statistiques pour l’année 2003 font état <strong>de</strong> 2000 tués en<br />

zone urbaine.<br />

On le voit, la vitesse est l’élément déterminant <strong>de</strong> la<br />

sécurité routière en ville. Ce sont en eff<strong>et</strong> les usagers<br />

vulnérables, non protégés, qui sont les plus à risque. Deux<br />

autres données à connaître, <strong>et</strong> qui ne peuvent que renforcer<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


la légitimité <strong>de</strong>s zones trente : à 30 km/h, il faut environ 15<br />

mètres pour s’arrêter, alors qu’à 50 km/h, il en faut 25 ;<br />

dans un choc à 50 km/h, un piéton a 60% <strong>de</strong> risque mortel<br />

<strong>et</strong>, à 30 km/h, 15% seulement. Enfin, la relation entre le<br />

débit d’écoulement <strong>de</strong>s véhicules <strong>et</strong> la vitesse indique que<br />

l’optimum se situe à 50 km/h (2000 véhicules à l’heure),<br />

mais qu’à 30 km/h, le débit est encore <strong>de</strong> 1750 véhicules<br />

par heure, pas très éloigné <strong>de</strong> celui correspondant à 70<br />

km/h (1875 véhicules/h).<br />

Les aménagements ponctuels<br />

On distingue trois types d’aménagements <strong>de</strong> voirie : les<br />

aménagements ponctuels, <strong>de</strong> zones <strong>et</strong> d'itinéraires. Avant<br />

d’en abor<strong>de</strong>r quelques exemples, un principe à connaître : la<br />

réduction <strong>de</strong> la géométrie fait lever le pied. Soit par crainte<br />

d’abîmer sa voiture (toucher un rétroviseur, par exemple),<br />

soit par inconfort (à un mini carrefour giratoire, le véhicule<br />

est vite déporté par la force centrifuge ; un ralentisseur trop<br />

vite abordé, c’est la secousse assurée).<br />

Le coussin berlinois est dimensionné <strong>de</strong> manière telle qu'une<br />

voiture ne peut le franchir sans rouler <strong>de</strong>ssus, a contrario<br />

<strong>de</strong>s autres véhicules plus larges (poids lourds, autobus) <strong>et</strong><br />

moins larges (<strong>de</strong>ux roues). Ce type d’aménagement moins<br />

contraignant pour les poids lourds est donc moins bruyant.<br />

Un certain nombre <strong>de</strong> restrictions d’exploitation<br />

s’appliquent à ces obj<strong>et</strong>s isolés. Ils sont réservés aux voiries<br />

sans gros trafic, sur un seul sens <strong>et</strong> sur <strong>de</strong>s sections déjà<br />

ralenties, soit <strong>de</strong>s zones “apaisées” ou à vitesse régulière.<br />

Sinon, c’est la succession freinage-accélération, qui est<br />

acoustiquement décevante.<br />

Les plateaux surélevés, plus imposants que les coussins, sont<br />

fréquemment rencontrés aux carrefours ou en section<br />

courante, à proximité <strong>de</strong>s écoles ou dans <strong>de</strong>s secteurs<br />

sensibles.<br />

Les mini giratoires, quant à eux, sont intéressants du point<br />

<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la sécurité, mais ils posent quelques problèmes<br />

d’acoustique. Cela tient à l’anneau central, qui est<br />

franchissable <strong>et</strong> complété par un traitement <strong>de</strong> sol. Son<br />

bilan acoustique n’est pas obligatoirement positif, mais le<br />

traitement <strong>de</strong> sol est indispensable pour lui conserver son<br />

caractère <strong>de</strong> contournement.<br />

Le giratoire se r<strong>et</strong>rouve plutôt en milieu périurbain. Sur<br />

l’anneau, les vitesses sont très raisonnables, <strong>de</strong> type 30<br />

km/h, mais l’important, en ce qui concerne le bruit, tient<br />

aux conditions d'approche <strong>et</strong> d’éloignement du giratoire :<br />

<strong>de</strong>s changements d'allure effectués dans un temps ou dans<br />

un espace trop court sont facteurs <strong>de</strong> hauts régimes moteur<br />

<strong>et</strong> donc <strong>de</strong> bruit.<br />

Les ralentisseurs, dos d’ânes ou ralentisseurs trapézoïdaux,<br />

sont l’un <strong>de</strong>s rares obj<strong>et</strong>s routiers ayant fait l'obj<strong>et</strong> d'un<br />

décr<strong>et</strong> d'application <strong>et</strong> d’une norme. Utilisés seuls, ils ont<br />

peu d’eff<strong>et</strong> sur la sécurité, <strong>et</strong> sont pénalisants au niveau<br />

acoustique. En intégration énergétique moyenne, ils peuvent<br />

facilement se traduire par 1, 2 voire 3 décibels<br />

supplémentaires, <strong>et</strong> davantage encore en niveau <strong>de</strong> crête.<br />

Ils n’ont donc d’intérêt que dans un ensemble cohérent,<br />

pour contribuer à l’apaisement du trafic dans un secteur<br />

délimité, <strong>et</strong> ne sont surtout pas adaptés aux voies à fort<br />

trafic ou aux zones <strong>de</strong> transition (passage <strong>de</strong> 90 km/h à 50<br />

km/h par exemple).<br />

Où implanter les zones 30 ?<br />

Les aménagements <strong>de</strong> zones, ou “zones 30”, sont <strong>de</strong>s zones<br />

<strong>de</strong> circulation homogène où la vitesse est limitée à 30 km/h,<br />

<strong>et</strong> dont les entrées <strong>et</strong> sorties sont annoncées par une<br />

signalisation <strong>et</strong> font l'obj<strong>et</strong> d’aménagements spécifiques.<br />

Ces aménagements spécifiques ont leur importance<br />

notamment pour rappeler à l’usager qu’il se trouve dans une<br />

zone 30.<br />

Contrairement à une idée répandue, une très gran<strong>de</strong><br />

majorité <strong>de</strong> la voirie urbaine est concernée : centre-ville,<br />

rues commerciales, zones rési<strong>de</strong>ntielles mais aussi certains<br />

axes forts. En agglomération, grosso modo, il n’y a guère<br />

que 10 à 20 % <strong>de</strong> la voirie qui soit incompatible avec le<br />

statut <strong>de</strong> zone 30. Ces voies dites “d’orientation du trafic”,<br />

majoritairement artérielles, voies <strong>de</strong> distribution moins<br />

fréquemment, sont <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> trafic fort qui s’avèrent<br />

aussi être les plus bruyantes. Les voies “d’intérêt local”,<br />

principalement <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte, sont généralement <strong>de</strong><br />

parfaites candidates aux zones 30. Autrement dit, dans une<br />

agglomération, plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s voiries ont plus un<br />

intérêt local qu'un intérêt d'orientation du trafic <strong>et</strong>, pour<br />

c<strong>et</strong>te raison, pourraient passer en zone 30.<br />

L'un <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s zones 30, à condition d’être bien<br />

aménagées, est <strong>de</strong> pouvoir s’affranchir, aux carrefours, <strong>de</strong>s<br />

stop, feux tricolores <strong>et</strong> cé<strong>de</strong>z-le-passage. L’on favorise ainsi<br />

une fluidité <strong>et</strong> une circulation apaisée sur un espace étendu.<br />

Les zones 30 offrent alors une multiplicité <strong>de</strong>s usages<br />

favorable à la revalorisation <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déplacements<br />

lents, moins bruyants, tels que les <strong>de</strong>ux roues <strong>et</strong> les piétons.<br />

En France <strong>et</strong> en Europe, les zones 30 sont un <strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong>s<br />

stratégies <strong>de</strong> déplacement mises en place dans le cadre d’un<br />

PDU. Par exemple, le PDU <strong>de</strong> la métropole lilloise prévoit<br />

plus <strong>de</strong> 2200 km <strong>de</strong> voirie en zone 30. Un bilan <strong>de</strong>s zones 30<br />

réalisé très récemment en France, portant sur plus <strong>de</strong> mille<br />

d’entre elles, démontre les eff<strong>et</strong>s très positifs <strong>de</strong> ce type<br />

d’aménagement. Après les objectifs prioritaires <strong>de</strong> la<br />

sécurité routière <strong>et</strong> <strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong> la circulation à<br />

pied, la qualité <strong>de</strong> l'environnement <strong>et</strong> la qualité <strong>de</strong> vie ont<br />

récolté <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> satisfaction très importants.<br />

Les aménagements d'itinéraire<br />

En entrées <strong>de</strong> ville, <strong>de</strong> façon classique, la vitesse est<br />

ralentie, suffisamment, pour marquer le point d'entrée.<br />

C’est assez efficace, à condition <strong>de</strong> pouvoir maintenir c<strong>et</strong>te<br />

vitesse réduite une fois l’entrée <strong>de</strong> ville passée. En<br />

traversée d’agglomération, l’on jouera très fréquemment<br />

sur la section courante. Dans le principe, on réduit la<br />

géométrie, libérant ainsi <strong>de</strong> l’espace pour les <strong>de</strong>ux-roues, on<br />

marque bien les flux par exemple au moyen d’un terre-plein<br />

central, pour éviter les conflits, <strong>et</strong> on donne à l’espace une<br />

signature qui tranche avec la traditionnelle infrastructure<br />

réservée au “tout automobile”. Sécurité, vitesse <strong>et</strong> bruit y<br />

sont gagnants. Les requalifications d'infrastructure, quoi que<br />

beaucoup plus lourds, participent <strong>de</strong> la même logique.<br />

Transformer un boulevard à 2 × 2 en un 2 × 1 voie avec<br />

implantation <strong>de</strong> pistes cyclables, voies d’autobus <strong>et</strong><br />

plantations axiales, c’est changer radicalement l’ambiance<br />

urbaine, les mo<strong>de</strong>s d’occupation <strong>de</strong> l’espace <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

déplacement. Aux carrefours giratoires, la requalification<br />

n’est pas forcément synonyme <strong>de</strong> débit d’écoulement<br />

réduit, bien au contraire : à Nantes, boulevard <strong>de</strong><br />

Sarrebruck, on est passé <strong>de</strong> vitesses moyennes <strong>de</strong> 60 km/h<br />

aux heures <strong>de</strong> pointe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 110 km/h aux heures creuses, à<br />

<strong>de</strong>s vitesses <strong>de</strong> 35 à 40 km/h aux heures <strong>de</strong> pointe <strong>et</strong> <strong>de</strong> 50<br />

km/h aux heures creuses. Dans le même temps, le trafic,<br />

lui, est passé <strong>de</strong> 37 000 véhicules par jour à 43 000 véhicules<br />

par jour. Quant au gain acoustique, il est <strong>de</strong> 2 à 3 dB(A).<br />

Dans la même logique, beaucoup <strong>de</strong> collectivités suppriment<br />

les autoponts, structures plutôt dédiées à la vitesse, pour<br />

rem<strong>et</strong>tre à niveau l’ensemble <strong>de</strong>s infrastructures.<br />

La tendance est donc à l’effacement <strong>de</strong>s infrastructures<br />

dédiées à l’automobile, à une lecture <strong>de</strong> l’espace simplifiée,<br />

au profit <strong>de</strong>s cheminements piétonniers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s transports en<br />

commun <strong>et</strong> d’une réduction <strong>de</strong> la vitesse.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 45


Les autoroutes “apaisées”<br />

Certaines collectivités ont commencé à réfléchir à la<br />

transposition <strong>de</strong> ces réflexions aux axes autoroutiers.<br />

L’objectif ? Réintégrer ce type d’infrastructure dans le tissu<br />

urbain <strong>et</strong> dans la vie locale, en supprimant l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

coupure, en réduisant la vitesse en permanence, <strong>et</strong> pas<br />

seulement aux heures <strong>de</strong> pointe, en supprimant les<br />

nuisances, <strong>sonores</strong> bien sûr, mais aussi paysagères, <strong>de</strong><br />

pollution atmosphérique. Réflexions ambitieuses mais qui<br />

méritent d’être suivies. L’agglomération grenobloise, à<br />

travers l’agence d’urbanisme <strong>de</strong> Grenoble <strong>et</strong> la DDE <strong>de</strong><br />

l’Isère, s’intéresse à <strong>de</strong> tels aménagements.<br />

La bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’on peut “faire<br />

d’une pierre <strong>de</strong>ux coups” : en réduisant la vitesse <strong>et</strong> en<br />

assurant la fluidité du trafic, on réduit le bruit <strong>et</strong> on<br />

améliore la sécurité routière.<br />

L’impact acoustique <strong>de</strong>s aménagements <strong>de</strong> voirie<br />

En 2002, le laboratoire régional <strong>de</strong>s Ponts-<strong>et</strong>-Chaussées <strong>de</strong><br />

Blois a étudié une trentaine d’aménagements —<br />

aménagements isolés, zones 30, carrefours giratoires,<br />

entrées <strong>de</strong> ville, traversées d’agglomérations.<br />

Les aménagements isolés <strong>de</strong> type dos d’âne ou coussins, en<br />

cas <strong>de</strong> changement d’allure marquée, s’accompagnent d’une<br />

augmentation <strong>de</strong> 1 à 2 dB(A). Les carrefours giratoires,<br />

ponctuellement, c’est-à-dire au droit du carrefour, ont un<br />

eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> 1 à 3 dB(A) mais, sur l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

structure, ils sont acoustiquement transparents. Quant aux<br />

zones 30, les résultats sont variables selon les zones. Bien<br />

aménagées, elles peuvent faire gagner 2 dB(A). Les entrées<br />

<strong>de</strong> ville, à condition d’assurer une réduction progressive <strong>de</strong>s<br />

vitesses, sont plutôt efficaces, avec <strong>de</strong>s gains <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 2<br />

à 4 dB(A). Les traversées d’agglomérations peuvent faire<br />

gagner 2 dB(A) mais, pour cela, il faut absolument maintenir<br />

la vitesse réduite.<br />

Une remarque néanmoins sur les étu<strong>de</strong>s avant-après : il<br />

n’est pas toujours facile <strong>de</strong> distinguer l’apport du<br />

revêtement moins bruyant ou <strong>de</strong> l’aménagement, ou <strong>de</strong>s<br />

nombreux autres paramètres qui sont modifiés à l’occasion<br />

d’un aménagement <strong>de</strong> voirie.<br />

Régulation <strong>de</strong> vitesse <strong>et</strong> bruit en milieu urbain : le cas <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s vertes<br />

modérantes<br />

Gérard Horvath (ville <strong>de</strong> Clermont-Ferrand)<br />

Gérard Horvath est directeur du service <strong>de</strong> circulation à la<br />

ville <strong>de</strong> Clermont-Ferrand. Comme l’a souligné<br />

précé<strong>de</strong>mment M. Prat, la régulation <strong>de</strong> la vitesse en ville a<br />

pour principal but la sécurité routière, mais l’influence <strong>de</strong> la<br />

régulation du trafic sur le bruit n’est pas négligeable. C<strong>et</strong>te<br />

intervention s’attache à présenter les modalités <strong>de</strong> mise en<br />

place d’une on<strong>de</strong> verte modérante, <strong>et</strong> les conséquences sur<br />

la vitesse <strong>et</strong> le bruit qu’on peut raisonnablement en<br />

attendre.<br />

Un p<strong>et</strong>it rappel utile : la capacité d’un réseau urbain est<br />

celle <strong>de</strong>s carrefours, <strong>et</strong> notamment <strong>de</strong>s carrefours à feux. En<br />

d’autres termes, conduire vite en ville n’est pas utile, car la<br />

vitesse moyenne d’un véhicule particulier en ville, compte<br />

tenu <strong>de</strong>s arrêts aux feux tricolores <strong>et</strong> <strong>de</strong>s encombrements,<br />

se situe aux alentours <strong>de</strong> 25 à 28 km/h. En transports<br />

collectifs, seulement la moitié du temps d’un déplacement<br />

est consacré au roulage.<br />

Bénéfices <strong>et</strong> limites<br />

Pour m<strong>et</strong>tre en place une coordination d’itinéraire, la<br />

condition indispensable est la présence rapprochée <strong>de</strong> feux<br />

sur un ou plusieurs axes du réseau. Le décalage dans<br />

l’apparition du feu vert d’un carrefour à l’autre perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

générer <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> circulation privilégiés, l’objectif étant<br />

la diminution du nombre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong>s arrêts. Les<br />

bénéfices <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s vertes ? Plus <strong>de</strong> confort pour l’usager<br />

motorisé, plus <strong>de</strong> crédibilité <strong>de</strong>s feux, plus <strong>de</strong> sécurité, par<br />

homogénéisation <strong>de</strong> la vitesse, <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> nuisances.<br />

En revanche, l’on<strong>de</strong> verte a ses limites. Elle n’augmente pas<br />

la capacité d’écoulement <strong>de</strong> la voirie (à moins d’un eff<strong>et</strong><br />

dynamique dans certaines conditions). La durée <strong>de</strong> cycle<br />

doit être commune, ce qui réduit considérablement la marge<br />

<strong>de</strong> manœuvre pour optimiser chacun <strong>de</strong>s carrefours. En<br />

régime saturé, l’on<strong>de</strong> verte ne fonctionne pas. Elle est<br />

souvent incompatible avec les priorités à donner aux<br />

transports en commun. Elle pose problème pour les<br />

carrefours à trois phases <strong>et</strong>, dans le cas <strong>de</strong>s voies à double<br />

sens, c<strong>et</strong>te mesure est très difficile à optimiser.<br />

En milieu urbain <strong>de</strong>nse, la présence <strong>de</strong> carrefours à feux<br />

espacés <strong>de</strong> 250 à 300 mètres constitue la condition optimale<br />

pour réaliser une coordination. En milieu urbain non<br />

perturbé, c<strong>et</strong>te distance est <strong>de</strong> 500 mètres.<br />

Les différentes métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coordination<br />

La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la minimisation <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ards s’adresse plutôt<br />

au réseau maillé exempt d’eff<strong>et</strong> d’itinéraire. Son intérêt<br />

collectif est certain, mais il exige <strong>de</strong> puissants outils<br />

informatiques. L’on<strong>de</strong> verte, quant à elle, est conseillée<br />

pour les itinéraires suivis ne comportant ni trop d’apports<br />

<strong>de</strong>s voies adjacentes ni trop <strong>de</strong> sorties. L’on<strong>de</strong> verte<br />

modérante, enfin, une évolution <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> verte, vise à<br />

augmenter la sécurité <strong>et</strong> à diminuer les nuisances en<br />

régulant la vitesse.<br />

La coordination d’une on<strong>de</strong> verte unidirectionnelle se fait au<br />

moyen d’un diagramme où l’axe vertical représente les<br />

différentes positions <strong>de</strong>s feux tricolores, où l’axe horizontal<br />

indique le temps, <strong>et</strong> où l’inclinaison <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s du<br />

diagramme correspond à la vitesse du trafic. La ban<strong>de</strong><br />

passante correspond à la durée <strong>de</strong> feu vert minimale<br />

commune à tous les carrefours. Le principe du “calage à<br />

l’ouverture” correspond à la situation où l’ouverture du<br />

premier carrefour déci<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ouvertures <strong>de</strong>s carrefours<br />

suivants. Ce système fonctionne bien en cas d’apport faible<br />

<strong>de</strong>s transversales. Le calage à la ferm<strong>et</strong>ure, quant à lui, est<br />

à privilégier, car il n’incite pas à la vitesse. En eff<strong>et</strong>, il<br />

empêche toute tentative <strong>de</strong> “remontée <strong>de</strong> la zone verte”,<br />

ce comportement dangereux consistant à accélérer pour<br />

passer tous les feux au vert.<br />

L’on<strong>de</strong> verte modérante<br />

Dans le cas <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> verte modérante, on s’efforce <strong>de</strong><br />

diminuer autant que possible la ban<strong>de</strong> passante. Le feu vert<br />

est ainsi réduit à la durée minimale réglementaire<br />

d’ouverture d’un feu, soit le temps minimum nécessaire à la<br />

traversée d’un piéton sur une voie transversale. Ce système<br />

a un eff<strong>et</strong> très dissuasif sur la vitesse, car il interdit<br />

pratiquement toute tentative d’accélération pour<br />

“remonter” la zone verte. Le but <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s vertes<br />

modérantes, bien entendu, est la modération <strong>et</strong><br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


l’homogénéité <strong>de</strong>s vitesses, <strong>et</strong>, partant, la diminution <strong>de</strong>s<br />

nuisances.<br />

Quelles sont les conditions requises pour m<strong>et</strong>tre en place les<br />

on<strong>de</strong>s vertes modérantes ? Des carrefours proches les uns<br />

<strong>de</strong>s autres (200-300 m), un environnement peu contraint <strong>et</strong><br />

homogène, un calage à l’ouverture <strong>et</strong> à la ferm<strong>et</strong>ure, une<br />

ban<strong>de</strong> passante étroite (20 secon<strong>de</strong>s) <strong>et</strong> une vitesse <strong>de</strong><br />

coordination faible (40 à 42 km/h). Autre condition<br />

essentielle : que les feux lointains soient masqués, afin que<br />

l’automobiliste ne puisse les voir longtemps à l’avance.<br />

Les résultats sont très encourageants : dans sa version<br />

modérante, l’on<strong>de</strong> verte ne compte plus que 2 à 3%<br />

d’automobilistes la parcourant à 70 km/h, contre 13% avec<br />

l’on<strong>de</strong> verte classique. Une écrasante majorité <strong>de</strong>s véhicules<br />

adoptent une vitesse comprise entre 35 <strong>et</strong> 45 km/h.<br />

Les on<strong>de</strong>s vertes modérantes constituent en fait l’un <strong>de</strong>s<br />

seuls moyens <strong>de</strong> réguler la vitesse au moyen <strong>de</strong> feux<br />

tricolores. Elles offrent <strong>de</strong>s perspectives intéressantes en<br />

ville. On notera au passage que les feux asservis à la vitesse,<br />

dits “feux espagnols”, qui consistent à arrêter par un feu les<br />

conducteurs qui roulent trop vite, sont interdits en France,<br />

en raison <strong>de</strong> certains eff<strong>et</strong>s pervers.<br />

Le cas <strong>de</strong> Clermont-Ferrand<br />

Le centre-ville <strong>de</strong> Clermont-Ferrand est actuellement le<br />

siège d’important travaux : insertion d’un tramway,<br />

piétonisation <strong>de</strong> la place centrale, large extension <strong>de</strong><br />

l’emprise piétonnière en hyper centre. Conséquence <strong>de</strong>s<br />

travaux, l’offre <strong>de</strong> voirie a subi une très forte réduction <strong>et</strong><br />

l’offre <strong>de</strong> transports publics s’est n<strong>et</strong>tement dégradée. Pour<br />

maintenir l’activité en ville, décision a été prise d’aménager<br />

un boulevard <strong>de</strong> contournement. Dans son emprise<br />

existante, les boulevards Aristi<strong>de</strong> Briand, Jean Jaurès <strong>et</strong><br />

Cote-Blatin sont ainsi passés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois voies. C<strong>et</strong>te<br />

solution s’étant accompagnée <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> sécurité, en<br />

raison <strong>de</strong> la vitesse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s traversées <strong>de</strong> piétons, ainsi que<br />

<strong>de</strong> nuisance <strong>sonores</strong>, une on<strong>de</strong> verte modérante a été mise<br />

en place.<br />

Les vitesses relevées après mise en place sont très proches<br />

<strong>de</strong> 50 km/h. Les écarts-types pour chacune <strong>de</strong>s trois voies<br />

sont très faibles, peu <strong>de</strong> véhicules circulant à <strong>de</strong>s vitesses<br />

supérieures à 70 km/h. Côté nuisances <strong>sonores</strong>, le<br />

laboratoire régional <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées avait été chargé<br />

<strong>de</strong> vérifier la conformité réglementaire <strong>de</strong> l’opération. Il<br />

s’agissait notamment <strong>de</strong> vérifier s’il s’agissait d’une<br />

modification significative <strong>de</strong> l’infrastructure, au sens <strong>de</strong>s<br />

articles 2 <strong>et</strong> 3 du décr<strong>et</strong> 95-22. Le laboratoire avait mené<br />

une modélisation simplifiée au moyen du logiciel Artémis.<br />

Aux trois points récepteurs considérés par le modèle, en ne<br />

prenant en compte que l’augmentation <strong>de</strong> trafic (6000<br />

unités <strong>de</strong> véhicules particuliers par jour), l’écart obtenu<br />

entre la configuration <strong>de</strong>ux voies <strong>et</strong> la configuration trois<br />

voies était <strong>de</strong> 0,9 dB(A), 1,9 dB(A) <strong>et</strong> 1,1 dB(A). Des mesures<br />

acoustiques avaient été réalisées avant <strong>et</strong> après le passage à<br />

trois voies <strong>et</strong> la mise en place <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> verte modérante. Le<br />

trafic moyen journalier annuel est passé <strong>de</strong> 18 000 véhicules<br />

par jour environ à 23 000 véhicules par jour. Quant aux<br />

niveaux <strong>sonores</strong> moyens L Aeq, <strong>de</strong> jour, ils ont connu une<br />

baisse <strong>de</strong> un <strong>de</strong>mi décibel sur tous les points ; la nuit, <strong>de</strong>ux<br />

points sont en baisse, un seul en légère hausse (+ 0,2 dB(A)).<br />

Conclusion ? Malgré l’augmentation du trafic <strong>de</strong> 35%, l’on<strong>de</strong><br />

verte modérante a permis <strong>de</strong> ne pas dégra<strong>de</strong>r les niveaux<br />

<strong>sonores</strong>. La mise en place d’un tel système apporte une<br />

régulation <strong>de</strong> la vitesse — ce qui est bon pour la sécurité —,<br />

un confort accru pour les automobilistes <strong>et</strong> une non<br />

dégradation <strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong>.<br />

Débat<br />

L’on<strong>de</strong> verte ne reporte-t-elle pas les<br />

nuisances sur les voies adjacentes ?<br />

Deux axes importants qui se croisent en un point peuvent,<br />

l’un <strong>et</strong> l’autre, être régulés par on<strong>de</strong> verte modérante. Pour<br />

rejoindre l’axe régulé, un véhicule provenant d’un axe<br />

transversal doit avoir le feu vert pour lui, donc l’axe régulé<br />

est alors au rouge. Plus loin, il trouve un feu rouge <strong>et</strong> entre<br />

réellement dans l’on<strong>de</strong> verte quand il redémarre ensuite. En<br />

revanche, la régulation par on<strong>de</strong> verte n’est plus adaptée<br />

lorsque le réseau est fortement maillé c’est-à-dire trop<br />

complexe pour maîtriser l’itinéraire <strong>de</strong>s véhicules <strong>de</strong>puis<br />

leur point d’entrée jusque leur point <strong>de</strong> sortie. S’imposent<br />

alors <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong> trafic différentes, qui<br />

n’ont pas les mêmes eff<strong>et</strong>s <strong>et</strong> qui sont moins bien perçus par<br />

les automobilistes.<br />

Quel est le coût <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> régulation ?<br />

Le coût <strong>de</strong> mise en place d’une on<strong>de</strong> verte modérante est<br />

négligeable, dans la mesure où il s’agit d’une simple<br />

adaptation <strong>de</strong>s calculs propres à la régulation centralisée.<br />

Compatibilité avec le triphasé ?<br />

Les 3,6 km <strong>de</strong> boulevard aménagés à Clermont-Ferrand<br />

comptent plusieurs carrefours à feux dont <strong>de</strong>ux ou trois sont<br />

à trois phases. L’on<strong>de</strong> verte modérante a pu être mise en<br />

place malgré ces carrefours à 3 phases, mais cela a nécessité<br />

<strong>de</strong>s inversions <strong>de</strong> phase.<br />

Les écrans antibruit, les revêtements routiers peu bruyants <strong>et</strong> l'isolation<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s : leur utilisation en milieu urbain<br />

Nathalie Fürst (<strong>Centre</strong> d'étu<strong>de</strong> sur les<br />

réseaux, les transports, l'urbanisme<br />

<strong>et</strong> les constructions publiques)<br />

Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mesures préventives, telles que la planification<br />

dans les documents d’urbanisme, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mesures<br />

curatives, mais “douces”, telles que la gestion du trafic <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la vitesse, il arrive parfois que l’on ait besoin <strong>de</strong> solutions<br />

immédiates qui apportent <strong>de</strong>s gains bien plus conséquents. Il<br />

faut alors se tourner vers les solutions lour<strong>de</strong>s que sont les<br />

écrans acoustiques, les revêtements <strong>et</strong> l’isolation acoustique<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Voici donc un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> ces différents<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> protection. L’ordre suivi pour les présenter —<br />

écrans, isolation <strong>et</strong> revêtements — correspond aux<br />

préconisations réglementaires nationales ainsi qu’aux<br />

orientations européennes. C<strong>et</strong> ordre respecte aussi<br />

l’efficacité respective <strong>de</strong> ces différentes techniques. Ce qui<br />

ne signifie pas que l’une ou l’autre <strong>de</strong> ces techniques soit<br />

meilleure que les autres. Elles sont en réalité<br />

complémentaires les unes <strong>de</strong>s autres.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 47


Spécificités du contexte urbain<br />

Le domaine périurbain se caractérise par un espacement<br />

relativement important entre le bâti <strong>et</strong> les infrastructures<br />

<strong>de</strong> transport, un bâti élevé mais assez dispersé, <strong>de</strong>s vitesses<br />

plutôt élevées, comprises entre 70 <strong>et</strong> 110 km/h, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s flux<br />

en général continus perm<strong>et</strong>tant au trafic <strong>de</strong> s’écouler assez<br />

facilement. En centre urbain, en revanche, l’espace est<br />

restreint, le bâti <strong>de</strong>nse se trouve à proximité immédiate <strong>de</strong>s<br />

infrastructures, les vitesses sont plus faibles <strong>et</strong> les allures<br />

plus heurtées.<br />

Les écrans acoustiques<br />

En centre urbain, l’utilisation <strong>de</strong>s écrans acoustiques est très<br />

limitée. À quelques exceptions près, comme à Vienne, c’est<br />

une solution réservée au milieu périurbain, où la protection<br />

par murs antibruit est d’ailleurs largement utilisée<br />

aujourd’hui.<br />

Il suffit d’esquisser les quelques principes <strong>de</strong><br />

fonctionnement <strong>de</strong>s écrans pour en saisir aussi les limites.<br />

Trois paramètres sont à prendre en compte. La capacité<br />

qu’a l’écran d’empêcher la transmission est liée à la nature<br />

<strong>de</strong>s matériaux qui le constituent — à leur <strong>de</strong>nsité en<br />

particulier — <strong>et</strong> à sa mise en œuvre. Dans la majorité <strong>de</strong>s<br />

cas, à condition que l’écran soit correctement installé, sa<br />

capacité d’atténuation en transmission est satisfaisante.<br />

Lors <strong>de</strong> la diffraction <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>sonores</strong>, le somm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’écran agit comme une secon<strong>de</strong> source sonore qui s’ajoute<br />

aux sons partiellement transmis <strong>et</strong> limite ainsi la<br />

performance <strong>de</strong> l’écran. Des pistes existent pour influer sur<br />

la diffraction, notamment en modifiant les matériaux ou la<br />

forme <strong>de</strong>s têtes d’écrans. Troisième paramètre, la réflexion,<br />

qui dépend <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s matériaux utilisés ainsi que <strong>de</strong><br />

l’inclinaison <strong>et</strong> <strong>de</strong> la configuration <strong>de</strong> l’écran. La réflexion,<br />

qui doit être bien prise en compte, sera, selon les cas,<br />

supprimée ou diminuée. Un écran acoustique a une zone<br />

d’influence limitée, appelée “zone d’ombre”, si bien que<br />

<strong>de</strong>s protections complémentaires ou d’autres solutions<br />

<strong>de</strong>vront être recherchées pour les bâtiments <strong>de</strong> dimensions<br />

importantes. D’autant que c<strong>et</strong>te forte atténuation en zone<br />

d’ombre est limitée par le phénomène <strong>de</strong> la diffraction,<br />

paramètre sur lequel il convient donc <strong>de</strong> travailler. Dans le<br />

cas <strong>de</strong> bâtiments situés en vis-à-vis, <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong><br />

l’axe routier, la réflexion doit être prise en compte sous<br />

peine <strong>de</strong> voir les on<strong>de</strong>s <strong>sonores</strong> renvoyées sur les bâtiments<br />

situés du côté non protégé.<br />

Dans quels cas utiliser les écrans ?<br />

Les recommandations réglementaires, qui incitent à<br />

privilégier les actions à la source, sont un motif majeur<br />

d’utilisation <strong>de</strong>s écrans. Pourquoi ? Agissant au plus près <strong>de</strong><br />

la source, offrant <strong>de</strong>s atténuations importantes, efficace<br />

pour protéger un nombre important <strong>de</strong> bâtiments, c<strong>et</strong>te<br />

solution offre le meilleur rapport coût/efficacité. On s’en<br />

doute, les écrans protègent aussi les espaces extérieurs,<br />

jardins, aires <strong>de</strong> jeux, zones <strong>de</strong> détente, notamment aux<br />

pieds <strong>de</strong>s immeubles. C<strong>et</strong>te capacité à protéger les espaces<br />

extérieurs est d’ailleurs l’un <strong>de</strong>s critères les plus cités par<br />

les riverains lors <strong>de</strong> consultations. Enfin, les écrans peuvent<br />

être complétés par <strong>de</strong>s couronnements. Certaines étu<strong>de</strong>s ont<br />

montré <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> gain <strong>de</strong> 1 à 2 dB(A) par l’ajout <strong>de</strong><br />

couronnements. L’efficacité d’un couronnement dépend <strong>de</strong><br />

sa nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> la façon dont il est mis en œuvre ; <strong>de</strong>s<br />

évaluations complémentaires doivent être menées pour<br />

mieux en apprécier l’intérêt.<br />

Efficacité <strong>et</strong> coût <strong>de</strong>s écrans<br />

L’atténuation globale d’un écran est fonction <strong>de</strong> la nature<br />

<strong>de</strong> l’écran, <strong>de</strong>s matériaux, <strong>de</strong> l’inclinaison <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

topographie du site. Il est évi<strong>de</strong>nt qu’un écran placé en pied<br />

<strong>de</strong> colline aura très peu d’efficacité pour les bâtiments<br />

situés en surplomb. À l’inverse, en bordure d’une route en<br />

remblais, l’écran aura une efficacité beaucoup plus<br />

importante. Autre fait important, l’atténuation dépend aussi<br />

<strong>de</strong> la distance entre le récepteur <strong>et</strong> l’écran : l’efficacité est<br />

maximale pour les récepteurs très proches <strong>de</strong> l’écran, <strong>et</strong>,<br />

plus l’on s’éloigne, plus c<strong>et</strong>te efficacité diminue. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

quelques centaines <strong>de</strong> mètres, la présence <strong>de</strong> l’écran n’est<br />

plus perceptible. L’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’atténuation varie<br />

entre 5 <strong>et</strong> 12 dB(A) pour les séparations verticales classiques<br />

(buttes, écrans) ; les couvertures (partielles, à damiers,<br />

totales) peuvent atteindre jusqu’à 15 dB(A) d’atténuation.<br />

De telles atténuations ont bien évi<strong>de</strong>mment un coût<br />

important. Quels sont les éléments à prendre en compte<br />

pour l’estimation du coût d’un écran ? Les matériaux<br />

(panneaux, poteaux), la pose (fondations, chantier, qui peut<br />

s’avérer coûteux, notamment en cas <strong>de</strong> restrictions<br />

d’implantation liées à l’acoustique), les dépenses connexes<br />

(acquisition <strong>de</strong> terrain, insertion paysagère, traitements<br />

paysagers), la maintenance <strong>et</strong> l’entr<strong>et</strong>ien. Ce <strong>de</strong>rnier point<br />

est trop souvent oublié : pourtant, pour assurer la pérennité<br />

<strong>de</strong>s performances d’un écran, le suivi <strong>et</strong> l’entr<strong>et</strong>ien sont<br />

essentiels. Pour <strong>de</strong>s hauteurs courantes comprises entre 2 <strong>et</strong><br />

5 mètres, le coût, incluant uniquement les matériaux <strong>et</strong> la<br />

pose, d’un modèle industriel (bois, béton, béton-bois)<br />

produit en gran<strong>de</strong> série est <strong>de</strong> 300 à 450 € par mètre carré ;<br />

pour <strong>de</strong>s matériaux plus coûteux (matériau transparent), ou<br />

<strong>de</strong>s écrans correspondant à un proj<strong>et</strong> d'architecte, ou une<br />

construction moins industrialisée, l’écran “fourni posé” peut<br />

coûter entre 450 <strong>et</strong> 800 € par mètre carré.<br />

Limites d’utilisation <strong>de</strong>s écrans acoustiques<br />

L’espace disponible pour l’écran <strong>et</strong> les fondations est la<br />

contrainte majeure, qui explique que ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection<br />

soit souvent inadapté au milieu urbain. Dans le cas <strong>de</strong><br />

configuration <strong>de</strong> bâtiments en vis-à-vis, <strong>de</strong>s traitements<br />

visant à réduire les problèmes <strong>de</strong> réflexions multiples<br />

s’imposent. Egalement, les problèmes d’accès <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

visibilité, liés au fait que l’écran constitue une séparation<br />

physique entre le bâti <strong>et</strong> l’infrastructure, compliquent la<br />

mise en œuvre <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> construction. L’accès aux<br />

transports collectifs <strong>et</strong> aux commerces est donc à prévoir.<br />

Autre point à signaler : comme toujours en acoustique, une<br />

mise en œuvre approximative se sol<strong>de</strong>ra par <strong>de</strong> moindres<br />

performances. Le suivi du chantier lors d’un proj<strong>et</strong> d’écran<br />

est donc un point important. A noter que <strong>de</strong>s normes<br />

perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> mesurer les performances in situ d’un écran<br />

pour s’assurer que la mise en œuvre a été correcte. Autre<br />

limitation, l’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> la maintenance : dégradations,<br />

panneaux ou vitrages manquants, jointures d’étanchéité<br />

défectueuses, suffisent à diminuer fortement les<br />

performances. Il convient donc <strong>de</strong> prévoir un programme <strong>de</strong><br />

suivi. Enfin, les écrans seuls ne suffisent pas toujours à<br />

résoudre le problème. Pour les bâtiments <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> hauteur<br />

par exemple, <strong>de</strong>s traitements complémentaires s’imposent,<br />

tels qu’une isolation acoustique <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>.<br />

L’isolation acoustique <strong>de</strong> faça<strong>de</strong><br />

L’intérêt <strong>de</strong> l’isolation acoustique <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>, solution<br />

complémentaire par excellence, tient au fait qu’elle<br />

s’applique pratiquement partout. C’est une solution qui<br />

compte peu <strong>de</strong> limites techniques. Elle a en revanche un<br />

grand inconvénient : elle ne protège pas les espaces<br />

extérieurs <strong>et</strong> n’est efficace que fenêtres fermées.<br />

Dans l’isolation acoustique d’une faça<strong>de</strong>, tous les éléments<br />

constitutifs <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> ont leur importance : la paroi<br />

opaque (béton, brique), les ouvertures (portes, fenêtres) <strong>et</strong><br />

les équipements (coffres <strong>de</strong> vol<strong>et</strong>s roulants, bouches<br />

d’aération). De préférence, c<strong>et</strong>te solution doit s’envisager<br />

lorsque les protections à la source ne sont pas<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


techniquement, économiquement, ou<br />

environnementalement réalisables (manque d’espace,<br />

technique trop coûteuse, relativement au nombre<br />

d’habitations à protéger, situation paysagère incompatible,<br />

<strong>et</strong>c.). Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> protection peut par ailleurs trouver un<br />

intérêt en complément <strong>de</strong> protections à la source, en<br />

particulier pour les bâtiments <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> hauteur. Enfin,<br />

<strong>de</strong>rnière circonstance pouvant justifier la mise en œuvre <strong>de</strong>s<br />

isolements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>, la multi-exposition (exposition à<br />

plusieurs sources <strong>de</strong> bruit, route, ferroviaire, aérienne,<br />

industrielle) peut rendre nécessaire l’association <strong>de</strong><br />

plusieurs techniques <strong>de</strong> protection.<br />

Efficacité <strong>et</strong> coût <strong>de</strong> l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong><br />

Dans le parc <strong>de</strong> bâtiments d’habitation actuel, en moyenne,<br />

on estime à 25 dB l’isolement minimal vis-à-vis <strong>de</strong>s bruits<br />

extérieurs. C<strong>et</strong>te valeur <strong>de</strong>vrait progressivement se<br />

rapprocher d’une valeur moyenne <strong>de</strong> 30 dB, la nouvelle<br />

réglementation acoustique exigeant que toute habitation<br />

construite après le 1 er janvier 1996 ait un isolement minimal<br />

<strong>de</strong> 30 dB. Quand on réalise un proj<strong>et</strong> d’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>,<br />

le minimum d’isolement à respecter est donc <strong>de</strong> 30 dB. Les<br />

valeurs d’isolement couramment pratiquées, compatibles<br />

avec <strong>de</strong>s coûts raisonnables, sont comprises entre 30 <strong>et</strong> 35<br />

dB. Quand les prescriptions vont au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces valeurs, 40<br />

ou même 45 dB, les conditions d’étanchéité pour atteindre<br />

ces valeurs étant extrêmement exigeantes, les coûts sont<br />

alors très élevés.<br />

Les éléments à prendre en compte pour estimer le coût <strong>de</strong><br />

l’isolation d’une faça<strong>de</strong> comprennent les matériaux (vitrage,<br />

menuiserie, bouches d’aération acoustiques le cas échéant)<br />

la pose <strong>et</strong> les dépenses connexes, telles que la remise en<br />

état <strong>de</strong>s lieux ou la ventilation. Concernant ce <strong>de</strong>rnier point,<br />

il faut savoir que <strong>de</strong>s spécifications particulières doivent<br />

être respectées en matière <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong> l’air<br />

intérieur. L’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> consistant à supprimer les<br />

fuites d’air, il est indispensable <strong>de</strong> restaurer, ou d’installer,<br />

suivant les cas, la ventilation. Enfin, <strong>de</strong>rnier poste<br />

budgétaire à prendre en compte : les mesures acoustiques<br />

<strong>de</strong> validation <strong>de</strong>s travaux.<br />

Dans un logement individuel moyen, comprenant cinq<br />

ouvertures, le coût <strong>de</strong> l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> (matériaux <strong>et</strong><br />

pose) est compris entre 4500 <strong>et</strong> 7500 €. Dans les logements<br />

collectifs, où les opérations sont généralement groupées, les<br />

coûts sont plus faibles <strong>et</strong> sont compris entre 2000 <strong>et</strong> 4000 €.<br />

Le coût au mètre carré dépend, on s’en doute, <strong>de</strong><br />

l’isolement recherché : 35 dB(A) d’isolement coûtent 300 €<br />

du m 2 ; 36 à 38 dB(A) d’isolement coûtent 340 € par m 2 ; 38 à<br />

40 dB(A) d’isolement coûtent 400 € par m 2 .<br />

Limites d’utilisation <strong>de</strong> l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong><br />

Comme déjà mentionné, ce type <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> protection<br />

acoustique souffre <strong>de</strong> son incapacité à protéger les espaces<br />

extérieurs aux bâtiments. Autre limite importante : elle<br />

n’est efficace que les fenêtres fermées. Dans certains<br />

bâtiments anciens ou dans les immeubles classés, pour<br />

lesquels <strong>de</strong>s spécifications techniques draconiennes<br />

s’appliquent, les contraintes d’architecture <strong>et</strong> d’esthétisme<br />

sont un autre frein important. Dernier inconvénient, à<br />

l’instar <strong>de</strong>s écrans acoustiques, l’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> exige<br />

une mise en œuvre soignée pour que l’efficacité visée soit<br />

atteinte.<br />

Les revêtements <strong>de</strong> chaussée peu bruyants<br />

Les revêtements <strong>de</strong> chaussée peu bruyants constituent une<br />

alternative technique intéressante, mais dans certaines<br />

circonstances seulement, notamment en tant que moyen <strong>de</strong><br />

traitement temporaire avant la mise en œuvre d’une autre<br />

solution. En eff<strong>et</strong>, leurs performances sont difficiles à<br />

évaluer <strong>et</strong> leur pérennité est encore mal connue. On ne<br />

dispose aujourd’hui d’aucune métho<strong>de</strong> idéale, en milieu<br />

urbain notamment, pour évaluer l’efficacité acoustique <strong>de</strong><br />

ces revêtements <strong>et</strong>, faute <strong>de</strong> recul suffisant, on ne peut<br />

garantir si les solutions mises en œuvre vont durer 5 ou 10<br />

ans.<br />

Intérêt <strong>de</strong>s revêtements peu bruyants<br />

Les <strong>de</strong>ux principales composantes du bruit émis par un<br />

véhicule sont le bruit moteur <strong>et</strong> le bruit du contact entre les<br />

pneumatiques <strong>et</strong> la chaussée. Les bruits d’échappement <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> transmission sont, eux, négligeables. Le bruit du contact<br />

pneu-chaussée augmente avec la vitesse. Dès la fin du<br />

troisième rapport <strong>de</strong> boîte <strong>de</strong> vitesse, il dépasse le niveau<br />

sonore du moteur. Le bruit <strong>de</strong> contact pneu-chaussée est<br />

donc prépondérant pour <strong>de</strong>s vitesses <strong>et</strong> <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong><br />

boîtes élevées.<br />

Le bruit <strong>de</strong> contact pneu-chaussée a <strong>de</strong>ux origines<br />

principales : le bruit d’impact, soit le bruit <strong>de</strong> nature<br />

vibratoire que fait le pneumatique au moment où il entre en<br />

contact avec la chaussée, <strong>et</strong> la résonance d’air occasionnée<br />

par la rupture d’adhérence entre le pneumatique <strong>et</strong> la<br />

chaussée. Le bruit d’impact, n<strong>et</strong>tement prépondérant,<br />

augmente avec la taille <strong>de</strong>s granulats du revêtement (la<br />

dimension D <strong>de</strong>s granulats). Pour limiter le phénomène <strong>de</strong> la<br />

résonance d’air, qui est produit par la libération <strong>de</strong> l’air<br />

emprisonné dans les alvéoles non communicantes du<br />

pneumatique, il faut privilégier les revêtements dotés <strong>de</strong><br />

pourcentages <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> communiquant importants ; ces<br />

revêtements absorbent l’air <strong>et</strong> évitent ainsi le bruit lié à sa<br />

libération.<br />

Les <strong>de</strong>ux qualités nécessaires aux revêtements peu bruyants<br />

sont donc une faible dimension <strong>de</strong>s granulats <strong>et</strong> un<br />

pourcentage <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> communiquant important.<br />

Conditions <strong>de</strong> mise en œuvre<br />

Vitesses <strong>et</strong> rapports <strong>de</strong> boîte élevés obligent, l’utilisation <strong>de</strong><br />

ces revêtements est surtout intéressante sur les grands axes<br />

<strong>et</strong> les voies rapi<strong>de</strong>s urbaines. Concernant les allures <strong>de</strong><br />

circulation plus typiquement urbaines, il semble que<br />

certains revêtements présentent un certain intérêt. C’est le<br />

cas notamment <strong>de</strong>s revêtements à double couche, qui<br />

auraient un eff<strong>et</strong> d’absorption du bruit à très faible<br />

distance, au droit <strong>de</strong> la circulation <strong>de</strong>s véhicules. Pour<br />

l’heure, faute <strong>de</strong> recherches suffisamment abouties, il est<br />

trop tôt pour recomman<strong>de</strong>r l’utilisation <strong>de</strong> ces revêtements<br />

particuliers en centre urbain. Dès lors, le recours aux<br />

revêtements <strong>de</strong> chaussée peu bruyants doit s’envisager<br />

avant tout comme complément, lorsque les autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

protection sont insuffisants. L’autre cas où ces revêtements<br />

peuvent s’avérer payants correspond aux sites à forte<br />

fréquence <strong>de</strong> renouvellement du revêtement. En milieu<br />

urbain, compte tenu <strong>de</strong>s changements d’allure, le<br />

revêtement peut subir <strong>de</strong> fortes dégradations : l’avantage<br />

<strong>de</strong> changer fréquemment le revêtement perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> s’assurer<br />

<strong>de</strong> la pérennité <strong>de</strong> ses performances acoustiques.<br />

Efficacité <strong>et</strong> coût <strong>de</strong>s revêtements peu bruyants<br />

Suivant la qualité du nouveau revêtement, <strong>et</strong> la nature du<br />

revêtement précé<strong>de</strong>nt, les gains acoustiques moyens (en<br />

L Aeq ) sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à 5 dB(A). En revanche, à une<br />

gran<strong>de</strong> distance <strong>de</strong> la route, ces gains sont plus réduits, en<br />

particulier à cause <strong>de</strong>s phénomènes météorologiques qui<br />

agissent sur la propagation. Autre caractéristique, à courte<br />

distance, l’efficacité respective <strong>de</strong>s différentes techniques<br />

<strong>de</strong> revêtement suit la même hiérarchie qu’à gran<strong>de</strong><br />

distance, à ceci près que les écarts sont alors moins élevés.<br />

Les paramètres entrant en ligne <strong>de</strong> compte dans le coût d’un<br />

revêtement <strong>de</strong> chaussée incluent les matériaux constitutifs<br />

du revêtement, la pose, les couches d’accrochage sur<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 49


lesquelles viennent reposer le revêtement ainsi qu’un<br />

certain nombre <strong>de</strong> dépenses connexes, loin d’être<br />

négligeables, telles que les sujétions <strong>de</strong> chantier pour travail<br />

<strong>de</strong> nuit ou arrêt <strong>de</strong> la circulation. Les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urs,<br />

ne prenant en compte que les matériaux <strong>et</strong> la pose, pour les<br />

enrobés coulés à froid <strong>et</strong> les enduits superficiels,<br />

revêtements assez peu intéressants du point <strong>de</strong> vue<br />

acoustique, sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1 à 3 € par mètre carré ; les<br />

bétons bitumineux semi grenus, les bétons bitumineux très<br />

minces <strong>et</strong> les bétons bitumineux drainants, coûtent quant à<br />

eux entre 2,5 <strong>et</strong> 8 € par mètre carré.<br />

Limites d’utilisation <strong>de</strong>s revêtements peu bruyants<br />

Le principal frein à l’utilisation <strong>de</strong> ces moyens <strong>de</strong> réduction<br />

du bruit reste la difficulté à évaluer les performances<br />

acoustiques <strong>de</strong>s revêtements <strong>de</strong> chaussée. Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

mesures au passage, qui, en France, sont normalisées,<br />

exigent <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> mesure très contraignantes<br />

(sonomètre placé à 7,5 m <strong>de</strong> la chaussée, site relativement<br />

dégagé autour du microphone). Problème : en milieu<br />

urbanisé ou même périurbain, peu <strong>de</strong> sites répon<strong>de</strong>nt à un<br />

tel cahier <strong>de</strong>s charges. Aussi a-t-on mis au point une<br />

métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure beaucoup mieux adaptée au contexte<br />

urbain : les mesures en continu où, c<strong>et</strong>te fois, le matériel <strong>de</strong><br />

mesure est embarqué sur le véhicule. Ces mesures ne sont<br />

malheureusement pas encore stabilisées <strong>et</strong> aucune norme<br />

les concernant n’a encore été finalisée. Un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> norme<br />

internationale est toutefois en cours d’élaboration <strong>et</strong>, au<br />

niveau français, le Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong><br />

Chaussées <strong>de</strong> Nantes a mis au point une métho<strong>de</strong> qui est en<br />

voie <strong>de</strong> fiabilisation. Outre les performances acoustiques, la<br />

pérennité <strong>de</strong>s performances sous trafic <strong>et</strong> météo est<br />

également difficile à appréhen<strong>de</strong>r. Tout au plus a-t-on<br />

i<strong>de</strong>ntifié quelques pistes : les performances acoustiques <strong>de</strong>s<br />

revêtements poreux diminuent au cours du temps, à mesure<br />

que les vi<strong>de</strong>s se colmatent ; à l’inverse, les revêtements<br />

fermés à gros granulats voient leurs performances<br />

s’améliorer quelque peu à l’usage, par un phénomène <strong>de</strong><br />

lissage <strong>de</strong>s granulats ; enfin, les revêtements fermés à p<strong>et</strong>its<br />

granulats ont, eux, <strong>de</strong>s performances stables dans le temps.<br />

Mais il ne s’agit là que <strong>de</strong> tendances, les données manquent<br />

pour établir <strong>de</strong> réelles orientations pour chaque type <strong>de</strong><br />

revêtement. Une autre limitation est à signaler, celle liée à<br />

la prévision <strong>de</strong>s performances in situ <strong>de</strong>s revêtements.<br />

Formulations, mise en œuvre caractéristiques propres à<br />

chaque site, trop <strong>de</strong> paramètres interviennent. Enfin, le<br />

milieu urbain se distingue par une plus gran<strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s<br />

interventions sur voirie, les reprises <strong>de</strong> revêtements étant<br />

synonymes <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s performances acoustiques du<br />

revêtement.<br />

Synthèse<br />

Que r<strong>et</strong>enir <strong>de</strong> ce tour d’horizon <strong>de</strong>s trois principales<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> protection contre le bruit <strong>de</strong>s transports<br />

terrestres en milieu urbain ? Les écrans acoustiques sont <strong>de</strong>s<br />

dispositifs efficaces mais <strong>de</strong> mise en œuvre parfois difficile<br />

en milieu urbain. L’isolation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> est une technique<br />

généralement aisée à réaliser mais qui ne protège pas<br />

l’extérieur <strong>de</strong>s habitations. Les revêtements <strong>de</strong> chaussée<br />

peu bruyants sont un moyen efficace sous certaines<br />

conditions <strong>de</strong> circulation (vitesse ou rapport <strong>de</strong> boîte élevé),<br />

mais l’évaluation <strong>de</strong> leurs performances sur site urbain doit<br />

être améliorée <strong>et</strong> leur pérennité n’est pas avérée.<br />

Excepté la diminution très sensible <strong>de</strong>s véhicules, il n’existe<br />

pas un moyen <strong>de</strong> protection idéal contre le bruit en milieu<br />

urbain. Ces solutions sont davantage à envisager comme <strong>de</strong>s<br />

dispositifs complémentaires : selon les objectifs, les<br />

contraintes techniques, les coûts <strong>et</strong> les souhaits <strong>de</strong>s<br />

riverains, certains moyens sont plus adaptés que d’autres.<br />

Les actions spécifiques <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire (traitement <strong>de</strong>s<br />

matériels roulants <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'infrastructure)<br />

Nadine Asconchilo (Direction <strong>de</strong>s transports<br />

terrestres, ministère <strong>de</strong> l'Équipement)<br />

Qui fait quoi en matière <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire<br />

en France ?<br />

En France, en matière <strong>de</strong> réduction du bruit ferroviaire,<br />

trois entités se partagent <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> responsabilité<br />

bien distincts : l’entreprise ferroviaire (SNCF), qui exploite<br />

le matériel roulant ; le gestionnaire d’infrastructure (RFF),<br />

qui est propriétaire <strong>de</strong>s voies ; l’État (ministère <strong>de</strong><br />

l’Équipement), qui a la tutelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux établissements<br />

publics précités.<br />

Au ministère <strong>de</strong> l’Équipement, à l’échelon central, les<br />

services <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong>s transports terrestres se chargent<br />

du suivi <strong>de</strong>s actions au niveau national. Avec leurs<br />

homologues du ministère <strong>de</strong> l’Écologie, ils participent<br />

notamment aux arbitrages liés à la réglementation. À<br />

l’échelon <strong>de</strong>s services déconcentrés, les Directions<br />

départementales <strong>de</strong> l’équipement (DDE) <strong>et</strong> les Directions<br />

régionales <strong>de</strong> l’équipement (DRE) sont en charge <strong>de</strong><br />

l’animation <strong>de</strong>s observatoires départementaux <strong>et</strong> régionaux,<br />

<strong>de</strong> la coordination <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> pilotage <strong>et</strong> du suivi <strong>de</strong>s<br />

actions locales. Les services techniques du ministère (SETRA,<br />

CERTU, CETE) apportent quant à eux un appui technique<br />

précieux. À chacun <strong>de</strong> ces niveaux, par les liens étroits qu’ils<br />

entr<strong>et</strong>iennent, les services <strong>de</strong> l’État, la SNCF <strong>et</strong> RFF<br />

s’efforcent <strong>de</strong> maintenir un climat <strong>de</strong> concertation propice<br />

aux avancées.<br />

Côté réglementation, dans le sillage <strong>de</strong> la loi bruit <strong>de</strong> 1992,<br />

la tendance consiste à traiter les transports terrestres<br />

(routes <strong>et</strong> chemin <strong>de</strong> fer) dans leur globalité. Toutefois,<br />

<strong>de</strong>ux textes spécifiques du bruit ferroviaire ont été publiés :<br />

l’arrêté du 8 novembre 1999 relatif au bruit <strong>de</strong>s<br />

infrastructures ferroviaires ; la circulaire du 28 février 2002<br />

relative aux politiques <strong>de</strong> prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong> résorption du<br />

bruit ferroviaire.<br />

Anne Guerrero (Réseau Ferré <strong>de</strong> France)<br />

Toute la complexité, en matière <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

ferroviaire, consiste à déterminer qui, <strong>de</strong> l’infrastructure ou<br />

du matériel, est source <strong>de</strong> bruit. Sachant que ce bruit est<br />

issu du contact roue-rail, c<strong>et</strong>te problématique ne peut<br />

s’envisager qu’en bonne intelligence. RFF est non seulement<br />

responsable du bruit <strong>de</strong> l’infrastructure mais il a également<br />

une obligation <strong>de</strong> résultat vis-à-vis <strong>de</strong> la réglementation.<br />

À RFF, la stratégie <strong>de</strong> lutte contre le bruit ferroviaire<br />

s’articule en trois axes principaux : un vol<strong>et</strong> préventif,<br />

consistant à limiter le bruit <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’aménagements <strong>de</strong>s<br />

lignes nouvelles <strong>et</strong> existantes ; un vol<strong>et</strong> curatif, ayant<br />

vocation à résorber les situations critiques existantes ; un<br />

vol<strong>et</strong> innovation, <strong>de</strong>stiné à la recherche <strong>de</strong> solutions<br />

techniques plus performantes <strong>et</strong> adaptées aux différents<br />

contextes.<br />

Classement sonore <strong>et</strong> cartographie<br />

En ce qui concerne le vol<strong>et</strong> préventif, l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

données <strong>de</strong> trafic ferroviaire nécessaires au classement <strong>de</strong>s<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


voies bruyantes ont été transmises aux préf<strong>et</strong>s dès 1998.<br />

Quant à la cartographie <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> bruits critiques, elle a<br />

été réalisée sur l’ensemble du réseau ferré national classé,<br />

<strong>et</strong> diffusée, dans le courant <strong>de</strong> l’année, à l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

DRE, DIREN, DDE <strong>et</strong> services <strong>de</strong> tutelle. On notera que,<br />

contrairement au réseau routier, où la cartographie est<br />

plutôt départementalisée, le principe, en matière<br />

ferroviaire, est <strong>de</strong> cartographier l’ensemble du réseau<br />

classé.<br />

La résorption <strong>de</strong>s points noirs bruit<br />

Au chapitre <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> lutte contre les “points noirs<br />

bruit”, en janvier 2005, 56 étu<strong>de</strong>s étaient en cours, pour<br />

environ 70 communes concernées, en Rhône-Alpes,<br />

Languedoc-Roussillon, Aquitaine, Alsace, Lorraine,<br />

Bourgogne, Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais <strong>et</strong> Ile-<strong>de</strong>-France. Lancées<br />

dans le sillage <strong>de</strong> la circulaire <strong>de</strong> 2001, ces opérations<br />

commencent à se concrétiser. Sur <strong>de</strong>ux sites, à Aix-les-Bains<br />

<strong>et</strong> Montereau-Fault-Yonne, les travaux sont réalisés ou en<br />

voie <strong>de</strong> l’être. Sur une dizaine <strong>de</strong> sites, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’avant<br />

proj<strong>et</strong> sont en cours, tandis que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s acoustiques<br />

préalables sont réalisées sur une trentaine <strong>de</strong> sites. Côté<br />

financement, le coût <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s opérations est pour<br />

moitié supporté par l’État <strong>et</strong> RFF, l’autre moitié revenant<br />

aux collectivités. À noter que l’Ile-<strong>de</strong>-France a prévu un<br />

programme <strong>et</strong> un budg<strong>et</strong> pour la lutte contre les point noirs<br />

bruit dans le cadre d’un contrat <strong>de</strong> plan État-Région.<br />

Pour accompagner la montée en puissance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te politique<br />

<strong>de</strong> lutte contre les points noirs bruit, l’État <strong>et</strong> RFF ont<br />

mobilisé <strong>de</strong>s financements pour la protection à la source. En<br />

2004, ces financements ont totalisé 1 million d’euros ; pour<br />

2005, ces financements étaient évalués à 13,8 M€ ; pour<br />

2006, à 24,5 M€ ; pour 2007, à 15,4 M€.<br />

La protection <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> est quant à elle financée par une<br />

subvention du ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du Développement<br />

durable (MEDD) correspondant à une enveloppe <strong>de</strong> 11,9<br />

millions d’euros.<br />

L’exemple <strong>de</strong> la commune d’Aix-les-Bains illustre bien la<br />

difficulté qu’il y a à mobiliser l’ensemble <strong>de</strong>s financements<br />

nécessaires aux opérations <strong>de</strong> résorption <strong>de</strong>s points noirs. Le<br />

proj<strong>et</strong> aura en eff<strong>et</strong> mis près <strong>de</strong> 9 ans à être réalisé.<br />

En 1997, un groupe <strong>de</strong> pilotage constitué <strong>de</strong> la Ville d’Aixles-Bains,<br />

<strong>de</strong> la DDASS 73, <strong>de</strong> la mission bruit du MEDD, <strong>de</strong> la<br />

SNCF <strong>et</strong> <strong>de</strong> RFF a été lancé afin d’engager le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

résorption <strong>de</strong> ce point noir bruit. Il s’agit du principal axe <strong>de</strong><br />

fr<strong>et</strong> ferroviaire France-Italie (axe Dijon-Culoz-Modane). En<br />

1998, une étu<strong>de</strong> acoustique préalable, cofinancée par le<br />

MEDD, le conseil régional, le conseil général, la Ville <strong>et</strong> la<br />

SNCF a permis d’i<strong>de</strong>ntifier dix sites homogènes d’exposition.<br />

Après une étu<strong>de</strong> complémentaire ayant porté sur les trois<br />

sites les plus affectés, une solution technique a été arrêtée :<br />

1370 m <strong>de</strong> mur antibruit <strong>de</strong> 1,20 à 2 m <strong>de</strong> haut, complétés<br />

par <strong>de</strong>s isolations <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>. Le coût <strong>de</strong>s écrans a été évalué<br />

à 4 M€ (25% État, 25% RFF, 12,5% Région, 5% Département,<br />

32,5% Ville), celui <strong>de</strong>s isolations <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s à 1 M€<br />

(subvention du MEDD). La maîtrise d’ouvrage <strong>de</strong>s écrans a<br />

été confiée à RFF, la maîtrise d’œuvre technique à la SNCF,<br />

l’insertion paysagère <strong>et</strong> la concertation étant assurées par la<br />

Ville. Le 3 mai 2004, une convention travaux était signée, le<br />

début <strong>de</strong>s travaux étant prévu pour fin 2005.<br />

Sans doute peut-on espérer que la mise en place progressive<br />

<strong>de</strong>s observatoires du bruit à l’échelon départemental<br />

perm<strong>et</strong>tra d’accélérer ces opérations.<br />

Les dispositifs <strong>de</strong> protection<br />

On peut distinguer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> protection :<br />

les dispositifs opérationnels <strong>et</strong> maîtrisés, <strong>et</strong> les dispositifs<br />

expérimentaux.<br />

Dans la première catégorie, la conception technique du<br />

proj<strong>et</strong> constitue le premier niveau <strong>de</strong> protection. Il convient<br />

en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas oublier que l’acoustique fait partie<br />

intégrante <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’infrastructure ferroviaire. Par le<br />

choix du tracé, la conception du profil en long, on s’efforce<br />

<strong>de</strong> limiter le bruit. Deuxième niveau d’intervention,<br />

l’infrastructure : les longs rails soudés, les traverses bétons<br />

sont <strong>de</strong>ux exemples <strong>de</strong> dispositifs propres à l’infrastructure<br />

qui perm<strong>et</strong>tent d’en améliorer l’acoustique. Viennent<br />

ensuite les dispositifs <strong>de</strong> protection à la source (écrans,<br />

merlons, …) <strong>et</strong> les dispositifs complémentaires (protections<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s).<br />

Côté dispositifs expérimentaux, trois grands programmes <strong>de</strong><br />

recherche, réalisés en partenariat avec la SNCF, sont en<br />

cours. L’un <strong>de</strong> ces programmes porte sur la diminution du<br />

bruit <strong>de</strong>s ponts métalliques. Ce sont <strong>de</strong>s ouvrages très<br />

bruyants qui sont à l’origine <strong>de</strong> bon nombre <strong>de</strong> points noirs<br />

du bruit. Pourtant, leur prise en compte dans les logiciels <strong>de</strong><br />

simulation acoustique est assez limitée. Le programme<br />

s’était fixé quatre objectifs : modéliser les phénomènes<br />

vibro-acoustiques pour en déduire les éléments du pont<br />

étant à l’origine <strong>de</strong>s principales émissions <strong>sonores</strong> (en <strong>de</strong>çà<br />

<strong>de</strong> 300 Hz le platelage serait le principal élément entrant en<br />

jeu, au-<strong>de</strong>là, ce seraient les rails) ; rechercher <strong>de</strong>s solutions<br />

<strong>de</strong> réduction du bruit <strong>et</strong> les évaluer par la simulation ;<br />

expérimenter les solutions les plus prom<strong>et</strong>teuses par<br />

combinaison itérative (pour les hautes fréquences,<br />

absorbeurs sur rails, renforcement <strong>de</strong> la rai<strong>de</strong>ur rail-pont,<br />

pose d’écrans fixes ; pour les basses fréquences, absorbeurs<br />

sur platelage, tôle « sandwich » en élastomère) ; enfin,<br />

procé<strong>de</strong>r à l’homologation <strong>de</strong> ces procédés.<br />

Un autre <strong>de</strong> ces programmes <strong>de</strong> recherche consiste à étudier<br />

l’utilisation <strong>de</strong>s absorbeurs sur rail, solution assez<br />

prom<strong>et</strong>teuse dont les gains espérés sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à 5<br />

dB(A). La SNCF a tout d’abord réalisé une étu<strong>de</strong> sur l’état <strong>de</strong><br />

l’art en la matière, puis, <strong>de</strong>ux prototypes d’absorbeur<br />

différents ont été réalisés. Ils font l’obj<strong>et</strong> d’essais en voies<br />

(acoustique, sécurité) à Pierrelatte <strong>de</strong>puis avril 2004.<br />

Enfin, la limitation du bruit <strong>de</strong>s triages, notamment <strong>de</strong>s<br />

freins <strong>de</strong> voies, fait également l’obj<strong>et</strong> d’un programme <strong>de</strong><br />

recherche. Lors du freinage, un dépôt par microsoudure <strong>de</strong>s<br />

particules d’usure peut se traduire par un bruit<br />

extrêmement stri<strong>de</strong>nt (4000 Hz) pouvant atteindre, à<br />

proximité immédiate, un niveau sonore dangereux, <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 130 à 150 dB(A). Pour limiter le bruit causé par le<br />

frottement entre le rail freineur <strong>et</strong> la roue, plusieurs<br />

solutions ont été testées. À Hourca<strong>de</strong> <strong>et</strong> Saint-Jory, les tests<br />

ont porté sur <strong>de</strong>s écrans acoustiques <strong>de</strong> 1,20 m <strong>de</strong> haut<br />

encadrant les freins <strong>de</strong> voie. C<strong>et</strong>te solution comporte<br />

plusieurs inconvénients : manque <strong>de</strong> visibilité sur le frein <strong>de</strong><br />

voie, nécessité <strong>de</strong> démonter les écrans pour intervenir sur<br />

les freins <strong>de</strong> voie, détérioration en cas <strong>de</strong> déraillement sur<br />

le triage. Une autre solution repose sur l’injection d’un<br />

mélange spécial lubrifiant avec détecteur <strong>de</strong> présence <strong>de</strong><br />

roue, intégré au système <strong>de</strong> freins <strong>de</strong> voie. À partir <strong>de</strong> 2005,<br />

ce système doit être testé au triage <strong>de</strong> Drancy. Enfin, une<br />

<strong>de</strong>rnière expérimentation, consistant en un rail rainuré en<br />

acier, est testée à Achères.<br />

Pascal Fodiman (SNCF)<br />

En dix ans, entre les TGV oranges <strong>et</strong> les versions duplex, 10<br />

décibels ont été gagnés. Ainsi, un train à gran<strong>de</strong> vitesse<br />

actuel produit, à 300 km/h, une énergie sonore comparable<br />

à celle d’un train corail circulant à 160 km/h. Se pose<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 51


désormais la question <strong>de</strong> savoir comment aller plus loin dans<br />

la réduction du bruit <strong>et</strong>, notamment, comment valoriser les<br />

progrès réalisés sur le trafic à gran<strong>de</strong> vitesse sur <strong>de</strong>s<br />

matériels plus conventionnels, en particulier dans le<br />

domaine du fr<strong>et</strong>.<br />

Parmi les mécanismes d’émission du bruit ferroviaire, le<br />

bruit <strong>de</strong> roulement est la source dominante aux vitesses<br />

commerciales actuelles. Ce bruit, qui dépend <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> surface <strong>de</strong> la roue <strong>et</strong> du rail, a <strong>de</strong>ux<br />

composantes <strong>sonores</strong> : celle <strong>de</strong> la voie, qui ém<strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

fréquences plutôt basses ; celle <strong>de</strong> la roue, dont les<br />

fréquences sont plus élevées. Ces quinze <strong>de</strong>rnières années,<br />

les travaux <strong>de</strong> recherche accomplis par la SNCF sur le bruit<br />

<strong>de</strong> roulement perm<strong>et</strong>tent aujourd’hui <strong>de</strong> disposer<br />

d’éléments fiables, tant en termes <strong>de</strong> modélisation qu’en<br />

termes <strong>de</strong> solutions à m<strong>et</strong>tre en œuvre. Le bruit <strong>de</strong><br />

roulement n’est bien évi<strong>de</strong>mment pas la seule source <strong>de</strong><br />

bruit ferroviaire. Le bruit d’origine aérodynamique,<br />

important aux gran<strong>de</strong>s vitesses, se caractérise par ses<br />

composantes basses fréquences. Il peut <strong>de</strong>meurer significatif<br />

<strong>de</strong>rrière un écran acoustique, notamment en partie haute du<br />

train. Le bruit <strong>de</strong> traction concerne quant à lui les vitesses<br />

les plus faibles, voire même le stationnement en gare<br />

(ventilateur, moteur, convertisseurs auxiliaires). Le bruit <strong>de</strong><br />

crissement, au freinage ou en courbe, fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong> recherche assez complexes, les efforts portant<br />

actuellement sur la modélisation, qui ouvrent <strong>de</strong>s pistes<br />

prom<strong>et</strong>teuses. Enfin, le bruit <strong>de</strong>s triages (freins <strong>de</strong> voies) <strong>et</strong><br />

le bruit <strong>de</strong>s ponts métalliques nécessitent eux aussi <strong>de</strong>s<br />

efforts <strong>de</strong> recherche.<br />

Mise en place <strong>de</strong> semelles <strong>de</strong> freins en matériau<br />

composite<br />

Si les protections <strong>sonores</strong> classiques restent un moyen<br />

efficace <strong>et</strong> validé, la mise en place, sur le matériel roulant,<br />

<strong>de</strong> semelles <strong>de</strong> freins en matériaux composites, présente<br />

quant à elle l’avantage d’être efficace partout où roule le<br />

matériel <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas exiger <strong>de</strong> modification <strong>de</strong><br />

l’infrastructure. Les gains à attendre <strong>de</strong> tels dispositifs se<br />

situent entre 5 <strong>et</strong> 10 dB(A) selon les configurations. Autre<br />

bénéfice <strong>de</strong> ces systèmes silencieux, ils réduisent aussi la<br />

contribution sonore <strong>de</strong> la voie. Leurs inconvénients : sur <strong>de</strong>s<br />

flottes anciennes, ils s’accompagnent d’une modification<br />

importante du véhicule <strong>et</strong>, pour être efficaces, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

que l’ensemble <strong>de</strong> la flotte <strong>de</strong>s matériels soit modifié, <strong>et</strong> ce<br />

suffisamment rapi<strong>de</strong>ment pour constater une réelle<br />

amélioration. Autre points négatifs, c<strong>et</strong>te solution nécessite,<br />

outre le changement <strong>de</strong>s semelles <strong>de</strong> freins <strong>et</strong> le réglage <strong>de</strong><br />

l’effort <strong>de</strong> freinage, pour prévenir le blocage <strong>de</strong>s freins <strong>et</strong> la<br />

création <strong>de</strong> méplats, l’ajout <strong>de</strong> dispositifs anti-enrailleurs<br />

relativement coûteux. Au total, le coût du rééquipement du<br />

matériel roulant par ce type <strong>de</strong> dispositif, estimé entre 3000<br />

<strong>et</strong> 7000 euros par véhicule modifié, dépasse les moyens <strong>de</strong>s<br />

seuls exploitants. Quant aux coûts d’exploitation, ils restent<br />

encore mal connus, en particulier dans le domaine du fr<strong>et</strong>,<br />

puisque peu <strong>de</strong> matériels, à ce jour, sont équipés. Pour la<br />

flotte européenne <strong>de</strong> marchandise, qui compte 650 000<br />

wagons, ce coût <strong>de</strong> rééquipement a un impact lourd. Sans<br />

oublier l'impact <strong>de</strong> la pose <strong>de</strong> tels dispositifs sur les règles<br />

<strong>de</strong> maintenance. Or, le trafic fr<strong>et</strong> ayant un rayonnement<br />

européen, il importe <strong>de</strong> résoudre ce problème à l’échelle <strong>de</strong><br />

l’Europe, <strong>et</strong> pas seulement dans un pays en particulier. En<br />

résumé, si la faisabilité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te solution autorise<br />

l’admission <strong>de</strong>s matériels fr<strong>et</strong> équipés <strong>de</strong> semelles<br />

composites en régime international, <strong>de</strong>s réserves persistent,<br />

<strong>et</strong> concernent les conditions d’homologation, encore lour<strong>de</strong>s<br />

<strong>et</strong> coûteuses, <strong>et</strong> le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement d'une telle<br />

démarche, qui reste à définir.<br />

L’impact <strong>de</strong> la réglementation européenne<br />

Outre la directive sur la gestion du bruit dans<br />

l’environnement, les directives d’interopérabilité ferroviaire<br />

(96/48/CE <strong>et</strong> 2001/16/CE) contribuent progressivement, à<br />

mesure du renouvellement <strong>de</strong>s flottes, à changer le paysage<br />

<strong>de</strong> l’émission sonore <strong>de</strong>s trains en Europe. Au travers <strong>de</strong><br />

spécifications techniques d’interopérabilité, ces directives<br />

traitent en réalité <strong>de</strong> l’homologation <strong>de</strong>s matériels roulants<br />

neufs sur le réseau trans-européen. Les conditions<br />

d’homologation, très exigeantes, pour le fr<strong>et</strong> notamment,<br />

vont se traduire par une limitation du bruit <strong>de</strong>s trains à<br />

l’émission, qui entraînera <strong>de</strong> fait le bannissement <strong>de</strong>s<br />

semelles en fonte. En ce qui concerne le rééquipement <strong>de</strong> la<br />

flotte existante, la Commission européenne donne<br />

clairement la priorité à la flotte <strong>de</strong> wagons <strong>de</strong> fr<strong>et</strong><br />

(homologation obligatoire pour toute nouvelle autorisation<br />

<strong>de</strong> mise en service d’un matériel rénové).<br />

Équipement en système <strong>de</strong> freinage silencieux : état <strong>de</strong>s<br />

lieux en France à fin 2004<br />

Où en étions-nous, en France, fin 2004, au niveau <strong>de</strong><br />

l’équipement en système <strong>de</strong> freinage silencieux <strong>de</strong>s<br />

matériels roulants ? Le bilan, quelque peu contrasté, indique<br />

un n<strong>et</strong> progrès. La totalité <strong>de</strong>s TGV sont équipés <strong>de</strong><br />

dispositifs silencieux, soit <strong>de</strong> freins à disques, soit <strong>de</strong><br />

semelles en matériau composite, le taux d’équipement <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong> la flotte <strong>de</strong> matériels voyageurs étant <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 50%. Pour le fr<strong>et</strong>, tout reste à faire. Moins <strong>de</strong> 10%<br />

<strong>de</strong>s wagons <strong>de</strong> marchandise sont équipés <strong>de</strong> semelles en<br />

matériaux composites. Directive d’interopérabilité oblige,<br />

les matériels neufs sont systématiquement équipés. Côté<br />

matériels existants, un certain nombre d’opérations <strong>de</strong><br />

rééquipement vont progressivement se m<strong>et</strong>tre en place. Par<br />

exemple, dans le cadre d’une convention entre la SNCF, la<br />

Région Ile-<strong>de</strong>-France <strong>et</strong> l’État, 600 voitures circulant sur la<br />

ligne <strong>de</strong> RER C vont être rééquipées en 2005.<br />

Nadine Asconchilo (direction <strong>de</strong>s transports<br />

terrestres, ministère <strong>de</strong> l'Équipement)<br />

Quelles conclusions tirer <strong>de</strong> ce panorama <strong>de</strong> la réduction du<br />

bruit ferroviaire ? Il appartient à l’État <strong>de</strong> soutenir la<br />

poursuite <strong>de</strong>s nombreuses actions engagées pour la<br />

réduction du bruit ferroviaire. Il faudra gérer c<strong>et</strong><br />

accompagnement dans un contexte particulier associant la<br />

réorganisation profon<strong>de</strong> du ministère <strong>de</strong> l’Équipement, <strong>de</strong>s<br />

Transports, <strong>de</strong> l’Aménagement du territoire, du Tourisme <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la Mer, un renforcement <strong>de</strong>s contraintes budgétaires <strong>et</strong> la<br />

nouveauté <strong>de</strong>s dispositions liées à l’application <strong>de</strong> la<br />

directive 2002/49/CE. Quoi qu’il en soit, comme on l’a vu à<br />

travers ces présentations, le processus <strong>de</strong> réduction du bruit<br />

ferroviaire est définitivement engagé.<br />

Exemple d’un partenariat entre la société <strong>de</strong>s Autoroutes Estérel-Côte<br />

d’Azur-Provence-Alpes (Escota) <strong>et</strong> la Communauté du Pays d’Aix<br />

Georges Innocenti (Escota)<br />

En 2002, Escota a recensé dans la traversée du Pays d’Aix,<br />

parmi les habitations riveraines <strong>de</strong>s autoroutes qui lui<br />

sont concédées, celles bénéficiant <strong>de</strong> l’antériorité <strong>et</strong> soumises<br />

à l’horizon 2010 à un niveau <strong>de</strong> bruit moyen annuel supérieur à<br />

70 dB(A) en pério<strong>de</strong> diurne (6h00-22h00). C<strong>et</strong>te démarche a<br />

consisté à appliquer les dispositions <strong>de</strong>s circulaires <strong>de</strong>s 12<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


décembre 1997 (points noirs bruit) <strong>et</strong> 12 juin 2001<br />

(observatoires du bruit <strong>et</strong> résorption <strong>de</strong>s points noirs<br />

bruit). Souhaitant toutefois faire un effort significatif en<br />

faveur <strong>de</strong>s riverains bénéficiant <strong>de</strong> l'antériorité, dans le<br />

cadre d'un partenariat établi avec les collectivités locales<br />

concernées, Escota a élargi le recensement aux<br />

habitations riveraines bénéficiant <strong>de</strong> l’antériorité <strong>et</strong><br />

soumises à terme à un niveau <strong>de</strong> bruit moyen annuel<br />

diurne compris entre 65 dB(A) <strong>et</strong> 70 dB(A). La<br />

Communauté d'Agglomération du Pays d'Aix (CPA), quant à<br />

elle, était sollicitée principalement par <strong>de</strong>s riverains<br />

situés en bordure <strong>de</strong> voies dans <strong>de</strong>s secteurs où les<br />

niveaux <strong>de</strong> bruit diurnes sont supérieurs à 65 dB(A). Ces<br />

riverains ne pouvaient espérer d'amélioration <strong>de</strong> leur<br />

situation du seul fait <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong> la réglementation<br />

en vigueur. Aussi, la Communauté d'Agglomération du<br />

Pays d'Aix <strong>et</strong> Escota ont décidé d’engager un partenariat<br />

visant à améliorer le confort acoustique <strong>de</strong>s riverains<br />

situés à proximité <strong>de</strong>s axes autoroutiers. Un protocole<br />

d’accord triennal (2003-2005) a été signé le 17 janvier<br />

2003 pour la protection <strong>de</strong>s habitations recensées en 2002<br />

par Escota.<br />

Concernant les conditions financières du partenariat, le<br />

traitement <strong>de</strong>s points noirs du bruit est bien entendu<br />

revenu à la charge d’Escota, les protections<br />

complémentaires ont été réparties entre la CPA (60%) <strong>et</strong><br />

Escota (40%). Au terme du recensement, 519 logements<br />

ont été i<strong>de</strong>ntifiés, à raison <strong>de</strong> 183 points noirs du bruit <strong>et</strong><br />

336 logements complémentaires. Sur les 519 logements,<br />

136 ont bénéficié d’une protection par écran acoustique.<br />

Le restant était essentiellement constitué <strong>de</strong> logements situés<br />

dans les étages supérieurs <strong>de</strong>s immeubles, où la protection à la<br />

source n’est pas efficace. Ce premier partenariat se traduit par<br />

un investissement <strong>de</strong> 3,9 millions d’euros, dont 1,5 million à la<br />

charge <strong>de</strong> la Communauté du Pays d’Aix <strong>et</strong> 2,4 millions à la<br />

charge d’Escota.<br />

En 2004, la société Autoroutes du Sud <strong>de</strong> la France (ASF) a<br />

rejoint ce même protocole, ajoutant ainsi 125 logements au<br />

programme pour un investissement <strong>de</strong> 1 million d’euros, dont<br />

0,6 million à la charge <strong>de</strong> la Communauté du Pays d’Aix <strong>et</strong> 0,4<br />

million à la charge d’ASF. À noter que ASF avait déjà pris à son<br />

compte le traitement <strong>de</strong> 60 points noirs du bruit dans ces<br />

zones.<br />

Au total, 5 millions d’euros seront investis au titre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

opération, pour la protection <strong>de</strong> 644 logements dont 461<br />

logements complémentaires au titre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partenariats. On<br />

soulignera la participation <strong>de</strong> la Communauté du Pays d’Aix, à<br />

hauteur <strong>de</strong> 2,1 millions d’euros, le groupe ASF/Escota prenant<br />

en charge les 2,8 millions d’euros restants.<br />

Au niveau <strong>de</strong> l’échangeur <strong>de</strong>s Trois Saut<strong>et</strong>s à Aix en Provence,<br />

<strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong> la br<strong>et</strong>elle, 450 mètres d’écran ont été<br />

érigés. Ce secteur a d’ailleurs fait l’obj<strong>et</strong> d’une urbanisation<br />

intelligente, puisque <strong>de</strong>s bâtiments à usage <strong>de</strong> bureau, non<br />

protégés, servent d’écran antibruit à un <strong>de</strong>uxième rang<br />

d’immeubles à usage d’habitation. L’aménagement paysager<br />

soutenu <strong>de</strong> ces écrans témoigne <strong>de</strong> la préoccupation constante<br />

d’insertion paysagère, <strong>et</strong> la couverture végétale partielle<br />

perm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> dissua<strong>de</strong>r les poseurs <strong>de</strong> graffitis.<br />

Débat<br />

Le cas d’Aix-les-Bains : volontarisme salutaire<br />

<strong>de</strong> la Ville<br />

Philippe Michat (mairie d’Aix-les-Bains) a souhaité préciser<br />

que, si l’opération <strong>de</strong> résorption <strong>de</strong>s points noirs du bruit<br />

ferroviaire avait, à Aix-les-Bains, effectivement débuté en<br />

1997 à l’initiative du pôle <strong>de</strong> compétence bruit <strong>de</strong> la Savoie<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Ville d’Aix-les-Bains, c<strong>et</strong>te opération n’a réellement<br />

aboutie que grâce à la bonne volonté <strong>de</strong> la Ville, qui a<br />

accepté d’être le principal financeur <strong>de</strong>s écrans acoustiques.<br />

Pour lui, dans ce cas précis, en matière d’application du<br />

principe pollueur-payeur, on est loin du compte.<br />

Pour Nadine Asconchilo, chacun est libre <strong>de</strong> juger si le<br />

principe pollueur-payeur est ici bien appliqué ou non. Il n’en<br />

reste pas moins que c’est la réglementation qui fixe à 50% la<br />

part du financement revenant aux collectivités territoriales,<br />

le restant du financement étant à la charge <strong>de</strong> RFF <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’État.<br />

Insertion paysagère <strong>de</strong>s écrans acoustiques :<br />

côté habitations également ?<br />

L’insertion paysagère <strong>de</strong>s écrans implantés par Escota à Aixen-Provence<br />

a soulevé une interrogation : <strong>de</strong> quel côté <strong>de</strong><br />

l’écran s’est-on soucié <strong>de</strong> l’intégration paysagère, côté<br />

route ou côté habitations ? Selon Georges Innocenti, dans<br />

l’opération qui a concerné l’échangeur <strong>de</strong>s Trois Saut<strong>et</strong>s,<br />

l’insertion paysagère à l’arrière <strong>de</strong>s écrans n’a pas été<br />

prévue. En revanche, un soin particulier a été apporté à la<br />

végétation existante <strong>et</strong> lorsqu’il a fallu arracher <strong>de</strong>s arbres,<br />

ils ont été remplacés.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 53


Atelier<br />

Recherche en acoustique : bilan d'étape du programme "Bruit <strong>et</strong><br />

nuisances <strong>sonores</strong>"<br />

Séance présidée par Jean-Dominique Polack (LAM) <strong>et</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> Serrero (consultant)<br />

Introduction<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Serrero (consultant en<br />

acoustique, ex responsable <strong>de</strong> la recherche<br />

sur le bruit au ministère chargé <strong>de</strong> l’écologie)<br />

aussi <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> bruit) étant également membres du<br />

comité scientifique du programme Bruit <strong>et</strong> nuisances<br />

<strong>sonores</strong>.<br />

Dominique Polack s’exprime ici sur la pertinence <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>scripteurs d’ambiance sonore urbaine. Ces travaux<br />

souhaités à la fois par le ministère chargé <strong>de</strong> la recherche,<br />

l’A<strong>de</strong>me <strong>et</strong> le ministère chargé <strong>de</strong> l’écologie, confirment le<br />

constat fait lors <strong>de</strong> la séance plénière qui a précédé, à<br />

savoir l’importance <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s barèmes <strong>de</strong><br />

pertinence <strong>de</strong>s indicateurs. Frédérique Guyot a quant à elle<br />

rappelé les objectifs <strong>et</strong> précisé l’avancement <strong>de</strong>s travaux<br />

engagés au titre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> interculturelle visant à classifier<br />

les sources <strong>sonores</strong> urbaines <strong>de</strong> manière physique <strong>et</strong><br />

perceptive. Ces <strong>de</strong>ux premières contributions témoignent<br />

bien du positionnement “qualité sonore” <strong>de</strong> ce programme<br />

<strong>de</strong> recherche. Si la dimension psycho-acoustique y est bien<br />

représentée, la mesure physique n’est pas en reste. C<strong>et</strong>te<br />

attitu<strong>de</strong> cadre bien avec les observations rapportées dans les<br />

exposés précé<strong>de</strong>nts, à savoir la pertinence qu’il y a à<br />

anticiper les tendances au moyen d’indicateurs qualitatifs,<br />

en complément <strong>de</strong>s indicateurs quantitatifs.<br />

Après cinq années <strong>de</strong> répit, le ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du<br />

Développement durable a renoué, en 2003, avec le soutien à<br />

la recherche en acoustique, en lançant un programme<br />

intitulé Bruit <strong>et</strong> nuisances <strong>sonores</strong>. Réparti sur quatre ans,<br />

ce programme a exclusivement porté sur <strong>de</strong>s travaux<br />

directement liés au bruit <strong>de</strong>s transports, rem<strong>et</strong>tant le suj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la directive européenne sur le bruit<br />

ambiant entre les mains d’un <strong>de</strong>uxième vol<strong>et</strong> du programme.<br />

Lequel exigeait que les porteurs <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s constituent <strong>de</strong>s<br />

équipes pluridisciplinaires. De fait, la richesse <strong>de</strong>s équipes<br />

constituées autour <strong>de</strong> ces proj<strong>et</strong>s témoigne <strong>de</strong> ce que c<strong>et</strong>te<br />

exigence a été respectée. Seul regr<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce premier appel<br />

d’offres, l’absence <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s portant sur les aspects<br />

socioéconomiques du bruit, alors que les chiffres sur ce<br />

thème manquent cruellement. Il conviendra <strong>de</strong> faire porter<br />

les efforts <strong>de</strong> recherche dans ce domaine.<br />

Les présentations qui suivent ne rapportent pas <strong>de</strong> résultats<br />

définitifs, la plupart <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s n’étant, à l’heure <strong>de</strong> ces<br />

Assises [NDLR : début 2005], pas encore achevés. Les <strong>de</strong>ux<br />

ministères décisionnaires, la Recherche <strong>et</strong> l’Écologie, ont<br />

volontairement ancré leurs choix dans la problématique du<br />

bruit dans l’environnement. Ainsi ne s’étonnera-t-on pas <strong>de</strong><br />

trouver plusieurs contributions étudiant l’influence <strong>de</strong>s<br />

conditions météorologiques sur la propagation du bruit à<br />

longue distance, rejoignant par là les préoccupations <strong>de</strong><br />

certains programmes <strong>de</strong> recherche européens, tels que<br />

Harmonoise.<br />

Ajoutons que tous ces proj<strong>et</strong>s ont été “avalisés” par le<br />

Predit 1 , nombre <strong>de</strong>s experts du groupe Predit 7 (qui traite<br />

1 Predit : Programme national <strong>de</strong> recherche <strong>et</strong> d'innovation dans les transports<br />

Dans un registre plus “science dure”, les <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s<br />

suivantes sur la propagation du bruit font suite à <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s émanant <strong>de</strong> diverses instances publiques, le<br />

ministère <strong>de</strong> l’Équipement notamment, pour ce qui concerne<br />

les infrastructures <strong>de</strong> transports <strong>et</strong> le logement.<br />

Fabrice Junker <strong>et</strong> son équipe se sont penchés sur la<br />

classification <strong>de</strong> l’influence relative <strong>de</strong>s paramètres<br />

physiques affectant les conditions <strong>de</strong> propagation à gran<strong>de</strong><br />

distance. Ce proj<strong>et</strong> a été r<strong>et</strong>enu pour sa cohésion avec les<br />

préoccupations du programme européen Harmonoise. Ce<br />

problème récurrent <strong>de</strong> la propagation à longue distance pose<br />

<strong>de</strong> sérieux problèmes d’environnement, ne serait-ce que<br />

dans la construction d’infrastructures dans les vallées<br />

alpines par exemple, <strong>et</strong> les conditions météorologiques sont<br />

loin d’avoir un eff<strong>et</strong> négligeable sur les niveaux <strong>sonores</strong> à la<br />

réception. Judicaël Picaut <strong>et</strong> son équipe se sont quant à eux<br />

intéressés au milieu urbain, <strong>et</strong> plus particulièrement à la<br />

réflexion diffuse sur les faça<strong>de</strong>s.<br />

La contribution suivante, consacrée à l’évaluation <strong>de</strong> la<br />

sonie <strong>de</strong>s bruits non stationnaires, correspond à une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> émanant du ministère <strong>de</strong> la Recherche. Jérémy<br />

Marozeau présente c<strong>et</strong>te approche fondamentale qui<br />

constitue une tentative intéressante <strong>de</strong> faire émerger un<br />

indicateur psycho-acoustique.<br />

La présentation <strong>de</strong> Thierry Legouis qui suit constitue un<br />

exemple concr<strong>et</strong> <strong>de</strong> traitement du bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s vibrations <strong>de</strong>s<br />

tramways. Ce proj<strong>et</strong>-ci ne rentre pas dans le cadre “bruit”<br />

du Predit, mais relève plutôt <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la directive<br />

européenne sur le bruit ambiant.<br />

terrestres<br />

PAGE 54<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


À l’occasion <strong>de</strong> ces quatrièmes Assises, la revue Acoustique<br />

& Techniques a consacré un dossier spécial au programme<br />

Bruit <strong>et</strong> nuisances <strong>sonores</strong>. Les sept travaux <strong>de</strong> recherche<br />

présentés dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un<br />

article dans ce numéro. Les lecteurs souhaitant approfondir<br />

sur ces suj<strong>et</strong>s se reporteront donc au n°39 <strong>de</strong> la revue<br />

éditée par le CIDB.<br />

Pertinence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scripteurs d'ambiance sonore urbaine - Application aux<br />

bruits <strong>de</strong>s transports pendant les pério<strong>de</strong>s sensibles<br />

Jean-Dominique Polack (Laboratoire<br />

d’acoustique musicale)<br />

Dans le principe, une première classification, limitée aux<br />

seules variables physiques jouant un rôle dans la <strong>de</strong>scription<br />

du bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa perception, est tout d’abord élaborée. Pour<br />

parfaire c<strong>et</strong>te hiérarchisation, <strong>de</strong>s mesures acoustiques sur<br />

site tentent ensuite <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r certains paramètres.<br />

Troisième acte, une catégorisation perceptive <strong>de</strong> ces zones<br />

urbaines est menée, pour aboutir à la qualification <strong>de</strong><br />

“zones prototypes”. Sont enfin définis <strong>de</strong> nouveaux indices,<br />

plus en phase avec la gêne propre à chacun <strong>de</strong> ces<br />

prototypes.<br />

La classification basée sur les variables physiques, <strong>de</strong> façon<br />

très classique, convoque <strong>de</strong>s critères liés à la configuration<br />

du site (rue en U ou tissu ouvert, pente, type <strong>de</strong><br />

revêtement, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> aux conditions <strong>de</strong> trafic (type <strong>de</strong><br />

véhicules, caractéristiques du trafic, <strong>et</strong>c.). Un gros effort <strong>de</strong><br />

simplification s’impose alors, afin <strong>de</strong> ne considérer au final<br />

qu’une vingtaine <strong>de</strong> situations. Chacune d’entre elles <strong>de</strong>vant<br />

bien sûr offrir un environnement propice aux relevés<br />

acoustiques.<br />

Le proj<strong>et</strong> regroupe, autour du département Transport <strong>et</strong><br />

environnement <strong>de</strong> l’Inr<strong>et</strong>s, le Laboratoire d’acoustique<br />

musicale (LAM, Université Pierre <strong>et</strong> Marie<br />

Curie/CNRS/Ministère <strong>de</strong> la Culture), l’Institut polytechnique<br />

<strong>de</strong> Turin <strong>et</strong> les bureaux d’étu<strong>de</strong> Acouphen <strong>et</strong><br />

Acouphen Environnement. Début 2005, ce proj<strong>et</strong> n’avait<br />

encore que six mois d’existence, si bien que sont<br />

essentiellement rappelés ici les objectifs poursuivis par ces<br />

travaux.<br />

La vocation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recherche est d’améliorer la<br />

<strong>de</strong>scription du bruit perçu en m<strong>et</strong>tant l’accent sur les<br />

pério<strong>de</strong>s sensibles que sont l’endormissement <strong>et</strong> le réveil.<br />

Dépassant les indices <strong>sonores</strong> traditionnels, l’on s’intéresse<br />

ici aux notions d’émergence, d'évènements <strong>sonores</strong>. Point<br />

fort du proj<strong>et</strong>, la démarche fait largement appel à la<br />

catégorisation perceptive pour explorer <strong>de</strong>s indices <strong>sonores</strong><br />

capables <strong>de</strong> représenter les diverses situations <strong>sonores</strong><br />

rencontrées en milieu urbain.<br />

Début 2005, date <strong>de</strong> ces Assises, l’équipe s’apprêtait à<br />

entrer dans la <strong>de</strong>uxième phase du proj<strong>et</strong>, celle <strong>de</strong>s mesures<br />

acoustiques. Pour les prises <strong>de</strong> son, il était prévu d’utiliser<br />

avant tout le système Ambisonics conçu pour une restitution<br />

ultérieure à six canaux, <strong>et</strong> <strong>de</strong> cantonner les microphones<br />

classiques à la mesure <strong>de</strong>s indices.<br />

La salle d’écoute du LAM sera alors le théâtre du troisième<br />

acte <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong>, à savoir l’appréciation perceptive <strong>de</strong> ces<br />

données <strong>sonores</strong>. Les conditions d’écoute r<strong>et</strong>enues ont fait<br />

preuve <strong>de</strong> leur efficacité : six haut-parleurs disposés dans le<br />

plan <strong>de</strong> la tête <strong>de</strong> la personne, plus un caisson <strong>de</strong> basse,<br />

dissimulé, bien sûr, afin <strong>de</strong> ne pas influencer la perception.<br />

Quels sont les indices <strong>sonores</strong> nouveaux qui sortiront<br />

finalement <strong>de</strong> ces travaux ? Ils pourront bien évi<strong>de</strong>mment<br />

être recrutés parmi les indices statistiques tels que L Aeq ,<br />

L <strong>de</strong>n , L 10 , L 50 ou L 90 , mais il se pourrait aussi qu’ils émergent<br />

d’une décomposition du signal sonore en processus<br />

aléatoires élémentaires, sous la forme d’un “temps<br />

d’attente entre évènements <strong>sonores</strong>”. Pour chacun <strong>de</strong> ces<br />

indices, il conviendra d’étudier l’influence <strong>de</strong> la typologie<br />

<strong>de</strong> zone urbaine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la journée.<br />

Étu<strong>de</strong> interculturelle pour une classification physique <strong>et</strong> perceptive <strong>de</strong>s<br />

sources <strong>sonores</strong> urbaines<br />

Frédérique Guyot (LAPS Design sonore)<br />

La dimension interculturelle <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> tient au fait<br />

qu’elle concerne <strong>de</strong>ux villes européennes : Paris <strong>et</strong><br />

Thessalonique (Grèce). L’équipe réunit <strong>de</strong>ux psychoacousticiens<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>ux acousticiens, avec, pour l’un d’entre<br />

eux, un profil tourné vers les sciences humaines <strong>et</strong> les<br />

technologies <strong>de</strong> la cognition.<br />

C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> se consacre à la question <strong>de</strong> l’influence relative<br />

<strong>de</strong> différentes sources <strong>sonores</strong> urbaines sur la qualité globale<br />

<strong>de</strong> l’environnement ou d’une ambiance. Deuxième objectif :<br />

vérifier l’existence ou non <strong>de</strong> différences culturelles dans la<br />

perception <strong>de</strong> ces sources. À plus long terme, l’intérêt d’un<br />

tel travail est multiple : établir une métho<strong>de</strong> d’investigation<br />

pouvant être systématisée ; approfondir la connaissance <strong>de</strong>s<br />

critères <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s environnements urbains (en d’autres<br />

termes, baser les critères <strong>de</strong> qualité sonore <strong>et</strong> <strong>de</strong> gêne sur<br />

les sources <strong>et</strong> leur signification) ; constituer une base <strong>de</strong><br />

données <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>scriptives <strong>de</strong>s sources <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

ambiances. Du reste, <strong>de</strong> tels résultats pourraient<br />

avantageusement venir en ai<strong>de</strong> aux urbanistes dans leur<br />

tâche <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s sources <strong>sonores</strong> ; ou venir qualifier,<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 55


sous une forme restant à déterminer, les cartes <strong>de</strong> bruit,<br />

afin d’en améliorer la compréhension ou la pertinence.<br />

Les sites sélectionnés<br />

Le choix <strong>de</strong>s sites a été motivé par le souhait d’étudier trois<br />

ambiances <strong>sonores</strong> contrastées : une rue piétonne avec<br />

commerces, correspondant à une ambiance où l’activité<br />

humaine est au premier plan, prédominante par comparaison<br />

à la circulation automobile ; une rue étroite avec<br />

commerces, où <strong>de</strong>s sources <strong>sonores</strong> autres que celles <strong>de</strong> la<br />

circulation — <strong>de</strong> nature humaine notamment — coexistent <strong>de</strong><br />

manière équilibrée avec la circulation ; un boulevard, où<br />

prédomine la circulation automobile. On imagine volontiers<br />

la difficulté, dans <strong>de</strong>ux villes ayant leur propre architecture,<br />

leur propre structure urbanistique, <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s paires <strong>de</strong><br />

sites équivalents. Une classification s’imposait : nombre <strong>et</strong><br />

largeur <strong>de</strong>s voies, type <strong>de</strong> bâti, flux <strong>de</strong> circulation, types<br />

d’activité, niveau sonore, sont parmi les différents critères<br />

recrutés pour tenter d’objectiver la sélection <strong>de</strong>s sites.<br />

Enregistrements <strong>sonores</strong><br />

Il importait d’acquérir un matériau se prêtant à la fois à une<br />

analyse acoustique <strong>de</strong>s signaux <strong>et</strong> à une restitution<br />

stéréophonique convaincante, dans l’optique d’une<br />

exploitation éventuelle <strong>de</strong> ces ambiances par <strong>de</strong>s tests<br />

d’écoute en laboratoire. Un microphone Soundfield dédié au<br />

format Ambisonics a été envisagé dans un premier temps<br />

pour ses différentes possibilités <strong>de</strong> matriçage offrant une<br />

excellente restitution <strong>de</strong>s ambiances <strong>sonores</strong>. Problème : ce<br />

microphone est rare, le système d’acquisition lourd <strong>et</strong><br />

coûteux, les matriçages complexes. Lui a été préféré une<br />

solution plus simple, la métho<strong>de</strong> MS, constituée <strong>de</strong><br />

microphones <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> son <strong>et</strong> d’un système d’acquisition<br />

classiques : un microphone omni (ou cardioï<strong>de</strong>, plus<br />

classiquement) <strong>et</strong> un microphone Forme 8 placés en<br />

coïnci<strong>de</strong>nce. L’omni perm<strong>et</strong> l’analyse acoustique <strong>de</strong>s<br />

signaux, un matriçage A+B <strong>et</strong> A-B offrant la possibilité d’une<br />

restitution stéréophonique finale. Six séquences d’une durée<br />

<strong>de</strong> 1h30 ont été enregistrées, entre 11h00 <strong>et</strong> 14h00.<br />

Caractérisation acoustique <strong>et</strong> physique<br />

Reste maintenant à caractériser ces lieux, ces ambiances <strong>et</strong><br />

ces sources. Ici, les <strong>de</strong>scripteurs à caractère acoustique tels<br />

que le temps <strong>de</strong> réverbération <strong>et</strong> le niveau L <strong>de</strong>n trouveront<br />

toute leur utilité pour expliciter les spécificités acoustiques<br />

<strong>de</strong>s lieux. Concernant les ambiances, il conviendra d’évaluer<br />

la sonie moyenne, la répartition spectrale <strong>de</strong>s ambiances <strong>et</strong><br />

certains paramètres psycho-acoustiques, tels que l’acuité.<br />

Pour les sources <strong>sonores</strong>, niveaux d’émergence <strong>et</strong> niveaux<br />

<strong>sonores</strong> (en dB, dB(A) <strong>et</strong> sonie) viendront compléter certains<br />

paramètres psycho-acoustiques. On citera, pour les plus<br />

légitimes <strong>de</strong> ces paramètres, la rugosité, pour le bruit <strong>de</strong><br />

circulation, l’acuité, l’absence ou la présence <strong>de</strong> raies (le<br />

caractère plus ou moins chantant <strong>de</strong>s ambiances), le<br />

caractère impulsif <strong>de</strong>s sources, les distributions temporelles<br />

<strong>et</strong> d’autres critères encore. Sur le plan <strong>de</strong> la caractérisation<br />

physique, les sources <strong>sonores</strong> seront passées au crible <strong>de</strong>s<br />

critères <strong>de</strong> localisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> temporalité (fréquence<br />

d’occurrence dans les lieux, par exemple) ; les lieux seront,<br />

eux, décrits sous l’angle <strong>de</strong>s activités qui s’y tiennent (type,<br />

localisation <strong>et</strong> proportion en faça<strong>de</strong>, rythme).<br />

Les enquêtes<br />

L’étape suivante consistera, enquêtes à l’appui, à établir<br />

<strong>de</strong>s corrélations entre différents critères objectifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

critères perceptifs liés à l’environnement <strong>et</strong> aux sources<br />

<strong>sonores</strong>. C<strong>et</strong>te consultation aura notamment vocation à<br />

livrer <strong>de</strong>s enseignements d’ordre qualitatif sur l’importance<br />

qu’accor<strong>de</strong>nt les usagers <strong>de</strong> ces rues à l’ambiance sonore,<br />

en comparaison à d’autres enjeux d’environnement. À noter<br />

que le terme d’usager ne se résout pas ici aux seuls riverains<br />

<strong>et</strong> leur particularisme <strong>de</strong> relations <strong>de</strong> voisinage, mais à<br />

l’éventail compl<strong>et</strong> que constituent les passants,<br />

commerçants <strong>et</strong> clients fréquentant ces sites.<br />

Classification <strong>de</strong>s sources<br />

La classification <strong>de</strong>s sources — le but <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te recherche<br />

rappelons-le —, s’appuiera sur les corrélations entre les<br />

paramètres acoustiques <strong>et</strong> la qualité perçue <strong>de</strong>s sources.<br />

Seront également pris en compte les travaux existants, à<br />

savoir ceux d’Alain Leobon, <strong>de</strong> Murray Schafer ou ceux<br />

accomplis au LAM par Valérie Maffiolo. En l’occurrence,<br />

c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> ambitionne bien sûr <strong>de</strong> débor<strong>de</strong>r largement le<br />

cadre très ordonné d’un classement <strong>de</strong>s sources qui se<br />

partagerait entre les sources d’origine mécanique, les<br />

sources <strong>sonores</strong> révélant la présence humaine (pas, voix…)<br />

<strong>et</strong> les sources <strong>sonores</strong> révélant l’activité humaine (bruit <strong>de</strong>s<br />

loisirs, les commerces…). Autre évi<strong>de</strong>nce, ces sources seront<br />

classées suivant leur pertinence par rapport aux données<br />

perceptives obtenues dans le registre <strong>de</strong> l’appréciation<br />

qualitative. De fait, c’est avant tout ce type d’enseignement<br />

qui est recherché à travers ce travail. Enfin, les sources<br />

seront aussi classifiées à la lumière <strong>de</strong>s relations<br />

qu’entr<strong>et</strong>iendront, dans c<strong>et</strong>te recherche, la <strong>de</strong>scription<br />

physique <strong>de</strong>s sources <strong>et</strong> leur appréciation qualitative.<br />

Une fois encore, rappelons qu’une telle démarche pourrait<br />

contribuer à l’émergence d’une métho<strong>de</strong> à fort pouvoir<br />

systématisant, susceptible d’être appliquée dans d’autres<br />

quartiers, d’autres villes <strong>et</strong> d’autres cultures. À terme,<br />

c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> pourrait perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> déduire la qualité<br />

d’une ambiance urbaine, <strong>de</strong>s activités qui s’y déroulent ou<br />

<strong>de</strong>s sources qui s’y font entendre. Ou servir à sensibiliser les<br />

différents “compositeurs” d’une ambiance sonore à leur<br />

poids relatif dans l’appréciation qualitative <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière.<br />

Classification <strong>de</strong> l'influence relative <strong>de</strong>s paramètres physiques affectant les<br />

conditions <strong>de</strong> propagation à gran<strong>de</strong> distance<br />

Fabrice Junker (EDF)<br />

Ce proj<strong>et</strong> a été mis en place dans le sillage d’une<br />

collaboration amorcée au sein du GDR “bruit <strong>de</strong>s<br />

transports”. Il réunit quatre partenaires : EDF, la SNCF, le<br />

Laboratoire <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées, <strong>et</strong> l’École centrale <strong>de</strong><br />

Lyon. Son but : réaliser une étu<strong>de</strong> approfondie, sur un cas<br />

concr<strong>et</strong>, <strong>de</strong> la sensibilité à certains paramètres <strong>de</strong> la<br />

propagation du bruit à gran<strong>de</strong> distance. Démarré en avril<br />

2004, ce proj<strong>et</strong> s’étend sur une durée <strong>de</strong> 24 mois.<br />

Les paramètres physiques influents<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Quels sont les phénomènes jouant un rôle dans la<br />

propagation du bruit considérés dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

étu<strong>de</strong> ? La hauteur <strong>de</strong> la source, du récepteur <strong>et</strong> la distance<br />

qui les sépare. La dissipation par absorption atmosphérique,<br />

dont la contribution sera facile à estimer (cf. norme<br />

ISO 9613). Ce paramètre est à prendre en compte dans les<br />

calculs ; il constitue même une opportunité <strong>de</strong> s’affranchir<br />

<strong>de</strong> certains calculs coûteux, notamment en haute fréquence,<br />

pour les gran<strong>de</strong>s distances. Les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> sol : hypothèse est<br />

faite d’un sol homogène, mais dont la résistance au passage<br />

<strong>de</strong> l’air est variable. Enfin, <strong>de</strong>rnier paramètre considéré, les<br />

eff<strong>et</strong>s micro-métérologiques : leur incorporation se fait au<br />

moyen <strong>de</strong> plages <strong>de</strong> profils <strong>de</strong> célérité effective, basés sur<br />

<strong>de</strong>s profils <strong>de</strong> vent <strong>et</strong> <strong>de</strong> température issus d’observations<br />

météorologiques. La turbulence atmosphérique est aussi<br />

prise en compte. L’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s obstacles, le plus souvent<br />

tridimensionnel, est en revanche mis <strong>de</strong> côté pour le<br />

moment dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>.<br />

Le déroulement <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

Quelles sont les hypothèses <strong>de</strong> travail ? Une source<br />

ponctuelle, omnidirectionnelle, dont on fera varier la<br />

hauteur ; un sol plan, homogène, en présence d’eff<strong>et</strong>s<br />

micro-métrologiques ; un récepteur, situé à une distance <strong>et</strong><br />

une hauteur variables. Quelques spectres typiques <strong>de</strong>s<br />

sources routières, ferroviaires <strong>et</strong> industrielles, une dizaine<br />

tout au plus, vont être considérés.<br />

Fait important, les plages <strong>de</strong> paramètres sont choisies <strong>de</strong><br />

telle façon qu’une précision <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> +/- 1 dB(A) soit<br />

obtenue sur l’ensemble <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> sources. Compte tenu<br />

<strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>s cas concr<strong>et</strong>s, c<strong>et</strong> ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s<br />

variations est tout à fait satisfaisant.<br />

La métho<strong>de</strong> consiste donc à définir les plages pour chaque<br />

paramètre, en cohérence les +/- 1 dB(A) <strong>de</strong> variation définis<br />

sur <strong>de</strong>s cas « enveloppe », <strong>et</strong> à réduire notablement le<br />

nombre <strong>de</strong> cas à prévoir (ou à mesurer). Deuxième acte <strong>de</strong><br />

la métho<strong>de</strong> : réaliser <strong>de</strong>s calculs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mesures définis pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong> ces plages <strong>de</strong> paramètres, <strong>et</strong> (ou) <strong>de</strong>s mesures<br />

couvrant l’ensemble <strong>de</strong>s cas possibles, <strong>de</strong> manière couplée<br />

avec <strong>de</strong>s modèles plus ou moins évolués, selon les<br />

phénomènes considérés.<br />

Les limites adoptées pour la hauteur <strong>de</strong> la source sont<br />

comprises entre 5 cm (bruit routier), <strong>et</strong> 50 m (bruit<br />

industriel). Six hauteurs <strong>de</strong> référence ont d’ores <strong>et</strong> déjà été<br />

arrêtées : 5 cm ; 1 m (hauteur équivalente côté récepteur) ;<br />

2 m ; 4 m (hauteur imposée par la directive bruit ambiant) ;<br />

10 m (hauteur intéressante pour les calculs météo) <strong>et</strong> 50 m<br />

(à compléter en interaction avec les résultats d’une étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> sensibilité réalisée pour l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> sol). Côté récepteur,<br />

les hauteurs limites sont comprises entre 1 <strong>et</strong> 10 mètres. La<br />

distance entre la source <strong>et</strong> le récepteur, elle, varie entre<br />

une vingtaine <strong>de</strong> mètres <strong>et</strong> mille mètres. Le but étant<br />

d’obtenir les classes <strong>de</strong> distance correspondant à une<br />

variation <strong>de</strong> +/- 1 dB(A), avec un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> sol <strong>de</strong> type<br />

herbeux (eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> décroissance maximum au centre du<br />

spectre <strong>et</strong> donc en dB(A)). Des gains significatifs peuvent<br />

être ainsi obtenus sur le nombre <strong>de</strong> calculs, pour peu que les<br />

paramètres soient fixés à l’avance.<br />

pour chaque tiers d’octave, le nombre <strong>de</strong> valeurs <strong>de</strong><br />

fréquence considérées pour le calcul, tout en restant<br />

compatible avec la précision <strong>de</strong> l’ordre du décibel fixée<br />

initialement. Ce principe a été validé par une étu<strong>de</strong> menée<br />

sur les phénomènes <strong>de</strong> lissage. Classiquement, l’examen <strong>de</strong><br />

la littérature montre qu’une moyenne <strong>de</strong> 10 points est<br />

considérée par tiers d’octave. Avec c<strong>et</strong>te approche<br />

optimisée, le gain sur le nombre <strong>de</strong> calculs à réaliser est<br />

d’un facteur <strong>de</strong>ux ou trois.<br />

Il en va <strong>de</strong> même pour la délimitation du domaine spatial :<br />

jusqu’à quelle fréquence <strong>et</strong> à quelle distance arrêter les<br />

calculs ? Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, l’examen <strong>de</strong>s<br />

courbes d’absorption atmosphérique suffit. Il en ressort une<br />

faible influence <strong>de</strong>s hautes fréquences à gran<strong>de</strong> distance :<br />

typiquement, à partir <strong>de</strong> 1000 mètres <strong>de</strong> distance, toutes les<br />

fréquences supérieures à 1600 Hz peuvent être négligées.<br />

Sans que l’exigence <strong>de</strong> précision <strong>de</strong> 1 dB(A) sur l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s types <strong>de</strong> sources ne soit remise en cause. C<strong>et</strong>te<br />

simplification constitue un gain sur le nombre <strong>de</strong> calculs à<br />

réaliser, gain qui, c<strong>et</strong>te fois, est <strong>de</strong> facteur 10.<br />

Pour l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> sol, phénomène sur lequel les travaux <strong>de</strong><br />

l’équipe sont moins aboutis, l’unique paramètre considéré<br />

est la résistance au passage <strong>de</strong> l’air σ. Les valeurs <strong>de</strong> σ sont<br />

comprises entre 100 kNsm - 4 (sol très absorbant) <strong>et</strong> 20 000<br />

kNsm - 4 (sol très réfléchissant). Là encore, les plages <strong>de</strong><br />

σ sont déterminées par <strong>de</strong>s calculs relativement<br />

conservatifs : un premier calcul est réalisé en conditions<br />

homogènes (calculs analytiques), puis un test <strong>et</strong> une<br />

correction éventuelle <strong>de</strong>s plages obtenues sont effectués en<br />

conditions favorables.<br />

Concernant enfin l’influence <strong>de</strong> la météorologie, le registre<br />

<strong>de</strong> vent adopté s’inscrit dans la plage <strong>de</strong> vitesses [0 ;10<br />

m/s], pour une hauteur <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 10 m. À ce sta<strong>de</strong>, il<br />

convient <strong>de</strong> considérer <strong>de</strong>s plages <strong>de</strong> profils réalistes, en<br />

termes <strong>de</strong> température notamment. Une consultation <strong>de</strong><br />

météorologues a été menée dans l’intention <strong>de</strong> définir les<br />

types <strong>de</strong> profils possibles, étant données <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

vent <strong>et</strong> d’humidité fixées. Quand bien même <strong>de</strong>s plages <strong>de</strong><br />

profils <strong>de</strong> célérité effective (lin-log) peuvent ainsi être<br />

déterminées, il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit que la direction du<br />

vent peut influer. L’influence <strong>de</strong> la turbulence n’est bien<br />

entendu pas occultée, mais faute <strong>de</strong> pouvoir mener <strong>de</strong>s<br />

calculs pour chaque valeur <strong>de</strong> ce paramètre, on s’en tiendra<br />

à <strong>de</strong>s ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur s’appuyant sur <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong><br />

diffusion simplifiés, associés à quelques calculs <strong>de</strong> référence<br />

avec l’équation parabolique.<br />

Enfin, la limite basse associée aux niveaux calculés est fixée<br />

à 25 dB(A), soit le bruit résiduel propre à une zone assez<br />

calme. Pour ce faire, <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> bruit<br />

résiduel sont intégrés au modèle, afin <strong>de</strong> pouvoir écarter les<br />

situations qui, pour une fréquence donnée, correspondraient<br />

à un niveau inférieur à 25 dB(A).<br />

Autre choix important, la gamme <strong>de</strong> fréquence, pour les<br />

mesures comme pour les calculs, s’étend quant à elle <strong>de</strong> 50<br />

Hz à 4 kHz. Mais avec un principe systématique : optimiser,<br />

La campagne d’essai sera réalisée sur le site <strong>de</strong> recherche<br />

atmosphérique <strong>de</strong> Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Ce site<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 57


éférencé Météo France est plan, couvert <strong>de</strong> prairie <strong>et</strong><br />

balayé par <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vent assez variées, <strong>de</strong> secteur<br />

ouest ou sud préférentiellement. Cent voix acoustiques,<br />

cinquante voix <strong>de</strong> mesures météorologiques (anémomètres<br />

soniques, girou<strong>et</strong>tes, son<strong>de</strong>s thermiques) seront réparties<br />

selon les différents axes <strong>de</strong> propagations. Des mesures<br />

d’impédance <strong>de</strong> sol viendront compléter ce dispositif.<br />

Les essais à Lannemezan sont prévus pour juin 2005,<br />

l’analyse, les calculs complémentaires <strong>et</strong> la synthèse<br />

s’échelonneront jusqu’en avril 2006. Une participation au<br />

groupe <strong>de</strong> travail Afnor sur les incertitu<strong>de</strong>s est prévue. De<br />

fait, il est <strong>de</strong> l’intention <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> faire profiter au plus<br />

vite le cadre normatif <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

sensibilité.<br />

[NDLR : A l'heure où nous m<strong>et</strong>tons sous presse, certains <strong>de</strong>s chiffres présentés<br />

dans c<strong>et</strong>te synthèse ont connu <strong>de</strong> sensibles variations. Pour plus <strong>de</strong> détails, se<br />

renseigner auprès <strong>de</strong> l'auteur.]<br />

Eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la réflexion diffuse <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s sur la propagation acoustique <strong>et</strong><br />

sur la représentation <strong>de</strong> l'environnement sonore en milieu urbain<br />

Judicaël Picaut (Laboratoire central <strong>de</strong>s Ponts<br />

<strong>et</strong> Chaussées)<br />

Nous faisons ici cap sur le milieu urbain <strong>de</strong>nse, fortement<br />

construit. C’est en eff<strong>et</strong> à la compréhension <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s<br />

réflexions diffuses <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s urbaines, tant d’un point <strong>de</strong><br />

vue acoustique que sur le plan perceptif, que nous convie<br />

c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>. À l’instar du proj<strong>et</strong> présenté par Fabrice<br />

Junker, ce proj<strong>et</strong> a trouvé naissance au gré <strong>de</strong><br />

collaborations nouées au sein du GDR “bruit <strong>de</strong>s transports”.<br />

Collaborent à c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> le <strong>Centre</strong> scientifique <strong>et</strong><br />

technique du bâtiment (CSTB), l’école d’architecture <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

paysage <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux (laboratoire Greco), l’école<br />

d’architecture <strong>de</strong> Nantes (Laboratoire Cerma), sous le<br />

pilotage du Laboratoire central <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées<br />

(LCPC). Commencé en avril 2004, ce proj<strong>et</strong>, qui s’étend sur<br />

24 mois, doit prendre fin en avril 2006.<br />

Contrairement aux autres proj<strong>et</strong>s, l’équipe avait quelque<br />

peu anticipé l’obtention <strong>de</strong> ce financement. Aussi<br />

l’avancement <strong>de</strong>s travaux perm<strong>et</strong>-il d’ores <strong>et</strong> déjà <strong>de</strong><br />

présenter quelques résultats.<br />

Portée <strong>et</strong> contenu du proj<strong>et</strong><br />

En quoi ce proj<strong>et</strong> contribue-t-il aux objectifs que s’est fixé<br />

le programme Bruit <strong>et</strong> nuisances <strong>sonores</strong> ? Tout d’abord,<br />

compte tenu <strong>de</strong> l’enjeu clé que constitue la cartographie du<br />

bruit en milieu urbain, la précision <strong>de</strong>s outils reste un<br />

problème fondamental. Chacun sait en eff<strong>et</strong> que la<br />

caractérisation <strong>de</strong>s environnements <strong>sonores</strong> extérieurs est<br />

loin d’être un acte neutre sur le plan économique. D’où<br />

l’intérêt d’examiner en quoi les phénomènes <strong>de</strong> réflexion<br />

diffuse <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s peuvent influencer le cheminement <strong>de</strong><br />

l’énergie sonore à travers nos rues. Ne serait-ce que pour<br />

intégrer la notion <strong>de</strong> “forme architecturale” dans les outils<br />

d’évaluation. Au <strong>de</strong>là du seul aspect physique, l’existence<br />

d’un éventuel eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> la réflexion diffuse sur la perception<br />

est un autre axe d’investigation à ne pas négliger. Enfin,<br />

dans la perspective <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong> nouveaux outils à<br />

<strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s architectes ou <strong>de</strong>s urbanistes, une telle<br />

démarche <strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>s phénomènes, d’un point <strong>de</strong><br />

vue perceptif <strong>et</strong> physique, ne manque pas d’intérêt.<br />

été exploitées en parallèle : la métho<strong>de</strong> BEM <strong>et</strong> la métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s particules <strong>sonores</strong>.<br />

La métho<strong>de</strong> BEM offre l’avantage <strong>de</strong> pouvoir étudier <strong>de</strong>s<br />

coupes <strong>de</strong> rues en prenant en compte la géométrie réelle<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Baptisé Mikado, ce co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul développé<br />

par le CSTB se base sur les éléments <strong>de</strong> frontière pour<br />

estimer le champ sonore réfléchi par les faça<strong>de</strong>s. Différentes<br />

fréquences <strong>de</strong> source sonore peuvent être expérimentées,<br />

sources <strong>et</strong> récepteurs pouvant par ailleurs être disposés à<br />

l’envi. À titre <strong>de</strong> comparaison, les mêmes simulations sont<br />

réalisées pour une faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> référence totalement plane. À<br />

un point <strong>de</strong> réception donné, on notera, non sans intérêt,<br />

qu’entre une rue <strong>de</strong> type faça<strong>de</strong> plane <strong>et</strong> une rue aux<br />

faça<strong>de</strong>s présentant quelques irrégularités, les différences<br />

peuvent atteindre jusqu’à 10 dB. Des simulations portant sur<br />

<strong>de</strong>s cas plus “académiques” ont montré <strong>de</strong>s tendances<br />

similaires : par rapport à une faça<strong>de</strong> plane, la présence <strong>de</strong><br />

trois balcons s’est par exemple traduite par une différence<br />

<strong>de</strong> 7 à 8 dB.<br />

La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s particules <strong>sonores</strong>, une approche<br />

tridimensionnelle ayant recours au programme SPPS<br />

développé par le LCPC, perm<strong>et</strong> quant à elle <strong>de</strong> simuler,<br />

c<strong>et</strong>te fois, non pas <strong>de</strong>s géométries réelles, mais <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong><br />

réflexions arbitraires <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>. Le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul est<br />

relativement simple : une unique source ém<strong>et</strong> <strong>de</strong>s particules<br />

<strong>sonores</strong> dans différentes directions ; ces particules sont<br />

réfléchies soit <strong>de</strong> manière spéculaire (même angle pour<br />

l’on<strong>de</strong> réfléchie <strong>et</strong> l’on<strong>de</strong> inci<strong>de</strong>nte), soit <strong>de</strong> manière diffuse<br />

(cinq lois <strong>de</strong> réflexion différentes sont testées, en faisant<br />

varier l’angle <strong>de</strong> réflexion autour <strong>de</strong> la normale à la faça<strong>de</strong>).<br />

Bien sûr, l’énergie sonore subit aussi les phénomènes<br />

physiques classiques que sont l’atténuation atmosphérique<br />

<strong>et</strong> l’absorption par les parois. La métho<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> par<br />

ailleurs d’intégrer <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> réflexion semi-diffuses. De<br />

fait, tout porte à croire que la réalité <strong>de</strong>s réflexions, au gré<br />

<strong>de</strong>s irrégularités <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s, n’est pas très éloignée du<br />

comportement spéculaire. L’idée est <strong>de</strong> simuler<br />

numériquement différents types <strong>de</strong> lois <strong>et</strong> d’étudier l’eff<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> ces lois sur la propagation acoustique (niveau sonore,<br />

temps <strong>de</strong> réverbération).<br />

Après avoir mis en évi<strong>de</strong>nce d’éventuels eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la<br />

réflexion diffuse sur la propagation du bruit en faça<strong>de</strong>,<br />

l’étu<strong>de</strong> s’interroge sur les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te même réflexion<br />

diffuse sur la perception. Les efforts portent ensuite sur la<br />

formulation <strong>de</strong> lois <strong>de</strong> réflexion <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s urbaines,<br />

lesquelles sont enfin intégrées à un outil prévisionnel, au<br />

moins sous la forme d’un prototype.<br />

Réflexion diffuse <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s : eff<strong>et</strong> acoustique<br />

Dans le principe, il s’agit <strong>de</strong> simuler, dans une rue,<br />

différentes conditions <strong>de</strong> réflexion, pour ensuite calculer <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>sonores</strong> ou <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> réverbération. Pour ce<br />

faire, <strong>de</strong>ux approches <strong>de</strong> modélisation complémentaires ont<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s réflexions diffuses sur la propagation<br />

<strong>de</strong> l’énergie sonore<br />

Des différences notables apparaissent entre les différentes<br />

lois <strong>de</strong> réflexion testées : les temps <strong>de</strong> réverbérations (TR)<br />

obtenus après calcul varient dans une proportion <strong>de</strong> 1 à 6<br />

(TR=0,5 s pour la loi <strong>de</strong> réflexion dite “uniforme” [première<br />

courbe en partant du bas dans le graphe ci-<strong>de</strong>ssus] ; TR=3 s<br />

pour la loi <strong>de</strong> réflexion spéculaire [première courbe en<br />

partant du haut dans le graphe ci-<strong>de</strong>ssus]). L’examen <strong>de</strong>s<br />

courbes d’atténuation sonore aboutit aux mêmes<br />

constatations, les différences entre niveaux <strong>sonores</strong> pouvant<br />

atteindre 5 décibels.<br />

Conclusions ? La métho<strong>de</strong> BEM <strong>et</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s particules<br />

<strong>sonores</strong> indiquent toutes <strong>de</strong>ux que les conditions <strong>de</strong><br />

réflexions peuvent induire <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> niveaux<br />

<strong>sonores</strong> comprises entre 5 <strong>et</strong> 10 dB (voire même 15 dans<br />

certains cas), <strong>et</strong> se traduire par <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong><br />

réverbération loin d’être négligeables, variant <strong>de</strong> un à six.<br />

Ceci confirme qu’un outil prévisionnel se voulant réaliste ne<br />

peut s’affranchir <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> réflexion. Autre enseignement :<br />

par le seul choix <strong>de</strong>s caractéristiques architecturales <strong>de</strong>s<br />

faça<strong>de</strong>s, il est possible d’influer sur les caractéristiques<br />

acoustiques d’une rue.<br />

Réflexion diffuse <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s : eff<strong>et</strong> sur la perception<br />

L’eff<strong>et</strong> acoustique <strong>de</strong>s réflexions diffuses étant établi, il<br />

s’agit ensuite <strong>de</strong> s’intéresser à l’influence <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />

réflexion sur la perception. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>uxième phase du proj<strong>et</strong><br />

fait tout d’abord appel à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> catégorisation<br />

libre pour vérifier l’existence d’un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Les<br />

enregistrements <strong>sonores</strong> proposés à l’écoute correspon<strong>de</strong>nt<br />

à différentes configurations <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> <strong>et</strong> à différents types<br />

<strong>de</strong> rues. On propose aux personnes se prêtant au test <strong>de</strong><br />

“classer” librement les enregistrements, afin <strong>de</strong> vérifier<br />

ultérieurement si les regroupements correspon<strong>de</strong>nt ou non à<br />

<strong>de</strong>s caractéristiques communes <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Puis, la<br />

validation <strong>de</strong>s critères r<strong>et</strong>enus s’effectue au moyen <strong>de</strong><br />

questionnaires basés sur <strong>de</strong>s échelles sémantiques. Par <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s d’enquête par questionnaire, on vérifie enfin si les<br />

critères r<strong>et</strong>enus lors <strong>de</strong>s tests en laboratoire sont toujours<br />

valables in situ. À ce sta<strong>de</strong>, les autres aspects pouvant<br />

influer sur la perception, tels que les aspects visuels,<br />

pourraient être pris en compte.<br />

Formulation <strong>de</strong> lois <strong>de</strong> réflexion<br />

Le troisième acte <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> ambitionne <strong>de</strong> caractériser<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s type au moyen <strong>de</strong> lois <strong>de</strong> réflexion, afin <strong>de</strong><br />

constituer en quelque sorte une base <strong>de</strong> données<br />

architecturales pouvant être intégrées ultérieurement à un<br />

outil prévisionnel. Les lois sont établies sur la base <strong>de</strong><br />

mesures in situ ou <strong>de</strong> mesures sur maqu<strong>et</strong>tes, <strong>de</strong><br />

modélisations mathématiques <strong>et</strong> numériques, d’analyse<br />

fractale <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> potentialité <strong>de</strong> diffusion ou encore<br />

<strong>de</strong> comparaisons croisées. Il est <strong>de</strong> plus prévu <strong>de</strong> recourir à<br />

la photogrammétrie pour mieux prendre en compte la<br />

morphologie réelle <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. L’analyse<br />

photogrammétrique perm<strong>et</strong>, à partir <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> vue d’une<br />

faça<strong>de</strong>, <strong>de</strong> reconstituer une maqu<strong>et</strong>te numérique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

faça<strong>de</strong>, exploitable à différentes échelles.<br />

Intégration <strong>de</strong>s lois dans un outil opérationnel<br />

L’objectif final du proj<strong>et</strong> est d’intégrer les lois <strong>de</strong> réflexion<br />

obtenues dans un outil d’acoustique prévisionnelle tel que<br />

Mithra (CSTB), afin <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> résultats d’une précision<br />

bien plus poussée. Les résultats accumulés au gré <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

étu<strong>de</strong> serviront également à la constitution d’une base <strong>de</strong><br />

données architecturales perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> relier formes<br />

urbaines <strong>et</strong> potentialité <strong>de</strong> diffusion.<br />

Estimateur <strong>de</strong> la sonie <strong>de</strong> sons non stationnaires<br />

Jérémy Marozeau (Genesis)<br />

Ce proj<strong>et</strong> est une collaboration entre le laboratoire <strong>de</strong><br />

mécanique <strong>et</strong> d’acoustique du CNRS <strong>et</strong> la société Genesis.<br />

Préambule : la sonie en <strong>de</strong>ux mots<br />

Quel intérêt y a-t-il à étudier la sonie ? Par définition, la<br />

sonie correspond à l’intensité subjective d'un son qui fait<br />

dire que le son est fort ou faible. C<strong>et</strong>te notion compte parmi<br />

les facteurs clé pouvant influer sur la manifestation <strong>de</strong> la<br />

gêne <strong>et</strong>, partant, constitue un marqueur possible <strong>de</strong><br />

l’évaluation <strong>de</strong> la qualité sonore. Qualité perceptive oblige,<br />

la sonie ne peut être mesurée que par <strong>de</strong>s expériences<br />

psycho-acoustiques au cours <strong>de</strong>squelles il est <strong>de</strong>mandé au<br />

suj<strong>et</strong> d’évaluer, directement ou indirectement, la sonie d’un<br />

son. Ces expériences somme toute assez lour<strong>de</strong>s ont mené<br />

les chercheurs à créer <strong>de</strong>s modèles, ou <strong>de</strong>s estimateurs,<br />

conçus pour prédire le jugement. Étu<strong>de</strong>s à l’appui, on a<br />

montré que la sonie dépend avant tout <strong>de</strong> la pression du<br />

signal, mais aussi <strong>de</strong> la fréquence <strong>et</strong> <strong>de</strong> la durée du signal.<br />

Parmi les différents estimateurs rapportés dans la<br />

littérature, celui proposé par Zwicker dans les années 50 fait<br />

aujourd’hui office <strong>de</strong> norme, mais il n’est pas du tout<br />

adapté aux sons non stationnaires. D’où la vocation <strong>de</strong> ce<br />

proj<strong>et</strong> : élaborer un estimateur <strong>de</strong> sonie mieux approprié<br />

aux sons non stationnaires <strong>et</strong>, particulièrement, aux sons<br />

impulsifs.<br />

Rétrospective du proj<strong>et</strong><br />

Proposer un nouvel estimateur est une chose, en prouver la<br />

pertinence en est une autre. Encore faut-il avoir, au<br />

préalable, dressé un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s estimateurs déjà<br />

existants. Mais avant <strong>de</strong> pouvoir clamer la solidité d’un<br />

nouvel estimateur, celui doit avoir passé toute une série<br />

d’épreuves. Telle est la vocation <strong>de</strong>s expériences psychoacoustiques<br />

menées durant la <strong>de</strong>uxième phase du proj<strong>et</strong>, au<br />

cours <strong>de</strong>squelles différents types <strong>de</strong> stimuli, soit<br />

synthétiques, soit naturels, ont été recrutés. Mais avant <strong>de</strong><br />

lancer c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> campagne d’expériences psychoacoustiques,<br />

une étape préalable s’imposait, à savoir une<br />

étu<strong>de</strong> méthodologique <strong>de</strong>stinée à définir la métho<strong>de</strong> la<br />

mieux adaptée pour trouver la sonie <strong>de</strong>s sons impulsionnels.<br />

De ces quatre étapes, Jérémy Marozeau a choisi <strong>de</strong><br />

s’appesantir plus spécifiquement sur la troisième,<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s estimateurs existants.<br />

Panorama <strong>de</strong>s estimateurs <strong>de</strong> sonie existants<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 59


Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, le choix a porté sur <strong>de</strong>s estimateurs<br />

capables <strong>de</strong> calculer le niveau sonore en dB. Eu égard aux<br />

indices européens qui ont émergé ces <strong>de</strong>rniers temps, c<strong>et</strong>te<br />

particularité est en eff<strong>et</strong> avantageuse. Quel est le principe<br />

d’élaboration <strong>de</strong> tels estimateurs <strong>de</strong> type signal ? Le son<br />

passe tout d’abord à travers l’un <strong>de</strong>s trois filtres A, B <strong>et</strong> C<br />

correspondant aux trois courbes isosoniques (niveaux 40 dB,<br />

70 dB <strong>et</strong> 100 dB). Puis, l’énergie <strong>de</strong> ce son est calculée, avec<br />

trois options <strong>de</strong> temps d’intégration possibles : Slow<br />

(constante <strong>de</strong> 1 secon<strong>de</strong>), Fast (125 millisecon<strong>de</strong>s) <strong>et</strong><br />

Impulse (35 millisecon<strong>de</strong>s). Afin <strong>de</strong> représenter<br />

graphiquement le niveau sonore en fonction du temps, c’est<br />

le logarithme <strong>de</strong> l’énergie obtenue qui est considéré. Pour<br />

attribuer à ce son un niveau fixe, on fait alors le choix d’un<br />

point caractéristique <strong>de</strong> la courbe (moyenne, niveau<br />

équivalent, maximum, …). Ici, c’est le niveau maximum qui<br />

a été r<strong>et</strong>enu.<br />

Un autre estimateur a également fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

évaluation : l’estimateur normalisé ISO 532B proposé par<br />

Zwicker, principalement basé sur <strong>de</strong>s modèles perceptifs.<br />

Comment est-il élaboré ? À partir d’un son stationnaire, on<br />

effectue sa transformée <strong>de</strong> Fourier moyenne. L’énergie est<br />

ensuite regroupée par ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bark. Un coefficient A0,<br />

correspondant grosso modo à la réponse en fréquence <strong>de</strong><br />

l’oreille, est alors r<strong>et</strong>ranché. De cela, est extrait ce que<br />

Zwicker appelle la “sonie <strong>de</strong> cœur”, soit la sonie à<br />

l’intérieur d’une ban<strong>de</strong> due à l’énergie à l’intérieur même<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong>. À l’étape suivante, on extrait ce que<br />

Zwicker appelle la “sonie <strong>de</strong> flan”, soit la sonie à l’intérieur<br />

d’une ban<strong>de</strong> due à une ban<strong>de</strong> adjacente. En d’autres<br />

termes, la sonie <strong>de</strong> flan correspond à la composante prenant<br />

en compte le masquage fréquentiel. Enfin, pour obtenir une<br />

sonie unique, c’est l’intégrale <strong>de</strong> la courbe obtenue qui est<br />

considérée.<br />

Problème : la transformée <strong>de</strong> Fourier moyenne supprime<br />

toute prise en compte <strong>de</strong>s fluctuations temporelles. Or, qui<br />

dit son non stationnaire, dit fluctuations temporelles. C’est<br />

c<strong>et</strong>te carence du modèle initial qui a poussé Zwicker a<br />

proposer, en 1977, une amélioration reflétant c<strong>et</strong>te fois les<br />

fluctuations temporelles. À partir d’un son, l’évolution <strong>de</strong> la<br />

sonie en fonction du temps est calculée, à partir <strong>de</strong> la sonie<br />

<strong>de</strong> fenêtres temporelles espacées <strong>de</strong> ∆t. Divers filtres<br />

prennent également en considération le masquage temporel.<br />

Un point particulier <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te courbe est alors choisi. Ici,<br />

comme pour le niveau sonore, c’est le maximum <strong>de</strong> la<br />

courbe d’évolution <strong>de</strong> la sonie avec le temps qui est choisi.<br />

Protocole d’évaluation<br />

Face à la foule d’estimateurs existants, pour certains<br />

éminemment complexes, l’adoption d’un certain nombre <strong>de</strong><br />

critères d’évaluation s’impose. En premier lieu, dans le<br />

registre quantitatif, l’estimateur est éprouvé selon<br />

différentes expériences, avec <strong>de</strong>s stimuli <strong>et</strong> <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s<br />

différents. Ceci pour s’éviter le biais trop souvent r<strong>et</strong>rouvé<br />

dans la littérature, à savoir le manque “d’universalité” d’un<br />

estimateur uniquement testé à l’aune <strong>de</strong>s critères ayant<br />

servi à son élaboration.<br />

Au chapitre <strong>de</strong>s critères qualitatifs c<strong>et</strong>te fois, tout<br />

paramètre arbitraire est à proscrire. De plus, le protocole<br />

doit faire la part belle à une certaine pertinence perceptive<br />

<strong>et</strong> se montrer robuste vis-à-vis <strong>de</strong>s divers paramètres, tels<br />

que la fréquence d’échantillonnage.<br />

Quatre indicateurs ont, au final, été r<strong>et</strong>enus pour<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s estimateurs : M.A.R., Rmax, Rmean <strong>et</strong> Rstd.<br />

La façon la plus intuitive d’évaluer un estimateur donné est<br />

<strong>de</strong> prendre la valeur absolue <strong>de</strong> l’écart entre la mesure (le<br />

niveau d’isosonie estimé au cours d’une expérience psychoacoustique)<br />

<strong>et</strong> son calcul (le niveau d’isosonie calculé), puis<br />

<strong>de</strong> calculer une moyenne. C’est ce principe qui correspond à<br />

l’indicateur M.A.R. (pour Mean Absolute Residual).<br />

Cependant, c<strong>et</strong> indicateur présente l’inconvénient<br />

d’atténuer l’importance d’erreurs grossières. C’est la raison<br />

pour laquelle il faut également considérer l’indicateur RMax,<br />

qui correspond à la valeur absolue <strong>de</strong> l’erreur maximum.<br />

Enfin, afin <strong>de</strong> pouvoir rendre compte <strong>de</strong> l’éventualité d’une<br />

erreur systématique, il faut considérer la moyenne <strong>de</strong><br />

l’écart (Rmean) <strong>et</strong> l’écart type <strong>de</strong> l’erreur (Rstd).<br />

Résultats <strong>de</strong> l’évaluation<br />

Pour différents types <strong>de</strong> stimuli, cinq estimateurs ont été<br />

évalués selon les quatre indicateurs décrits précé<strong>de</strong>mment.<br />

Au nombre <strong>de</strong>s différents stimuli exploités, on trouve : <strong>de</strong>s<br />

sons purs à une fréquence <strong>de</strong> 1 kHz ; <strong>de</strong>s sons purs, <strong>de</strong><br />

fréquence comprise entre 125 Hz <strong>et</strong> 10,5 kHz, <strong>de</strong> durée<br />

comprise entre 10 <strong>et</strong> 500 ms, <strong>et</strong> <strong>de</strong> niveau compris entre 55<br />

<strong>et</strong> 95 dB ; <strong>de</strong>s bruits blancs <strong>de</strong> niveau 72,5 dB, <strong>de</strong> durée<br />

comprise entre 10 <strong>et</strong> 500 ms ; <strong>de</strong>s stimuli naturels<br />

stationnaires (sons <strong>de</strong> l’environnement) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s stimuli<br />

naturels non stationnaires (bruits <strong>de</strong> chantiers). Les cinq<br />

estimateurs évalués sont : le Max DBB Slow (estimateur en<br />

dB avec une fenêtre temporelle d’une secon<strong>de</strong>) ; le Max DBB<br />

Fast (fenêtre temporelle <strong>de</strong> 125 millisecon<strong>de</strong>s), le Max DBB<br />

Impulse (fenêtre temporelle <strong>de</strong> 35 millisecon<strong>de</strong>s) ; le<br />

modèle ISO S532B <strong>de</strong> Zwicker adapté à la sonie <strong>de</strong>s sons<br />

stationnaires ; le modèle <strong>de</strong> Zwicker <strong>de</strong> 1977 adapté à la<br />

sonie <strong>de</strong>s sons non stationnaires. Les trois pondérations A, B<br />

<strong>et</strong> C ont également été comparées.<br />

Conclusions<br />

Les niveaux pondérés A, B <strong>et</strong> C restent insuffisants pour<br />

estimer correctement la sonie <strong>de</strong>s sons naturels. Le<br />

temporel <strong>de</strong> Zwicker <strong>de</strong> 1977 estime correctement la sonie<br />

<strong>de</strong>s sons stationnaires mais le besoin d’un nouvel estimateur<br />

adapté aux sons impulsionnels est confirmé. C’est<br />

précisément l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière étape <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong>, qui<br />

est en cours.<br />

Bruit <strong>et</strong> vibration <strong>de</strong>s tramways : caractérisation <strong>de</strong>s sources <strong>et</strong> évaluation<br />

<strong>de</strong> la perception<br />

Thierry Legouis (SerdB)<br />

Ce proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> recherche est mené conjointement par cinq<br />

partenaires : SerdB, l’Inr<strong>et</strong>s, l’Ecole Centrale <strong>de</strong> Nantes, la<br />

société CDM (entreprise spécialisée notamment dans la<br />

fourniture <strong>de</strong> matériel pour la pose <strong>de</strong> voies anti-vibratiles)<br />

<strong>et</strong> la Société d’économie mixte <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> la<br />

agglomération nantaise (SEMITAN), qui gère le tramway<br />

nantais. L’étu<strong>de</strong> ayant démarré au début 2005, les résultats<br />

communiqués ici sont issus d’étu<strong>de</strong>s antérieures.<br />

L’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> est d’évaluer l’intérêt d’intégrer, dans<br />

les <strong>de</strong>scripteurs acoustiques <strong>de</strong> la gêne instantanée, la<br />

contribution <strong>de</strong>s différentes sources <strong>de</strong> bruit élémentaires<br />

que sont le roulement, la motorisation, les équipements<br />

électriques <strong>et</strong> le bruit solidien. Deuxième objectif <strong>de</strong> ce<br />

proj<strong>et</strong> résolument tourné vers l’opérationnel : formuler <strong>de</strong>s<br />

recommandations quant à l’usage <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>scripteurs pour<br />

les futurs exploitants.<br />

On déplore un manque criant <strong>de</strong> recommandations en<br />

matière d’étu<strong>de</strong>s d’impacts <strong>de</strong>s tramways. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


transport est pour l’heure traité comme une voie routière,<br />

c’est-à-dire sur un principe <strong>de</strong> bruit moyen intégré sur une<br />

pério<strong>de</strong> diurne (6h-22h) ou nocturne (22h-6h). Or, chacun<br />

sait que le bruit <strong>de</strong>s tramways, sans être un bruit purement<br />

impulsionnel, est d’apparition intermittente, qui se déroule<br />

sur 10 à 30 secon<strong>de</strong>s tout au plus. Face à l’incapacité <strong>de</strong>s<br />

indices moyens <strong>de</strong> caractériser c<strong>et</strong>te source particulière, il<br />

est apparu essentiel <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong> nouveaux indicateurs<br />

acoustiques (émergence lors du passage du premier « tram »<br />

du matin par exemple).<br />

Le bruit perçu à proximité d’une voie <strong>de</strong> tramway est<br />

constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux composantes : le bruit aérien, émis<br />

directement dans l’air par le tramway, <strong>de</strong> spectre plutôt<br />

centré sur les fréquences médiums, assez comparable à un<br />

bruit routier ; le bruit solidien, qui se propage par la mise en<br />

vibration <strong>de</strong>s structures, <strong>et</strong> qui renforce les fréquences<br />

graves — à tel point qu’on le nomme “bruit <strong>de</strong> gron<strong>de</strong>ment”.<br />

Il est souvent peu aisé <strong>de</strong> distinguer les contributions<br />

respectives <strong>de</strong> ces composantes dans le bruit du tramway<br />

perçu dans les habitations. C’est donc une <strong>de</strong>s ambitions <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> que <strong>de</strong> progresser dans la compréhension <strong>de</strong><br />

l’origine réelle <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> bruit.<br />

Une fois le bruit émis, la morphologie urbaine influe<br />

gran<strong>de</strong>ment sur la propagation, sans oublier que le bruit<br />

perçu chez les riverains est, quant à lui, lié aux<br />

caractéristiques du bâtiment (notamment <strong>de</strong>s ouvertures).<br />

En d’autres termes, étudier le bruit à <strong>de</strong>ux mètres à<br />

l’extérieur <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s sans considérer l’isolement <strong>de</strong> cellesci<br />

<strong>et</strong> les caractéristiques du bâtiment, ne peut donner une<br />

idée satisfaisante du bruit perçu par les riverains <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

gêne éventuelle ressentie.<br />

Pour déterminer expérimentalement le bruit d’un tramway,<br />

les techniques d’antenne acoustique perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> simuler<br />

<strong>de</strong>s microphones directionnels visant en permanence les<br />

sources <strong>sonores</strong> du tramway, comme si le tramway était<br />

immobile. Ces techniques perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> déterminer, par<br />

exemple, l’influence <strong>de</strong> chaque bogie <strong>et</strong> <strong>de</strong> savoir si les<br />

bogies moteurs, situés aux extrémités, font plus <strong>de</strong> bruit que<br />

les bogies intermédiaires. Avec son approche à <strong>de</strong>ux<br />

dimensions, s’intéressant à la fois au bruit <strong>de</strong> roulement <strong>et</strong><br />

aux sources en toiture, c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> prom<strong>et</strong> <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong><br />

précieux enseignements.<br />

Le vol<strong>et</strong> psychosociologique<br />

Le proj<strong>et</strong>, qui s’étend sur 24 mois, consistera dans un<br />

premier temps, sur 6 à 8 mois, à l’étu<strong>de</strong> in situ <strong>de</strong> la<br />

perception du tramway. Une enquête par questionnaire sera<br />

menée auprès <strong>de</strong> 300 à 500 riverains. Des mesures<br />

acoustiques, complétées par <strong>de</strong>s simulations, viendront<br />

compléter les données recueillies.<br />

Le vol<strong>et</strong> acoustique<br />

Le <strong>de</strong>uxième vol<strong>et</strong> du proj<strong>et</strong>, dans un registre plus physique,<br />

s’attachera à modéliser les phénomènes acoustiques en<br />

présence. Seront précisées la nature <strong>et</strong> les caractéristiques<br />

(puissance, directivité) <strong>de</strong>s bruits émis par le tramway<br />

susceptibles d’affecter les riverains. Pour déterminer le<br />

niveau <strong>de</strong>s sources liées aux roulements, il sera fait appel à<br />

une technique d’antenne microphonique. Jusqu’ici utilisée<br />

en mo<strong>de</strong> 1D seulement, c<strong>et</strong>te technique est ici étendue à<br />

<strong>de</strong>ux dimensions. Sera également mise à profit une<br />

technique <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> la puissance rayonnée à<br />

travers un <strong>de</strong>mi cylindre, en trois sites différents, afin <strong>de</strong><br />

caractériser la puissance <strong>et</strong> la directivité <strong>de</strong>s source <strong>sonores</strong>.<br />

Une fois ces travaux réalisés, <strong>de</strong>s modèles viendront étayer<br />

l’estimation du bruit du tramway en milieu urbain, dans une<br />

rue en U.<br />

Les sources <strong>sonores</strong> aériennes<br />

Parmi les sources <strong>sonores</strong> aériennes propres au tramway, le<br />

contact roue-rail tient évi<strong>de</strong>mment un rôle <strong>de</strong> premier plan,<br />

mais on ne négligera pas pour autant d’autres sources plus<br />

méconnues, comme les équipements <strong>de</strong> toiture tels que la<br />

climatisation, par exemple. Ces sources viennent se<br />

superposer, <strong>de</strong> manière plus ou moins perceptive, suivant la<br />

vitesse du tramway <strong>et</strong> l’endroit où se situe le récepteur.<br />

D’autres sources existent : bruits électriques, systèmes<br />

pneumatiques <strong>de</strong>s portes, cloch<strong>et</strong>te d’avertissement, voix<br />

humaines en station… Enfin, s’ajoutent aussi les appareils <strong>de</strong><br />

voies <strong>et</strong> les croisements, sources <strong>de</strong> bruit potentiellement<br />

très gênantes. Le bruit <strong>de</strong> roulement dépend bien sûr <strong>de</strong>s<br />

surfaces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s rugosités entre le rail <strong>et</strong> la roue, mais<br />

également du type <strong>de</strong> revêtement (gazon, béton, enrobé,<br />

pavé, ballast), du type <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> voies <strong>et</strong> du profil en long<br />

(montée ou <strong>de</strong>scente). Grâce à sa porosité, le ballast offre<br />

<strong>de</strong>s possibilités d’absorption représentant un gain <strong>de</strong> 2 à 3<br />

dB(A). Le gazon, en plus <strong>de</strong> son aspect esthétique très<br />

apprécié, perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong>de</strong>s gains <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 4 à 5<br />

dB(A).<br />

Exemple <strong>de</strong> mesures par antenne 1D (document INRETS)<br />

Concernant maintenant l’influence <strong>de</strong> la vitesse sur le bruit,<br />

au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 10 km/h, celui-ci suit une loi à peu près<br />

logarithmique : il est principalement dû au roulement. En<br />

revanche, en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vitesse, le bruit diminue moins<br />

vite en raison <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s autres sources. D’où<br />

l’importance <strong>de</strong> prendre ces bruits en compte, à travers une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> gêne <strong>et</strong> dans les modèles <strong>de</strong> simulations. Ce qui<br />

n’a encore jamais été fait.<br />

Le vol<strong>et</strong> vibrations<br />

L’objectif est <strong>de</strong> définir une méthodologie perm<strong>et</strong>tant<br />

d’estimer les vibrations <strong>et</strong> le bruit <strong>de</strong> gron<strong>de</strong>ment émis au<br />

passage d’une rame dans une rue située à proximité d’une<br />

voie. Une tâche complexe qui nécessite plusieurs étapes. Il<br />

faut tout d’abord déterminer les efforts injectés dans le rail.<br />

Puis, déterminer comment ces efforts vibratoires transitent<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 61


à travers la plate-forme pour atteindre le sol ; différents<br />

types <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> voie sont à envisager ici. Ensuite, vient le<br />

calcul <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> propagation. Enfin, on étudie le<br />

couplage entre le sol <strong>et</strong> le bâtiment, ainsi que la génération<br />

du bruit <strong>de</strong> gron<strong>de</strong>ment.<br />

Pour aboutir à quelque chose <strong>de</strong> représentatif, il faudra sans<br />

doute développer un certain nombre <strong>de</strong> modèles. Pour<br />

l’heure, en revanche, rien ne perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> connaître le niveau<br />

<strong>de</strong> précision qui sera atteint au final.<br />

Les vibrations<br />

Pour faire bref, on distingue trois manières <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s<br />

voies. Avec la pose classique, le rail est fixé rigi<strong>de</strong>ment sur<br />

le sol par <strong>de</strong>s traverses, ce qui revient à une fixation directe<br />

dans le sol. La pose intermédiaire, dite à “-10 dBv”, consiste<br />

à intercaler un élément souple entre le rail <strong>et</strong> le sol. Que<br />

celui-ci se situe directement sous le rail ou sous la traverse,<br />

le gain avoisine les 10 dBv. La pause sur dalle flottante,<br />

enfin, repose sur le principe <strong>de</strong> la désolidarisation <strong>de</strong> la voie<br />

par rapport au sol : le rail est fixé rigi<strong>de</strong>ment sur une dalle<br />

lour<strong>de</strong>, massive, en béton armé, laquelle repose elle-même<br />

sur <strong>de</strong>s plots en élastomère. Le gain : 20 dBv.<br />

Dans le principe, le choix du type <strong>de</strong> pose dépend <strong>de</strong> la<br />

proximité <strong>de</strong>s bâtiments, les poses sophistiquées étant<br />

réservées aux cas les plus défavorables. Mais les règles<br />

guidant ces choix restent aujourd’hui extrêmement<br />

empiriques : à moins <strong>de</strong> 7 m d’une habitation, on utilise une<br />

dalle flottante ; entre 7 <strong>et</strong> 12 m, on adopte la pose<br />

intermédiaire ; au <strong>de</strong>là, on pose <strong>de</strong> manière classique. Ainsi,<br />

faute <strong>de</strong> modèle <strong>de</strong> prédiction ad hoc, on prend souvent trop<br />

<strong>de</strong> précautions, ce qui coûte cher à l’arrivée.<br />

De plus, le choix du type <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> voie n’est pas sans<br />

conséquence sur le bruit aérien. En eff<strong>et</strong>, lorsqu’un rail est<br />

posé sur <strong>de</strong>s patins souples, les vibrations engendrées par le<br />

passage <strong>de</strong>s tramways se propagent plus longtemps <strong>et</strong> plus<br />

loin, ce qui augmente le bruit émis. A contrario, lorsque le<br />

rail est fixé rigi<strong>de</strong>ment, ce phénomène reste très limité <strong>et</strong> le<br />

bruit généré au passage diminue. Ce que l’on peut gagner<br />

d’un côté, on peut le perdre d’un autre.<br />

Synthèse<br />

Dernier acte <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong>, la synthèse tentera <strong>de</strong> répondre<br />

aux <strong>de</strong>ux objectifs déjà mentionnés : m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les<br />

situations susceptibles <strong>de</strong> créer une gêne chez les riverains ;<br />

en déduire <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong>vant perm<strong>et</strong>tre aux<br />

déci<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> mieux intégrer la composante bruit <strong>et</strong><br />

vibrations dans leurs décisions.<br />

Les phénomènes physiques à la base <strong>de</strong> la génération du<br />

bruit sont variés <strong>et</strong> complexes. Pour l’heure, les<br />

connaissances se résument à quelques tendances : à faible<br />

vitesse, les sources <strong>sonores</strong> situées en toiture sont les plus<br />

importantes ; à vitesse plus élevée, domine le bruit <strong>de</strong><br />

roulement ; le type <strong>de</strong> revêtement <strong>et</strong> le type <strong>de</strong> pose<br />

influent à la fois sur le bruit aérien <strong>et</strong> sur le bruit solidien.<br />

Débat<br />

Optimisation <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s : <strong>et</strong> l’absorption ?<br />

Le débat a tout d’abord permis <strong>de</strong> clarifier la portée <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> présentée par Judicaël Picaut sur la réflexion diffuse<br />

<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Il faut tout d’abord gar<strong>de</strong>r à l’esprit que c<strong>et</strong>te<br />

étu<strong>de</strong> avait pour unique ambition d’explorer les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la<br />

réflexion diffuse. Dans le modèle, les faça<strong>de</strong>s sont<br />

constituées <strong>de</strong> béton <strong>et</strong> <strong>de</strong> vitres, excluant donc toute prise<br />

en compte du phénomène d’absorption. Bien entendu, dans<br />

une démarche d’optimisation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>, ce <strong>de</strong>rnier<br />

paramètre, qui influe sur la réverbération, doit être<br />

considéré. En tout état <strong>de</strong> cause, les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> sur<br />

la réflexion diffuse n’étaient pas, à la date <strong>de</strong> ces assises,<br />

directement exploitables par les architectes ou les<br />

urbanistes.<br />

À signaler, sur ce suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s géométries <strong>de</strong><br />

balcons sur la propagation sonore, un travail <strong>de</strong> thèse que<br />

l’on doit à Hany Hossam-el-Dien (Cerma) : ce travail s’est<br />

concentré sur les gains d’atténuation apportés par la<br />

géométrie <strong>de</strong>s balcons, notamment sur <strong>de</strong>s hauteur<br />

importantes, <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> dix étages.<br />

Pourquoi les efforts, sur le plan <strong>de</strong> l’architecture extérieure,<br />

portent-ils essentiellement sur la géométrie <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s, <strong>et</strong><br />

non pas sur leurs coefficients d’absorption ? Les matériaux<br />

absorbants <strong>de</strong> type fibreux ou poreux posent un véritable<br />

problème d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> <strong>de</strong> dégradation. Les architectes<br />

savent bien que la pierre calcaire doit être rénovée tous les<br />

dix ans.<br />

Les témoignages ont confirmé que l’hypothèse <strong>de</strong> la<br />

réflexion diffuse, ou tout au moins une certaine forme <strong>de</strong><br />

diffusion, était ce qui convenait le mieux à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong><br />

la réalité du “comportement sonore” <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s d’une rue,<br />

surtout dans les fréquences médiums <strong>et</strong> aigues.<br />

Les valeurs obtenues par J. Picaut au moyen <strong>de</strong> son modèle<br />

<strong>de</strong> réverbération ont montré une forte sensibilité aux<br />

différentes lois <strong>de</strong> réflexions testées. Une explication à<br />

cela : le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calculs basé sur les particules <strong>sonores</strong> est<br />

fortement lié au nombre <strong>de</strong> particules qui sont insérées dans<br />

le milieu considéré. Fait important, pour s‘assurer <strong>de</strong> la<br />

validité <strong>de</strong>s résultats, un travail préliminaire d’optimisation<br />

<strong>de</strong>s paramètres du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul (pas <strong>de</strong> temps, nombre <strong>de</strong><br />

mailles, nombre <strong>de</strong> particules) <strong>et</strong> <strong>de</strong> validation <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> calcul a été mené préalablement à l’exploitation du<br />

modèle. Les résultats préliminaires ont été comparés à <strong>de</strong>s<br />

données issues <strong>de</strong> la littérature basées sur l’utilisation<br />

d’autres outils <strong>de</strong> simulations.<br />

Propagation à gran<strong>de</strong> distance : où s’arrêter,<br />

tant en distance qu’en fréquence ?<br />

La présentation <strong>de</strong> Fabrice Junker sur la propagation à<br />

gran<strong>de</strong> distance a soulevé une question relative aux limites<br />

adoptées pour l’étu<strong>de</strong>, tant en distance — pourquoi 1<br />

km seulement ? — qu’en fréquence — pourquoi se limiter à<br />

50 Hz ? En eff<strong>et</strong>, dans le domaine éolien notamment, l’étu<strong>de</strong><br />

d’impact doit porter sur <strong>de</strong>s distances bien plus élevées <strong>et</strong><br />

tenir compte <strong>de</strong>s très basses fréquences. Comment donc se<br />

justifie ce seuil <strong>de</strong>s 1 km adopté par l’équipe <strong>de</strong> recherche ?<br />

Tout d’abord par le niveau <strong>de</strong> précision visé : au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

1000 mètres, les prévisions sont immanquablement<br />

entachées d’une forte variabilité. Ensuite, avec les<br />

équations paraboliques, qui dit plus gran<strong>de</strong> distance, dit<br />

augmentation <strong>de</strong>s tailles <strong>de</strong> maillage <strong>et</strong> <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong><br />

calculs. En outre, l’un <strong>de</strong>s credo associé à c<strong>et</strong>te démarche,<br />

c’est qu’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sensibilité jusqu’à 1000 m contribuera<br />

déjà largement à améliorer la connaissance du<br />

comportement d’un nombre substantiel <strong>de</strong> paramètres. Il ne<br />

faut pas non plus perdre <strong>de</strong> vue que l’un <strong>de</strong>s buts poursuivis<br />

à travers ce proj<strong>et</strong>, c’est aussi d’alimenter le travail mené<br />

par les comités <strong>de</strong> normalisation. Enfin, dans les très basses<br />

fréquences, 20 Hz par exemple, les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> sol <strong>et</strong> autres<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


éléments susceptibles <strong>de</strong> perturber la propagation sont bien<br />

moins prégnants. Dès lors, une approche plus élémentaire<br />

autorisera sans doute une estimation correcte à 20 Hz <strong>et</strong>,<br />

par exemple, 2 km. Et puis, s’agissant ici <strong>de</strong> prévisions en<br />

dB(A), les très basses fréquences sont n<strong>et</strong>tement atténuées<br />

par le filtre.<br />

Dans ce débat, on s’est ensuite interrogés sur la crédibilité<br />

d’une précision au décibel près, concernant les mesures in<br />

situ. Premier élément <strong>de</strong> réponse, les sources stables<br />

disponibles aujourd’hui, telles que celle utilisée sur le site<br />

<strong>de</strong> Lannemezan (étu<strong>de</strong> présentée par F. Junker), même sur<br />

une durée <strong>de</strong> trois semaines, sont précises à 1 ou 2 dB près.<br />

Deuxième élément à prendre en compte : grâce à <strong>de</strong>s micros<br />

<strong>de</strong> référence placés en champ proche <strong>de</strong> la source,<br />

d’éventuelles variations <strong>de</strong> la source peuvent être<br />

i<strong>de</strong>ntifiées <strong>et</strong> répercutées sur les autres capteurs. À<br />

Lannemezan, seules les conditions météo sont susceptibles<br />

d’occasionner <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 15 ou 20 dB(A).<br />

À quand la sonie <strong>de</strong> Zwicker dans les étu<strong>de</strong>s<br />

d’impact ?<br />

Prenant appui sur la présentation <strong>de</strong> Jérémy Marozeau sur<br />

les estimateurs <strong>de</strong> sonie appliqués aux bruits non<br />

stationnaires, la discussion s’est ensuite attachée à rem<strong>et</strong>tre<br />

en cause l’hégémonie <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> niveau moyen <strong>et</strong> du<br />

dB(A). À c<strong>et</strong> égard, la sonie pourrait constituer une <strong>de</strong>s voies<br />

possibles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> nouveaux indicateurs qualitatifs.<br />

Le problème avec les indicateurs tels que le L Aeq , c’est qu’ils<br />

ne perm<strong>et</strong>tent pas <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> différence entre <strong>de</strong>ux sons <strong>de</strong><br />

nature différente. Prenons pour exemple un son pur <strong>et</strong> un<br />

bruit blanc, <strong>de</strong> même L Aeq : certains suj<strong>et</strong>s pourraient<br />

percevoir l’un <strong>de</strong> ces sons comme étant <strong>de</strong>ux fois, voire<br />

quatre fois plus fort, que l’autre. Quant au dB(A), il<br />

correspond à une pondération pour les niveaux faibles, <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 40 dB, alors quid <strong>de</strong> son sens pour <strong>de</strong>s niveaux<br />

voisins <strong>de</strong> 110 ou 120 dB ?<br />

C<strong>et</strong>te mise au point a servi <strong>de</strong> point <strong>de</strong> départ à une idée qui<br />

a semblé faire l’unanimité parmi l’assemblée : l’avantage<br />

qu’il y aurait, en matière <strong>de</strong> recherche sur le bruit, à<br />

accor<strong>de</strong>r davantage <strong>de</strong> place aux sciences sociales <strong>et</strong> aux<br />

sciences humaines. En eff<strong>et</strong>, pour ses tenants, ce<br />

renversement <strong>de</strong> perspective perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> mieux explorer<br />

les déterminants <strong>de</strong> la gêne <strong>et</strong> constituerait un terrain<br />

propice à l’émergence d’indicateurs qualitatifs<br />

complémentaires <strong>de</strong>s critères acoustiques.<br />

Oui à l’incertitu<strong>de</strong>, mais à qui doit-elle<br />

profiter ?<br />

Si l’on pourrait être tentés <strong>de</strong> généraliser les mesures par<br />

ban<strong>de</strong>s d’octave à l’ensemble <strong>de</strong> la réglementation, certains<br />

considèrent que l’incertitu<strong>de</strong> associée à ce type <strong>de</strong> mesures<br />

par découpage fréquentiel, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 dB, risque <strong>de</strong><br />

compliquer passablement le contrôle <strong>de</strong> conformité. Pour<br />

d’autres, il faudrait au contraire ancrer l’incertitu<strong>de</strong> au<br />

cœur <strong>de</strong> l’acoustique, <strong>de</strong>s mesures, étu<strong>de</strong>s d’impact<br />

comprises. Ce qui, soit dit en passant, perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong><br />

dépasser le cadre restrictif du dB(A). Qui plus est, certains<br />

spécialistes n’hésitent pas à voir dans l’usage du dB(A) une<br />

manifestation <strong>de</strong> la réticence <strong>de</strong>s pouvoirs publics à<br />

considérer l’incertitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> la controverse, notamment<br />

scientifique, comme un élément productif, tant<br />

politiquement que socialement. Mais la critique s’adresse<br />

aussi aux scientifiques : à eux <strong>de</strong> faire en sorte <strong>de</strong> dépasser<br />

leurs clivages particularistes, afin <strong>de</strong> favoriser<br />

l’interdisciplinarité.<br />

Approfondissant le débat, certains ont rappelé que seul le<br />

cumul <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types d’incertitu<strong>de</strong>, statistique <strong>et</strong><br />

systématique, donnera accès à l’incertitu<strong>de</strong> réelle, <strong>de</strong><br />

terrain. Autrement dit, se borner à la seule incertitu<strong>de</strong> liée<br />

à la métrologie, s’en tenir aux 3 dB stipulés dans le texte<br />

officiel, c’est avoir une vision tronquée <strong>de</strong> la réalité. Mais il<br />

faut gra<strong>de</strong>r à l’esprit que les lois <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong><br />

l’énergie acoustique dépen<strong>de</strong>nt tellement <strong>de</strong>s conditions<br />

météorologiques qu’il est très difficile <strong>de</strong> les traduire au<br />

plan réglementaire en un texte d’une loyauté irréprochable.<br />

Le débat <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> soulève donc le besoin <strong>de</strong> fournir<br />

<strong>de</strong>s efforts sur le plan technique, afin d’améliorer notre<br />

capacité à évaluer l’incertitu<strong>de</strong>. Mais certains ont aussi<br />

voulu voir dans ce débat une question <strong>de</strong> société. Dans la<br />

législation, peu importe qu’une incertitu<strong>de</strong> soit associée aux<br />

mesures, dès l’instant que la règle soit définie clairement.<br />

Mais, dès lors, il reste à préciser à qui, au faible ou au fort,<br />

au citoyen ou à la puissante industrie, l’incertitu<strong>de</strong> doit<br />

profiter. Et c’est à la société, <strong>et</strong> non aux acousticiens, <strong>de</strong><br />

désigner le faible.<br />

Pour ne prendre que l’exemple <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s d’octave, il<br />

semble que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s s’imposent pour déterminer <strong>de</strong>s<br />

seuils <strong>de</strong> gêne potentielle réalistes. Alors que sont<br />

aujourd’hui appliqués <strong>de</strong>s seuils qui n’ont pour seule<br />

justification <strong>de</strong>s considérations physiques du doublement <strong>de</strong><br />

l’énergie.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 63


Atelier<br />

<strong>Nuisances</strong> <strong>sonores</strong> aéroportuaires<br />

Atelier animé par Monique Vern<strong>et</strong> (Acnusa)<br />

Introduction<br />

Monique Vern<strong>et</strong> (membre <strong>de</strong> l’Acnusa)<br />

Nous tâcherons, dans c<strong>et</strong> atelier, d’allouer un maximum <strong>de</strong><br />

temps à la discussion, puisque la vocation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te table<br />

ron<strong>de</strong> est bien d’abor<strong>de</strong>r ces différents thèmes sous la forme<br />

d’un débat le plus ouvert possible. La première présentation<br />

est proposée par Janine Le Floch-Fournier concernant les<br />

plans <strong>de</strong> gêne sonore <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s nouveaux<br />

indicateurs.<br />

Les plans <strong>de</strong> gêne sonore <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s nouveaux indicateurs<br />

Janine Le Floch-Fournier (Acnusa)<br />

Quand l’autorité <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong><br />

aéroportuaires (Acnusa) a recommandé que l’indice servant<br />

à la cartographie soit le L <strong>de</strong>n , intuitivement, nous nous<br />

attendions à que cela élargisse les zones du plan<br />

d’exposition au bruit (PEB). Fin 2004, les plans <strong>de</strong> gêne<br />

sonore (PGS) étant, pour la plupart, terminés, nous<br />

disposions <strong>de</strong>s éléments nécessaires pour établir une<br />

comparaison, pour chaque aéroport, entre le tracé du PEB,<br />

l’ancien <strong>et</strong> le nouveau tracé du PGS. Une première <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

a consisté à vouloir recalculer un indice psophique a<br />

posteriori, à l’ai<strong>de</strong> du logiciel INM, sur la base <strong>de</strong>s données<br />

<strong>de</strong> 2002-2003. Personne ne pouvant plus faire cela, nous<br />

avons entamé un autre travail, la comparaison <strong>de</strong>s données,<br />

pour chacune <strong>de</strong>s plateformes, ayant servi à bâtir le PGS<br />

avec l’indice psophique. Quelles étaient les données<br />

relatives aux avions, aux mouvements, aux utilisations <strong>de</strong><br />

pistes, qui ont servi <strong>de</strong> base au calcul <strong>de</strong> l’indice psophique<br />

en 2000 <strong>et</strong> quelles étaient ces mêmes données en 2002-<br />

2003 ? Une telle comparaison perm<strong>et</strong>tait d’observer à la fois<br />

l’eff<strong>et</strong> du L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> celui du niveau recommandé par l’autorité.<br />

Il est bien entendu que ce niveau n’est pas optimal : en<br />

eff<strong>et</strong>, dans certains cas, la zone 2 du PGS se confond avec la<br />

zone B du PEB, qui pourrait être plus élargie. C<strong>et</strong>te<br />

observation laisse à penser que, lorsque tous les PEB auront<br />

été adoptés, <strong>de</strong>s possibilités d’élargissement se<br />

présenteront. Le document que nous avons réalisé, qui<br />

présente les PGS <strong>de</strong>s dix principaux aéroports (sauf celui <strong>de</strong><br />

Nantes, qui a directement adopté le L <strong>de</strong>n , la comparaison<br />

n’avait donc aucune utilité), a donc une vocation<br />

pédagogique, c’est pour cela qu’il se présente sous forme<br />

d’un présentoir portatif. Il sera adressé à tous les titulaires<br />

<strong>de</strong>s commissions consultatives <strong>de</strong> l’environnement (CCE).<br />

Hormis les cas où l’utilisation <strong>de</strong>s infrastructures a été<br />

modifiée, — je pense à Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> à Strasbourg, qui ont<br />

connu une baisse très importante du trafic —, le nouveau<br />

PGS se traduit par un n<strong>et</strong> élargissement <strong>de</strong> l’emprise<br />

territoriale <strong>de</strong>s zones. Dans la conclusion <strong>de</strong> ce document,<br />

l’Acnusa rappelle que, sur le plan objectif <strong>de</strong> la<br />

problématique — la cartographie —, l’élargissement <strong>de</strong>s<br />

zones, entre 2000 <strong>et</strong> 2004, constitue un progrès. Même s’il<br />

faut reconnaître que les PGS élargis ne résolvent pas tout,<br />

ils sont la reconnaissance d’une nuisance subie <strong>et</strong> il est<br />

important que davantage <strong>de</strong> populations bénéficient d’une<br />

ai<strong>de</strong>. Ce dispositif ne constitue pas la panacée, certaines<br />

populations situées hors PGS subissent <strong>de</strong>s nuisances,<br />

d’autres critères doivent donc émerger.<br />

L'avis du Conseil supérieur d'hygiène publique <strong>de</strong> France<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier (Direction générale <strong>de</strong> la<br />

santé, ministère <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Solidarités)<br />

Nous assistons simultanément à une hausse du trafic aérien,<br />

à un accroissement <strong>de</strong> la population survolée <strong>et</strong> à une<br />

augmentation <strong>de</strong> la sensibilité du public aux nuisances<br />

<strong>sonores</strong>. Finalement, le bruit provenant <strong>de</strong>s aéronefs, le<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


uit subi <strong>de</strong> nuit surtout, pose <strong>de</strong>s questions en termes<br />

d’acceptation par les populations mais également en termes<br />

<strong>de</strong> santé publique. Le Conseil supérieur d'hygiène publique<br />

<strong>de</strong> France (CSHPF), instance consultative à caractère<br />

scientifique <strong>et</strong> technique placée auprès du ministre chargé<br />

<strong>de</strong> la santé, a donc souhaité ém<strong>et</strong>tre un avis relatif à la<br />

protection <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong>s personnes exposées au bruit <strong>de</strong>s<br />

avions.<br />

Quels sont les dangers du bruit <strong>de</strong>s avions pour les<br />

populations exposées ? En premier lieu, il faut s’intéresser à<br />

la gêne. Le graphique comparant la gêne occasionnée par la<br />

route, le train <strong>et</strong> les avions, graphique présenté ce matin<br />

par Jacques Lambert <strong>de</strong> l’Inr<strong>et</strong>s, montre qu’à niveau sonore<br />

égal, le trafic aérien est plus gênant que le trafic routier,<br />

qui est lui-même plus gênant que le trafic ferroviaire.<br />

Eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé : les pistes<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la gêne, on peut citer trois dangers, même s’il<br />

faut reconnaître que les étu<strong>de</strong>s ne vont pas toutes dans le<br />

même sens. Concernant les eff<strong>et</strong>s sur les performances<br />

scolaires, les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ten<strong>de</strong>nt, en général, à<br />

montrer une diminution <strong>de</strong>s performances scolaires dans les<br />

écoles exposées au bruit. Par exemple, le Suédois Hygge<br />

montre que l’exposition au bruit <strong>de</strong>s avions est associée à <strong>de</strong><br />

plus faibles performances cognitives <strong>et</strong> que ces<br />

performances augmentent lorsque l’exposition au bruit<br />

disparaît. Les eff<strong>et</strong>s sur la santé mentale sont notamment<br />

établis sur la base <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> prescriptions <strong>de</strong><br />

médicaments à visée neuropsychiatrique. Mais toutes les<br />

étu<strong>de</strong>s ne sont pas statistiquement significatives. Quant aux<br />

eff<strong>et</strong>s sur le système cardio-vasculaire, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, une<br />

étu<strong>de</strong> hollandaise notamment, ont montré un risque<br />

statistiquement significatif d’hypertension ; également, une<br />

étu<strong>de</strong> réalisée au moment du déménagement <strong>de</strong> l’aéroport<br />

<strong>de</strong> Munich, a montré <strong>de</strong>s variations significatives <strong>de</strong>s taux<br />

d’hormones chez les enfants.<br />

Les eff<strong>et</strong>s du bruit sur le sommeil<br />

J’en viens maintenant aux eff<strong>et</strong>s sur le sommeil, moment<br />

important qui nous est nécessaire pour récupérer <strong>de</strong><br />

l’épuisement momentané <strong>de</strong> nos capacités physiques <strong>et</strong><br />

mentales. Le bruit peut perturber le sommeil <strong>de</strong> plusieurs<br />

façons : en réduisant la durée totale du temps <strong>de</strong> sommeil,<br />

en jouant sur la latence d’endormissement, en provoquant<br />

<strong>de</strong>s réveils nocturnes prolongés ou bien en provoquant aux<br />

heures matinales un éveil prématuré non suivi<br />

d’endormissement. Les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> début <strong>et</strong> <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> nuit<br />

sont donc les plus fragiles. Si le temps <strong>de</strong> sommeil peut être<br />

perturbé dans certaines limites sans modification importante<br />

<strong>de</strong>s capacités individuelles, à plus long terme, lorsque les<br />

perturbations se répètent <strong>de</strong> manière chronique, les eff<strong>et</strong>s<br />

sont beaucoup plus critiques : fatigue chronique,<br />

somnolence, réduction <strong>de</strong> la motivation au travail, baisse<br />

<strong>de</strong>s performances, anxiété chronique, pertes <strong>de</strong> vigilance <strong>et</strong>,<br />

par conséquent, augmentation du risque d’acci<strong>de</strong>nts. Le<br />

bruit n’influe pas seulement sur la durée totale du sommeil,<br />

il a aussi <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur l’architecture du sommeil. Le<br />

sommeil est une succession <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s plus ou moins<br />

profonds, associés ou non au rêve. Si l’on considère<br />

l’hypnogramme d’une personne jeune qui bénéficie d’un bon<br />

sommeil, on distingue le “sommeil lent 1”, qui constitue une<br />

étape intermédiaire entre l’éveil <strong>et</strong> le vrai sommeil, les<br />

sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil lent profond correspondant, eux, sur c<strong>et</strong><br />

hypnogramme, aux sta<strong>de</strong>s 3 <strong>et</strong> 4. Ces sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil lent<br />

profonds interviennent notamment en début <strong>de</strong> nuit. Le<br />

sta<strong>de</strong> du sommeil paradoxal est un sta<strong>de</strong> important pour la<br />

récupération psychique du dormeur. Le bruit est donc<br />

susceptible d’entraîner une modification <strong>de</strong> l’architecture<br />

du sommeil, sans qu’il y ait forcément réveil <strong>et</strong> sans que le<br />

dormeur n’en ait conscience. L’examen <strong>de</strong> l’hypnogramme<br />

d’une personne en bonne santé soumise à un bruit d’alerte<br />

montre <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s, souvent accompagnés<br />

<strong>de</strong> mouvements corporels, changements qui se produisent au<br />

détriment <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil les plus profonds <strong>et</strong> au<br />

bénéfice <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s les plus légers, avec <strong>de</strong>s réveils. Fait<br />

important, l’habituation au bruit en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sommeil est<br />

réelle en termes <strong>de</strong> ressenti mais, en revanche, les fonctions<br />

physiologiques restent affectées par la répétition <strong>de</strong>s<br />

perturbations <strong>sonores</strong>.<br />

Démographie <strong>de</strong> la population exposée<br />

L’Acnusa a recensé 2 millions <strong>de</strong> personnes survolées à moins<br />

<strong>de</strong> 3000 mètres du fait <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux aéroports parisiens.<br />

Également, une étu<strong>de</strong> réalisée à proximité <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong><br />

Schiphol (Amsterdam) indique un impact sanitaire plus<br />

marqué dans la zone non réglementée, dû au fait que la<br />

population exposée y est plus importante. Ces informations<br />

incitent à s’intéresser à <strong>de</strong>s territoires dépassant le seul<br />

cadre <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong>s PEB <strong>et</strong> <strong>de</strong>s PGS.<br />

L’avis du Conseil supérieur d'hygiène publique <strong>de</strong> France<br />

D’une part, le CSHPF préconise d’évaluer <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer la gêne<br />

au moyen <strong>de</strong> l’indice L <strong>de</strong>n , avec pour limite L <strong>de</strong>n < 60 dB(A).<br />

D’autre part, le conseil propose d’évaluer <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer la<br />

perturbation du sommeil au moyen <strong>de</strong> l’indice intégré<br />

L Aeq (22h-6h) — critère : L Aeq (22h-6h) < 55 dB(A) — associé à un<br />

indicateur évènementiel basé sur le niveau maximum L Amax, 1s<br />

— critère : moins <strong>de</strong> 10 évènements <strong>sonores</strong> par nuit <strong>de</strong><br />

L Amax,1s > 70 dB(A). Bien que c<strong>et</strong> indice évènementiel ne<br />

fasse pas l’unanimité, en préconisant son utilisation, le<br />

CSHPF rejoint la position défendue <strong>et</strong> par l’Acnusa <strong>et</strong> par<br />

l’OMS, à savoir l’utilisation du L Amax pour protéger le<br />

sommeil. Rappelons tout <strong>de</strong> même, comme cela a été dit<br />

précé<strong>de</strong>mment, que chaque État membre est libre <strong>de</strong> faire<br />

appel à un, ou plusieurs, indicateurs événementiels pour<br />

transposer la directive 2002/49/CE. Enfin, l’utilisation <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong> indicateur évènementiel est également justifiée par une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2001 qui montre que les liens entre l’exposition au<br />

bruit <strong>de</strong>s avions <strong>et</strong> l’hypertension artérielle est mieux<br />

établie lorsque l’indicateur <strong>de</strong> bruit r<strong>et</strong>enu est le niveau<br />

sonore maximum au passage <strong>de</strong>s avions. Il convient aussi <strong>de</strong><br />

rappeler les autres recommandations émises par le CSHPF :<br />

la nécessité d’optimiser l’utilisation du ciel ; le besoin <strong>de</strong><br />

renforcer la protection au sol comme, par exemple,<br />

l’insonorisation <strong>de</strong>s bâtiments ; la nécessité d’affiner la<br />

connaissance <strong>de</strong> la situation sanitaire française résultant <strong>de</strong><br />

l’exposition au bruit <strong>de</strong>s avions. Pour m<strong>et</strong>tre en œuvre c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière recommandation, le ministère <strong>de</strong> la santé va<br />

élaborer un protocole afin <strong>de</strong> lancer, dès 2006, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

cohorte.<br />

Débat<br />

L’Acnusa prône l’égalité entre PEB <strong>et</strong> PGS.<br />

Pourquoi ?<br />

Pour l’Acnusa, la vocation du PEB est d’indiquer les zones où<br />

l’on sait qu’il va y avoir du bruit, à l’avenir. Dans ces zones,<br />

mieux vaut, dès maintenant, avoir une démarche <strong>de</strong><br />

prévention, plutôt que d’attendre cinq, dix ou quinze ans<br />

que le bruit y ait atteint <strong>de</strong>s niveaux tels qu’il faille y<br />

insonoriser les logements. Mais cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

moyens. Toutefois, la zone D du PEB, elle, soulève un<br />

certain nombre d’interrogations. Dans c<strong>et</strong>te zone, qui est<br />

assez étendue, toute construction nouvelle répond, en<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 65


principe, à <strong>de</strong>s exigences d’isolation appropriées. Peut-être<br />

faudrait-il imaginer une quatrième zone du PGS dont les<br />

contours correspondraient à la zone D du PEB. Le problème,<br />

c’<strong>et</strong> que le PEB est établi sur la base d’un horizon lointain <strong>et</strong><br />

que le PGS, lui, traduit la situation sonore actuelle : à trop<br />

vouloir élargir le PGS, on risque d’avoir <strong>de</strong>s PGS plus étendus<br />

que les PEB, car ceux-ci tiennent compte du r<strong>et</strong>rait futur <strong>de</strong>s<br />

avions les plus bruyants. C’est la raison pour laquelle les<br />

Américains ne touchent plus aux contours <strong>de</strong> bruit ; cela fait<br />

dix ou quinze ans qu’ils travaillent avec la même<br />

cartographie L dn 55, qui tient compte <strong>de</strong> l’empreinte sonore<br />

<strong>de</strong>s avions du chapitre 2. Ils savent qu’une nouvelle<br />

cartographie ne pourrait que rétrécir les contours.<br />

Les vertus d’une étu<strong>de</strong> épidémiologique<br />

Monique Vern<strong>et</strong> : J’approuve votre différenciation entre<br />

pathologies induites, eff<strong>et</strong>s cardio-vasculaires en particulier,<br />

<strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s sur le sommeil, qui sont beaucoup mieux<br />

connus, quoique <strong>de</strong> façon très factuelle. On sait les<br />

répercussions du bruit sur le sommeil, mais on a moins <strong>de</strong><br />

certitu<strong>de</strong>s sur les conséquences sur la santé, à moyen <strong>et</strong><br />

long terme, <strong>de</strong>s perturbations du sommeil. Il est vrai qu’en<br />

matière <strong>de</strong> risques <strong>de</strong> pathologies cardio-vasculaires, on est<br />

moins avancés. Je me réjouis donc <strong>de</strong> votre proposition <strong>de</strong><br />

lancer une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> type épidémiologique par cohorte. Il se<br />

trouve que c’est également là un <strong>de</strong>s soucis <strong>de</strong> l’Acnusa :<br />

mener une étu<strong>de</strong> épidémiologique qui apporterait <strong>de</strong>s<br />

connaissances plus affirmées concernant les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s bruits<br />

<strong>de</strong>s avions sur la santé <strong>de</strong>s populations riveraines. Vous avez<br />

parlé aussi du partage <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’espace aérien,<br />

ce dont nous <strong>de</strong>vrions beaucoup parler tout au long <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

réunion.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Par optimisation <strong>de</strong> l’utilisation du ciel,<br />

le CHSPF comprend le contrôle du respect <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

vols, <strong>de</strong>s manœuvres <strong>de</strong> décollage <strong>et</strong> d’atterrissage, le<br />

développement <strong>de</strong> l’intermodalité avec le réseau ferré, le<br />

renforcement <strong>de</strong>s conditions d’exploitation la nuit… ces<br />

recommandations restent très générales.<br />

Eff<strong>et</strong>s biologiques certains, eff<strong>et</strong>s sanitaires<br />

pas prouvés<br />

Guillaume Faburel : Juste une remarque. M. Grén<strong>et</strong>ier,<br />

dans son exposé, a parlé d’eff<strong>et</strong>s biologiques. Un eff<strong>et</strong><br />

biologique n’est pas forcément un eff<strong>et</strong> sanitaire <strong>et</strong> c’est là<br />

toute la difficulté que posent les eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé.<br />

L’on dispose <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>s sur le lien entre exposition au<br />

bruit — notamment aux bruits impulsionnels ou aux bruits<br />

émis <strong>de</strong> manière irrégulière — <strong>et</strong> un certain nombre d’eff<strong>et</strong>s<br />

biologiques tels que les phases du sommeil, la tension<br />

artérielle, le rythme cardiaque, les sécrétions hormonales. Il<br />

y a tout lieu <strong>de</strong> penser — mais on manque <strong>de</strong> preuves — que<br />

ces eff<strong>et</strong>s biologiques ont <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sanitaires en terme <strong>de</strong><br />

maladies chroniques ou aiguës. Depuis la plénière <strong>de</strong> ce<br />

matin <strong>et</strong> c<strong>et</strong> atelier maintenant, il est étonnant <strong>de</strong> constater<br />

que la notion <strong>de</strong> stress est absente du débat. Or, c’est pour<br />

moi un point absolument fondamental. Si le stress est une<br />

réaction physiologique normale, l’excès <strong>de</strong> stress, en<br />

revanche, a d’importants eff<strong>et</strong>s potentiels sur la santé.<br />

Enfin, selon le ressenti qu’un individu a <strong>de</strong>s décibels qu’il<br />

reçoit, les eff<strong>et</strong>s potentiels sur la santé peuvent être très<br />

différents. Le bruit doit donc être abordé <strong>de</strong> manière<br />

quantitative mais également avec une approche qualitative.<br />

Le bruit du bourdon d’une cathédrale située à 30 mètres<br />

faisant irruption dans l’espace sonore d’une chambre à<br />

coucher n’est pas forcément mal ressenti, mais quand la<br />

même irruption provient d’un avion, les eff<strong>et</strong>s sur la santé<br />

peuvent être très différents.<br />

Monique Vern<strong>et</strong> : Effectivement, la signification, les aspects<br />

qualitatifs <strong>et</strong> subjectifs, sont très importants à prendre en<br />

considération. Concernant les eff<strong>et</strong>s sur la santé, <strong>et</strong> non pas<br />

seulement les eff<strong>et</strong>s biologiques, le mystère reste encore<br />

bien gardé <strong>et</strong> c’est sûrement la question centrale <strong>de</strong>s cinq<br />

ou dix prochaines années : pouvoir apporter <strong>de</strong>s preuves<br />

tangibles <strong>de</strong> l’existence ou non d’eff<strong>et</strong>s sanitaires du bruit.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Comme l’a souligné le Dr Ritter, une<br />

modification <strong>de</strong> l’architecture du sommeil n’a pas <strong>de</strong><br />

conséquences immédiates. Cela dit, après plusieurs années<br />

<strong>de</strong> sommeil perturbé, on peut imaginer en revanche qu’il y<br />

ait <strong>de</strong>s conséquences, d’où l’idée d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cohorte,<br />

d’un suivi sur plusieurs années.<br />

De la salle : Une expérience a été menée sur <strong>de</strong>s chats :<br />

placés au milieu d’une piscine, sur un bloc <strong>de</strong> polystyrène,<br />

ils ne pouvaient pas s’allonger, mais simplement rester<br />

assis ; ainsi totalement privés <strong>de</strong> sommeil paradoxal, ces<br />

chats sont morts dans un délai d’environ <strong>de</strong>ux semaines.<br />

On ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas assez aux riverains ce<br />

qu’ils ressentent réellement<br />

Odile Salomé (Collectif contre les nuisances aériennes <strong>de</strong><br />

l’agglomération toulousaine) : Posez la question aux<br />

riverains. Eux savent ce qu’ils subissent. La perturbation du<br />

sommeil engendre un état <strong>de</strong> fatigue, <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong><br />

concentration, <strong>de</strong>s pathologies <strong>de</strong> type hypertension, <strong>de</strong>s<br />

troubles cardiaques. Cela aggrave toutes les pathologies<br />

existantes. Si quelqu’un est mala<strong>de</strong> <strong>et</strong> qu’il est renvoyé chez<br />

lui pour se reposer, il n’y a pas <strong>de</strong> repos possible sous les<br />

avions quand on vit à 6 km du point <strong>de</strong> décollage. Peut-être<br />

faut-il commencer par s’intéresser à ce que ressentent les<br />

riverains. Nous apprécions l’accueil qui nous est fait<br />

aujourd’hui mais cela reste rare. La réalité, c’est que nous<br />

sommes tous acteurs <strong>de</strong> la société <strong>et</strong> qu’il conviendrait que<br />

l’industrie du transport aérien se préoccupe davantage <strong>de</strong> ce<br />

qui se passe sous les avions. Il faudrait créer <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong><br />

riverains, à l’instar <strong>de</strong>s comités d’usagers. Et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux<br />

personnes qui vivent sous les avions ce qui les gêne le plus.<br />

Ce serait un moyen d’avancer mais cela ne semble pas dans<br />

l’air du temps.<br />

Monique Vern<strong>et</strong> : Il serait bon en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> prévoir un espace<br />

pour que les riverains <strong>de</strong>s aéroports donnent leur point <strong>de</strong><br />

vue, leur ressenti. Il en existe tout <strong>de</strong> même, mais peut-être<br />

sont-ils insuffisants, ou bien les structures existantes ne<br />

sont-elles pas bien utilisées suivant les endroits. La<br />

concertation constituera le thème central d’un certain<br />

nombre <strong>de</strong>s présentations qui vont suivre. On reparlera donc<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te question, mais c’est un point important.<br />

Janine Le Floch-Fournier : Une certaine forme <strong>de</strong> comités<br />

<strong>de</strong> riverains existe avec les commissions consultatives <strong>de</strong><br />

l’environnement (CCE). Par ailleurs, un certain nombre<br />

d’étu<strong>de</strong>s ont étudié la gêne ressentie. Je pense notamment<br />

à la gran<strong>de</strong> enquête <strong>de</strong> gêne lancée à l’initiative du<br />

ministère <strong>de</strong> l’environnement <strong>et</strong> du ministère <strong>de</strong>s transports,<br />

à travers laquelle le vécu <strong>de</strong>s populations riveraines d’Orly<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Roissy a été sérieusement exploré.<br />

Monique Vern<strong>et</strong> : Certes, on a interrogé <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />

milliers <strong>de</strong> personnes habitant près <strong>de</strong>s aéroports dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier, mais cela ne signifie pas qu’il faille s’en<br />

arrêter là. Il reste encore bien <strong>de</strong>s points à éclaircir. Il<br />

semble évi<strong>de</strong>nt qu’une personne vivant autour d’un aéroport<br />

a un ressenti concernant la qualité <strong>de</strong> son sommeil, mais,<br />

pour le mé<strong>de</strong>cin, le lien avec <strong>de</strong>s pathologies connues n’est<br />

pas forcément évi<strong>de</strong>nt. Nous pressentons tous que <strong>de</strong>s liens<br />

doivent exister <strong>et</strong> ce sont ces liens qu’il faudrait établir <strong>de</strong><br />

façon formelle.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Ces maladies n’étant pas spécifiques <strong>de</strong><br />

l’exposition au bruit, le mé<strong>de</strong>cin n’a pas forcément le<br />

réflexe <strong>de</strong> poser la question à ses patients s’ils sont soumis à<br />

un environnement sonore bruyant.<br />

Guillaume Faburel : La remarque <strong>de</strong> Mme Salomé renvoie à<br />

<strong>de</strong>ux choses : c’est une chose que d’enquêter, au sens<br />

scientifique du terme, sur la gêne ressentie, c’en est une<br />

autre que d’intégrer le ressenti dans l’élaboration <strong>de</strong>s<br />

décisions. Les commissions consultatives <strong>de</strong> l’environnement<br />

sont <strong>de</strong>s dispositifs institutionnels nécessaires, qui visent, en<br />

théorie, à prendre en compte l’avis <strong>de</strong>s populations, mais ils<br />

ne me paraissent pas, en l’état, aptes à faire figurer la<br />

question du ressenti <strong>de</strong> la gêne au premier plan <strong>de</strong>s débats.<br />

Deuxième remarque : s’agissant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong><br />

personnes enquêtées, évoquées par Mme Vern<strong>et</strong>, force est<br />

d’adm<strong>et</strong>tre, que la France est en r<strong>et</strong>ard sur la question.<br />

Contrairement à d’autres pays, tous les aéroports français<br />

n’ont pas fait l’obj<strong>et</strong> d’enquêtes <strong>de</strong> gêne. J’irai même plus<br />

loin : Orly <strong>et</strong> Roissy représentent 70% <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> gêne<br />

qui ont été menées. Ce constat effectué, il serait erroné <strong>de</strong><br />

conclure que, dans le concert <strong>de</strong>s nations sur ce suj<strong>et</strong>, la<br />

France fait figure <strong>de</strong> bon élève. En France, les enquêtes ne<br />

constituent pas un moyen <strong>de</strong> portage institutionnel qui ai<strong>de</strong><br />

les pouvoirs publics à prendre <strong>de</strong>s décisions.<br />

Aéroport <strong>de</strong> Liège, aéroport <strong>de</strong> Charleroi : une approche globale garante<br />

d'une intégration harmonieuse <strong>de</strong>s aéroports<br />

Jean-Pierre Clairbois (A-Tech SA)<br />

Lorsque le CIDB m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> présenter un article sur le<br />

vécu <strong>de</strong>s aéroports en Belgique, il était question <strong>de</strong><br />

présenter l’aéroport <strong>de</strong> Bruxelles. Il existe en Belgique <strong>de</strong>s<br />

aéroports pour lesquels la prise en compte <strong>de</strong><br />

l’environnement a été plutôt une réussite, pour lesquels il a<br />

été possible d’atteindre une situation compatible avec la<br />

gestion <strong>de</strong> l’aéroport <strong>et</strong> <strong>de</strong> son avenir. Je préfère donc<br />

parler <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux exemples positifs, à savoir les aéroports <strong>de</strong><br />

Liège <strong>et</strong> <strong>de</strong> Charleroi (Bruxelles sud).<br />

En Belgique, suivant les aéroports, les stratégies adoptées<br />

diffèrent. L’aéroport <strong>de</strong> Liège, situé à Biers<strong>et</strong>, se trouve en<br />

à 90 km <strong>de</strong> Bruxelles. Pour la protection <strong>de</strong><br />

l’environnement, on y a choisi <strong>de</strong> concentrer les trajectoires<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> compléter cela par <strong>de</strong>s actions au sol. À Bruxelles-Sud-<br />

Charleroi, aéroport situé à 40 km au sud <strong>de</strong> Bruxelles, on a<br />

également opté pour une concentration <strong>de</strong>s trajectoires <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s actions au sol. À l’aéroport <strong>de</strong> Bruxelles national, qui est<br />

situé à Zaventem, à 14 km <strong>de</strong> Bruxelles, on a, en revanche,<br />

choisi la dispersion <strong>de</strong>s trajectoires <strong>et</strong> fait actuellement<br />

l’impasse sur les actions au sol.<br />

Le cas <strong>de</strong> Liège-Biers<strong>et</strong><br />

L’aéroport <strong>de</strong> Liège est à l’origine un aéroport militaire, qui<br />

n’est ouvert au trafic civil que <strong>de</strong>puis 1976. En 1997, avec le<br />

développement du fr<strong>et</strong> nocturne, un nouveau type <strong>de</strong><br />

nuisance sonore a fait son apparition : une dizaine <strong>de</strong><br />

mouvements nocturnes tout d’abord, une quarantaine<br />

aujourd’hui. Il s’agit du hub <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> fr<strong>et</strong> TNT, un<br />

très gros hub au niveau international.<br />

Quelle stratégie environnementale a été mise en place ?<br />

Tout d’abord, un état <strong>de</strong>s lieux a été réalisé. Ensuite, un<br />

choix stratégique très important a été arrêté : concentrer<br />

les routes, les optimiser, <strong>et</strong> agir au sol. L’optimisation <strong>de</strong>s<br />

routes, s’appuyant sur <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong>s habitations <strong>et</strong> sur le<br />

recensement <strong>de</strong>s populations, avait pour objectif <strong>de</strong> réduire<br />

le nombre d’habitations gênées. Différents scénarios <strong>de</strong><br />

survol ont été établis en tenant compte, bien sûr, <strong>de</strong>s<br />

contraintes <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong> certains aspects pratiques <strong>et</strong><br />

économiques. Ont également été comparées différentes<br />

procédures à moindre bruit, toujours sous l’angle du nombre<br />

d’habitations gênées. Ce processus a <strong>de</strong>mandé une<br />

collaboration étroite <strong>de</strong> toutes les administrations, <strong>de</strong>s<br />

pilotes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s acousticiens. Pour réaliser ces plans, en 1997,<br />

l’indice L dn a été choisi, pour adopter ensuite le L <strong>de</strong>n , en<br />

2004, afin <strong>de</strong> se conformer à la directive européenne.<br />

L’optimisation concertée <strong>de</strong>s routes a abouti à une décision<br />

politique. Qui plus est, le PEB (plan d’exposition au bruit à<br />

l’horizon 2013), <strong>et</strong> le plan <strong>de</strong> développement à long terme<br />

(PDLT, à l’horizon 2020), ont été arrêtés. Le PEB, qui est<br />

inclus dans le PDLT, est réévalué tous les 3 ans, jusqu’à ce<br />

qu’on atteigne les conditions <strong>de</strong> développement à long<br />

terme, si toutefois ces conditions sont atteintes un jour. Ces<br />

plans ont servi <strong>de</strong> support à une série d’actions au sol. Des<br />

règles d’urbanisme, bien entendu, <strong>et</strong> un plan <strong>de</strong> travaux<br />

d’insonorisation. Ce <strong>de</strong>rnier dispositif est assez complexe.<br />

Dans le principe, il s’agit <strong>de</strong> limiter le niveau <strong>de</strong> bruit<br />

maximum L Amax dans les pièces <strong>de</strong> nuit à 45 dB(A) <strong>et</strong> le L Amax<br />

à l’intérieur <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> jour à 55 dB(A). Les isolements<br />

nécessaires pour améliorer l’insonorisation sont définis.<br />

L’administration, à travers la cellule EDSI, m<strong>et</strong> en place le<br />

processus : elle confie à un couple formé d’un acousticien <strong>et</strong><br />

d’un architecte l’élaboration d’un plan d’insonorisation <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s entreprises agréées Qualisound 1 sont chargées <strong>de</strong> la<br />

réalisation. Mais ce n’est pas tout : si l’on définit un<br />

isolement, il faut aussi maîtriser les niveaux maximum <strong>et</strong>,<br />

pour cela, sont établies <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> bruit autorisé au sol.<br />

Les limites sont, <strong>de</strong> jour, <strong>de</strong> L Amax 93, 88 <strong>et</strong> 83 (zones B, C <strong>et</strong><br />

D respectivement) <strong>et</strong>, <strong>de</strong> nuit, <strong>de</strong> L Amax 87, 82 <strong>et</strong> 77 (zones<br />

B, C <strong>et</strong> D respectivement). C’est, selon moi, le point le plus<br />

contraignant du dispositif, mais il a son importance : seul le<br />

respect <strong>de</strong>s L Amax à l’extérieur <strong>de</strong>s habitations peut garantir<br />

le respect <strong>de</strong>s L Amax à l’intérieur. Pour cela, le réseau<br />

Diapason, doté <strong>de</strong> 16 stations permanentes <strong>de</strong> mesure,<br />

assure le contrôle permanent <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit au sol.<br />

Mais Diapason est plus qu’un simple réseau <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong> bruit. Il contrôle aussi les trajectoires, autorisant<br />

ainsi le contrôle <strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s trafics ; il établit <strong>de</strong>s<br />

statistiques, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> vérifier <strong>de</strong> manière<br />

interactive la véracité <strong>et</strong> la validité du PEB ; enfin, il perm<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> communication telles que la<br />

gestion <strong>de</strong>s infractions <strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s plaintes. De<br />

surcroît, <strong>de</strong>s filtres spécialement établis <strong>et</strong> validés<br />

perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> statuer, objectivement <strong>et</strong> avec tout le poids<br />

légal requis, sur la nature d’un événement sonore <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

dire : « ceci est un avion, ceci ne l’est pas ». En<br />

complément, <strong>de</strong>s mesures mobiles portant sur une durée <strong>de</strong><br />

quatorze jours sont réalisées afin <strong>de</strong> vérifier en différents<br />

quartiers la validité statistique du PEB. Tout ceci se fait<br />

dans le respect d’un principe d’égalité : si, d’aventure, les<br />

mesures au sol sont différentes <strong>de</strong>s valeurs calculées, ce<br />

sont les valeurs mesurées qui servent <strong>de</strong> référence.<br />

Toutes ces mesures démontrent le réel souci <strong>de</strong> bien<br />

protéger les riverains. Au cœur du réseau Diapason, le<br />

logiciel MAP-Aéro perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> centraliser les données issues<br />

<strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> bruit, les données radar, les données météo,<br />

sous forme d’une base <strong>de</strong> données Oracle. C<strong>et</strong>te structure<br />

autorise différentes variantes <strong>de</strong> consultation <strong>de</strong>s données, y<br />

compris le web, moyennant <strong>de</strong>s droits spécifiques.<br />

1 Qualisound : formation à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s entrepreneurs leur perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> se<br />

familiariser avec les notions acoustiques <strong>et</strong> les travaux d'insonorisation<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 67


La stratégie globale mise en place pour l’aéroport <strong>de</strong> Liège a<br />

permis, dès le départ, <strong>de</strong> prendre en compte les inci<strong>de</strong>nces<br />

environnementales. Pour l’heure, force est <strong>de</strong> constater que<br />

c<strong>et</strong>te approche perm<strong>et</strong> un développement intégré <strong>de</strong><br />

l’aéroport, dont le trafic est en constant développement.<br />

Bien sûr, il y aura toujours <strong>de</strong>s plaintes, mais, c’est<br />

inévitable.<br />

Le cas <strong>de</strong> Bruxelles-Sud-Charleroi<br />

À Bruxelles-Sud-Charleroi, aéroport d’un autre type, puisque<br />

centré sur l’ouverture aux vols low cost (Ryanair<br />

essentiellement), la stratégie — concentration <strong>et</strong> actions au<br />

sol — est i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> Liège-Biers<strong>et</strong>. À c<strong>et</strong>te<br />

différence près du choix stratégique d’une utilisation <strong>de</strong> jour<br />

seulement. Sur la base <strong>de</strong> différents scénarios élaborés en<br />

collaboration avec l’aéroport, l’Administration, les pilotes <strong>et</strong><br />

les acousticiens, PEB, PDLT <strong>et</strong> actions ont été définis. Les<br />

actions au sol sont très similaires à celles <strong>de</strong> Liège-Biers<strong>et</strong>,<br />

sauf pour les contraintes d’insonorisation, qui se réfèrent à<br />

<strong>de</strong>s limites diurnes uniquement. Les principes sont les<br />

mêmes : contrôle du bruit autorisé au sol ; 16 sonomètres<br />

permanents dotés <strong>de</strong> filtres ; principe d’égalité appliqué,<br />

grâce à 250 mesures mobiles <strong>de</strong> quatorze jours.<br />

Tant pour les low cost à Charleroi, que pour le fr<strong>et</strong> nocturne<br />

à Liège, une véritable politique <strong>de</strong> gestion coordonnée<br />

perm<strong>et</strong> la continuité <strong>de</strong>s développements.<br />

Différentes implémentations <strong>de</strong> ce système sont en vigueur<br />

en France : à Toulouse-Blagnac (Sentinelle), Lyon (Constas),<br />

Bor<strong>de</strong>aux, Montpellier, ADP…<br />

Le cas <strong>de</strong> Bruxelles-National<br />

Le problème <strong>de</strong> Bruxelles-National, c’est que c’est un<br />

aéroport national mais que la Belgique est une entité<br />

fédérale, dont <strong>de</strong>ux régions importantes, la région flaman<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> la région Bruxelles-Capitale, sont concernées par les<br />

nuisances. Les décisions politiques dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> trois<br />

niveaux administratifs différents : le fédéral, la région<br />

flaman<strong>de</strong> <strong>et</strong> la région Bruxelles-Capitale. La croissance du<br />

trafic <strong>et</strong> l’extension souhaitée par DHL pour son hub <strong>de</strong> fr<strong>et</strong><br />

ont conduit à différentes analyses. La décision politique a<br />

été <strong>de</strong> disperser les trajectoires, sans actions au sol sur<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s zones survolées. L’évaluation est en cours,<br />

mais cela complique considérablement le contrôle aérien,<br />

beaucoup <strong>de</strong> nouvelles zones sont survolées, la polémique<br />

est virulente. Malheureusement, cela entraîne aussi <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> sécurité puisque la répartition homogène sur<br />

toutes les pistes <strong>et</strong> sur toutes les directions <strong>de</strong>s vols sont<br />

parfois contradictoires avec les conditions <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong><br />

vol. Toujours est-il que DHL a renoncé à son proj<strong>et</strong><br />

d’extension <strong>et</strong> va quitter Zaventem. D’un point <strong>de</strong> vue<br />

économique, c’est très grave.<br />

Conclusions<br />

Seule une approche globale perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôler <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer<br />

les nuisances <strong>sonores</strong> autour d’un aéroport. Cela passe par<br />

une concentration <strong>de</strong>s trajectoires optimisée,<br />

l’établissement <strong>de</strong> PEB adaptés <strong>et</strong> la vérification<br />

permanente <strong>de</strong> leur validité, <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> protection <strong>et</strong><br />

d’insonorisation au sol, le contrôle <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit le<br />

plus exhaustif possible <strong>et</strong> une communication transparente.<br />

L’approche à <strong>de</strong>scente continue<br />

Jean-Pierre Desbenoit (Direction <strong>de</strong> la<br />

navigation aérienne, DGAC).<br />

Je vais parler <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s procédures aéronautiques qui<br />

peut perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> diminuer la charge environnementale : la<br />

fameuse approche à <strong>de</strong>scente continue. La <strong>de</strong>scente<br />

continue est un concept consistant à améliorer le profil <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>scente dans la phase d’approche en supprimant les paliers<br />

<strong>de</strong>puis le vol en croisière jusqu’à la piste. Autrement dit, on<br />

fait en sorte d’éviter que <strong>de</strong>s avions volent trop bas, trop<br />

loin <strong>de</strong>s aéroports. Aujourd’hui, il arrive en eff<strong>et</strong> que <strong>de</strong>s<br />

avions en approche volent à 600 ou 900 m d’altitu<strong>de</strong>, à <strong>de</strong>s<br />

distances <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20, 30, 40, 50, voire<br />

même 80 km, sans que c<strong>et</strong>te situation correspon<strong>de</strong> à aucun<br />

besoin opérationnel.<br />

Sur ce suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’approche à <strong>de</strong>scente continue, nous<br />

traversons une pério<strong>de</strong> charnière : <strong>de</strong> nombreuses<br />

expérimentations ont eu lieu au niveau local en France, en<br />

Europe <strong>et</strong> aux États-Unis ; tout au plus ont-elles porté sur<br />

quelques vols, durant une, cinq ou dix nuits… mais le<br />

passage d’une théorie expérimentale à la réalité<br />

opérationnelle se heurte notamment aux normes<br />

internationales établies par l’OACI. Pour pouvoir être mise<br />

en œuvre <strong>de</strong> manière plus systématique, il faudrait que<br />

c<strong>et</strong>te procédure fasse l’obj<strong>et</strong> d’une norme internationale.<br />

Or, on souffre d’une absence <strong>de</strong> définition réglementaire <strong>de</strong><br />

la <strong>de</strong>scente continue. Pire encore, il n’existe même aucune<br />

définition reconnue par tous, chaque pays ayant sa propre<br />

définition. Un exemple ? Pour un Anglais, un avion qui<br />

observe un pallier pendant 5 km fait une <strong>de</strong>scente continue.<br />

Quand on expérimente ce type <strong>de</strong> procédure, effectivement,<br />

un avion peut effectuer une <strong>de</strong>scente continue du niveau <strong>de</strong><br />

croisière (FL 350, soit 10 000 m environ) jusqu’à la piste sans<br />

aucun palier en suivant un angle <strong>de</strong> 2° puis <strong>de</strong> 4°. Le gain<br />

est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5 dB dans une zone située entre 20 <strong>et</strong> 50<br />

km du seuil <strong>de</strong> piste. C<strong>et</strong>te valeur <strong>de</strong> 20 km, il faut<br />

absolument la r<strong>et</strong>enir : pour les populations vivant à moins<br />

<strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong>s aéroports dans l’axe <strong>de</strong>s pistes, la <strong>de</strong>scente<br />

continue n’amène strictement rien.<br />

La réalité opérationnelle, c’est la réglementation. On veut,<br />

en approche finale, utiliser une pente <strong>de</strong> 4 <strong>de</strong>grés ? Pas <strong>de</strong><br />

chance, la réglementation internationale fixe à 3 <strong>de</strong>grés la<br />

pente maximale. On veut s’affranchir <strong>de</strong>s paliers ? La<br />

réglementation internationale impose, pour intercepter un<br />

axe <strong>de</strong> piste ILS, un segment d’interception — un palier donc<br />

—, d’au moins 5 à 6 km. Ensuite, qui fait quoi dans c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>scente continue ? Qui est responsable <strong>de</strong> l’espacement ?<br />

Le contrôleur. Qui est responsable <strong>de</strong> la conduite <strong>de</strong> vol ? Le<br />

pilote. Il va donc falloir être très clair sur le “qui fait quoi”.<br />

La définition choisie par la France pour la <strong>de</strong>scente continue<br />

est résolument calée sur la responsabilité du contrôle aérien<br />

ainsi que sur le type <strong>et</strong> le volume <strong>de</strong> trafic. Il est évi<strong>de</strong>nt<br />

qu’on n’a pas la même marge <strong>de</strong> manœuvre quand on doit<br />

gérer un vol isolé la nuit <strong>et</strong> lorsque l’on doit traiter 120<br />

mouvements programmés, comme c’est le cas sur certains<br />

aéroports.<br />

La France a formulé <strong>de</strong>ux définitions, correspondant à <strong>de</strong>ux<br />

types <strong>de</strong> procédures : la <strong>de</strong>scente lisse <strong>et</strong> la <strong>de</strong>scente<br />

continue. Ce qui signifie que la <strong>de</strong>scente continue<br />

universelle, unique solution <strong>de</strong> tous les maux <strong>de</strong>s avions en<br />

approche, n’existe pas. En revanche, plusieurs types <strong>de</strong><br />

procédures peuvent exister.<br />

La <strong>de</strong>scente lisse<br />

Prenons l’exemple d’un avion volant à une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

3300 m. Le contrôleur autorise l’avion à <strong>de</strong>scendre au niveau<br />

80 (2400 m). En réalité, lorsque le contrôleur donne c<strong>et</strong>te<br />

clairance <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente, il a complètement résolu son conflit,<br />

ce qui signifie que l’espacement <strong>de</strong>s avions entre eux est<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


assuré <strong>et</strong> qu’aucun autre avion ne se trouve entre ces <strong>de</strong>ux<br />

niveaux <strong>de</strong> vol. À partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong> instant, la manière avec<br />

laquelle le pilote fait <strong>de</strong>scendre son appareil n’a aucune<br />

importance pour le contrôleur. La <strong>de</strong>scente lisse concerne<br />

donc l’approche initiale : après clairance <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente<br />

délivrée par le contrôleur, le pilote respecte une pente <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>scente publiée <strong>et</strong> recommandée <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 5% (les<br />

avions sont quand même construits pour <strong>de</strong>scendre selon<br />

c<strong>et</strong>te pente).<br />

Une expérimentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente lisse a été menée à<br />

Roissy pour les arrivées face à l’est en provenance du sudouest<br />

: pente recommandée <strong>de</strong> 5 %, engagement pris <strong>de</strong><br />

respecter une altitu<strong>de</strong> minimale <strong>de</strong> 2000 m dans le travers<br />

<strong>de</strong> Thoiry. Avant la publication, 30% <strong>de</strong>s vols se situaient en<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 2000 m ; après la publication, 2% seulement<br />

franchissaient le travers <strong>de</strong> Thoiry à moins <strong>de</strong> 2000 m. Grâce<br />

aux informations aéronautiques, on peut clairement<br />

i<strong>de</strong>ntifier les avions qui ne respectent pas le critère <strong>de</strong>s<br />

2000 m. Par exemple, <strong>de</strong>ux avions, qui, en plein cœur <strong>de</strong><br />

nuit, n’avaient pas respecté la procédure, n’avaient aucun<br />

besoin opérationnel ni raison <strong>de</strong> sécurité pour se trouver à<br />

ces altitu<strong>de</strong>s à c<strong>et</strong>te heure là. C<strong>et</strong>te observation a motivé<br />

une action auprès <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux compagnies aériennes<br />

concernées, pour que l’intégration <strong>de</strong> la pente soit bien<br />

mentionnée dans les manuels d’exploitation <strong>de</strong> ces<br />

compagnies aériennes <strong>et</strong> suivie par les pilotes. Au total, un<br />

gain <strong>de</strong> 300 m en altitu<strong>de</strong> moyenne a été atteint. Quels<br />

enseignements tirer <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expérimentation ? Des<br />

publications effectives, <strong>de</strong>s résultats très encourageants,<br />

une faisabilité <strong>de</strong> jour comme <strong>de</strong> nuit, aucun impact sur la<br />

charge <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s contrôleurs (quand le contrôleur a<br />

donné sa clairance, le problème <strong>de</strong> conflit est résolu).<br />

La <strong>de</strong>scente continue<br />

Pour expliquer le principe <strong>de</strong> la procédure <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente<br />

continue, je vais m’appuyer sur l’expérimentation qui a été<br />

menée à Louisville (USA), qui n’est autre que la procédure<br />

qui va être certifiée par la FAA courant 2005, <strong>de</strong> nuit<br />

uniquement. L’appareil est situé au niveau 110 (à 3300 m),<br />

le contrôleur délivre l’équivalence d’une clairance<br />

d’atterrissage. Pour ce faire, le contrôleur doit séquencer<br />

les avions dès c<strong>et</strong> endroit, soit à une trentaine <strong>de</strong> kilomètres<br />

du touché <strong>de</strong>s roues. La responsabilité du contrôleur est <strong>de</strong><br />

s’assurer qu’à aucun moment les avions ne soient inférieurs<br />

à la norme minimale <strong>de</strong> séparation tout au long <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>scente. L’expérimentation a montré qu’une séparation<br />

entre avions <strong>de</strong> 10 à 15 miles nautiques au niveau 110<br />

perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> garantir avec quasi-certitu<strong>de</strong> que les avions<br />

ne <strong>de</strong>scendront en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la norme minimale <strong>de</strong> 3 à 5<br />

nautiques tout au long <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scente. À partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

instant, le pilote conduit son vol à sa convenance. Avec<br />

c<strong>et</strong>te procédure, il faut remarquer que cela équivaut, au<br />

niveau 110 (3300 m), à multiplier la norme minimale <strong>de</strong><br />

séparation par cinq, soit tout au plus une dizaine d’arrivées<br />

par heure. Autrement dit, la <strong>de</strong>scente continue n’est<br />

compatible qu’avec les situations <strong>de</strong> très faible trafic, soit la<br />

nuit essentiellement. Autre point éminemment important :<br />

pour appliquer c<strong>et</strong>te procédure, il faut recourir aux<br />

techniques mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> navigation ; ce qui signifie que,<br />

certes, les avions sont plus hauts, mais il n’y a plus aucune<br />

dispersion. En eff<strong>et</strong>, la totalité <strong>de</strong>s vols en Rnav passent par<br />

une ban<strong>de</strong> dont la largeur n’excè<strong>de</strong> pas 1 km : les<br />

habitations qui se trouvent sous c<strong>et</strong>te trajectoire sont donc<br />

survolées par l’intégralité <strong>de</strong>s vols.<br />

Deux expérimentations sont en cours. À Marseille le travail<br />

sur simulateur a été effectué <strong>et</strong>, fin décembre 2004, quatre<br />

vols avaient été réalisés selon c<strong>et</strong>te procédure. L’étape<br />

suivante consiste, après <strong>de</strong> nouveaux vols, à tirer les<br />

conséquences du point <strong>de</strong> vue du contrôle aérien, pour une<br />

généralisation <strong>de</strong> l’expérimentation afin d’en mesurer les<br />

gains effectifs. Seule une expérimentation portant sur un<br />

volume <strong>de</strong> trafic important a valeur d’évaluation. À<br />

Marseille, au niveau <strong>de</strong>s collines <strong>de</strong> l’Estaque, c<strong>et</strong>te<br />

procédure perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> gagner 300 m en approche initiale <strong>et</strong><br />

150 m en intermédiaire. Effectivement, à c<strong>et</strong> endroit, les<br />

avions survolent les habitations à <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s très basses.<br />

Une autre expérimentation <strong>de</strong>vait être menée à Charles-<strong>de</strong>-<br />

Gaulle, <strong>de</strong> nuit, pour les arrivées du sud-est en configuration<br />

face à l’ouest.<br />

C<strong>et</strong>te acception <strong>de</strong> l’approche à <strong>de</strong>scente continue apparaît<br />

donc comme complexe <strong>de</strong> mise en œuvre. C<strong>et</strong>te procédure<br />

exerce un fort impact sur le contrôle aérien, dans la mesure<br />

où la séparation, qui est à la charge du contrôleur, est cinq<br />

fois supérieure à la séparation minimale.<br />

Conclusions<br />

Avec la <strong>de</strong>scente lisse, l’amélioration est indiscutable <strong>et</strong> la<br />

mise en œuvre à généraliser. Cela <strong>de</strong>vrait se faire<br />

progressivement dans le courant <strong>de</strong> l’année 2005. La<br />

<strong>de</strong>scente continue constitue une voie d’espoir pour les<br />

mouvements <strong>de</strong> nuit, sauf, <strong>et</strong> il faut le dire clairement, pour<br />

ceux qui seraient situés juste sous le trait, qui seront<br />

survolés par tous les avions. Mais la mise en œuvre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

procédure est beaucoup plus complexe. Enfin, le travail <strong>de</strong><br />

normalisation au niveau international doit être poursuivi.<br />

Débat<br />

Les chiffres pour Charleroi <strong>et</strong> Liège ?<br />

Michel Transy (Acenas, association <strong>de</strong> riverains <strong>de</strong><br />

l’aéroport <strong>de</strong> Lyon) : M. Clairbois nous a présenté trois<br />

aéroports. Quel est le nombre <strong>de</strong> mouvements sur chacun <strong>de</strong><br />

ces aéroports <strong>et</strong> quels sont les chiffres <strong>de</strong> populations<br />

impactées autour <strong>de</strong> ces aéroports ? Quel développement<br />

prévoyez-vous à terme, puisque vous avez parlé <strong>de</strong> plans <strong>de</strong><br />

développement pour ces aéroports ? Avez-vous chiffré les<br />

mesures d’insonorisation qui ont été mises en œuvre ? Ontelles<br />

été réalisées à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s riverains ou tout ceci a-<br />

t-il été envisagé <strong>de</strong> manière globale ? A-t-on fait un bilan <strong>de</strong><br />

l’avantage économique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coûts environnementaux <strong>de</strong><br />

l’aéroport ?<br />

Jean-Pierre Clairbois : À Charleroi <strong>et</strong> à Liège, les décisions<br />

ont été prises sur <strong>de</strong> grands principes stratégiques. L’idée<br />

était <strong>de</strong> réduire au maximum le nombre d’habitations<br />

gênées au sol. Les différents scénarios ont minimisé ce<br />

nombre d’habitations. Bien évi<strong>de</strong>mment, les plans<br />

d’insonorisation sont coûteux. Pour la région <strong>de</strong> Bruxelles-<br />

Capitale les estimations s’étaient avérées colossales parce<br />

que la dispersion sur la ville <strong>de</strong> Bruxelles concerne 500 000<br />

personnes. Le point <strong>de</strong> départ est réellement politique.<br />

Veut-on minimiser le nombre <strong>de</strong> personnes gênées ? Si oui,<br />

avec quelle stratégie ? Ensuite, on se donne les moyens<br />

financiers pour appliquer c<strong>et</strong>te stratégie. Actuellement, je<br />

pense que 13 000 habitations environ sont concernées par<br />

l’insonorisation aux alentours <strong>de</strong> Liège-Biers<strong>et</strong>, 8 000 environ<br />

à Charleroi. Et les coûts ne sont pas forcément<br />

proportionnels au nombre <strong>de</strong> maisons.<br />

Pour le nombre <strong>de</strong> mouvements, le trafic 2003 sur l’aéroport<br />

<strong>de</strong> Liège était <strong>de</strong> 35 000 mouvements ; à l’aéroport <strong>de</strong><br />

Charleroi, on compte 60 000 mouvements au total, vols<br />

d’entraînements compris, mais l’activité purement<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 69


commerciale est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 19 000 mouvements. En<br />

terme <strong>de</strong> budg<strong>et</strong> alloué à l’insonorisation, la région wallonne<br />

envisage à la fois <strong>de</strong>s acquisitions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s insonorisations.<br />

Pour les <strong>de</strong>ux aéroports, le budg<strong>et</strong> prévu pour insonoriser <strong>et</strong><br />

acquérir l’ensemble <strong>de</strong>s immeubles concernés représente<br />

une enveloppe <strong>de</strong> 350 millions d’euros.<br />

Michel Transy: La répartition <strong>de</strong> l’activité aérienne entre<br />

trois aéroports correspond-elle à un choix stratégique, ou<br />

s’agit-il d’un héritage historique ?<br />

Jean-Pierre Clairbois : La Belgique est un pays<br />

suffisamment p<strong>et</strong>it pour que l’aéroport national soit<br />

Bruxelles. Toutefois, cela n’empêche pas <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />

aéroports régionaux, tels que Liège <strong>et</strong> Charleroi. Liège a été<br />

développé pour accueillir une activité <strong>de</strong> fr<strong>et</strong> nocturne. C<strong>et</strong><br />

aéroport a connu un développement économique assez<br />

sensationnel par la venue <strong>de</strong> TNT <strong>et</strong> d’autres compagnies <strong>de</strong><br />

fr<strong>et</strong>. La Région a décidé ce type <strong>de</strong> développement pour c<strong>et</strong><br />

aéroport. Pour Charleroi, le choix correspond aux<br />

compagnies low cost ; Ryanair, par exemple, n’atterrit<br />

jamais sur les aéroports nationaux. Quoi qu’il en soit, il est<br />

certain que l’aéroport <strong>de</strong> Zaventem sera un jour saturé, <strong>et</strong><br />

qu’il va falloir se tourner vers d’autres aéroports. Mais les<br />

autorités politiques ont aussi envisagé d’autres<br />

implantations que celles <strong>de</strong> Liège <strong>et</strong> Charleroi. D’autres<br />

aéroports existent, à Osten<strong>de</strong>, à Anvers-Deurne ; la Flandre<br />

compte d’autres aéroports régionaux, plus p<strong>et</strong>its, aux<br />

vocations bien spécifiques.<br />

Descente lisse, <strong>de</strong>scente continue : quelques<br />

éclaircissements<br />

De la salle : En somme, <strong>de</strong>scente lisse ou <strong>de</strong>scente continue<br />

se traduisent par un rétrécissement du volume <strong>de</strong> protection<br />

environnementale, en quelque sorte, puisque tous les avions<br />

sont concentrés dans un volume défini.<br />

Jean-Pierre Desbenoit : La <strong>de</strong>scente lisse, en perm<strong>et</strong>tant<br />

que les avions <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt là où ils sont, mais en ayant un<br />

plan <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente beaucoup plus lisse, évite que les avions<br />

soient trop bas, trop tôt, mais l’on reste dans le volume<br />

existant du guidage radar actuel. En revanche, la <strong>de</strong>scente<br />

continue, elle, concentre les trajectoires.<br />

Frédéric Launay (médiateur pour les riverains, aéroport<br />

<strong>de</strong> Lyon) : Pour faire une <strong>de</strong>scente continue, faut-il<br />

absolument faire appel à la Rnav ? Pour les équipages, une<br />

qualification spéciale sera-t-elle attribuée aux équipages ?<br />

Intercepter un ILS en <strong>de</strong>scente n’est pas forcément évi<strong>de</strong>nt.<br />

Jean-Pierre Desbenoit : Pour simplifier, avec la <strong>de</strong>scente<br />

continue, la navigation se fait par satellite, grâce à<br />

l’équipement <strong>de</strong> bord FMS. C’est donc essentiellement <strong>de</strong> la<br />

Rnav. Tout ceci s’inscrit dans une politique européenne<br />

selon laquelle la quasi-totalité <strong>de</strong>s avions, pour pouvoir<br />

atterrir sur les aéroports européens importants, doivent être<br />

équipés <strong>de</strong> systèmes Rnav <strong>et</strong> P-Rnav (P pour “précision”). Ce<br />

n’est donc pas un élément susceptible <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong>r la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> procédure.<br />

La conduite du vol est à la charge du pilote. Il appartient<br />

donc à la compagnie aérienne <strong>de</strong> définir la façon dont ses<br />

pilotes vont gérer c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>scente. Pour l’heure, pilotes,<br />

compagnies <strong>et</strong> organismes <strong>de</strong> contrôle en vol veulent un<br />

segment d’interception <strong>de</strong> l’ILS qui comporte quand même<br />

un p<strong>et</strong>it palier. J’ai quelque peu versé dans l’ironie en citant<br />

les 5 km <strong>de</strong>s Anglais, mais, comme par hasard, ce palier aura<br />

une longueur voisine <strong>de</strong> 5 km.<br />

Émile Thorez (base aérienne militaire 115 d’Orange) : Le<br />

débat d’aujourd’hui porte essentiellement sur l’aviation<br />

civile <strong>et</strong> commerciale, mais le problème posé par l’aviation<br />

militaire est tout aussi complexe <strong>et</strong> quelque peu marginalisé<br />

par le fait que les pouvoirs publics ne souhaitent pas, ou<br />

n’ont pas décidé, jusqu’à présent, d’engager la moindre<br />

action <strong>de</strong> quelque nature que ce soit en faveur <strong>de</strong>s riverains<br />

<strong>de</strong> ces bases militaires. Quand j’entends parler <strong>de</strong><br />

populations survolées à <strong>de</strong>s distances portant sur 30 ou<br />

50 km, il faut savoir que pour la base d’Orange, par<br />

exemple, les premières habitations se situent à 350 m <strong>de</strong> la<br />

piste, que le village situé dans l’axe <strong>de</strong> la piste sud est à<br />

moins <strong>de</strong> 2000 m du bout <strong>de</strong> piste. Autrement dit, l’impact<br />

sonore <strong>de</strong> l’aviation militaire est peut-être beaucoup moins<br />

étendu en termes <strong>de</strong> population, mais beaucoup plus fort en<br />

termes <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> bruit. À ce suj<strong>et</strong>, bien que nous ayons<br />

travaillé pendant plusieurs années pour aboutir à la<br />

signature d’une charte avec l’État <strong>et</strong> l’armée <strong>de</strong> l’air, nous<br />

n’avons pas encore réussi à convaincre les pouvoirs publics<br />

<strong>de</strong> dépasser le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mesures techniques éventuellement<br />

prises par l’armée <strong>de</strong> l’air pour abor<strong>de</strong>r ce problème<br />

spécifique. Quelles sont les actions envisagées par les<br />

pouvoirs publics pour protéger les populations les plus<br />

concernées par ces nuisances, en particulier celles qui sont à<br />

l’intérieur <strong>de</strong>s zones A <strong>et</strong> B <strong>de</strong>s plans d’exposition au bruit ?<br />

Sur ce suj<strong>et</strong>, les <strong>de</strong>ux exposés que nous venons d’entendre<br />

peuvent nous ai<strong>de</strong>r à faire <strong>de</strong>s propositions, notamment,<br />

auprès <strong>de</strong> la commission mixte défense <strong>et</strong> environnement,<br />

qui est supposée faire <strong>de</strong>s propositions aux pouvoirs publics<br />

pour prendre en compte les problèmes <strong>de</strong> ces riverains.<br />

Chantal Deman<strong>de</strong>r (Collectif contre les nuisances aériennes<br />

<strong>de</strong> l’agglomération toulousaine) : Je trouve abusif <strong>de</strong><br />

présenter l’insonorisation comme la panacée universelle. Au<br />

voisinage <strong>de</strong>s aéroports du sud, contrairement à Liège, on<br />

ouvre les fenêtres six mois par an. Quand les aéroports sont<br />

trop urbanisés <strong>et</strong> que l’optimisation <strong>de</strong>s procédures<br />

aéronautiques ne perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> minimiser le nombre<br />

d’habitations survolées, que faut-il faire ?<br />

Jean-Pierre Clairbois : L’aéroport <strong>de</strong> Toulouse est<br />

particulièrement enclavé dans la ville, en eff<strong>et</strong>. En trente<br />

secon<strong>de</strong>s, je n’ai pas <strong>de</strong> réponse pratique à proposer. Pour<br />

l’aéroport <strong>de</strong> Bruxelles-National, qui est très mal situé par<br />

rapport à la ville <strong>de</strong> Bruxelles, à 14 km seulement, nous<br />

avons étudié <strong>de</strong>s alternatives telles que l’ouverture d’une<br />

quatrième piste. Il est apparu qu’avec une bonne gestion,<br />

compatible avec les conditions <strong>de</strong> vols, il y avait moyen <strong>de</strong><br />

réduire les nuisances : dès que les avions quittaient la piste,<br />

ils s’orientaient au nord-ouest pour éviter la ville. C<strong>et</strong>te<br />

procédure avait d’ailleurs été imposée par la Région<br />

Bruxelles-Capitale jusqu’au moment où la région flaman<strong>de</strong> a<br />

obligé à la dispersion. À Toulouse, je ne sais pas si le<br />

dégagement <strong>de</strong> la piste offre suffisamment <strong>de</strong> marge <strong>de</strong><br />

manœuvre.<br />

De la salle : Le cas <strong>de</strong> Bruxelles-Zaventem est tout à fait<br />

exemplaire : ce ne sont pas les gestionnaires <strong>de</strong> l’aéroport<br />

qui ont décidé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s procédures d’atterrissage ou <strong>de</strong><br />

décollage en parapluie, dispersées, c’est un juge qui, à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s riverains, a tranché <strong>et</strong> a invoqué le principe<br />

d’égalité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s citoyens. Dès lors,<br />

chaque centimètre carré du territoire <strong>de</strong>vait recevoir la<br />

même quantité <strong>de</strong> nuisance. Un jugement qui a évi<strong>de</strong>mment<br />

étonné beaucoup <strong>de</strong> responsables politiques <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

gestionnaires d’aéroports. La conséquence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

dispersion, <strong>de</strong> c<strong>et</strong> “arrosage” du plus grand nombre, c’est<br />

qu’il est <strong>de</strong>venu impossible d’entreprendre une quelconque<br />

action au sol. On ne sait plus rien gérer, on ne sait plus<br />

inventer <strong>de</strong>s normes particulières <strong>de</strong> coefficient<br />

d’atténuation. Ce cas là est intéressant : c’est la justice,<br />

saisie par un comité <strong>de</strong> quartier, qui en a décidé ainsi.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Les plans <strong>et</strong> actions possibles autour <strong>de</strong>s aéroports<br />

Didier Cattenoz (Mission bruit, ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable)<br />

Je vais commencer par un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la lutte contre le<br />

bruit <strong>de</strong>s avions, un dispositif qui s’articule autour <strong>de</strong> cinq<br />

principaux axes : la diminution du bruit <strong>de</strong>s aéronefs, par le<br />

biais <strong>de</strong>s chapitres OACI, l’optimisation <strong>de</strong>s trajectoires <strong>et</strong> le<br />

contrôle <strong>de</strong>s règles d’exploitation, la maîtrise <strong>de</strong><br />

l’urbanisme, par les PEB, l’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation <strong>et</strong>, enfin,<br />

le développement <strong>de</strong> la concertation, par le biais <strong>de</strong>s CCE <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’Acnusa.<br />

Le cadre réglementaire<br />

Deux directives s’appliquent directement au bruit <strong>de</strong>s avions<br />

<strong>et</strong> ont trait à la question que j’abor<strong>de</strong> aujourd’hui : la<br />

2002/30/CE, qui consiste à établir <strong>de</strong>s règles pour<br />

l’introduction <strong>de</strong> nouvelles restrictions d’exploitation autour<br />

<strong>de</strong>s aérodromes ; la 2002/49/CE, qui nécessite d’établir <strong>de</strong>s<br />

cartes <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s plans d’action.<br />

Un autre progrès, qui remonte à l’année 2004, concerne<br />

l’obligation d’enquête publique pour toute modification<br />

permanente <strong>de</strong> la circulation aérienne en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />

1981 m.<br />

La directive 2002/30/CE a pour but d’encadrer<br />

l’introduction <strong>de</strong> restrictions d’exploitation. Elle se fon<strong>de</strong><br />

sur “l’approche équilibrée” définie par l’OACI, selon<br />

laquelle il convient <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s du rapport<br />

coût-bénéfice chaque fois qu’on envisage d’introduire une<br />

nouvelle restriction. Autre élément à prendre en compte :<br />

les avions <strong>de</strong> chapitre 4 ne peuvent être concernés par ces<br />

restrictions. Le décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> transposition vise les “aérodromes<br />

Acnusa”, c’est-à-dire les plateformes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 000<br />

mouvements annuels d’aéronefs <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 tonnes. Ces<br />

points constituent donc le cadre <strong>de</strong>s plans d’actions<br />

possibles autour <strong>de</strong>s aérodromes.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> la directive 2002/49/CE, les plans <strong>de</strong><br />

prévention du bruit dans l’environnement intègrent les<br />

actions déjà mises en place <strong>et</strong> proposent <strong>de</strong> nouvelles<br />

mesures à m<strong>et</strong>tre en œuvre. Il faut souligner que la<br />

directive exige que le public participe activement à la<br />

rédaction <strong>de</strong>s plans d’action, pas simplement à travers une<br />

consultation, mais par un véritable processus <strong>de</strong><br />

concertation. Pour l’heure, il est prévu <strong>de</strong> réaliser une<br />

enquête publique allégée, sans commissaire enquêteur, pour<br />

la rédaction <strong>de</strong>s plans d’exposition au bruit, <strong>et</strong> d’informer le<br />

public sur le contenu final <strong>de</strong>s plans d’action, afin que les<br />

riverains sachent si les mesures <strong>de</strong>mandées lors <strong>de</strong> la<br />

rédaction du plan d’action ont été r<strong>et</strong>enues ou non.<br />

Quels sont les aérodromes concernés par la directive<br />

2002/49/CE ? Les “grands aéroports” <strong>et</strong> les aéroports en<br />

agglomérations. Un “grand aéroport” est un aéroport civil<br />

qui compte au moins 50 000 mouvements annuels, hormis les<br />

vols d’entraînements d’avions légers. Au passage, précisons<br />

qu’à l’heure actuelle, on ne sait pas comptabiliser ces vols<br />

d’entraînements <strong>de</strong> l’aviation légère, ce qui complique le<br />

recensement <strong>de</strong>s aérodromes concernés par la directive.<br />

Les plans <strong>de</strong> prévention du bruit doivent lister “qui fait<br />

quoi ?”, analyser les coûts <strong>et</strong> les avantages, établir les<br />

budg<strong>et</strong>s nécessaires. Sont compétents, pour la rédaction, les<br />

communes ou, dans les agglomérations, les établissements<br />

publics <strong>de</strong> coopération intercommunale ayant la compétence<br />

“bruit”, ou, pour les gran<strong>de</strong>s infrastructures, le représentant<br />

<strong>de</strong> l’État. L’autorité qui élabore le plan s’assure au<br />

préalable <strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong>s autorités ou organismes<br />

compétents pour déci<strong>de</strong>r <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre les mesures<br />

qu’il recense. En France, seul le ministre chargé <strong>de</strong>s<br />

Transports est compétent pour prendre <strong>de</strong>s restrictions<br />

d’exploitation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s restrictions d’usage.<br />

Quant aux mesures proprement dites, elles ne concernent<br />

que les actions prises au niveau d’un aéroport, par<br />

opposition à <strong>de</strong>s mesures prises à l’échelon national ou<br />

européen. Par exemple, la remontée <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

transition à 18 000 pieds ne se résoudra pas au niveau d’un<br />

aéroport. Des exemples d’actions sur certains aéroports<br />

pourraient être généralisés (l’aéroport le plus avancé en la<br />

matière est Roissy-Charles-<strong>de</strong>-Gaulle). Ces nouvelles actions<br />

seront introduites en fonction <strong>de</strong>s enjeux locaux.<br />

Les actions possibles<br />

Des efforts considérables ont été effectués sur les<br />

motorisations, certains pensent que les gains ne doivent plus<br />

être attendus, ne peuvent plus être atteints par<br />

l’amélioration <strong>de</strong> la motorisation. Lors <strong>de</strong> la journée<br />

technique organisée par l’Inr<strong>et</strong>s le 30 septembre 2004, un<br />

chercheur qui modélise les trajectoires a annoncé qu’on<br />

pouvait atteindre <strong>de</strong>s gains <strong>de</strong> 5 à 7 dB au passage, au point<br />

<strong>de</strong> vue mathématique en tous cas. Que peut-on faire autour<br />

<strong>de</strong> chaque aérodrome concerné par la directive, ainsi, bien<br />

évi<strong>de</strong>mment, que pour ceux non concernés par la directive ?<br />

Il est possible <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scentes progressives<br />

— <strong>de</strong>scentes continues <strong>et</strong> <strong>de</strong>scentes lisses —, comme l’a<br />

montré M. Desbenoit à l’instant. Il conviendrait d’examiner<br />

la généralisation <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> procédures. Il conviendrait<br />

également d’examiner l’application à d’autres aéroports <strong>de</strong>s<br />

volumes <strong>de</strong> protection environnementale (VPE) mis en place<br />

dans les aéroports parisiens. Par exemple, A Marseille,<br />

l’échec du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> VPE (en fait un “mur”), en raison d’un<br />

désaccord en CCE, est assez dommageable. Autre possibilité,<br />

généraliser les mesures <strong>de</strong> restriction appliquées à Roissy-<br />

CDG au titre <strong>de</strong>s arrêtés du 6 novembre 2003 : entre [0h-5h],<br />

suppression <strong>de</strong>s créneaux abandonnés par les transporteurs ;<br />

plafonnement <strong>de</strong>s créneaux entre [0h-5h] à 22 500 par an ;<br />

entre [0h-5h], interdiction <strong>de</strong> décoller sans attribution d’un<br />

créneau horaire dans c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong>. Par ailleurs, certaines<br />

collectivités locales ont mis en place leurs propres dispositifs<br />

d’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation. Une telle expérience locale a été<br />

menée au niveau <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong> M<strong>et</strong>z-Nancy-Lorraine ;<br />

autour <strong>de</strong> Vatry, <strong>de</strong>s insonorisations ont eu lieu <strong>et</strong>, semble-til,<br />

<strong>de</strong>s collectivités locales vont intervenir pour ai<strong>de</strong>r à<br />

insonoriser les riverains <strong>de</strong> Toulouse-Blagnac.<br />

Dans les zones où une décote immobilière “bruit” est<br />

avérée, on peut envisager <strong>de</strong> développer les possibilités <strong>de</strong><br />

rachat, ou d’instaurer un système <strong>de</strong> compensation lors <strong>de</strong>s<br />

reventes (une réflexion est en cours sur ce suj<strong>et</strong> à Lyon-<br />

Saint-Exupéry). Une autre mesure intéressante concerne<br />

l’indicateur global mesuré/pondéré introduit à Roissy-CDG.<br />

Huit stations <strong>de</strong> mesure enregistrent chaque passage<br />

d’avion. Les niveaux <strong>de</strong> bruit sont cumulés sur une année <strong>et</strong><br />

le résultat est comparé à une référence (la dose <strong>de</strong> bruit<br />

moyenne reçue en 1999, 2000 <strong>et</strong> 2001).<br />

Qui plus est, <strong>de</strong> nouvelles restrictions pourraient être mises<br />

en place, selon les procédures habituelles, dans le cadre <strong>de</strong><br />

“l’approche équilibrée” pour les grands aéroports. On<br />

pourrait par exemple imaginer d’interdire les avions <strong>de</strong><br />

chapitre 3 <strong>de</strong> nuit dès 2007 ou 2008. Ou d’améliorer les<br />

outils <strong>de</strong> communication avec les riverains, par exemple en<br />

produisant <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> fréquences <strong>de</strong> survol, ou en<br />

généralisant le système Vitrail (visualisation <strong>de</strong>s trajectoires<br />

en quasi-temps réel). Dans le même ordre d’idée, il serait<br />

bon <strong>de</strong> généraliser les dispositifs <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 71


suivi <strong>de</strong>s trajectoires, sur les aéroports Acnusa, comme cela<br />

a été fait à Montpellier, ou <strong>de</strong> généraliser les structures <strong>de</strong><br />

traitement <strong>de</strong> plaintes par un médiateur. Et, enfin,<br />

d’expérimenter <strong>de</strong>s indicateurs complémentaires, pour<br />

prendre en compte le nombre <strong>de</strong> mouvements dans le<br />

diagnostic <strong>de</strong> l’environnement sonore autour <strong>de</strong>s<br />

aérodromes. On a vu l’échec <strong>de</strong> la dispersion <strong>de</strong>s<br />

trajectoires, ce qui renforce la doctrine <strong>de</strong>s VPE : il s’agit<br />

avant tout <strong>de</strong> savoir où sont les avions pour éventuellement<br />

sanctionner. Savoir où sont les avions, cela concerne surtout<br />

les zones éloignées <strong>de</strong>s aéroports, puisque, à proximité, les<br />

avions survolent toujours les mêmes zones. De surcroît, loin<br />

<strong>de</strong>s aéroports, la dispersion <strong>de</strong>s trajectoires exclut d’emblée<br />

les optimisations <strong>de</strong> trajectoires pour minimiser le nombre<br />

<strong>de</strong> personnes survolées. Ce serait en tous cas très difficile à<br />

m<strong>et</strong>tre en place pour les contrôleurs.<br />

Débat<br />

Qui arbitre l’analyse coûts-avantages ?<br />

De la salle : Vous m<strong>et</strong>tez en balance les coûts <strong>et</strong> les<br />

avantages. Qui déci<strong>de</strong> que c’est un avantage, qui déci<strong>de</strong> que<br />

c’est un coût, qui arbitre les choix pour formuler un plan <strong>de</strong><br />

prévention ?<br />

Didier Cattenoz : Tous les domaines se rencontrent : les<br />

domaines environnementaux, socioéconomiques. C’est une<br />

question qui reste à définir, je le reconnais. La rédaction du<br />

plan nécessite d’étudier le rapport coût/bénéfice <strong>et</strong> <strong>de</strong> faire<br />

participer le public. Les riverains pourront toujours<br />

critiquer, au moins en théorie, l’emploi <strong>de</strong> ce rapport.<br />

Guillaume Faburel : L’approche équilibrée nous vient <strong>de</strong>s<br />

Américains. La logique <strong>de</strong> l’analyse coûts-avantages, soyons<br />

clairs, ne concerne que les compagnies aériennes. Exemple :<br />

que coûte pour la compagnie l’introduction d’une restriction<br />

d’exploitation <strong>de</strong> 0h00 à 5h00 ? En France, c’est encore une<br />

approche nouvelle. On a réussi à faire passer nos arrêtés <strong>de</strong><br />

restrictions d’exploitation avant que la directive n’impose<br />

l’approche équilibrée. Astucieusement, à Roissy-CDG, le<br />

service <strong>de</strong>s bases aériennes a réussi à faire passer les<br />

discussions tenues dans le cadre <strong>de</strong> la CCE pour <strong>de</strong><br />

l’approche équilibrée. Derrière l’approche équilibrée, se<br />

cache le développement du transport aérien.<br />

Janine Le Floch-Fournier : Je souhaiterais intervenir pour<br />

préciser que c’est à l’issue d’une étu<strong>de</strong> “approche<br />

équilibrée” qu’ont été mises en place un ensemble <strong>de</strong><br />

mesures <strong>de</strong> restriction d’exploitation sur Roissy, qui sont<br />

très fortes. Un rapport d’une cinquantaine <strong>de</strong> pages,<br />

présenté à la CCE, m<strong>et</strong> en balance le gain environnemental,<br />

par exemple, le nombre <strong>de</strong> riverains concernés par tel<br />

niveau <strong>de</strong> bruit, <strong>et</strong> le coût économique. Il s’agit, à ma<br />

connaissance, <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s premiers rapports réalisé en<br />

Europe selon les préceptes <strong>de</strong> l’approche équilibrée. La<br />

directive européenne “approche équilibrée” précise<br />

exactement, dans son annexe, tout ce qui doit être étudié :<br />

situation “au fil <strong>de</strong> l’eau”, comparaison <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation<br />

avec <strong>de</strong>s scénarios, plus ou moins délicats, qui allaient<br />

jusqu’à l’instauration d’un couvre-feu. Le gain<br />

environnemental est évalué en nombre <strong>de</strong> personnes<br />

survolées <strong>et</strong> mis en balance avec le coût économique.<br />

Guillaume Faburel : Premièrement, approche équilibrée <strong>et</strong><br />

analyse coûts-avantages ne sont pas synonymes. La balanced<br />

approach <strong>de</strong>s Américains est une émanation du<br />

développement durable, <strong>et</strong> le rapport coûts/avantages est<br />

l’un <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’approche<br />

équilibrée, ou intégrée. Deuxièmement, le rapport coûtsavantages<br />

participe <strong>de</strong> la logique <strong>de</strong>s compagnies aériennes<br />

mais, aux États-Unis, les coûts d’insonorisation sont plus<br />

importants qu’ici puisque les zones bénéficiaires y sont<br />

légèrement plus étendues. Qui plus est, ils pratiquent le<br />

rachat <strong>de</strong> logements. Des coûts qui pèsent sur les rapports<br />

coûts/avantages. Enfin, une évaluation utile, qui viendrait<br />

rééquilibrer la colonne <strong>de</strong>s coûts, serait <strong>de</strong> chiffrer le coût<br />

<strong>de</strong> la gêne. Grosso modo, en se basant notamment sur le<br />

phénomène <strong>de</strong> dépréciation immobilière, le coût <strong>de</strong> la gêne<br />

est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 100 à 300 euros par an. À l’étranger, on<br />

mène beaucoup d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> monétarisation <strong>de</strong>s coûts<br />

environnementaux ; en France, très peu. Cela participe <strong>de</strong><br />

ce r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong>s pouvoirs publics français sur ces questions. La<br />

gêne n’est pas le seul coût à intégrer dans l’équation coûts<br />

<strong>et</strong> avantages, mais c’est un élément qui vient abon<strong>de</strong>r le<br />

rapport coûts/bénéfices.<br />

Insonoriser les logements <strong>de</strong>s riverains : une importante réforme du<br />

dispositif<br />

Hélène Bastianelli (Service <strong>de</strong>s bases<br />

aériennes, DGAC)<br />

Je vais vous parler du dispositif mis en place en France pour<br />

ai<strong>de</strong>r les riverains à insonoriser leurs logements <strong>et</strong>, en<br />

particulier, <strong>de</strong> l’importante réforme intervenue <strong>de</strong>puis 2002.<br />

Ce dispositif a été mis en place au niveau national par la loi<br />

bruit <strong>de</strong> décembre 1992. Il faut rappeler que Aéroports <strong>de</strong><br />

Paris avait pris l’initiative, <strong>de</strong> manière individuelle, <strong>de</strong><br />

m<strong>et</strong>tre en place un tel dispositif auparavant. Ce dispositif<br />

concerne les dix principales plateformes aéroportuaires<br />

françaises, celles qui réalisent 20 000 mouvements <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 20 tonnes par an. Le principe est donc d’accor<strong>de</strong>r aux<br />

propriétaires une ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong>stinée à effectuer <strong>de</strong>s<br />

travaux d’isolation acoustique <strong>de</strong> leur logement. La prise en<br />

charge est en général <strong>de</strong> 80% du coût <strong>de</strong> l’insonorisation du<br />

logement, participation pouvant atteindre 90% ou 100% selon<br />

les conditions <strong>de</strong> ressources. Deux conditions : le logement<br />

doit être inclus dans le plan <strong>de</strong> gêne sonore <strong>et</strong> doit avoir été<br />

construit avant l’adoption du plan d’exposition au bruit. Une<br />

nécessité <strong>de</strong> réformer ce dispositif est apparue récemment<br />

puisque le montant financier n’était pas suffisant <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s<br />

délais d’attente très importants concernaient tous les<br />

aéroports. C<strong>et</strong>te réforme, qui se déroule en plusieurs<br />

phases, est toujours en cours. La première phase a consisté<br />

à augmenter le nombre d’ayants droit ; la secon<strong>de</strong> phase à<br />

augmenter les ressources financières afin d’adapter le<br />

budg<strong>et</strong> au nombre accru d’ayants droit. La gestion du<br />

dispositif a été transférée aux exploitants <strong>de</strong>s aéroports en<br />

lieu <strong>et</strong> place <strong>de</strong> l’A<strong>de</strong>me, pour plus <strong>de</strong> proximité <strong>et</strong>, dès<br />

maintenant, <strong>de</strong>s améliorations opérationnelles sont prévues.<br />

La première phase <strong>de</strong> la réforme, la révision <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong><br />

gêne sonore, a fait passer le nombre <strong>de</strong> logements<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> 68 000 logements à plus <strong>de</strong> 141 000<br />

aujourd’hui. En 2004, 3000 logements ont bénéficié <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong>, ce qui constitue une large augmentation par rapport<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


à l’année précé<strong>de</strong>nte. Pour faire face à c<strong>et</strong>te augmentation<br />

<strong>de</strong>s besoins, la décision du 25 juill<strong>et</strong> 2002 a permis<br />

d’augmenter les ressources. Les taux unitaires <strong>de</strong> la taxe<br />

générale sur les activités polluantes, qui finançaient c<strong>et</strong>te<br />

ai<strong>de</strong>, ont été multipliés par <strong>de</strong>ux (loi <strong>de</strong> finance rectificative<br />

2002). Par la suite, le plan bruit lancé le 6 octobre 2003 a<br />

confirmé l’augmentation du montant <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> ; une somme<br />

<strong>de</strong> 55 millions d’euros a été annoncée. La loi <strong>de</strong> finance<br />

rectificative <strong>de</strong> 2003 a pérennisé les ressources en créant<br />

une nouvelle taxe : la taxe sur les nuisances <strong>sonores</strong><br />

aéroportuaires (TNSA), taxe entièrement affectée à l’ai<strong>de</strong> à<br />

l’insonorisation, qui est venue remplacer la taxe générale<br />

sur les activités polluantes. Pour un aéroport donné, le<br />

montant rapporté, fonction notamment du nombre <strong>de</strong><br />

mouvements, est affecté en totalité au dispositif d’ai<strong>de</strong> à<br />

l’insonorisation <strong>de</strong>s riverains <strong>de</strong> c<strong>et</strong> aéroport, <strong>et</strong> le taux <strong>de</strong><br />

base est fixé pour chaque aéroport. Environ 30 millions<br />

d’euros ont été <strong>de</strong> la sorte engagés en 2004, ce qui<br />

représente une importante hausse <strong>de</strong>s moyens financiers,<br />

qui étaient <strong>de</strong> 17 millions d’euros environ l’année<br />

précé<strong>de</strong>nte. Par la loi <strong>de</strong> finance rectificative <strong>de</strong> 2004, il a<br />

été décidé <strong>de</strong> donner la possibilité aux personnes publiques<br />

<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s emprunts dans le but d’accélérer<br />

l’insonorisation <strong>de</strong>s riverains, ces emprunts étant<br />

remboursés par le produit <strong>de</strong> la taxe, à concurrence <strong>de</strong> la<br />

moitié <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te taxe par année. Il est espéré que c<strong>et</strong>te<br />

disposition perm<strong>et</strong>tra d’accélérer notablement le rythme<br />

d’insonorisation <strong>de</strong>s logements. Non seulement la taxe a été<br />

largement augmentée <strong>de</strong>puis 2002, avec <strong>de</strong>s taux unitaires<br />

multipliés par <strong>de</strong>ux, mais, également, les coefficients <strong>de</strong><br />

modulation ont été élargis, multipliés par dix pour les vols<br />

nocturnes (au lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux auparavant), tandis que les<br />

coefficients correspondant aux catégories acoustiques ont<br />

été réévalués pour tenir compte <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la<br />

flotte. Pour la fixation du taux <strong>de</strong> base, lors <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong><br />

finance rectificative <strong>de</strong> 2004, il a été estimé que les<br />

compagnies aériennes avaient fourni un effort financier<br />

suffisant <strong>et</strong> qu’on ne pouvait pas leur en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

davantage pour le moment. En d’autres termes, les taux <strong>de</strong><br />

la taxe applicable aux compagnies aériennes restent fixés au<br />

montant maximum prévu à l’origine, c’est-à-dire 22 euros<br />

par vol pour Roissy-CDG <strong>et</strong> Orly, 8 euros par vol pour les<br />

autres aéroports. Cependant, pour tenir compte <strong>de</strong> la<br />

spécificité <strong>de</strong> certains aéroports, Strasbourg, dont les<br />

besoins sont inférieurs à ce que prévoyait la taxe, est passé<br />

<strong>de</strong> 8 à 0,5€ <strong>et</strong> Toulouse, dont les besoins sont importants,<br />

est passé <strong>de</strong> 8 à 22 €.<br />

Par ailleurs, le transfert <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s dossiers d’ai<strong>de</strong> aux<br />

gestionnaires d’aéroport, en lieu <strong>et</strong> place <strong>de</strong> l’A<strong>de</strong>me, s’est<br />

déroulé dans <strong>de</strong> bonnes conditions <strong>de</strong> collaboration entre<br />

l’A<strong>de</strong>me <strong>et</strong> les exploitants. Nous avons accordé beaucoup<br />

d’attention sur ce point qui cristallisait <strong>de</strong> nombreuses<br />

craintes <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s riverains. Sans oublier que le rôle <strong>de</strong><br />

la CCAR 1 a également été renforcé : celle-ci doit maintenant<br />

donner un avis conforme avant d’accor<strong>de</strong>r une insonorisation<br />

à un logement. Le rôle <strong>de</strong> l’exploitant <strong>de</strong> l’aéroport est<br />

d’assurer le secrétariat <strong>de</strong> la CCAR, d’instruire les dossiers,<br />

<strong>de</strong> verser les ai<strong>de</strong>s aux proj<strong>et</strong>s r<strong>et</strong>enus par la CCAR <strong>et</strong> son<br />

rôle se borne à celui là, c’est la CCAR qui déci<strong>de</strong> en <strong>de</strong>rnier<br />

lieu. La DGAC, pour sa part, assure un suivi annuel. Elle<br />

transm<strong>et</strong>tra annuellement au Conseil national du bruit (CNB)<br />

<strong>et</strong> au ministère <strong>de</strong> l’Écologie le nombre <strong>de</strong> dossiers traités <strong>et</strong><br />

le bilan annuel <strong>de</strong> la taxe.<br />

Des progrès sont encore attendus puisque, dans une<br />

prochaine phase, il est question d’améliorer encore la<br />

gestion opérationnelle du dispositif à tous les niveaux. On<br />

attend (début 2005) les résultats d’un groupe <strong>de</strong> travail qui<br />

a associé les exploitants d’aéroports — forts <strong>de</strong> leur année<br />

d’expérience <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s dossiers —, le ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie, l’Acnusa, le CNB, la direction générale <strong>de</strong><br />

l’urbanisme (DGUHC) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s experts techniques. Les<br />

conclusions porteront sur l’accompagnement <strong>de</strong>s riverains<br />

dans les démarches administratives, la simplification du<br />

dispositif — il faut reconnaître qu’il est actuellement<br />

particulièrement complexe. Autres objectifs : inciter à la<br />

réalisation d’opérations groupées, qui sont sources<br />

d’économies, fixer <strong>de</strong> nouvelles normes d’isolation,<br />

maîtriser les coûts. Une possibilité d’économies, qui n’a pas<br />

encore été arrêtée, pourrait consister à faire payer<br />

directement le diagnostic par un expert choisi par<br />

l’exploitant <strong>de</strong> l’aéroport, plutôt qu’un expert indépendant.<br />

Tout ceci participe d’une logique <strong>de</strong> recherche d’économies<br />

d’échelles <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s travaux,<br />

disposition qui n’est pas prévue par le dispositif actuel. Il<br />

serait aussi question <strong>de</strong> renforcer davantage encore le rôle<br />

<strong>de</strong>s CCAR. Peut-être y aura-t-il encore d’autres phases <strong>de</strong><br />

réforme ; ce dispositif est en perpétuelle évolution <strong>de</strong>puis<br />

quelques années <strong>et</strong> les riverains, les élus <strong>et</strong> l’Acnusa sont<br />

invités à nous faire toutes les suggestions possibles pour en<br />

améliorer encore l’efficacité.<br />

1 CCAR : Commission consultative d’ai<strong>de</strong> aux riverains<br />

Les ai<strong>de</strong>s accordées par l'Agence régionale <strong>de</strong> l'environnement en Lorraine<br />

Céline Dunand (Agence régionale <strong>de</strong><br />

l’environnement en Lorraine)<br />

L’Agence régionale <strong>de</strong> l’environnement en Lorraine (AREL)<br />

est une association qui a été créée à l’initiative du conseil<br />

régional pour animer l’ensemble <strong>de</strong> la politique<br />

d’environnement sur la région <strong>et</strong> qui a été désignée<br />

opérateur technique <strong>de</strong> la Région pour le programme<br />

d’isolation acoustique <strong>de</strong>s habitations riveraines <strong>de</strong><br />

l’aéroport M<strong>et</strong>z-Nancy-Lorraine.<br />

L’aéroport M<strong>et</strong>z-Nancy-Lorraine (MNL), créé en 1991, est la<br />

propriété <strong>de</strong> la Région. C’est une infrastructure qui occupe<br />

une emprise <strong>de</strong> 230 hectares chevauchant le territoire <strong>de</strong><br />

cinq communes. L’aéroport est co-géré par les CCI <strong>de</strong><br />

Moselle <strong>et</strong> <strong>de</strong> Meurthe-<strong>et</strong>-Moselle, au travers du groupement<br />

intercellulaire <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong> Lorraine. La<br />

plateforme compte une seule piste d’une longueur <strong>de</strong> 2500<br />

m avec, à terme, une volonté <strong>de</strong> l’allonger à 3050 m. En<br />

2004, l’aéroport représentait 300 emplois directement liés à<br />

son activité. En 2003, l’aéroport MNL se situait au vingttroisième<br />

rang <strong>de</strong>s aéroports <strong>de</strong> province pour le trafic <strong>de</strong><br />

passagers, au neuvième rang <strong>de</strong>s aéroports <strong>de</strong> province en<br />

matière <strong>de</strong> vols charters <strong>et</strong> au cinquième rang <strong>de</strong>s aéroports<br />

<strong>de</strong> Province en matière <strong>de</strong> fr<strong>et</strong>. Néanmoins, suite à l’arrêt<br />

d’Air Lib, l’activité passagers a enregistré une baisse<br />

notable. Depuis 2000, le fr<strong>et</strong> a également connu une forte<br />

baisse d’activité, avec, tout d’abord, l’arrêt du fr<strong>et</strong> postal<br />

puis, le redéploiement <strong>de</strong> l’activité fr<strong>et</strong> <strong>de</strong> DHL (transfert du<br />

pré-tri vers Bruxelles, une seule liaison quotidienne<br />

conservée sur sept initialement).<br />

Historiquement, ce programme d’ai<strong>de</strong> à l’isolation<br />

acoustique <strong>de</strong>s habitations riveraines <strong>de</strong> l’aéroport est venu<br />

d’une démarche initiée à l’automne 2001 par une<br />

association <strong>de</strong> riverains, soutenue par <strong>de</strong>s élus. Principal<br />

motif <strong>de</strong> plainte, les vols <strong>de</strong> nuit liés à l’activité <strong>de</strong> DHL. À<br />

la suite d’une rencontre avec le prési<strong>de</strong>nt du conseil<br />

régional, les principes <strong>de</strong> l’intervention ont été actés (en<br />

juin 2002) <strong>et</strong> le règlement particulier adopté (en septembre<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 73


2002). Ce règlement est basé sur les modalités mises en<br />

œuvre par l’État dans les dix plus grands aéroports français.<br />

La règle d’antériorité appliquée consiste à ne faire<br />

bénéficier <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> que les habitations dont le permis <strong>de</strong><br />

construire a été délivré avant le 31 décembre 2001.<br />

Pourquoi c<strong>et</strong>te date ? Il se trouve qu’un plan provisoire<br />

d’exposition au bruit a été acté en juin 2001, d’où c<strong>et</strong>te<br />

date limite <strong>de</strong> fin 2001. Concernant le périmètre<br />

d’éligibilité, sont concernées toutes les communes dont au<br />

moins une partie du territoire urbanisé est traversé par la<br />

zone d’indice psophique 72. Dès l’instant qu’une partie <strong>de</strong> la<br />

commune est traversée par c<strong>et</strong>te zone, tout le territoire <strong>de</strong><br />

la commune est éligible à l’ai<strong>de</strong>.<br />

Le déroulement <strong>de</strong> la procédure est assez classique. Un<br />

diagnostic est obligatoirement effectué avant travaux. Huit<br />

bureaux d’étu<strong>de</strong>s se sont engagés sur le cahier <strong>de</strong>s charges<br />

mis en place par la Région : celui-ci exige un isolement<br />

minimum aux bruits extérieurs <strong>de</strong> 35 dB, <strong>et</strong> une amélioration<br />

<strong>de</strong> l’isolation acoustique d’au moins 5 dB. L’ai<strong>de</strong> allouée<br />

couvre 80% du montant du diagnostic acoustique <strong>et</strong> 80% <strong>de</strong>s<br />

travaux, pourcentage pouvant être porté à 90% pour les<br />

foyers non imposables <strong>et</strong> à 100% pour les personnes non<br />

imposables ayant une invalidité à plus <strong>de</strong> 80%. À noter<br />

qu’une p<strong>et</strong>ite dérogation a été pratiquée par rapport aux<br />

principes financiers habituels du conseil régional : les<br />

travaux peuvent être subventionnés sur présentation <strong>de</strong><br />

factures non acquittées, ce qui perm<strong>et</strong> aux riverains <strong>de</strong> ne<br />

pas avoir à avancer l’argent. Dans le logement individuel, le<br />

montant <strong>de</strong>s travaux est plafonné à 2897 euros par pièce<br />

principale <strong>et</strong> 1067 euros pour la cuisine. Dix communes sont<br />

concernées autour <strong>de</strong> l’aéroport. Compte tenu <strong>de</strong> l’intensité<br />

<strong>de</strong>s nuisances constatées, l’intervention régionale se portera<br />

prioritairement sur les cinq communes situées en zone <strong>de</strong><br />

priorité 1 (<strong>de</strong>ux zones <strong>de</strong> priorité, 1 <strong>et</strong> 2, ont été définies).<br />

À l’heure actuelle, en ce qui concerne le diagnostic<br />

acoustique, toutes les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sont traitées. Pour les<br />

travaux, la zone <strong>de</strong> priorité 1 est traitée en premier, les<br />

autres dossiers étant mis en attente jusqu’à ce que la<br />

première vague <strong>de</strong> dossiers <strong>de</strong> priorité 1 soit instruite.<br />

L’agence régionale, qui est l’opérateur technique, joue un<br />

rôle d’accompagnement <strong>de</strong>s riverains dans les démarches <strong>de</strong><br />

dépôt <strong>de</strong> dossier <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la recevabilité <strong>de</strong>s<br />

dossiers pour le diagnostic acoustique. L’AREL contrôle la<br />

recevabilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dossiers d’ai<strong>de</strong>. Le dossier est<br />

présenté une première fois en commission permanente du<br />

conseil régional pour décision sur l’ai<strong>de</strong> pour le diagnostic. À<br />

la suite du diagnostic, les entreprises produisent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vis<br />

détaillés pour tous les travaux conformément au rapport du<br />

diagnostic. Les dossiers sont présentés, pour avis, au comité<br />

<strong>de</strong> suivi (constitué <strong>de</strong>s dix maires <strong>de</strong>s communes concernées,<br />

d’une représentante du Groupement <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s<br />

riverains <strong>de</strong> l’aéroport, d’un représentant <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> la<br />

Région <strong>et</strong> du vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Région en charge <strong>de</strong>s<br />

infrastructures) puis, pour décision, à la Commission<br />

permanente du conseil régional. À l’issue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière,<br />

la notification <strong>de</strong> la décision d’ai<strong>de</strong> aux travaux est adressée<br />

par courrier. Le délai <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>s travaux est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

ans. À la fin <strong>de</strong>s travaux, les factures sont r<strong>et</strong>ournées à<br />

l’AREL. Un contrôle <strong>de</strong> l’exécution effective <strong>de</strong>s travaux<br />

peut être effectué avant le versement <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Le Conseil<br />

Régional rembourse à hauteur <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s dépenses<br />

acceptées <strong>et</strong> dans la limite <strong>de</strong>s plafonds définis.<br />

Le programme d’isolation acoustique a réellement<br />

commencé début 2003. En eff<strong>et</strong>, après le vote du règlement<br />

d’intervention en septembre 2002, <strong>de</strong>s réunions publiques se<br />

sont tenues dans les communes. Potentiellement, sur la base<br />

du recensement <strong>de</strong> 1999, 865 habitations seraient<br />

concernées par le dispositif d’ai<strong>de</strong>. À l’heure actuelle, 468<br />

riverains ont entamé une démarche auprès <strong>de</strong> l’AREL. Il<br />

s’agit en majorité <strong>de</strong> logements individuels. Un total <strong>de</strong> 327<br />

diagnostics ont été réalisés <strong>et</strong>, pour 95 habitations, les<br />

travaux sont achevés. Soit un avancement qui s’établit, pour<br />

les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s reçues, à 54% du programme <strong>et</strong>, pour les<br />

travaux réalisés, à 11%. Côté subventions, 2 947 000 euros<br />

ont été attribués par le conseil régional. C<strong>et</strong>te somme se<br />

répartit entre 305 diagnostics acoustiques remboursés<br />

(187 747 euros) <strong>et</strong> 199 dossiers présentés pour les travaux,<br />

pour une subvention <strong>de</strong> 2 759 929 euros. Les 95 habitations<br />

isolées acoustiquement représentent une subvention <strong>de</strong><br />

1 149 675 euros.<br />

Initialement, le programme <strong>de</strong>vait durer quatre ans environ<br />

<strong>et</strong> la Région avait estimé un budg<strong>et</strong> total <strong>de</strong> 6 à 7 millions<br />

d’euros. Le bilan après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> programme montre que<br />

la moitié <strong>de</strong>s riverains ont entamé une démarche pour<br />

pouvoir bénéficier <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>, mais que 95 habitations<br />

seulement ont été traitées. La totalité <strong>de</strong> l’opération<br />

<strong>de</strong>vrait donc durer plus <strong>de</strong> quatre ans. En revanche, les<br />

r<strong>et</strong>ours indiquent <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> satisfaction élevés chez les<br />

riverains pour qui les travaux sont terminés.<br />

Débat<br />

Fonds d’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation insuffisant à<br />

Toulouse<br />

Chantal Deman<strong>de</strong>r (Collectif contre les nuisances aériennes<br />

<strong>de</strong> l’agglomération toulousaine) : Il me semble qu’il y a une<br />

inégalité <strong>de</strong> traitement du citoyen <strong>de</strong>vant la loi. Mieux vaut<br />

habiter en Lorraine qu’à Toulouse. En eff<strong>et</strong>, l’Acnusa a<br />

estimé à 148 millions d’euros le budg<strong>et</strong> nécessaire pour<br />

insonoriser l’ensemble <strong>de</strong>s habitations incluses dans le PGS.<br />

En neuf ans, 22 millions d’euros seulement ont été<br />

dépensés. Deux millions ont été accordés c<strong>et</strong>te année. Le<br />

calcul est simple : au rythme actuel, il faudra 75 ans pour<br />

traiter l’actuel PGS <strong>de</strong> Toulouse-Blagnac. Dès lors, si la loi<br />

développée par la DGAC est bonne pour les aéroports<br />

parisiens, bonne pour l’ensemble <strong>de</strong>s aéroports <strong>de</strong> province,<br />

force est <strong>de</strong> constater qu’elle est catastrophique pour<br />

Toulouse. Quant à la solution <strong>de</strong> l’emprunt, ma voisine va<br />

vous dire tout le bien qu’elle pense <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te solution.<br />

Odile Salomé (Collectif contre les nuisances aériennes <strong>de</strong><br />

l’agglomération toulousaine) : Le conseil régional propose<br />

aujourd’hui d’abon<strong>de</strong>r à hauteur <strong>de</strong> 40 millions le fond<br />

d’ai<strong>de</strong> en remboursant c<strong>et</strong> emprunt à hauteur <strong>de</strong> la moitié<br />

<strong>de</strong> la taxe. Ils vont donc m<strong>et</strong>tre à disposition 40 millions<br />

d’euros alors qu’il en faudrait 140, sans compter que, en<br />

zone A du PEB, ils feraient mieux <strong>de</strong> proposer le rachat <strong>de</strong>s<br />

habitations, car les conditions <strong>de</strong> vie y sont inacceptables.<br />

Mieux vaudrait emprunter 140 millions <strong>et</strong> affecter toute la<br />

taxe au remboursement. Le problème, c’est que la taxe ne<br />

perm<strong>et</strong>tra jamais <strong>de</strong> rembourser <strong>de</strong> telles annuités. Ou alors<br />

il faudrait emprunter sur 100 ans, mais cela ne me semble<br />

pas raisonnable <strong>de</strong> laisser un tel ca<strong>de</strong>au à nos enfants. Si<br />

l’aéroport <strong>de</strong> Toulouse-Blagnac est trop nuisant au point que<br />

la taxe collectée ne suffit pas, d’un taux <strong>de</strong> base <strong>de</strong> 22<br />

euros, peut-être faut-il passer à 44, à 55, à 70 euros… à un<br />

taux qui reflète réellement le nombre <strong>de</strong> personnes qui<br />

subissent les nuisances. On ne <strong>de</strong>vrait pas avoir le droit <strong>de</strong><br />

survoler <strong>de</strong>s personnes dont les habitations ne sont pas<br />

insonorisées. L’insonorisation <strong>de</strong>vrait se faire préalablement<br />

PAGE 74<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


à l’extension <strong>de</strong>s PGS <strong>et</strong> <strong>de</strong>s PEB, <strong>et</strong> non pas a posteriori.<br />

Cela <strong>de</strong>vrait se faire au moment où les survols sont imposés<br />

aux gens.<br />

De la salle : Je voudrais corriger une erreur commise<br />

plusieurs fois aujourd’hui. En 2002, l’enveloppe dépensée<br />

pour l’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation a été <strong>de</strong> 34 millions d’euros, <strong>et</strong><br />

non <strong>de</strong> 17 millions, comme cela a été dit. L’A<strong>de</strong>me avait en<br />

eff<strong>et</strong> collecté 17 millions, mais le ministère <strong>de</strong><br />

l’Environnement avait abondé à hauteur <strong>de</strong> 17 millions<br />

également. Ainsi, vous considérez comme une avancée<br />

importante le fait <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> 34 millions en 2002 à 30<br />

millions en 2003. Il est vrai que les 30 millions <strong>de</strong> 2003 sont<br />

bel <strong>et</strong> bien collectés, payés par les compagnies aériennes.<br />

On nous annonce 55 millions pour l’année suivante, mais,<br />

comme il n’y a plus <strong>de</strong> péréquation, les aéroports dont la<br />

population survolée est importante <strong>et</strong> dont le trafic est<br />

important, sans être contributifs, sont très pénalisés.<br />

La gestion <strong>de</strong>s nuisances <strong>et</strong> <strong>de</strong>s plaintes associées<br />

Lionel Lassagne (aéroport Lyon-Saint-Exupéry)<br />

Je livre ici un r<strong>et</strong>our d’expériences <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />

nuisances à l’aéroport <strong>de</strong> Lyon. Il n’y a pas qu’en Belgique<br />

où le contexte institutionnel <strong>de</strong>s aéroports est compliqué. Il<br />

suffit pour s’en convaincre <strong>de</strong> considérer le cas <strong>de</strong> Lyon-<br />

Saint-Exupéry. Le gestionnaire, la Chambre <strong>de</strong> commerce <strong>et</strong><br />

d’industrie <strong>de</strong> Lyon, se r<strong>et</strong>rouve au milieu d’une multitu<strong>de</strong><br />

d’intérêts pas forcément convergents : l’État (l’autorité<br />

concédante, qui est représentée sur la plateforme), les<br />

compagnies, la clientèle <strong>de</strong>s compagnies, les associations <strong>de</strong><br />

riverains, les riverains, les élus locaux <strong>et</strong> les élus régionaux.<br />

La Commission consultative <strong>de</strong> l’environnement est donc le<br />

lieu où ces différents intérêts tentent <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s<br />

éléments <strong>de</strong> convergence. Pour ce faire, la CCI dispose <strong>de</strong><br />

trois modalités d’action privilégiées : l’information,<br />

l’explication <strong>et</strong> la concertation.<br />

En matière d’information, la Chambre <strong>de</strong> commerce publie<br />

un certain nombre <strong>de</strong> supports. Le principal d’entre eux est<br />

le journal Dialogue. À noter qu’il est prochainement prévu<br />

<strong>de</strong> réserver un droit <strong>de</strong> réponse aux associations, sous forme<br />

d’une tribune libre intégrée à Dialogue, où les riverains<br />

auront une totale liberté éditoriale. Au chapitre <strong>de</strong><br />

l’explication, il faut citer l’espace d’information dédié où un<br />

médiateur renseigne les riverains sur les niveaux <strong>sonores</strong> <strong>et</strong><br />

les trajectoires. Ce médiateur est rémunéré par la Chambre<br />

<strong>de</strong> commerce pour apporter <strong>de</strong>s réponses aux riverains à<br />

partir du système Constas, système <strong>de</strong> surveillance qui m<strong>et</strong><br />

en relation les trajectoires <strong>et</strong> les niveaux <strong>de</strong> bruit au<br />

voisinage <strong>de</strong> l’aéroport. Le vol<strong>et</strong> consacré à la concertation,<br />

contrairement à ce qui a pu être dit précé<strong>de</strong>mment, est<br />

d’abord d’ordre institutionnel, la CCE, <strong>et</strong> son appendice, le<br />

comité permanent, étant sous la responsabilité <strong>de</strong> l’État. Ce<br />

sont <strong>de</strong>s lieux pour lesquels <strong>de</strong>s efforts ont été consacrés,<br />

contrairement à une certaine époque où, hélas, <strong>de</strong>s<br />

problèmes s’étaient fait jour. La CCE est un lieu où l’on<br />

discute véritablement <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’aéroport — en<br />

présentant, autant que faire se peut, les étu<strong>de</strong>s d’impact,<br />

notamment d’impact économique — <strong>et</strong> où l’on se m<strong>et</strong><br />

d’accord sur un certain nombre d’actions.<br />

Sur le plan <strong>de</strong>s mesures opérationnelles, la CCI a désormais<br />

la compétence <strong>de</strong> la gestion du dispositif d’ai<strong>de</strong> à<br />

l’insonorisation. Nous étions, il y an un an <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi, le seul<br />

aéroport, avec ADP, à être favorables à c<strong>et</strong>te réforme <strong>de</strong><br />

l’ai<strong>de</strong> à l’insonorisation. Nous souhaitions en eff<strong>et</strong> gérer<br />

localement c<strong>et</strong>te ai<strong>de</strong> <strong>et</strong> n’étions pas totalement satisfaits<br />

du dispositif <strong>de</strong> l’A<strong>de</strong>me. Comme beaucoup d’aéroports,<br />

nous avons mis en place un service dédié qui, je crois, est<br />

déjà plus satisfaisant. Pour continuer à aller dans ce sens,<br />

un plan <strong>de</strong> charge a été adopté. En plus <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à<br />

l’insonorisation, <strong>de</strong>s restrictions opérationnelles sont<br />

appliquées, notamment la nuit pour les aéronefs les plus<br />

bruyants du chapitre 3, dans un premier temps <strong>de</strong> 23h30 à<br />

6h15 <strong>et</strong>, prochainement, <strong>de</strong> 22h00 à 6h00. Ce sont <strong>de</strong>s<br />

mesures parfois jugées minimalistes par les riverains, élus <strong>et</strong><br />

associations <strong>et</strong> je comprends ce point <strong>de</strong> vue. Pour nous<br />

professionnels, ce n’est pas toujours simple <strong>de</strong> faire<br />

approuver ces mesures par les compagnies <strong>et</strong> <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre<br />

en application. Pour la précé<strong>de</strong>nte restriction, DHL ayant<br />

signifié son désaccord — « Si vous ne respectez pas les<br />

principes <strong>de</strong> l’approche équilibrée, nous attaquerons<br />

l’arrêté du ministre en justice » —, nous avions trouvé un<br />

compromis avec DHL, au terme duquel la compagnie <strong>de</strong> fr<strong>et</strong><br />

express avait procédé au remplacement <strong>de</strong> ses appareils par<br />

<strong>de</strong>s modèles moins bruyants. Des procédures <strong>de</strong> moindre<br />

bruit sont aussi en place : pentes <strong>de</strong> montées, interdiction<br />

<strong>de</strong>s approches à vue <strong>et</strong>, prochainement, volumes <strong>de</strong><br />

protection environnementale (VPE). L’angle d’ouverture du<br />

cône <strong>et</strong> son positionnement dans l’espace seront arrêtés<br />

dans le cadre d’un comité <strong>de</strong> suivi avec les associations <strong>de</strong><br />

riverains <strong>et</strong> les élus locaux.<br />

Le troisième axe <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s nuisances<br />

<strong>sonores</strong> à Lyon-Saint-Exupéry concerne la préservation <strong>de</strong><br />

l’avenir. Ce vol<strong>et</strong> important repose notamment sur un<br />

document essentiel : le PEB. Quoiqu’on en dise, ce<br />

document d’urbanisme évite in fine que <strong>de</strong>s populations<br />

nouvelles viennent s’installer, que <strong>de</strong>s élus accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

permis <strong>de</strong> construire dans <strong>de</strong>s zones fortement impactées<br />

par le bruit actuellement, mais aussi dans un horizon <strong>de</strong><br />

vingt ou trente ans. Malgré ses limites, c<strong>et</strong> exercice préserve<br />

le développement <strong>de</strong> l’infrastructure. Par ailleurs, nous<br />

avons pris l’engagement que la gêne sonore la nuit baisse.<br />

Cela correspond à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> évi<strong>de</strong>mment très forte <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> riverains, <strong>et</strong> nous sommes bien<br />

conscients que l’avenir <strong>de</strong> l’aéroport Saint-Exupéry ne se<br />

fera pas entre 22h00 <strong>et</strong> 6h00. Ce ne serait ni réaliste en<br />

termes <strong>de</strong> clientèle, ni réaliste vis-à-vis du territoire. Des<br />

procédures, relevant tant <strong>de</strong> la navigation aérienne que <strong>de</strong><br />

l’étalement <strong>de</strong>s vols durant la journée, <strong>de</strong>vraient perm<strong>et</strong>tre<br />

<strong>de</strong> réduire c<strong>et</strong>te nuisance la nuit. Nous rapporterons<br />

régulièrement en CCE <strong>de</strong>s évolutions que nous aurons mises<br />

au point en concertation avec les acteurs locaux.<br />

Côté recherche “fondamentale”, nous sommes partenaires<br />

du proj<strong>et</strong> Teria, un proj<strong>et</strong> européen <strong>de</strong> recherche qui vise à<br />

m<strong>et</strong>tre au point <strong>de</strong>s fenêtres antibruit, appuyé sur le<br />

principe du contrôle actif du bruit, qui perm<strong>et</strong>trait d’ouvrir<br />

les fenêtres sans laisser rentrer le bruit. Qui plus est, nous<br />

avons encouragé la création d’un observatoire <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore, puisque, nous, Chambre <strong>de</strong><br />

commerce, ne disposons pas forcément <strong>de</strong>s ressources en<br />

interne pour engager <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s approfondies sur <strong>de</strong> tels<br />

suj<strong>et</strong>s. M. Vall<strong>et</strong>, qui est le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> c<strong>et</strong> observatoire,<br />

vous en fera un rapi<strong>de</strong> exposé dans un instant. Voici donc,<br />

brossé brièvement, les axes d’action <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong> sur l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 75


Débat<br />

Zoom sur l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry<br />

Michel Transy (Acenas) : Une remarque : M. Lassagne a<br />

oublié <strong>de</strong> dire que le PEB prévoit la création d’un <strong>de</strong>uxième<br />

aéroport plus à l’ouest, avec <strong>de</strong>ux pistes supplémentaires<br />

dans une zone qui est fortement urbanisée. Deuxièmement,<br />

pour ce qui concerne les vols <strong>de</strong> nuit vous n’avez pas<br />

accepté formellement d’engager les productions. Ce que<br />

nous avions <strong>de</strong>mandé, c’est ce qui se pratique à Roissy-CDG,<br />

à savoir <strong>de</strong> supprimer chaque créneau abandonné par une<br />

compagnie. On nous a répondu qu’il n’était pas possible, à<br />

Lyon, <strong>de</strong> modifier les créneaux. Pourquoi Roissy-CDG est-il le<br />

seul aéroport qui utilise le principe <strong>de</strong>s créneaux ? Pour<br />

finir, à combien <strong>de</strong> mouvements annuels en sommes-nous,<br />

alors que le système Constas n’est doté que <strong>de</strong> six stations<br />

<strong>de</strong> mesure ? Car, nous venons <strong>de</strong> voir qu’en Belgique, on est<br />

capable <strong>de</strong> déployer 16 stations <strong>de</strong> mesure pour 35 000<br />

mouvements. L’entrée en vigueur du VPE, c’est pour 2007 ?<br />

Lionel Lassagne : Je vais essayer <strong>de</strong> répondre à toutes ces<br />

questions une par une. D’ailleurs, vous en avez oublié une,<br />

qui a trait à la fameuse étu<strong>de</strong> sur la possibilité <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

place un fond <strong>de</strong> garantie ? Lorsque l’État nous a intégré à<br />

un groupe <strong>de</strong> travail dans le cadre <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à<br />

l’insonorisation, nous avons <strong>de</strong>mandé à la Caisse <strong>de</strong>s dépôts<br />

<strong>et</strong> consignations <strong>de</strong> réaliser une telle étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité<br />

juridique. Dans notre vision, il conviendrait <strong>de</strong> laisser la<br />

possibilité à la Commission consultative d'ai<strong>de</strong> aux riverains<br />

(CCAR), d’une part, d’insonoriser, comme elle le fait<br />

aujourd’hui, <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>de</strong> garantir, sous sa<br />

responsabilité, une éventuelle dépréciation du prix d’un<br />

logement situé dans le PGS. Il est regr<strong>et</strong>table que c<strong>et</strong>te idée<br />

neuve n’ait pas été r<strong>et</strong>enue. Il me semble que l’aéroport <strong>de</strong><br />

Nice, qui s’était intéressé à un dispositif similaire, adapté au<br />

cas <strong>de</strong> l’achat d’un logement, aurait aussi souhaité octroyer<br />

davantage <strong>de</strong> souplesse à la CCAR. Également, concernant le<br />

trait du PGS, il est dommage qu’on ne nous ait pas accordé,<br />

au moment <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réforme, plus <strong>de</strong> souplesse. Espérons<br />

que le dispositif pourra continuer à évoluer.<br />

Concernant les troisième <strong>et</strong> quatrième pistes, il est, en<br />

eff<strong>et</strong>, prévu une extension du doubl<strong>et</strong> <strong>de</strong> pistes <strong>de</strong><br />

l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, avec un troisième terminal <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>ux nouvelles pistes. Dès l’ouverture <strong>de</strong> l’aéroport, le choix<br />

du site avait pris ce schéma en compte. Le PEB tient compte<br />

<strong>de</strong> ces pistes qui n’existent pas encore. Malheureusement,<br />

vous avez raison sur ce point, le PEB n’a pas toujours été<br />

respecté : ces zones se sont urbanisées <strong>et</strong> <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong><br />

construire ont été accordés dans les zones <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong>s<br />

futures pistes. Dans quelques années, au moment <strong>de</strong> prendre<br />

la décision d’une troisième piste, nous verrons quel<br />

traitement l’État souhaitera réserver aux riverains qui se<br />

sont installés dans ces futures zones <strong>de</strong> bruit. Pour l’instant,<br />

charge à nous <strong>de</strong> gérer la situation présente.<br />

J’en viens aux vols <strong>de</strong> nuit. À Roissy, qui compte 200 vols<br />

nocturnes, la non réaffectation <strong>de</strong>s créneaux est <strong>de</strong> mise. À<br />

l’époque <strong>de</strong> votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’appliquer c<strong>et</strong>te mesure, nous<br />

avions à Lyon une vingtaine <strong>de</strong> vols <strong>de</strong> nuit, c’est pourquoi<br />

nous avons préféré une approche plutôt “lyono-lyonnaise”<br />

du problème <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong> nuit, <strong>et</strong> non l’application <strong>de</strong><br />

mesures adaptées à <strong>de</strong>s aéroports sans commune mesure<br />

avec Lyon-Saint-Exupéry. C’était votre position, ce n’était<br />

pas la nôtre. Nous avons trouvé un point <strong>de</strong> convergence qui<br />

consiste à s’engager dans un processus <strong>de</strong> baisse du niveau<br />

<strong>de</strong> la gêne la nuit. Et c<strong>et</strong> engagement se fera en<br />

concertation avec les associations, dans le cadre du comité<br />

<strong>de</strong> suivi. Nous vous ferons <strong>de</strong>s propositions, après avoir<br />

interrogé les compagnies pour savoir quels dispositifs<br />

crédibles l’on pourra proposer. Ensuite, vous aurez toute<br />

liberté <strong>de</strong> parole <strong>et</strong> vous jugerez <strong>de</strong>s avancées.<br />

Concernant le nombre <strong>de</strong> mouvements <strong>et</strong> le nombre <strong>de</strong><br />

capteurs <strong>de</strong> Constas, nous en avons déjà parlé <strong>et</strong> je ne suis<br />

pas certain que ce soit une règle inscrite dans le marbre que<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>voir forcément calquer le nombre <strong>de</strong> capteurs sur le<br />

nombre <strong>de</strong> mouvements. Nous en sommes actuellement à un<br />

peu moins <strong>de</strong> 120 000 mouvements annuels. Nous avons la<br />

chance <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r une station mobile, avec un ingénieur<br />

Inr<strong>et</strong>s qui a <strong>de</strong>s places à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Si, un jour, vous nous<br />

dites que cela vous semble absolument indispensable<br />

d’ajouter un ou <strong>de</strong>ux capteurs ici ou là <strong>et</strong> que<br />

l’observatoire, dans lequel vous siégez, se prononce<br />

également dans ce sens, nous achèterons d’autres capteurs.<br />

Personnellement, je ne vois pas trop ce que cela peut<br />

apporter <strong>et</strong> il ne faudrait pas que cela se fasse aux dépens<br />

<strong>de</strong> la station mobile.<br />

De la salle : Nous venons <strong>de</strong> voir qu’en Lorraine, dès<br />

l’instant qu’une commune est touchée, c’est toute la<br />

commune qui est insonorisée.<br />

Lionel Lassagne : Cela relève <strong>de</strong> la souplesse dont je parlais<br />

à l’instant. Il n’est pas incohérent que l’État ait voulu<br />

m<strong>et</strong>tre en place une règle. En CCAR, nous sommes<br />

régulièrement les témoins <strong>de</strong> c<strong>et</strong> arbitrage difficile<br />

concernant les habitations juste en <strong>de</strong>hors du PGS. Mais, à<br />

mon sens, le vrai débat <strong>de</strong>meure le montant <strong>de</strong> l’enveloppe<br />

financière. Il ne faut pas oublier que nous n’avons pas<br />

encore achevé d’insonoriser les logements se trouvant à<br />

l’intérieur du périmètre. Il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s indices<br />

servant à l’élaboration du PGS : d’autres indices pourraient<br />

<strong>de</strong>ssiner une enveloppe bien plus étendue. Il me semble<br />

qu’il est préférable d’insonoriser en priorité les logements<br />

situés dans l’actuelle enveloppe, car, par définition, ils sont<br />

plus impactés que ceux qui se situent à 300 m du trait. Et<br />

pour vali<strong>de</strong>r ou non l’enveloppe du PGS, la station mobile<br />

nous perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> savoir si les niveaux correspon<strong>de</strong>nt à<br />

l’indice calculé.<br />

Présentation <strong>de</strong> l'observatoire <strong>de</strong> l'environnement sonore <strong>de</strong> l'aéroport <strong>de</strong><br />

Lyon-Saint-Exupéry (O<strong>de</strong>sa)<br />

Michel Vall<strong>et</strong> (Aedifice)<br />

L’observatoire <strong>de</strong> l’environnement sonore <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong><br />

Lyon, constitué en milieu d’année 2004, est né d’une<br />

rencontre entre l’intérêt <strong>de</strong>s chercheurs pour les<br />

intéressantes données produites par le réseau <strong>de</strong> mesure<br />

Constas <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> commerce, qui souhaite<br />

développer la gestion <strong>de</strong> l’environnement sonore autour <strong>de</strong><br />

l’aéroport.<br />

À partir d’un programme 01dB, Constas produit <strong>de</strong>s données<br />

publiées dans un bull<strong>et</strong>in trimestriel. Y sont reproduits les<br />

niveaux L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L Amax pour tous les sites bénéficiant d’une<br />

station <strong>de</strong> mesure permanente, ainsi que <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la<br />

station mobile, moyennant l’intervention d’un acousticien<br />

<strong>de</strong> l’Inr<strong>et</strong>s. Cela signifie que, déjà, l’on se préoccupe <strong>de</strong>s<br />

événements <strong>sonores</strong>, notamment la nuit. À mon sens,<br />

l’aéroport doit s’en tenir à la publication <strong>de</strong> ces données<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


utes. Il est préférable que ce ne soit pas l’aéroport qui<br />

interprète ces données <strong>et</strong> tienne le sempiternel discours du<br />

type : « le trafic a augmenté <strong>et</strong>, pourtant, les niveaux sont<br />

à peine plus élevés ou même à la baisse ». C’est plutôt le<br />

rôle d’une autorité indépendante <strong>et</strong> locale, comme O<strong>de</strong>sa <strong>et</strong><br />

son équipe <strong>de</strong> spécialistes compétents.<br />

Dans un premier temps, nous nous proposons <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s<br />

exploitations complémentaires <strong>de</strong>s données issues du réseau<br />

<strong>de</strong> mesure permanent Constas. Il s’agit d’encourager<br />

l’aéroport à produire <strong>de</strong>s publications techniques <strong>et</strong><br />

scientifiques <strong>et</strong>, si les moyens sont disponibles, <strong>de</strong> faire<br />

réaliser d’autres étu<strong>de</strong>s sur le bruit. Le choix <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s<br />

peut résulter d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> provenant <strong>de</strong> la CCI, <strong>de</strong>s<br />

riverains ou <strong>de</strong>s élus locaux. L’une <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s a été<br />

confirmée très récemment : elle consistera à étudier la<br />

correspondance entre les mesures réalisées <strong>et</strong> les périmètres<br />

<strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> bruit établies par le calcul (par le service<br />

technique <strong>de</strong>s bases aériennes). D’autres étu<strong>de</strong>s pourront<br />

également s’intéresser à <strong>de</strong>s thèmes nouveaux gardant un<br />

intérêt local (santé, économie, dépréciation immobilière). Il<br />

y aurait avantage à réaliser une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation entre la<br />

dispersion <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s d’atterrissage <strong>et</strong> les niveaux <strong>de</strong><br />

bruit, afin <strong>de</strong> vérifier l’éventuel bénéfice d’un contrôle plus<br />

strict <strong>de</strong>s approches. Pour ce faire, il conviendra <strong>de</strong><br />

rapprocher les niveaux instantanés maximum L Amax avec les<br />

trajectoires <strong>et</strong> les hauteurs <strong>de</strong> vols, données fournies par la<br />

direction générale <strong>de</strong> l’aviation civile.<br />

Au groupe initial constitué <strong>de</strong> scientifiques sont venus<br />

s’ajouter les riverains <strong>et</strong> les élus intéressés pour prendre<br />

part à l’observatoire. Tout ceci se fait donc dans la<br />

transparence. Le conseil scientifique est composé d’un<br />

acousticien, d’économiste <strong>de</strong>s transports, d’une spécialiste<br />

<strong>de</strong> l’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> la documentation sur le bruit, d’un<br />

psychologue <strong>et</strong> d’un mé<strong>de</strong>cin. Acoucité, le CIDB, le CSTB,<br />

l’Inr<strong>et</strong>s, l’INSA <strong>et</strong> la Ville <strong>de</strong> Lyon sont donc représentés. Le<br />

Dr Ritter, <strong>de</strong> la Communauté urbaine <strong>de</strong> Lyon a proposé <strong>de</strong><br />

confier à un thésard en mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> suivre les publications<br />

récentes en matière <strong>de</strong> relations entre bruit <strong>de</strong>s avions <strong>et</strong><br />

santé. Côté ressources, pour assurer l’indépendance <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te association, il conviendra <strong>de</strong> faire appel aux gran<strong>de</strong>s<br />

collectivités locales, à l’Acnusa, aux ministères, à la DGAC<br />

ou à la Commission européenne. Charge à nous <strong>de</strong> proposer<br />

<strong>de</strong>s choses intéressantes.<br />

Le programme d’étu<strong>de</strong>s pour la pério<strong>de</strong> 2005-2007 comprend<br />

donc une cartographie du cumul <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong><br />

subies par les riverains, une cartographie <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

bruit mesurés au sol, afin <strong>de</strong> vérifier la validité <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />

bruit du PGS, ainsi qu’une étu<strong>de</strong> préliminaire relative à la<br />

mise en place d’un observatoire <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s transactions<br />

immobilières (zones bruit – zones témoin).<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 77


Avertissement<br />

Atelier<br />

Programme européen Harmonoise : les métho<strong>de</strong>s<br />

harmonisées <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> l'exposition au bruit<br />

dans le cadre <strong>de</strong> la directive européenne<br />

De mauvaises conditions techniques n’ont pas permis d’exploiter l’enregistrement audio réalisé durant c<strong>et</strong> atelier. A la date<br />

<strong>de</strong> ces Quatrièmes assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore, le proj<strong>et</strong> Harmonoise était arrivé son terme,<br />

techniquement tout du moins. En conséquence, le texte que nous proposons ci-<strong>de</strong>ssous est une synthèse du troisième rapport<br />

d’avancement rédigé par le CSTB fin septembre 2005. Nous présentons nos excuses aux différents intervenants <strong>de</strong> l’atelier du<br />

18 janvier 2005 : Michel Bérenger (LCPC), Francis Besnard (S<strong>et</strong>ra), Jérôme Defrance (CSTB), Pierre-Etienne Gautier (SNCF),<br />

Dick Van Maercke (CSTB) <strong>et</strong> Paul <strong>de</strong> Vos (AEE), ainsi qu’à Jacques Roland (CSTB), l’animateur <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier.<br />

Introduction<br />

La directive européenne relative à l’évaluation <strong>et</strong> à la<br />

gestion du bruit dans l’environnement (2002/49/CE), pour<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong>, donne la préférence au<br />

calcul plutôt qu’à la mesure, tout en reconnaissant le<br />

manque <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s unifiées, collectivement acceptées <strong>et</strong><br />

suffisamment fiables. Pour la première étape <strong>de</strong><br />

présentation <strong>de</strong> cartes stratégiques du bruit, en 2007, les<br />

Etats membres sont autorisés, sous certaines conditions, à<br />

utiliser leurs métho<strong>de</strong>s nationales respectives ou, à défaut,<br />

sont tenus d’appliquer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s intérimaires prescrites<br />

par la Commission. Pour la secon<strong>de</strong> étape prévue en 2012, la<br />

directive <strong>de</strong>man<strong>de</strong> toutefois que soient développées <strong>et</strong><br />

appliquées <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision unifiées. Le proj<strong>et</strong><br />

Harmonoise vise la préparation <strong>et</strong> le développement <strong>de</strong><br />

telles métho<strong>de</strong>s harmonisées perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> répondre à ces<br />

exigences. En intégrant <strong>de</strong>s avancées scientifiques<br />

significatives <strong>et</strong> en dépassant les métho<strong>de</strong>s existantes en<br />

termes <strong>de</strong> précision, <strong>de</strong> fiabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> domaine<br />

d’application, le proj<strong>et</strong> vise une large acceptation <strong>de</strong>s<br />

nouvelles métho<strong>de</strong>s, autant par la communauté scientifique<br />

que par les utilisateurs futurs. Dans les limites budgétaires<br />

imposées, le proj<strong>et</strong> a restreint ses investigations aux bruits<br />

<strong>de</strong>s transports routiers <strong>et</strong> ferroviaires.<br />

Ce proj<strong>et</strong> est co-financé par la Commission Européenne,<br />

dans le cadre du 5ème PCRD <strong>et</strong> par la Mission bruit du<br />

ministère <strong>de</strong> l’Ecologie <strong>et</strong> du développement durable. Le<br />

pilotage <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong> a été confié à Paul De Vos. Initié il y a<br />

quatre ans environ, ce proj<strong>et</strong> est pratiquement achevé, sur<br />

le plan technique tout du moins.<br />

Composition du consortium Harmonoise<br />

Le proj<strong>et</strong> Harmonoise a été réalisé par un consortium <strong>de</strong> dixneuf<br />

partenaires venant <strong>de</strong> neuf pays <strong>de</strong> l’Union. Un<br />

vingtième partenaire (Sintef) a rejoint le consortium en<br />

cours <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> a participé à ces travaux sur financement<br />

national. La taille <strong>et</strong> la composition géographique du<br />

consortium ont permis un accès privilégié aux connaissances<br />

existantes en matière <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s nationales. En<br />

particulier, le proj<strong>et</strong> a pu m<strong>et</strong>tre à profit les expériences<br />

récentes <strong>de</strong> ses partenaires français (NMPB) <strong>et</strong> scandinaves<br />

(Nord 2000) impliqués dans la mise au point <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

prévisionnelles dans leurs pays respectifs.<br />

Les vingt partenaires :<br />

• AEA Technology Rail BV (Pays-Bas)<br />

• N<strong>et</strong>herlands Organisation for Applied Scientific Research<br />

(TNO, Pays-Bas)<br />

• Sveriges Provnings-och Forskningsinstitut Aktiebolag<br />

(Suè<strong>de</strong>)<br />

• DGMR, Consulting Engineers (Pays-Bas)<br />

• DeBakom Gesellschaft für sensorische Messtechnik mbH<br />

(Allemagne)<br />

• Deutsche Bahn AG (Allemagne)<br />

• Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt e.V.<br />

(Allemagne)<br />

• M+P raadgeven<strong>de</strong> ingenieurs bv (Pays-Bas)<br />

• Transport Research Laboratory (Royaume-Uni)<br />

• SNCF (France)<br />

• CSTB (France)<br />

• Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées (LCPC, France)<br />

• Autostra<strong>de</strong> per l’Italia (Italie)<br />

• Agenzia Regionale per la Protezione Ambientale <strong>de</strong>lla<br />

Toscana (ARPAT, Italie)<br />

• Danish Electronics, Light and Acoustics (DELTA, Danemark)<br />

• Kil<strong>de</strong> Akustikk AS (Norvège)<br />

• VTI Statens väg- och transportforskningsinstitut (Suè<strong>de</strong>)<br />

• TUG Politechnica Gdansk (Pologne)<br />

• Joint Research <strong>Centre</strong>, Institute for Health and Consumer<br />

Protection (JRC, Italie)<br />

• Sintef group (Norvège)<br />

Harmonoise : <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s unifiées pour la cartographie stratégique<br />

Le proj<strong>et</strong> Harmonoise a produit <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

prédiction du bruit dû aux infrastructures routières <strong>et</strong><br />

ferroviaires. Les métho<strong>de</strong>s développées perm<strong>et</strong>tent<br />

l’expression <strong>de</strong>s niveaux d’exposition sous forme <strong>de</strong>s<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


indicateurs unifiés L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night , en accord avec l’application<br />

<strong>de</strong> la directive européenne 2002/49/CE, mais avec une plus<br />

gran<strong>de</strong> fiabilité <strong>et</strong> une plus gran<strong>de</strong> flexibilité que les<br />

métho<strong>de</strong>s intérimaires recommandées par la directive pour<br />

la mise en œuvre <strong>de</strong> la cartographie stratégique en 2007. Il<br />

est prévu que ces nouvelles métho<strong>de</strong>s servent <strong>de</strong> base aux<br />

métho<strong>de</strong>s harmonisées pour la production <strong>de</strong>s cartographies<br />

stratégiques par l’ensemble <strong>de</strong>s Etats membres <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne à partir <strong>de</strong> 2012. Une avancée significative a été<br />

réalisée en basant les nouvelles métho<strong>de</strong>s sur une simulation<br />

physique <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s météorologiques sur la propagation du<br />

son. Sous réserve que les variations météorologiques locales<br />

entrent dans le cadre <strong>de</strong> la classification météorologique<br />

étudiée, les nouvelles métho<strong>de</strong>s se prêtent à une application<br />

uniformisée sous les différentes conditions climatologiques<br />

rencontrées à travers l’Europe.<br />

Les métho<strong>de</strong>s introduisent une séparation claire entre la<br />

<strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s émissions <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la<br />

propagation. La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s émissions <strong>sonores</strong> fait<br />

intervenir <strong>de</strong>s mécanismes physiques spécifiques à chaque<br />

famille <strong>de</strong> sources alors que le module <strong>de</strong> propagation est<br />

générique <strong>et</strong> s’applique à tout type <strong>de</strong> source <strong>de</strong> bruit. Dans<br />

le proj<strong>et</strong> Harmonoise, ce principe a été mis en œuvre pour<br />

les seuls bruits <strong>de</strong>s infrastructures routières <strong>et</strong> ferroviaires,<br />

mais le modèle développé peut être étendu, en principe, à<br />

d’autres sources <strong>de</strong> bruit. En particulier, les résultats du<br />

proj<strong>et</strong> seront utilisés dans le proj<strong>et</strong> Imagine où leur<br />

application sera étendue au bruit d’origine industrielle <strong>et</strong><br />

aux bruits <strong>de</strong>s aéronefs.<br />

La propagation du bruit a été modélisée en utilisant <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s numériques dites « <strong>de</strong> référence », basées<br />

directement sur la <strong>de</strong>scription physique <strong>de</strong>s phénomènes.<br />

Les métho<strong>de</strong>s numériques ont permis <strong>de</strong> développer <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

vali<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s dites « d’ingénierie », plus rapi<strong>de</strong>s <strong>et</strong><br />

par conséquent plus adaptées à une utilisation pragmatique.<br />

Dans les <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s, la complexité du problème a été<br />

ramenée à une configuration <strong>de</strong> propagation « point-àpoint<br />

», entre un point source <strong>et</strong> un point récepteur sous <strong>de</strong>s<br />

conditions météorologiques typiques ou spécifiques. Le<br />

couplage <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> source avec l’un <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong><br />

propagation perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> prédire la variation <strong>de</strong>s niveaux<br />

<strong>sonores</strong> en fonction d’une classification <strong>de</strong>s situations<br />

météorologiques. La prévision <strong>de</strong>s indicateurs L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night<br />

prend en compte la variation <strong>de</strong>s conditions météorologiques<br />

sur une base annuelle.<br />

Pendant le proj<strong>et</strong>, <strong>de</strong>s données expérimentales ont été<br />

collectées sur différents sites à travers l’Europe. Ces<br />

mesures ont permis <strong>de</strong> démontrer la validité <strong>de</strong>s modèles<br />

prévisionnels <strong>et</strong>, en particulier <strong>de</strong> démontrer la faisabilité <strong>et</strong><br />

la pertinence d’une classification météorologique<br />

uniformisée. Comparé aux métho<strong>de</strong>s prévisionnelles<br />

existantes, le proj<strong>et</strong> Harmonoise a introduit non seulement<br />

une plus gran<strong>de</strong> harmonisation mais aussi une plus gran<strong>de</strong><br />

flexibilité. La précision <strong>de</strong>s nouvelles métho<strong>de</strong>s dépend en<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la précision <strong>et</strong> du niveau <strong>de</strong> détail <strong>de</strong>s<br />

données d’entrée. Ainsi, le modèle proposé perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

moduler les efforts <strong>de</strong> modélisation en fonction du résultat<br />

visé. Une approche plus globale utilisant <strong>de</strong>s données<br />

d’entrée simplifiées peut être jugée suffisante pour une<br />

cartographie à gran<strong>de</strong> échelle. Une telle modélisation peut<br />

par ailleurs être complétée par une modélisation plus fine,<br />

plus adaptée à l’élaboration <strong>de</strong> plans d’action ou aux étu<strong>de</strong>s<br />

d’impact à l’échelle locale.<br />

Les objectifs du proj<strong>et</strong> Harmonoise<br />

Objectifs quantifiés<br />

Dans sa proposition, le proj<strong>et</strong> Harmonoise a affiché<br />

l’ambition d’atteindre les niveaux <strong>de</strong> précision suivants,<br />

exprimés sous forme d’écart quadratique moyen par rapport<br />

à <strong>de</strong>s moyennes en dB(A) :<br />

- inférieur à 1 dB(A) pour <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong><br />

propagation jusqu’à 100 m <strong>et</strong> pour un récepteur en<br />

vue directe <strong>de</strong> la source ;<br />

- inférieur à 2 dB(A) pour <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong><br />

propagation jusqu’à 1000 m au <strong>de</strong>ssus d’un terrain<br />

relativement plat <strong>et</strong> dégagé ;<br />

- inférieur à 5 dB(A) pour <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong><br />

propagation jusqu’à 1000 m au <strong>de</strong>ssus d’un terrain<br />

acci<strong>de</strong>nté ;<br />

- inférieur à 5 dB(A) en milieu urbain, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

première ligne <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s exposées.<br />

Plutôt que <strong>de</strong> privilégier la facilité d’emploi ou la limitation<br />

du temps <strong>de</strong> calcul, dans les critères r<strong>et</strong>enus pour la mise au<br />

point <strong>de</strong>s nouvelles métho<strong>de</strong>s, l’équipe a délibérément<br />

privilégié la généralité, la flexibilité <strong>et</strong> l’élargissement du<br />

domaine d’application par rapport aux métho<strong>de</strong>s existantes.<br />

De fait, eu égard aux évolutions <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong> calcul <strong>et</strong><br />

à l’ergonomie croissante <strong>de</strong>s logiciels d’application, suivant<br />

le principe que « qui peut le plus peut le moins », les<br />

modèles ont été développés en prenant en compte autant<br />

que possible la complexité <strong>de</strong>s problèmes traités <strong>et</strong> en se<br />

basant sur les progrès scientifiques les plus récents <strong>et</strong> les<br />

plus significatifs dans le domaine. Parallèlement, <strong>de</strong>s<br />

conseils ont été ébauchés pour la mise en œuvre<br />

opérationnelle <strong>de</strong>s nouvelles métho<strong>de</strong>s, se basant sur la<br />

réduction <strong>de</strong>s données d’entrée nécessaires <strong>et</strong>, le cas<br />

échéant, sur l’utilisation <strong>de</strong> valeurs par défaut. Des<br />

améliorations <strong>et</strong> principes <strong>de</strong> modélisation menant à une<br />

performance accrue ont été i<strong>de</strong>ntifiés tout au long du<br />

proj<strong>et</strong>.<br />

Vers une plus gran<strong>de</strong> précision<br />

La précision <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> proposée est en gran<strong>de</strong> partie<br />

subordonnée à la qualité <strong>de</strong>s données d’entrée : l’utilisation<br />

<strong>de</strong> valeurs moyennes ou, le cas échant, <strong>de</strong> valeurs par<br />

défaut, affecte la précision <strong>de</strong>s prédictions. Par le passé,<br />

différentes métho<strong>de</strong>s ont été préconisées en fonction <strong>de</strong> la<br />

précision visée. Le proj<strong>et</strong> Harmonoise vise une<br />

uniformisation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s en déplaçant le choix du niveau<br />

<strong>de</strong> la précision <strong>de</strong>s entrants, laissant ainsi aux utilisateurs<br />

une plus gran<strong>de</strong> souplesse pour trouver un compromis<br />

acceptable entre précision visée <strong>et</strong> efforts requis pour la<br />

mise au point du modèle <strong>de</strong> données.<br />

L’équipe proj<strong>et</strong> estime qu’il est nécessaire <strong>de</strong> développer<br />

<strong>de</strong>s recommandations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s pratiques afin d’adapter<br />

le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> précision <strong>de</strong>s données d’entrée à l’objectif visé<br />

ou au cadre réglementaire dans lequel s’effectue la<br />

modélisation. Des autorités compétentes (au plan local,<br />

régional, national ou européen) peuvent par exemple viser<br />

un niveau <strong>de</strong> précision plus ambitieux pour une étu<strong>de</strong><br />

d’impact (où les niveaux <strong>sonores</strong> calculés ont un impact<br />

significatif sur le prix <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> protection<br />

préconisées) que pour l’élaboration d’une cartographie<br />

stratégique (où, étant donné le caractère global <strong>de</strong><br />

l’évaluation, une précision plus faible peut être admise sur<br />

<strong>de</strong>s résultats individuels).<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 79


Par exemple, concernant le revêtement <strong>de</strong> chaussée, le<br />

modèle développé par le proj<strong>et</strong> Harmonoise introduit un<br />

facteur correctif perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> prendre en compte l’eff<strong>et</strong><br />

du revêtement sur le bruit <strong>de</strong> roulement. Un certain nombre<br />

<strong>de</strong> revêtements classiques ont été caractérisés pendant le<br />

proj<strong>et</strong>, mais il est peu probable que ces données<br />

correspon<strong>de</strong>nt exactement à une situation donnée. Afin<br />

d’atteindre le <strong>de</strong>gré maximal <strong>de</strong> précision, le proj<strong>et</strong> propose<br />

plusieurs techniques <strong>de</strong> mesures in situ perm<strong>et</strong>tant<br />

d’évaluer le terme correctif approprié à introduire dans la<br />

modélisation. Dans le cadre d’une cartographie stratégique<br />

visant à estimer l’exposition au bruit sur un échantillon<br />

suffisamment grand <strong>de</strong> la population, il peut être suffisant<br />

<strong>de</strong> caractériser les revêtements <strong>de</strong> chaussée en moyenne sur<br />

l’ensemble du réseau routier concerné. Pour la préparation<br />

<strong>de</strong> plans d’action, il peut être en revanche plus approprié<br />

d’évaluer les caractéristiques exactes <strong>de</strong> chaque section <strong>de</strong><br />

voie (par exemple en utilisant la métho<strong>de</strong> CPX, ou close<br />

proximity m<strong>et</strong>hod) afin <strong>de</strong> quantifier plus précisément les<br />

objectifs à atteindre, <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong>s solutions<br />

alternatives, d’estimer le coût <strong>de</strong> l’opération ou d’en<br />

optimiser le rapport coût/bénéfices.<br />

Précision <strong>et</strong> reproductibilité<br />

L’ambition d’une plus gran<strong>de</strong> précision a été le seul critère<br />

r<strong>et</strong>enu par la Commission comme indicateur du succès du<br />

proj<strong>et</strong>. Dans ce contexte, le mot « précision » est à prendre<br />

au sens scientifique du terme, soit le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> conformité<br />

d’une valeur calculée par rapport à sa valeur « vraie ».<br />

C<strong>et</strong>te préférence <strong>de</strong> la Commission pour une approche<br />

« scientifique » du problème contraste avec les<br />

préoccupations <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s autorités compétentes<br />

interrogés au cours du proj<strong>et</strong>. Pour ces <strong>de</strong>rniers, la<br />

cohérence <strong>de</strong>s résultats produits prime sur leur exactitu<strong>de</strong>,<br />

la reproductibilité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s l’emporte sur leur<br />

précision. Même si les nouveaux résultats sont, a priori, plus<br />

en accord avec la réalité physique, un grand nombre d’entre<br />

eux ont exprimé la crainte que les nouvelles métho<strong>de</strong>s<br />

donnent <strong>de</strong>s résultats différents <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s existantes.<br />

Prise en compte <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s météorologiques<br />

Les eff<strong>et</strong>s météorologiques ont une influence primordiale sur<br />

la propagation du son <strong>et</strong> viennent en secon<strong>de</strong> position, à<br />

quasi égalité avec la divergence géométrique, dans la<br />

propagation <strong>de</strong> l’énergie sonore à gran<strong>de</strong> distance. Les<br />

indicateurs harmonisés L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night tels qu’introduits dans la<br />

directive sont définis à partir <strong>de</strong>s moyennes annuelles <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>sonores</strong> équivalents sur trois pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la journée<br />

(« jour », « soirée » <strong>et</strong> « nuit »). Ce découpage basé sur le<br />

cycle typique <strong>de</strong>s activités humaines ne correspond pas<br />

forcément à <strong>de</strong>s conditions homogènes d’émission <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

propagation du bruit. De fait, pour une même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

journée, les conditions <strong>de</strong> propagation, fonction du vent, <strong>de</strong><br />

la température <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ensoleillement, peuvent varier <strong>de</strong><br />

manière importante d’une région d’Europe à une autre. Les<br />

métho<strong>de</strong>s existantes ne décrivent que peu, ou pas, ces<br />

variations <strong>et</strong> recourent alors à <strong>de</strong>s termes correctifs ad hoc<br />

afin <strong>de</strong> corriger les eff<strong>et</strong>s locaux. Pour une adaptation plus<br />

aisée aux spécificités climatologiques locales, la nouvelle<br />

métho<strong>de</strong> accor<strong>de</strong> une importance majeure à une prise en<br />

compte plus « physique » <strong>de</strong>s phénomènes météorologiques.<br />

A plus courte distance, les eff<strong>et</strong>s météorologiques sont<br />

moins prononcés <strong>et</strong> l’atténuation est en majeure partie<br />

déterminée par les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> sol, que les modèles<br />

analytiques <strong>et</strong> expérimentaux existants décrivent avec une<br />

gran<strong>de</strong> précision. L’absorption dans l’air, qui, aux<br />

fréquences élevées, atténue <strong>de</strong> façon non négligeable les<br />

sons, fait l’obj<strong>et</strong> d’une norme internationale (ISO 9613). Le<br />

proj<strong>et</strong> Harmonoise n’a pas eu l’intention d’améliorer ces<br />

modèles.<br />

Les phénomènes <strong>de</strong> diffraction par les écrans ont également<br />

reçu une attention particulière. Les interactions entre la<br />

diffraction, les réflexions sur le sol <strong>et</strong> la stratification<br />

atmosphérique sont modélisées par une combinaison <strong>de</strong><br />

différents modèles partiels. Le couplage <strong>de</strong>s modèles étant<br />

basé, une fois <strong>de</strong> plus, sur les lois physiques.<br />

Modélisation séparée <strong>de</strong>s émissions <strong>et</strong> <strong>de</strong> la propagation<br />

La politique <strong>de</strong> lutte contre le bruit <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

se base sur <strong>de</strong>ux approches complémentaires : d’une part,<br />

l’évaluation <strong>de</strong> la situation existante <strong>et</strong> une forte incitation<br />

<strong>de</strong>s autorités locales à m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s plans d’action ;<br />

d’autre part, un contrôle plus strict <strong>et</strong> une limitation plus<br />

sévère <strong>de</strong>s valeurs d’émission pour un nombre croissant <strong>de</strong><br />

sources <strong>de</strong> bruit. En proposant un modèle générique basé sur<br />

une séparation claire entre l’émission <strong>et</strong> la propagation, le<br />

proj<strong>et</strong> Harmonoise perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> clarifier les liens entre ces<br />

approches <strong>et</strong> d’évaluer plus finement l’efficacité <strong>de</strong>s<br />

mesures prises à différents niveaux. De nouveaux modèles<br />

<strong>de</strong> propagation ont été développés <strong>et</strong> validés dans le cadre<br />

<strong>de</strong>s bruits d’origine routière <strong>et</strong> ferroviaire. La nature<br />

générique <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> les étendre aisément<br />

aux autres sources <strong>de</strong> bruit dans l’environnement. Le proj<strong>et</strong><br />

Imagine 1 , présenté au 6 ème PCRD, vise l’extension <strong>de</strong> ces<br />

métho<strong>de</strong>s aux spécificités du bruit <strong>de</strong>s avions <strong>et</strong> du bruit <strong>de</strong>s<br />

activités industrielles. Dans le principe, il s’agit <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre<br />

en adéquation <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> propagation pour <strong>de</strong>s sources<br />

plus élevées <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> la compatibilité <strong>de</strong>s modèles<br />

<strong>de</strong>s sources concernées avec le modèle générique développé<br />

par le proj<strong>et</strong> Harmonoise.<br />

1 www.imagine-project.org<br />

Modélisation physique <strong>de</strong> la propagation du<br />

son<br />

Le proj<strong>et</strong> Harmonoise a cherché en priorité l’amélioration<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la propagation en milieu dégagé.<br />

L’équipe proj<strong>et</strong> a jugé que, dans les limites <strong>de</strong> temps <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

budg<strong>et</strong>, il était irréaliste <strong>de</strong> produire puis <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r une<br />

métho<strong>de</strong> prévisionnelle spécifiquement applicable aux<br />

milieux urbains <strong>de</strong>nses <strong>et</strong> complexes <strong>et</strong> ayant une précision<br />

aussi élevée qu’en propagation libre. Toutefois, les modèles<br />

développés étant basés sur une <strong>de</strong>scription physique <strong>de</strong> la<br />

propagation, rien ne s’oppose à leur application dans <strong>de</strong>s<br />

situations complexes. C<strong>et</strong>te extension <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> reste<br />

toutefois subordonnée à une caractérisation adéquate <strong>de</strong>s<br />

profils météorologiques dans <strong>de</strong> telles situations complexes.<br />

D’autres phénomènes, tels que la turbulence atmosphérique<br />

ou la diffusion par les arbres, ont une influence secondaire<br />

sur la propagation du son. Ces phénomènes n’ont pas r<strong>et</strong>enu<br />

l’attention du proj<strong>et</strong> présent mais peuvent sans gran<strong>de</strong><br />

difficulté être intégrés dans le schéma proposé.<br />

Modélisation physique <strong>de</strong>s émissions <strong>sonores</strong><br />

La majorité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s nationales sont basées sur une<br />

caractérisation globale <strong>de</strong>s émissions <strong>sonores</strong>, résultant le<br />

plus souvent <strong>de</strong> larges campagnes <strong>de</strong> mesure. Ces résultats<br />

empiriques sont difficilement transposables à d’autres<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


conditions que celles ayant permis leur obtention. Résultat :<br />

<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> référence incompatibles qui empêchent la<br />

comparaison <strong>et</strong> l’uniformisation <strong>de</strong>s différents modèles<br />

nationaux. Qui plus est, en cas d’évolution technologique<br />

majeure, l’ensemble <strong>de</strong> la procédure doit être révisée.<br />

Dans le proj<strong>et</strong> Harmonoise, chaque source est découpée en<br />

sources élémentaires ayant chacune un mécanisme propre<br />

<strong>de</strong> génération <strong>de</strong> bruit. Dans la perspective <strong>de</strong> la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong>s plans d’actions, c<strong>et</strong>te approche offre un avantage<br />

indéniable : il sera alors possible d’évaluer, à moindre<br />

effort, les eff<strong>et</strong>s <strong>et</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s différentes actions<br />

envisageables <strong>et</strong> ceci séparément pour chaque composant<br />

entrant dans la génération <strong>et</strong> la propagation du bruit, sans<br />

pour autant négliger les interactions complexes entre les<br />

composants.<br />

Considérons l’exemple du bruit d’origine ferroviaire. Il se<br />

décompose en bruit <strong>de</strong> roulement, bruit <strong>de</strong> traction <strong>et</strong> bruit<br />

d’origine aérodynamique. Une maintenance contrôlée <strong>de</strong>s<br />

rails peut perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> réduire le bruit <strong>de</strong> roulement, qui<br />

est déterminé par la rugosité combinée du rail <strong>et</strong> <strong>de</strong>s roues.<br />

Mais ceci ne vaut que pour les roues relativement lisses.<br />

D’où la difficulté à évaluer l’efficacité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te mesure<br />

particulière sans prendre en compte les autres paramètres<br />

du problème. Le modèle <strong>de</strong> sources proposé par le proj<strong>et</strong><br />

Harmonoise rend c<strong>et</strong>te évaluation aisée <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>, non<br />

seulement pour un train particulier (ce que l’on aurait pu<br />

obtenir à moindre coût par une mesure acoustique<br />

spécifique) mais pour l’ensemble du trafic sur la ligne<br />

concernée. Le modèle perm<strong>et</strong> également l’évaluation <strong>de</strong>s<br />

actions conjointes telles que la maintenance du rail <strong>et</strong> le<br />

remplacement <strong>de</strong> certains types <strong>de</strong> roues. A partir d’une<br />

telle évaluation, il <strong>de</strong>vient possible d’optimiser <strong>de</strong>s plans<br />

d’actions en termes <strong>de</strong> coûts (investissement global) <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

bénéfices (réduction du nombre <strong>de</strong> personnes gênées).<br />

Principes <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> Harmonoise<br />

Par le passé, plusieurs métho<strong>de</strong>s ont été qualifiées<br />

« d’intégrées », dans le sens où elles étaient basées sur un<br />

p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> formules simplifiées, obtenues par<br />

intégration explicite <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s phénomènes étudiés.<br />

Ces métho<strong>de</strong>s visaient avant tout une exploitation<br />

simplifiée, masquant la complexité réelle <strong>de</strong>s problèmes, se<br />

prêtant bien aux calculs manuels ou sur calculatrice. Dans le<br />

contexte du proj<strong>et</strong> Harmonoise, le terme « modèle intégré »<br />

désigne, au contraire, une approche modulaire. La métho<strong>de</strong><br />

d’ingénierie intègre la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la source sous forme<br />

d’un modèle indépendant, qu’il partage avec les métho<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> référence. Comme dans les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence, la<br />

propagation est décrite dans un module indépendant.<br />

Deux modèles <strong>de</strong> propagation<br />

En principe, les modèles <strong>de</strong> référence <strong>et</strong> le modèle<br />

d’ingénierie partagent la même <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la source ; <strong>de</strong><br />

légères différences étant liées à la prise en compte <strong>de</strong>s<br />

conditions météorologiques. La principale différence entre<br />

les <strong>de</strong>ux approches se situe au niveau <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong>s<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> propagation. La métho<strong>de</strong> d’ingénierie vise un outil<br />

opérationnel pour l’utilisation à gran<strong>de</strong> échelle <strong>et</strong> favorise<br />

<strong>de</strong> ce fait <strong>de</strong>s calculs rapi<strong>de</strong>s au détriment d’une incertitu<strong>de</strong><br />

plus gran<strong>de</strong> ; les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence fournissent un outil<br />

complexe <strong>de</strong> haute précision, à l’usage d’experts,<br />

perm<strong>et</strong>tant une calibration <strong>et</strong> une validation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s approchées, éliminant <strong>de</strong> ce fait le recours<br />

systématique à <strong>de</strong> larges (<strong>et</strong> coûteuses) campagnes <strong>de</strong><br />

mesure. La campagne <strong>de</strong> mesures effectuée dans le cadre du<br />

proj<strong>et</strong> Harmonoise visait en premier lieu la validation<br />

expérimentale <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s numériques. A son tour, le<br />

modèle <strong>de</strong> propagation dans la métho<strong>de</strong> d’ingénierie a été<br />

développé <strong>et</strong> validé en prenant en compte les avancées <strong>et</strong><br />

les résultats <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence. Les incertitu<strong>de</strong>s<br />

dues aux approximations ont été évaluées systématiquement<br />

par comparaison avec les résultats numériques.<br />

Les principaux modules du modèle<br />

d’ingénierie :<br />

• <strong>de</strong>scription d’un véhicule isolé : distribution spectrale du<br />

niveau <strong>de</strong> puissance <strong>et</strong> directivité en fonction <strong>de</strong>s<br />

paramètres <strong>de</strong> fonctionnement ;<br />

• transformation d’un flot <strong>de</strong> véhicules en une ligne <strong>de</strong><br />

source équivalente ; le niveau <strong>de</strong> puissance équivalent prend<br />

en compte, <strong>de</strong> manière statistique, la composition du flot <strong>et</strong><br />

la variabilité <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> fonctionnement ;<br />

• recherche <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> propagation entre l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s éléments source <strong>et</strong> un récepteur donné, y compris <strong>de</strong>s<br />

chemins réfléchis sur les obstacles verticaux (murs, écrans<br />

<strong>et</strong> bâtiments) ;<br />

• modélisation <strong>de</strong> la propagation dans un chemin <strong>de</strong><br />

propagation en prenant en compte la diffraction (multiple)<br />

par les obstacles (écrans, bâtiments, terrain naturel) <strong>et</strong> les<br />

réflexions sur le sol sous <strong>de</strong>s conditions météorologiques<br />

représentatives ;<br />

• classification <strong>de</strong>s conditions météorologiques dans un<br />

nombre limité <strong>de</strong> situations typiques <strong>et</strong> représentatives ;<br />

• calcul <strong>de</strong>s indicateurs L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night , effectué à partir <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>sonores</strong> partiels obtenus sous différentes conditions<br />

météorologiques représentatives, pondérés suivant leur<br />

fréquence d’occurrence sur une année « moyenne » en<br />

termes climatologiques.<br />

Les résultats obtenus par le proj<strong>et</strong> Harmonoise<br />

Des métho<strong>de</strong>s applicables aux plans d’actions<br />

Le modèle générique décrit l’émission sonore <strong>de</strong>s véhicules<br />

routiers ou ferroviaires sous forme d’un nombre limité <strong>de</strong><br />

sources ponctuelles. Chaque source élémentaire peut être<br />

définie à partir <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> l’infrastructure (par<br />

exemple, le revêtement <strong>de</strong> chaussée), <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

du véhicule (par exemple, le nombre d’essieux <strong>et</strong> le type <strong>de</strong><br />

pneus) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> fonctionnement (par exemple :<br />

la vitesse, l’accélération, le rapport <strong>de</strong> boîte). Chaque<br />

source ponctuelle, caractérisée par un spectre <strong>de</strong> puissance<br />

acoustique en tiers d’octaves <strong>et</strong> par une directivité<br />

spécifique, représente un mécanisme particulier <strong>de</strong><br />

génération <strong>de</strong> bruit. Par exemple, dans l’émission sonore<br />

d’un véhicule routier, bruit <strong>de</strong> traction <strong>et</strong> bruit <strong>de</strong><br />

roulement sont considérés distinctement. Une telle<br />

<strong>de</strong>scription fine présente l’avantage d’une adaptation plus<br />

aisée du modèle aux différences régionales <strong>et</strong> aux évolutions<br />

futures du parc roulant. De surcroît, elle perm<strong>et</strong> une<br />

estimation plus réaliste <strong>et</strong> plus efficace <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 81


différentes mesures <strong>de</strong> réduction du bruit à l’émission (par<br />

exemple : la réduction <strong>de</strong> la vitesse, la mise en œuvre d’un<br />

revêtement <strong>de</strong> chaussée silencieux ou l’introduction <strong>de</strong><br />

nouveaux types <strong>de</strong> pneumatiques). Un tel pouvoir <strong>de</strong><br />

prévision est particulièrement utile lorsque l’efficacité <strong>de</strong><br />

telles mesures peut varier fortement d’une situation à une<br />

autre.<br />

Des métho<strong>de</strong>s validées<br />

Le proj<strong>et</strong> a passé en revue la quasi-totalité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

scientifiques existantes <strong>de</strong> simulation <strong>de</strong> la propagation du<br />

son. Après avoir évalué leurs domaines d’application <strong>et</strong> leurs<br />

performances respectives, un ensemble cohérent <strong>de</strong><br />

« métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence » fiables pour la prévision <strong>de</strong>s<br />

indicateurs L <strong>de</strong>n <strong>et</strong> L night a été r<strong>et</strong>enu. L’utilisation <strong>de</strong> telles<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> calcul importants, leur<br />

application a toutefois été limitée à <strong>de</strong>s situations<br />

relativement simples. Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence ont<br />

largement contribué à la mise au point <strong>et</strong> à la validation <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s simplifiées. Des résultats expérimentaux ont été<br />

collectés pendant plusieurs semaines sur différents sites en<br />

Europe. Une base <strong>de</strong> données perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> stocker<br />

conjointement les résultats <strong>de</strong>s mesures acoustiques <strong>et</strong> les<br />

données météorologiques a été développée spécifiquement<br />

pour les besoins du proj<strong>et</strong>. Il est prévu que c<strong>et</strong>te base <strong>de</strong><br />

données puisse être complétée <strong>et</strong> exploitée au-<strong>de</strong>là du<br />

proj<strong>et</strong>. Les résultats <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> mesures ont permis<br />

la validation expérimentale tant <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> référence<br />

que du modèle d’ingénierie. En règle générale, une bonne<br />

corrélation a été observée entre les résultats <strong>de</strong>s simulations<br />

<strong>et</strong> les mesures. L’analyse <strong>de</strong>s quelques cas <strong>de</strong> divergence a<br />

permis <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s recommandations tant pour la mise<br />

au point <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> mesure adaptées que pour<br />

l’amélioration <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s prévisionnelles.<br />

Dissémination <strong>et</strong> acceptation<br />

Tout au long du proj<strong>et</strong>, une communication intensive a été<br />

menée à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s principaux intéressés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

représentants <strong>de</strong>s utilisateurs potentiels. La communauté<br />

scientifique a été informée à l’occasion <strong>de</strong> conférences <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> séminaires, en particulier par l’organisation <strong>de</strong> sessions<br />

dédiées à l’occasion <strong>de</strong>s congrès EuroNoise (Naples,<br />

septembre 2003) <strong>et</strong> InterNoise (Prague, août 2004) <strong>et</strong> par la<br />

tenue d’une conférence dédiée à la fin du proj<strong>et</strong> (Rho<strong>de</strong>s,<br />

octobre 2004). Des contacts réguliers ont eu lieu avec les<br />

représentants <strong>de</strong> la Commission (DG-ENV), avec le groupe <strong>de</strong><br />

travail WG-AEN (Assessment of the Exposure to Noise) <strong>et</strong><br />

avec <strong>de</strong>s correspondants nationaux responsables <strong>de</strong> la mise<br />

en œuvre <strong>de</strong> la directive européenne. Un site web dédié<br />

(www.harmonoise.org) <strong>et</strong> une l<strong>et</strong>tre d’information<br />

électronique envoyée tout les trois mois aux différents<br />

groupes d’utilisateurs a permis une plus large promotion du<br />

proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses résultats. Afin <strong>de</strong> favoriser l’intégration <strong>de</strong>s<br />

nouvelles métho<strong>de</strong>s dans les produits logiciels dédiés à la<br />

cartographie du bruit, une implémentation numérique du<br />

module <strong>de</strong> propagation a été développée <strong>et</strong> diffusée<br />

gratuitement auprès <strong>de</strong>s intéressés qui en ont fait la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Harmonisation <strong>et</strong> normalisation<br />

Sur le plan technique, le proj<strong>et</strong> a produit un ensemble <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> règles pour la prévision <strong>de</strong> l’émission <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

la propagation du bruit dans l’environnement. La plupart <strong>de</strong><br />

ces résultats ont été implémentés sous forme d’algorithmes<br />

numériques <strong>et</strong> <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données. La flexibilité <strong>de</strong> la<br />

métho<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> son adaptation aux spécificités régionales<br />

ou nationales, par exemple par l’introduction <strong>de</strong> nouveaux<br />

types <strong>de</strong> véhicules dans la base <strong>de</strong> données. Le modèle<br />

développé correspond à une exigence d’harmonisation <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s prévisionnelles inscrite dans la directive<br />

européenne 2002/49/CE. Le proj<strong>et</strong> Harmonoise a produit<br />

une base soli<strong>de</strong> pour l’implémentation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

unifiées dans le cadre <strong>de</strong>s cartographies stratégiques au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> l’horizon 2007. L’implémentation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra toutefois une certaine volonté politique qui<br />

dépasse le cadre du présent proj<strong>et</strong>. Un processus <strong>de</strong><br />

normalisation pourrait accélérer l’acceptation <strong>et</strong><br />

l’introduction <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nouvelle métho<strong>de</strong>.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Atelier<br />

Confort acoustique dans les bâtiments - Maîtrise <strong>de</strong>s maillons <strong>de</strong><br />

la chaîne <strong>de</strong> l’acoustique dans les logements <strong>et</strong> le tertiaire, en neuf<br />

<strong>et</strong> en réhabilitation : prévision, produits, mise en œuvre, mesure <strong>et</strong><br />

contrôle<br />

Atelier animé par Mathias Meisser (Conseil national du bruit)<br />

Avec la participation <strong>de</strong> : Jacques Daliphard (Bouygues Bâtiments) - Christiane Flageoll<strong>et</strong> Saadna (PUCA) - Aline<br />

Gaulupeau (Bureau Veritas) - Philippe Guignouard (Lasa, GIac) - Alain Roussel (Saint-Gobain Glass France)<br />

- Ghislain Pinçon (FFB) - Francis Bénichou (Lafarge Plâtres) - Michel Villot (CSTB)<br />

Introduction<br />

Mathias Meisser (Conseil national du bruit)<br />

<strong>de</strong> couvrir à la fois l’acoustique <strong>de</strong>s logements <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s<br />

bâtiments tertiaires, que ce soit dans les bâtiments neufs <strong>et</strong><br />

dans les bâtiments existants.<br />

Nous traiterons tout d’abord du cas <strong>de</strong>s constructions<br />

neuves, puis <strong>de</strong> l’ancien, sous l’angle <strong>de</strong>s prévisions, <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s produits, <strong>de</strong> la mise en œuvre, <strong>de</strong>s<br />

mesures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s contrôles. De la prévision au contrôle, c<strong>et</strong>te<br />

chaîne <strong>de</strong> responsabilités suit une logique d’obligation <strong>de</strong><br />

résultat. C<strong>et</strong>te particularité <strong>de</strong> la réglementation française,<br />

qui veut que ce soit aux constructeurs <strong>de</strong> prévoir les<br />

dispositions à prendre pour satisfaire ce résultat, qui veut<br />

qu’un contrôle après travaux puisse être diligenté,<br />

correspond à une situation assez singulière en Europe. En<br />

Allemagne, par exemple, les normes 4109 précisent l’indice<br />

d’affaiblissement acoustique R W qu’une paroi doit atteindre.<br />

En France, on recherche d’abord le R W qu’il faudra<br />

atteindre.<br />

C<strong>et</strong> atelier a pour thème les problèmes d’acoustique du<br />

bâtiment, domaine extrêmement vaste, puisqu’il va s’agir<br />

Nous avons voulu, dans c<strong>et</strong> atelier, privilégier le dialogue, le<br />

débat. Aussi, trois intervenants seulement interviendront<br />

sous forme <strong>de</strong> présentation avec diaporama.<br />

Les prévisions en acoustique dans les logements <strong>et</strong> dans les zones tertiaires<br />

pour les bâtiments neufs<br />

Pascal Ozouf (BPB Placo) : Il n’y a pas qu’en France que<br />

l’obligation <strong>de</strong> résultat existe. L’Espagne <strong>et</strong> le Portugal se<br />

sont inspirés <strong>de</strong> notre réglementation acoustique <strong>et</strong> ont<br />

adopté les mêmes indices. Ils ont même adopté le fameux<br />

L nAT qui fixe les exigences vis-à-vis <strong>de</strong>s bruits d’équipements.<br />

En Angl<strong>et</strong>erre, il est vrai, les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> réglementation<br />

coexistent : une exigence <strong>de</strong> résultat, avec l’isolement<br />

acoustique D n (D nT,A,tr quand <strong>de</strong> bonnes performances à<br />

basses fréquences sont recherchées) ; une réglementation,<br />

appelée la “partie E”, qui regroupe les exigences sur les<br />

produits, à l’instar <strong>de</strong> ce qui est pratiqué dans les pays<br />

d’Europe <strong>de</strong> l’Est. En revanche, il s’agit <strong>de</strong> « R’ ». On<br />

r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s performances sur les produits, <strong>et</strong> non pas sur le<br />

bâti.<br />

Prévisions <strong>de</strong>s performances : influence <strong>de</strong>s<br />

normes européennes<br />

Mathias Meisser : Pendant longtemps, en matière <strong>de</strong><br />

prévision, ont été utilisées <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s simplifiées,<br />

d’ailleurs parfois encore utilisées. Les calculs <strong>de</strong> la<br />

performance acoustique <strong>de</strong>s bâtiments à partir <strong>de</strong> la<br />

performance <strong>de</strong>s éléments donnaient <strong>de</strong>s résultats assez<br />

corrects lorsque les constructions correspondantes étaient<br />

du même type que celles qui avaient permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre au<br />

point ces métho<strong>de</strong>s. Les normes NF EN 12354, parties 1 à 6,<br />

ont constitué une avancée notable dans les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

prévision. La partie 1 concerne l’isolement aux bruits<br />

aériens entre locaux, la partie 2 l’isolation aux bruits <strong>de</strong><br />

choc, la partie 3 l’isolation aux bruits extérieurs, la partie 4<br />

l’isolation aux bruits intérieurs perçus à l’extérieur, la partie<br />

5, qui est encore en proj<strong>et</strong>, concerne les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

prévision <strong>de</strong>s bruits d’équipement sur site, la partie 6, enfin,<br />

s’adresse à la correction acoustique <strong>de</strong>s locaux. Ce sont <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s mises au point au niveau européen par une<br />

commission d’acousticiens émérites issus <strong>de</strong> nombreux<br />

laboratoires européens.<br />

Bien qu’il soit possible d’utiliser ces métho<strong>de</strong>s sans logiciel<br />

<strong>de</strong> calcul dédié, c’est-à-dire réaliser les calculs à la main, ce<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 83


sont <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s qui ont favorisé l’émergence <strong>de</strong> systèmes<br />

informatisés perm<strong>et</strong>tant d’automatiser quelque peu les<br />

calculs. L’évolution s’est faite vers <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s bien plus<br />

complexes mais plus précises.<br />

Michel Villot : La norme européenne a obligé la France à<br />

modifier certains paramètres pour que les résultats soient<br />

cohérents avec les produits français. Le gros <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong><br />

calage avait été réalisé, vers 1995, à l’occasion <strong>de</strong><br />

l’adoption <strong>de</strong> la nouvelle réglementation acoustique. Grosso<br />

modo, l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la précision était <strong>de</strong> 1 à 2 dB.<br />

Mais il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit que certains paramètres <strong>de</strong> la<br />

norme, qui étaient donnés à titre informatif, mais qui<br />

étaient basés sur d’autres types <strong>de</strong> constructions, avaient<br />

dus être modifiés. Suivant les types <strong>de</strong> constructions,<br />

l’ajustement <strong>de</strong> certains paramètres peut parfois s’imposer.<br />

Mathias Meisser : Ces normes se présentent <strong>de</strong> la manière<br />

suivante : une première partie donne la métho<strong>de</strong> utile, soit<br />

les formules à appliquer ; une partie informative donne un<br />

certain nombre <strong>de</strong> précisions, comme par exemple le cas<br />

précis <strong>de</strong>s coefficients d’affaiblissement aux jonctions. J’ai<br />

toujours considéré que c<strong>et</strong>te problématique avait tout<br />

<strong>de</strong> « l’art <strong>de</strong> faire passer une courbe par trois points ». En<br />

tout état <strong>de</strong> cause, ces prévisions ne donnent que <strong>de</strong>s<br />

isolements estimés, dont la précision est bien loin du<br />

dixième <strong>de</strong> décibel près.<br />

La limite <strong>de</strong> l’uniformisation européenne : les<br />

indices d’affaiblissement aux jonctions<br />

Philippe Guignouard : Cela signifie-t-il que, suivant le pays<br />

européen dans lequel on se trouve, les logiciels dédiés à<br />

l’application <strong>de</strong> ces normes européennes peuvent aboutir à<br />

<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> prévision différents ? En eff<strong>et</strong>, si j’ai bien<br />

compris, on a adapté certains coefficients pour arriver à <strong>de</strong>s<br />

résultats conformes aux matériaux utilisés en France.<br />

Obtient-on les mêmes résultats avec Acoubat <strong>et</strong> avec<br />

Bastian, par exemple ?<br />

Michel Villot : Quelques précisions s’imposent. Côté données<br />

d’entrée, les données relatives aux produits, qui sont<br />

mesurées en laboratoire, sont <strong>de</strong>s données qu’on ne maîtrise<br />

pas. En revanche, certaines données, assez peu nombreuses,<br />

sont liées au type <strong>de</strong> construction. C’est le cas <strong>de</strong>s indices<br />

d’affaiblissement aux jonctions, coefficients qui, dans la<br />

norme européenne, sont donnés sous la forme d’abaques. Il<br />

faut reconnaître que ces abaques sont <strong>de</strong>s courbes<br />

théoriques fortement inspirées <strong>de</strong>s données expérimentales<br />

issues <strong>de</strong> l’institut <strong>de</strong> recherche néerlandais TNO. Du coup,<br />

ces abaques sont liés à un type <strong>de</strong> construction. En<br />

l’occurrence, les indices d’affaiblissement <strong>de</strong> jonction <strong>de</strong><br />

parois <strong>de</strong> bétons mesurés sur site par le CSTB se sont révélés<br />

être en grand décalage avec les abaques. À force <strong>de</strong><br />

constater c<strong>et</strong>te erreur systématique <strong>de</strong> 1 ou 2 dB, nous<br />

avons corrigé les abaques afin <strong>de</strong> mieux “coller” aux<br />

spécificités <strong>de</strong>s constructions françaises.<br />

Mathias Meisser : Je vais ménager l’humilité du CSTB en<br />

tentant <strong>de</strong> répondre, puisque Acoubat est distribué par le<br />

CSTB. Dans Acoubat, toute l’annexe informative a été revue,<br />

grâce à <strong>de</strong> nombreuses mesures expérimentales. Bastian<br />

correspond davantage à la stricte application <strong>de</strong> la norme<br />

européenne <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses annexes informatives. Une étu<strong>de</strong><br />

comparative menée en Suisse, pays neutre par excellence, a<br />

révélé que, dans bien <strong>de</strong>s cas, Acoubat donnait <strong>de</strong>s résultats<br />

bien meilleurs que les autres logiciels. La raison à cela : le<br />

fait que Acoubat ait été complété par <strong>de</strong>s mesures,<br />

contrairement à une stricte application <strong>de</strong> la norme, son<br />

vol<strong>et</strong> informatif compris. Il me semble que c’est dans c<strong>et</strong>te<br />

voie qu’il faut aller, <strong>et</strong> que le travail n’est pas forcément<br />

fini, qu’il reste peut-être <strong>de</strong>s jonctions à calculer, à<br />

remesurer.<br />

Michel Villot : Toute c<strong>et</strong>te démarche avait permis <strong>de</strong><br />

montrer qu’il importe que l’utilisateur d’une métho<strong>de</strong><br />

donnée acquière <strong>de</strong> l’expérience dans l’interprétation <strong>de</strong>s<br />

résultats <strong>de</strong> prévision, afin <strong>de</strong> savoir quelle marge <strong>de</strong><br />

sécurité prendre afin <strong>de</strong> garantir ses résultats. C’est un peu<br />

à l’utilisateur <strong>de</strong> se fixer c<strong>et</strong>te marge <strong>de</strong> sécurité, au gré <strong>de</strong>s<br />

calculs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mesures qu’il a pu réaliser par le passé. Un<br />

ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur raisonnable pour c<strong>et</strong>te marge <strong>de</strong> sécurité<br />

me semble avoisiner les 1,5 ou 2,5 dB.<br />

Philippe Guignouard : De quel recul dispose-t-on concernant<br />

la différence entre les coefficients adaptés à la construction<br />

française <strong>et</strong> ceux directement tirés <strong>de</strong>s abaques <strong>de</strong> l’annexe<br />

informative <strong>de</strong> la norme ? Si j’ai un bâtiment à construire en<br />

Allemagne ou en Hollan<strong>de</strong> <strong>et</strong> que j’utilise Acoubat, quelle<br />

marge <strong>de</strong> sécurité dois-je observer ?<br />

Michel Villot : Concernant l’Allemagne, c’est relativement<br />

facile, dans la mesure où les constructions en béton sont<br />

assez similaires aux nôtres. En revanche, en Espagne, avec<br />

<strong>de</strong>s planchers très épais <strong>de</strong> type poutrelles hourdis <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

cloisons ou séparatifs en brique, la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s<br />

bâtiments n’a pas c<strong>et</strong>te homogénéité. L’application <strong>de</strong> telles<br />

métho<strong>de</strong>s à ces constructions exige une gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce.<br />

Francis Bénichou : Pour faire partie, avec Jacques<br />

Daliphard <strong>et</strong> Aline Gaulupeau, du groupe <strong>de</strong>s experts<br />

acoustiques auprès <strong>de</strong> Qualitel, il me semble que les<br />

discussions au sein <strong>de</strong> ce groupe indiquent qu’Acoubat<br />

apporte une moins bonne précision sur les bruits <strong>de</strong> chocs<br />

que sur les bruits aériens. Il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue que le<br />

comportement aux bruits <strong>de</strong> choc reste difficile à modéliser.<br />

Michel Villot : Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision européennes<br />

marchent bien, en particulier, pour le neuf <strong>et</strong> pour <strong>de</strong>s<br />

configurations relativement simples. La métho<strong>de</strong> Qualitel,<br />

qui se rapproche <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

prévisionnelles européennes, apporte en plus la prévision <strong>de</strong><br />

configurations très particulières. Par exemple, Qualitel<br />

prévoit le cas <strong>de</strong> courts-circuits acoustiques entre <strong>de</strong>ux<br />

logements au niveau <strong>de</strong>s combles, ou celui <strong>de</strong> jonctions mal<br />

définies car relevant <strong>de</strong> structures particulières, dans<br />

l’ancien notamment. Ce travail réalisé au sein du label<br />

Qualitel mériterait, au moins pour les cas très pratiques,<br />

d’être intégré aux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision européennes.<br />

Pascal Ozouf : Est-il prévu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une révision <strong>de</strong>s<br />

textes sur les fameux indices d’affaiblissement <strong>de</strong> jonction<br />

K ij , les abaques ?<br />

Michel Villot : Au niveau européen, il existe un site Intern<strong>et</strong><br />

sur lequel les experts <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail européens<br />

peuvent faire remonter les éventuelles critiques concernant<br />

les normes. Lorsque les critiques ou les compléments<br />

atteignent un niveau suffisant, une norme peut être mise en<br />

révision. La norme dont on parle n’a pas fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

remontées suffisantes pour qu’elle soit remise en question<br />

ou modifiée, mais c’est un processus évolutif.<br />

Structures à ossature légère : nécessité d’une<br />

métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévision spécifique, d’exemples<br />

<strong>de</strong> solutions<br />

Pascal Ozouf : Pour avoir travaillé au CSTB, je crois savoir<br />

que certaines évolutions s’imposeraient dans les exemples<br />

<strong>de</strong> solutions. Je pense notamment aux structures à ossature<br />

bois, pour lesquelles on ne dispose d’aucune information, vu<br />

la complexité <strong>de</strong>s montages entre les parties séparatives.<br />

Avec le développement du marché <strong>de</strong> la réhabilitation, il<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


faut impérativement que c<strong>et</strong>te normalisation évolue, car la<br />

prévision est importante dans ce domaine. Sur la question <strong>de</strong><br />

l’évolution <strong>de</strong>s normes “K ij ”, nous, industriels, nous<br />

efforçons <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions, mais il faut que ces<br />

solutions répon<strong>de</strong>nt à un besoin réel au niveau du marché.<br />

Je pense notamment au proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> maison ossature bois, par<br />

exemple.<br />

Michel Villot : Sur ce suj<strong>et</strong>, je serai beaucoup plus négatif.<br />

Les normes sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévisions existent, mais<br />

elles ne sont valables que pour les constructions lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

type béton. La métho<strong>de</strong> peut prendre en compte un<br />

séparatif léger <strong>et</strong> <strong>de</strong>s transmissions latérales par les parois<br />

lour<strong>de</strong>s, mais son fon<strong>de</strong>ment repose sur un principe qui n’est<br />

pas applicable aux structures légères à ossatures. Tout ce<br />

qui est mis en jeux dans la métho<strong>de</strong> prévisionnelle actuelle<br />

suppose que les champs <strong>sonores</strong> soient diffus <strong>et</strong> homogènes,<br />

<strong>et</strong> que les champs vibratoires qui parcourent les parois, eux<br />

aussi, soient diffus <strong>et</strong> homogènes. Pour la construction<br />

lour<strong>de</strong>, ces conditions sont vérifiées dans une certaine plage<br />

<strong>de</strong> fréquences. Avec les constructions à ossature, bois ou<br />

métal, d’une part, ce sont les champs directs qui sont<br />

dominants (il n’y a plus <strong>de</strong> champ réverbéré) ; d’autre part,<br />

ce sont <strong>de</strong>s éléments qui sont n<strong>et</strong>tement plus amortis que le<br />

béton, si bien que le principe au cœur <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> ne<br />

s’applique plus. Autrement dit, l’« Acoubat construction<br />

légère » n’est pas pour <strong>de</strong>main. Nous y travaillons, mais<br />

c’est un travail <strong>de</strong> longue haleine, car la métho<strong>de</strong> ellemême<br />

est remise en cause. J’ai fait remonter une<br />

proposition au niveau européen visant à préciser que la<br />

métho<strong>de</strong> ne s’applique pas aux bâtiments à ossature légère.<br />

Il faut mentionner que l’A<strong>de</strong>me <strong>et</strong> le CSTB cofinancent une<br />

étu<strong>de</strong> visant à trouver <strong>de</strong>s solutions spécifiques <strong>de</strong>s<br />

constructions à ossature bois. Il ne s’agit pas encore d’une<br />

métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévision, mais <strong>de</strong> la formulation d’exemples <strong>de</strong><br />

solutions. Nous testons aussi une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévision qui<br />

apporterait <strong>de</strong>s estimations satisfaisantes pour les<br />

transmissions directes <strong>et</strong> les transmissions latérales. Les<br />

exemples <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong>vraient être complétés par une<br />

page sur les ossatures bois d’ici la fin 2005.<br />

Philippe Guignouard : Vous précisiez, M. Meisser, que les<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision, relativement complexes,<br />

nécessitaient <strong>de</strong>s outils informatiques. Acoubat <strong>et</strong> Bastian<br />

mis à part, existe-t-il actuellement sur le marché d’autres<br />

logiciels qui aient fait leurs preuves <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong><br />

répondre à l’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te norme ?<br />

Michel Villot : Pas à ma connaissance.<br />

Guy Cap<strong>de</strong>ville (Gamba Acoustique & Associés) : Nous<br />

avons développé une application dédiée au calcul <strong>de</strong> l’indice<br />

d’affaiblissement acoustique tel que l’on pourrait le mesurer<br />

en laboratoire, <strong>de</strong> la performance intrinsèque à la paroi,<br />

indépendamment <strong>de</strong> son environnement. C’est un outil à<br />

utiliser en amont <strong>de</strong> Acoubat ou Bastian. Mais, il ne prend<br />

pas encore en compte la problématique <strong>de</strong> la transmission<br />

latérale.<br />

Thierry Legouis : Comment savoir exactement le domaine<br />

d’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong> outil <strong>de</strong> prévision ? Est-ce qu’une<br />

double paroi quelconque, une triple, relève <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

problématique là, <strong>et</strong> quelle précision peut-on alors en<br />

attendre ?<br />

Guy Cap<strong>de</strong>ville : Pour moi, il n’y a pas que l’outil qui<br />

conditionne la précision : jouent successivement la précision<br />

<strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s données entrantes, la façon d’appréhen<strong>de</strong>r<br />

ces données <strong>et</strong> le “calage” du modèle par rapport aux<br />

mesures. La précision <strong>de</strong> mes prévisions varie suivant le type<br />

<strong>de</strong> paroi — pour certaines on a plus d’expérience, <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ours<br />

<strong>de</strong> la part d’autres utilisateurs. Il faut bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit<br />

qu’on peut avoir un modèle faux avec <strong>de</strong>s paramètres<br />

d’entrées faux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s résultats justes. Sabine en est un<br />

exemple fameux. Nous savons tous qu’un outil, on peut lui<br />

faire dire ce qu’on veut. L’objectif <strong>de</strong>meure avant tout <strong>de</strong><br />

prendre <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> calculs réalistes <strong>et</strong>, si l’on sort du<br />

domaine <strong>de</strong> validité <strong>de</strong> l’outil, certes <strong>de</strong> manipuler les<br />

paramètres, mais en suivant une logique physique. Pour ma<br />

part, 95% <strong>de</strong> mes résultats se situent dans une fourch<strong>et</strong>te <strong>de</strong><br />

± 5 dB, <strong>et</strong> 70% dans une fourch<strong>et</strong>te <strong>de</strong> ± 3 dB. Quand je<br />

dimensionne mes ouvrages, je considère ces incertitu<strong>de</strong>s là.<br />

Là où la précision est la meilleure, c’est en relatif, lorsqu’on<br />

recherche l’influence d’un paramètre sur le résultat<br />

acoustique.<br />

Michel Villot : Concernant ce modèle, quelle est la part <strong>de</strong><br />

la modélisation physique <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’empirisme, <strong>de</strong><br />

l’étalonnage expérimental ?<br />

Guy Cap<strong>de</strong>ville : C’est une combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux, mais leurs<br />

influences respectives varient avec le type <strong>de</strong> paroi. Ce<br />

modèle s’applique aux parois simples, multicouches,<br />

feuill<strong>et</strong>ées, aux parois doubles <strong>et</strong> triples. Dans chaque<br />

module, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> parois peuvent être modélisés : la<br />

plaque simple ou les matériaux poreux <strong>et</strong>, dans chaque<br />

module, la part <strong>de</strong> théorie <strong>et</strong> d’empirisme a été ajustée à<br />

force <strong>de</strong> comparaison entre calculs <strong>et</strong> mesure. Nous avons<br />

par ailleurs introduit un paramètre, résolument empirique<br />

c<strong>et</strong>te fois, qui caractérise la solidarisation, la rigidité <strong>de</strong> la<br />

liaison mécanique, entre <strong>de</strong>ux parements. Il tient<br />

notamment en compte du fait que ce soit un système à<br />

ossature, <strong>de</strong> la rigidité <strong>de</strong> l’ossature, du nombre <strong>de</strong> vis <strong>et</strong> du<br />

couple <strong>de</strong> serrage <strong>de</strong>s vis.<br />

Perspectives d’avenir en matière <strong>de</strong> prévision <strong>et</strong> <strong>de</strong> caractérisation en<br />

laboratoire<br />

Michel Villot (CSTB)<br />

Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision <strong>et</strong> les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

caractérisation en laboratoire font l’obj<strong>et</strong> d’un effort<br />

d’uniformisation au niveau européen. Des groupes d’experts<br />

travaillent à l’élaboration <strong>de</strong> ces normes. J’ai choisi quatre<br />

proj<strong>et</strong>s récents <strong>de</strong> normalisation pour illustrer c<strong>et</strong>te<br />

situation.<br />

Le premier <strong>de</strong> ces proj<strong>et</strong>s concerne l’approche ISO, au<br />

niveau international, concernant le bruit <strong>de</strong> la pluie. Le<br />

<strong>de</strong>uxième proj<strong>et</strong> porte sur la prévision <strong>de</strong>s bruits<br />

d’équipements sur site. Le troisième correspond à la mesure<br />

en laboratoire <strong>de</strong>s transmissions latérales. Le quatrième,<br />

complémentaire au second, concerne la caractérisation <strong>de</strong>s<br />

équipements <strong>de</strong>s bâtiments.<br />

Le CSTB a joué un rôle assez prépondérant dans<br />

l’élaboration <strong>de</strong> la norme ISO se rapportant au bruit <strong>de</strong><br />

pluie ; il en est d’ailleurs le rédacteur. Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> norme<br />

reprend un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> système <strong>de</strong> génération artificielle <strong>de</strong><br />

pluie calibrée mis au point au CSTB. Le système consiste en<br />

une plaque comportant <strong>de</strong>s trous calibrés à travers laquelle<br />

<strong>de</strong>s gouttes d’eau tombent. C<strong>et</strong>te pluie calibrée, qui va être<br />

normalisée, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> tester différents matériaux, vitrages<br />

notamment, vis-à-vis du bruit <strong>de</strong> pluie, un peu à la manière<br />

d’une machine à chocs perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> tester les<br />

performances aux bruits d’impact d’un revêtement <strong>de</strong> sol.<br />

Ce proj<strong>et</strong>, qui a été soumis à enquête fin 2004, <strong>de</strong>vrait<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 85


aboutir en 2005. Apparemment, cela correspond à un<br />

besoin, car, avant que la norme ne sorte, les premiers<br />

clients se sont déjà manifestés (Velux pour les fenêtres <strong>de</strong><br />

toit, Saint-Gobain-Vitrages côté automobile).<br />

Le CSTB est l'animateur du groupe européen <strong>de</strong><br />

normalisation travaillant sur la caractérisation <strong>de</strong>s<br />

équipements en laboratoire <strong>et</strong> membre actif d'un <strong>de</strong>uxième<br />

groupe européen travaillant sur la prévision <strong>de</strong>s bruits<br />

d'équipement sur site. Les bruits <strong>de</strong>s équipements restent un<br />

suj<strong>et</strong> assez complexe : ils ém<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>s bruits aériens,<br />

caractérisés par une puissance acoustique ; ils transm<strong>et</strong>tent<br />

également <strong>de</strong>s vibrations à la structure <strong>et</strong> sont ainsi<br />

générateurs d’une puissance structurelle. Une norme a été<br />

soumise à enquête interne (auprès <strong>de</strong>s experts européens)<br />

fin 2004. Si tout va bien, la norme <strong>de</strong>vrait être soumise à<br />

enquête à l’échelon <strong>de</strong>s nations. Là aussi, le besoin semble<br />

important. Je mentionnerai, en particulier, l’exemple <strong>de</strong>s<br />

baignoires à brassage, qui sont <strong>de</strong>s équipements assez<br />

bruyants, tant en bruit aérien qu’en bruit solidien ; les<br />

fabricants <strong>de</strong> ces baignoires, qui atten<strong>de</strong>nt la sortie <strong>de</strong> la<br />

norme pour améliorer leur produit, ont déjà fait réaliser <strong>de</strong>s<br />

mesures <strong>et</strong> soutiennent financièrement le proj<strong>et</strong>, à travers<br />

l’Association française <strong>de</strong>s industries <strong>de</strong> la baignoire (AFIB)<br />

notamment. De même, les fabricants <strong>de</strong> broyeurs sanitaires<br />

n’ont pas attendu que la norme sorte pour faire <strong>de</strong>s essais.<br />

Au laboratoire, on caractérise l’équipement par sa puissance<br />

acoustique <strong>et</strong> par sa puissance structurale, puis, le groupe<br />

<strong>de</strong> travail élabore une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> prévision <strong>de</strong>s bruits<br />

d’équipements sur site. Côté données entrantes, la métho<strong>de</strong><br />

fait appel aux mesures en laboratoire. L’estimation du bruit<br />

sur site, elle, reprend la métho<strong>de</strong> européenne <strong>et</strong> ses parties<br />

1 à 6. Pour les transmissions solidiennes par les structures,<br />

on introduit une puissance qui caractérise l’équipement <strong>et</strong>,<br />

en appliquant la partie 5 <strong>de</strong> la norme, on estime le bruit<br />

solidien généré. Début 2006, on peut espérer disposer d’un<br />

certain nombre d’équipements qui pourront être introduits<br />

dans le logiciel Acoubat. L’attente <strong>de</strong>s constructeurs pour un<br />

tel outil est forte : ils souhaitent en eff<strong>et</strong> prévoir le<br />

comportement in situ <strong>de</strong> leur produit.<br />

Concernant les mesures en laboratoire <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s<br />

vibrations aux jonctions, on notera qu’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> norme<br />

précise les modalités <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s indices<br />

d’affaiblissement aux jonctions. De fait, on ne peut pas<br />

toujours tout calculer <strong>et</strong> certaines jonctions particulières<br />

exigent <strong>de</strong>s mesures. Ce proj<strong>et</strong> a également été soumis à<br />

enquête fin 2004. Dans le sillage <strong>de</strong> la RT2000 <strong>et</strong>,<br />

maintenant, <strong>de</strong> la RT2005, est apparue l’obligation <strong>de</strong><br />

traiter les jonctions entre dalles <strong>et</strong> faça<strong>de</strong>. Or les rupteurs<br />

thermiques ont pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> modifier les transmissions<br />

acoustiques latérales. Il fallait donc une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure<br />

<strong>de</strong>s modifications sur les transmissions aux jonctions.<br />

Débat<br />

Normes <strong>de</strong> prévision, normes <strong>de</strong> mesure :<br />

chronologie confuse…<br />

Mathias Meisser : En ce qui concerne les transmissions <strong>de</strong>s<br />

bruits solidiens dus aux équipements, les transmissions<br />

horizontales ou diagonales reprennent les valeurs<br />

d’isolement vibratoire aux jonctions utilisées pour les bruits<br />

aériens ?<br />

Michel Villot : Tout a fait.<br />

De la salle : Sont aujourd’hui disponibles <strong>de</strong>s résultats<br />

d’essais réalisés à Grenoble sur différents types <strong>de</strong> parois <strong>de</strong><br />

gaines, pour un équipement <strong>de</strong> référence, un tuyau<br />

d’évacuation en PVC <strong>de</strong> diamètre 100, avec une excitation<br />

<strong>de</strong> nature aérienne. Les réflexions en cours portent sur<br />

l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s transmissions solidiennes, plus précisément,<br />

<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong> tuyauterie, notamment, au niveau<br />

<strong>de</strong>s cou<strong>de</strong>s. Il semblerait qu’on souffre d’un manque <strong>de</strong><br />

prévision pour ces cas <strong>de</strong> figures. Envisagez-vous, à plus ou<br />

moins brève échéance, d’étendre Acoubat à ce domaine <strong>de</strong>s<br />

gaines techniques ?<br />

Michel Villot : La réponse est oui. C’est un oubli <strong>de</strong> ma part,<br />

j’ai mentionné les baignoires à brassage, mais l’on va plus<br />

loin, la norme <strong>de</strong> mesure du bruit <strong>de</strong>s conduits d’évacuation<br />

d’eau existe. Elle donne à la fois le bruit aérien rayonné <strong>et</strong><br />

le bruit transmis aux structures. C<strong>et</strong>te norme peut donc être<br />

mise en application dans un logiciel tel qu’Acoubat. Nous<br />

avons caractérisé les gaines en laboratoire sous forme <strong>de</strong><br />

pertes par insertion <strong>et</strong> l’on peut imaginer proposer<br />

différents types <strong>de</strong> gaines <strong>et</strong> simuler les eff<strong>et</strong>s, en<br />

particulier, sur le bruit aérien rayonné.<br />

Mathias Meisser : M. Villot, dans votre exposé vous avez<br />

mentionné l’existence d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesures pour les<br />

transmissions latérales. En résumé, il y a une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

mesures pour les bruits d’équipements, <strong>de</strong> la puissance<br />

structurelle notamment. Ces métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mesures vont<br />

sortir, alors que les normes <strong>de</strong> prévisions sont pratiquement<br />

achevées. Ce n’est pas <strong>de</strong> votre faute, mais j’y vois là une<br />

certaine incompatibilité. Autre exemple : la norme <strong>de</strong><br />

prévision <strong>de</strong>s isolements entre locaux, qui existe <strong>de</strong>puis<br />

longtemps déjà, fait appel aux transmissions par les<br />

jonctions, les K ij , alors que la métho<strong>de</strong> officielle <strong>de</strong> mesure<br />

<strong>de</strong>s K ij n’existe pas.<br />

Michel Villot : Il est vrai que la norme <strong>de</strong> prévision <strong>de</strong>s<br />

isolements existe alors que la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s K ij en<br />

est encore à l’état <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> norme. Pour les bruits<br />

d’équipements, en revanche, c’est plus homogène, puisque<br />

tout est à l’état <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>.<br />

Mesure du bruit <strong>de</strong> pluie : quelles conditions ?<br />

De la salle : Au suj<strong>et</strong> du bruit <strong>de</strong> pluie, quel est l’ordre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur du débit ? S’agit-il du débit <strong>de</strong> pluie standard<br />

utilisé en plan péri-sanitaire dans le DTU ? Enfin, quelle est<br />

la hauteur <strong>de</strong> chute, car cela joue un rôle dans la vitesse<br />

limite <strong>de</strong>s gouttes ?<br />

Michel Villot : Tout est défini par la norme ISO : le débit, le<br />

diamètres moyen <strong>de</strong>s gouttes, la vitesse <strong>de</strong> chute au<br />

moment <strong>de</strong> l’impact. Il faut effectivement une hauteur <strong>de</strong><br />

chute qui correspon<strong>de</strong> à c<strong>et</strong>te vitesse d’impact. La gran<strong>de</strong>ur<br />

mesurée est un niveau d’intensité acoustique rayonné par<br />

l’élément testé. Le débit choisi correspond à une pluie<br />

intense, <strong>de</strong>s débits extrêmes plutôt peu fréquents. La norme<br />

ne perm<strong>et</strong> pas d’extrapoler d’un débit à un autre, mais,<br />

nous y mentionnons <strong>de</strong>s publications <strong>de</strong> la littérature qui<br />

présentent <strong>de</strong>s modèles perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> passer d’un débit à<br />

un autre.<br />

Chaudières sur parois minces : problème,<br />

jusqu’à nouvel ordre<br />

Jean-Marc Piasco : Il existe pour les chaudières une norme<br />

qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> calculer la puissance aérienne <strong>de</strong>s chaudières.<br />

Va-t-il va falloir prendre en compte aussi le bruit structurel<br />

que peut faire une chaudière quand elle est fixée sur un mur<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


léger par exemple ? Dans certains cas, la pompe peut<br />

générer <strong>de</strong>s vibrations si la chaudière est, par exemple,<br />

fixée sur une paroi assez légère. Il est possible <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> découplage <strong>de</strong> la chaudière pour la fixation<br />

sur la paroi.<br />

Michel Villot : Tout dépend <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> ces poses<br />

structurales. Il est évi<strong>de</strong>nt que, dans le cas d’une fixation<br />

standard qui ne laisserait pratiquement rien passer, il ne<br />

serait pas nécessaire <strong>de</strong> mesurer. Mais je tiens à préciser<br />

que le proj<strong>et</strong> actuel <strong>de</strong> norme est limité à <strong>de</strong>s poses sur<br />

parois relativement lour<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 100 kg/m 2 , même<br />

si les limites d’application sont en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te valeur. La<br />

norme <strong>de</strong> caractérisation sur <strong>de</strong>s parois légères, beaucoup<br />

plus difficile, se fera dans un <strong>de</strong>uxième temps. La métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> prévision, justement, précise comment adapter les<br />

résultats à <strong>de</strong>s parois plus minces, <strong>et</strong> prévient également<br />

qu’il ne faut aller trop bas.<br />

Mathias Meisser : La logique voudrait que l’on s’arrête à 150<br />

kg/m 2 . En eff<strong>et</strong>, si l’on considère le comportement <strong>de</strong> la<br />

paroi aux bruits aériens, la frontière entre une paroi lour<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> une paroi légère se situe à 150 kg/m 2 . L’avantage d’une<br />

telle norme correspondant à <strong>de</strong>s fixations sur parois<br />

relativement lour<strong>de</strong>s est d’inciter, lors <strong>de</strong> la conception, à<br />

ne pas placer ces matériaux sur <strong>de</strong>s parois plus légères. En<br />

attendant qu’on en sache plus.<br />

La caractérisation acoustique <strong>de</strong>s produits<br />

Quelle précision pour les caractéristiques <strong>de</strong>s<br />

produits ?<br />

Mathias Meisser : L’intervention <strong>de</strong> M. Villot a servi <strong>de</strong><br />

transition entre la prévision <strong>et</strong> la mesure <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques qui servent <strong>de</strong> données d’entrée aux<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision. D’ailleurs, dans le principe, les<br />

normes <strong>de</strong> prévision ne sont autres que le passage <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s produits vers les caractéristiques <strong>de</strong>s<br />

bâtiments. Pour caractériser les produits, on effectue donc<br />

<strong>de</strong>s tests en laboratoire, mais pas seulement, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

statistiques existent également — je pense à la loi <strong>de</strong> masse<br />

qui est souvent utilisée. Les mesures en laboratoires portent<br />

sur <strong>de</strong>s éléments dont on connaît un certain nombre <strong>de</strong><br />

caractéristiques. Une paroi en béton <strong>de</strong> 16 cm, par exemple,<br />

aura, en laboratoire, un indice d’affaiblissement acoustique<br />

R W +C voisin <strong>de</strong> 56 dB. Mais, sur site, dans un bâtiment en<br />

fonction, c<strong>et</strong>te valeur connaît une certaine dispersion qui<br />

n’est pas maîtrisée.<br />

Michel Villot : Pour passer du laboratoire aux conditions in<br />

situ, on dispose tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> certains moyens <strong>de</strong><br />

maîtriser l’incertitu<strong>de</strong>. Par exemple, quand on teste une<br />

paroi en laboratoire, on mesure son temps <strong>de</strong> réverbération<br />

structurale, qui traduit les écoulements d’énergie <strong>de</strong> la<br />

paroi sur sa structure réceptrice. Sur site, le temps <strong>de</strong><br />

réverbération structurale mesuré in situ perm<strong>et</strong> également<br />

d’effectuer <strong>de</strong>s corrections.<br />

Mathias Meisser : Certes, mais la valeur laboratoire, compte<br />

tenu <strong>de</strong> tous ces éléments annexes, avec quelle précision<br />

est-elle connue ?<br />

Michel Villot : Cela dépend du laboratoire, du type <strong>de</strong><br />

produit, beaucoup d’éléments entrent en jeu.<br />

Mathias Meisser : J’ai toujours été étonné par le fait que les<br />

normes <strong>de</strong> mesure en laboratoire ou in situ ne font pas<br />

intervenir la notion d’incertitu<strong>de</strong> sur le résultat. Or, on n’est<br />

jamais certains d’avoir le bon résultat au décibel près. Qui<br />

plus est, compte tenu <strong>de</strong>s arrondis, un indice R W +C <strong>de</strong> 56 dB,<br />

ce peut aussi bien être 55,5 dB que 56,4 dB. Ces fameux<br />

arrondis sont eux aussi facteurs d’une incertitu<strong>de</strong>, qui,<br />

ajoutée à l’incertitu<strong>de</strong> sur les mesures, se traduit par une<br />

incertitu<strong>de</strong> globale qui est <strong>de</strong> l’ordre du décibel. Au final,<br />

les résultats <strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> prévision s’en ressentent. Le<br />

reproche que je ferais aux normes <strong>de</strong> mesure, c’est qu’elles<br />

ne précisent pas les données d’incertitu<strong>de</strong>.<br />

De la salle : À l’époque du passage du R rose au R W +C, on s’est<br />

aperçus que, suivant le laboratoire, qu’il soit français,<br />

allemand ou anglais, on avait parfois 1 dB d’écart sur le<br />

terme correctif, celui-ci n’étant pas fixé dans la norme.<br />

Suivant la métho<strong>de</strong> mathématique, on n’obtenait pas le<br />

même résultat <strong>et</strong> on se r<strong>et</strong>rouvait avec 1 dB d’écart.<br />

Michel Villot : J’en profite pour élargir la question <strong>de</strong><br />

l’incertitu<strong>de</strong>. M. Meisser souligne la nécessité <strong>de</strong> pouvoir<br />

connaître l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong>s performances<br />

acoustiques. À ce problème, s’ajoute celui <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong><br />

validité <strong>de</strong>s résultats, qui est fonction <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

mise en œuvre. Un exemple : les doublages sont testés en<br />

laboratoire sur <strong>de</strong>s parois d’épaisseurs bien déterminées. Il<br />

conviendrait <strong>de</strong> connaître dans quelle gamme d’épaisseurs<br />

<strong>de</strong> paroi la performance mesurée du doublage est encore<br />

valable. Cela vaut aussi pour les revêtements <strong>de</strong> sols<br />

flottants. Connaissant c<strong>et</strong>te fourch<strong>et</strong>te d’épaisseur, si on est<br />

en <strong>de</strong>hors, soit on remesure, mais cela risque <strong>de</strong> coûter<br />

cher, soit on conçoit un modèle qui donne la correction à<br />

apporter en fonction <strong>de</strong> l’épaisseur.<br />

Les cloisons en plaque <strong>de</strong> plâtre sur ossature métallique : limitation <strong>de</strong> la<br />

transmission par l’ossature<br />

Francis Bénichou (Lafarge Plâtres)<br />

Le comportement acoustique <strong>de</strong>s cloisons en plaque <strong>de</strong><br />

plâtre sur ossature métallique est bien connu <strong>de</strong>puis un<br />

certain nombre d’années. On peut classer ces systèmes en<br />

<strong>de</strong>ux, voire trois, catégories : les cloisons en plaques <strong>de</strong><br />

plâtre sur simple ossature (plaques vissées <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre<br />

d’une même ossature avec, ou sans, laine minérale) ; les<br />

cloisons acoustiques composées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux contre cloisons<br />

indépendantes, ceci pour éviter les liaisons entre les<br />

parements opposés ; les systèmes <strong>de</strong> cloisons séparatives <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> hauteur, pourvus <strong>de</strong> liaisons acoustiques, l’objectif<br />

étant <strong>de</strong> réaliser un compromis entre comportement<br />

mécanique <strong>et</strong> performances acoustiques. Depuis trente ou<br />

quarante ans que les cloisons en plaque <strong>de</strong> plâtre existent, il<br />

restait un domaine qui n’avait pas été exploré <strong>de</strong> façon<br />

suffisamment approfondie : celui <strong>de</strong> la limitation <strong>de</strong> la<br />

transmission acoustique par l’ossature elle-même. Ces<br />

ossatures sont généralement <strong>de</strong>s profils en C, la plupart du<br />

temps en tôle mince d’acier galvanisé. La question pour<br />

nous était la suivante : y a-t-il ou non la place pour une<br />

nouvelle catégorie <strong>de</strong> cloisons, intermédiaire entre les<br />

cloisons <strong>de</strong> distribution à simple ossature <strong>et</strong> les cloisons<br />

séparatives à double ossature ? Les prescripteurs nous<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 87


éclament en eff<strong>et</strong> souvent l’impossible : la cloison la plus<br />

économique possible, mais <strong>de</strong> même performance<br />

acoustique que <strong>de</strong>s cloisons beaucoup plus chères. Nous nous<br />

sommes donc fixés un double objectif : d’une part,<br />

développer une variante économique à la cloison à doubles<br />

parements <strong>de</strong> référence, c’est-à-dire la “traditionnelle”<br />

cloison 98/48 1 (quatre plaques BA13, posées <strong>de</strong> part <strong>et</strong><br />

d’autres d’une ossature <strong>de</strong> 48 mm avec laine minérale) ;<br />

d’autre part, optimiser la performance acoustique en la<br />

rapprochant <strong>de</strong>s performances acoustiques <strong>de</strong>s parois<br />

séparatives à double ossature. L’intérêt économique est<br />

évi<strong>de</strong>nt : comme il y a une seule ossature à m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre, le prix fourni posé est intermédiaire entre les<br />

cloisons <strong>de</strong> distributions traditionnelles <strong>et</strong> les cloisons<br />

séparatives.<br />

Voyons les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s performances acoustiques<br />

conventionnelles <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> cloisons existantes.<br />

Les cloison <strong>de</strong> distribution à simple parement <strong>et</strong> mono<br />

ossature : une 120/90 (plaque <strong>de</strong> BA15 <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre<br />

d’une ossature en 90 garnie <strong>de</strong> laine minérale) offre un RA,<br />

ou R W + C, <strong>de</strong> 44 dB ; une 98/62 (même type <strong>de</strong> cloison mais<br />

avec une BA18 <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre d’une ossature <strong>de</strong> 62 mm),<br />

a une performance acoustique <strong>de</strong> 45 dB. C’était quasiment<br />

le maximum <strong>de</strong> ce que les industriels <strong>de</strong> la plaque <strong>de</strong> plâtre<br />

pouvaient proposer en système à simple parement <strong>et</strong> simple<br />

ossature. Les cloisons <strong>de</strong> distribution à parements doubles<br />

sur mono ossature : la 98/48 offre un RA <strong>de</strong> 47 dB (c<strong>et</strong>te<br />

valeur est peut-être en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la réalité, c’est le résultat<br />

d’essais croisés entre le CSTB <strong>et</strong> le CEBTP réalisés entre<br />

1995 <strong>et</strong> 1997) ; en utilisant l’ossature courante la plus large,<br />

une ossature <strong>de</strong> 90 mm, avec le même montage, on obtient<br />

un RA <strong>de</strong> 51 dB. Les cloisons séparatives à parements<br />

doubles, qui intègrent les mêmes parements que dans la<br />

génération précé<strong>de</strong>nte, mais, c<strong>et</strong>te fois-ci, sur double<br />

ossature indépendante : <strong>de</strong>s essais acoustiques croisés<br />

réalisés en laboratoire sur une cloison <strong>de</strong> 160 avec <strong>de</strong> la<br />

laine minérale <strong>de</strong> 45 offre un RA <strong>de</strong> 61 dB.<br />

Avant l’arrivée <strong>de</strong>s montants acoustiques, tel était le<br />

panorama <strong>de</strong> la cloison sur ossature. Si nous nous sommes<br />

intéressés aux montants acoustiques, c’est bien sûr parce<br />

que l’on en avait déjà vu apparaître sur le marché. Nous<br />

avons testé ces premières ossatures, <strong>et</strong> les autres industriels<br />

en ont probablement fait autant. Leurs performances<br />

acoustiques n’étaient pas négligeables, mais ce qui nous a<br />

semblé leur manquer, c’est un comportement mécanique <strong>et</strong><br />

un comportement au feu qui soit en cohérence avec ces<br />

hautes exigences acoustiques. Pour réduire l’énergie<br />

acoustique transmise aux parements, il nous a semblé, cela<br />

relève du bon sens, qu’il fallait à la fois allonger le parcours<br />

<strong>et</strong> assouplir le profilé. D’où un travail sur la forme<br />

géométrique <strong>de</strong> l’âme du profilé <strong>et</strong> sur la réduction du<br />

linéaire <strong>de</strong> liaison entre les ailes <strong>de</strong>s montants, qui s’est<br />

traduit par <strong>de</strong>s découpes dans l’âme. Toute la difficulté a<br />

consisté à définir une forme géométrique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s découpes<br />

“acoustiques” qui aient un bon comportement mécanique <strong>et</strong><br />

un bon comportement au feu. A ce sta<strong>de</strong> du développement,<br />

il s’est vite avéré qu’il n’y avait pas d’intérêt à utiliser un<br />

montant acoustique dès lors qu’il n’y avait pas d’absorbant<br />

dans la cavité — en disant cela, je fais plaisir à Saint-Gobain-<br />

Isover. La raison à cela ? Essentiellement, parce qu’en<br />

l’absence <strong>de</strong> laine minérale, la transmission aérienne directe<br />

est prépondérante, par rapport à la transmission par<br />

l’ossature. Après six prototypes différents, nous sommes<br />

arrivés à un modèle compatible avec les autres exigences.<br />

1 Le premier nombre donne l'épaisseur totale <strong>de</strong> la cloison en millimètres, le<br />

second celle <strong>de</strong> l'ossature<br />

Quels en sont les résultats ? Une 98/62, soit une plaque <strong>de</strong><br />

BA18 <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre d’une ossature acoustique <strong>de</strong> 62,<br />

apporte une performance <strong>de</strong> 48 dB. L’objectif que l’on<br />

s’était fixé, à savoir une performance acoustique<br />

équivalente à celle d’une cloison 98/48 à double parement,<br />

a été atteint. Je prends soin <strong>de</strong> préciser qu’il s’agit là d’une<br />

performance acoustique globale. Un système mono<br />

parement en BA18 n’a pas les mêmes fréquences critiques<br />

qu’un système double parement en BA13, on le verra plus<br />

loin.<br />

Par la suite, nous avons intégré ce même profilé dans un<br />

système bi-plaque composé, c<strong>et</strong>te fois-ci, d’une BA18 <strong>et</strong><br />

d’une BA13. Une campagne d’essais au CSTB réalisée en<br />

2004 a révélé pour ce système un RA <strong>de</strong> 53 dB, soit, <strong>de</strong><br />

nouveau, 3 dB <strong>de</strong> plus que la même cloison à ossature<br />

classique évaluée dans le même laboratoire. Ce qui confirme<br />

que, pour c<strong>et</strong>te plage <strong>de</strong> performances, ce montant<br />

acoustique apporte un complément d’affaiblissement <strong>de</strong> 3<br />

dB.<br />

La comparaison <strong>de</strong>s spectres sur ces différentes cloisons est,<br />

elle aussi, riche d’enseignements. Entre <strong>de</strong>s systèmes<br />

similaires différant par la nature <strong>de</strong>s montants — classiques<br />

ou acoustiques —, la pente plus importante pour le montant<br />

acoustique confirme que le niveau <strong>de</strong> découplage entre les<br />

<strong>de</strong>ux parements a bien été amélioré. Aucune modification<br />

n’a été apportée à la fréquence critique <strong>de</strong>s plaques, mais la<br />

chute <strong>de</strong>s performances à c<strong>et</strong>te fréquence critique a été<br />

réduite <strong>de</strong> 3 dB.<br />

Nous avons également comparé c<strong>et</strong>te cloison 98/62 dB<br />

(98/62 à montants acoustiques) à une cloison fictive, une<br />

cloison séparative sans aucune liaison entre les parements.<br />

Pour ce faire, nous avons eu recours au logiciel <strong>de</strong> prévision<br />

Acoustiff. La comparaison <strong>de</strong> la pente du spectre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

cloison fictive avec celui <strong>de</strong> la 98/62 dB témoigne <strong>de</strong><br />

l’efficacité du découplage apporté par ces montants.<br />

Revenons à l’analyse <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> la 98/62 dB <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

cloison <strong>de</strong> référence, la 98/48 avec double parement (<strong>de</strong>ux<br />

plaques <strong>de</strong> BA13 <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong> l’ossature, soit quatre<br />

plaques en tout). Les comportements sont extrêmement<br />

proches jusqu’à 1000 Hz. Au-<strong>de</strong>là, les comportement assez<br />

différents tiennent essentiellement aux fréquences<br />

critiques : 3150 Hz pour la BA13 <strong>et</strong> 2000 Hz pour la BA18. De<br />

ce fait, la 98/48 est nécessairement plus performante que la<br />

98/62 dB dans les fréquences élevées alors que la 98/62 dB<br />

est globalement au moins aussi performante (RA 48 contre<br />

47 dB). A c<strong>et</strong> égard, il convient <strong>de</strong> rappeler que la<br />

réglementation acoustique <strong>de</strong>s locaux hospitaliers <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

un isolement global <strong>de</strong> 42 dB entre chambres.<br />

Pour finir, intéressons-nous à la double pose. Nous avons<br />

comparé une 123/62 mesurée au CSTB — RA <strong>de</strong> 50 dB — avec<br />

la 123/62 dB, soit la même cloison mais équipée d’un<br />

montant acoustique : le RA est <strong>de</strong> 53 dB. Fait intéressant, le<br />

fait d’avoir croisé une plaque BA18 <strong>et</strong> une plaque BA 13 a<br />

tendance à niveler les pertes au niveau <strong>de</strong>s fréquences<br />

critiques.<br />

Pour conclure, à côté <strong>de</strong>s systèmes aux performances<br />

acoustiques n<strong>et</strong>tement plus importantes mais également<br />

n<strong>et</strong>tement plus coûteux, le système que nous avons<br />

développé a l’avantage, pour un surcoût très réduit, <strong>de</strong><br />

majorer significativement la performance acoustique <strong>de</strong> ces<br />

cloisons sans comprom<strong>et</strong>tre leur comportement aux chocs,<br />

leur rai<strong>de</strong>ur mécanique <strong>et</strong> leur résistance au feu.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Débat<br />

Montants acoustiques : les preuves d’une<br />

moindre transmission par l’ossature<br />

Michel Villot : Le montant étant ajouré, y a-t-il également<br />

une performance en termes <strong>de</strong> pont thermique ?<br />

Francis Bénichou : Nous n’avons pas exploité c<strong>et</strong> aspect,<br />

car le marché visé est celui <strong>de</strong> l’hospitalier <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cloison<br />

<strong>de</strong> 123 du scolaire, en séparatif essentiellement. Il n’y a pas<br />

d’exigences thermiques en séparatif entre chambres ou<br />

entre salles <strong>de</strong> classes. Mais il est vrai que cela pourrait faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une exploitation comme séparatif entre locaux<br />

chauffés <strong>et</strong> non chauffés.<br />

Mathias Meisser : La question <strong>de</strong> Michel Villot <strong>et</strong> l’exposé <strong>de</strong><br />

Francis Bénichou montrent bien qu’il ne faut pas s’intéresser<br />

qu’à l’acoustique : résistance mécanique, résistance au feu,<br />

thermique <strong>et</strong> acoustique sont à traiter ensemble.<br />

Une question : Dans les fréquences graves, notamment, il<br />

n’y a qu’à 100 hertz qu’il y ait un gain pour la première<br />

paroi que vous avez présentée <strong>et</strong> cela m’inquiète un peu.<br />

Quelle est la sensibilité <strong>de</strong>s autres fréquences sur le résultat<br />

global ?<br />

Cyril Deman<strong>et</strong> : Je travaille au laboratoire d’acoustique <strong>de</strong><br />

Lafarge Plâtres. Ce produit a été développé dans un<br />

laboratoire <strong>de</strong> Lafarge, mais tous les résultats qui vous ont<br />

été présentés sont issus d’autres laboratoires. Cela fait<br />

longtemps que nous préférons travailler par comparaison à<br />

une référence. Et c<strong>et</strong> écart <strong>de</strong> 3 décibels au niveau <strong>de</strong> la<br />

fréquence 100 Hz a été observé chez Lafarge Plâtres, au<br />

CSTB <strong>et</strong> au CEBTP. Par ailleurs, ce n’est pas une étu<strong>de</strong><br />

expérimentale, il y a <strong>de</strong> la recherche théorique <strong>de</strong>rrière tout<br />

ceci. Il reste encore <strong>de</strong>s choses à explorer, mais nous savons<br />

à peu près où nous allons.<br />

Mathias Meisser : Ce qui est intéressant, en eff<strong>et</strong>, c’est <strong>de</strong><br />

savoir que trois laboratoires différents ont observé le même<br />

eff<strong>et</strong>.<br />

Aline Gaulupeau : Vous avez dit avoir trois chantiers <strong>de</strong><br />

référence. Avez-vous réalisé <strong>de</strong>s mesures sur ces chantiers<br />

<strong>et</strong>, in situ, r<strong>et</strong>rouvez-vous les 3 dB d’écart sur l’isolement ?<br />

Francis Bénichou : Oui, pour tout dire, ce développement a<br />

été mené dans le cadre d’une opération particulière à<br />

Strasbourg, pour laquelle le maître d’ouvrage voulait<br />

impérativement une cloison plus performante. Il voulait la<br />

98/48 au prix <strong>de</strong> la 98/62. Pour lui démontrer que nous<br />

jouions le jeu, <strong>de</strong>ux “cellules témoin” — il ne s’agissait pas<br />

exactement d’un chantier — ont été montées aux environs<br />

<strong>de</strong> Strasbourg : l’une avec la 98/62 dB <strong>et</strong> l’autre avec la<br />

98/62 <strong>de</strong> référence. Les mesures sur site ont bien révélé ces<br />

3 dB d’écart. Ensuite, on a effectivement procédé à une<br />

mesure sur le chantier <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong> Hautepierre à<br />

Strasbourg. Là, on n’a pas pu effectuer la comparaison entre<br />

98/62 <strong>et</strong> 98/62 dB, mais l’isolement in situ en inci<strong>de</strong>nce<br />

neutre obtenu, 44 dB environ, nous fait penser qu’on<br />

n’aurait jamais obtenu une telle performance avec une<br />

98/62 classique.<br />

Maurice Auffr<strong>et</strong> : L’amélioration <strong>de</strong> 3 dB existe-t-elle<br />

indépendamment du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul : anciens indices ou<br />

nouveaux indices ? Autrement dit, c<strong>et</strong> écart <strong>de</strong> 3 dB, le<br />

r<strong>et</strong>rouve-t-on aussi quand on fait le calcul avec l’indice en<br />

R rose ? À travers c<strong>et</strong>te question, je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si les<br />

nouveaux indices européens vont conduire à <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong><br />

développement différents <strong>de</strong> ceux réalisés auparavant. Et je<br />

reviens sur la remarque <strong>de</strong> Mathias Meisser sur l’isolement<br />

observé dans les basses fréquences : désormais, c’est le<br />

nombre <strong>de</strong> points sur la courbe qui compte, qu’ils soient en<br />

bas, en haut ou au milieu.<br />

Mathias Meisser : Attention, quand on travaille en RA, R W +C,<br />

cela revient à travailler comme avant, en R exprimé en<br />

dB(A) bruit rose ; en enlevant uniquement la valeur à 4000<br />

Hz, qui ici ne joue pas.<br />

Maurice Auffr<strong>et</strong>: Trouve-t-on la même chose en R rose ancien<br />

indice ? La question est importante : on s’est aperçu, par<br />

exemple, que la conception <strong>de</strong>s doubles vitrages avec<br />

parements feuill<strong>et</strong>és suit une logique <strong>de</strong> développement<br />

différente <strong>de</strong> celle adoptée du temps où les anciens indices<br />

étaient en vigueur. Ce n’est pas tout à fait la même chose<br />

<strong>de</strong> travailler sur du R rose que <strong>de</strong> travailler sur du RA.<br />

Francis Bénichou : Vérification faite, le gain est <strong>de</strong> 4 dB(A)<br />

entre la 98/62 <strong>et</strong> la 98/62 dB <strong>et</strong> <strong>de</strong> 3 dB(A) entre la 123/62<br />

<strong>et</strong> la 123/62 dB. Pour répondre à votre question, le calcul en<br />

dB(A) ne change donc rien à ces écarts.<br />

Réhabilitation acoustique : prévision, caractérisation, mise en œuvre…<br />

Christiane Flageoll<strong>et</strong>-Saadna : L’action du<br />

PUCA en matière <strong>de</strong> confort sonore<br />

Le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), un<br />

service <strong>de</strong> la Direction générale <strong>de</strong> l'urbanisme, <strong>de</strong> l'habitat<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la construction (DGUHC) du ministère <strong>de</strong><br />

l’Équipement, développe <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> recherche<br />

incitative, <strong>de</strong>s actions d'expérimentation <strong>et</strong> apporte son<br />

soutien à l'innovation <strong>et</strong> à la valorisation scientifique <strong>et</strong><br />

technique dans les domaines <strong>de</strong> l'aménagement <strong>de</strong>s<br />

territoires, <strong>de</strong> l'habitat, <strong>de</strong> la conception architecturale <strong>et</strong><br />

urbaine <strong>et</strong> <strong>de</strong> la construction.<br />

Le PUCA travaille <strong>de</strong>puis cinq ans sur la question du confort<br />

sonore. J’emploie volontairement ce terme <strong>de</strong> “confort<br />

sonore”, car il rend compte d’un positionnement prenant en<br />

compte l’usage <strong>de</strong>s habitants <strong>et</strong> leur propre perception du<br />

bruit comme leviers d’innovation technique. Ce fil<br />

conducteur nous a mené dans plusieurs directions. Avec la<br />

DGUHC <strong>et</strong> l’Anah, nous avons mené une expérimentation<br />

dans l’habitat existant, chantier expérimental dont<br />

l’objectif était l’information <strong>et</strong> la formation envers les<br />

professionnels, les artisans, les architectes. Il s’agissait aussi<br />

d’inciter les professionnels à travailler ensemble <strong>et</strong> non pas<br />

chacun <strong>de</strong> façon séparée. Dans un immeuble à réhabiliter,<br />

une journée a été consacrée à <strong>de</strong>s démonstrations <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s<br />

exemples d’interventions dans l’habitat existant. Tous les<br />

artisans intervenant dans un bâtiment, même s’ils ne sont<br />

pas directement concernés par l’isolation acoustique,<br />

<strong>de</strong>vraient être sensibilisés à l’impact éventuel <strong>de</strong> leurs<br />

pratiques sur les questions d’acoustique. C<strong>et</strong>te démarche a<br />

donné lieu à un ouvrage financé par le PUCA qui a été<br />

récompensé par un Décibel d’or en 2004. Rédigé par<br />

Christine Simonin-Adam, “Acoustique <strong>et</strong> réhabilitation -<br />

Améliorer le confort sonore dans l'habitat existant” est un<br />

ouvrage très compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> très détaillé. Il propose <strong>de</strong>ux axes<br />

d’entrée : les moyens <strong>de</strong> ne pas détériorer l’acoustique d’un<br />

bâtiment existant quand on réalise <strong>de</strong>s travaux ; les<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 89


solutions, simples <strong>et</strong> pas forcément coûteuses, pour<br />

améliorer l’acoustique d’un habitat existant. Le PUCA<br />

souhaitait que c<strong>et</strong> ouvrage soit prioritairement <strong>de</strong>stiné aux<br />

architectes, qui — je le dis d’autant plus facilement que je<br />

suis moi-même architecte —, sont insuffisamment<br />

sensibilisés à la question <strong>de</strong> la gêne due au bruit. Les<br />

particuliers peuvent également y puiser <strong>de</strong> précieuses<br />

informations.<br />

Nous avons également contribué à l’élaboration d’un “Gui<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> diagnostic sur la perception du bruit dans l'habitat<br />

social”, <strong>de</strong>stiné aux maîtres d’ouvrages <strong>de</strong> l’habitat social.<br />

Deux parties dans c<strong>et</strong> ouvrage : le gui<strong>de</strong> proprement dit <strong>et</strong><br />

une <strong>de</strong>uxième partie présentant la métho<strong>de</strong> ayant servi à<br />

son élaboration.<br />

Nous souhaitions aller plus loin, élargir la réflexion. Aussi, en<br />

2000, avons-nous lancé une consultation <strong>de</strong> recherche que<br />

nous avons intitulée — <strong>de</strong> façon peut-être un peu<br />

provocatrice — Construire avec les sons. Il s’agissait là<br />

encore <strong>de</strong> prendre en compte le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s habitants<br />

en matière <strong>de</strong> qualité sonore, mais il s’agissait aussi d’une<br />

tentative <strong>de</strong> présenter les sons dans l’architecture sous leur<br />

dimension positive. La conception architecturale ou<br />

urbanistique prend en compte la lumière comme une donnée<br />

<strong>de</strong> conception architecturale, mais qu’en est-il <strong>de</strong>s sons ?<br />

C<strong>et</strong>te consultation a soulevé bien entendu la question <strong>de</strong> la<br />

complexité <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> la gêne due au bruit, c’està-dire<br />

<strong>de</strong>s dimensions psychologiques, physiologiques, mais<br />

aussi culturelles, du bruit. C<strong>et</strong>te dimension a une<br />

importance capitale. Elle ne touche pas seulement les<br />

quartiers sensibles. Parmi les proj<strong>et</strong>s ayant participé à c<strong>et</strong>te<br />

consultation, six recherches françaises ont été sélectionnées<br />

<strong>et</strong> serviront <strong>de</strong> support à un colloque européen en mars<br />

2005. Qui plus est, quatre experts étrangers, représentant le<br />

Canada, pionnier dans ce domaine, la Suè<strong>de</strong>, l’Italie <strong>et</strong> la<br />

Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, viendront présenter les démarches<br />

spécifiques à leurs pays.<br />

Débat<br />

Le diagnostic acoustique pour qualifier<br />

l’existant : trop rare<br />

Mathias Meisser : Toujours concernant l’existant,<br />

M. Daliphard, vous qui représentez la partie entreprises,<br />

quelle est votre vision ?<br />

Jacques Daliphard : Quand on cherche à répondre à un<br />

appel d’offre sur un proj<strong>et</strong> d’existant, je parle ici surtout<br />

d’habitat, d’habitat francilien précisément, l’on prend un<br />

marteau <strong>et</strong> un burin <strong>et</strong> l’on essaye <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s trous dans<br />

les planchers <strong>et</strong> dans les murs pour estimer la qualité <strong>de</strong><br />

l’existant, les principes <strong>de</strong> construction. Pour les planchers :<br />

les poutres sont-elles en bois ou en métal ? y a-t-il <strong>de</strong>s<br />

hourdis ? s’il y a un parqu<strong>et</strong>, comment est-il tenu ? Pour les<br />

murs : quelle est leur nature, leur épaisseur ? Ensuite, on<br />

s’appuie sur <strong>de</strong>s grilles à travers <strong>de</strong>squelles on s’efforce <strong>de</strong><br />

qualifier les performances acoustiques <strong>de</strong> l’existant :<br />

isolement vertical ; isolement horizontal, à quelques<br />

décibels près. Malheureusement, il n’y a pas d’argent pour<br />

le diagnostic acoustique. Après, il faut essayer <strong>de</strong> freiner un<br />

peu les ar<strong>de</strong>urs du maître d’ouvrage, qui en veut toujours<br />

plus. Au minimum, on préserve les qualités <strong>de</strong> l’existant, on<br />

s’interdit <strong>de</strong> les dégra<strong>de</strong>r. Mais l’équilibre entre les<br />

finances, les décibels <strong>et</strong> les possibilités techniques est assez<br />

difficile à trouver. Il arrive même qu’on ne puisse pas<br />

obtenir d’amélioration, même en y m<strong>et</strong>tant le prix. Je<br />

mense au cas d’un logement situé au-<strong>de</strong>ssus d’une banque,<br />

où il fallait obtenir un isolement <strong>de</strong> 58 dB. Mais ce n’était<br />

pas possible sans intervenir dans la banque, ce qui n’a pu se<br />

faire.<br />

La grosse difficulté tient au fait que, dans la majorité <strong>de</strong>s<br />

cas, on ne peut qualifier l’existant. Il nous arrive, quand<br />

cela est possible, <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s mesures d’isolement aux<br />

bruits aériens ou aux bruits <strong>de</strong> chocs. En fonction <strong>de</strong>s<br />

exigences du maître d’ouvrage, on tente alors <strong>de</strong> se<br />

rapprocher <strong>de</strong>s exigences du neuf, du règlement <strong>de</strong> juin<br />

1999, ou <strong>de</strong> celles du règlement <strong>de</strong> juin 1969.<br />

Ghislain Pinçon : Ce dont Jacques Daliphard fait état ici<br />

correspond au quotidien d’une gran<strong>de</strong> entreprise du<br />

bâtiment, qui dispose <strong>de</strong> l’équipement <strong>et</strong> <strong>de</strong>s compétences<br />

en acoustique. Ce n’est malheureusement pas le cas <strong>de</strong> bien<br />

<strong>de</strong>s p<strong>et</strong>ites d’entreprises du bâtiment. Effectivement, il est<br />

très difficile <strong>de</strong> convaincre les maîtres d’ouvrage d’allouer<br />

un budg<strong>et</strong> au diagnostic acoustique, même en présence d’un<br />

problème particulier d’acoustique. Le maître d’ouvrage<br />

voudrait que l’entrepreneur lui chiffre les travaux avant<br />

même <strong>de</strong> connaître la nature <strong>et</strong> l’ampleur <strong>de</strong>s travaux qui<br />

doivent être réalisés.<br />

Mathias Meisser : M. Daliphard a souligné une autre<br />

difficulté pour les entrepreneurs : quels sont les objectifs à<br />

atteindre ou pouvant être atteints ? Il faut déplorer<br />

qu’aucun texte ne précise les objectifs d’isolement qu’il<br />

serait raisonnable <strong>de</strong> se fixer. En augmentant, en 1994 (puis<br />

en 1999 avec les indices européens), les exigences<br />

applicables à l’habitat neuf, alors qu’il n’existait rien pour<br />

l’existant, on a creusé l’écart entre l’existant <strong>et</strong> le neuf.<br />

Tout en insistant, par ailleurs, sur le fait que ces exigences<br />

concernant le neuf correspon<strong>de</strong>nt à un minimum <strong>de</strong> qualité<br />

acoustique, <strong>et</strong> non à un confort du logement. Le minimum<br />

pour le neuf <strong>de</strong>vrait être aussi le minimum pour l’existant.<br />

Ghislain Pinçon : Je crois que les exigences acoustiques<br />

dans le neuf ne correspon<strong>de</strong>nt pas tout à fait à un minimum.<br />

C’est plutôt un compromis technico-économique. Dans<br />

l’ancien, se pose le même problème, à savoir trouver le bon<br />

compromis technico-économique qui, c<strong>et</strong>te fois, est propre à<br />

chaque opération. Cela relève précisément <strong>de</strong><br />

l’investissement “en matière grise” que l’on est prêts à<br />

consentir au départ. On évalue la performance <strong>de</strong> l’existant,<br />

puis, compte tenu <strong>de</strong>s techniques disponibles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques du bâti, on fixe un objectif qui perm<strong>et</strong><br />

d’aller assez loin sans que cela coûte trop cher. Si une<br />

réglementation venait fixer <strong>de</strong>s exigences pour l’existant,<br />

cela poserait parfois d’énormes problèmes : quelquefois, 2<br />

décibels <strong>de</strong> mieux suffisent à faire grimper la facture <strong>de</strong> 30%<br />

ou 50%.<br />

Mathias Meisser : J’entends bien ce raisonnement. Mais, n’y<br />

aurait-il pas <strong>de</strong>s cas où l’existant mériterait d’être<br />

amélioré ? Il est regr<strong>et</strong>table que Mme Soulier 1 n’ait pu venir,<br />

car nous aurions pu l’interroger sur la faisabilité d’un texte<br />

cadre, pas nécessairement une réglementation, mais qui<br />

aurait valeur <strong>de</strong> “recommandation officielle”, qui fixerait<br />

<strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> base <strong>et</strong> qui faciliteraient les relations avec les<br />

maîtres d’ouvrage.<br />

Christiane Flageoll<strong>et</strong>-Saadna : Vous soulevez là un<br />

problème pour lequel il est difficile d’apporter une réponse.<br />

1 Anne-Marie Soulier est chargée <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> à la DGUHC (ministère <strong>de</strong><br />

l’Équipement)<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Est-ce que cela mérite d’être réhabilité ? Quand on pose<br />

c<strong>et</strong>te question, on n’est pas loin <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il ne vaut<br />

pas mieux démolir. Qu’en est-il <strong>de</strong>s habitants, que<br />

souhaitent-ils, que <strong>de</strong>viennent-ils ? D’où l’importance,<br />

d’ailleurs, quand on fait <strong>de</strong>s diagnostics <strong>de</strong> la gêne due au<br />

bruit, <strong>de</strong> prendre en compte la perception <strong>de</strong>s habitants.<br />

Ghislain Pinçon : Un élément <strong>de</strong> réponse est à trouver dans<br />

la loi Solidarité renouvellement urbain (SRU), conçue pour<br />

éliminer les logements les plus insalubres. C<strong>et</strong>te loi précise<br />

un certain nombre <strong>de</strong> critères perm<strong>et</strong>tant d’éliminer les<br />

logements les plus défavorisés, mais aucun critère<br />

d’acoustique n’y figure. On a jugé que l’acoustique n’était<br />

pas un enjeu prioritaire. Alors qu’on connaît <strong>de</strong> nombreux<br />

exemples <strong>de</strong> logements impropres à leur <strong>de</strong>stination pour<br />

cause d’isolation acoustique insuffisante.<br />

Jacques Daliphard : Je souhaiterais insister aussi sur le fait<br />

que, dans certains endroits, notamment à Paris, il n’est pas<br />

question <strong>de</strong> démolir : coefficient d’occupation <strong>de</strong>s sols<br />

oblige, si vous démolissez, vous ne pourrez reconstruire que<br />

trois fois moins <strong>de</strong> planchers. C’est ainsi qu’on réhabilite <strong>de</strong>s<br />

immeubles avec <strong>de</strong>s murs en pans <strong>de</strong> bois <strong>et</strong> <strong>de</strong>s planchers<br />

légers, <strong>de</strong>s poutrelles bois, dans <strong>de</strong>s appartements qui vont<br />

se vendre 6000 euros du m 2 . Un <strong>de</strong>rnier point, assez<br />

important : en réhabilitation, il faut essayer <strong>de</strong> ne pas trop<br />

isoler en faça<strong>de</strong> ; 35 dB, c’est bien, 38, c’est un grand<br />

maximum, en cas <strong>de</strong> contraintes du type boulevard<br />

périphérique ou autoroute. De toute façon, il faut gar<strong>de</strong>r le<br />

dormant <strong>de</strong>s menuiseries existant <strong>et</strong> y adapter un dormant<br />

neuf. En réhabilitation, aller “chatouiller” les murs serait<br />

pire encore que <strong>de</strong> laisser le dormant existant. En matière<br />

<strong>de</strong> bruit aérien, il faut voir ce que l’on peut faire ; côté<br />

bruits <strong>de</strong> chocs, on ne peut pas faire n’importe quoi, enfin,<br />

il faut se poser la question <strong>de</strong>s bruits d’équipement. On n’a<br />

pas toujours le loisir d’intervenir comme il le faudrait. Le<br />

tuyau <strong>de</strong>s WC passe parfois chez le voisin n’importe<br />

comment. Cela relève <strong>de</strong> la recherche d’un compromis, en<br />

essayant <strong>de</strong> gérer tous les apports <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas trop<br />

isoler l’un pour faire émerger l’autre, le bruit d’équipement<br />

par exemple.<br />

Philippe Guignouard : Jacques Daliphard a souligné les<br />

difficultés <strong>de</strong> mise en œuvre liées à un objectif d’isolation<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> trop poussé. C’est un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la question.<br />

Ce qui me semble fondamental, c’est la cohérence <strong>de</strong> tous<br />

les objectifs acoustiques qu’on se fixe pour un bâtiment. Si<br />

l’on isole trop la faça<strong>de</strong>, il faudra fortement isoler vis-à-vis<br />

<strong>de</strong>s bruits intérieurs, <strong>de</strong>s bruits d’impact <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bruits<br />

d’équipement. On n’a alors plus <strong>de</strong> solution, en particulier si<br />

l’on conserve les planchers. Il faut donc réfléchir, à l’échelle<br />

<strong>de</strong> l’ensemble du bâtiment, à <strong>de</strong>s objectifs cohérents <strong>et</strong><br />

réalistes prenant en compte les éléments du bâtiment à<br />

conserver. Plutôt que <strong>de</strong> préciser <strong>de</strong>s valeurs, le texte cadre<br />

dont vous parliez pourrait inclure ce type d’avertissement.<br />

Enfin, certes, les p<strong>et</strong>its entrepreneurs n’ont pas tous<br />

l’ampleur financière <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r, en interne, <strong>de</strong>s<br />

compétences en acoustique, mais c’est toute la raison<br />

d’être <strong>de</strong>s compétences externes.<br />

Jacques Daliphard : C’était bien le sens <strong>de</strong> mon propos : les<br />

maîtres d’ouvrage rechignent à faire appel à un bureau<br />

d’étu<strong>de</strong>s, disons-le carrément, avant <strong>de</strong> confier <strong>de</strong>s travaux.<br />

Philippe Guignouard : Méfions-nous <strong>de</strong> la définition<br />

d’objectifs, car c<strong>et</strong>te logique n’est pas toujours synonyme<br />

d’amélioration. Prenez l’exemple <strong>de</strong>s bureaux : aucune<br />

réglementation ne s’applique, pourtant, en quinze ans, les<br />

cahiers <strong>de</strong>s charge <strong>de</strong>s maîtres d’ouvrage sont passés <strong>de</strong> 25 à<br />

30 dB d’isolement entre bureaux à un minimum <strong>de</strong> 38 dB. En<br />

vingt ans, on a n<strong>et</strong>tement plus amélioré l’acoustique <strong>de</strong>s<br />

bureaux que celle <strong>de</strong>s logements. Il est vrai que l’on m<strong>et</strong><br />

beaucoup plus d’argent dans les bureaux.<br />

Aline Gaulupeau : Il me semble malgré tout qu’il y aurait<br />

avantage à convaincre les maîtres d’ouvrage du bien-fondé<br />

d’un diagnostic précis <strong>de</strong> l’existant. D’une part, le<br />

diagnostic peut révéler que la performance acoustique du<br />

bâtiment existant est satisfaisante ; d’autre part, cela<br />

perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong>s objectifs réalistes, donc d’estimer la<br />

faisabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s économies sur le coût <strong>de</strong>s<br />

travaux. Faire appel à un bureau d’étu<strong>de</strong> en acoustique, à<br />

mon avis, se traduit par <strong>de</strong>s économies réalisées sur le coût<br />

du chantier <strong>de</strong> réhabilitation <strong>et</strong>, certainement, sur la qualité<br />

du résultat final.<br />

Jacques Daliphard : Il faudra déployer <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong><br />

persuasion car je connais <strong>de</strong>s entreprises qui ne font même<br />

pas apparaître les étu<strong>de</strong>s sur le <strong>de</strong>vis, car le maître<br />

d’ouvrage n’en veut pas. On noie les étu<strong>de</strong>s dans le prix <strong>de</strong>s<br />

travaux. Je pense que Lafarge connaît ça.<br />

Pascal Ozouf : Je voudrais juste rebondir sur les propos <strong>de</strong><br />

Philippe Guignouard <strong>et</strong> sa conclusion qu’il n’y avait pas <strong>de</strong><br />

solution en réhabilitation. Sachez qu’il en existe <strong>de</strong><br />

relativement simples <strong>et</strong> peu coûteuses. Preuve en est<br />

l’opération “1000 logements”, une expérience menée par les<br />

ministères <strong>et</strong> certains laboratoires : même si, par rapport à<br />

l’objectif initial, la conclusion est plutôt mitigée, il existe<br />

<strong>de</strong>s solutions qui font appel à <strong>de</strong>s structures relativement<br />

faibles en épaisseur mais néanmoins performantes en<br />

acoustique. Un exemple : Placosilence.<br />

Mathias Meisser : Il y a toujours <strong>de</strong>s solutions.<br />

Maurice Auffr<strong>et</strong> : Pour en revenir au renforcement <strong>de</strong>s<br />

performances acoustiques <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s, je crois qu’il faut<br />

aussi penser au problème du renouvellement <strong>de</strong> l’air. Un<br />

appartement isolé acoustiquement, c’est un appartement<br />

étanche en faça<strong>de</strong>, étanche au niveau <strong>de</strong>s portes palières,<br />

étanche partout. Sans apport d’air neuf, on va au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />

problèmes. Et ménager <strong>de</strong>s entrées d’air ne suffit pas : l’air<br />

est fainéant, il ne suffit pas <strong>de</strong> faire un trou dans une faça<strong>de</strong><br />

pour que l’air rentre. Il faut une VMC ou un extracteur, mais<br />

alors, attention aux problèmes <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation<br />

superficielle. Ce phénomène peut entraîner <strong>de</strong>s dégâts<br />

collatéraux très importants <strong>et</strong> aboutir à une <strong>de</strong>struction<br />

d’une partie du bâtiment.<br />

Quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s résultats en<br />

réhabilitation ?<br />

Michel Villot : J’ai bien compris qu’il fallait être très<br />

mo<strong>de</strong>ste sur les objectifs en ce qui concerne la<br />

réhabilitation, <strong>et</strong> que, souvent, aucun diagnostic n’était<br />

réalisé. On a évoqué précé<strong>de</strong>mment, concernant le neuf, le<br />

problème <strong>de</strong>s domaines d’application <strong>de</strong>s produits, <strong>de</strong> la<br />

difficulté à garantir telle performance sur tel support. En<br />

réhabilitation, c’est encore pire : on y rencontre <strong>de</strong>s<br />

supports <strong>de</strong> toute nature. Quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise atteint-on<br />

en réhabilitation ? Est-ce qu’on n’a pas fréquemment <strong>de</strong>s<br />

surprises ?<br />

De la salle : On rencontre en eff<strong>et</strong> tous les cas <strong>de</strong> figure. Si<br />

bien que si l’on ne sait pas exactement <strong>de</strong> quoi est fait<br />

l’existant… D’autant que les surprises peuvent être <strong>de</strong><br />

taille : il m’est arrivé <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s parpaings <strong>de</strong><br />

pouzzolane au premier étage, <strong>de</strong>s briques creuses au<br />

<strong>de</strong>uxième <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pans <strong>de</strong> bois au troisième. Il faut donc<br />

vraiment aller fouiller. En acoustique, si l’on se contente<br />

d’enlever le parqu<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> remplir avec du béton <strong>de</strong><br />

polystyrène, c’est certain, on dégra<strong>de</strong> les performances.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 91


Mathias Meisser : La question <strong>de</strong> Michel Villot peut être<br />

prolongée. À supposer qu’on ait fait le bon diagnostic <strong>de</strong>s<br />

structures, est-ce qu’on sait améliorer <strong>et</strong> atteindre un<br />

résultat ? Je crois pouvoir dire que, pour répondre, il faut<br />

distinguer <strong>de</strong>ux grands types <strong>de</strong> bâtiments : d’une part, les<br />

bâtiments que je qualifierais d’homogènes <strong>et</strong> lourds, en<br />

maçonnerie, mais cela peut être <strong>de</strong>s poutrelles hourdis ;<br />

d’autre part, la batterie <strong>de</strong>s bâtiments <strong>de</strong> type ancien, à<br />

solives <strong>de</strong> bois ou <strong>de</strong> métal. Pour le bâtiment homogène, on<br />

arrivera à apprécier un objectif qu’on arrivera, à peu près, à<br />

tenir. Car l’on intervient alors dans un cadre qui s’apparente<br />

à celui du neuf. En revanche, dans l’ancien, l’évaluation <strong>de</strong><br />

l’objectif sera moins précise, à cause <strong>de</strong>s transmissions<br />

latérales, qui sont très mal connues. Elles sont<br />

heureusement souvent relativement faibles, grâce à<br />

l’hétérogénéité <strong>de</strong>s matériaux, qui crée <strong>de</strong>s pertes à chaque<br />

interface entre produits. En raisonnant en isolements, un<br />

peu comme on applique les formules <strong>de</strong> renforcement,<br />

m<strong>et</strong>tons, aux indices d’affaiblissement acoustique <strong>de</strong>s<br />

parois, on obtient aussi <strong>de</strong>s résultats relativement corrects.<br />

Il n’en reste pas moins que la garantie <strong>de</strong> résultats est<br />

beaucoup plus dangereuse. Or souvent, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux<br />

entreprises, aux constructeurs, <strong>de</strong> garantir leurs résultats.<br />

Jacques Daliphard : On arrive à s’affranchir quelque peu <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te obligation <strong>de</strong> résultat, en vertu du fait qu’il est<br />

difficile <strong>de</strong> garantir un résultat précis. On se situera plutôt<br />

dans une logique consistant à se rapprocher <strong>de</strong> la<br />

réglementation <strong>de</strong> 1969 ou <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> 1999.<br />

Francis Bénichou : Je ne voudrais pas que l’on termine sur<br />

une note trop pessimiste quant à l’amélioration <strong>de</strong> l’habitat<br />

existant. Nous sommes tout <strong>de</strong> même quelques-uns à avoir<br />

connu <strong>de</strong>s expériences d’opérations <strong>de</strong> réhabilitation dans<br />

<strong>de</strong>s habitats, effectivement non homogènes en termes <strong>de</strong><br />

structure, qui se sont avérés satisfaisantes. Bien sûr, la<br />

prévision est plus difficile. J’ai à l’esprit au moins une<br />

opération, menée à Charleville, avec <strong>de</strong>s planchers<br />

totalement hétérogènes d’un niveau à l’autre. Nous avons<br />

finalement adopté une solution <strong>de</strong> renforcement somme<br />

toute classique — plaque <strong>de</strong> plâtre sur ossature <strong>et</strong> laine<br />

minérale —, qui a donné <strong>de</strong>s résultats en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s 51 dB(A)<br />

<strong>de</strong> la réglementation <strong>de</strong> 1969, mais qui a apporté une<br />

amélioration <strong>de</strong> 7 à 8 dB par rapport à l’état initial, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

performances <strong>de</strong> 48 à 49 dB. En réhabilitation, les solutions<br />

existent, mais la prescription, surtout sur un habitat non<br />

homogène est un exercice plus difficile. Il ne faut pas être<br />

pessimiste, mais très pru<strong>de</strong>nt.<br />

Ghislain Pinçon : Je crois que non seulement la prescription<br />

est plus difficile, mais également, tout au long <strong>de</strong>s travaux,<br />

il importe que le bureau d’étu<strong>de</strong>s, l’entreprise <strong>de</strong> mise en<br />

œuvre <strong>et</strong> la maîtrise d’œuvre échangent en permanence.<br />

Cela nécessite une organisation un tant soit peu différente<br />

du fonctionnement habituel d’un chantier.<br />

Aline Gaulupeau : En réhabilitation, très souvent, un<br />

diagnostic est nécessaire. Il arrive fréquemment que les<br />

maîtres d’ouvrage se tournent vers nous, bureau <strong>de</strong><br />

contrôle, <strong>et</strong> nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’assurer pour eux une mission<br />

d’acoustique. Nous leur répondons qu’il faudrait faire un<br />

diagnostic, mais quand ils se tournent vers nous, les<br />

différentes entreprises qui sont intervenues ont déjà fait<br />

plein <strong>de</strong> trous, <strong>et</strong> il est trop tard pour faire un diagnostic. Je<br />

persiste à dire que, sans diagnostic, on ne peut non<br />

seulement rien garantir mais on ne peut même pas se fixer<br />

d’objectif. On va donc à l’aventure. Il faudrait que le maître<br />

d’ouvrage sache précisément ce pour quoi il réhabilite.<br />

Souvent, la réhabilitation n’a pas pour obj<strong>et</strong> d’améliorer le<br />

confort acoustique. On s’en tient alors à ne pas détériorer<br />

les performances. Cela mérite quand même un diagnostic.<br />

Ghislain Pinçon : Jusqu’à présent, l’acoustique, aux yeux<br />

<strong>de</strong>s maîtres d’ouvrage, ce n’est pas très “ven<strong>de</strong>ur”. Comme<br />

ils ne ven<strong>de</strong>nt pas l’acoustique à leurs clients, ils restent<br />

très frileux.<br />

Mathias Meisser : Attention à c<strong>et</strong>te notion : ce n’est peutêtre<br />

pas très ven<strong>de</strong>ur, mais cela peut s’avérer très<br />

dévastateur. Combien d’exemples d’opérations <strong>de</strong><br />

réhabilitation totale qui se terminent <strong>de</strong>vant les tribunaux.<br />

Or, l’examen <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce en matière <strong>de</strong> contentieux<br />

après réhabilitation indique que les juges condamnent les<br />

performances trop éloignées <strong>de</strong> celles du neuf, n’offrant pas<br />

un confort acoustique suffisant. Même en l’absence <strong>de</strong><br />

réglementation.<br />

Ghislain Pinçon : C<strong>et</strong>te jurispru<strong>de</strong>nce n’est pas encore<br />

suffisante pour servir d’exemple.<br />

Mathias Meisser : En cas <strong>de</strong> litige, les juges se basent sur la<br />

réglementation du neuf en vigueur lors <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong><br />

l’immeuble.<br />

Ghislain Pinçon : C’est à ce titre, en eff<strong>et</strong>, qu’un texte<br />

d’encadrement, circulaire ou recommandation, aurait un<br />

intérêt, à l’instar <strong>de</strong> ce qui se fait dans d’autres domaines<br />

tels que la sécurité incendie ou la sécurité électrique. Un<br />

texte qui donnerait <strong>de</strong>s conseils <strong>et</strong> qui informerait les<br />

maîtres d’ouvrage que, même en l’absence <strong>de</strong><br />

réglementation, il y a lieu <strong>de</strong> se préoccuper <strong>de</strong> l’acoustique.<br />

Les vitrages isolants en rénovation <strong>et</strong> réhabilitation <strong>de</strong> logements<br />

Alain Roussel (Saint-Gobain Glass France)<br />

Une feuille <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> 1 mm d’épaisseur pèse 2,5 kg par<br />

mètre carré. Un vitrage <strong>de</strong> 4 mm pèse donc 10 kg/m 2 . Quand<br />

on fait appel à la loi <strong>de</strong> masse, on utilise <strong>de</strong>s verres<br />

beaucoup plus épais, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 mm, ce qui équivaut à<br />

25 kg/m 2 . Ce sont <strong>de</strong>s solutions lour<strong>de</strong>s, certes efficaces<br />

contre le bruit, mais qui n’isolent pas du froid en tant que<br />

simple vitrage. Quand la température est <strong>de</strong> 0°C <strong>de</strong>hors, il<br />

faut savoir que la température intérieure d’un vitrage simple<br />

dans une pièce chauffée à 20°C, qu’il ait 4 ou 10 mm<br />

d’épaisseur, est <strong>de</strong> 5°C. Une dépense inutile <strong>de</strong> chauffage <strong>et</strong><br />

un manque <strong>de</strong> confort qui nécessitent <strong>de</strong> mieux isoler. En<br />

montant <strong>de</strong>ux verres <strong>de</strong> 4 mm en vitrage isolant, il est<br />

possible d’améliorer <strong>de</strong> façon simple la résistance<br />

thermique. Les compositions verrières les plus couramment<br />

utilisées en double vitrage associent donc 2 feuilles <strong>de</strong> verre<br />

<strong>de</strong> 4 mm, séparées par un espace d’air, <strong>de</strong> 6 mm dans les<br />

années 70, <strong>de</strong> 12 mm dans les années 90 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 16 mm<br />

aujourd’hui. Parallèlement à l’augmentation <strong>de</strong> la lame<br />

d’air, la performance thermique <strong>de</strong>s doubles vitrages a été<br />

augmentée très sensiblement par l’usage <strong>de</strong> verre à couche<br />

peu émissive. Mais toutes ses améliorations thermiques sont<br />

sans eff<strong>et</strong> sur la performance acoustique <strong>de</strong>s doubles<br />

vitrages. Chacun sait qu’un vitrage 4/12/4 ou 4/6/4 a<br />

sensiblement la même efficacité acoustique qu’un vitrage<br />

monolithique <strong>de</strong> 4 mm. Pour améliorer leur performance<br />

acoustique on a traditionnellement recours à <strong>de</strong>s vitrages<br />

asymétriques. Typiquement, on choisit pour l’un <strong>de</strong>s verres<br />

une épaisseur <strong>de</strong> 10 mm. On passe donc d’un vitrage 4/16/4<br />

qui pèse 20 kg/m 2 à un vitrage 4/10/10 qui, lui, pèse 35<br />

kg/m 2 , soit une augmentation <strong>de</strong> 15 kg au mètre carrée, ce<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


qui n’est pas négligeable pour sa mise en œuvre <strong>et</strong> son<br />

transport. Au passage pour rester dans la largeur <strong>de</strong> feuillure<br />

<strong>de</strong> 24 mm on réduit l’épaisseur <strong>de</strong> la lame d’air ce qui<br />

diminue la performance thermique.<br />

On l’a vu, l’objectif en rénovation pour un isolement <strong>de</strong><br />

faça<strong>de</strong> classique est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 35 dB. Mais les produits<br />

monolithiques asymétriques perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> tels isolements<br />

sont lourds. Pour associer performances thermiques <strong>de</strong>s<br />

verres peu émissifs <strong>et</strong> performances acoustiques renforcées,<br />

un <strong>de</strong>s verres sera un verre feuill<strong>et</strong>é avec en son cœur un<br />

film <strong>de</strong> butyral <strong>de</strong> polyvinyle acoustique. Ce nouveau verre<br />

feuill<strong>et</strong>é, le Stadip Silence, comparé à un vitrage feuill<strong>et</strong>é<br />

classique, offre un gain <strong>de</strong> 3 à 5 dB dans une composition<br />

analogue. Les propriétés <strong>de</strong> “cœur amortisseur” <strong>de</strong> ce<br />

butyral <strong>de</strong> polyvinyle spécial ont été mises à profit dans la<br />

conception d’un vitrage allégé, un “2+2”, qui offre <strong>de</strong>s<br />

performances acoustiques élevées <strong>et</strong> une épaisseur très<br />

réduite. Ce principe <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> verre<br />

propre au Stadip silence a été intégrée dans une gamme <strong>de</strong><br />

produits appelée “Climacomfort”. Il s’agit d’un nouveau<br />

double vitrage à isolation thermique <strong>et</strong> acoustique renforcée<br />

qui est compatible avec les conditions particulières <strong>de</strong> la<br />

réhabilitation <strong>de</strong> logements en centre-ville, là où les<br />

conditions d’accès, soit en terme <strong>de</strong> services <strong>de</strong> transports,<br />

soit en terme <strong>de</strong> personnel, sont difficiles. Qui plus est,<br />

accé<strong>de</strong>r au logement dans un cadre <strong>de</strong> rénovation, c’est<br />

également ne pas « expulser » le locataire ou le propriétaire<br />

tout en réalisant très rapi<strong>de</strong>ment les travaux. Pour s’adapter<br />

à une feuillure <strong>de</strong> menuiserie standard <strong>de</strong> 24 mm, il a fallu<br />

recourir à un verre feuill<strong>et</strong>é Stadip Silence <strong>de</strong> type 22.1,<br />

associé à une lame d’air <strong>de</strong> 16 mm <strong>et</strong> à une feuille <strong>de</strong> verre<br />

<strong>de</strong> 4 mm. Résultat : un poids très allégé <strong>de</strong> 20 kg/m 2 , une<br />

feuillure <strong>de</strong> 24 mm <strong>et</strong> la possibilité d’y intégrer une couche<br />

à isolation thermique renforcée, répondant à la nouvelle<br />

appellation <strong>de</strong>s vitrages à isolation renforcée (VIR) exigée<br />

par la RT 2000. En associant <strong>de</strong> l’air ou <strong>de</strong> l’argon, ce<br />

vitrage 4/16/4 atteint un coefficient U <strong>de</strong> 1,1 W/(m².K)<br />

(avec l’argon).<br />

L’examen <strong>de</strong>s courbes selon les fréquences normatives<br />

montre que, dans les fréquences hautes, les creux ont été<br />

très rapi<strong>de</strong>ment comblés par la présence du Stadip Silence.<br />

Même en 22.1, hormis quelques pointes dans les basses<br />

fréquences, la performance globale <strong>de</strong> la fenêtre perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

justifier d’un R W <strong>de</strong> 38 dB. L’on obtient un gain <strong>de</strong> 4 à 5 dB<br />

par rapport à un vitrage classique. Côté économies<br />

d’énergie, ce vitrage apporte aussi plus <strong>de</strong> confort, car la<br />

présence du verre Planitherm Futur N limite les déperditions<br />

thermiques. On supprime ainsi la paroi froi<strong>de</strong>. Enfin, ce<br />

vitrage 4/16/4 est bien sûr plus léger. Une expérience a<br />

d’ailleurs été menée en centre-ville afin <strong>de</strong> vérifier la<br />

compatibilité <strong>de</strong> ces vitrages légers avec <strong>de</strong>s conditions<br />

d’accès difficiles. Il s’agit d’un chantier <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong><br />

200 fenêtres dans <strong>de</strong>s logements occupés n’offrant, pour<br />

tout accès aux étages, que <strong>de</strong>s escaliers en colimaçon.<br />

L’économie <strong>de</strong> poids, au niveau <strong>de</strong> la manutention sur<br />

chantier, a été estimée à 3,5 tonnes. Climacomfort<br />

constitue donc une solution simple <strong>de</strong> rénovation allégée qui<br />

perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s renforcements acoustiques <strong>et</strong> thermiques <strong>de</strong> bon<br />

niveau correspondant aux isolements <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> en<br />

réhabilitation les plus couramment <strong>de</strong>mandés.<br />

Débat<br />

En réhabilitation, attention aux performances<br />

<strong>de</strong>s autres accessoires <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> (entrées<br />

d’air, coffres <strong>de</strong> vol<strong>et</strong>s roulants)<br />

Mathias Meisser : Nous avons pu apprécier l’effort réalisé<br />

dans le domaine <strong>de</strong>s vitrages pour alléger tout en obtenant<br />

les mêmes performances. Les poids importants <strong>de</strong>s vitrages,<br />

dans l’existant, constituent un réel problème <strong>et</strong> ces produits<br />

me semblent une bonne avancée en la matière.<br />

Thierry Legouis : Avez-vous décliné c<strong>et</strong>te gamme pour <strong>de</strong>s<br />

épaisseurs supérieures ?<br />

Alain Roussel : Nous avons pour proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> décliner ce double<br />

vitrage mince acoustique dans d’autres compositions qui<br />

perm<strong>et</strong>traient d’atteindre <strong>de</strong> plus hauts niveaux, pour <strong>de</strong> la<br />

réhabilitation <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bâtiments exposés à <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong> bruits très élevés. Aujourd’hui, nos laboratoires<br />

d’acoustique réalisent <strong>de</strong>s essais supplémentaires sur <strong>de</strong>s<br />

compositions, toujours asymétriques, mais en intégrant <strong>de</strong>ux<br />

faces Stadip Silence.<br />

Thierry Legouis: Que dire du coût, par comparaison à <strong>de</strong>s<br />

fenêtres <strong>de</strong> performance égale ?<br />

Alain Roussel : Nous avons réalisé une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> prix avec un<br />

partenaire, qui a révélé un écart <strong>de</strong> 1 euro sur la fenêtre<br />

fournie, à l’avantage du monolithique. Donc, pour un euro<br />

<strong>de</strong> plus, vous remplacez la feuille <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> 10 mm par du<br />

Stadip Silence 22.1.<br />

Maurice Auffr<strong>et</strong> : Il reste à dire quelques mots sur le<br />

problème <strong>de</strong> la pose. Une fenêtre qui, en laboratoire, offre<br />

un isolement <strong>de</strong> 35 dB, compte tenu <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> mise<br />

en œuvre que rencontrent certains poseurs — je ne parle ni<br />

<strong>de</strong>s entrées d’air ni <strong>de</strong>s coffres <strong>de</strong> vol<strong>et</strong> roulant —, peut très<br />

bien, au final, ne pas répondre aux attentes du client.<br />

Deuxième remarque : je m’interroge sur l’intérêt, en<br />

réhabilitation, <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s vitrages qui offrent <strong>de</strong>s<br />

performances très élevées, car poser un vitrage <strong>de</strong> 35 dB(A)<br />

en réhabilitation c’est immédiatement se poser le problème<br />

<strong>de</strong> l’entrée d’air <strong>et</strong> du coffre <strong>de</strong> vol<strong>et</strong> roulant : sait-on faire<br />

<strong>de</strong>s entrées d’air suffisamment performantes pour, en<br />

réhabilitation, dépasser les 35 dB(A) d’isolement sur site ?<br />

Alain Roussel : Non, pas vraiment.<br />

Maurice Auffr<strong>et</strong>: Les coffres <strong>de</strong> vol<strong>et</strong> roulant posent <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>de</strong> problèmes. Très souvent, ils sont constitués d’une<br />

structure en plastique mince qui offre <strong>de</strong>s performances<br />

insuffisantes. Souvent assemblés sur place, parfois<br />

maladroitement, les coffres <strong>de</strong> vol<strong>et</strong> roulant, en<br />

réhabilitation, sont posés au ras du plafond, ce qui interdit<br />

tout accès à la partie supérieure pour la m<strong>et</strong>tre en<br />

étanchéité. L’on se trouve donc souvent dans la situation où<br />

les performances <strong>de</strong>s produits proposés sont redondantes, <strong>et</strong><br />

où les autres accessoires <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> ne perm<strong>et</strong>tent pas <strong>de</strong><br />

compléter les performances <strong>de</strong> l’ouvrage. Dans <strong>de</strong> telles<br />

circonstances, il ne sert à rien <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s<br />

vitrages très performants.<br />

Alain Roussel: Ce que vous soulevez, en eff<strong>et</strong>, c’est la<br />

nécessité d’une analyse <strong>de</strong>s besoins du chantier. Ce que vous<br />

dites est vrai : dans la finalité, il y a toujours une dérive du<br />

résultat optimum <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’objectif à atteindre en terme <strong>de</strong><br />

réhabilitation. Mais il existe aujourd’hui beaucoup <strong>de</strong><br />

produits, <strong>et</strong> la mise en œuvre n’est pas toujours qualifiée<br />

pour les poser. Des cahiers <strong>de</strong>s charges sont définis pour la<br />

mise en œuvre <strong>et</strong>, parfois, ces mises en œuvre ne sont pas<br />

suivies.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 93


J’ai par ailleurs quelques éléments à communiquer sur le<br />

suj<strong>et</strong> du bruit <strong>de</strong> la pluie sur les verrières. L’impact <strong>de</strong> la<br />

pluie ou <strong>de</strong> la grêle sur les vérandas, chez les particuliers ou<br />

dans <strong>de</strong>s édifices publics, est une source <strong>de</strong> nuisances<br />

acoustiques qui peuvent être préjudiciables à l’utilisation du<br />

bâtiment. Avec les polycarbonates, en simples vitrages,<br />

même feuill<strong>et</strong>és, les nuisances acoustiques sont<br />

relativement importantes. Nous avons réalisé <strong>de</strong>s essais. Une<br />

feuille <strong>de</strong> polycarbonate a une transmission sonore <strong>de</strong> 71<br />

dB(A) ; un verre Stadip 44.2 ordinaire, lui, transm<strong>et</strong> 53<br />

dB(A). Un vitrage isolant classique, c’est-à-dire un<br />

6/12/44.2, sans option silence, transm<strong>et</strong> 52 dB(A) <strong>et</strong> un<br />

Stadip Silence intégré à la place du 44.2 classique perm<strong>et</strong><br />

d’atteindre 46 dB(A), soit un gain <strong>de</strong> 6 dB par rapport à une<br />

composition vitrée classique. Et un monument <strong>de</strong> différence<br />

avec le polycarbonate.<br />

Mathias Meisser : Je voudrais intervenir <strong>et</strong> ce sera là ma<br />

conclusion. Nous avons survolé un certain nombre <strong>de</strong> suj<strong>et</strong>s,<br />

il n’était pas question d’abor<strong>de</strong>r tous les problèmes <strong>de</strong><br />

l’acoustique <strong>de</strong>s constructions, <strong>et</strong> montré que les prévisions<br />

semblaient plus faciles à réaliser dans le neuf que dans<br />

l’existant, les caractéristiques dans l’existant étant moins<br />

bien connues. Quant aux produits, on connaît leurs<br />

caractéristiques, avec une incertitu<strong>de</strong> associée. Viennent<br />

ensuite la mise en œuvre <strong>et</strong> la mesure <strong>de</strong> réception.<br />

Finalement, entre la prévision <strong>et</strong> la mesure <strong>de</strong> contrôle,<br />

c’est une chaîne complète qui fera la différence à l’arrivée,<br />

une différence liée aux incertitu<strong>de</strong>s globales <strong>de</strong> l’ensemble.<br />

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec M. Auffr<strong>et</strong> <strong>et</strong> M.<br />

Roussel, lorsqu’ils m<strong>et</strong>tent en cause la seule mise en œuvre,<br />

quand le résultat escompté n’est pas au ren<strong>de</strong>z-vous. La<br />

mise en œuvre est souvent en cause mais elle n’est pas la<br />

seule : la prévision, notamment dans l’ancien, entre en ligne<br />

<strong>de</strong> compte, la connaissance <strong>de</strong>s produits, la mesure <strong>de</strong><br />

contrôle également.<br />

PAGE 94<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Atelier<br />

Bruits <strong>et</strong> vie quotidienne<br />

Atelier animé par Philippe Ritter (Ville <strong>de</strong> Lyon)<br />

Introduction<br />

Dr Philippe Ritter (Ville <strong>de</strong> Lyon)<br />

les difficultés d’application <strong>de</strong> la réglementation, il n’a pas<br />

été mis en évi<strong>de</strong>nce que les personnes avaient du mal à<br />

trouver les textes.<br />

Par contre, ce qui est important c’est que c<strong>et</strong>te<br />

réglementation soit judicieuse, adaptée à la situation,<br />

applicable <strong>et</strong> qu’il se trouve suffisamment <strong>de</strong> personnels,<br />

qu’ils soient <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s collectivités territoriales ou<br />

autres, en capacité d’appliquer la réglementation, c’est-àdire<br />

suffisamment nombreux, suffisamment motivés <strong>et</strong><br />

suffisamment compétents.<br />

C<strong>et</strong>te table ron<strong>de</strong> accueille quatre représentants <strong>de</strong> l’État :<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier, pour le ministère chargé <strong>de</strong> la santé,<br />

Emmanuel Bert, pour le ministère chargé <strong>de</strong> l’écologie <strong>et</strong> du<br />

développement durable, Marc Esmenjaud, pour la DDASS <strong>de</strong><br />

l’Isère, Jacky Levecq, pour la DDASS <strong>de</strong> Savoie, <strong>et</strong> René<br />

Gamba, directeur d’un bureau d’étu<strong>de</strong>s acoustiques à<br />

Toulouse.<br />

Le représentant <strong>de</strong> l’Afsse, l’Agence française <strong>de</strong> sécurité<br />

sanitaire environnementale, nous a dit qu’il trouvait que la<br />

réglementation était trop dispersée <strong>et</strong>, qu’à ses yeux,<br />

c’était un motif <strong>de</strong> mauvais traitement du problème. Je me<br />

perm<strong>et</strong>trai <strong>de</strong> ne pas partager du tout son point <strong>de</strong> vue. Je<br />

ne crois pas, qu’en l’espèce, la réglementation soit trop<br />

dispersée : est-il scandaleux que la réglementation sur<br />

l’urbanisme soit dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme, que la<br />

réglementation sur la construction soit dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

construction, que la réglementation sur la circulation<br />

routière soit dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la route <strong>et</strong> la réglementation<br />

sur la santé dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé ? En soit, il n’y a là rien<br />

<strong>de</strong> pénalisant, l’essentiel étant que ceux qui sont chargés<br />

d’appliquer la réglementation, la trouvent ; or, dans le<br />

rapport que j’ai réalisé pour le Conseil national du bruit sur<br />

Et puis enfin, aussi intelligent que soit le législateur, il faut<br />

que c<strong>et</strong>te réglementation soit dynamique, qu’elle soit<br />

capable <strong>de</strong> s’adapter aux changements <strong>de</strong> la société, aux<br />

progrès <strong>de</strong> la technologie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sciences <strong>et</strong> qu’elle soit<br />

capable <strong>de</strong> prendre en compte <strong>de</strong>s phénomènes émergents<br />

qui, par définition, ne pouvaient pas être traités jusque là.<br />

C’est ce que nous allons voir dans c<strong>et</strong>te table ron<strong>de</strong>. Nous<br />

aurons une intervention <strong>de</strong> Nicolas Grén<strong>et</strong>ier sur le décr<strong>et</strong><br />

concernant les bruits <strong>de</strong> voisinage, puis une intervention<br />

d’Emmanuel Bert sur le décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1998 relatif aux lieux<br />

musicaux.<br />

Le décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1995 me paraît relever <strong>de</strong> l’adaptation <strong>de</strong> la loi<br />

à l’évolution <strong>de</strong>s connaissances <strong>et</strong> <strong>de</strong> la société, le décr<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

1998, quant à lui, <strong>de</strong> la formalisation réglementaire dans un<br />

domaine qui n’est jusqu’à présent pas couvert, je veux<br />

parler <strong>de</strong> la musique en plein air. Et puis, c<strong>et</strong>te<br />

réglementation, judicieuse ou pas, doit être appliquée. Pour<br />

qu’elle soit efficacement appliquée, il convient que<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s services administratifs conjuguent leurs<br />

efforts pour éviter les doublons, pour harmoniser leur<br />

interprétation <strong>de</strong>s textes <strong>et</strong> pour définir <strong>de</strong>s priorités dans<br />

l’application <strong>de</strong> la loi. C’est le rôle <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétences, qui sont une relative nouveauté sur le plan<br />

administratif, dont Messieurs Esmenjaud <strong>et</strong> Levecq nous<br />

parlerons. Et puis, concernant les problèmes émergents,<br />

nous parlerons avec M. Gamba <strong>de</strong>s éoliennes qu’on trouvait<br />

il y a vingt ans à l’arrière <strong>de</strong>s voiliers <strong>de</strong> croisière au long<br />

cours pour produire un peu d’électricité à bord. Aujourd’hui,<br />

elles sont à l’intérieur <strong>de</strong>s terres pour produire <strong>de</strong><br />

l’électricité pour les sé<strong>de</strong>ntaires, mais elles n’ont pas la<br />

même dimension ni la même production sonore.<br />

Évolution du décr<strong>et</strong> du 18 avril 1995 sur les bruits <strong>de</strong> voisinage<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier (Direction générale <strong>de</strong> la<br />

santé, ministère <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Solidarités)<br />

L’évolution du décr<strong>et</strong> sur les bruits <strong>de</strong> voisinage est liée en<br />

eff<strong>et</strong> à l’évolution <strong>de</strong> la société mais également à<br />

l’évolution <strong>de</strong>s matériels <strong>de</strong> relevé acoustique, qui<br />

perm<strong>et</strong>tent maintenant <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s mesures beaucoup plus<br />

précises.<br />

Pour refaire rapi<strong>de</strong>ment l’historique, en mars 2000, le<br />

prési<strong>de</strong>nt du Conseil national du bruit (CNB) installait un<br />

groupe <strong>de</strong> travail dont l’objectif visait à améliorer le<br />

dispositif <strong>de</strong> lutte contre les bruits <strong>de</strong> voisinage, tant sur le<br />

plan <strong>de</strong> la prévention que sur le plan du traitement <strong>de</strong>s<br />

plaintes. La prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ce groupe a été confiée au<br />

Dr Ritter <strong>et</strong> ce groupe <strong>de</strong> travail a abouti à un rapport<br />

comportant 40 propositions d’actions concrètes. Après<br />

approbation <strong>de</strong> ce rapport par l’assemblée plénière du CNB,<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 95


la Direction générale <strong>de</strong> la santé a été sollicitée pour<br />

procé<strong>de</strong>r à la modification <strong>de</strong> la réglementation en vigueur<br />

<strong>et</strong> donc intégrer certaines <strong>de</strong> ces propositions.<br />

Comment définir les bruits <strong>de</strong> voisinage ? Selon la<br />

jurispru<strong>de</strong>nce, les bruits <strong>de</strong> voisinage font partie <strong>de</strong>s<br />

troubles anormaux <strong>de</strong> voisinage. Selon le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé<br />

publique, ce sont <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> nature à porter atteinte à la<br />

tranquillité du voisinage ou à la santé <strong>de</strong> l’homme par leur<br />

durée, leur répétition ou leur intensité. Quasiment tous les<br />

bruits peuvent entrer dans c<strong>et</strong>te catégorie, si bien qu’on a<br />

donc décidé <strong>de</strong> définir les bruits <strong>de</strong> voisinage par la<br />

négative. L’article R.1336-6 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique<br />

stipule que ce sont en fait les bruits qui ne font pas partie<br />

d’une réglementation spécifique. Donc, les bruits <strong>de</strong><br />

voisinage sont en fait tous les bruits sauf les bruits perçus<br />

sur les lieux <strong>de</strong> travail, les bruits <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong><br />

transports terrestres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s véhicules qui circulent, les bruits<br />

provenant <strong>de</strong>s aéronefs, les bruits provenant <strong>de</strong>s activités <strong>et</strong><br />

installations particulières <strong>de</strong> la défense nationale, les bruits<br />

<strong>de</strong>s installations classées pour la protection <strong>de</strong><br />

l’environnement, les bruits <strong>de</strong>s mines <strong>et</strong> <strong>de</strong>s carrières.<br />

Finalement, dans c<strong>et</strong>te catégorie, on trouve : les bruits <strong>de</strong> la<br />

télévision, les discothèques, les éoliennes, les stands <strong>de</strong><br />

tirs… La liste est quasiment infinie mais le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé<br />

publique a permis <strong>de</strong> classifier ces bruits en trois catégories.<br />

Tout d’abord, les bruits dits domestiques ou bruits <strong>de</strong><br />

comportement, pour lesquels la recherche <strong>et</strong> la constatation<br />

<strong>de</strong> l’infraction ne nécessitent pas <strong>de</strong> mesure acoustique<br />

puisque ce sont <strong>de</strong>s bruits par nature imprévisibles. Ce sont<br />

<strong>de</strong>s bruits qui, par l’un <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> durée, d’intensité ou<br />

<strong>de</strong> répétition, peuvent porter atteinte à la santé publique.<br />

Ensuite, les bruits <strong>de</strong>s activités professionnelles ou <strong>de</strong>s<br />

activités sportives, culturelles ou <strong>de</strong> loisirs, organisés <strong>de</strong><br />

façon habituelle. Pour la recherche <strong>et</strong> la constatation <strong>de</strong><br />

l’infraction, on utilise le critère d’émergence c’est-à-dire la<br />

différence entre le bruit ambiant comportant le bruit<br />

incriminé <strong>et</strong> le bruit ambiant sans le bruit qui fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

la plainte ; l’émergence ne doit pas dépasser 3 dB la nuit <strong>et</strong><br />

5 dB le jour. À ces valeurs s’ajoute un terme correctif qui<br />

est fonction <strong>de</strong> la durée totale d’apparition du bruit.<br />

Enfin, les bruits <strong>de</strong>s chantiers pour lesquels les critères<br />

r<strong>et</strong>enus pour caractériser une infraction sont le non-respect<br />

<strong>de</strong>s conditions d’utilisation ou d’exploitation <strong>de</strong>s matériels,<br />

l’absence <strong>de</strong> précaution appropriée pour limiter ce bruit ou<br />

bien un comportement anormalement bruyant.<br />

Par ailleurs, d’autres réglementations se superposent à c<strong>et</strong>te<br />

réglementation sur les bruits <strong>de</strong> voisinage, notamment<br />

l’article R.623-2 du co<strong>de</strong> pénal, qui concerne les bruits ou<br />

tapages injurieux ou nocturnes.<br />

De nombreux agents sont chargés du contrôle : les agents <strong>de</strong><br />

police judiciaire, les agents <strong>de</strong>s services chargés <strong>de</strong><br />

l’environnement, <strong>de</strong> l’agriculture, <strong>de</strong> l’industrie, <strong>de</strong><br />

l’équipement, <strong>de</strong>s transports, <strong>de</strong> la mer, <strong>de</strong> la santé, <strong>de</strong> la<br />

jeunesse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sports, les agents <strong>de</strong>s douanes, les<br />

inspecteurs <strong>de</strong>s installations classées <strong>et</strong>, également, les<br />

agents <strong>de</strong>s collectivités territoriales. C<strong>et</strong>te dispersion <strong>de</strong> la<br />

réglementation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s agents chargés du contrôle a rendu<br />

difficile la réalisation <strong>de</strong> statistiques précises concernant les<br />

plaintes. Le Dr Hugel, du Service communal d’hygiène <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

santé (SCHS) <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Strasbourg, a réalisé une enquête<br />

en 2000 concernant 118 SCHS qui couvraient 9,6 millions<br />

d’habitants. Sur les 7271 plaintes enregistrées, les bruits <strong>de</strong><br />

comportement représentent un gros tiers ; ensuite, ce sont<br />

les établissements recevant du public pour 19%, les activités<br />

artisanales <strong>et</strong> commerciales pour 15% <strong>et</strong> les bruits<br />

d’équipements pour 13%.<br />

Souvent ces plaintes sont inscrites dans un problème qui<br />

dépasse largement celui <strong>de</strong> la nuisance sonore. Il est donc<br />

préférable <strong>de</strong> privilégier la pacification <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong><br />

voisinage par la mise en œuvre <strong>de</strong> mesures alternatives. Par<br />

exemple, la médiation, plutôt que l’obtention d’une<br />

sanction pénale, qui risquerait d’envenimer la situation <strong>et</strong><br />

les relations futures entre les habitants.<br />

Quelques évolutions <strong>de</strong> ce décr<strong>et</strong> ont été envisagées. Tout<br />

d’abord, combler le vi<strong>de</strong> réglementaire actuel <strong>de</strong>s nuisances<br />

<strong>sonores</strong> provoquées à l’intérieur <strong>de</strong>s locaux <strong>de</strong> travail par<br />

<strong>de</strong>s activités extérieures. Dans le cas, par exemple, du bruit<br />

provenant d’un local <strong>de</strong> travail bruyant <strong>et</strong> reçu dans un local<br />

<strong>de</strong> travail calme (constituant une entité juridique distincte),<br />

ce bruit ne fait actuellement pas l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

réglementation <strong>et</strong>, là, nous souhaiterions réglementer. Nous<br />

avons reçu sur ce suj<strong>et</strong> l’accord <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s relations<br />

du travail.<br />

Ensuite, nous souhaitons introduire la possibilité, en tant<br />

que <strong>de</strong> besoin, <strong>de</strong> mesures acoustiques par ban<strong>de</strong>s d’octave.<br />

Ce point correspond à une mesure forte du rapport du<br />

Dr Ritter <strong>et</strong> l’objectif est donc <strong>de</strong> prendre en compte les<br />

nuisances provoquées par <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> faible intensité<br />

globale mais dont une plage <strong>de</strong> fréquence réduite émerge<br />

suffisamment pour être audible <strong>et</strong> gênante. On vise<br />

notamment les basses fréquences provenant <strong>de</strong>s bruits<br />

d’équipement tels que, par exemple, les ventilateurs.<br />

Une autre évolution, qui provient aussi du rapport Ritter,<br />

consisterait à abaisser à 27 dB (actuellement on est à 30 dB)<br />

le niveau minimal <strong>de</strong> bruit ambiant en <strong>de</strong>ssous duquel<br />

l’infraction n’est pas constatée. Le rapport Ritter proposait<br />

25 dB <strong>et</strong>, finalement, pour <strong>de</strong>s raisons métrologiques, entre<br />

autres, la valeur <strong>de</strong> 27 dB semble un bon compromis.<br />

Pourquoi c<strong>et</strong>te évolution ? Il s’agit d’éviter que les<br />

personnes soient gênées par un bruit faiblement émergent<br />

mais toutefois audible dans <strong>de</strong>s zones très calmes.<br />

Une autre évolution, émanant encore du rapport Ritter, est<br />

d’abaisser les termes correctifs <strong>de</strong>s émergences admissibles<br />

pour les bruits <strong>de</strong> faible durée. Il s’agit <strong>de</strong> mieux prendre en<br />

compte les nuisances provoquées par <strong>de</strong>s bruits émis peu<br />

souvent mais qui peuvent être gênants notamment lorsqu’ils<br />

sont subis <strong>de</strong> nuit <strong>et</strong> peuvent donc provoquer <strong>de</strong>s éveils. Un<br />

bruit d’impact qui réveille au cours <strong>de</strong> la nuit peut avoir <strong>de</strong>s<br />

conséquences néfastes sur le sommeil.<br />

Une autre proposition est <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre aux autorités<br />

administratives compétentes <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures<br />

administratives pouvant aller jusqu’à la suspension<br />

d’activité avec consignation <strong>de</strong> fonds. L’objectif est <strong>de</strong> faire<br />

cesser rapi<strong>de</strong>ment les nuisances <strong>et</strong>, partant, le risque pour<br />

la santé. C<strong>et</strong>te mesure serait aussi plus dissuasive que <strong>de</strong>s<br />

sanctions pénales, à savoir <strong>de</strong>s contraventions.<br />

Enfin, une <strong>de</strong>rnière proposition, provenant toujours du<br />

rapport Ritter, pour les bruits provenant <strong>de</strong>s activités <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

chantiers, l’idée est <strong>de</strong> renforcer les sanctions pénales en<br />

faisant passer les contraventions <strong>de</strong> la troisième classe (450<br />

euros au plus) à la cinquième classe (1500 euros au plus). Là,<br />

évi<strong>de</strong>mment, l’objectif est la dissuasion par <strong>de</strong>s sanctions<br />

plus sévères.<br />

Ces propositions <strong>de</strong> modifications ont quelque difficulté à<br />

aboutir car les bruits <strong>de</strong> voisinage constituent un thème<br />

sensible. Tout le mon<strong>de</strong> a été confronté au moins une fois<br />

dans sa vie à un problème <strong>de</strong> bruit <strong>de</strong> voisinage, tout le<br />

mon<strong>de</strong> a donc une opinion sur le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> veut s’exprimer.<br />

Cela concerne beaucoup <strong>de</strong> ministères, <strong>et</strong> le travail<br />

interministériel à effectuer est important. Il y a bien sûr <strong>de</strong>s<br />

intérêts divergents entre, par exemple, <strong>de</strong>s riverains qui<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


aspirent à une meilleure qualité <strong>de</strong> leur environnement<br />

sonore <strong>et</strong> les responsables <strong>de</strong>s activités industrielles ou<br />

culturelles qui, pour certaines, par leur nature, entraînent<br />

nécessairement <strong>de</strong>s nuisances. Le consensus est difficile à<br />

obtenir. Nous nous heurtons particulièrement au traitement<br />

réglementaire à donner à certaines activités à caractère<br />

festif, pour lesquelles on sait par avance qu’elles ne<br />

pourront respecter les émergences réglementaires. Dès lors,<br />

si le texte n’introduit pas un peu <strong>de</strong> souplesse, toutes ces<br />

activités seront en infraction. Or, on sait très bien qu’elles<br />

ne seront pas sanctionnées car on ne peut évi<strong>de</strong>mment pas<br />

interdire toutes les manifestations à caractère festif. C<strong>et</strong>te<br />

application du décr<strong>et</strong> qui ne serait que partielle affaiblirait<br />

considérablement la globalité du décr<strong>et</strong> <strong>et</strong> n’irait pas dans<br />

le sens <strong>de</strong> la tranquillité du voisinage <strong>et</strong> <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong><br />

l’homme.<br />

Débat<br />

A quand le nouveau décr<strong>et</strong> ?<br />

Chantal Laroche (Université d’Ottawa) : Je ne connais pas<br />

très bien les réglementations françaises mais je suis curieuse<br />

d’en apprendre d’avantage sur les évolutions envisagées. À<br />

quel sta<strong>de</strong> en êtes vous <strong>de</strong> vos discussions ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Le rapport Ritter a été élaboré en 2001,<br />

puis présenté au ministre en 2002. Il a fallu quelques mois<br />

pour élaborer les <strong>de</strong>ux premières versions du décr<strong>et</strong> puis, au<br />

niveau interministériel, nous avons rencontré un problème<br />

<strong>de</strong> désaccord sur un point particulier. J’ai bon espoir que la<br />

situation se débloque dans les prochains mois.<br />

Chantal Laroche : Le contenu du document est-il public ?<br />

Est-ce qu’il circule publiquement ou bien la discussion n’a-telle<br />

lieu qu’au niveau ministériel ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Non, le proj<strong>et</strong> se discute notamment au<br />

sein du Conseil national du bruit qui est une instance<br />

consultative placée auprès du ministre chargé <strong>de</strong><br />

l’environnement, ouverte sur la société civile. Les<br />

associations y sont représentées ainsi que les professionnels<br />

<strong>de</strong> l’acoustique <strong>et</strong> tous les secteurs <strong>de</strong> l’économie concernés<br />

par le domaine du bruit. Donc, le proj<strong>et</strong> a beaucoup circulé<br />

mais il n’est pas encore diffusable au grand public.<br />

Philippe Ritter : Sur le contenu du proj<strong>et</strong>, je crois pouvoir<br />

dire qu’il y a un assez large consensus, y compris <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> la société civile. Par contre, il reste <strong>de</strong>s problèmes<br />

purement juridiques à résoudre.<br />

Chantal Laroche : Quel est le point <strong>de</strong> blocage ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : C’est justement le statut à donner à<br />

certaines manifestations à caractère festif qui ne sont pas<br />

permanentes, qui ont lieu plusieurs fois dans l’année <strong>et</strong> qui<br />

entraînent <strong>de</strong>s nuisances pour les riverains.<br />

Philippe Ritter : Sur le plan juridique, il n’est pas évi<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> promulguer un texte qui procure le calme à l’ensemble<br />

<strong>de</strong> nos concitoyens, qui les protègent contre <strong>de</strong>s nuisances<br />

<strong>sonores</strong> tout en perm<strong>et</strong>tant le feu d’artifice du 14 juill<strong>et</strong>, la<br />

Fête <strong>de</strong> la musique du 21 juin <strong>et</strong> les festivités du 31<br />

décembre. C’est difficile <strong>de</strong> trouver la formulation juridique<br />

qui perm<strong>et</strong> tout <strong>et</strong> son contraire.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : C’est vraiment un problème <strong>de</strong><br />

formulation juridique mais, en <strong>de</strong>hors du 14 juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

Fête <strong>de</strong> la musique, il y a d’autres activités comme, par<br />

exemple, les festivals tels que les Francofolies <strong>de</strong> la<br />

Rochelle, qui doivent trouver un statut adéquat dans ce<br />

décr<strong>et</strong>.<br />

Philippe Ritter : Chaque ville en France a sa fête <strong>et</strong><br />

l’objectif n’est pas <strong>de</strong> supprimer toutes les fêtes en France<br />

mais <strong>de</strong> les autoriser sans que se produisent <strong>de</strong>s dérapages<br />

qui empêchent tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> dormir.<br />

Denis Engelvin (DDASS <strong>de</strong> la Loire) : Si, sur quelques points,<br />

l’évolution du décr<strong>et</strong> provoque <strong>de</strong>s problèmes, il ne faudrait<br />

pas pour autant empêcher toute évolution <strong>de</strong> ce texte. Il me<br />

semble que certains points relativement importants peuvent<br />

être aménagés <strong>et</strong> apporter une solution intéressante aux<br />

services <strong>de</strong> l’État en charge <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la<br />

réglementation.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : C’est peut-être la solution vers laquelle<br />

nous allons nous orienter.<br />

Fabrice Junker (EDF) : Avant <strong>de</strong> proposer ces fameuses<br />

contraintes supplémentaires, notamment en ce qui concerne<br />

les émergences par ban<strong>de</strong>s d’octave, l’abaissement <strong>de</strong>s<br />

seuils… avez-vous évalué l’inci<strong>de</strong>nce sur <strong>de</strong>s activités du<br />

type <strong>de</strong> celles qui nous intéressent, c’est-à-dire la<br />

distribution <strong>de</strong> l’électricité ? Je pense, par exemple, aux<br />

transformateurs…<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Oui, en ce qui concerne les<br />

transformateurs <strong>et</strong> les lignes haute tension, j’ai rencontré<br />

les services du ministère <strong>de</strong> l’Industrie <strong>et</strong> nous avons discuté<br />

<strong>de</strong> ces questions. Il n’y a pas encore <strong>de</strong> position clairement<br />

établie pour savoir comment ces problèmes vont être pris en<br />

compte, mais nous en avons bien conscience.<br />

Philippe Ritter : Nous sommes ravis <strong>de</strong> l’activisme d’EDF au<br />

moment où le décr<strong>et</strong> est entièrement bouclé mais on aurait<br />

préféré qu’ils se manifestassent un peu plus tôt, au cours <strong>de</strong><br />

l’élaboration dudit décr<strong>et</strong> ! Il n’est nullement dans<br />

l’intention <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

représentants <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> priver le pays <strong>de</strong><br />

distribution électrique : <strong>et</strong> nous avons toute confiance dans<br />

la compétence d’EDF pour distribuer le courant dans <strong>de</strong><br />

bonnes conditions environnementales !<br />

De la salle : Sur c<strong>et</strong> aspect fréquentiel, on s’oriente donc<br />

forcément vers la prise en compte d’émergences par ban<strong>de</strong>s<br />

d’octave, c’est pratiquement entériné ?<br />

Philippe Ritter : Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> modification <strong>de</strong> décr<strong>et</strong><br />

comporte une mention importante : il est indiqué « en tant<br />

que <strong>de</strong> besoin ». C’est donc fonction <strong>de</strong>s situations.<br />

Les limites du « tout juridique »<br />

Dominique François (pôle <strong>de</strong> compétence <strong>de</strong> la Dordogne) :<br />

J’ai bien entendu le Dr Ritter dire qu’il n’est pas question <strong>de</strong><br />

tout interdire partout par un décr<strong>et</strong> qui réglementerait <strong>de</strong><br />

plus en plus sévèrement les activités <strong>de</strong> nos villes. Il est<br />

certain que, d’un consensus général, le 1 er janvier, la Fête<br />

<strong>de</strong> la musique, la Fête nationale <strong>et</strong> le 31 décembre sont <strong>de</strong>s<br />

jours dits « <strong>de</strong> réjouissances nationales » qui jouissent d’une<br />

acceptation globale pour le bruit. Mais pour les fêtes qui<br />

sont traditionnelles comme les fêtes <strong>de</strong> Bayonne ou les<br />

Francofolies <strong>de</strong> la Rochelle, est-ce que le premier magistrat<br />

<strong>de</strong> la commune n’est pas le seul à savoir où est la limite<br />

entre ce qui est traditionnel <strong>et</strong> ce qui ne l’est pas ?<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 97


Philippe Ritter : Je vais vous répondre en tant que prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> l’Association nationale <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins directeurs <strong>de</strong>s<br />

services communaux d’hygiène <strong>et</strong> <strong>de</strong> santé <strong>et</strong> je ne veux<br />

mêler personne d’autre à ma réponse. Il y a un certain<br />

nombre <strong>de</strong> domaines dans lesquels il ne faut pas trop<br />

légiférer, <strong>et</strong> chercher à résoudre par un texte l’alpha <strong>et</strong><br />

l’oméga <strong>de</strong> toutes les situations pouvant se présenter<br />

partout. C’est une trop gran<strong>de</strong> ambition à mon avis <strong>et</strong> je<br />

crois que, jusqu’à présent le 14 juill<strong>et</strong>, la Fête <strong>de</strong> la<br />

musique, le 31 décembre <strong>et</strong> puis, les corridas <strong>de</strong> Nîmes, les<br />

Francofolies, le Printemps <strong>de</strong> Bourges, les Nuits <strong>sonores</strong> à<br />

Lyon…, ne créent pas <strong>de</strong> problème. À Lyon, on ne se mêle<br />

pas le 21 juin <strong>de</strong> vouloir réglementer l’émission <strong>de</strong> musique<br />

dans les rues ou ailleurs <strong>et</strong>, finalement, il n’y a pas <strong>de</strong><br />

conflit, il n’y a pas <strong>de</strong> procès, pas <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce, cela<br />

veut dire qu’il n’y a pas <strong>de</strong> problème. Les juristes disent que<br />

c’est juridiquement inconcevable <strong>et</strong> qu’il faut pouvoir tout<br />

prévoir. Moi, je suis mé<strong>de</strong>cin, je ne suis pas juriste, je<br />

respecte leur discours mais je dis que, <strong>de</strong> temps en temps, il<br />

faut savoir faire <strong>de</strong>s choix. C’est une raison <strong>de</strong> blocage mais<br />

on va essayer <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation <strong>de</strong> manière<br />

satisfaisante.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Pour ce qui est <strong>de</strong> la compétence <strong>de</strong>s<br />

maires, c’est vrai que les bruits <strong>de</strong> voisinage constituent une<br />

nuisance <strong>de</strong> proximité <strong>et</strong> qu’ils sont en première ligne.<br />

D’ailleurs, le législateur leur a donné compétence en<br />

matière <strong>de</strong> police <strong>de</strong> la tranquillité.<br />

Éric Marchal (bureau d’étu<strong>de</strong> EMA) : Étant donné que les<br />

nouvelles mesures pourraient amener à rem<strong>et</strong>tre en question<br />

la production d’énergie éolienne, est-ce qu’il est prévu <strong>de</strong><br />

faire glisser justement ce type d’installation vers <strong>de</strong>s<br />

installations classées ?<br />

Emmanuel Bert : Clairement non. On est dans un cadre <strong>de</strong><br />

simplification <strong>de</strong> la nomenclature <strong>de</strong>s installations classées,<br />

il n’est pas question <strong>de</strong> créer une nouvelle rubrique. Donc,<br />

on ne va pas inclure les éoliennes dans la législation<br />

spécifique <strong>de</strong>s installations classées.<br />

Éric Marchal : Il n’est pas prévu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un<br />

aménagement du décr<strong>et</strong> ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Le problème a été posé clairement par<br />

la fédération <strong>de</strong> l’énergie éolienne. Nous sommes donc<br />

avertis <strong>de</strong>s problèmes, mais nous n’avons pas encore trouvé<br />

<strong>de</strong> solution.<br />

René Gamba : Je voudrais rebondir sur le débat <strong>de</strong> la loi <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> son application. Je ne veux pas prendre parti sur les<br />

options qui sont en discussion <strong>et</strong> qui, effectivement,<br />

renvoient à <strong>de</strong>s difficultés d’ordre technique. Mais je voulais<br />

réagir sur l’affirmation « à l’heure actuelle le 31 décembre<br />

ou le 14 juill<strong>et</strong> ne posent pas <strong>de</strong> problème ». L’expérience<br />

m’a montré que, quand une loi est publiée, avec force<br />

publicité, nécessaire à la faire connaître <strong>de</strong> tous, chacun<br />

s’en empare. Je ne serais donc pas étonné, si jamais il y<br />

avait une maladresse <strong>de</strong> rédaction, que le 14 juill<strong>et</strong> ou le 31<br />

décembre finissent par poser problème. Si l’on est unanimes<br />

à dire qu’il ne faudrait pas que ça pose problème, il faut<br />

effectivement que le texte le prévoie.<br />

Emmanuel Bert : Je vais répondre d’une façon très stricte là<br />

encore. La réglementation telle qu’elle existe actuellement<br />

ne prévoit pas la possibilité <strong>de</strong> faire du bruit le 14 juill<strong>et</strong> ou<br />

le 31 décembre. Il n’y a pas, dans la réglementation<br />

française actuelle, la possibilité <strong>de</strong> déroger aux dispositions.<br />

Donc, c’est une tradition non écrite.<br />

René Gamba : Mais c’est une tradition non écrite pour<br />

laquelle il n’y a pas <strong>de</strong> projecteur braqué <strong>et</strong> pour laquelle,<br />

effectivement, il y a tradition d’absence <strong>de</strong> plainte. On peut<br />

supposer qu’un tribunal qui serait interpellé considérerait,<br />

probablement, la chose avec un minimum <strong>de</strong> bienveillance.<br />

Dès lors qu’il y aura un coup <strong>de</strong> projecteur sur un<br />

changement réglementaire, il faudra faire attention à la<br />

manière dont on éclairera, car, alors, la chose sera regardée<br />

<strong>et</strong> vue.<br />

Philippe Ritter : Il faut savoir ne pas résoudre un problème<br />

qui n’existe pas au risque d’en créer un qui va exister.<br />

Évolution du décr<strong>et</strong> du 15 décembre 1998 sur les lieux musicaux <strong>et</strong><br />

réflexion sur la diffusion <strong>de</strong> musique en plein air<br />

Emmanuel Bert (Mission bruit, ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable)<br />

Je vais vous parler du décr<strong>et</strong> relatif aux établissements<br />

recevant du public <strong>et</strong> diffusant à titre habituel <strong>de</strong> la<br />

musique amplifiée, à savoir le décr<strong>et</strong> du 15 décembre 1998<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> ses éventuelles évolutions.<br />

Le même jour, étaient publiés un arrêté d’application du<br />

décr<strong>et</strong>, comportant une annexe relative aux limiteurs <strong>de</strong><br />

pression acoustique, <strong>et</strong> une circulaire explicative. C<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière précise notamment que le terme « à titre<br />

habituel » signifie une moyenne d’une diffusion musicale<br />

amplifiée par mois. Il s’agit bien d’une moyenne. La<br />

circulaire précise que, lorsque l’on n’a pas une moyenne<br />

mensuelle d’une diffusion musicale, mais que l’on a une<br />

diffusion musicale concentrée sur une saison, on est<br />

également concerné par le régime « à titre habituel » ; ce<br />

qui signifie qu’un établissement peut avoir 11 diffusions<br />

musicales amplifiées dans l’année <strong>et</strong> être concerné par le<br />

décr<strong>et</strong>.<br />

Le champ d’application <strong>de</strong> ce décr<strong>et</strong> concerne les<br />

discothèques, salles <strong>de</strong> concert, pianos bar, karaokés, mais<br />

aussi les salles polyvalentes, qu’elles soient publiques ou<br />

privées. Sont exclus les établissements ou les locaux<br />

réservés exclusivement à l’enseignement <strong>de</strong> la musique <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la danse. Dans les locaux réservés à l’enseignement, on<br />

considère qu’un local <strong>de</strong> répétition musicale est un local<br />

réservé à l’enseignement, donc, il est exclu, mais par la voie<br />

<strong>de</strong> circulaire ; la même circulaire a considéré que les<br />

cinémas n’étaient pas visés par le décr<strong>et</strong>. Il s’agit d’une<br />

circulaire donc l’application est laissée d’une part, à<br />

l’appréciation <strong>de</strong> l’agent en charge du dossier, d’autre part,<br />

à celle <strong>de</strong>s juges éventuellement. L’exploitant d’un<br />

établissement visé par le décr<strong>et</strong> a <strong>de</strong>s obligations vis-à-vis<br />

<strong>de</strong> sa clientèle. Premièrement, le niveau sonore continu<br />

équivalent pondéré A sur une durée comprise entre 10 <strong>et</strong> 15<br />

minutes glissantes ne doit pas excé<strong>de</strong>r 105 dB(A). C’est<br />

vraiment le niveau maximum mais on peut être amené à<br />

abaisser c<strong>et</strong>te valeur. Par ailleurs, il y a un niveau <strong>de</strong><br />

pression crête qui est fixé à 120 dB. D’emblée, il y a une<br />

incompatibilité entre ces <strong>de</strong>ux valeurs, qui est source <strong>de</strong>s<br />

problèmes soulevés par ce décr<strong>et</strong>. Vis-à-vis <strong>de</strong>s tiers, lorsque<br />

l’on ém<strong>et</strong> un niveau sonore <strong>de</strong> 99 dB par ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> fréquence<br />

centrée sur 125 à 4000 Hz — autrement dit, lorsque l’on<br />

ém<strong>et</strong> un bruit d’un niveau continu équivalent égal à 105<br />

dB(A) —, on doit avoir <strong>de</strong>s valeurs d’isolement telles que,<br />

premièrement, les émergences dans l’environnement en<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


niveau continu équivalent pondéré A soient conformes aux<br />

dispositions du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique, c’est-à-dire 3<br />

dB(A) la nuit ou 5 dB(A) le jour, plus, éventuellement, un<br />

terme correctif fonction <strong>de</strong> la durée cumulée d’apparition<br />

du bruit. De plus, lorsque le local est contigu, l’émergence<br />

par ban<strong>de</strong> d’octave centrée sur les octaves 125 à 4000 hertz<br />

ne doit pas dépasser 3 dB(A).<br />

Lorsque l’isolement <strong>de</strong> l’établissement est insuffisant pour<br />

pouvoir respecter ces émergences par ban<strong>de</strong> d’octave, dans<br />

ce cas là, on installe un limiteur <strong>de</strong> pression acoustique<br />

conforme au cahier <strong>de</strong>s charges annexé dans l’arrêté du 15<br />

décembre. C’est le seul cas où le limiteur est obligatoire. Ce<br />

cahier <strong>de</strong>s charges était un minimum en 1998. Depuis, il<br />

existe une norme française relative aux limiteurs<br />

(NFS 31 122). La réglementation française, pour l’instant, ne<br />

vise pas c<strong>et</strong>te norme, mais, si une évolution <strong>de</strong>vait advenir,<br />

c<strong>et</strong>te norme serait évi<strong>de</strong>mment visée. Pour les locaux non<br />

contigus, lorsqu’on ém<strong>et</strong> un niveau maximum <strong>de</strong> 105 dB(A),<br />

l’émergence doit être conforme aux dispositions du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la santé publique. C’est-à-dire qu’on considère que, dans<br />

ces cas là, on a affaire à un bruit <strong>de</strong> voisinage.<br />

En ce qui concerne le limiteur <strong>de</strong> pression acoustique, la<br />

limitation se fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons différentes : soit par<br />

coupure <strong>de</strong> la sonorisation sur 10 secon<strong>de</strong>s avec une<br />

autorisation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux coupures maximum dans la même<br />

heure, la troisième coupure dans la même heure <strong>de</strong>venant<br />

définitive <strong>et</strong> le système <strong>de</strong>vant être en principe réamorcé<br />

par l’installateur <strong>et</strong> non par le propriétaire <strong>de</strong><br />

l’établissement ; soit par le traitement du signal en continu,<br />

ce qu’on appelle le limiteur compresseur : on définit<br />

d’emblée un niveau sonore <strong>et</strong>, quoi qu’on fasse, on ne<br />

pourra pas pousser le potentiomètre au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce niveau.<br />

Pour le contrôle, l’exploitant doit pouvoir présenter un<br />

historique du fonctionnement du limiteur.<br />

Par ailleurs, tout propriétaire d’établissement est tenu <strong>de</strong><br />

faire établir une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> comprend notamment une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’état<br />

<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s moyens nécessaires <strong>et</strong> suffisants pour limiter le<br />

bruit lorsque l’isolation est insuffisante. Lorsqu’on ne peut<br />

pas renforcer l’isolation, on installe un limiteur <strong>de</strong> pression<br />

avec un niveau <strong>de</strong> réglage conforme aux conditions<br />

d’exploitation. Autrement dit, si, dans un établissement, le<br />

niveau fixé est <strong>de</strong> 80 dB(A), on peut estimer que<br />

l’établissement n’est pas à même <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong> la musique<br />

amplifiée. Lorsque l’établissement est contigu à un tiers, il<br />

doit en plus y avoir un certificat d’isolement acoustique<br />

élaboré par un organisme agréé pour la mesure du bruit en<br />

milieu <strong>de</strong> travail. Lorsqu’il y a une modification dans<br />

l’établissement, il doit y avoir une mise à jour <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’impact sonore. <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> doit être mise à disposition<br />

<strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> contrôle mentionnés dans l’article L.571-18 du<br />

co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement, notamment, les agents <strong>de</strong>s SCHS,<br />

<strong>de</strong>s DDASS, les agents <strong>de</strong> police judiciaire, les officiers <strong>de</strong><br />

police judiciaire….<br />

Le certificat d’isolement acoustique n’est en aucun cas un<br />

certificat <strong>de</strong> conformité, mais un simple document attestant<br />

que l’organisme a mesuré les isolements. Il ne garantit pas<br />

que les isolements soient conformes aux dispositions du<br />

décr<strong>et</strong>.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s infractions, le non-respect <strong>de</strong>s 105 dB(A)<br />

à l’intérieur <strong>de</strong> l’établissement, le dépassement <strong>de</strong>s<br />

émergences par ban<strong>de</strong> d’octave, l’absence d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’impact <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>, engendrent <strong>de</strong>s pénalités <strong>de</strong><br />

1500 euros, multipliées par <strong>de</strong>ux en cas <strong>de</strong> récidive, avec<br />

possibilité <strong>de</strong> confiscation du matériel <strong>de</strong> sonorisation. Les<br />

personnes morales étant pénalement responsables, le co<strong>de</strong><br />

pénal prévoit que les amen<strong>de</strong>s encourues soient multipliées<br />

par cinq par rapport à une personne physique. Il peut y avoir<br />

en plus <strong>de</strong>s sanctions administratives qui sont la consignation<br />

<strong>de</strong> fonds, la réalisation <strong>de</strong> travaux d’office, la suspension<br />

d’activité, ces mesures pouvant être cumulées.<br />

Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en<br />

application <strong>de</strong> ce décr<strong>et</strong> ? Tout d’abord, le ministère chargé<br />

du travail va supprimer en 2006 l’agrément <strong>de</strong>s organismes<br />

chargés <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la mesure pour passer à une procédure<br />

<strong>de</strong> certification Cofrac. Or, ces organismes agréés étaient<br />

également ceux qui pouvaient réaliser les certificats<br />

d’isolement acoustique. Par ailleurs, le décr<strong>et</strong> ne s’applique<br />

qu’aux établissements clos <strong>et</strong> il n’existe pas <strong>de</strong> texte pour la<br />

musique amplifiée (ou non amplifiée) en plein air. Ensuite, il<br />

y a une incohérence entre le niveau continu équivalent<br />

pondéré A <strong>et</strong> le niveau <strong>de</strong> pression crête. Enfin, <strong>de</strong>rnier<br />

point, les sanctions pénales sont différentes selon<br />

l’implantation <strong>de</strong> l’établissement : si l’établissement est<br />

contigu à un tiers, les sanctions pénales encourues sont une<br />

amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1500 euros (contravention <strong>de</strong> cinquième classe) ;<br />

si l’établissement n’est pas contigu, on est dans le domaine<br />

<strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> voisinage, avec une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 450 euros<br />

seulement (contravention <strong>de</strong> troisième classe). Cela pose<br />

problème.<br />

Les modifications envisagées sont les suivantes : dans un<br />

premier temps, nous avions constitué un groupe <strong>de</strong> travail<br />

plénier. Mais compte tenu <strong>de</strong>s difficultés rencontrées, nous<br />

avons décidé <strong>de</strong> constituer quatre sous-groupes : eff<strong>et</strong>s sur<br />

l’audition <strong>de</strong> la musique amplifiée ; appréhension dans<br />

l’environnement <strong>de</strong> la musique émanant <strong>de</strong>s espaces clos ;<br />

musique en plein air ; sanctions <strong>et</strong> accompagnements.<br />

Tout d’abord, il s’agit d’élargir le champ d’application. Le<br />

groupe plénier souhaitait intégrer les locaux d’enseignement<br />

<strong>de</strong> musique <strong>et</strong> <strong>de</strong> danse car, c’est dans ces lieux que l’on<br />

commence l’apprentissage, l’éducation à la musique <strong>et</strong> à<br />

l’écoute. Si l’on apprend très vite aux jeunes que la musique<br />

peut, à fort niveau sonore, détruire l’audition <strong>et</strong>, d’autre<br />

part, déranger le voisinage, on pourra s’éviter par la suite<br />

<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> surdité <strong>et</strong> <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> voisinage.<br />

La <strong>de</strong>uxième modification envisagée est la mise en<br />

cohérence du niveau continu équivalent <strong>et</strong> du niveau <strong>de</strong><br />

pression crête. Je ne donne pas <strong>de</strong> valeur parce que cela fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’âpres discussions.<br />

La troisième modification envisagée, est la prise en<br />

considération <strong>de</strong>s évolutions éventuelles du décr<strong>et</strong> relatif<br />

aux bruits <strong>de</strong> voisinage. Donc, nos <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> travail<br />

sont intimement liés.<br />

Débat<br />

Coupure définitive <strong>de</strong> la sonorisation : <strong>de</strong>s<br />

aménagements souhaitables<br />

Philippe Marconi (société Performas, fabricant <strong>de</strong><br />

limiteurs) : Il y a un aspect qu’il me semblerait intéressant<br />

<strong>de</strong> revoir aussi, c’est la coupure définitive en cas <strong>de</strong><br />

dépassement <strong>de</strong>ux fois dans l’heure. Après cinq ans<br />

d’application, on constate que c’est une clause qui est très<br />

rarement utilisée parce qu’il est très rare qu’un installateur<br />

se déplace pour rem<strong>et</strong>tre un limiteur en route. C’est<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 99


presque une incitation à détourner le limiteur, parce que si<br />

l’on imagine un mariage ou une manifestation quelconque où<br />

il y a eu <strong>de</strong>ux dépassements dans l’heure <strong>et</strong> que l’ém<strong>et</strong>teur<br />

a coupé la sonorisation, si on peut pas rem<strong>et</strong>tre en route la<br />

sonorisation on va créer <strong>de</strong>s nuisances supplémentaires.<br />

Emmanuel Bert : Normalement, un limiteur est là pour ne<br />

pas fonctionner, pour ne pas se déclencher, c’est une simple<br />

garantie. Il ne <strong>de</strong>vrait donc pas se déclencher trois fois dans<br />

la même heure. Effectivement, il est très rare que ce soit<br />

l’installateur qui réamorce un système après une coupure<br />

dite définitive, mais le fait que l’utilisateur puisse<br />

réamorcer lui-même est une clause <strong>de</strong> non-conformité aux<br />

dispositions du décr<strong>et</strong>.<br />

Philippe Marconi : Dans le cas que je cite, le limiteur n’est<br />

pas remis en service tout simplement parce que<br />

l’installateur ne s’est pas déplacé. Le limiteur est bien<br />

conforme mais le fait qu’on arrête définitivement la<br />

sonorisation au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux coupures provoque le<br />

détournement du limiteur : on branche la sono à côté <strong>et</strong> on<br />

crée <strong>de</strong>s nuisances qui ne sont plus contrôlées par le<br />

limiteur. C’est donc bien pire.<br />

Emmanuel Bert : En théorie, un limiteur qui coupe <strong>de</strong>vrait<br />

être asservi à toutes les prises sans exception <strong>de</strong><br />

l’établissement dans lequel il est installé.<br />

Philippe Marconi : Je vous livre <strong>de</strong>s réflexions qui<br />

reviennent du terrain, qui ne relèvent pas <strong>de</strong> la théorie.<br />

Emmanuel Bert : C’est bien compris. Nous allons en eff<strong>et</strong><br />

réfléchir à d’autres moyens <strong>de</strong> garantie. Il faut quand même<br />

préserver, d’une part, la tranquillité <strong>de</strong>s riverains, <strong>de</strong> ces<br />

établissements ou <strong>de</strong> ces lieux où on ém<strong>et</strong> <strong>de</strong> la musique <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, pouvoir garantir effectivement la « jouissance<br />

paisible » du lieu.<br />

Philippe Ritter : Est-il techniquement concevable <strong>de</strong><br />

produire un limiteur qui coupe dix secon<strong>de</strong>s au premier<br />

dépassement, une minute au <strong>de</strong>uxième, dix minutes au<br />

troisième <strong>et</strong> une heure au quatrième ?<br />

Philippe Marconi : Oui techniquement, c’est possible. Cela<br />

pourrait faire partie <strong>de</strong>s mesures à envisager,<br />

effectivement.<br />

De la suppression <strong>de</strong> l’agrément <strong>de</strong>s<br />

organismes habilités à réaliser le mesurage du<br />

bruit en milieu <strong>de</strong> travail ?<br />

Frédéric Delafosse (Acouphen environnement) : Quelle est<br />

la date <strong>de</strong> la suppression prochaine <strong>de</strong> l’agrément <strong>de</strong>s<br />

organismes habilités à réaliser le mesurage du bruit en<br />

milieu <strong>de</strong> travail ?<br />

Emmanuel Bert : À partir du 1 er janvier 2006, il n’y aura<br />

plus <strong>de</strong> nouvel agrément dispensé par le ministère chargé du<br />

travail, mais il existera encore pendant <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong>s<br />

organismes agréés, puisque certains agréments sont donnés<br />

pour trois ans.<br />

Philippe Ritter : Il y a une tendance lour<strong>de</strong> au niveau<br />

européen à considérer que les procédures d’habilitation qui<br />

sont délivrées par un gouvernement ou une autorité<br />

administrative quelconque, <strong>et</strong> qui distinguent un opérateur<br />

particulier, doivent respecter un certain nombre<br />

d’obligations qui sont celles, notamment, <strong>de</strong> l’assurance<br />

qualité <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’accréditation par <strong>de</strong>s organismes<br />

accréditeurs. En l’occurrence, le Cofrac, lorsqu’il délivre<br />

une accréditation à un organisme, certifie que l’opérateur<br />

travaille dans <strong>de</strong>s conditions qui sont précisées, qu’il dit ce<br />

qu’il fait <strong>et</strong> qu’il fait ce qu’il dit. Cela n’a plus rien à voir<br />

avec une autorisation par un ministère.<br />

Émile Perrier (Association <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong><br />

troubles <strong>de</strong> voisinage) : Quelle est l’autorité administrative<br />

responsable, in fine, <strong>de</strong> l’application réelle du décr<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

1998 ?<br />

Emmanuel Bert : L’autorité administrative compétente en<br />

matière <strong>de</strong> lieux musicaux, dans le cadre du décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1998,<br />

c’est le préf<strong>et</strong>. Ceci étant, l’autorité municipale peut<br />

exercer une police judiciaire. Donc, un maire peut dresser<br />

un procès verbal à l’encontre d’un établissement qui ne<br />

serait pas en conformité avec le décr<strong>et</strong>. Rien n’empêche un<br />

maire <strong>de</strong> déléguer <strong>de</strong>s agents au sein <strong>de</strong> sa commune pour le<br />

faire mais, la police administrative, c’est le préf<strong>et</strong>.<br />

Le décr<strong>et</strong> Lieux musicaux : quel accueil parmi<br />

la profession ?<br />

Chantal Laroche : Le décr<strong>et</strong> a-t-il été bien accepté ? Y a-t-il<br />

eu diminution <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s discothèques, <strong>de</strong>s<br />

bars, une diminution <strong>de</strong>s plaintes <strong>de</strong> voisinage ? Et la limite<br />

<strong>de</strong> 105 dB(A) a-t-elle été fixée en fonction du dommage à<br />

l’audition <strong>de</strong>s travailleurs à l’intérieur <strong>de</strong> ces lieux là, ou<br />

<strong>de</strong>s clients ?<br />

Emmanuel Bert : La profession a eu peur au départ mais<br />

s’est rapi<strong>de</strong>ment aperçue que ce n’était pas une trop forte<br />

contrainte, puisqu’on peut constater que la plupart <strong>de</strong>s<br />

discothèques ém<strong>et</strong>tent à moins <strong>de</strong> 100 dB.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : La valeur <strong>de</strong> 105 dB était vraiment un<br />

compromis entre ce que <strong>de</strong>mandaient les exploitants <strong>et</strong> les<br />

hygiénistes, qui trouvaient ce niveau très élevé. Ce niveau a<br />

eu le mérite d’avoir un rôle pédagogique vis-à-vis <strong>de</strong>s<br />

exploitants qui savent maintenant que la musique à haut<br />

niveau sonore peut avoir <strong>de</strong>s conséquences sur l’audition.<br />

Philippe Ritter : La profession a fait usage <strong>de</strong> toutes ses<br />

capacités <strong>de</strong> lobbying pour lutter contre l’application <strong>de</strong> ce<br />

texte. Puis, constatant que le décr<strong>et</strong> n’empêchait pas<br />

l’exercice <strong>de</strong> la profession, <strong>et</strong> pouvait même la faciliter,<br />

puisque, à partir d’un moment où un établissement est<br />

déclaré conforme à un texte, son insertion dans le tissu<br />

social en est favorisée, la situation s’est régularisée. Aucune<br />

baisse <strong>de</strong> fréquentation, aucune protestation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />

clients n’a été enregistrée.<br />

Catherine Rétoré (Agence régionale pour l’environnement<br />

Provence-Alpes-Côte-d’Azur) : Pour quels motifs, juridiques<br />

ou techniques, les cinémas sont-ils exclus ?<br />

Emmanuel Bert : L’exclusion <strong>de</strong>s cinémas est mentionnée<br />

uniquement dans la circulaire, qui n’est pas un texte<br />

réglementaire. Donc, rien n’empêche une personne <strong>de</strong><br />

constituer une plainte à l’encontre d’un cinéma <strong>et</strong> d’aller<br />

porter l’affaire <strong>de</strong>vant une juridiction pénale. C’est le<br />

ministère <strong>de</strong> la Culture qui, en 1998, a souhaité exclure les<br />

cinémas mais, a priori, il ne s’opposerait plus à leur prise en<br />

compte si l’on modifiait le texte.<br />

Daniel Mothié (pôle <strong>de</strong> compétence bruit du Rhône) : En<br />

quoi la norme apporte-t-elle un plus par rapport au cahier<br />

<strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’arrêté, dans la mesure où, pour l’instant,<br />

on ne peut pas imposer à quelqu’un <strong>de</strong> poser un limiteur<br />

conforme à la norme ?<br />

Emmanuel Bert : La norme, en l’état actuel, est un peu plus<br />

complète que le cahier <strong>de</strong>s charges. Dans sa stricte<br />

application, il est vrai, le décr<strong>et</strong> ne prévoit pas la possibilité<br />

d’imposer un limiteur conforme à la norme. Une norme reste<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


un texte d’application volontaire. Dès lors, rien n’empêche<br />

les réglementations locales édictées par les préf<strong>et</strong>s d’exiger<br />

que les établissements soient équipés <strong>de</strong> limiteurs<br />

conformes aux dispositions <strong>de</strong> la norme. La norme offre un<br />

<strong>de</strong>uxième avantage sur l’annexe technique <strong>de</strong> l’arrêté :<br />

celui d’interdire la solution du limiteur dès lors que le gain à<br />

obtenir est supérieur à 10 dB.<br />

Dominique François : Pour témoigner, à notre cousine<br />

canadienne notamment, <strong>de</strong> mon expérience <strong>de</strong> la gestion<br />

<strong>de</strong>s lieux musicaux dans un département du sud-ouest, je<br />

confirme, comme M. Ritter l’a signalé, que ce texte a été<br />

perçu par la profession, initialement, comme une entrave à<br />

leur activité. Toutefois, je diviserais, grosso modo, les lieux<br />

musicaux en <strong>de</strong>ux catégories. En distinguant, d’une part, les<br />

professionnels <strong>de</strong> la nuit, qui ont un chiffre d’affaires, du<br />

personnel, qui ont investi <strong>de</strong>s sommes considérables pour<br />

créer un lieu <strong>de</strong> loisirs <strong>et</strong> qui, quand ils reçoivent une<br />

injonction <strong>de</strong> l’administration, y répon<strong>de</strong>nt. Décidés à<br />

investir les sommes nécessaires afin <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong> la<br />

musique correctement, ils arrivent à surnager, à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s<br />

établissements reconnus <strong>et</strong> fréquentés. En bref, une frange<br />

<strong>de</strong> la profession qui, en principe, ne crée pas <strong>de</strong> problèmes<br />

sur ce suj<strong>et</strong>. D’autre part, une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its<br />

établissements, <strong>de</strong> bars sonorisés, qui estiment que les<br />

niveaux <strong>sonores</strong> élevés attirent les clients. Ils sont<br />

relativement méconnus <strong>de</strong>s services administratifs <strong>de</strong> l’État,<br />

mais connus <strong>de</strong>s services communaux. En général, pour c<strong>et</strong>te<br />

catégorie d’exploitants, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> contraintes acoustiques<br />

<strong>et</strong> les travaux d’insonorisation sont <strong>de</strong>s enjeux qui s’avèrent<br />

vite dissuasifs. Soit ils arrêtent <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong> la musique soit<br />

ils m<strong>et</strong>tent la clé sous la porte.<br />

Par ailleurs, aux dires <strong>de</strong> la police nationale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la police<br />

municipale <strong>de</strong> ma ville, il semblerait que, <strong>de</strong>puis que nous<br />

avons entrepris une action sur les lieux musicaux <strong>et</strong>,<br />

notamment, sur les bars sonorisés, les jeunes ont un<br />

comportement sur la voie publique, à la sortie <strong>de</strong>s<br />

établissements, qui s’est beaucoup amélioré. Pourquoi ? Je<br />

laisse la réponse à votre sagacité.<br />

Intervention <strong>de</strong> la salle : Pour compléter les propos <strong>de</strong><br />

Dominique François, les gérants <strong>de</strong> discothèques voient d’un<br />

très mauvais œil les bars musicaux dits « à thème »,<br />

puisqu’ils sont apparentés à une discothèque sans en payer<br />

les taxes spécifiques. Et c’est souvent ce type<br />

d’établissements qui posent le plus <strong>de</strong> problèmes.<br />

Les bars musicaux dans le collimateur <strong>de</strong>s<br />

associations<br />

Émile Perrier : M. François vient <strong>de</strong> me couper un peu<br />

l’herbe sous le pied, puisque je voulais également parler <strong>de</strong><br />

ces nouveaux établissements qui doivent se conformer au<br />

décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1998, je veux parler <strong>de</strong>s bars musicaux, qui se<br />

sonorisent à un instant donné pour attirer <strong>de</strong> la clientèle, en<br />

méprisant ou en ignorant totalement la loi <strong>et</strong> les riverains.<br />

Leurs malheureux voisins doivent entreprendre <strong>de</strong>s<br />

démarches extrêmement longues — il faut en moyenne 18<br />

mois pour atteindre un premier objectif. Alors, ne serait-il<br />

pas possible <strong>de</strong> mieux informer ces caf<strong>et</strong>iers qui sonorisent<br />

leur établissement dans la plus totale ignorance <strong>de</strong> la loi ?<br />

Emmanuel Bert : Très concrètement, je pense qu’ils sont<br />

très bien informés <strong>de</strong> la réglementation. Et ils le sont si bien<br />

qu’ils savent que les contrôles sont peu fréquents. Ils<br />

« jouent la montre » mais, une fois dans le collimateur <strong>de</strong><br />

l’Administration, en règle générale, ils finissent par perdre.<br />

Donc, ce qu’il y a lieu <strong>de</strong> faire, c’est <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre l’accent<br />

sur les sanctions afin <strong>de</strong> relancer la dynamique.<br />

Philippe Ritter : Je souhaiterais apporter un p<strong>et</strong>it bémol aux<br />

propos d’Emmanuel Bert. Il est vrai que certains « jouent la<br />

montre » face à l’Administration, se situant ainsi à la limite<br />

<strong>de</strong> l’honnêt<strong>et</strong>é, tout en restant très policés dans leurs<br />

propos. C’est un comportement très français. Il n’en reste<br />

pas moins qu’un certain nombre <strong>de</strong> ces bars musicaux sont<br />

<strong>de</strong> bonne foi quand ils estiment ne pas relever du décr<strong>et</strong> au<br />

motif qu’ils diffusent simplement <strong>de</strong> la musique d’ambiance.<br />

Des efforts <strong>de</strong> pédagogie s’imposent.<br />

S’agissant du traitement <strong>de</strong>s procès verbaux, la circulaire du<br />

18 octobre 2003 adressée aux procureurs généraux,<br />

procureurs <strong>de</strong> la République <strong>et</strong> magistrats du parqu<strong>et</strong> est<br />

extrêmement claire. En cas <strong>de</strong> parqu<strong>et</strong> peu réactif, <strong>de</strong><br />

procès-verbal sans suite, il ne faut pas hésiter à adresser un<br />

courrier à la chancellerie. Laquelle interrogera <strong>de</strong> manière<br />

hiérarchique <strong>et</strong> quasi disciplinaire le parqu<strong>et</strong>, ce qui doit se<br />

traduire par un n<strong>et</strong> changement dans le traitement <strong>de</strong>s<br />

plaintes.<br />

Emmanuel Bert : Je confirme que la Direction <strong>de</strong>s affaires<br />

criminelles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s grâces semble plutôt soucieuse du suivi <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te circulaire adressée aux procureurs.<br />

Philippe Ritter : L’exemple <strong>de</strong> Lyon est édifiant : les procèsverbaux,<br />

qui, il y a encore <strong>de</strong>ux ou trois ans, étaient<br />

constamment classés sans suite pour poursuite inopportune,<br />

sont désormais systématiquement instruits. Une<br />

condamnation accompagnée d’une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1000 euros a<br />

récemment été prononcée pour non-présentation <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

d’impact. La voie judiciaire est une voie, la ferm<strong>et</strong>ure<br />

administrative décidée par le préf<strong>et</strong> en est une autre, qui<br />

est également efficace.<br />

Emmanuel Bert : Mais, il faut ajouter qu’il n’y a pas <strong>de</strong><br />

cohérence sur le traitement par les préf<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ces dossiers.<br />

Là encore, le rôle <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences pourrait<br />

perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> réintroduire davantage d’harmonie dans le<br />

traitement <strong>de</strong>s dossiers.<br />

Revoir la limite <strong>de</strong>s 105 dB(A) à la baisse ?<br />

Francis Daliphard (mé<strong>de</strong>cin ORL) : Ma question n’a aucune<br />

malice. Votre proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> modification <strong>de</strong> décr<strong>et</strong> ambitionne<br />

notamment d’évaluer les eff<strong>et</strong>s sur l’audition <strong>de</strong> la musique<br />

amplifiée. Quels moyens comptez-vous vous donner ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Il y a trois pistes : limiter, surveiller,<br />

informer. Limiter, selon une valeur qui reste à définir ;<br />

exiger <strong>de</strong> l’exploitant qu’il surveille le niveau sonore ;<br />

informer sur les risques auditifs, sur les niveaux <strong>sonores</strong><br />

susceptibles d’être atteints. Les éventuels problèmes<br />

d’audition <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> discothèque peuvent constituer<br />

une source d’information. Nous comptons donc lancer une<br />

campagne d’évaluation <strong>de</strong> l’audition auprès <strong>de</strong> ces<br />

personnels.<br />

Monique Soyer (expert judiciaire) : Est-il actuellement<br />

envisagé, côté ministère, <strong>de</strong> baisser la limite <strong>de</strong> 105 dB(A) à,<br />

par exemple, 100 dB(A), par souci <strong>de</strong> protéger l’audition <strong>de</strong>s<br />

clients <strong>et</strong> du personnel, <strong>et</strong> protéger aussi le calme du<br />

voisinage ?<br />

Emmanuel Bert : Je vais vous apporter une partie <strong>de</strong> la<br />

réponse, M. Grén<strong>et</strong>ier la complètera. Il a été envisagé<br />

effectivement, lors <strong>de</strong> l’élaboration du premier proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

décr<strong>et</strong>, <strong>et</strong> qui est maintenant défait, <strong>de</strong> baisser ce niveau <strong>de</strong><br />

105 à 100 dB(A), afin <strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre en adéquation avec le<br />

niveau <strong>de</strong> pression <strong>de</strong> crête.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Il n’y a eu, en la matière, aucune<br />

décision définitive <strong>de</strong> prise, mais l’abaissement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 101


valeur a suscité un mécontentement <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> certains<br />

ministères <strong>et</strong> <strong>de</strong>s professionnels également. Donc, d’autres<br />

solutions pour diminuer le niveau sonore tout en gardant la<br />

valeur <strong>de</strong> 105 dB(A), qui feraient davantage consensus,<br />

pourraient être envisagées : cela consisterait à diminuer la<br />

durée d’intégration, qui est actuellement <strong>de</strong> 10 à 15 mn.<br />

Comment organiser la surveillance du niveau<br />

sonore ?<br />

De la salle : Je m’interroge beaucoup sur l’application <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te réglementation, notamment <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> 105 dB(A).<br />

Quel crédit peut-on apporter à un exploitant qui dispose<br />

d’un équipement <strong>de</strong> sonorisation suffisamment puissant pour<br />

ne pas respecter les 105 dB(A) <strong>et</strong> qui ne dispose pas <strong>de</strong><br />

sonomètre pour régler son système <strong>de</strong> sonorisation ? Y a-t-il<br />

eu <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> menées au niveau, notamment, du<br />

ministère <strong>de</strong> la Santé, sur les impacts auditifs liés à ces<br />

équipements <strong>de</strong> loisirs que sont les lieux musicaux ?<br />

Emmanuel Bert : Je l’ai déjà dit, mais je le répète : tout<br />

établissement diffusant <strong>de</strong> la musique amplifiée doit faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>.<br />

Donc, normalement, l’exploitant sait très bien si son<br />

matériel <strong>de</strong> sonorisation est susceptible <strong>de</strong> dépasser les 105<br />

dB(A). D’autre part, si les performances acoustiques du<br />

bâtiment ne l’autorisent pas à atteindre les 105 dB(A), il a<br />

obligation d’installer un limiteur.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Il est envisagé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

l’exploitant <strong>de</strong> contrôler lui-même le niveau sonore. Cela<br />

fait partie <strong>de</strong>s trois pistes que je viens <strong>de</strong> mentionner :<br />

limiter, surveiller — qu’il puisse se surveiller lui-même — <strong>et</strong><br />

informer.<br />

De la salle : Pour plus d’efficacité, ne faudrait-il pas<br />

envisager le renforcement <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> certains services<br />

<strong>de</strong> l’État ?<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : C’est la question <strong>de</strong>s moyens<br />

effectivement.<br />

Philippe Ritter : Il est clair qu’une piste technique est la<br />

télésurveillance <strong>de</strong> ces installations par l’Administration, qui<br />

perm<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> surveiller 40 établissements par nuit.<br />

Techniquement, c’est possible. L’administration n’en a pas<br />

encore les moyens, mais, d’ici une <strong>de</strong>mi-douzaine d’années,<br />

je suis persuadé que cela se fera.<br />

De la salle : Je dirais que, travaillant au ministère <strong>de</strong> la<br />

Santé, je suis très sensible à l’impact, aux eff<strong>et</strong>s auditifs <strong>de</strong><br />

ces équipements <strong>de</strong> loisirs. Il faut distinguer <strong>de</strong>ux aspects :<br />

le respect <strong>de</strong> l’environnement <strong>et</strong>, notamment, la prise en<br />

compte <strong>de</strong>s plaintes <strong>de</strong> voisinages qui peut avoir <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s<br />

sur la santé <strong>de</strong>s riverains, <strong>et</strong> les impacts auditifs, qui sont<br />

irréversibles, <strong>et</strong> qui me semblent plutôt inquiétants. D’où<br />

ma question : comment s’assurer <strong>de</strong> l’efficacité, du respect,<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réglementation ?<br />

Philippe Ritter : C’est une question <strong>de</strong> volonté politique,<br />

d’application <strong>de</strong> la loi. Je ne vise pas seulement l’État, mais<br />

également les maires <strong>et</strong> les moyens déployés pour appliquer<br />

la loi.<br />

De la salle : Mais ne serait-il pas plus simple d’imposer un<br />

limiteur <strong>de</strong> pression acoustique. Dans la perspective <strong>de</strong> la<br />

protection <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s riverains…<br />

Philippe Ritter : Les juristes vous répondront que la loi<br />

fixant une limite maximale à 105 dB(A) <strong>et</strong> 120 dB <strong>de</strong> crête,<br />

tous les citoyens <strong>de</strong> ce pays ayant été informés — puisque<br />

c<strong>et</strong>te norme est sortie au journal officiel <strong>de</strong> la République<br />

française —, il est <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> chaque citoyen <strong>de</strong><br />

l’appliquer. En c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> simplification<br />

administrative <strong>et</strong> <strong>de</strong> « réduction <strong>de</strong> voilure » <strong>de</strong> l’État, un<br />

texte qui imposerait un dispositif serait à coup sûr r<strong>et</strong>oqué<br />

par le Conseil d’État.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Le limiteur ne constitue pas la panacée<br />

puisque, apparemment, il est très facile <strong>de</strong> contourner ce<br />

dispositif.<br />

Philippe Ritter : Très facile en eff<strong>et</strong>. Il semble que certains<br />

mauvais gestionnaires d’établissements nocturnes aient<br />

trouvé le moyen technique <strong>de</strong> dépasser la limite autorisée<br />

malgré la présence du limiteur. Une piste actuellement<br />

explorée par l’Administration est <strong>de</strong> trouver les moyens <strong>de</strong><br />

dépister <strong>et</strong> <strong>de</strong> prouver ces frau<strong>de</strong>s, qui une fois mises en<br />

évi<strong>de</strong>nce, se traduiront par une ferm<strong>et</strong>ure administrative <strong>de</strong><br />

l’établissement. Quand une dizaine <strong>de</strong> ces établissements<br />

auront été fermés, la communication circulant relativement<br />

bien dans c<strong>et</strong>te profession, on peut espérer que les choses<br />

s’améliorent.<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : D’autres pistes sont également<br />

envisagées comme, par exemple, l’enregistrement <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>sonores</strong> sur une pério<strong>de</strong>. Le contrôle par<br />

l’Administration s’en trouverait gran<strong>de</strong>ment facilité.<br />

Relance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétence Bruit<br />

Marc Esmenjaud (DDASS <strong>de</strong> l’Isère)<br />

Les pôles <strong>de</strong> compétences bruit : à quoi servent-ils, où en<br />

sommes nous <strong>et</strong> où allons-nous ? Jacky Levecq <strong>et</strong> moi<br />

intervenons sur ce suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la relance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétences bruit, au titre d’une mission <strong>de</strong> coordination<br />

<strong>de</strong> ces instances que nous a confiée la Direction générale <strong>de</strong><br />

la santé.<br />

Un pôle <strong>de</strong> compétences est une organisation<br />

interministérielle entre les services déconcentrés <strong>de</strong> l’État,<br />

à l’échelon d’un département, sous l’autorité du préf<strong>et</strong>. Les<br />

problèmes <strong>de</strong> bruit liés à l’urbanisme sont<br />

préférentiellement du ressort <strong>de</strong>s organismes relevant <strong>de</strong><br />

l’urbanisme, le bruit <strong>de</strong>s engins circulant sur les routes est,<br />

<strong>de</strong> manière prépondérante, du ressort <strong>de</strong> la police ou <strong>de</strong> la<br />

gendarmerie… <strong>de</strong> nombreux acteurs s’occupent<br />

légitimement <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> bruit. En revanche, côté<br />

récepteur, ce sont <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur sa santé qui sont en cause,<br />

d’où la nécessité <strong>de</strong> donner une unité, à m<strong>et</strong>tre en synergie,<br />

à gagner <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s d’échelle sur la mise en œuvre <strong>de</strong>s<br />

politiques, bref, à optimiser l’action <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’État<br />

sur ce domaine éminemment diffus, hétérogène, qu’est le<br />

bruit. Voilà pour la philosophie <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences.<br />

Jacky Levecq vous présente maintenant l’état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong><br />

quelques années d’expérience <strong>de</strong> ces instances.<br />

Jacky Levecq (DDASS <strong>de</strong> Savoie)<br />

L’ensemble <strong>de</strong>s données relatives aux pôles <strong>de</strong> compétences<br />

que je présente ici sont issues <strong>de</strong> l’application web<br />

GestaBruit, un outil conçu <strong>et</strong> réalisé par le ministère <strong>de</strong> la<br />

Santé, qui vise trois objectifs : renseigner les<br />

administrations centrales sur les moyens humains <strong>et</strong><br />

matériels qui sont affectés à la problématique du bruit par<br />

le ministère chargé <strong>de</strong> la santé ; mesurer la productivité <strong>de</strong>s<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


services déconcentrés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences en<br />

terme <strong>de</strong> documentation <strong>et</strong> <strong>de</strong> formation ; recenser les<br />

personnes ressources sur l’ensemble du territoire.<br />

Quels sont les points positifs à porter au crédit <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétences ? Ce sont <strong>de</strong>s outils opérationnels efficaces qui<br />

s’inscrivent d’ores <strong>et</strong> déjà dans le dispositif institutionnel <strong>de</strong><br />

lutte contre le bruit. Le rapport <strong>et</strong> l’avis du Conseil<br />

économique <strong>et</strong> social sur Le bruit <strong>et</strong> la ville publié en 1998,<br />

auquel Jean-Pierre Gualezzi, ici présent, avait gran<strong>de</strong>ment<br />

contribué, souligne la pertinence <strong>de</strong> ces instances <strong>et</strong> invite à<br />

leur développement. Ces structures nouvelles ont bénéficié<br />

d’une liberté d’initiative qui a permis l’expérimentation <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement <strong>et</strong> d’actions parfois innovants, <strong>et</strong><br />

souvent pertinents. Toutefois, ce contexte relativement<br />

imprécis a aussi ses travers : certains animateurs <strong>de</strong> pôle ont<br />

fait part <strong>de</strong> leur isolement, certains aujourd’hui encore ne<br />

sont pas parvenus à constituer une véritable autorité<br />

fonctionnelle. Si l’on ajoute l’absence <strong>de</strong> formation<br />

spécifique à la fonction d’animation, qui est une fonction<br />

nouvelle, une légitimité parfois contestée dans certains<br />

départements, une motivation inégale <strong>de</strong>s services<br />

partenaires <strong>et</strong>, surtout, un déficit d’effectif dédié à<br />

l’animation <strong>de</strong> ces pôles, le bilan se distingue avant tout par<br />

les performances inégales <strong>de</strong>s pôles, d’un département à<br />

l’autre.<br />

Nous avons mené une étu<strong>de</strong> comparative <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s<br />

pôles au 1 er janvier 2001 <strong>et</strong> celle relevée au 1 er janvier 2005.<br />

En 2001, tous les pôles, à c<strong>et</strong>te époque, étaient pilotés par<br />

les Directions départementales <strong>de</strong>s affaires sanitaires <strong>et</strong><br />

sociales (DDASS), à l’exception <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris,<br />

où le pilotage était assuré par la préfecture <strong>de</strong> police, <strong>et</strong><br />

celui du Val d’Oise, qui était piloté par la Direction<br />

départementale <strong>de</strong> la sécurité publique, <strong>et</strong> qui l’est<br />

toujours. Le fait que ces pôles soient en gran<strong>de</strong> majorité<br />

pilotés par <strong>de</strong>s DDASS tient à plusieurs raisons.<br />

Historiquement, les services santé-environnement sont,<br />

<strong>de</strong>puis les années 80, engagés dans la lutte contre le bruit,<br />

notamment dans le traitement <strong>de</strong>s plaintes pour bruits <strong>de</strong><br />

voisinage ; ils ont développé à ce titre <strong>de</strong>s compétences en<br />

métrologie acoustique <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s compétences<br />

dans l’écoute <strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s conflits ; enfin, ils sont en<br />

quelque sorte <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s centres ressources pour le conseil<br />

auprès <strong>de</strong>s communes, les opérations <strong>de</strong> sensibilisation <strong>et</strong> la<br />

formation <strong>de</strong>s différents publics, qu’ils soient scolaires, élus<br />

ou agents <strong>de</strong> l’État. Finalement, une circulaire, en 1995 a<br />

déclenché une dynamique importante au niveau <strong>de</strong>s DDASS,<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreux agents ont fait <strong>de</strong>s propositions aux préf<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong> création <strong>de</strong> ces nouvelles instances. Les départements du<br />

sud-est <strong>et</strong> <strong>de</strong> la région Rhône-Alpes, ainsi que les<br />

départements d’Outre-mer, sont particulièrement bien dotés<br />

en pôles <strong>de</strong> compétence bruit. Il faut reconnaître que le<br />

développement relativement rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> important <strong>de</strong>s pôles<br />

<strong>de</strong> compétences <strong>de</strong>puis 1996 doit être pondéré par un <strong>de</strong>gré<br />

d’investissement excessivement variable d’un département<br />

à un autre. En eff<strong>et</strong>, les équivalents temps plein<br />

(exclusivement) consacrés à l’animation <strong>de</strong> ces structures<br />

varient <strong>de</strong> 0,1, soit une <strong>de</strong>mi-journée par semaine, à un<br />

équivalent temps plein, soit une personne travaillant<br />

quasiment à plein temps. La moyenne se situe autour <strong>de</strong> 0,3.<br />

La situation <strong>de</strong>s pôles au 1 er janvier 2005 s’établit <strong>de</strong> la<br />

manière suivante : 45 pôles créés, 8 pôles en cours <strong>de</strong><br />

création <strong>et</strong> 47 départements non pourvus. De 2001 à 2005,<br />

seuls 5 pôles supplémentaires ont été créés. Qui plus est,<br />

<strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong> compétences qui étaient en cours <strong>de</strong> création<br />

en 2001 ne se sont pas finalisés, si bien que par rapport à<br />

2001, le bilan au 1 er janvier 2005 <strong>de</strong>s pôles créés <strong>et</strong> en cours<br />

<strong>de</strong> création est inférieur à celui du 1 er janvier 2001 (qui était<br />

<strong>de</strong> 40 pôles créés, 15 en cours <strong>de</strong> création <strong>et</strong> 45 non<br />

pourvus).<br />

Je voudrais revenir sur les résultats du groupe <strong>de</strong> travail du<br />

Conseil national du bruit (CNB) sur les pôles <strong>de</strong><br />

compétences, afin <strong>de</strong> présenter les suites réservées à ces<br />

recommandations. Rappelons que les dispositions du décr<strong>et</strong><br />

du 6 juill<strong>et</strong> 2000 relatives au CNB prévoyaient que c<strong>et</strong>te<br />

instance pouvait, <strong>de</strong> sa propre initiative <strong>et</strong> après en avoir<br />

informé le ministre chargé <strong>de</strong> l’environnement, examiner<br />

toute question relative à l’amélioration <strong>de</strong> l’environnement<br />

sonore <strong>et</strong> proposer <strong>de</strong>s mesures propres à prévenir les<br />

nuisances <strong>sonores</strong> ou à en réduire les eff<strong>et</strong>s. Dans le cadre<br />

<strong>de</strong> ces nouvelles dispositions, Jean-Pierre Gualezzi avait<br />

proposé au prési<strong>de</strong>nt du CNB <strong>de</strong> constituer un groupe <strong>de</strong><br />

travail sur les pôles <strong>de</strong> compétences, auquel j’avais<br />

participé. La tâche qui était dévolue à ce groupe était<br />

double : d’une part, proposer <strong>de</strong>s solutions à même <strong>de</strong><br />

conforter les pôles existants ; d’autre part, faciliter la<br />

constitution <strong>et</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> nouveaux pôles pour<br />

couvrir l’ensemble <strong>de</strong>s départements. Il me semble même<br />

que le ministère <strong>de</strong> l’environnement s’était engagé, en<br />

1998, en faveur d’un élargissement à l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

départements. Ce groupe s’est réuni à plusieurs reprises en<br />

2000 <strong>et</strong> son rapport a été entériné par une assemblée<br />

plénière c<strong>et</strong>te même année. D’un avis général, il fallait une<br />

impulsion nationale qui érige la lutte contre le bruit au rang<br />

<strong>de</strong> priorité du gouvernement <strong>et</strong> les pôles <strong>de</strong> compétences<br />

départementaux comme un outil essentiel <strong>de</strong> mise en œuvre<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te politique. Ce rapport, estimé indispensable <strong>et</strong><br />

urgent, s’est concrétisé par une information aux préf<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

aux chefs <strong>de</strong>s services déconcentrés <strong>de</strong>stinée à expliquer la<br />

démarche <strong>et</strong> à les mobiliser. Pour ce qui concerne le<br />

renforcement <strong>de</strong>s effectifs, ce groupe <strong>de</strong> travail avait fixé<br />

l’investissement minimum à 0,5 équivalent temps plein<br />

consacré à l’animation. Voilà ce qui avait été envisagé pour<br />

que le pôle tourne dans <strong>de</strong> bonnes conditions.<br />

Où en est-on, début 2005, en matière d’effectifs dédiés à<br />

l’animation <strong>de</strong>s pôles ? Aucun département n’a atteint<br />

l’objectif minimum <strong>de</strong> 0,5 équivalent temps plein. Pour<br />

savoir si c<strong>et</strong>te tendance est uniquement liée aux pôles <strong>de</strong><br />

compétences, ou s’il s’agit d’une tendance plus générale,<br />

nous avons étudié les équivalents temps plein consacrés au<br />

bruit dans les DDASS, en ne r<strong>et</strong>enant que les missions qui<br />

relèvent spécifiquement du ministère <strong>de</strong> la Santé, donc hors<br />

animation <strong>de</strong> pôle <strong>de</strong> compétences. On r<strong>et</strong>iendra que, dans<br />

les DDASS, 32 équivalents temps plein sont consacrés au<br />

bruit, mais que c<strong>et</strong>te masse d’équivalent temps plein au 1 er<br />

janvier 2005 est en diminution <strong>de</strong> 2 équivalents temps plein<br />

par rapport à la situation au 1 er janvier 2001. Pour résumer,<br />

malgré les 5 pôles créés entre 2001 <strong>et</strong> 2005, le temps<br />

consacré à l’animation <strong>de</strong>s pôles a, proportionnellement,<br />

baissé. Comme l’activité bruit <strong>de</strong>s DDASS est également en<br />

baisse, on peut conclure que c’est bien le manque d’effectif<br />

qui reste la raison prépondérante <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te stagnation <strong>de</strong>s<br />

pôles <strong>de</strong> compétence bruit. Ces tendances reflètent la<br />

politique générale <strong>de</strong> réduction du nombre <strong>de</strong>s<br />

fonctionnaires <strong>et</strong> du recentrage <strong>de</strong>s ministères sur leurs<br />

missions spécifiques. Voilà pour c<strong>et</strong>te question <strong>de</strong>s effectifs,<br />

que le groupe <strong>de</strong> travail du CNB avait placé en tête <strong>de</strong>s<br />

priorités.<br />

Sur le plan <strong>de</strong> l’information, une brochure d’information<br />

intitulée « Pôles <strong>de</strong> compétence bruit : un outil local <strong>de</strong><br />

coopération interservices » a été transmise aux préf<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

aux chefs <strong>de</strong>s services déconcentrés en septembre 2000. Ce<br />

document a également été diffusé à l’occasion <strong>de</strong> la journée<br />

d’étu<strong>de</strong> du 12 octobre 2000, organisée par la Délégation<br />

interministérielle à la réforme <strong>de</strong> l’État, sur le thème <strong>de</strong> la<br />

coopération interservices au niveau territorial. Marc<br />

Esmenjaud, intervenant lors <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te journée pour le pôle<br />

bruit <strong>de</strong> l’Isère, avait diffusé la brochure à 250 cadres <strong>de</strong>s<br />

services déconcentrés <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s préf<strong>et</strong>s, <strong>de</strong>s secrétaires<br />

généraux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> services déconcentrés.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 103


L’information est donc un aspect <strong>de</strong>s recommandations du<br />

CNB qui a été bien suivi.<br />

Tout bien considéré, ces pôles sont peu nombreux, plutôt<br />

mal lotis en termes <strong>de</strong> ressources humaines <strong>et</strong>, pourtant,<br />

côté productivité, ils affichent <strong>de</strong>s résultats plutôt flatteurs,<br />

comparativement au peu d’équivalents temps pleins qui<br />

leurs sont consacrés. Une récente extraction <strong>de</strong> la base <strong>de</strong><br />

données révèle que 73 % <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> communication à<br />

<strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s élus ou du grand public, <strong>de</strong>s dossiers<br />

thématiques tels que le gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong> bruit réalisé par la<br />

DDASS <strong>de</strong> l’Isère, sont produits par <strong>de</strong>s départements qui<br />

sont pourvus <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétences. Actuellement, un<br />

tiers <strong>de</strong> ces documents sont mutualisables via <strong>de</strong>s réseaux<br />

professionnels. Côté formations, 85 % <strong>de</strong>s formations sont le<br />

fait <strong>de</strong> départements pourvus <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétences.<br />

Actuellement, une majorité <strong>de</strong> ces formations <strong>de</strong>stinées aux<br />

agents communaux sont organisées en collaboration avec les<br />

CNFPT, dans le cadre <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong>s décr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> 1995 <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> 1998.<br />

Les pôles <strong>de</strong> compétences bruit sont encore actuellement<br />

<strong>de</strong>s instances en quête d’effectifs. La création ou le<br />

renforcement <strong>de</strong>s pôles existants relève essentiellement <strong>de</strong><br />

décisions organisationnelles <strong>et</strong> nécessite également la<br />

mobilisation <strong>de</strong> moyens nouveaux, adaptés à l’animation <strong>de</strong>s<br />

politiques publiques à caractère spécifiquement<br />

interministériel. Ce sont <strong>de</strong>s fonctions nouvelles, pour<br />

lesquelles les équivalents temps plein nécessaires à<br />

l’animation <strong>de</strong> ces pôles avaient été estimés au minimum à<br />

0,5 équivalent temps plein. C<strong>et</strong>te valeur a été entérinée à<br />

plusieurs reprises <strong>et</strong>, sauf erreur, la circulaire sur les pôles<br />

<strong>de</strong> compétences qui vient d’être diffusée dans les services<br />

déconcentrés fixe aussi c<strong>et</strong>te valeur <strong>de</strong> 0,5 équivalent temps<br />

plein. Dans un premier temps, à titre <strong>de</strong> rattrapage, pour<br />

consoli<strong>de</strong>r l’action <strong>de</strong>s pôles créés ou en cours <strong>de</strong> création,<br />

il y aura lieu <strong>de</strong> prévoir 17 équivalents temps plein<br />

d’animation <strong>et</strong> 13 équivalents temps plein <strong>de</strong> secrétariat<br />

administratif. À brève échéance, pour perm<strong>et</strong>tre la création<br />

<strong>de</strong>s pôles dans l’ensemble <strong>de</strong>s départements, ce qui était<br />

prévu, il faudrait pourvoir 22 équivalents temps plein<br />

supplémentaires.<br />

Quels sont les scénarios <strong>de</strong> relance envisageables ? Dans le<br />

contexte <strong>de</strong> la « réduction <strong>de</strong> voilure » <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l'État<br />

évoquée précé<strong>de</strong>mment, la piste consistant à renforcer les<br />

effectifs existants n’a pas vraiment produit les eff<strong>et</strong>s<br />

escomptés. Quant à la piste du redéploiement, qui<br />

correspondrait à solliciter d’autres services déconcentrés <strong>de</strong><br />

l’État que les seuls services du ministère <strong>de</strong> la Santé, elle a<br />

été explorée, par le groupe <strong>de</strong> travail du CNB notamment.<br />

La préfecture <strong>de</strong> police <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> le département du Val<br />

d’Oise mis à part, force est <strong>de</strong> constater que le pilotage <strong>de</strong>s<br />

pôles par d’autres services déconcentrés, pour soulager<br />

l’effort déjà important du ministère <strong>de</strong> la Santé, n’a pas du<br />

tout produit ses eff<strong>et</strong>s. Peut-être faudrait-il créer, dans le<br />

cadre <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s fonctions administratives<br />

adaptées aux pratiques transversales nouvelles, <strong>de</strong> type<br />

animation, développement, par exemple, en les dotant <strong>de</strong><br />

moyens nécessaires. De fait, on imagine aisément qu’un chef<br />

<strong>de</strong> service déconcentré ne souhaite pas affaiblir les forces<br />

vives travaillant sur <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s prioritaires pour ce service. À<br />

une certaine époque, il avait par ailleurs été imaginé <strong>de</strong><br />

transférer l’ensemble <strong>de</strong>s postes d’animation sur le budg<strong>et</strong><br />

du ministère chargé <strong>de</strong> l’aménagement du territoire,<br />

moyennant un pilotage fonctionnel <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, la gestion<br />

<strong>de</strong>s effectifs restant assurée par le ministère <strong>de</strong> la Santé. Ce<br />

sont <strong>de</strong>s pistes qui n’ont pas progressé.<br />

Avant <strong>de</strong> laisser Marc Esmenjaud abor<strong>de</strong>r le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’intégration <strong>et</strong> <strong>de</strong>s problèmes d’accueil <strong>de</strong>s services<br />

communaux d’hygiène <strong>et</strong> <strong>de</strong> santé au sein <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétences, je terminerai en soulignant que ce bilan<br />

plutôt négatif a été dressé à la lumière <strong>de</strong> données précises<br />

<strong>et</strong> objectives qui méritent une réflexion.<br />

Marc Esmenjaud (DDASS <strong>de</strong> l’Isère)<br />

Le bilan présenté par Jacky Levecq est effectivement assez<br />

pessimiste. Parler <strong>de</strong> relance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences,<br />

dans un contexte où l’on peut douter <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s<br />

effectifs nécessaires à un fonctionnement optimal <strong>de</strong> ce<br />

genre <strong>de</strong> structures, peut sembler déplacé. Pourtant,<br />

plusieurs raisons justifient la nécessité d’une relance <strong>de</strong> ces<br />

structures. Première <strong>de</strong> ces raisons, le contexte<br />

réglementaire, c’est-à-dire le cadre <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> l’État<br />

dans le domaine du bruit, qui a connu une évolution très<br />

importante. Nous avons été mobilisés, par le passé, par <strong>de</strong>s<br />

évolutions réglementaires fortes, telles que le décr<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

1998 <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> 1995, ou, dans le domaine routier, le<br />

classement sonore <strong>de</strong>s voies. Deuxième raison, <strong>de</strong>puis un an,<br />

nous sommes soumis à une série <strong>de</strong> textes qui lancent un<br />

certain nombre <strong>de</strong> dynamiques auxquelles nous allons <strong>de</strong>voir<br />

répondre. La loi <strong>de</strong> santé publique, tout en restant dans un<br />

registre très général, place la réduction <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong>s<br />

populations au bruit parmi les objectifs prioritaires <strong>de</strong> la<br />

Nation en matière <strong>de</strong> santé publique. Le plan national<br />

d’action contre le bruit répertorie une série <strong>de</strong> mesures<br />

concrètes pour agir sur le domaine <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>. Un<br />

certain nombre <strong>de</strong> ces mesures, <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce,<br />

relèvent, pour leur mise en œuvre à l’échelon du<br />

département, d’une action interministérielle. C’est le cas,<br />

par exemple, <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> contrôle <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> sanction, qui concerne les services <strong>de</strong> la réglementation<br />

en préfecture, les services <strong>de</strong>s DDASS (pour améliorer<br />

l’articulation avec les communes), la police, la gendarmerie<br />

<strong>et</strong> la justice. Le plan national santé environnement lancé en<br />

juin 2004 fixe <strong>de</strong>ux objectifs en matière <strong>de</strong> bruit. Le premier<br />

consiste à protéger les adolescents <strong>de</strong>s risques dus à la<br />

musique amplifiée. Outre l’application du décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> 1998, il<br />

y a un travail <strong>de</strong> sensibilisation à mener avec les services <strong>de</strong><br />

santé scolaire, avec les communes, sur c<strong>et</strong>te problématique.<br />

Il est certain qu’il ne revient pas aux seules DDASS <strong>de</strong><br />

s’emparer <strong>de</strong> ce problème ; il va falloir développer <strong>de</strong>s<br />

synergies, s’appuyer sur d’autres services <strong>et</strong>, là encore,<br />

travailler ensemble sur c<strong>et</strong> objectif. Le plan national santé<br />

environnement vise également l’amélioration <strong>de</strong> la qualité<br />

acoustique <strong>de</strong>s bâtiments accueillant <strong>de</strong> jeunes enfants. Le<br />

ministère chargé <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> celui chargé <strong>de</strong><br />

l’environnement ont <strong>de</strong>s objectifs communs sur c<strong>et</strong>te<br />

thématique. Là encore, les pôles <strong>de</strong> compétences peuvent<br />

avoir un rôle à jouer. La circulaire <strong>de</strong> mission DDASS <strong>et</strong><br />

DRASS, qui s’adresse donc au pré carré <strong>de</strong>s services<br />

extérieurs du ministère <strong>de</strong> la Santé, suggère, entre autres<br />

missions à vocation bruit, d’améliorer les connaissances sur<br />

l’exposition au bruit <strong>de</strong>s populations. C<strong>et</strong>te recommandation<br />

implique <strong>de</strong> pouvoir exploiter les résultats <strong>de</strong>s mesures<br />

produites par <strong>de</strong>s partenaires extérieurs. Ceci requiert,<br />

d’une part, <strong>de</strong> travailler avec ces partenaires pour avoir<br />

connaissance <strong>de</strong> leurs résultats <strong>et</strong> les exploiter, <strong>et</strong>, d’autre<br />

part, <strong>de</strong> définir <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre avec les partenaires<br />

une stratégie <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s plaintes. Typiquement, il s’agit<br />

là d’un travail <strong>de</strong> pôle <strong>de</strong> compétence. La circulaire<br />

interministérielle DGS/DPPR incite, quant à elle, à faire<br />

prendre en compte la problématique du bruit dans les<br />

documents d’urbanisme <strong>et</strong> les proj<strong>et</strong>s d’aménagements. Là<br />

encore, coopération <strong>et</strong> synergie sont <strong>de</strong> mise. Parmi ces<br />

actions prioritaires, définies par le ministère sous forme<br />

d’objectifs pour ses services, figure la participation à la<br />

définition <strong>et</strong> à la mise en œuvre d’une coordination<br />

interservices, la participation ou le pilotage <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétence bruit. Les pôles font donc manifestement partie<br />

<strong>de</strong>s objectifs du ministère <strong>de</strong> la Santé. Quant à la directive<br />

européenne, qui vise à améliorer la connaissance <strong>de</strong>s<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


problématiques <strong>de</strong> bruit sur un territoire <strong>et</strong> l’exposition <strong>de</strong>s<br />

populations au bruit, les échéances sont certes un peu plus<br />

lointaines, mais, pour l’appliquer, les pôles <strong>de</strong> compétence<br />

auront une certaine expertise à apporter aux communes <strong>et</strong><br />

communautés urbaines, qui sont directement concernées par<br />

l’établissement <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques. Je<br />

terminerai par le rapport <strong>de</strong> l’Afsse, présenté par Gilles<br />

Dixsaut lors <strong>de</strong> la séance plénière consacrée à la santé. Les<br />

experts y formulent la recommandation que, pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong> ces démarches telles que, par exemple, la<br />

prise en compte du bruit dans l’examen <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong><br />

construire, les élus pourraient avoir recours aux pôles <strong>de</strong><br />

compétences bruit, dont les moyens d’action doivent être<br />

élargis.<br />

Face à un domaine aussi hétérogène que le bruit, il faut<br />

regrouper les compétences <strong>et</strong> les niveaux d’action pour<br />

pouvoir travailler ensemble. J’ai précisé au début <strong>de</strong> mon<br />

intervention que l’organisation <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences<br />

relevait essentiellement <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’État mais, <strong>de</strong><br />

toute évi<strong>de</strong>nce, les services communaux doivent être<br />

associés à c<strong>et</strong>te dynamique. La récente circulaire du<br />

ministère <strong>de</strong> la Santé, entre autres pistes <strong>de</strong> relance <strong>de</strong>s<br />

pôles <strong>de</strong> compétence, insiste sur la nécessité d’associer les<br />

communes, les services communaux d’hygiène <strong>et</strong> <strong>de</strong> santé.<br />

Rien d’étonnant à cela, car ce sont là nos partenaires<br />

privilégiés en matière d’application <strong>de</strong> la réglementation sur<br />

la santé publique. Mais l’on peut aussi s’interroger sur la<br />

place à donner aux établissements publics <strong>de</strong> coopération<br />

intercommunale (EPCI) qui, pour certains, ont la possibilité<br />

d’investir <strong>de</strong>s compétences en matière d’environnement.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la directive européenne,<br />

les EPCI sont peut-être une porte d’entrée pertinente. Se<br />

pose en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> manière récurrente la question <strong>de</strong><br />

« l’échelle normale » pour travailler sur les problématiques<br />

<strong>de</strong> bruit, en particulier, l’instruction <strong>de</strong>s plaintes avec<br />

mesure acoustique. Le personnel <strong>de</strong>s DDASS ne suffisant plus<br />

à la tâche, les possibilités <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s plaintes par les<br />

polices intercommunales dans les grosses agglomérations<br />

sont à explorer. Au niveau <strong>de</strong>s communes également, outre<br />

les SCHS, il existe un certain nombre <strong>de</strong> services dédiés à<br />

l’urbanisme, à la vie scolaire, à la culture, qui peuvent être<br />

concernés par la problématique du bruit <strong>et</strong> qui pourraient<br />

être associés aux travaux du pôle. Je citerai l’exemple <strong>de</strong><br />

l’action en matière d’urbanisme que nous menons <strong>de</strong>puis<br />

une dizaine d’années au sein du pôle <strong>de</strong> compétence bruit<br />

<strong>de</strong> l’Isère. Les techniciens <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong>s services<br />

d’urbanisme nous ont apporté un éclairage tout à fait<br />

pertinent sur l’évolution <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> situations. Le besoin<br />

existe, les difficultés liées aux effectifs sont manifestes,<br />

mais, si l’on veut avancer, il faut se lancer.<br />

Débat<br />

Philippe Ritter : Avant <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r la parole à Jean-Pierre<br />

Gualezzi, je voudrais rappeler la qualité du gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong><br />

bruit réalisé par le pôle <strong>de</strong> compétence bruit <strong>de</strong> l’Isère. Ce<br />

document tout à fait remarquable mérite d’être signalé à<br />

l’attention <strong>de</strong> tous.<br />

La réforme <strong>de</strong> l’Etat : une opportunité pour<br />

les pôles <strong>de</strong> compétence ?<br />

Jean-Pierre Gualezzi : Concernant le bilan <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétence, ce que Jacky Levecq n’a pas dit, c’est qu’il y a<br />

eu <strong>de</strong>s promesses, à l’intérieur du groupe <strong>de</strong> travail, qui<br />

n’ont pas été tenues. Je pense notamment à la promesse du<br />

ministère <strong>de</strong> l’Équipement <strong>de</strong> désigner trois animateurs. Sur<br />

ce point, en janvier 2005, le bilan est nul. C’est regr<strong>et</strong>table,<br />

mais c’est ainsi.<br />

Deuxièmement, concernant l’avenir, je considère<br />

qu’aujourd’hui une double opportunité se présente à nous.<br />

Comme Marc Esmenjaud l’a souligné, les pôles <strong>de</strong><br />

compétence pourraient se voir confier un certain nombre <strong>de</strong><br />

responsabilités liées à l’application <strong>de</strong> la directive,<br />

notamment, fournir <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s aux maires <strong>et</strong> aux<br />

responsables <strong>de</strong>s collectivités territoriales concernées. La<br />

<strong>de</strong>uxième opportunité, c’est la relance <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong><br />

l’État. La circulaire du premier ministre <strong>de</strong> novembre 2004<br />

relance la réforme <strong>de</strong> l’État sur la base <strong>de</strong><br />

« l’interministérialité » ; elle charge les préf<strong>et</strong>s <strong>de</strong> définir<br />

leurs besoins pour favoriser la synergie entre les différents<br />

services déconcentrés <strong>de</strong> l’État, au niveau départemental ou<br />

régional. Les filières verticales, ministère par ministère,<br />

laissent place à une redistribution <strong>de</strong>s tâches, <strong>de</strong>s services,<br />

<strong>de</strong>s effectifs, à partir <strong>de</strong>s missions. Or, les pôles <strong>de</strong><br />

compétence bruit ont fait leur preuve, ils ont montré qu’ils<br />

pouvaient être pilotes en matière <strong>de</strong> synergie entre services<br />

dans un département. Il faut donc le faire savoir. Il faut <strong>de</strong>s<br />

expérimentations, au terme <strong>de</strong>squelles s’offriront <strong>de</strong>s<br />

possibilités <strong>de</strong> généralisation <strong>de</strong>s expériences réussies. Le<br />

problème ? Ce sont les préf<strong>et</strong>s qui sont chargés <strong>de</strong> définir<br />

leurs besoins en liaison avec les chefs <strong>de</strong>s services<br />

déconcentrés <strong>de</strong> leur ressort. Comment faire savoir aux<br />

préf<strong>et</strong>s l’intérêt qu’ils auraient à stimuler la multiplication<br />

<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétence bruit départementaux ? La tâche<br />

n’est pas simple, elle suppose, d’une part, un lobbying<br />

direct, au niveau local, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s pôles déjà créés, mais<br />

également, pour les 47 départements non encore pourvus,<br />

une action au niveau <strong>de</strong>s ministères. Le ministère <strong>de</strong> la<br />

Santé peut-il faire quelque chose ? Le ministère chargé <strong>de</strong> la<br />

réforme <strong>de</strong> l’État peut-il être saisi ? Le ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable peut-il faire<br />

quelque chose ? Je pense que oui, mais il faut les convaincre<br />

du bienfait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te démarche. Il faut recruter d’autres<br />

lobbies, comme l’association <strong>de</strong>s maires <strong>de</strong> France. Bonne<br />

chance !<br />

Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Les ministères en charge <strong>de</strong> l’écologie <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> la santé ont diffusé le 13 décembre 2004 une circulaire<br />

sur les pôles <strong>de</strong> compétences. L’information est donc passée<br />

chez les préf<strong>et</strong>s. C<strong>et</strong>te circulaire <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aussi une<br />

coordination régionale <strong>de</strong>s pôles d’une même région, ainsi<br />

qu’une implication <strong>de</strong>s DRASS <strong>et</strong> <strong>de</strong>s DIREN.<br />

Ne pas s’arrêter au seul critère <strong>de</strong> la création<br />

pour l’évaluation <strong>de</strong>s pôles : certaines DDASS<br />

sont aussi productives que certains pôles<br />

Dominique Sarda (Direction régionale <strong>de</strong> l’environnement<br />

Languedoc-Roussillon) : J’ai écouté avec attention les<br />

chiffres présentés sur les pôles <strong>de</strong> compétence <strong>et</strong> je les ai<br />

appliqués aux départements <strong>de</strong> ma Région. Je voudrais lever<br />

une confusion, ce me semble, entre postes créés <strong>et</strong> postes<br />

qui fonctionnent. En eff<strong>et</strong>, j’ai noté qu’il y avait <strong>de</strong>s pôles<br />

effectivement créés qui ne fonctionnent absolument pas <strong>et</strong><br />

d’autres, soi disant non créés, qui produisent <strong>de</strong>s choses.<br />

Est-ce que, pour vous, pôle créé signifie qu’une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />

mission a été signée par le préf<strong>et</strong> ?<br />

Marc Esmenjaud : Un pôle légalement créé, effectivement,<br />

est un pôle qui dispose d’une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> mission du préf<strong>et</strong>,<br />

avec un nombre <strong>de</strong> missions à réaliser <strong>et</strong> <strong>de</strong>s services<br />

affectés pour remplir ces missions.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 105


Dominique Sarda : Pour moi, c<strong>et</strong>te analyse ne correspond<br />

pas à la réalité. Une p<strong>et</strong>ite suggestion : pourquoi ne pas<br />

baser l’analyse sur le fonctionnement, moyennant <strong>de</strong>s<br />

critères appropriés, <strong>et</strong> non considérer le seul critère <strong>de</strong> la<br />

création ?<br />

Marc Esmenjaud : Vous soulevez là l’un <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> la<br />

circulaire adressée par la Santé <strong>et</strong> l’Écologie aux préf<strong>et</strong>s.<br />

Elle est accompagnée d’un questionnaire, à soum<strong>et</strong>tre aux<br />

services extérieurs, sur le fonctionnement <strong>de</strong>s pôles, qui<br />

<strong>de</strong>vrait perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> dresser un bilan plus proche <strong>de</strong> la<br />

réalité. A-t-on affaire à quelque chose qui marche ou à une<br />

coquille vi<strong>de</strong> ? Les données exploitées par Jacky Levecq ont<br />

aussi leur intérêt : dans la mesure où elles sont issues <strong>de</strong> la<br />

base <strong>de</strong> données, elles correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s réalités<br />

recueillies sur le terrain.<br />

Dominique Sarda : C’est d’accord, mais je voulais souligner<br />

la nécessité <strong>de</strong> distinguer création <strong>et</strong> fonctionnement. Par<br />

ailleurs, il est bien attendu <strong>de</strong>s DIREN une collaboration, une<br />

co-animation ?<br />

Jacky Levecq : Au niveau <strong>de</strong>s DIREN, ce qui est attendu, ce<br />

n’est pas une co-animation, mais une participation plus<br />

conséquente, notamment, l’élaboration <strong>de</strong> bilans <strong>de</strong>s<br />

actions <strong>de</strong> lutte contre le bruit. Figurent par exemple dans<br />

la circulaire l’incitation à produire <strong>de</strong>s bilans sur les actions<br />

judiciaires menées, à l’échelon <strong>de</strong> la Région, <strong>et</strong> les suites<br />

apportées. Il revient donc aux DIREN la charge <strong>de</strong> centraliser<br />

<strong>de</strong>s informations collectées auprès <strong>de</strong>s départements <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

faire remonter ces informations aux administrations<br />

centrales, les ministères <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Écologie, via les<br />

<strong>de</strong>ux coordonnateurs <strong>de</strong> pôles.<br />

Clés <strong>de</strong> la performance d’un pôle ?<br />

Marc Esmenjaud : Pour compléter c<strong>et</strong>te question <strong>de</strong>s<br />

investissements <strong>de</strong>s pôles, l’examen détaillé <strong>de</strong>s chiffres<br />

globaux présentés à l’instant révèle que, sur 43 pôles, une<br />

quinzaine seulement répon<strong>de</strong>nt réellement aux objectifs qui<br />

leurs ont été fixés. Sur ces 15 pôles là, il y a une corrélation<br />

directe entre les équivalents temps plein directement<br />

consacrés à l’animation <strong>de</strong>s pôles <strong>et</strong> les résultats obtenus<br />

par ces pôles. Ce qui n’empêche pas que je sois tout à fait<br />

d’accord que certaines DDASS sont aussi productives que<br />

certains pôles. Beaucoup <strong>de</strong> DDASS travaillent dans le<br />

domaine <strong>de</strong> la sensibilisation, sont capables <strong>de</strong> faire un<br />

excellent travail sans avoir une étiqu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> pôle. Mais,<br />

quand on examine ces DDASS là, sur les 32 équivalents temps<br />

plein consacrés au bruit, il y a une corrélation directe entre<br />

l’équivalent temps plein qui est <strong>de</strong>stiné par l’agent à sa<br />

fonction <strong>et</strong> les résultats qu’il obtient. Dans c<strong>et</strong>te assemblée,<br />

sont présents plusieurs animateurs <strong>de</strong> pôles. Les équivalents<br />

temps plein qu’ils consacrent sont largement au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

moyenne nationale.<br />

De la salle : Une réflexion issue du terrain. Pour animer un<br />

pôle <strong>de</strong> compétences, il faut quelque chose qui fasse<br />

avancer, disons, qui donne <strong>de</strong> l’énergie <strong>et</strong> du temps : c’est<br />

la motivation. Après quelques années d’animation,<br />

l’observation que nous en faisons est la suivante : si la<br />

motivation <strong>de</strong> l’animateur s’arrête, tout s’arrête. Dans le<br />

domaine du bruit, comme dans d’autres domaines, vous<br />

trouverez <strong>de</strong>s gens passionnés <strong>et</strong>, c’est vrai, l’organisation<br />

transversale a ceci <strong>de</strong> considérable qu’elle conduit à<br />

prendre <strong>de</strong>s décisions ou <strong>de</strong>s avis <strong>de</strong> manière collégiale. Il y<br />

a une légitimité à proposer à <strong>de</strong>s préf<strong>et</strong>s ou à <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs<br />

<strong>de</strong>s décisions collégiales, marquées du sceau <strong>de</strong> la tolérance<br />

<strong>et</strong> du consensus. Mais si, pour une raison ou une autre,<br />

l’animateur marque le pas, la machine s’arrête.<br />

Benoît Joseph (animateur du pôle <strong>de</strong> compétence bruit du<br />

département <strong>de</strong>s Ar<strong>de</strong>nnes) : Pour entr<strong>et</strong>enir la motivation<br />

<strong>et</strong> favoriser la coordination, il était question d’organiser une<br />

journée nationale <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétence bruit, le 1 er<br />

février 2005. C<strong>et</strong>te journée est-elle maintenue ?<br />

Réponse <strong>de</strong> la salle : C<strong>et</strong>te journée est maintenue,<br />

l’information est passée à plusieurs reprises sur le réseau<br />

d’échange interne au ministère, le programme a été envoyé<br />

par messagerie à toutes les DDASS <strong>et</strong> les DRASS.<br />

Réponse <strong>de</strong> la salle: Pour les DIREN, c’est en cours. Les<br />

DIREN sont invitées bien sûr. Cela se tiendra le 1 er février à<br />

la Direction générale <strong>de</strong> la santé.<br />

Solange Walter (DRASS d’Alsace) : Notre situation est un peu<br />

atypique. À la DRASS d’Alsace, nous avons quelque peu<br />

mutualisé nos moyens avec la DDASS du Bas-Rhin, si bien que<br />

c’est moi qui anime le pôle <strong>de</strong> compétences pour le<br />

département du Bas-Rhin. J’aurais plusieurs remarques à<br />

faire. D’une part, quand Jacky Levecq parle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

équivalents temps plein <strong>de</strong> moins par rapport à 2001, je<br />

pense que cela n’est pas très significatif, dans la mesure où<br />

l’évaluation du temps consacré est assez imprécise. Entre<br />

0,1 <strong>et</strong> 0,2 équivalent temps plein, la distinction est ténue.<br />

Deuxième remarque, je crois qu’il ne faut pas trop attendre<br />

<strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> l’État. C’est le préf<strong>et</strong> qui va déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

l’organisation <strong>de</strong>s services <strong>et</strong> plusieurs scénarios sont<br />

envisagés pour chaque direction départementale. Des<br />

regroupements auront lieux dans les départements, où<br />

chaque service n’aura plus la masse critique pour exister.<br />

C’est là le but premier <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réforme. La DDASS du Bas-<br />

Rhin reste une DDASS importante, elle <strong>de</strong>vrait rester telle<br />

qu’elle est. Dans d’autres départements, une fois que les<br />

personnels chargés du RMI ou <strong>de</strong>s personnes âgées seront<br />

partis, cela accentuera davantage encore la pénurie <strong>de</strong><br />

fonctionnaires. La loi organique relative aux lois <strong>de</strong> finances<br />

(LOLF) va figer le nombre <strong>de</strong> postes, puisque ceux qui ne<br />

sont pas pourvus, fongibilité asymétrique oblige, seront<br />

perdus. C’est plutôt dans ce cadre là que les services, plutôt<br />

en état <strong>de</strong> pénurie, vont être regroupés dans les p<strong>et</strong>its<br />

départements. À mon sens, cela ne <strong>de</strong>vrait pas avoir <strong>de</strong><br />

r<strong>et</strong>ombées en termes « d’interministérialité ». Concernant la<br />

motivation <strong>de</strong>s pôles, dans le Haut-Rhin, un pôle ne tournait<br />

pas bien, faute <strong>de</strong> motivation. C’est l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pôles qui<br />

ont été supprimés entre 2001 <strong>et</strong> 2005, qui ont existé<br />

plusieurs années sur le papier, sans tourner. Je m’occupe du<br />

Bas-Rhin, je pourrais aussi m’occuper du Haut-Rhin, dans le<br />

cadre <strong>de</strong> la mutualisation. Mais, en tant qu’animateur <strong>de</strong><br />

pôles, je ne sens pas une forte motivation <strong>de</strong> mes<br />

partenaires <strong>de</strong>s autres ministères. Qui plus est, nous avons<br />

juxtaposé nos compétences, mais nous avons <strong>de</strong>s difficultés<br />

à traiter les dossiers en commun. Bien sûr, nous avons,<br />

comme tout le mon<strong>de</strong>, établi un « Qui fait quoi ? ». C’est<br />

motivant, mais après, c’est difficile.<br />

Jacky Levecq : Effectivement, sur le plan opérationnel,<br />

c’est difficile. Nous ne sommes pas forcément censés<br />

susciter une motivation plus gran<strong>de</strong> chez les partenaires,<br />

mais, au moins, harmoniser les décisions. Mon département<br />

est traversé par quelques infrastructures <strong>de</strong> transport très<br />

lour<strong>de</strong>s. Sur ces gros dossiers, la synergie fonctionne<br />

relativement bien, nous y jouons un rôle très important, car<br />

nous sommes les seuls garants <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> la santé<br />

publique. Nous amenons <strong>de</strong>s réflexions, par exemple, sur les<br />

critères <strong>de</strong> multi-exposition <strong>de</strong>s populations, sur la prise en<br />

compte <strong>de</strong>s différents critères <strong>de</strong> bruit, qu’il s’agisse du<br />

bruit <strong>de</strong>s transports ou <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s usines. À ce titre, nous<br />

sommes relativement écoutés <strong>et</strong> entendus. Par exemple,<br />

avec Philippe Michal, ici présent, qui s’occupe <strong>de</strong>s services<br />

techniques <strong>de</strong> la ville d’Aix-les-Bains, nous travaillons<br />

régulièrement sur <strong>de</strong>s dossiers en commun. Notre valeur<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


ajoutée, c’est l’apport du groupe. Certes c<strong>et</strong> apport est<br />

difficilement quantifiable, quand il s’agit <strong>de</strong> l’évaluer sur<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s missions propres à chaque ministère. Il<br />

n’empêche que ces dossiers avancent, <strong>et</strong> dans <strong>de</strong> meilleures<br />

conditions. J’en suis profondément convaincu.<br />

Marc Esmenjaud : Je souhaiterais apporter une autre<br />

précision. On a coutume <strong>de</strong> considérer que le pôle <strong>de</strong><br />

compétences bruit doit s’occuper <strong>de</strong> tous les problèmes <strong>de</strong><br />

bruit. Au départ, il est vrai, la plupart <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />

compétences se sont contentés d’i<strong>de</strong>ntifier les rôles <strong>de</strong>s<br />

différents services en matière <strong>de</strong> bruit. Pourtant, l’un <strong>de</strong>s<br />

objectifs <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> mission consiste à cerner un certain<br />

nombre d’actions phares ponctuelles, <strong>et</strong> à mobiliser les<br />

ressources sur ces actions. Par exemple, sur mon<br />

département, les maires ont exprimé une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> forte en<br />

matière <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux-roues. Le service <strong>de</strong> la concurrence <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

consommation va pouvoir aller s’intéresser à la situation <strong>de</strong>s<br />

reven<strong>de</strong>urs, en coordination avec la police, la gendarmerie,<br />

les mairies <strong>et</strong> la DDASS, au titre <strong>de</strong> l’animation. C’est un<br />

exemple d’action à faire figurer dans la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> mission, en<br />

y associant un planning prévisionnel <strong>de</strong> réalisation.<br />

Le pôle <strong>de</strong> compétences bruit <strong>de</strong> l’Isère s’était fixé comme<br />

objectif <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> la prise en<br />

compte du bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme. Nous disposions, avec la<br />

DDE, d’une certaine expérience dans ce domaine. Nous<br />

avons donc mis en place un groupe <strong>de</strong> travail, associé<br />

quelques communes, finalisé une première démarche sur le<br />

permis <strong>de</strong> construire, puis, une <strong>de</strong>uxième sur les PLU, qui<br />

s’est concrétisée par le gui<strong>de</strong> PLU <strong>et</strong> bruit, qui peut être<br />

repris dans les autres départements. Nous avons aussi<br />

travaillé avec la DRIRE, pour les réponses que ses services<br />

avaient à apporter sur les sources <strong>de</strong> bruit. Nous avons donc<br />

mis en place une démarche qui a bénéficié <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

dynamique <strong>de</strong> pôle.<br />

L’une <strong>de</strong>s clés <strong>de</strong> relance éventuelles peut rési<strong>de</strong>r dans<br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> quelques actions phares. Le pôle <strong>de</strong><br />

l’Isère tourne essentiellement autour <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong><br />

bruit <strong>et</strong> d’urbanisme, les autres domaines, il faut l’avouer,<br />

sont un peu en sommeil. Il faut nous, nous aussi, relancer le<br />

pôle. Nous avons interrogé les élus du département pour<br />

connaître leurs attentes en matière d’action <strong>de</strong> l’État sur le<br />

bruit. Première surprise : le taux <strong>de</strong> réponse, après une<br />

seule relance, est <strong>de</strong> 80%. Un tel taux <strong>de</strong> réponse sur un<br />

questionnaire administratif indique qu’il y a une réelle<br />

sensibilité, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Nous comptons nous appuyer sur<br />

la légitimité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our pour tenir le discours<br />

suivant : voilà les attentes <strong>de</strong>s maires ; pour répondre à ce<br />

besoin, il est nécessaire <strong>de</strong> faire collaborer un certain<br />

nombre <strong>de</strong> services <strong>de</strong> l’État.<br />

Maîtrise du bruit <strong>de</strong>s éoliennes<br />

René Gamba (Gamba Acoustique & Associés)<br />

Les éoliennes sont au cœur <strong>de</strong> la problématique du<br />

développement durable. Leur but est <strong>de</strong> produire <strong>de</strong><br />

l’énergie qui ne provoque pas <strong>de</strong> pollution mais ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

production d’énergie rencontre <strong>de</strong>s oppositions diverses,<br />

liées au paysage <strong>et</strong> au bruit pour l’essentiel. Le bruit,<br />

domaine éminemment subjectif <strong>et</strong> discutable, constitue<br />

donc l’un <strong>de</strong>s principaux points <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong> la querelle.<br />

Les autres enjeux, tels que les atteintes aux oiseaux, aux<br />

champignons ou autres espèces rares, sont bien moins<br />

polémiques, car plus facilement objectivables. Cela oblige<br />

les investisseurs à déplacer leurs proj<strong>et</strong>s au gré <strong>de</strong>s traj<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong> migration.<br />

La part <strong>de</strong>s énergies renouvelables dans le mon<strong>de</strong> s’établit à<br />

seulement 6% <strong>de</strong> la production énergétique mondiale. La<br />

directive européenne <strong>de</strong> 2000 précise que la part <strong>de</strong><br />

l’électricité d’origine renouvelable passe, <strong>de</strong> 1998 à 2010,<br />

<strong>de</strong> 14,2% à 22,1% en Europe, <strong>de</strong> 15,0% à 21,0% en France.<br />

C<strong>et</strong> objectif s’est traduit en France par le programme Éole<br />

2005, qui doit être poursuivi par un autre programme, dont<br />

l’objectif, à l’horizon 2005, est <strong>de</strong> 500 mégawatts (MW)<br />

installés, <strong>et</strong> <strong>de</strong> 6000 MW installés à l’horizon 2010.<br />

Aujourd’hui, début 2005, seulement 350 MW sont installés.<br />

Pourtant, la France dispose <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s premiers potentiels<br />

éoliens en Europe. L’Allemagne est, <strong>de</strong> loin, le premier<br />

producteur européen, suivi par l’Espagne <strong>et</strong> par le<br />

Danemark. La France, elle, n’en est qu’au début. En ce<br />

domaine, à tous points <strong>de</strong> vue, la France a encore tout à<br />

apprendre <strong>et</strong> tout à discuter.<br />

Le développement d’un proj<strong>et</strong> éolien est infiniment plus<br />

compliqué que ce qu’un regard extérieur pourrait laisser<br />

imaginer. Les étu<strong>de</strong>s préalables sont relativement lour<strong>de</strong>s :<br />

elles doivent tenir compte <strong>de</strong>s traj<strong>et</strong>s migratoires, <strong>de</strong> la<br />

faune, <strong>de</strong> la flore, du paysage, du bruit, <strong>de</strong> la rentabilité<br />

économique du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment<br />

au réseau électrique. Ce <strong>de</strong>rnier point n’est pas anodin : le<br />

réseau est <strong>de</strong>nse là où la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population est <strong>de</strong>nse,<br />

c’est-à-dire là où il est difficile d’implanter <strong>de</strong>s éoliennes.<br />

Ce qui explique la tendance à implanter <strong>de</strong>s éoliennes dans<br />

<strong>de</strong>s semi déserts.<br />

Concernant l’étu<strong>de</strong> d’impact acoustique, j’ai envie <strong>de</strong> me<br />

risquer à une taquinerie : dans un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> bâtiment,<br />

d’infrastructure ou d’installation industrielle, la difficulté,<br />

pour l’acousticien, consiste à réussir à s’imposer comme un<br />

interlocuteur écouté <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandé ; dans le domaine <strong>de</strong><br />

l’éolien, je peux témoigner que l’acousticien est très vite<br />

passé <strong>de</strong> la non-existence à l’incontournable. Les<br />

développeurs, en eff<strong>et</strong>, se sont rendu compte que le bruit y<br />

joue un rôle considérable, que les populations alentours,<br />

quand elles se situent dans l’opposition, s’appuient<br />

fortement sur l’argument sonore <strong>et</strong> l’argument paysager<br />

pour essayer <strong>de</strong> contrer les proj<strong>et</strong>s.<br />

Quand on s’implique dans un proj<strong>et</strong> éolien, on s’aperçoit<br />

très vite qu’une bonne partie <strong>de</strong>s connaissances acquises en<br />

matière d’étu<strong>de</strong>s d’impact sont à j<strong>et</strong>er aux oubli<strong>et</strong>tes.<br />

Pourquoi la problématique est-elle si différente ? La<br />

propagation du bruit à gran<strong>de</strong> distance est éminemment<br />

variable avec les conditions atmosphériques : pour faire<br />

simple, elle peut varier dans une proportion d’une vingtaine<br />

<strong>de</strong> décibels suivant la direction du vent, que l’on soit le jour<br />

ou la nuit ou que le ciel soit couvert ou non. Évi<strong>de</strong>mment,<br />

ce propos reste aussi valable pour le bruit résiduel<br />

provenant <strong>de</strong>s différentes sources avoisinantes — autoroute,<br />

usine — qui, souvent, sont assez éloignées. Autre<br />

particularité du bruit <strong>de</strong>s éoliennes, l’étu<strong>de</strong> d’impact d’une<br />

éolienne n’a pas <strong>de</strong> sens sans vent, puisqu’une éolienne ne<br />

tourne que lorsqu’il y a du vent ! Celui-ci a <strong>de</strong>ux types<br />

d’eff<strong>et</strong>s sur la mesure du bruit résiduel : d’une part, un<br />

« impact métrologique », dû au souffle du vent sur le micro<br />

du sonomètre ; d’autre part, un « impact aérodynamique »<br />

dû au bruit du vent sur les obstacles variés — lignes<br />

électriques, pylônes, végétation —, qui fait varier le bruit<br />

résiduel au gré <strong>de</strong> la vitesse <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’orientation du vent. Par<br />

conséquent, l’émergence, la différence entre le bruit total<br />

<strong>et</strong> le bruit résiduel, connaît <strong>de</strong>s variations encore plus<br />

marquées que pour les autres types <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s. Enfin, autre<br />

aspect singulier <strong>de</strong>s éoliennes, contrairement à la quasi<br />

totalité <strong>de</strong>s autres sources <strong>de</strong> bruit faisant l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 107


d’impact, il n’y a pas <strong>de</strong> solution <strong>de</strong> rattrapage — capot,<br />

silencieux, mur anti-bruit —, en cas d’erreur.<br />

Par ailleurs, l’examen <strong>de</strong>s courbes reliant la gêne <strong>et</strong><br />

l’émergence indique qu’une installation démarrant avec 3<br />

dB d’émergence se traduira par un indice <strong>de</strong> gêne faible,<br />

tandis qu’une installation qui démarrerait avec 15 dB<br />

d’émergence correspondrait à un indice <strong>de</strong> gêne très élevé,<br />

soit une majorité d’individus gênés. Qui plus est, si l’on<br />

ramenait le niveau sonore à ce qui aurait été tolérable au<br />

départ, chose impossible avec une éolienne, la gêne serait<br />

tout aussi forte. Pourquoi ? Pas parce qu’il s’agit<br />

d’éoliennes, mais parce que c’est le mécanisme <strong>de</strong><br />

l’apprentissage <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’exaspération qui joue ici, qui fait que<br />

l’on n’entend pas du bruit, mais <strong>de</strong> l’information. Quand<br />

l’information sonore nous rappelle quelque chose <strong>de</strong><br />

souhaité, ce n’est pas perçu comme du bruit ; quand cela<br />

nous rappelle une chose qui n’est pas souhaitée, cela<br />

<strong>de</strong>vient du bruit <strong>et</strong> c’est gênant.<br />

Côté réglementation, c’est l’arrêté du 18 avril 1995 qui<br />

s’applique, à savoir le respect <strong>de</strong>s 3 dB(A) d’émergence la<br />

nuit <strong>et</strong> <strong>de</strong> 5 dB(A) le jour. Comme mentionné précé<strong>de</strong>mment<br />

dans c<strong>et</strong> atelier, la principale évolution réglementaire<br />

envisagée consisterait à baisser le seuil d’infraction <strong>de</strong> 30<br />

dB(A) à 27 dB(A). L’évolution normative en cours est censée<br />

aboutir à une norme spécifique du mesurage en présence <strong>de</strong><br />

vent. De fait, la norme NF S 31-010, comme toutes les autres<br />

normes <strong>de</strong> mesurage du bruit dans l’environnement, prévoit<br />

que les mesures s’effectuent sans vent, ce qui est normal,<br />

puisque le vent perturbe les mesures. À noter qu’un Gui<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> d’impact sur l’environnement <strong>de</strong>s parcs éoliens<br />

vient d’être finalisé par le ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong><br />

l’A<strong>de</strong>me. Disponible en ligne, il propose une démarche<br />

générale <strong>et</strong> une méthodologie <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s<br />

évaluations environnementales.<br />

Concernant le diagnostic du site, l’approche est à la fois<br />

analogue <strong>et</strong> différente <strong>de</strong>s autres mesures en limite <strong>de</strong><br />

voisinage. Puisque les niveaux <strong>sonores</strong> sont gran<strong>de</strong>ment<br />

tributaires du vent, il convient d’implanter <strong>de</strong>s<br />

anémomètres, afin <strong>de</strong> pouvoir établir <strong>de</strong>s corrélations entre<br />

le niveau <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> la force du vent. Le vent étant variable<br />

à la fois en direction <strong>et</strong> en intensité, il n’est pas possible <strong>de</strong><br />

se contenter <strong>de</strong> mesurer <strong>de</strong>ux L Aeq, 8h , l’un avec le bruit <strong>de</strong><br />

l’éolienne, l’autre sans, <strong>et</strong> <strong>de</strong> comparer ces <strong>de</strong>ux valeurs.<br />

Dans le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> norme évoqué à l’instant, l’indicateur à<br />

prendre en compte est suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> débat. Le choix <strong>de</strong>vrait se<br />

porter sur une échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> 10 minutes, en<br />

considérant soit le L Aeq,10 mn , recalculé à partir du L 50, 10 mn .<br />

Le L Aeq,10 mn « brut » <strong>et</strong> celui recalculé à partir du L 50, 10 mn<br />

sont d’ailleurs souvent assez proches. Pour une vitesse <strong>de</strong><br />

vent donnée, le niveau sonore équivalent moyenné sur une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10 minutes peut varier <strong>de</strong> 15 dB. D’où l’idée <strong>de</strong><br />

considérer la droite <strong>de</strong> régression, afin <strong>de</strong> ne pas considérer<br />

une valeur ni trop sous-estimée, ni trop surestimée.<br />

Il reste néanmoins quelques pièges à éviter. Notamment, il<br />

faut tenir compte du bruit résiduel régénéré par le vent,<br />

comme le bruit dans les arbres. Si l’on ne tenait pas compte<br />

<strong>de</strong> ce phénomène, peu <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s pourraient passer.<br />

Rappelons que le bruit résiduel varie avec les conditions<br />

météorologiques <strong>et</strong> la direction du vent. Enfin, chose qui<br />

n’est pas évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> prime abord, plusieurs mesures<br />

réalisées, sur le même site, pour <strong>de</strong>s régimes <strong>de</strong> vent<br />

différents (vitesse ou direction), montrent <strong>de</strong>s régressions<br />

qui peuvent correspondre à un écart <strong>de</strong> niveau sonore <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 10 dB. Il faut aussi gar<strong>de</strong>r à l’esprit que le vent<br />

peut souffler fort sur le site d’implantation <strong>de</strong> l’éolienne <strong>et</strong><br />

être nul au point <strong>de</strong> mesure. Une raison à cela : dans les<br />

choix d’implantation, pour les sites éoliens, on recherche le<br />

vent maximum, quand, pour les habitations, on recherche<br />

généralement les sites abrités. Joue également le fait qu’on<br />

mesure, par convention, la force du vent à 10 mètres <strong>de</strong><br />

haut, alors que les mesures du bruit résiduel dans le<br />

voisinage sont plutôt effectuées, classiquement, à 1,5 m du<br />

sol. Or, l’écoulement sur le sol du vent qui souffle n’a rien<br />

d’homogène : la formation d’une couche limite provenant <strong>de</strong><br />

la viscosité <strong>de</strong> l’air fait que les molécules d’air qui sont<br />

contre le sol ne bougent pratiquement pas ; les molécules<br />

situées juste au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te couche s’en trouvent<br />

ralenties ; celles qui se trouvent encore au-<strong>de</strong>ssus sont<br />

également ralenties, mais légèrement moins, puisque les<br />

molécules sous-jacentes sont en mouvement. On parcoure<br />

ainsi, verticalement, une zone <strong>de</strong> couches où le vent évolue<br />

assez rapi<strong>de</strong>ment. Dès lors, à proximité du sol, il y a<br />

forcément moins <strong>de</strong> vent qu’à 10, 20 ou 30 mètres <strong>de</strong> haut.<br />

Ainsi, dans bien <strong>de</strong>s cas, le seul fait <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s mesures à<br />

plus faible altitu<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong>s éoliennes perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

satisfaire l’exigence d’une vitesse <strong>de</strong> vent sur le microphone<br />

suffisamment faible.<br />

Quelques remarques sur les distances, qui ont leur<br />

importance. Les sites d’implantation font généralement<br />

plusieurs kilomètres <strong>de</strong> long — 10 éoliennes éloignées d’au<br />

moins 200 m les unes <strong>de</strong>s autres s’éten<strong>de</strong>nt sur 2 km au<br />

minimum — ; quant au voisinage, on s’intéresse couramment<br />

à une zone comprise entre 500 <strong>et</strong> 1500 mètres du site<br />

éolien. Cela fait donc un carré <strong>de</strong> 3 km <strong>de</strong> côté à analyser.<br />

Prenons un exemple <strong>de</strong> configuration tout à fait plausible :<br />

au niveau <strong>de</strong> l’éolienne, une vitesse du vent <strong>de</strong> 6 mètres par<br />

secon<strong>de</strong>, sur le site <strong>de</strong> mesure, un vent <strong>de</strong> 0,5 mètre par<br />

secon<strong>de</strong>. Dans <strong>de</strong> telles circonstances, le niveau <strong>de</strong> bruit<br />

dans les arbres est très faible mais l’éolienne, elle, tourne,<br />

si bien qu’il peut très bien y avoir une émergence. En<br />

revanche, en cas <strong>de</strong> vent assez fort, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 mètres<br />

par secon<strong>de</strong>, qui ne faiblit pas, le vent peut très bien<br />

souffler avec une vitesse <strong>de</strong> 6 m/s sur le micro du<br />

sonomètre, à côté <strong>de</strong>s habitations. Dans c<strong>et</strong>te situation, il y<br />

aura toujours le bruit du vent dans les feuilles — je parle <strong>de</strong>s<br />

feuilles parce que, traditionnellement, c’est le cas le plus<br />

fréquent mais cela peut être autre chose. Pour résumer,<br />

suivant la direction du vent, suivant sa force, les conditions<br />

peuvent connaître <strong>de</strong>s variations assez difficiles à prévoir.<br />

Je ne vous ferai pas l’insulte <strong>de</strong> vous rappeler la courbure<br />

<strong>de</strong>s rayons liée aux gradients <strong>de</strong> célérité <strong>et</strong> <strong>de</strong> propagation,<br />

gradient lui-même lié aux gradients <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> vent <strong>et</strong><br />

aux gradients <strong>de</strong> températures quand on s’éloigne du sol.<br />

Dans la mesure où l’on s’intéresse à <strong>de</strong>s distances tout à fait<br />

conséquentes, ne pas prendre en compte ces phénomènes,<br />

c’est passer à côté <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong>s choses.<br />

Pour s’en convaincre, il suffit <strong>de</strong> considérer quelques cas<br />

simples. En cas <strong>de</strong> très forte atténuation — une belle<br />

journée ensoleillée avec un vent contraire qui souffle <strong>de</strong><br />

l’habitation vers l’éolienne —, le rayon sonore monte vers le<br />

ciel, <strong>et</strong> l’atténuation atteint 10, 15 ou 20 dB comme par un<br />

eff<strong>et</strong> d’écran. Considérons maintenant une ligne d’éoliennes<br />

d’une vingtaine d’unités, étendue sur une ligne <strong>de</strong> crête <strong>de</strong><br />

4 ou 5 km <strong>de</strong> long, qui arrose une vallée, <strong>de</strong> dimensions à<br />

peu près équivalentes. En cas <strong>de</strong> conditions météo<br />

favorables à la propagation, le vent « porte le bruit », grâce<br />

à la courbure <strong>de</strong>s rayons qui fait « franchir » la crête, ce qui<br />

se traduit par davantage <strong>de</strong> bruit rayonné que dans <strong>de</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong> vent homogènes.<br />

Tous ces phénomènes sont autant <strong>de</strong> contraintes qui<br />

s’ajoutent lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> réaliser les mesures : il ne faut<br />

pas qu’il y ait trop <strong>de</strong> vent, mais il faut qu’il y en ait<br />

suffisamment dans la direction souhaitée, il ne faut pas qu’il<br />

pleuve trop fort... tant <strong>et</strong> si bien que se pose la question <strong>de</strong><br />

la représentativité <strong>de</strong>s mesures réalisées dans <strong>de</strong>s situations<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


qu’on n’a pas forcément choisies, <strong>et</strong> se pose la question <strong>de</strong><br />

la modélisation. Sur c<strong>et</strong> aspect <strong>de</strong> la modélisation, <strong>de</strong>s<br />

algorithmes <strong>de</strong> calcul perm<strong>et</strong>tent aujourd’hui <strong>de</strong> prendre en<br />

compte tous ces paramètres évoqués à l’instant. En règle<br />

générale, on aboutit à <strong>de</strong>s émergences <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 7 à 10<br />

dB, ce qui signe l’abandon du proj<strong>et</strong>. Au prix d’heures <strong>de</strong><br />

discussion passées à expliquer la situation.<br />

Bien évi<strong>de</strong>mment, on peut envisager d’installer <strong>de</strong>s<br />

machines moins bruyantes. Sur ce point, je voudrais attirer<br />

votre attention sur un aspect très simple mais auquel on ne<br />

pense pas forcément. Considérons l’exemple <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

machines <strong>de</strong> puissance acoustique différant seulement <strong>de</strong> 2<br />

dB(A), l’une faisant 105 dB(A), l’autre 103 dB(A).<br />

Curieusement, il se trouve que ces <strong>de</strong>ux machines sont<br />

différentes, elles n’ont pas le même spectre. De ce fait,<br />

dans bien <strong>de</strong>s cas, il y a une inversion <strong>de</strong> hiérarchie entre la<br />

puissance acoustique <strong>et</strong> le niveau reçu : dans un tel cas, la<br />

machine la moins bruyante au point <strong>de</strong> réception est celle<br />

<strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> puissance acoustique. Ce n’est bien sûr pas<br />

systématique, cela dépend <strong>de</strong>s spectres <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’atténuation<br />

due à la distance <strong>et</strong> au terrain.<br />

Autrement dit, l’optimisation d’un proj<strong>et</strong> d’éolien<br />

représente à chaque fois une charge <strong>de</strong> travail très<br />

conséquente. Tout doit être re-modélisé. Il n’est pas<br />

possible <strong>de</strong> se contenter <strong>de</strong> choisir la machine la moins<br />

bruyante. Il faut prendre la machine qui rayonne le moins <strong>de</strong><br />

bruit au point <strong>de</strong> réception, dans les conditions <strong>de</strong><br />

propagation les plus critiques. Malgré cela, en règle<br />

générale, suivant qu’il s’agit du vent dominant <strong>de</strong> secteur 1,<br />

ou le vent dominant <strong>de</strong> secteur 2, suivant qu’on s’intéresse<br />

à la maison X ou à la maison Y, les émergences se situent<br />

dans une fourch<strong>et</strong>te <strong>de</strong> 1 à 5 dB. De nuit, ces 5 dB ne<br />

passeront pas, d’autant qu’il faut compter avec les<br />

incertitu<strong>de</strong>s sur l’évaluation du résiduel <strong>et</strong> l’incertitu<strong>de</strong> sur<br />

les calculs. En principe, l’optimisation d’un proj<strong>et</strong><br />

d’éoliennes se sol<strong>de</strong> par une recommandation consistant à<br />

condamner le fonctionnement <strong>de</strong>s machines pour une<br />

direction <strong>et</strong> une plage <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> vent données, <strong>et</strong> pour<br />

une plage horaire donnée. En règle générale, cela concerne<br />

les <strong>de</strong>ux ou trois machines les plus proches du riverain<br />

exposé.<br />

Les plages <strong>de</strong> vent les plus critiques pour l’émergence du<br />

bruit <strong>de</strong>s éoliennes, se situent dans l’intervalle [4 m/s-<br />

6 m/s] au niveau <strong>de</strong> la machine elle-même (soit plutôt 3 à 5<br />

m/s à 10 mètres <strong>de</strong> haut). En <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 3 à 4 m/s, en<br />

principe, une éolienne ne tourne pas. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 6 m/s, en<br />

règle générale, le bruit résiduel « re-généré » par le vent<br />

dans la végétation commence à prendre le pas <strong>de</strong> manière<br />

significative sur le bruit <strong>de</strong> l’éolienne. Entre 3 <strong>et</strong> 5 m/s à 10<br />

mètres <strong>de</strong> haut, se pose l’essentiel <strong>de</strong>s problèmes : les<br />

machines tournent, produisent presque le même bruit que si<br />

le vent était plus fort ; en revanche, le phénomène <strong>de</strong> « regénération<br />

» du bruit <strong>de</strong> la végétation à proximité <strong>de</strong>s<br />

habitations n’est pas encore suffisant.<br />

Dans <strong>de</strong> tels cas, quand on a choisi le meilleur modèle <strong>de</strong><br />

machine, quand on a légèrement déplacé les machines pour<br />

optimiser leur impact sur l’environnement — la marge <strong>de</strong><br />

manœuvre est très faible car le bruit n’est pas le seul<br />

paramètre en cause —, il reste la possibilité d’arrêter les<br />

machines lorsque le vent n’est pas suffisamment fort. (Un<br />

propos qui ne serait, bien entendu pas recevable pour un<br />

site où le vent n’est jamais fort.) Condamner le<br />

fonctionnement d’un parc <strong>de</strong> machines pour les<br />

configurations <strong>de</strong> vent, où, <strong>de</strong> toute façon, il ne produit pas<br />

beaucoup, ne ruine pas forcément la validité économique du<br />

proj<strong>et</strong>. Cela perm<strong>et</strong> même <strong>de</strong> le rendre acceptable aussi<br />

bien administrativement, qu’humainement.<br />

Débat<br />

Les avantages d’une gestion du parc par <strong>de</strong>s<br />

arrêts d’activité à certaines pério<strong>de</strong>s<br />

Philippe Ritter : Une question d’ignorant total sur le bruit<br />

<strong>de</strong>s éoliennes : arrêter une éolienne, ça consiste à<br />

positionner les pales <strong>de</strong> telle façon qu’elles ne contrarient<br />

pas le vent ? Également, dans une éolienne mo<strong>de</strong>rne, qu’estce<br />

qui fait du bruit, la machinerie ou le bruit aérodynamique<br />

du vent dans les pales ?<br />

René Gamba : Traditionnellement, on distingue trois<br />

ensembles <strong>de</strong> sources <strong>de</strong> bruit, perceptibles à l’oreille quand<br />

on se situe à côté d’une machine. Le bruit <strong>de</strong> sifflement en<br />

bout <strong>de</strong> pales — c’est en bout <strong>de</strong> pales que la vitesse <strong>de</strong><br />

rotation est la plus gran<strong>de</strong> — est le bruit aérodynamique que<br />

l’on perçoit parfaitement, y compris à gran<strong>de</strong> distance. Le<br />

bruit <strong>de</strong> cisaillement, occasionné par la traînée <strong>de</strong> la pale au<br />

passage <strong>de</strong>vant le pylône, a également une signature assez<br />

caractéristique — un flop, flop, flop à la ca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> passage<br />

<strong>de</strong>s pales. Enfin, le bruit mécanique <strong>de</strong> la nacelle provient<br />

<strong>de</strong>s engrenages <strong>de</strong> la machine tournante. Avec les éoliennes<br />

<strong>de</strong> première génération, quelque peu rustiques, c’était le<br />

bruit <strong>de</strong> nacelle qui dominait. Les efforts <strong>de</strong>s constructeurs<br />

aidant, c<strong>et</strong>te composante <strong>de</strong> bruit a été n<strong>et</strong>tement réduite.<br />

En revanche, le bruit aérodynamique a, dès l’origine, été<br />

relativement bien réduit, dans la mesure où une pâle, pour<br />

bien prendre le vent, doit être bien profilée pour minimiser<br />

les turbulences <strong>et</strong> les décrochements. À l’heure actuelle, on<br />

entre dans la zone où l’on atteint les limites <strong>de</strong>s progrès<br />

techniques au sens <strong>de</strong> l’insonorisation classique <strong>de</strong> la<br />

machine. C’est la raison pour laquelle j’ai d’emblée orienté<br />

le débat sur la gestion du parc par <strong>de</strong>s arrêts éventuels à<br />

certaines pério<strong>de</strong>s.<br />

Afin <strong>de</strong> mieux se faire une idée <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s<br />

vitesses <strong>et</strong> <strong>de</strong>s directions du vent, on peut construire une<br />

rose <strong>de</strong>s vents à partir <strong>de</strong>s observations météorologiques<br />

faites dans une région donnée. Je ne vous en ai pas<br />

présenté, mais il faut savoir que certaines contrées, y<br />

compris en France, ont une rose <strong>de</strong>s vents très ron<strong>de</strong>, quand<br />

d’autres ont <strong>de</strong>s roses <strong>de</strong>s vents très marquées, comportant<br />

<strong>de</strong>ux lobes correspondant à <strong>de</strong>ux vents dominants. La<br />

réglementation doit être respectée partout, chaque jour <strong>de</strong><br />

l’année. Mais il est évi<strong>de</strong>nt qu’en cas <strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> 1%<br />

d’une direction <strong>de</strong> vent pénalisante à une vitesse donnée,<br />

vous ne discutez pas <strong>de</strong> la vie ou <strong>de</strong> la mort du proj<strong>et</strong>, vous<br />

discutez d’un aménagement qui perm<strong>et</strong>te <strong>de</strong> rendre les<br />

choses plus harmonieuses, moins risquées <strong>et</strong> moins<br />

conflictuelles. Autrement dit, le développeur ne court pas le<br />

risque <strong>de</strong> faire subir une gêne au voisinage pour économiser<br />

<strong>de</strong>s bouts <strong>de</strong> chan<strong>de</strong>lle en n’arrêtant pas la machine ces<br />

jours-là.<br />

Qui plus est, il faut compter avec « l’apprentissage » que<br />

j’ai évoqué quelques instants plus tôt. Si vous démarrez un<br />

proj<strong>et</strong> performant sur le plan <strong>de</strong> l’acoustique, vous<br />

n’éviterez pas les opposants, mais ils finiront par s’habituer,<br />

par se lasser. Ce propos n’est pas malhonnête. Autour d’une<br />

usine en activité <strong>de</strong>puis 150 ans, malgré <strong>de</strong>s émergences<br />

classiquement comprises entre 8 <strong>et</strong> 15 dB, les plaintes sont<br />

inexistantes, car les bruits <strong>de</strong> l’usine font partie du paysage<br />

sonore. C’est aussi le cas <strong>de</strong>s établissements diffusant <strong>de</strong> la<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 109


musique amplifiée, c’est aussi le cas <strong>de</strong>s éoliennes. Quand<br />

vous introduisez un proj<strong>et</strong> dans une zone d’habitat existant,<br />

grosso modo, la moitié, les trois quarts, les neuf dixièmes <strong>de</strong><br />

la population, suivant la sociologie <strong>de</strong> l’habitat, sont en<br />

faveur du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> font bien peu <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> l’émergence ;<br />

concernant la partie <strong>de</strong> la population qui s’oppose au proj<strong>et</strong>,<br />

dès lors qu’elle pourra soupçonner que le proj<strong>et</strong> existe — si<br />

elle le voit ou si elle l’entend, même à la limite <strong>de</strong><br />

l’audibilité —, elle aura un comportement hostile <strong>et</strong> agressif<br />

vis-à-vis du proj<strong>et</strong>. Le problème <strong>de</strong>s éoliennes, c’est qu’elles<br />

sont implantées à la campagne. Or, à la campagne, une<br />

partie <strong>de</strong> la population y est venue pour y trouver le calme.<br />

Contrairement aux autochtones, qui vivent avec un minimum<br />

<strong>de</strong> bruit, les néo-ruraux ne supportent pas qu’on leur<br />

« barbouille leur carte postale », ce qui est compréhensible.<br />

Ils y poursuivent un mythe irréalisable, mais, compte tenu<br />

notamment <strong>de</strong>s traj<strong>et</strong>s importants qu’ils doivent effectuer<br />

pour s’y rendre, que ce soit en rési<strong>de</strong>nce secondaire ou<br />

principale, leur aspiration à profiter du calme <strong>et</strong> du paysage<br />

du lieu qu’ils ont choisi est légitime. C<strong>et</strong>te situation ne vaut<br />

pas que pour les éoliennes, mais, avec les éoliennes, elle<br />

touche à la caricature. Il ne s’agit donc pas <strong>de</strong> malhonnêt<strong>et</strong>é<br />

intellectuelle, mais <strong>de</strong> stratégie avisée, que <strong>de</strong> favoriser,<br />

par le biais <strong>de</strong> l’apprentissage progressif, l’intégration <strong>de</strong><br />

l’équipement dans son paysage <strong>et</strong> son environnement<br />

sonore, tout en restant, bien sûr, parfaitement<br />

réglementaire, cela va <strong>de</strong> soi.<br />

Que peut-on attendre <strong>de</strong>s parcs éoliens offshore<br />

?<br />

Philippe Ritter : Le nombre <strong>de</strong> déserts en France étant<br />

réduit, le plateau continental étant ce qu’il est, ne pourraiton<br />

pas construire <strong>de</strong>s champs d’éoliennes au large <strong>de</strong>s côtes,<br />

<strong>et</strong> d’ailleurs en exploiter le potentiel touristique en<br />

proposant <strong>de</strong>s excursions en mer pour les visiter ?<br />

René Gamba : C’est une question qui a été abordée, entre<br />

autres, dans les pays nordiques. Les étu<strong>de</strong>s qui ont été<br />

menées sont tout à fait éloquentes <strong>et</strong> je profite <strong>de</strong><br />

l’occasion qui m’est donnée ici pour faire une mise en gar<strong>de</strong><br />

contre ce semi-fantasme : les proj<strong>et</strong>s offshore sont une voie<br />

parmi d’autres, mais qui nécessite au moins autant <strong>de</strong><br />

précautions, d’optimisation <strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s que les proj<strong>et</strong>s<br />

terrestres. Trois raisons à cela. Tout d’abord, les proj<strong>et</strong>s<br />

offshore, en principe, sont implantés à <strong>de</strong>s distances<br />

comprises entre 2 km <strong>et</strong> quelques centaines <strong>de</strong> mètres du<br />

rivage, en limite du plateau continental, afin <strong>de</strong> ne pas avoir<br />

à <strong>de</strong>scendre trop profond mais suffisamment loin du rivage,<br />

sinon cela ne servirait à rien <strong>de</strong> prendre la peine <strong>de</strong> les<br />

implanter en mer. Ensuite, en règle générale, ce genre <strong>de</strong><br />

proj<strong>et</strong>s ne se limite pas à cinq ou dix machines, mais en<br />

concentre plutôt une centaine ; forcément, le niveau sonore<br />

est en proportion. Enfin, compte tenu <strong>de</strong>s gradients <strong>de</strong><br />

température rencontrés en mer, l’immense majorité du<br />

temps, pour une source qui est installée au large, les on<strong>de</strong>s<br />

<strong>sonores</strong> sont renvoyées vers la mer, qui est quasi<br />

parfaitement réfléchissante. La propagation du bruit n’y est<br />

donc pas sphérique mais cylindrique. Par conséquent, la<br />

décroissance <strong>de</strong> l’énergie sonore n’y est pas <strong>de</strong> 6 décibels<br />

par doublement <strong>de</strong> distance, comme c’est le cas pour toute<br />

source ponctuelle, mais <strong>de</strong> seulement 3 décibels par<br />

doublement <strong>de</strong> distance. Entre ces <strong>de</strong>ux régimes<br />

d’atténuation, l’écart <strong>de</strong> niveau sonore à terre peut être <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> 20 décibels. Indépendamment <strong>de</strong>s problèmes<br />

techniques que suscitent les implantations offshore, la<br />

solution miracle qui consisterait à ne plus implanter les<br />

parcs éoliens qu’en mer, n’est pas une solution miracle.<br />

Sur les proj<strong>et</strong>s d’implantation <strong>de</strong> parcs éoliens, l’acousticien<br />

dispose d’un marge <strong>de</strong> manœuvre assez restreinte pour<br />

trouver un compromis : d’un côté, il doit protéger le<br />

voisinage, pour respecter la réglementation <strong>et</strong> se prémunir<br />

ainsi du risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir assumer le coût exorbitant d’un<br />

éventuel arrêt <strong>de</strong> l’exploitation prononcé par un juge ; <strong>de</strong><br />

l’autre côté, il doit composer avec la logique du<br />

développeur, qui risque <strong>de</strong> ne pas vous passer comman<strong>de</strong> si<br />

vous envisagez <strong>de</strong> considérer les pires conditions <strong>de</strong><br />

propagation dans la future étu<strong>de</strong> d’impact. D’où l’intérêt <strong>de</strong><br />

prendre le temps pour analyser les conditions d’occurrence<br />

<strong>de</strong>s situations où l’émergence dépasse, <strong>de</strong> manière<br />

prévisible, le seuil réglementaire. Dans ces configurations <strong>de</strong><br />

vent, qui, le plus souvent, ne représentent qu’un faible<br />

pourcentage du temps, il est tout à fait envisageable <strong>de</strong> ne<br />

pas faire tourner les machines, car le manque à gagner est<br />

relativement faible.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Atelier<br />

Cartographie <strong>et</strong> surveillance du bruit urbain<br />

Atelier animé par Daniel Pillant (<strong>Centre</strong> d'étu<strong>de</strong> sur les réseaux, les transports, l'urbanisme<br />

<strong>et</strong> les constructions publiques)<br />

Introduction<br />

Daniel Pillant (Certu)<br />

C<strong>et</strong> atelier va s’articuler en <strong>de</strong>ux temps. Tout d’abord, une<br />

présentation <strong>de</strong>s outils <strong>et</strong> <strong>de</strong> la méthodologie propres à la<br />

cartographie. Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous abor<strong>de</strong>rons le<br />

vol<strong>et</strong> communication, concertation <strong>et</strong> surveillance.<br />

La directive européenne ayant été largement abordée<br />

durant ces assises, <strong>de</strong> même que la cartographie, je<br />

m’abstiendrai d’en faire une présentation générale. Dans<br />

l’ordre <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te première partie, Nathalie<br />

Fürst présentera la démarche d’élaboration d’un gui<strong>de</strong><br />

européen <strong>de</strong> la cartographie, ainsi qu’un proj<strong>et</strong> similaire<br />

consacré à la France. On notera avec intérêt que ce groupe<br />

européen s’intéresse au coût <strong>de</strong>s cartographies <strong>et</strong> à la<br />

facilité d’utilisation <strong>de</strong>s outils dédiés à leur élaboration.<br />

Nous verrons qu’un certain nombre <strong>de</strong> points font encore<br />

débat, en particulier l’appréciation <strong>de</strong>s zones calmes.<br />

Le proj<strong>et</strong> GIpSynoise sera ensuite présenté par Julie Vall<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> Bruno Vincent. Puis, Francis Besnard dressera le bilan<br />

d’une approche cartographique en milieu interurbain.<br />

Présentation du gui<strong>de</strong> européen <strong>de</strong> bonne pratique <strong>de</strong> la cartographie<br />

Nathalie Fürst (membre du groupe européen<br />

“Évaluation <strong>de</strong> l’exposition au bruit”)<br />

J’interviens ici en ma qualité <strong>de</strong> membre du groupe <strong>de</strong><br />

travail européen sur l’évaluation <strong>de</strong> l’exposition au bruit<br />

(WG-AEN), groupe <strong>de</strong> travail mis en place par la Commission<br />

européenne pour l’assister dans l’accompagnement <strong>de</strong> la<br />

directive 2002/49/CE. Il comprend <strong>de</strong>s participants issus <strong>de</strong><br />

huit pays européens, géographiquement bien répartis du<br />

nord au sud <strong>de</strong> l’Europe, ce qui présente l’intérêt d’une<br />

représentation équilibrée <strong>de</strong>s différentes pratiques <strong>et</strong><br />

réglementations rencontrées en Europe. Participent à ce<br />

groupe <strong>de</strong>s personnalités venant d’horizons professionnels<br />

différents, aux sensibilités <strong>et</strong> aux intérêts complémentaires.<br />

S’y côtoient donc <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s collectivités, avec<br />

les villes <strong>de</strong> Birmingham, Bruxelles, Madrid ou Dublin, <strong>de</strong>s<br />

représentants <strong>de</strong>s ministères, avec les ministères <strong>de</strong><br />

l’environnement allemands <strong>et</strong> grecs, <strong>de</strong>s organismes<br />

techniques ou <strong>de</strong> recherche, comme le Certu <strong>et</strong> ses<br />

homologues portugais, belges <strong>et</strong> danois.<br />

Les actions du WG-AEN<br />

La mission <strong>de</strong> ce groupe <strong>de</strong> travail ? Produire <strong>de</strong>s<br />

recommandations techniques, <strong>de</strong> la documentation, pour<br />

ai<strong>de</strong>r la mise en œuvre <strong>de</strong> la directive sur l’évaluation <strong>et</strong> la<br />

gestion du bruit ambiant. Par le passé, en août 2003, les<br />

travaux du groupe s’étaient traduits par la production <strong>de</strong><br />

recommandations ayant permis d’élaborer les lignes<br />

directrices pour la mise en œuvre <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

intermédiaires. Aujourd’hui, les activités du groupe sont<br />

multiples.<br />

Tout d’abord, l’élaboration d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique <strong>de</strong><br />

la cartographie. Après une première version finalisée en<br />

2003, l’année 2004 a été consacrée au recueil <strong>de</strong><br />

commentaires en vue <strong>de</strong> la publication, en 2005, d’une<br />

version finalisée <strong>et</strong> complétée du document.<br />

La <strong>de</strong>uxième tâche à laquelle s’attelle le WG-AEN<br />

correspond au suivi, pour le compte <strong>de</strong> la Commission, <strong>et</strong> à<br />

la production d’avis techniques sur les proj<strong>et</strong>s Harmonoise<br />

<strong>et</strong> Imagine financés par la Commission. Concernant<br />

Harmonoise, à presque un mois <strong>de</strong> l’achèvement technique<br />

du proj<strong>et</strong>, les membres du groupe n’ont eu qu’une seule<br />

occasion d’échanger avec les experts du proj<strong>et</strong>, ce qui est<br />

un peu tard pour vraiment influer sur le proj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong> échange<br />

nous a néanmoins permis <strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong>s éléments<br />

intéressants <strong>et</strong>, surtout, <strong>de</strong> poser les bases d’une<br />

collaboration plus efficace avec le proj<strong>et</strong> Imagine. Lancé en<br />

décembre 2003, Imagine s’achèvera en décembre 2006 <strong>et</strong><br />

vise à produire une métho<strong>de</strong> commune pour la prévision du<br />

bruit aérien <strong>et</strong> du bruit <strong>de</strong>s industries. D’ores <strong>et</strong> déjà, <strong>de</strong>s<br />

réunions <strong>de</strong> travail régulières <strong>et</strong> plus structurées sont<br />

planifiées.<br />

Le groupe travaille aussi à la production <strong>de</strong><br />

recommandations sur les données à transm<strong>et</strong>tre à la<br />

Commission. L’objectif : finaliser un questionnaire, sur<br />

support papier ou informatique, <strong>de</strong>stiné à définir la façon<br />

dont les pays membres doivent r<strong>et</strong>ranscrire les données à la<br />

Commission. Ce travail vise aussi à faciliter la collecte, la<br />

mise en forme <strong>et</strong> l’exploitation <strong>de</strong> ces données par la<br />

Commission. Des conclusions <strong>de</strong>vraient être utilisables en<br />

milieu d’année <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre l’élaboration <strong>de</strong> ce<br />

questionnaire d’ici la fin <strong>de</strong> l’année 2005.<br />

L’élaboration d’orientations pour la définition <strong>et</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s zones calmes figure également au menu<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 111


du groupe WG-AEN. En eff<strong>et</strong>, la directive <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

recenser les zones calmes, en agglomération notamment,<br />

pour limiter l’augmentation du bruit dans ces zones. Mais<br />

elle ne donne qu’une définition assez sommaire <strong>de</strong> ces zones<br />

calmes (délimitation <strong>de</strong> la zone fixée par l’autorité<br />

compétente, valeur <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> bruit approprié à ne<br />

pas dépasser fixée par l’État membre). Le groupe a donc<br />

pour mission <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>s recommandations sur la façon <strong>de</strong><br />

les définir <strong>et</strong> <strong>de</strong> les évaluer.<br />

Le groupe est également impliqué dans une action, déjà<br />

programmée en 2004 mais qui n’a pas pu se faire pour <strong>de</strong>s<br />

raisons financières essentiellement, qui consiste à formuler<br />

<strong>de</strong>s indications pour évaluer la qualité <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong><br />

cartographie du bruit. C<strong>et</strong>te action sera menée en 2005 sur<br />

la base, notamment, d’un document que m<strong>et</strong> en place le<br />

ministère allemand en vue <strong>de</strong> la certification <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong><br />

prévision du bruit en Allemagne. Ce document <strong>de</strong>vrait être<br />

assez rapi<strong>de</strong>ment mis à disposition du groupe <strong>de</strong> travail, qui<br />

en tirera <strong>de</strong>s recommandations.<br />

Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique <strong>de</strong> la cartographie : présentation<br />

Ce gui<strong>de</strong> est un outil d’ai<strong>de</strong> pour les États Membres <strong>et</strong> les<br />

autorités compétentes en charge <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong>s cartes<br />

<strong>de</strong> bruit stratégiques. Ce document est à la disposition <strong>de</strong>s<br />

autorités <strong>et</strong> <strong>de</strong>s États membres. Il n’a, a priori, aucun<br />

caractère d’obligation. Ce document s’appliquera à la<br />

première série <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques, avec pour<br />

horizon l’année 2007. Pour la <strong>de</strong>uxième série, il est prévu<br />

qu’une métho<strong>de</strong> commune soit mise à disposition <strong>de</strong>s États.<br />

Deux possibilités : soit le présent gui<strong>de</strong> sera adapté à c<strong>et</strong>te<br />

nouvelle métho<strong>de</strong>, soit un nouveau gui<strong>de</strong>, complémentaire<br />

<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> commune, si elle est disponible à c<strong>et</strong>te date,<br />

sera réalisé.<br />

Dans toute entreprise d’élaboration d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

recommandations, il est une question qui se pose<br />

constamment : quel niveau <strong>de</strong> détail faut-il adopter, à quel<br />

niveau <strong>de</strong> recommandation doit-on s’arrêter ? L’objectif <strong>de</strong><br />

faire d’un tel document un outil opérationnel reste<br />

essentiel, mais les particularités locales doivent aussi<br />

pouvoir être prises en compte. Il convient à la fois que les<br />

autorités chargées <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s cartes ne soient<br />

pas trop limitées, <strong>et</strong> que les recommandations soient<br />

suffisamment détaillées pour être applicables. Comme je le<br />

disais précé<strong>de</strong>mment, une première version publiée en<br />

décembre 2003 est disponible sur le site <strong>de</strong> la commission<br />

européenne, c’est un document public. Ce “premier j<strong>et</strong>” a<br />

été soumis durant l’année 2004 aux États membres <strong>et</strong> aux<br />

organismes ou collectivités, afin <strong>de</strong> récolter leurs réactions,<br />

leurs attentes, les carences éventuelles <strong>de</strong> ce document. À<br />

partir <strong>de</strong> ces informations, le document sera enrichi au cours<br />

<strong>de</strong> l’année 2005.<br />

Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique : le contenu<br />

Le contenu du gui<strong>de</strong> est basé sur une étu<strong>de</strong> financée par le<br />

gouvernement britannique <strong>et</strong> réalisée en 2002 <strong>et</strong> 2003 par<br />

un bureau d’étu<strong>de</strong> allemand. La première partie <strong>de</strong> ce<br />

travail avait consisté à enquêter, auprès <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

États membres <strong>et</strong> d’un certain nombre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s villes,<br />

afin <strong>de</strong> répertorier leurs attentes vis-à-vis <strong>de</strong> la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> la directive, leurs besoins en termes <strong>de</strong><br />

méthodologie <strong>et</strong> les difficultés pressenties. Dans une<br />

secon<strong>de</strong> partie, au vu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête, <strong>de</strong>s outils avaient<br />

été proposés afin <strong>de</strong> répondre aux attentes <strong>de</strong>s collectivités.<br />

Le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique suit le même principe : une<br />

première partie liste les points importants à prendre en<br />

compte <strong>et</strong> les suj<strong>et</strong>s difficiles à traiter i<strong>de</strong>ntifiés à l’issue du<br />

questionnaire, puis, <strong>de</strong>s solutions techniques sont proposées.<br />

Ce gui<strong>de</strong> porte sur un domaine très particulier <strong>de</strong> la<br />

réalisation <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques. Il tente <strong>de</strong><br />

répondre aux questions suivantes : Quelles sont les données<br />

nécessaires ? Comment se les procurer ? Que faire si l’on ne<br />

dispose pas <strong>de</strong> ces données ? Parmi les grands thèmes<br />

abordés, les différentes données d’entrée font l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

vaste revue <strong>de</strong> détail. Les données <strong>de</strong> trafic, tout d’abord :<br />

elles incluent la vitesse, le débit, le type <strong>de</strong> véhicules, leur<br />

allure. Concernant la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s sites, il est précisé la<br />

démarche à suivre lorsqu’on ne dispose pas <strong>de</strong>s données<br />

topographiques, si l’on peut simplifier en prenant<br />

l’hypothèse d’un sol plat. Pour les hypothèses<br />

météorologiques : sont-elles nécessaires ? Si oui, comment<br />

obtenir <strong>de</strong>s valeurs détaillées ? En l’absence <strong>de</strong> données<br />

météo, comment prendre en compte ce paramètre ? Sont<br />

également abordés les aspects ayant trait au bâti : faut-il<br />

faire intervenir la hauteur du bâti ? Comment l’approximer si<br />

on ne connaît pas la hauteur du bâti ? Enfin, ce panorama<br />

<strong>de</strong>s données d’entrée se termine par les données <strong>de</strong><br />

population, élément très important, puisque les cartes <strong>de</strong><br />

bruit stratégiques doivent évaluer les populations exposées,<br />

mais données difficiles à obtenir <strong>de</strong> façon détaillée.<br />

Le gui<strong>de</strong> couvre ensuite le domaine <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

d’évaluation. Quelles sont les surfaces à cartographier ?<br />

Faut-il se limiter à la surface administrative, pour les<br />

gran<strong>de</strong>s agglomérations notamment ? Faut-il considérer<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s sources susceptibles d’impacter c<strong>et</strong>te<br />

surface administrative, auquel cas on peut être amenés à<br />

cartographier un peu plus que l’agglomération ? C<strong>et</strong>te partie<br />

traite également <strong>de</strong> la localisation <strong>de</strong>s points récepteurs.<br />

Les indicateurs préconisés par la directive n’étant pas ceux<br />

couramment utilisés en France pour les niveaux en faça<strong>de</strong>,<br />

la notion d’« indicateurs en champ libre » est explicitée <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong>s indications sont données sur la façon <strong>de</strong> prendre en<br />

compte ces indicateurs. À signaler toutefois que les avis<br />

divergent sur l’interprétation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te définition, <strong>et</strong> que la<br />

mise en pratique <strong>de</strong> ces indicateurs en champ libre n’est pas<br />

simple.<br />

La partie du gui<strong>de</strong> consacrée aux outils propose un co<strong>de</strong><br />

d’évaluation <strong>de</strong>s outils basé sur trois paramètres : facilité<br />

d’utilisation, précision <strong>et</strong> coût. Ces trois critères perm<strong>et</strong>tent<br />

<strong>de</strong> choisir les outils en fonction <strong>de</strong>s moyens dont on dispose,<br />

<strong>de</strong> la précision recherchée <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’importance qu’on accor<strong>de</strong><br />

à la facilité d’utilisation. Tel outil est-il facile à m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre ? Lorsque <strong>de</strong>s données détaillées sont <strong>de</strong>mandées,<br />

est-ce difficile à m<strong>et</strong>tre en œuvre ? Exemple : sera qualifié<br />

<strong>de</strong> simple un outil qui se contenterait <strong>de</strong> recourir à <strong>de</strong>s<br />

valeurs par défaut. Il importe également d’estimer la<br />

précision : en eff<strong>et</strong>, plus les données utilisées sont précises,<br />

plus les résultats à afficher seront, eux aussi, précis. Bien<br />

souvent, plus les données utilisées seront détaillées, plus le<br />

coût sera élevé.<br />

Considérons l’exemple <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> comptage <strong>de</strong>s débits <strong>de</strong><br />

trafic. Différentes métho<strong>de</strong>s d’évaluation du trafic sont<br />

comparées, sous l’angle <strong>de</strong> leur complexité, <strong>de</strong> leur<br />

précision <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur coût. On pourra envisager un comptage<br />

distinguant chacune <strong>de</strong>s trois pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la directive (jour,<br />

soirée, nuit), afin notamment <strong>de</strong> pouvoir évaluer le L <strong>de</strong>n .<br />

L’estimation peut aussi consister à sélectionner <strong>de</strong>s routes<br />

type, à compter le trafic pour ces routes, puis à extrapoler à<br />

tous les types <strong>de</strong> routes <strong>de</strong> même typologie. On pourra<br />

préférer l’utilisation <strong>de</strong> valeurs statistiques élaborées par<br />

<strong>de</strong>s instances officielles à partir d’une observation du<br />

réseau, ou encore l’utilisation <strong>de</strong> valeurs statistiques non<br />

officielles mais ayant été déterminées par une autorité<br />

locale. Enfin, tout simplement, considérer <strong>de</strong>s valeurs par<br />

défaut en fonction <strong>de</strong> la typologie routière proposée dans le<br />

gui<strong>de</strong>. Par ailleurs, chaque État membre est libre <strong>de</strong><br />

proposer ses valeurs nationales.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Les points qui font débat<br />

Parmi les points abordés dans le gui<strong>de</strong>, un certain nombre<br />

doivent encore faire l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> discussions mais, bien<br />

évi<strong>de</strong>mment, dans la version 2005 du document, ces points<br />

auront trouvé réponse. Il s’agit, d’une part, <strong>de</strong> préciser ce<br />

qu’on entend par « la faça<strong>de</strong> la plus exposée ». Les cartes<br />

<strong>de</strong> bruit stratégiques doivent être évaluées sur la faça<strong>de</strong> la<br />

plus exposée <strong>de</strong>s bâtiments, mais la directive en donne une<br />

définition plutôt géométrique, à savoir « la faça<strong>de</strong> qui, au<br />

regard <strong>de</strong> l’infrastructure, est la plus proche <strong>de</strong> celle-ci ».<br />

Or, le groupe <strong>de</strong> travail a jugé qu’une définition acoustique<br />

serait plus adaptée <strong>et</strong> qu’il convenait <strong>de</strong> prendre la faça<strong>de</strong><br />

réellement exposée au niveau sonore le plus élevé. Le<br />

<strong>de</strong>uxième point <strong>de</strong> discussion concerne la localisation <strong>de</strong>s<br />

points d’évaluation. Que dit la directive ? Il faut évaluer les<br />

niveaux <strong>sonores</strong> sur la faça<strong>de</strong> la plus exposée en vue <strong>de</strong><br />

déterminer la population exposée par plages <strong>de</strong> niveaux<br />

<strong>sonores</strong>. Pour déterminer les faça<strong>de</strong>s calmes, il faut évaluer<br />

les niveaux <strong>sonores</strong> à 2 mètres en avant <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Pour<br />

évaluer les superficies <strong>de</strong>s espaces exposés, il faut évaluer<br />

les niveaux <strong>sonores</strong> en champ libre dans l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

espaces, indépendamment <strong>de</strong>s bâtiments. Autrement dit, si<br />

l’on s’en tient à la stricte lecture <strong>de</strong> la directive, pour<br />

évaluer le niveau sonore en chacun <strong>de</strong> ces points, il faut<br />

réaliser trois séries <strong>de</strong> calculs. Le groupe <strong>de</strong> travail, pour sa<br />

part, recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne faire qu’une seule série <strong>de</strong> calculs,<br />

mais en prenant en compte toutes les réflexions, pour<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong> sur les faça<strong>de</strong>s les plus<br />

exposées <strong>et</strong> pour évaluer les niveaux à 2 m ; le groupe<br />

préconise enfin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>irer 3 dB pour correspondre à un<br />

niveau sonore en champ libre <strong>et</strong> ainsi se conformer à<br />

l’indicateur L <strong>de</strong>n <strong>de</strong>mandé.<br />

On est aussi en plein débat sur l’estimation <strong>de</strong>s populations.<br />

Les populations sont réparties dans les bâtiments, lesquels<br />

occupent une superficie <strong>et</strong> un volume en trois dimensions.<br />

La directive <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’évaluer les niveaux <strong>sonores</strong> à<br />

laquelle la population est exposée. L’ennui, c’est qu’elle<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne considérer qu’un seul point récepteur, situé<br />

sur la faça<strong>de</strong> la plus exposée d’un bâtiment, à 4 m <strong>de</strong><br />

hauteur. Comment affecte-t-on une population à un<br />

récepteur unique, sachant que le bruit se propage dans<br />

l’espace ? Sur ce point, le groupe <strong>de</strong> travail suggère <strong>de</strong><br />

déterminer <strong>de</strong>s ratios <strong>de</strong> population par m 2 , ou d’utiliser <strong>de</strong>s<br />

ratios officiels <strong>de</strong> population par m 2 , puis d’appliquer ces<br />

ratios à la surface estimée <strong>de</strong> chaque bâtiment multipliée<br />

par le nombre d’étages.<br />

Un autre point <strong>de</strong> la directive qui est remis en question <strong>et</strong><br />

qui, c<strong>et</strong>te fois-ci, ne bénéficie pas encore <strong>de</strong><br />

recommandations, concerne les zones calmes. C’est un suj<strong>et</strong><br />

difficile qui a donné lieu à un premier rapport en 2003<br />

réalisé par un bureau d’étu<strong>de</strong> britannique. Faute <strong>de</strong><br />

définitions satisfaisantes émanant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, il a été<br />

décidé <strong>de</strong> réaliser un bilan <strong>de</strong>s pratiques en matière <strong>de</strong><br />

définition <strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s zones calmes dans les pays<br />

ayant mis en œuvre c<strong>et</strong>te notion. Pour compléter ce travail,<br />

en 2004, une réunion entre le groupe WG-AEN <strong>et</strong> le groupe<br />

Santé <strong>et</strong> aspects socioéconomiques (WG-H & SEA) a permis<br />

d’élargir notre point <strong>de</strong> vue à <strong>de</strong>s considérations davantage<br />

teintées d’aspects socioéconomiques. Des idées<br />

intéressantes sont apparues <strong>et</strong> seront probablement reprises<br />

dans les recommandations que produira le groupe, mais,<br />

pour l’instant, aucune définition n’a émergé. Tout porte à<br />

croire que l’on s’oriente vers plusieurs définitions : l’une<br />

basée sur l’acoustique <strong>et</strong> l’autre sur l’usage <strong>de</strong>s espaces.<br />

Pour la définition acoustique, se posent notamment<br />

quelques interrogations. Faut-il recomman<strong>de</strong>r l’usage <strong>de</strong><br />

l’indicateur L <strong>de</strong>n ? Faut-il distinguer les trois pério<strong>de</strong>s — jour,<br />

soirée, nuit —, qui correspondraient à une occupation réelle<br />

<strong>de</strong> ces zones calmes ? Faut-il préconiser l’utilisation <strong>de</strong><br />

niveaux <strong>sonores</strong> absolus ? Ou plutôt recomman<strong>de</strong>r une<br />

émergence sonore par rapport au bruit ambiant, avec un<br />

dépassement <strong>de</strong> certains seuils pendant certaines pério<strong>de</strong>s ?<br />

Toutes ces questions restent encore en suspens.<br />

État d’avancement <strong>de</strong>s travaux<br />

Où en est le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique ? Les travaux<br />

s’appuient d’ores <strong>et</strong> déjà sur l’enquête lancée en 2004. Une<br />

nouvelle étu<strong>de</strong>, lancée en octobre 2004 <strong>et</strong> dont<br />

l’achèvement est prévu pour février 2005, vise à compléter<br />

le gui<strong>de</strong>, d’une part, par <strong>de</strong> nouveaux outils couvrant les<br />

domaines non encore pris en compte <strong>et</strong>, d’autre part, à<br />

quantifier l’impact <strong>de</strong>s solutions proposées. L’idée consiste<br />

à évaluer la précision <strong>de</strong>s données d’entrée au moyen <strong>de</strong><br />

valeurs chiffrées, <strong>et</strong> non <strong>de</strong> simples signes +++ <strong>et</strong> ---.<br />

Parmi les éléments envisagés dans la nouvelle version du<br />

gui<strong>de</strong>, figurent <strong>de</strong>s outils relatifs à la prise en compte <strong>de</strong>s<br />

revêtements <strong>de</strong> chaussée. Il s’agit <strong>de</strong> préciser quelles sont<br />

les hypothèses à prendre quand on ne connaît pas les<br />

revêtements <strong>de</strong> chaussée, quand on connaît mal la<br />

topographie <strong>de</strong>s sites, quand on ne sait pas estimer les<br />

hauteurs d’écrans à proximité <strong>de</strong>s infrastructures ou quand<br />

on ne connaît pas précisément la pente <strong>de</strong> l’infrastructure<br />

étudiée. De fait, tous ces éléments influent sensiblement sur<br />

la propagation.<br />

Quel impact en France d’un tel document ?<br />

L’utilisation <strong>de</strong> ce gui<strong>de</strong> dans les différents Etats membres<br />

ne sera pas obligatoire. Néanmoins, il est envisagé d’adapter<br />

ce gui<strong>de</strong> européen au contexte national français, en y<br />

convoquant les données <strong>et</strong> recommandations dont on dispose<br />

sur les spécificités françaises. C<strong>et</strong>te adaptation serait<br />

intégrée dans un Gui<strong>de</strong> méthodologique pour la réalisation<br />

<strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit stratégiques commandité par le<br />

ministère <strong>de</strong> l’Ecologie <strong>et</strong> du Développement durable.<br />

Destiné essentiellement aux collectivités locales, ce gui<strong>de</strong><br />

aura une portée large puisqu’il intègrera non seulement la<br />

prise en compte <strong>de</strong>s données d’entrée <strong>de</strong>s modèles mais<br />

également les métho<strong>de</strong>s envisageables, les outils disponibles<br />

pour m<strong>et</strong>tre en œuvre ces métho<strong>de</strong>s, <strong>et</strong> les<br />

recommandations sur la façon <strong>de</strong> produire les cartes. Tout<br />

ceci pour savoir répondre à la question suivante : quelles<br />

cartes fait-on, pour quels usages, comment les présente-t-on<br />

au public <strong>et</strong> comment les utilise-t-on pour élaborer les plans<br />

d’action ? Enfin, ce gui<strong>de</strong> sera complété par la présentation<br />

<strong>de</strong> quelques expériences existantes en France ou en Europe.<br />

Pour 2005, est donc prévue une nouvelle version du gui<strong>de</strong><br />

européen ; une première version du gui<strong>de</strong> français est<br />

prévue pour 2006.<br />

Le programme européen GIpSynoise : complémentarité entre calculs <strong>et</strong><br />

mesures ; stratégie <strong>de</strong> communication pour les cartographies du bruit<br />

Julie Vall<strong>et</strong> (Grand Lyon)<br />

Je suis en charge, au sein <strong>de</strong> la Communauté urbaine <strong>de</strong><br />

Lyon, du proj<strong>et</strong> GIpSynoise <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cartographie du bruit sur<br />

l’agglomération lyonnaise. Sont également associés à ce<br />

proj<strong>et</strong> GIpSynoise, Jacques Lambert, <strong>de</strong> l’Inr<strong>et</strong>s, Christine<br />

Aujard, <strong>de</strong> la société 01dB-Métravib, Bruno Vincent, qui<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 113


interviendra dans un instant, ainsi que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> mes<br />

collègues, Pierre Crépeaux <strong>et</strong> Anne Lesvignes.<br />

Nous présenterons tout d’abord le proj<strong>et</strong> GIpSynoise,<br />

préciserons ensuite quelles sont les complémentarités<br />

pouvant être apportées à nos calculs <strong>et</strong> nous interrogerons<br />

enfin sur l’exploitation <strong>de</strong> ces cartographies du bruit, tant<br />

vis-à-vis du public que <strong>de</strong>s agglomérations.<br />

Objectifs <strong>et</strong> moyens du Grand Lyon<br />

Pour améliorer l’environnement sonore <strong>de</strong>s populations du<br />

Grand Lyon, la communauté urbaine mène une stratégie<br />

s’articulant selon <strong>de</strong>ux axes : réduire <strong>et</strong> prévenir les<br />

nuisances <strong>sonores</strong> ; promouvoir le patrimoine sonore existant<br />

<strong>et</strong> le préserver. En termes d’outils, c<strong>et</strong>te démarche s’appuie<br />

d’abord sur <strong>de</strong>s diagnostics acoustiques <strong>de</strong> quartier, une<br />

approche patrimoniale confiée à Acoucité <strong>et</strong> regroupée sous<br />

le sigle DAQUAR. La partie modélisation <strong>et</strong> calculs, quant à<br />

elle, relève du programme européen GIpSynoise. Son but :<br />

réaliser un outil d’ai<strong>de</strong> à l’établissement <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit<br />

<strong>de</strong>mandées par la directive européenne. La <strong>de</strong>rnière<br />

batterie d’outils, enfin, concerne la mesure : le Grand Lyon<br />

est en passe <strong>de</strong> se doter d’un observatoire permanent <strong>de</strong><br />

mesure du bruit, avec, à terme, 30 points <strong>de</strong> mesure<br />

environ. À travers ces outils, la communauté urbaine <strong>de</strong><br />

Lyon entend planifier <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> prévention <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> réduction du bruit, afin d’intégrer le bruit aux outils<br />

trans-services <strong>de</strong> planification <strong>et</strong> <strong>de</strong> programmation (SCoT,<br />

PDU, PLU, PLH, OPAH).<br />

Le proj<strong>et</strong> GIpSynoise<br />

GIpSynoise est un système d’information géographique (SIG)<br />

qui a la particularité d’intégrer les aspects psychologiques<br />

<strong>de</strong> la perception du bruit, tels que la gêne sonore ou les<br />

perturbations du sommeil. Bien entendu, l’acoustique<br />

environnementale est aussi prise en compte, d’où le suffixe<br />

noise. C’est un proj<strong>et</strong> sur trois ans doté d’un budg<strong>et</strong> assez<br />

conséquent (1,3 millions d’euros). Les financeurs ? L’Europe,<br />

dans le cadre <strong>de</strong> Life Environment, <strong>et</strong> le ministère <strong>de</strong><br />

l’Écologie <strong>et</strong> du Développement durable.<br />

Structure du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> partenaires<br />

Le Grand Lyon est le chef <strong>de</strong> file du proj<strong>et</strong>, qui s’articule<br />

autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux comités. Un comité technique, dirigé par la<br />

société 01dB-M<strong>et</strong>ravib <strong>et</strong> composé <strong>de</strong> la fondation Forth<br />

(Université <strong>de</strong> Crète), un institut <strong>de</strong> recherche spécialisé<br />

dans les systèmes d’information géographique, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’Inr<strong>et</strong>s, qui apporte son expertise sur les indicateurs <strong>de</strong> la<br />

nuisance sonore <strong>et</strong> sur la perception <strong>de</strong>s cartes par la<br />

population. Le comité opérationnel, quant à lui, animé par<br />

Acoucité, regroupe 14 villes ou agglomérations<br />

européennes : Barcelone <strong>et</strong> Huelva (Espagne), Porto<br />

(Portugal), Prague (République tchèque), Szeged (Hongrie),<br />

les communautés urbaines <strong>de</strong> Lille, Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> Nantes, les<br />

communautés d’agglomérations d’Angers, Montbéliard <strong>et</strong><br />

Nice, <strong>et</strong> les Villes <strong>de</strong> Saint-Étienne <strong>et</strong> Boulogne-Billancourt.<br />

Si cinq pays sont représentés, le poids <strong>de</strong>s villes françaises<br />

est assez important. La taille diversifiée <strong>de</strong> ces villes est un<br />

point intéressant <strong>de</strong> ce panel européen.<br />

Architecture technique <strong>de</strong> l’outil<br />

L’outil GIpSynoise intègre la version 8.3 du SIG ArcView, qui<br />

est développé par la société Esri. Les calculs acoustiques se<br />

déroulent au niveau du logiciel CadnaA, développé par la<br />

société DataKustik. L’interface <strong>de</strong> l’utilisateur est constituée<br />

du SIG ArcView <strong>et</strong> <strong>de</strong> menus supplémentaires spécifiques à<br />

GIpSynoise. Les données SIG <strong>de</strong> l’agglomération, ainsi que<br />

d’autres données qui n’y seraient pas présentes, nécessitent<br />

tout d’abord d’être converties au format requis par<br />

GIpSynoise. C’est ce niveau du processus qui soulève le plus<br />

<strong>de</strong> questions. Les données manquantes suscitent pour nous<br />

le même type d’interrogations que celles rencontrées par le<br />

groupe européen WG-AEN. Shapefile, un format classique<br />

d’échange entre SIG, perm<strong>et</strong> ensuite d’intégrer les données<br />

sous ArcView. Rappelons au passage les différentes couches<br />

d’informations gérées au sein d’un SIG : topographie au sol,<br />

géométrie <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong>s rues <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bâtiments,<br />

données <strong>de</strong> population, données <strong>de</strong> trafic <strong>et</strong> d’autres types<br />

<strong>de</strong> données encore. CadnaA exploite alors toutes ces<br />

informations — cela peut prendre un temps assez<br />

conséquent, selon la taille <strong>de</strong> l’agglomération <strong>et</strong> la précision<br />

<strong>de</strong>s résultats — <strong>et</strong> renvoie la couche d’information<br />

acoustique à ArcView.<br />

Les données <strong>de</strong> sortie<br />

Tout ce processus aboutit, bien sûr, à <strong>de</strong>s cartes. Citons, par<br />

exemple, les cartes horizontales, représentant le niveau <strong>de</strong><br />

bruit à 4 mètres <strong>de</strong> hauteur, conformément à la directive ;<br />

les cartes <strong>de</strong> conflits, représentant les zones où certains<br />

seuils <strong>de</strong> bruit sont dépassés ; les cartes <strong>de</strong> population<br />

exposées. L’application fournit également <strong>de</strong>s tableaux,<br />

utiles pour comparer les situations entre elles ou <strong>de</strong>s sites<br />

entre eux. Enfin, l’application ambitionne aussi <strong>de</strong> proposer<br />

<strong>de</strong>s plans d’action, mais c<strong>et</strong> aspect <strong>de</strong> l’application est<br />

encore au sta<strong>de</strong> du développement. Sur ce suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s plans<br />

d’action, il reste notamment à préciser quels indicateurs<br />

prendre en compte <strong>et</strong> comment exploiter les possibilités du<br />

SIG pour gérer les priorités dans les plans d’action <strong>et</strong> pouvoir<br />

justifier ces actions.<br />

Malgré tout, la simulation numérique a ses limites : elle<br />

implique <strong>de</strong>s estimations, <strong>de</strong>s interpolations qui nécessitent<br />

d’être complétées par <strong>de</strong>s mesures sur site.<br />

Bruno Vincent (Acoucité)<br />

Je suis directeur d’Acoucité, l’observatoire <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore sous convention avec la<br />

communauté urbaine <strong>de</strong> Lyon. Acoucité est également un<br />

pôle <strong>de</strong> compétence où l’on r<strong>et</strong>rouve le Certu, le CSTB <strong>et</strong><br />

l’Inr<strong>et</strong>s.<br />

Points forts, points faibles d’une cartographie calculée<br />

Quels sont les principaux points à m<strong>et</strong>tre au crédit d’une<br />

cartographie sonore calculée ? La couverture totale <strong>de</strong><br />

l’agglomération, la présentation intuitive <strong>de</strong>s cartes, le<br />

caractère “objectif” <strong>de</strong>s simulations dans le temps <strong>et</strong> dans<br />

l’espace. Au chapitre <strong>de</strong>s reproches, on r<strong>et</strong>iendra que <strong>de</strong><br />

telles cartographies ne sont que le refl<strong>et</strong> <strong>de</strong> valeurs<br />

moyennes, qu’elles n’offrent que peu <strong>de</strong> variabilité<br />

temporelle, une prise en compte limitée <strong>de</strong>s paramètres<br />

météorologiques <strong>et</strong> une confiance relative <strong>de</strong> la population<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> la simulation “pure”. Ces cartes apportent donc<br />

une vision synthétique <strong>et</strong> constituent en cela <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong><br />

planification, mais elles ne perm<strong>et</strong>tent pas d’appréhen<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> manière satisfaisante le caractère variable, temporel <strong>et</strong><br />

environnemental du bruit.<br />

Les limites <strong>de</strong> la simulation<br />

Une carte <strong>de</strong> bruit calculée est en quelque sorte un état <strong>de</strong>s<br />

lieux obtenu à partir <strong>de</strong> paramètres moyens choisis <strong>de</strong><br />

manière arbitraire : valeurs <strong>de</strong> trafics moyens issues <strong>de</strong><br />

comptages, excluant la contribution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux-roues,<br />

contribution du trafic poids lourds souvent estimée, vitesses<br />

rarement mesurées, sans prise en compte <strong>de</strong> la variabilité<br />

<strong>de</strong>s comportements, météo standard, valeurs d’émissions<br />

<strong>sonores</strong> élémentaires moyennes d’un véhicule, toutes ces<br />

données n’offrent pas forcément les plus hautes garanties <strong>de</strong><br />

représentativité <strong>de</strong> la réalité. Dès lors, les enseignements à<br />

tirer <strong>de</strong>s simulations sont davantage à trouver du côté <strong>de</strong>s<br />

écarts que <strong>de</strong>s valeurs absolues.<br />

Un exemple : le Grand Lyon mesure <strong>de</strong>puis plusieurs années<br />

les niveaux <strong>de</strong> bruit en quelques points <strong>de</strong> l’agglomération<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


lyonnaise ; certains lundis, ces mesures révèlent <strong>de</strong>s<br />

amplitu<strong>de</strong>s étonnantes entre le jour <strong>et</strong> la nuit, <strong>de</strong> presque<br />

12 dB, alors que certains samedis, c<strong>et</strong> écart jour-nuit est à<br />

peine <strong>de</strong> 3 dB. On imagine bien, sur le plan <strong>de</strong> la perception,<br />

toute la variabilité <strong>de</strong> l’environnement sonore à laquelle<br />

peut être confronté un habitant d’un site <strong>de</strong> ce type.<br />

Pourtant, une cartographie basée sur <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> trafic<br />

moyen ne restituera qu’un indice moyen. C’st la raison pour<br />

laquelle le Grand Lyon a pris la décision <strong>de</strong> se doter d’un<br />

observatoire métrologique permanent.<br />

Vali<strong>de</strong>r <strong>et</strong> renforcer la légitimité <strong>et</strong> la précision <strong>de</strong>s<br />

calculs par la mesure<br />

Un tel observatoire présente plusieurs avantages. Il perm<strong>et</strong> :<br />

<strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> la variabilité temporelle <strong>et</strong><br />

contextuelle du bruit ; d’évaluer <strong>et</strong> d’envisager <strong>de</strong>s solutions<br />

aux bruits événementiels <strong>de</strong> type trafic ou chantier ; <strong>de</strong><br />

mener une exploitation épidémiologique, par le couplage,<br />

notamment, sur certains sites <strong>de</strong> l’agglomération, avec le<br />

réseau Coparly d’observation permanente <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong><br />

l’air à Lyon ; d’adopter une démarche “patrimoniale”<br />

consistant à suivre le bruit <strong>de</strong> fond <strong>et</strong> les ambiances <strong>sonores</strong><br />

sur le très long terme, afin <strong>de</strong> décrire l’existant <strong>et</strong> <strong>de</strong> le<br />

sauvegar<strong>de</strong>r ; <strong>de</strong> faciliter l’information <strong>et</strong> la communication<br />

avec le public, puisque nombre d’étu<strong>de</strong>s le disent plus<br />

sensible <strong>et</strong> confiant dans la mesure que dans le calcul.<br />

Les points <strong>de</strong> mesure r<strong>et</strong>enus se répartissent en trois<br />

familles. Les mesures permanentes sont réservées à <strong>de</strong>s<br />

zones urbaines dites “représentatives” : zones très<br />

dégradées (situations critiques), zones conflictuelles, zones<br />

sensibles (écoles, hôpitaux…), réserves <strong>de</strong> silence, zones<br />

calmes, parcs, lieux emblématiques. La <strong>de</strong>uxième famille<br />

correspond à <strong>de</strong>s mesures réalisées sur le long terme, en<br />

amont <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s d’aménagement ? Enfin, les mesures à<br />

court terme, sur une ou plusieurs semaines, s’adresseront à<br />

<strong>de</strong>s circonstances plus évènementielles : chantier,<br />

événement festif, ou expériences (journée sans voiture,<br />

zone « 30 », <strong>et</strong>c.).<br />

Reste évi<strong>de</strong>mment à définir l’articulation entre les données<br />

issues du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> cartographie conforme à la directive<br />

européenne <strong>et</strong> celles fournies par le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> réseau<br />

permanent <strong>de</strong> mesures du bruit.<br />

Les attentes du grand public en matière <strong>de</strong> cartographie<br />

du bruit<br />

Je vais présenter maintenant les résultats du vol<strong>et</strong><br />

communication du proj<strong>et</strong> GIpSynoise, qui a été<br />

principalement mené par l’Inr<strong>et</strong>s (je m’exprime ici en<br />

remplacement <strong>de</strong> Jacques Lambert, qui n’a pu être présent<br />

aujourd’hui).<br />

Il y a au moins trois bonnes questions à se poser quand on<br />

souhaite informer au moyen <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> bruit : sur quoi<br />

veut-on communiquer ? comment se faire comprendre ? avec<br />

quelle crédibilité ? Pour progresser sur ces questions, l’Inr<strong>et</strong>s<br />

s’est interrogé sur la nature, la présentation, la qualité <strong>et</strong><br />

les modalités <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s informations liées aux cartes<br />

<strong>de</strong> bruit stratégiques. Afin <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> décrypter les<br />

principales attentes du public, une enquête auprès <strong>de</strong><br />

citadins du Grand Lyon a été menée. Les entr<strong>et</strong>iens ont<br />

porté sur le contenu <strong>de</strong>s cartes, leur présentation,<br />

l’accessibilité à l’information, l’utilité <strong>de</strong>s cartes <strong>et</strong> les<br />

impacts <strong>de</strong> la publication <strong>de</strong>s cartes. Malgré une faible<br />

connaissance <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> supports, l’échantillon interrogé<br />

exprime un intérêt fort pour ce type d’information. Les<br />

résultats <strong>de</strong> l’enquête expriment une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale forte<br />

pour : <strong>de</strong>s cartes à zones dynamiques, incluant les plans<br />

d’actions ; <strong>de</strong>s cartes parlantes, claires <strong>et</strong> ludiques,<br />

comportant un nombre limité <strong>de</strong> couleurs mais <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s<br />

explicatives précises <strong>et</strong> un lien avec les eff<strong>et</strong>s du bruit sur la<br />

santé ; <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit exprimés à l’échelle <strong>de</strong> la ville,<br />

du quartier <strong>et</strong> <strong>de</strong> la rue ; <strong>de</strong>s cartes du bruit <strong>de</strong>s transports<br />

mais aussi <strong>de</strong> l’industrie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux publics ; <strong>de</strong>s cartes<br />

distinguant le jour, la soirée <strong>et</strong> la nuit.<br />

Autre enseignement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête, Intern<strong>et</strong> est pressenti<br />

comme un bon support, mais <strong>de</strong>s documents papiers en<br />

mairie, voire même en agence immobilière, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bornes<br />

interactives dans les bâtiments administratifs, seraient<br />

également appréciés. Il apparaît aussi que les personnes<br />

interrogées envisagent <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r leurs choix d’habitation <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> lieux <strong>de</strong> loisirs sur ces cartes <strong>de</strong> bruit. Enfin, <strong>de</strong>rnier<br />

élément, les personnes enquêtées soulignent l’impact d’une<br />

cartographie du bruit sur le marché immobilier local <strong>et</strong> sur<br />

l’augmentation <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience du public, en tant<br />

qu’outil <strong>de</strong> pression sur les autorités locales.<br />

Julie Vall<strong>et</strong><br />

Quelles sont donc les gran<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> l’évaluation <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

gestion du bruit dans l’environnement, au sens <strong>de</strong> la<br />

directive ? Tout d’abord, évaluer la situation présente, en<br />

i<strong>de</strong>ntifiant notamment les zones calmes à protéger <strong>et</strong> les<br />

zones bruyantes à forte population. Puis, définir les<br />

scénarios, par <strong>de</strong>s simulations d’actions <strong>de</strong> prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

résorption <strong>de</strong>s zones bruyantes à forte population. Définir<br />

ensuite les plans d’action, en hiérarchisant les actions. À ce<br />

sta<strong>de</strong>, la concertation s’impose : celle-ci suppose la<br />

présentation au public <strong>de</strong>s zones bruyantes à traiter <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

scénarios d’action envisagés. Après prise en compte <strong>de</strong>s<br />

remarques du public, on réalise <strong>de</strong>s documents “partagés”<br />

<strong>de</strong> planification à un horizon <strong>de</strong> cinq ans. Enfin, si possible,<br />

il serait intéressant <strong>de</strong> réévaluer les actions pour<br />

éventuellement les faire repasser par les étapes du<br />

processus, s’il y a besoin <strong>de</strong> les compléter.<br />

Conclusions<br />

La démarche du Grand Lyon est résolument ancrée dans<br />

l’association simultanée <strong>de</strong>s mesures <strong>et</strong> du calcul. Un<br />

constat : la gestion du bruit urbain nécessite une<br />

coopération renforcée entre services (acousticiens,<br />

urbanistes, informaticiens, déplacement, communication). À<br />

Lyon, la communication sera programmée très en amont afin<br />

que la population soit prête à tirer parti <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit<br />

lorsque celles-ci seront diffusées.<br />

Une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> cartographie simplifiée adaptée à l’interurbain<br />

Francis Besnard (Service d’étu<strong>de</strong>s techniques<br />

<strong>de</strong>s routes <strong>et</strong> autoroutes)<br />

Les villes n’ont pas l’exclusivité <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong>. En<br />

milieu rural, le long <strong>de</strong>s axes interurbains, le bruit est,<br />

hélas, bien présent. Mais, par rapport au milieu urbain, le<br />

problème est plus simple parce que la source est bien<br />

i<strong>de</strong>ntifiée. Cela offre <strong>de</strong>s possibilités d’imaginer <strong>de</strong>s<br />

approches spécifiques, dans la dimension transversale.<br />

Définition <strong>de</strong>s grands axes routiers<br />

Au sens <strong>de</strong> la directive <strong>de</strong> juin 2002, un grand axe routier est<br />

une route régionale, nationale ou internationale dont le<br />

trafic annuel est supérieur à 3 millions <strong>de</strong> véhicules. Ce qui<br />

représente une moyenne <strong>de</strong> 8200 véhicules par jour, ou <strong>de</strong> 8<br />

véhicules par minute en journée, soit l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 115


trafic d’une route moyenne. L’ordonnance <strong>de</strong> transposition<br />

<strong>de</strong> novembre 2004, par rapport à la définition <strong>de</strong> la<br />

directive, a introduit une modification du critère <strong>de</strong><br />

qualification <strong>de</strong>s axes : seul le critère du seuil <strong>de</strong> trafic est<br />

conservé, celui <strong>de</strong> la fonctionnalité — qui distinguait les<br />

routes régionales, nationales <strong>et</strong> internationales — étant<br />

abandonné. D’un côté, cela apporte une simplification : on<br />

s’affranchit ainsi <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> définir, en France, ce<br />

qu’est une route régionale ; mais, <strong>de</strong> l’autre, la<br />

conséquence est qu’une route relativement locale sur le<br />

plan, disons, fonctionnel, mais qui dépasse les 8200<br />

véhicules/jour, <strong>de</strong>vra être cartographiée. Autre<br />

conséquence : dans une agglomération <strong>de</strong> 99 000 habitants<br />

qui, normalement, n’est pas concernée par les cartes <strong>de</strong><br />

bruit stratégiques, si une avenue dépasse les 8200<br />

véhicules/jour, une carte spécifique pour c<strong>et</strong>te avenue<br />

<strong>de</strong>vra être établie.<br />

Le linéaire concerné<br />

Pour les routes nationales, on peut dire qu’environ la moitié<br />

du linéaire dépasse le seuil <strong>de</strong> trafic <strong>de</strong> 8200 véhicules/jour.<br />

Pour les autoroutes, 90% <strong>de</strong>s 10 000 km <strong>de</strong> linéaire<br />

autoroutier sont concernés. En revanche, pour les routes<br />

départementales (RD) <strong>et</strong> les voies communales (VC), on est,<br />

pour l’heure, incapables d’estimer le linéaire concerné par<br />

ce seuil <strong>de</strong> trafic. Le pourcentage est certainement assez<br />

faible, mais quelques pourcents <strong>de</strong> 360 000 km (RD) ou<br />

610 000 km (VC) ne sont pas forcément négligeables. Pour le<br />

réseau routier national, le linéaire à cartographier atteint<br />

donc 23 000 km. Pour les routes départementales, une<br />

hypothèse <strong>de</strong> 3% du linéaire représenterait 10 000 km<br />

environ. Quant aux voies communales, l’estimation est par<br />

trop hasar<strong>de</strong>use.<br />

Intéressons-nous maintenant à la distance transversale à<br />

l’axe routier sur laquelle la cartographie doit porter. La<br />

carte doit représenter les zones exposées à un niveau sonore<br />

L <strong>de</strong>n supérieur à 55 dB(A). Sur site dégagé, dans certains cas<br />

<strong>de</strong> trafic élevé, ce niveau peut être atteint à 600 m <strong>de</strong> l'axe<br />

routier. Par conséquent, pour les sites dont on ne connaît<br />

pas a priori la topographie, le recueil <strong>de</strong> données <strong>de</strong>vra<br />

porter sur une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ordre <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la<br />

route. Si l’on applique c<strong>et</strong>te valeur aux 23 000 km<br />

d’autoroutes <strong>et</strong> <strong>de</strong> routes nationales, on aboutit à une<br />

superficie maximum à cartographier <strong>de</strong> 25 000 km 2 . Même si<br />

c<strong>et</strong>te zone ne doit pas nécessairement être étudiée<br />

finement, la collecte <strong>de</strong> données sur une telle zone<br />

représente pour le moins un travail conséquent.<br />

Démarche préconisée par la directive<br />

Pour réaliser ce travail, lorsque l’État membre ne dispose<br />

pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> nationale approuvée, la directive<br />

recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> recourir à la métho<strong>de</strong> NMPB-Routes-96, la<br />

métho<strong>de</strong> française développée pour les étu<strong>de</strong>s d’impact <strong>de</strong><br />

proj<strong>et</strong>s d’infrastructures <strong>et</strong> le dimensionnement <strong>de</strong><br />

protections acoustiques. L’avantage <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> est sa<br />

précision, son inconvénient, sa complexité (temps <strong>de</strong> calculs<br />

importants, nécessité d’une <strong>de</strong>scription très détaillée <strong>de</strong>s<br />

sites). Recueillir <strong>de</strong>s données très détaillées prend du temps<br />

<strong>et</strong> coûte cher. Qui plus est, <strong>de</strong> telles données ne sont pas<br />

toujours disponibles. Le traitement <strong>de</strong>s données est lourd <strong>et</strong><br />

très onéreux même lorsqu'une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong>s sites<br />

est disponible. On peut certes appliquer la NMPB-Routes sans<br />

données d’entrée détaillées, mais alors, à quoi bon utiliser<br />

un outil complexe ? Certes, les systèmes <strong>de</strong> bases <strong>de</strong><br />

données géographiques se répan<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus, mais,<br />

malheureusement, elles sont moins répandues pour le milieu<br />

rural que pour le milieu urbain. Même si les prévisions sont<br />

optimistes, il faut s’attendre à ce que l’objectif d’une<br />

couverture <strong>de</strong> l’ensemble du territoire français pour 2007 ne<br />

soit pas atteint.<br />

Rappels <strong>de</strong> la directive sur le contenu <strong>de</strong>s cartes<br />

Tout d’abord, la directive <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s calculs à<br />

4 m au-<strong>de</strong>ssus du sol <strong>et</strong> <strong>de</strong> caractériser chaque bâtiment par<br />

le niveau sonore <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> la plus exposée. Il ne s’agit ni<br />

<strong>de</strong> donner le niveau sonore à chaque fenêtre, ni en faça<strong>de</strong><br />

arrière du bâtiment, ni au dixième étage, quand celui-ci<br />

comporte dix étages, mais <strong>de</strong> représenter l’exposition au<br />

bruit <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s habitants du bâtiment par un seul<br />

point d’évaluation. Un raccourci réducteur mais nécessaire,<br />

compte tenu du linéaire important à traiter. D’autant que<br />

les cartes stratégiques, telles qu’elles sont définies dès le<br />

premier article <strong>de</strong> la directive, visent trois objectifs<br />

principaux : informer la population <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> la population ;<br />

fournir à la Commission une base pour établir <strong>de</strong>s<br />

propositions d’action <strong>de</strong> l’Union européenne ; fournir aux<br />

autorités locales une base pour l’établissement <strong>de</strong>s plans<br />

d’action. Or, quelle est la démarche usuelle d’élaboration<br />

d’un plan d’action, adoptée notamment par les<br />

observatoires du bruit ? On réalise en premier lieu un<br />

diagnostic, afin d’i<strong>de</strong>ntifier les situations répondant aux<br />

critères d’intervention préalablement fixés (seuil <strong>de</strong> niveau<br />

sonore, type <strong>de</strong> population, type d’activité). On définit<br />

ensuite <strong>de</strong>s priorités d’intervention, car, naturellement,<br />

tous les sites i<strong>de</strong>ntifiés ne peuvent être traités d’un coup.<br />

Pour c<strong>et</strong>te première étape, une métho<strong>de</strong> simplifiée suffit.<br />

Dans un <strong>de</strong>uxième temps, pour les situations répondant aux<br />

priorités, les mesures techniques à appliquer sont définies,<br />

en ayant là recours à une précision relevant <strong>de</strong> la démarche<br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> d’impact. En d’autres termes, ce n’est que dans<br />

un <strong>de</strong>uxième temps que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s précises sont requises. À<br />

l’étape n°1, une métho<strong>de</strong> simplifiée, non seulement suffit,<br />

mais est nécessaire, pour alléger les coûts d’étu<strong>de</strong>.<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité d’une métho<strong>de</strong> simplifiée <strong>de</strong><br />

cartographie du bruit <strong>de</strong>s routes interurbaines<br />

Ce constat effectué, le S<strong>et</strong>ra a engagé une étu<strong>de</strong>, à laquelle<br />

participent un certain nombre <strong>de</strong> centres d'étu<strong>de</strong>s<br />

techniques <strong>de</strong> l'Équipement (CETE <strong>de</strong> l'Est, <strong>de</strong> Lyon,<br />

Méditerranée, Nord-Picardie, du Sud-Ouest). L’objectif ?<br />

Tester l’intérêt <strong>de</strong> diverses sources <strong>de</strong> données disponibles,<br />

<strong>de</strong> sources <strong>de</strong> données géographiques notamment <strong>et</strong>,<br />

surtout, évaluer la faisabilité d’une métho<strong>de</strong> simplifiée <strong>de</strong><br />

cartographie <strong>de</strong>s routes interurbaines qui pourrait être<br />

utilisée en l'absence <strong>de</strong> données <strong>de</strong> site détaillées, ou<br />

lorsque <strong>de</strong>s données détaillées sont disponibles mais que<br />

leur traitement est jugé trop lourd. C<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait<br />

bien entendu conserver un niveau <strong>de</strong> précision acceptable.<br />

La démarche a consisté à considérer une douzaine <strong>de</strong> sites,<br />

chacun d’une longueur moyenne <strong>de</strong> 1,5 km, ayant fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s CETE. Pour chacun <strong>de</strong>s sites,<br />

une <strong>de</strong>scription précise, s’appuyant sur <strong>de</strong>s relevés<br />

géométriques <strong>et</strong> topographiques, était disponible. Dans le<br />

choix <strong>de</strong>s sites, l’on a recherché une gran<strong>de</strong> variété<br />

typologique, tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la topographie que du<br />

type <strong>de</strong> bâti, <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité, du profil en travers <strong>de</strong> la route<br />

ou <strong>de</strong> la présence d’écrans acoustiques.<br />

Dans une première phase, <strong>de</strong>s cartes strictement conformes<br />

à la directive ont été établies, en appliquant la métho<strong>de</strong><br />

NMPB-Routes-96. Les calculs n’ont pas été directement<br />

réalisés en L <strong>de</strong>n , mais en niveau équivalent L Aeq , moyennant<br />

donc une équivalence grossière, mais, l’idée étant <strong>de</strong> tester<br />

une faisabilité, il n’importait pas tant <strong>de</strong> travailler<br />

directement sur les L <strong>de</strong>n . Pour chacun <strong>de</strong>s sites, ont été<br />

évaluées les surfaces <strong>de</strong> L <strong>de</strong>n dépassant les seuils fixés par la<br />

directive, soit 55, 65 <strong>et</strong> 75 dB. Le nombre <strong>de</strong> bâtiments<br />

exposés a également été déterminé, par classe <strong>de</strong> 5 dB.<br />

L’idée était <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> référence, auxquels<br />

pourraient ensuite être comparée l’information obtenue au<br />

moyen <strong>de</strong> diverses métho<strong>de</strong>s simplifiées.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


Le <strong>de</strong>uxième vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> s’est attaché à tester diverses<br />

sources <strong>de</strong> données <strong>et</strong>, surtout, à appliquer plusieurs<br />

variantes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> simplifiée, afin d’obtenir <strong>de</strong>s résultats<br />

(superficies <strong>et</strong> nombre <strong>de</strong> bâtiments par isophone <strong>de</strong> 5 dB) à<br />

comparer aux résultats <strong>de</strong> référence. L’accent a été mis sur<br />

une métho<strong>de</strong> simplifiée particulière se fondant sur <strong>de</strong>s<br />

profils-type <strong>de</strong> site définis à partir <strong>de</strong> trois paramètres<br />

seulement : le profil en travers <strong>de</strong> la route, les protections<br />

en bordure <strong>et</strong> la pente du terrain. Pour le profil en travers,<br />

cinq cas différents ont été considérés : <strong>de</strong>ux hauteurs <strong>de</strong><br />

remblai, <strong>de</strong>ux profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> déblai <strong>et</strong> une route au niveau<br />

du terrain naturel. Trois cas <strong>de</strong> protections (écran, butte) en<br />

bordure <strong>de</strong> route ont été envisagés : hauteur 3 m, hauteur 5<br />

m, ou absence <strong>de</strong> protection. Quant à la pente du terrain<br />

naturel, un terrain montant, <strong>de</strong>scendant ou plan a été<br />

considéré, correspondant à quatre possibilités différentes.<br />

La combinaison <strong>de</strong> toutes ces possibilités aboutit à 60<br />

profils-types différents (5 × 3 × 4), pour lesquels une route<br />

infiniment longue a été modélisée (profil constant dans la<br />

direction <strong>de</strong> la route). Un ensemble <strong>de</strong> récepteurs, placés à<br />

4 m <strong>de</strong> hauteur, conformément à la directive, ont été<br />

répartis, entre 10 m <strong>et</strong> 1200 m <strong>de</strong> distance, au droit<br />

<strong>de</strong>squels l’on a calculé l’atténuation en propagation <strong>de</strong><br />

l’énergie sonore, au moyen <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> NMPB-Routes-96.<br />

Les résultats obtenus pour chacun <strong>de</strong>s profils-types ont<br />

ensuite alimenté une base <strong>de</strong> données perm<strong>et</strong>tant à un<br />

opérateur <strong>de</strong> choisir le profil le plus adapté au site<br />

considéré : sol montant d’un côté, <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> l’autre,<br />

présence <strong>de</strong> protections acoustiques, <strong>et</strong>c. Sur un tronçon<br />

considéré comme relativement homogène du point <strong>de</strong> vue<br />

<strong>de</strong>s trois paramètres, l’application calcule alors l’émission<br />

sonore L W/m <strong>de</strong> la route <strong>et</strong> la distance correspondant aux<br />

isophones recherchés (L <strong>de</strong>n 55 <strong>et</strong> 65 dB).<br />

D’aucuns jugeront que nous n’avons rien inventé, qu’il s’agit<br />

ici ni plus ni moins d’une variante du Gui<strong>de</strong> du bruit <strong>de</strong>s<br />

transports terrestres publié en 1980, quand le Certu<br />

s’appelait encore le C<strong>et</strong>ur. Ce n’est pas faux, à ceci près<br />

que l’on profite ici <strong>de</strong>s outils informatiques, <strong>et</strong> qu’il n’est<br />

pas certain que le Gui<strong>de</strong> du bruit considère 60 cas<br />

différents. Qui plus est, nous espérons aller plus loin que ces<br />

seuls soixante cas. Il n’y a rien d’étonnant à ce que notre<br />

approche, en eff<strong>et</strong>, ne soit pas si éloignée <strong>de</strong> l’esprit du<br />

Gui<strong>de</strong> du bruit, car notre métho<strong>de</strong> correspond à un niveau<br />

<strong>de</strong> détail comparable à celui que s’était fixé le C<strong>et</strong>ur pour<br />

son gui<strong>de</strong>.<br />

Résultats provisoires<br />

Sur huit sites, les erreurs sur les superficies calculées ont<br />

été évaluées. L’erreur globale sur l’ensemble <strong>de</strong>s sites est<br />

<strong>de</strong> 2% pour l’isophone 65 dB <strong>et</strong> <strong>de</strong> 0% pour l’isophone 55 dB.<br />

L’erreur maximale (en valeur absolue) sur l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

sites, le paramètre réellement révélateur <strong>de</strong> la pertinence<br />

<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>, est <strong>de</strong> 16% pour l’isophone 65 dB <strong>et</strong> <strong>de</strong> 35%<br />

pour l’isophone 55 dB. Autrement dit, si la distance réelle<br />

<strong>de</strong> l’isophone 55 est <strong>de</strong> 300 mètres, sur quelques sites, il<br />

existe un risque que la distance à la source <strong>de</strong> c<strong>et</strong> isophone<br />

soit estimée à 200 m ou à 400 m. Certes, cela manque <strong>de</strong><br />

précision, mais il faut gar<strong>de</strong>r à l’esprit qu’une incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

35% sur la distance équivaut à 2 dB environ en termes <strong>de</strong><br />

niveau sonore. Et l’écart moyen assez faible observé pour<br />

l’isophone 65 nous perm<strong>et</strong> d’être optimistes. D’autant qu’il<br />

ne s’agit là que d’une version provisoire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te approche.<br />

Les sources d’erreur<br />

Ces écarts sont, au premier chef, liés à l’insuffisante<br />

représentativité du profil type choisi par rapport au site<br />

traité. Une piste d’amélioration pourrait consister à<br />

compléter l’éventail <strong>de</strong> profils types, qui pourrait passer à<br />

90 profils. Une autre idée serait <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r par<br />

interpolation entre les profils types encadrant le site traité.<br />

Par exemple, pour un site en déblai <strong>de</strong> 3 m, pourquoi ne pas<br />

considérer une sorte <strong>de</strong> moyenne, intermédiaire entre un<br />

déblai <strong>de</strong> 2 m <strong>et</strong> un déblai <strong>de</strong> 4 m ? Une <strong>de</strong>uxième<br />

explication pour ces écarts est à trouver du côté <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong><br />

du bâti sur la propagation sonore, que nous n’avons pas pris<br />

en compte. Comme il n’est pas envisageable d’ajouter un<br />

quatrième paramètre, ce qui compliquerait trop la métho<strong>de</strong>,<br />

il nous faut étudier un correctif simple pour une meilleure<br />

précision prenant en compte le bâti. Troisième source<br />

d’erreur : les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bord. Nous raisonnons à profil en<br />

travers constant sur un tronçon <strong>de</strong> plusieurs centaines <strong>de</strong><br />

mètres, voire plusieurs kilomètres, si cela semble<br />

raisonnable. Or, l’on passe d’un tronçon à un autre <strong>de</strong><br />

manière discontinue, alors que la réalité est plus lissée.<br />

Fatalement, ces eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> bord se traduisent localement par<br />

<strong>de</strong>s imprécisions. Mais, rappelons-le, il s’agit surtout <strong>de</strong><br />

produire <strong>de</strong>s informations à une échelle globale perm<strong>et</strong>tant<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier les zones à problèmes, <strong>et</strong> non <strong>de</strong> prévoir à coup<br />

sûr le niveau sonore en faça<strong>de</strong> d’un bâtiment donné.<br />

Conclusions<br />

La cartographie stratégique, pour les grands axes routiers<br />

concernés par la directive, concerne un linéaire<br />

relativement élevé. Il est <strong>de</strong> 23 000 km pour le réseau<br />

national ; pour les voies départementales <strong>et</strong> communales, ce<br />

linéaire n’a pas encore été estimé. Notre démarche<br />

participe d’un sentiment que la métho<strong>de</strong> NMPB-Routes-96<br />

est trop lour<strong>de</strong> pour traiter la majorité <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit<br />

stratégiques. Il n’est pas exclu <strong>de</strong> l’appliquer sur les sites<br />

considérés comme les plus complexes, mais tout porte à<br />

croire que ces cas difficiles ne représentent qu’un faible<br />

pourcentage du réseau routier. Le bilan <strong>de</strong> l’expérience<br />

menée par le S<strong>et</strong>ra est encourageant : il est possible <strong>de</strong><br />

développer une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul simplifiée, globalement<br />

pertinente (erreur moyenne proche <strong>de</strong> zéro sur un grand<br />

nombre <strong>de</strong> sites) <strong>et</strong> localement pertinente (erreur<br />

acceptable sur quelques kilomètres <strong>de</strong> linéaire), susceptible<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les zones à traiter dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

plans d'action. En revanche, c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> n’a absolument<br />

pas vocation à remplacer la métho<strong>de</strong> NMPB pour les étu<strong>de</strong>s<br />

d’impact.<br />

Débat<br />

Des conséquences <strong>de</strong> données moins<br />

détaillées sur la précision <strong>de</strong>s cartes<br />

Daniel Pillant : À travers ces présentations, nous avons donc<br />

abordé trois niveaux d’appréhension <strong>de</strong> la directive : la<br />

démarche dictée par l’instance européenne, les pratiques<br />

<strong>de</strong>s collectivités locales <strong>et</strong> la cartographie <strong>de</strong>s<br />

infrastructures. Ces différentes interventions soulignent à<br />

quel point la démarche <strong>de</strong> réalisation d’une cartographie ne<br />

saurait s’affranchir d’une question essentielle : pourquoi<br />

établit-on <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit ? Julie Vall<strong>et</strong> <strong>et</strong> Bruno Vincent<br />

y ont répondu : pour mener <strong>de</strong>s plans d’actions, pour<br />

prendre en compte la notion <strong>de</strong> bruit dans les outils <strong>de</strong><br />

planification. J’ai également trouvé intéressantes les cartes<br />

<strong>de</strong> conflits proposées par l’outil GIpSynoise.<br />

Michel Vall<strong>et</strong> : Ma question s’adresse à Nathalie Fürst, qui a<br />

souligné les sources d’imprécision <strong>et</strong> les difficultés<br />

inhérentes à la collecte <strong>de</strong>s données d’entrées. D’une part,<br />

vous n’avez pas abordé le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s logiciels <strong>et</strong>, d’autre<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 117


part, vous avez évoqué une étu<strong>de</strong> menée par votre groupe<br />

<strong>de</strong> travail à l’issue <strong>de</strong> laquelle l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

précision sera connu. C<strong>et</strong>te précision sera-t-elle <strong>de</strong> l’ordre<br />

<strong>de</strong> 1 dB, <strong>de</strong> 3 dB ou plus ?<br />

Nathalie Fürst : Les outils ne perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

œuvre que <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s. Ce sur quoi le groupe <strong>de</strong> travail<br />

est amené à se pencher, c’est justement sur les données<br />

d’entrée <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s. Une fois les bonnes données<br />

d’entrée collectées, peu importe l’outil utilisé pour<br />

programmer ces métho<strong>de</strong>s. Notre objectif n’est pas non plus<br />

<strong>de</strong> concevoir une métho<strong>de</strong>, ni <strong>de</strong> s’inquiéter <strong>de</strong> sa précision.<br />

L’objectif <strong>de</strong>s travaux en cours est <strong>de</strong> prévoir les<br />

répercussions du type <strong>de</strong> données utilisées sur la pertinence<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s niveaux <strong>sonores</strong>. Prenons un exemple :<br />

conformément aux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence préconisées par<br />

l’actuelle directive — dont fait partie, pour le domaine<br />

routier, la NMPB-96 —, les comptages <strong>de</strong> trafic par pério<strong>de</strong><br />

(jour, soirée <strong>et</strong> nuit) sont les données les plus détaillées qui<br />

soient. En cela, les plages <strong>de</strong> niveaux <strong>sonores</strong> <strong>et</strong> la<br />

population exposée correspondant à ces données détaillées<br />

constituent l’évaluation <strong>de</strong> référence, l’étalon <strong>de</strong> fiabilité<br />

maximale <strong>de</strong>s résultats, en quelque sorte. Des données <strong>de</strong><br />

trafic basées sur <strong>de</strong>s formules statistiques, moins précises<br />

donc, auront, quant à elles, toutes les chances d’être<br />

décalées <strong>de</strong> quelques dizaines <strong>de</strong> mètres par rapport aux<br />

plages <strong>de</strong> référence, <strong>de</strong> même pour la population exposée,<br />

qui accusera un décalage en pourcents par rapport à la<br />

valeur <strong>de</strong> référence. Le but <strong>de</strong> notre démarche est <strong>de</strong><br />

pouvoir prédire c<strong>et</strong> écart <strong>de</strong> qualité par rapport à un étalon<br />

<strong>de</strong> fiabilité maximale correspondant à <strong>de</strong>s données plus<br />

précises.<br />

Métho<strong>de</strong>s complexes avec données simplifiées<br />

contre métho<strong>de</strong> simplifiée<br />

Jean-Pierre Clairbois (A-Tech, Bruxelles) : M. Besnard,<br />

votre exposé me réjouit car vous apportez la confirmation<br />

que, <strong>de</strong>puis vingt ans, l’on fait <strong>de</strong>s choses intelligentes. La<br />

métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> zoom est une métho<strong>de</strong> d’ingénierie qui<br />

s’applique d’office sur <strong>de</strong>s cas complexes <strong>et</strong> <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

envergure. Je suis donc satisfait d’apprendre cela. Ma<br />

question : l’Europe est-elle réceptive à ce type <strong>de</strong> métho<strong>de</strong><br />

simplifiée ? Avez-vous une idée du gain entre l’application<br />

<strong>de</strong> votre métho<strong>de</strong> simplifiée <strong>et</strong> l’utilisation simplifiée d’une<br />

métho<strong>de</strong> compliquée ? À mon sens, une fois la NMPB acquise,<br />

payée, y rentrer <strong>de</strong>s données simplifiées ne coûte pas<br />

beaucoup plus cher que <strong>de</strong> rentrer <strong>de</strong>s données dans une<br />

métho<strong>de</strong> simplifiée.<br />

Francis Besnard : Je ne saurai répondre sur la réceptivité <strong>de</strong><br />

l’Europe. Pensez-vous à la Commission européenne ou au<br />

groupe <strong>de</strong> travail européen sur l’évaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

au bruit ? Je pense que ce <strong>de</strong>rnier est réceptif à notre<br />

approche, bien qu’il ne soit pas certain que le groupe, dans<br />

son ensemble, ait abordé ce suj<strong>et</strong>. Rappelons que le groupe<br />

<strong>de</strong> travail auquel participe Nathalie Fürst se concentre<br />

essentiellement, au moins jusqu’à présent, sur les<br />

agglomérations, sans doute parce qu’il faut traiter les<br />

problèmes les uns après les autres. Je n’ai pas le sentiment<br />

que la Commission européenne ait prêté une oreille à ce<br />

genre <strong>de</strong> démarches. Mais ce n’est qu’une impression.<br />

Vaut-il mieux une métho<strong>de</strong> simplifiée ou une métho<strong>de</strong><br />

complexe appliquée à <strong>de</strong>s données simplifiées ? Cela dépend<br />

<strong>de</strong> ce qu’on entend par données simplifiées. Si vous utilisez<br />

votre logiciel favori, que vous saisissez une infrastructure <strong>de</strong><br />

2 km <strong>de</strong> long avec un profil en travers constant, un écran<br />

étendu sur les 2 km, cela ne vous prendra pas beaucoup <strong>de</strong><br />

temps, ne vous coûtera pas très cher <strong>et</strong> les résultats seront<br />

les mêmes, pourvu que l’on applique la même métho<strong>de</strong>.<br />

Quoi qu’il en soit, même si vous disposez <strong>de</strong> toutes les<br />

données nécessaires, pour passer <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données<br />

géographiques aux traitements <strong>et</strong> aux calculs acoustiques,<br />

<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> n<strong>et</strong>toyage <strong>et</strong> <strong>de</strong> saisie, très consommatrices<br />

en temps, sont nécessaires. A l’arrivée, une précision à 0,5<br />

dB près sera peut-être un peu cher payée. D’où l’intérêt<br />

d’une métho<strong>de</strong> pouvant servir <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> dans le choix <strong>de</strong>s<br />

paramètres, que le recours à <strong>de</strong>s données simplifiées soit un<br />

choix ou une obligation. Car, bien souvent, pour toute<br />

données géographiques, on ne dispose que <strong>de</strong> la carte au<br />

1/25000. Or, la <strong>de</strong>scription minimale du site dépend <strong>de</strong>s<br />

données géographiques disponibles. Notre démarche trouve<br />

aussi un intérêt pour ceux qui souhaitent absolument utiliser<br />

leur logiciel : elle peut leur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> s’apercevoir que<br />

faire varier tel paramètre <strong>de</strong> quelques pourcents, comme<br />

par exemple la pente du terrain, n’apportera pas <strong>de</strong> gain<br />

appréciable en précision. Cela dit, nous n’avons pas<br />

spécifiquement mené d’essais visant à comparer les temps<br />

<strong>de</strong> saisie <strong>et</strong> <strong>de</strong> traitement. Cela pourrait présenter un<br />

intérêt. Nous proposons une métho<strong>de</strong> simplifiée, à comparer<br />

avec une démarche plus complexe faisant appel à <strong>de</strong>s<br />

données plus complexes. Même si la démarche que vous<br />

proposez est tout aussi intéressante, je ne pense pas qu’on<br />

ait fait ce travail pour rien non plus.<br />

Jean-Marc Abramowitch (Sc<strong>et</strong>auroute) : Je voudrais<br />

prolonger la question <strong>de</strong> M. Clairbois : je suis sensible aux<br />

efforts entrepris pour simplifier la métho<strong>de</strong>, je comprends<br />

que la NMPB puisse être considérée comme trop compliquée<br />

pour le premier registre d’évaluation, <strong>et</strong> j’ai bien noté que<br />

l’on se dirige vers <strong>de</strong>s cartographies ne prenant en compte<br />

que <strong>de</strong>s conditions météorologiques standard. Pourtant,<br />

hier, se tenait l’atelier consacré au programme européen<br />

Harmonoise, où l’on a évoqué <strong>de</strong>s approches beaucoup<br />

moins simplistes : 21 profils météorologiques, mesures<br />

d’impédance <strong>de</strong> sol, courbure <strong>de</strong> rayon sonore, <strong>de</strong>ux classes<br />

<strong>de</strong> poids lourds <strong>et</strong> d’autres critères encore <strong>de</strong><br />

perfectionnement <strong>de</strong>s modèles. WG-AEN, le groupe <strong>de</strong><br />

travail européen sur l’évaluation <strong>de</strong> l’exposition au bruit, est<br />

chargé <strong>de</strong> définir les cartes. Quant au programme<br />

Harmonoise, il travaille sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> ces<br />

cartes. Il semble que ces <strong>de</strong>ux communautés, WG-AEN <strong>et</strong><br />

Harmonoise, ne vivent pas sur la même planète, que leurs<br />

objectifs soient totalement incompatibles. C’est à se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si ces <strong>de</strong>ux groupes se sont jamais concertés. Tout<br />

ceci me semble totalement surréaliste.<br />

Nathalie Fürst : Le travail <strong>de</strong> réalisation du gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne<br />

pratique ne vise que la production <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit<br />

stratégiques à l’horizon 2007. Le travail accompli dans le<br />

cadre du proj<strong>et</strong> Harmonoise ambitionne, quant à lui, <strong>de</strong><br />

concevoir une métho<strong>de</strong> commune d’établissement <strong>de</strong>s cartes<br />

qui seront produites à l’horizon 2012. Ce ne sont donc pas<br />

les mêmes enjeux techniques. Par ailleurs, j’ai précisé dans<br />

ma présentation qu’il n’y avait pas eu, hélas, <strong>de</strong> travail en<br />

commun entre le WG-AEN <strong>et</strong> Harmonoise, que la seule<br />

réunion que nous ayons pu avoir avec les membres du groupe<br />

Harmonoise s’était tenue au mois d’octobre (2004), alors<br />

que le travail technique s’était achevé en novembre. Par<br />

conséquent, il ne leur a pas été matériellement possible <strong>de</strong><br />

prendre en compte nos recommandations, notamment celles<br />

ayant trait à la réalité du terrain, qui veut que les données<br />

disponibles pour réaliser les cartes sont bien éloignées <strong>de</strong>s<br />

21 profils <strong>de</strong> trafics, <strong>de</strong>s 15 catégories <strong>de</strong> véhicules <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

tous les perfectionnements apportés dans le cadre<br />

d’Harmonoise. Il semble qu’il y ait là un besoin d’échanges<br />

afin <strong>de</strong> s’efforcer <strong>de</strong> faire coïnci<strong>de</strong>r l’outil très détaillé<br />

conçu dans le cadre d’Harmonoise <strong>et</strong> la réalité <strong>de</strong>s données<br />

du terrain. C’est au modèle <strong>de</strong> s’adapter aux données<br />

disponibles <strong>et</strong> non l’inverse car, sinon, soit les collectivités<br />

concernées <strong>de</strong>vront y m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s moyens exorbitants, soit<br />

elles n’établiront pas <strong>de</strong> cartes car elles ne pourront obtenir<br />

les données <strong>de</strong>mandées dans <strong>de</strong>s conditions décentes.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


À quoi bon cartographier les champs <strong>de</strong><br />

b<strong>et</strong>teraves ?<br />

Jean-Pierre Clairbois : Je voudrais proposer une métho<strong>de</strong><br />

encore plus simple que la vôtre : quand on a 200 km<br />

d’autoroute à étudier <strong>et</strong> que ce tronçon ne comporte que<br />

trois zones d’habitations, il est ridicule <strong>de</strong> vouloir étudier<br />

chacun <strong>de</strong>s 200 kilomètres. La métho<strong>de</strong> la plus rudimentaire<br />

qu’on ait utilisé <strong>de</strong>puis vingt ans, c’est la métho<strong>de</strong> du<br />

corridor : elle consiste à tracer un couloir <strong>de</strong> 600 mètres <strong>de</strong><br />

part <strong>et</strong> d’autres du tronçon <strong>de</strong> 200 km, à repérer les<br />

habitations situées dans le couloir, <strong>et</strong> à n’appliquer une<br />

métho<strong>de</strong> détaillée qu’aux zones comportant <strong>de</strong>s habitations.<br />

Il semble qu’il faudrait avoir l’autorisation <strong>de</strong> l’Europe pour<br />

ne pas avoir à réaliser <strong>de</strong> cartes dans <strong>de</strong>s zones exemptes<br />

d’habitations, dans une frange, par exemple, <strong>de</strong> 1 km <strong>de</strong><br />

part <strong>et</strong> d’autres d’une autoroute.<br />

Francis Besnard : Je ne peux qu’adhérer à c<strong>et</strong>te vision <strong>de</strong>s<br />

choses. Malheureusement, la directive exige <strong>de</strong> dénombrer<br />

les personnes <strong>et</strong> les logements exposés, mais également<br />

d’évaluer les surfaces exposées à un L <strong>de</strong>n supérieur à 55 dB.<br />

Quand bien même ce sont <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> b<strong>et</strong>teraves que<br />

vous avez cartographiés, il faut donner les superficies <strong>de</strong>s<br />

champs <strong>de</strong> b<strong>et</strong>teraves. C’est une logique qui m’échappe,<br />

mais les politiques l’ont adoptée.<br />

Précisions sur GIpSynoise<br />

Michel Vall<strong>et</strong> : On voit bien poindre la complexité, en rase<br />

campagne, avec ce qu’a présenté le S<strong>et</strong>ra. En ville, on<br />

suppose, qu’avec GIpSynoise, on n’échappera pas non plus à<br />

la complexité. Peut-on imaginer qu’une gran<strong>de</strong> collectivité<br />

resserre suffisamment ses services pour qu’ils contribuent<br />

ultérieurement à utiliser la même méthodologie<br />

d’établissement <strong>de</strong>s cartes pour évaluer les actions qui<br />

seraient envisagées par les politiques ? Autrement dit, peuton<br />

vraiment abandonner la précision du résultat au profit<br />

d’une approche consistant uniquement à comparer la même<br />

situation à <strong>de</strong>s années différentes ?<br />

Julie Vall<strong>et</strong> : Oui, c’est exactement ce que disait Francis<br />

Besnard : quand la cartographie est assez peu précise,<br />

l’objectif est <strong>de</strong> raisonner sur <strong>de</strong>s écarts. Nous proposons <strong>de</strong><br />

comparer <strong>de</strong>s scénarios entre eux : pour une zone donnée,<br />

avec un problème donné, nous proposons <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s<br />

simulations à gran<strong>de</strong> échelle. Il ne s’agit pas <strong>de</strong> simuler le<br />

bruit <strong>de</strong>vant chaque fenêtre, mais <strong>de</strong> pouvoir choisir entre<br />

plusieurs scénarios, plusieurs possibilités d’actions <strong>et</strong><br />

éventuellement, <strong>de</strong> les combiner. Ensuite, ce sont les<br />

écarts, les gains, qui serviront <strong>de</strong> levier pour la validation<br />

politique.<br />

Philippe Woloszyn (Cerma) : Dans GIpSynoise, il y a<br />

“noise”, mais il y a aussi “psy”. Or, la composante<br />

psychologique, la psychologie environnementale, semble peu<br />

visible dans le proj<strong>et</strong> GIpSynoise.<br />

Julie Vall<strong>et</strong> : La psychologie environnementale interviendra<br />

dans le choix <strong>de</strong>s indicateurs considérés pour établir les<br />

cartographies, dans les critères <strong>de</strong> choix <strong>et</strong> <strong>de</strong> comparaison.<br />

Je pense à la gêne sonore, aux perturbations du sommeil, à<br />

la population exposée. On peut aussi imaginer que l’outil SIG<br />

offrira la liberté d’appliquer d’autres couches <strong>de</strong> données <strong>de</strong><br />

nature sociale, <strong>de</strong> typage <strong>de</strong> zone, <strong>de</strong> typage <strong>de</strong> quartier.<br />

Jean-Laurent Simons (Institut bruxellois <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong><br />

l’environnement) : Ma question concerne également<br />

GIpSynoise. Quelle est la différence entre le logiciel <strong>de</strong><br />

prévision <strong>de</strong>s expositions acoustiques IMMI <strong>et</strong> GIpSynoise.<br />

Quels en sont les avantages <strong>et</strong> inconvénients ? Pourquoi avoir<br />

développé un logiciel alors que d’autres existent déjà ?<br />

Julie Vall<strong>et</strong> : Nous n’avons pas développé un nouveau<br />

logiciel. GIpSynoise s’appuie sur le moteur <strong>de</strong> calcul du bruit<br />

CadnaA, qui, il est vrai, est un concurrent d’IMMI. Ils servent<br />

les mêmes fonctions, mais il fallait bien choisir. Le<br />

partenaire technique est 01dB-M<strong>et</strong>ravib.<br />

Nécessité d’un banc d’essai <strong>de</strong>s logiciels<br />

intégrés <strong>de</strong> cartographie<br />

Sylvianne Boub<strong>et</strong> (mairie <strong>de</strong> Toulouse, urbanisme <strong>et</strong><br />

environnement) : Je pensais que le Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonne pratique<br />

<strong>de</strong> cartographie présenté par Nathalie Fürst comporterait un<br />

comparatif <strong>de</strong>s différents logiciels présents sur le marché.<br />

Mes connaissances s’arrêtent à la norme NF S 31-131 <strong>de</strong><br />

prévision du bruit <strong>de</strong>s transports terrestres, un <strong>de</strong>scriptif<br />

technique <strong>de</strong>s logiciels au moins aussi complexe que tous les<br />

détails présentés lors <strong>de</strong> l’atelier Harmonoise. Il serait<br />

appréciable <strong>de</strong> connaître les critères importants à prendre<br />

en compte dans le choix d’un logiciel.<br />

Nathalie Fürst : Il est prévu <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>ux documents : le<br />

Gui<strong>de</strong> européen sur les bonnes pratiques <strong>de</strong> cartographie,<br />

qui s’intéresse quasiment exclusivement aux données<br />

d’entrée ; un document à vocation française c<strong>et</strong>te fois-ci,<br />

qui comprendra, effectivement, une partie consacrée aux<br />

outils disponibles pour réaliser les cartes <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong>, en<br />

particulier, <strong>de</strong>s éléments d’appréciation <strong>de</strong> ces logiciels. Ces<br />

éléments seront tirés d’une étu<strong>de</strong> réalisée par le CETE <strong>de</strong><br />

Lyon <strong>et</strong> financée par le ministère <strong>de</strong> l’Écologie <strong>et</strong> du<br />

Développement durable, qui vise justement à répertorier les<br />

outils existants <strong>et</strong> à évaluer s’ils sont adaptés à la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> la cartographie.<br />

À l’heure actuelle, il n’existe pas <strong>de</strong> dispositif <strong>de</strong><br />

certification <strong>de</strong>s outils. En France, la norme NF S 31-131,<br />

que vous avez citée, perm<strong>et</strong> à chaque maître d’ouvrage ou<br />

utilisateur d’exiger du diffuseur un dossier <strong>de</strong> présentation<br />

<strong>de</strong> ses logiciels dans lequel un certain nombre <strong>de</strong> critères<br />

doivent être décrits <strong>et</strong> explicités. Le Certu a également<br />

publié un catalogue <strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> prévision du bruit<br />

existants sur le marché, panorama où figurent <strong>de</strong>s<br />

informations sur les métho<strong>de</strong>s mises en œuvre dans ces<br />

outils <strong>et</strong> leurs domaines d’application. Mais les informations<br />

contenues dans ce catalogue restent déclaratives <strong>et</strong> sont<br />

sous la responsabilité <strong>de</strong>s diffuseurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s fabricants<br />

d’écrans. Par conséquent, en France, il n’existe pas, à ce<br />

jour, <strong>de</strong> banc d’essai s’étant préoccupé d’évaluer <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

comparer les outils <strong>de</strong> cartographie.<br />

Évaluation du linéaire concerné par la<br />

directive : <strong>et</strong> le classement sonore ? Et les<br />

observatoires du bruit ?<br />

Laurent Droin (Acouphen environnement) : Pour répondre à<br />

Mme Boub<strong>et</strong>, je souhaiterais préciser qu’il existe un salon où<br />

les logiciels du marché sont présents, où vous pouvez obtenir<br />

<strong>de</strong>s démonstrations, mais ce n’est pas un avis comparatif.<br />

Une question pour Francis Besnard : pourquoi ne peut-on pas<br />

évaluer le linéaire <strong>de</strong> routes départementales <strong>et</strong> <strong>de</strong> voies<br />

communales concerné en France par la directive, alors que<br />

toutes ces voies sont supposées avoir été classées ?<br />

Francis Besnard : Parce qu’aucune centralisation <strong>de</strong>s<br />

données <strong>de</strong> trafics <strong>de</strong> ces voies n’a été effectuée pour<br />

l’instant. Quant aux données <strong>de</strong> classement, il y a <strong>de</strong>s<br />

intentions <strong>de</strong> centralisation mais, pour l’instant, cela n’a pas<br />

été fait <strong>et</strong> le classement sonore n’est malheureusement pas<br />

achevé. Enfin, <strong>de</strong>rnière raison, le classement sonore ne se<br />

base pas sur les mêmes seuils <strong>de</strong> trafic. Certes, <strong>de</strong>s<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 119


parallèles pourraient être tentés, en considérant un ou <strong>de</strong>ux<br />

départements, une ou <strong>de</strong>ux agglomérations, <strong>et</strong> en<br />

extrapolant à l’échelle <strong>de</strong> la France entière, mais la<br />

représentativité d’un tel raisonnement n’est pas évi<strong>de</strong>nte.<br />

D’un département à l’autre, les routes départementales<br />

peuvent présenter <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> fréquentation n<strong>et</strong>tement<br />

différents.<br />

Christine Arras (Acouphen) : Il serait dommage <strong>de</strong> ne pas<br />

tirer parti <strong>de</strong>s travaux menés dans les observatoires<br />

départementaux du bruit. Car ils ont <strong>de</strong>s préoccupations<br />

communes avec les collectivités chargées d’élaborer les<br />

cartes <strong>de</strong> bruit : même s’ils ne s’intéressent qu’aux axes très<br />

bruyants — les seuils considérés ne <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt pas en <strong>de</strong>çà<br />

<strong>de</strong> 65 dB — ils utilisent les mêmes données <strong>de</strong> trafic <strong>et</strong><br />

appliquent <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s voisines <strong>de</strong> celle présentée par<br />

Francis Besnard. Les empreintes correspondantes ne sont pas<br />

<strong>de</strong> 600 mètres <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autres <strong>de</strong> l’infrastructure, mais<br />

elles sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 300 mètres. En cas <strong>de</strong> topographies<br />

complexes, ils ont recours à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s faisant appel à<br />

<strong>de</strong>s abaques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s profils type.<br />

Francis Besnard : Pour les routes interurbaines, il faudra<br />

établir ce lien, c’est évi<strong>de</strong>nt. Reste à imaginer les modalités<br />

<strong>de</strong> coordination <strong>de</strong> toutes ces données. Mais avant cela, il<br />

faut que nous sachions quel type <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> bruit<br />

stratégiques nous voulons réaliser. Si la logique est similaire,<br />

la différence principale, loin d’être négligeable, rési<strong>de</strong> dans<br />

les distances concernées, qui sont liées aux seuils plus<br />

faibles <strong>de</strong> la directive. Ce sont ces seuils qui nous amènent à<br />

faire appel à une métho<strong>de</strong>, certes simplifiée, mais<br />

néanmoins plus complexe que celle utilisée par les<br />

observatoires du bruit. Nous prenons en compte la pente du<br />

terrain <strong>et</strong> le profil en travers <strong>de</strong> la route alors que les<br />

observatoires commencent par faire <strong>de</strong>s empreintes <strong>sonores</strong><br />

sur la base d’un cas standard.<br />

Nathalie Fürst : En tout état <strong>de</strong> cause, la démarche <strong>de</strong>s<br />

observatoires vise <strong>de</strong>s échéances plus courtes. Leurs plans<br />

d’action doivent être mis en œuvre avant ceux <strong>de</strong> la<br />

directive. Par ailleurs, sur un plan organisationnel, les<br />

structures <strong>et</strong> le travail en commun qui accompagnent la<br />

mise en place <strong>de</strong>s observatoires doivent aussi bénéficier à la<br />

mise en œuvre <strong>de</strong> la directive. Différents maîtres d’ouvrage<br />

auront à travailler ensemble, notamment, pour la mise en<br />

commun <strong>de</strong>s données. Donc, outre l’aspect technique, c<strong>et</strong>te<br />

organisation, c<strong>et</strong>te cohésion autour d’un même proj<strong>et</strong>, me<br />

semblent importantes à pérenniser.<br />

Daniel Pillant : Oui, en clair, le travail accompli par les<br />

observatoires ne sera pas perdu, il <strong>de</strong>vrait apporter sa<br />

contribution à la publication <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit<br />

stratégiques.<br />

Abordons maintenant la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier,<br />

consacrée aux observatoires <strong>et</strong> à la surveillance. Mais avant<br />

cela, arrêtons-nous sur les enjeux <strong>de</strong> la concertation <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

communication avec le public.<br />

La concertation avec le public<br />

Laurent Droin (Acouphen Environnement)<br />

Acouphen Environnement est une société d’ingénierie<br />

conseil spécialisée dans le management <strong>de</strong> l’environnement<br />

sonore pour l’industrie <strong>et</strong> les collectivités.<br />

Je vais introduire c<strong>et</strong>te thématique <strong>de</strong> la concertation en<br />

l’abordant sous l’angle <strong>de</strong> la communication.<br />

Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’obligation réglementaire, la concertation<br />

recouvre <strong>de</strong>s intérêts stratégiques. Parmi ceux-ci, le fait<br />

d’impliquer les acteurs locaux dès le processus <strong>de</strong> diagnostic<br />

est une tactique classique perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> couper court à la<br />

posture consistant à refuser un proj<strong>et</strong> au prétexte <strong>de</strong> ne pas<br />

y avoir été associé. La concertation est un moyen <strong>de</strong> faire<br />

remonter <strong>de</strong>s informations utiles du « terrain », afin<br />

d’objectiver <strong>et</strong> <strong>de</strong> relativiser les situations. Ce <strong>de</strong>rnier point<br />

est capital : par la mesure notamment, on s’efforce<br />

d’objectiver <strong>de</strong>s débats souvent très subjectifs. C’est une<br />

façon <strong>de</strong> limiter les risques <strong>de</strong> blocage <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> d’en<br />

faciliter l’acceptation. La concertation perm<strong>et</strong> alors <strong>de</strong><br />

vali<strong>de</strong>r les choix d’actions par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs, avant<br />

que celles-ci soient entreprises.<br />

Place <strong>de</strong> la concertation dans la cartographie <strong>et</strong> la<br />

surveillance acoustique<br />

Pour illustrer la place particulière que tient la concertation<br />

par rapport aux <strong>de</strong>ux outils principaux qui font l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

atelier, on peut représenter l’ensemble <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

problématique au moyen <strong>de</strong> trois axes formant un repère<br />

orthonormé : un axe correspondant aux activités <strong>et</strong> aux<br />

sources <strong>de</strong> bruit ; un axe représentant le territoire <strong>et</strong> la<br />

population ; un <strong>de</strong>rnier axe correspondant à la dimension<br />

temporelle, au temps.<br />

Dans le plan défini par les axes activités/sources <strong>et</strong><br />

territoire/population, le principal moyen d’action n’est<br />

autre que la cartographie. Des cartes, à l’échelle <strong>de</strong> grands<br />

territoires, représentant les sources <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> leurs eff<strong>et</strong>s,<br />

offrent une interprétation <strong>de</strong> données globales. C<strong>et</strong>te notion<br />

d’interprétation est essentielle : une carte <strong>de</strong> bruit n’est<br />

donc pas une photographie, comme on l’entend parfois. La<br />

vocation d’une cartographie est donc principalement<br />

informative, décisionnelle (au sens <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à la décision) <strong>et</strong><br />

prospective, puisqu’elle sert d’appui à l’élaboration <strong>de</strong><br />

scénarios d’actions.<br />

Dans le plan formé par les axes activités/sources <strong>et</strong> temps,<br />

l’outil le plus pertinent est la surveillance acoustique qui,<br />

précisément, donne l’évolution dans le temps <strong>de</strong><br />

l’information. Qu’elle soit continue ou discontinue, la<br />

mesure <strong>de</strong>s ambiances <strong>sonores</strong> contribue à élaborer un<br />

référentiel <strong>de</strong> données objectives, dont l’usage est<br />

principalement pédagogique. C’est un fait avéré, le public<br />

comprend mieux les mesures que les modèles. La<br />

surveillance a aussi un rôle d’argumentaire <strong>et</strong>, plus<br />

précisément, un usage <strong>de</strong> responsabilisation. A l’instar <strong>de</strong>s<br />

radars placés le long <strong>de</strong>s routes, la mesure du bruit en<br />

continu perm<strong>et</strong> une surveillance qui a souvent son efficacité<br />

en termes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s.<br />

Le plan défini par l’axe territoire/population <strong>et</strong> l’axe du<br />

temps est le règne <strong>de</strong> la concertation, registre plus<br />

qualitatif reposant sur le recueil <strong>et</strong> le partage<br />

d’informations, le débat.<br />

Cartographie, surveillance <strong>et</strong> concertation sont donc les trois<br />

leviers à mobiliser avec, bien évi<strong>de</strong>mment, <strong>de</strong>s niveaux<br />

d’utilisation adaptés au cas par cas, pour définir in fine <strong>de</strong>s<br />

plans d’action optimisés, validés par <strong>de</strong>s outils techniques <strong>et</strong><br />

par les personnes concernées.<br />

Modalités <strong>et</strong> outils <strong>de</strong> concertation<br />

Au cœur <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> concertation, se trouve le débat<br />

public, avec un objectif d’information <strong>et</strong> d’action autour <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te finalité. Nous venons d’évoquer les moyens<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


quantitatifs que sont la mesure, la surveillance <strong>et</strong> la<br />

cartographie. La réunion publique, les comités <strong>de</strong> pilotage<br />

sont <strong>de</strong>s moyens plus qualitatifs. Le fonctionnement par<br />

comité <strong>de</strong> pilotage, sur une durée limitée ou <strong>de</strong> manière<br />

permanente, se prête bien à l’établissement <strong>de</strong> diagnostics,<br />

étayés par <strong>de</strong>s cartographies. Parmi les outils envisageables,<br />

on citera les enquêtes (d’utilité publique en cas <strong>de</strong> proj<strong>et</strong><br />

conséquent), les questionnaires, les expositions,<br />

l’information par voie <strong>de</strong> presse ou par Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> les<br />

observatoires du bruit, qui sont <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> concertation<br />

pertinents.<br />

Tous ces outils peuvent être mis en œuvre pour nourrir le<br />

débat public <strong>et</strong> porter l’information, mais sans un effort <strong>de</strong><br />

communication fourni par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs, aucun <strong>de</strong><br />

ces outils ne pourra remplir son rôle. De fait, la finalité <strong>de</strong><br />

toutes ces modalités <strong>de</strong> concertation, le débat <strong>de</strong> fond,<br />

reste souvent centré sur la pédagogie.<br />

Les enjeux <strong>de</strong> la communication<br />

Parmi les nombreuses vertus <strong>de</strong> la communication, j’en<br />

développerai trois. Tout d’abord, la communication incite à<br />

la prise en considération <strong>de</strong> l’environnement sonore au bon<br />

moment, le plus tôt possible donc, <strong>et</strong> à la bonne échelle<br />

(pays, région, département, agglomération, quartier, rue…).<br />

Deuxième bénéfice, la communication facilite le consensus<br />

sur les proj<strong>et</strong>s. Enfin, la communication perm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong><br />

valoriser les actions <strong>de</strong> progrès. Ce <strong>de</strong>rnier point a son<br />

importance : l’amélioration, ou la préservation, <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore a une valeur ; c’est c<strong>et</strong>te valeur sur<br />

laquelle il est important <strong>de</strong> communiquer <strong>et</strong> pas uniquement<br />

sur le coût du bruit. Pour illustrer ceci, je prendrai un<br />

exemple. Vous pouvez gagner quelques décibels en réalisant<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réduction du bruit ; votre gain, objectif, se<br />

traduit par quelques pourcents <strong>de</strong> personnes gênées en<br />

moins. D’un autre côté, avec le même gain en décibels, mais<br />

en vous appuyant sur une bonne communication, vous<br />

gagnerez quelques décibels, mais subjectifs c<strong>et</strong>te fois ;<br />

votre gain s’exprime alors en pourcentage <strong>de</strong> plaignants. C<strong>et</strong><br />

exemple quelque peu caricatural vient illustrer le fait que le<br />

taux <strong>de</strong> satisfaction globale est proportionnel au gain en<br />

décibels multiplié par la valorisation <strong>et</strong> les explications qui<br />

accompagnent ce gain. Dans c<strong>et</strong>te équation, apparaît bien le<br />

produit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux termes : si l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux est nul, le résultat<br />

est nul. C<strong>et</strong>te logique est au cœur <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong><br />

concertation.<br />

Les freins à la communication<br />

Sans intention d’exhaustivité, mais plus pour lancer le<br />

débat, voyons quelques-uns <strong>de</strong>s freins à la communication.<br />

Le coût, le temps <strong>et</strong> la logistique sont à citer en premier<br />

lieu : organiser <strong>de</strong>s réunions avec <strong>de</strong> multiples acteurs n’a<br />

rien <strong>de</strong> simple. Un autre aspect, peut-être un peu<br />

provocateur, tient au fait que la démarche communicante<br />

ne fait pas partie <strong>de</strong> la tradition <strong>de</strong>s ingénieurs, qui ne sont<br />

pas réellement formés à c<strong>et</strong> exercice. Cela s’apprend sur le<br />

terrain. Autre point, fondamental, qui revient<br />

systématiquement : la crainte d’engendrer <strong>de</strong>s attentes, <strong>de</strong><br />

déclencher <strong>de</strong>s hypersensibilités sur les questions <strong>de</strong>s risques<br />

sur la santé, <strong>de</strong>s risques économiques, <strong>de</strong> dépréciation<br />

immobilière notamment, voire <strong>de</strong>s contentieux. Il faut<br />

m<strong>et</strong>tre en balance le risque <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s plaintes <strong>et</strong> les<br />

bienfaits <strong>de</strong>s actions. Les incertitu<strong>de</strong>s sur le r<strong>et</strong>our sur<br />

investissement sont un autre frein fréquemment évoqué :<br />

communiquer coûte parfois cher <strong>et</strong> l’on ne sait pas ce que<br />

cela va rapporter ; en revanche, il faut aussi évaluer ce que<br />

l’absence <strong>de</strong> communication risque <strong>de</strong> coûter...<br />

Le frein majeur se situe probablement dans les difficultés <strong>de</strong><br />

la pédagogie sur le thème du bruit. Attention aux pièges <strong>de</strong>s<br />

décibels, aux indicateurs complexes, notamment aux<br />

indicateurs dosimétriques, qui sont très difficiles à expliquer<br />

à un public non connaisseur. Et puis, face à un suj<strong>et</strong><br />

éminemment subjectif, sur lequel les ressentis individuels<br />

sont forts, la sensibilité du public <strong>et</strong> le besoin <strong>de</strong><br />

comprendre compliquent l’exercice <strong>de</strong> pédagogie. Il en va<br />

<strong>de</strong> même <strong>de</strong>s contradictions entre souhaits légitimes<br />

d’intimité <strong>et</strong> <strong>de</strong> relations sociales. D’autant que l’aspect non<br />

linéaire <strong>de</strong> la relation entre bruit <strong>et</strong> gêne, ou <strong>de</strong> la relation<br />

entre dose <strong>et</strong> réponse, ajoute à la complexité <strong>de</strong> la posture.<br />

Pour prendre un exemple bien connu, quand on implante un<br />

tramway en centre-ville, le niveau <strong>de</strong> bruit du trafic routier<br />

baisse localement, ce qui peut se traduire par une<br />

émergence du bruit du tramway <strong>et</strong> occasionner davantage<br />

<strong>de</strong> plaintes, malgré l’amélioration « quantitative » <strong>de</strong><br />

l’ambiance sonore locale. C’est un cas lié à « l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

masque » du bruit qui vaut également pour d’autres<br />

contextes.<br />

Un autre frein tient à la forte transversalité politique, à la<br />

dilution <strong>de</strong>s responsabilités, même si la transposition <strong>de</strong> la<br />

directive <strong>de</strong>vrait clarifier les responsabilités en matière <strong>de</strong><br />

bruit. A mentionner également, la complexité inhérente aux<br />

spécificités <strong>de</strong>s diverses sources <strong>de</strong> bruit, aux contextes<br />

différents, complexité qui se r<strong>et</strong>rouve dans l’interprétation<br />

<strong>de</strong>s textes réglementaires, qui évoluent souvent, ce qui ne<br />

facilite évi<strong>de</strong>mment pas la communication. De plus,<br />

comparativement à d’autres formes <strong>de</strong> pollution<br />

environnementale, le bruit est une nuisance qui se propage<br />

relativement peu : excepté peut être pour le bruit <strong>de</strong>s<br />

avions, les problèmes sont assez localisés <strong>et</strong> leur traitement<br />

nécessite <strong>de</strong>s adaptations aux spécificités locales, au cas par<br />

cas. Ces difficultés peuvent engendrer, on le comprend,<br />

certaines réticences à s’engager dans un plan <strong>de</strong> prévention<br />

<strong>de</strong> bruit dans l’environnement à l’échelle d’un territoire.<br />

Ajoutons enfin le fait que l’on pense souvent — évi<strong>de</strong>mment<br />

à tort — qu’il sera toujours possible <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore lorsque les problèmes <strong>de</strong> bruit<br />

apparaîtront, puisque <strong>de</strong>s solutions curatives existent. C<strong>et</strong>te<br />

illusion <strong>de</strong> facilité nuit <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce à la motivation <strong>de</strong>s<br />

collectivités à communiquer en amont sur le suj<strong>et</strong>.<br />

Des pistes pour faciliter la communication<br />

Ni exhaustives, ni universelles, les quelques pistes que je<br />

propose ici sont plus <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> réflexion qui pourront<br />

contribuer à nourrir le débat dans la suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier.<br />

Tout d’abord, <strong>et</strong> c’est l’expert judiciaire en acoustique qui<br />

s’exprime c<strong>et</strong>te fois, il convient <strong>de</strong> s’appuyer sur la<br />

réglementation <strong>et</strong> non pas <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rancher <strong>de</strong>rrière elle. En<br />

eff<strong>et</strong>, en cas <strong>de</strong> litige, aux yeux <strong>de</strong>s tribunaux, la conformité<br />

n’est pas une garantie expresse <strong>de</strong> tranquillité, si bien que<br />

le jugement porte plutôt sur la gêne.<br />

Dans le contexte d’un proj<strong>et</strong>, il est opportun <strong>de</strong> désigner<br />

une “personne ressource” : on mobilisera par exemple un<br />

« numéro vert » ou on s’appuiera sur un « observatoire »,<br />

une ressource pertinente à l’échelon local. Autre élément à<br />

gar<strong>de</strong>r à l’esprit, il faut communiquer “juste ce qu’il faut”.<br />

Entre le matraquage, rare dans ce domaine, <strong>et</strong> l’absence <strong>de</strong><br />

communication, source <strong>de</strong> rumeurs ou <strong>de</strong> désinformation, se<br />

trouve le bon compromis. Bien sûr, on s’attachera à<br />

vulgariser le vocabulaire technique, à démystifier autant que<br />

possible, à expliquer le principe du niveau équivalent L Aeq ,<br />

<strong>de</strong>s indicateurs normalisés. Le L Aeq est souvent critiqué en<br />

tant qu’indicateur <strong>de</strong> gêne, mais il <strong>de</strong>meure un indicateur<br />

souvent pertinent : il faut bien insister sur le fait qu’il ne<br />

s’agit pas d’une simple « moyenne » — ce dont, fort<br />

justement, le public ne veut pas —, mais d’une gran<strong>de</strong>ur qui<br />

accor<strong>de</strong> un poids très important aux niveaux les plus forts.<br />

Concernant le L <strong>de</strong>n , nous disposons pour l’heure <strong>de</strong> peu <strong>de</strong><br />

r<strong>et</strong>ours sur les difficultés rencontrées dans son explication. Il<br />

semble néanmoins que le seul fait <strong>de</strong> préciser, sans<br />

forcément montrer la formule, que les sensibilités propres<br />

<strong>de</strong> la soirée <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nuit sont affectées <strong>de</strong> « pénalités » <strong>de</strong> 5<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 121


<strong>et</strong> 10 dB respectivement, contribue à ce que c<strong>et</strong> indicateur<br />

soit relativement bien perçu. Le discours sur les indicateurs<br />

ne doit pas évacuer la discussion sur la gêne, qui est<br />

incontournable. Les facteurs psycho-acoustiques, la<br />

pertinence <strong>de</strong>s indicateurs doivent donc appartenir au<br />

débat, mais on évitera en revanche les comparaisons<br />

douteuses avec certaines situations bruyantes. J’ai participé<br />

à <strong>de</strong>s réunions publiques où certains intervenants se sont<br />

risqués à indiquer, par exemple, qu’un train passant <strong>de</strong>vant<br />

une maison ne fait pas plus <strong>de</strong> bruit qu’un bébé qui pleure...<br />

Posture choquante qui, évi<strong>de</strong>mment, passe très mal, même<br />

si la comparaison est vraie sur le plan physique.<br />

Côté supports d’information, on privilégiera<br />

avantageusement le recours à <strong>de</strong>s supports à vision générale<br />

traitant aussi d’autres nuisances que le bruit, <strong>et</strong>, à l’inverse,<br />

il peut aussi y avoir un intérêt à personnaliser l’information,<br />

à apprécier les contextes particuliers. Sur le plan du<br />

discours, on évitera la confusion technique, la distance<br />

technocratique, ce qui requiert un effort notable <strong>de</strong><br />

pédagogie. Autre conseil : i<strong>de</strong>ntifier les interlocuteurs<br />

privilégiés, les lea<strong>de</strong>rs. Au risque <strong>de</strong> se voir taxer <strong>de</strong><br />

démagogie, il faut reconnaître qu’il vaut mieux s’adresser<br />

aux porte-parole d’un groupe. A ce titre, les observatoires<br />

locaux peuvent contribuer à faciliter les échanges. Que fautil<br />

d’autre ? De la diplomatie : maîtrises technique <strong>et</strong><br />

juridique sont insuffisantes sans une bonne dose <strong>de</strong> capacité<br />

d’écoute. D’une manière générale, on évitera le registre<br />

relationnel consistant à opposer le coupable à sa victime ou<br />

le bruiteur au bruité, postures qui conduisent en général au<br />

conflit. On anticipera par ailleurs toute contestation<br />

potentielle d’ordre technique en veillant à la rigueur<br />

d’exécution <strong>de</strong>s tâches techniques (respect <strong>de</strong>s normes,<br />

traçabilité <strong>de</strong> l’information). Ceci vaut pour la cartographie<br />

comme pour la mesure. Les “r<strong>et</strong>ours <strong>de</strong> flamme” sur <strong>de</strong>s<br />

détails techniques qui auraient été quelque peu simplifiés<br />

sont fréquents. Les simulations <strong>sonores</strong> <strong>de</strong> situations sorties<br />

<strong>de</strong> leur contexte sont un point sur lequel j’invite à observer<br />

la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce. La simulation « audio » peut être<br />

un complément d’information profitable dans certains cas,<br />

par exemple pour illustrer une amélioration relative, plus<br />

rarement pour décrire une situation virtuelle. Il est souvent<br />

préférable d’organiser une visite réelle sur un terrain préselectionné<br />

en fonction <strong>de</strong> ce que l’on veut « faire<br />

écouter ».<br />

Il faudra aussi assurer un suivi continu <strong>de</strong> l’information. Les<br />

outils <strong>de</strong> surveillance ou <strong>de</strong> reporting <strong>de</strong> données en temps<br />

réel peuvent contribuer à assurer un suivi continu <strong>de</strong><br />

l’information objective. Concernant la cartographie, il faut<br />

privilégier <strong>de</strong>s supports graphiques adaptés. A l’instar <strong>de</strong><br />

GIpSynoise, on s’orientera vers <strong>de</strong>s supports cartographiques<br />

variés <strong>et</strong> résolument ciblés sur chaque problématique, en<br />

s’interdisant la facilité <strong>de</strong> la seule carte <strong>de</strong> bruit pleine <strong>de</strong><br />

couleurs qui peut laisser libre cours à <strong>de</strong> nombreuses<br />

interprétations, voire à <strong>de</strong>s utilisations détournées. Le<br />

recours à <strong>de</strong>s supports multimédia <strong>et</strong> interactifs, y compris<br />

l’Intern<strong>et</strong>, peut être très efficace ; notamment pour faciliter<br />

le partage <strong>de</strong>s connaissances, dans un domaine où il n’y a,<br />

hélas, pas <strong>de</strong> règles universelles.<br />

La mise en place d’un observatoire du bruit, l’exemple du Val <strong>de</strong> Marne<br />

Piotr Gaudibert (Observatoire <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore du Val-<strong>de</strong>-Marne)<br />

Le département du Val-<strong>de</strong>-Marne est très bien « servi » en<br />

matière <strong>de</strong> bruit, qu’il s’agisse <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong><br />

transport terrestre ou <strong>de</strong>s activités aéroportuaires. Une<br />

enquête menée auprès <strong>de</strong> la population val-<strong>de</strong>-marnaise en<br />

2000 a placé le bruit au premier rang <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> gêne.<br />

Le conseil général développe, <strong>de</strong>puis 2000, une politique <strong>de</strong><br />

lutte contre le bruit qui repose sur plusieurs axes : une<br />

charte <strong>de</strong> l’environnement, la création d’un observatoire <strong>de</strong>s<br />

nuisances <strong>sonores</strong> (l’association ODES 94 que je représente<br />

aujourd’hui) <strong>et</strong> le financement d’étu<strong>de</strong>s sur le bruit ferré <strong>et</strong><br />

aérien ; la mise en place <strong>de</strong> protections acoustiques pour<br />

limiter les nuisances causées par les transports terrestres<br />

(voies ferrées, autoroutières) ; une ai<strong>de</strong> financière aux<br />

bailleurs sociaux qui réalisent <strong>de</strong>s travaux d‘isolation<br />

acoustique dans les logements anciens. Le CG94 s’est aussi<br />

fixé pour objectif <strong>de</strong> privilégier l’information du public.<br />

D’ailleurs, la vocation première <strong>de</strong> l’observatoire <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore est <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à disposition du public<br />

<strong>de</strong> la documentation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s informations à caractère local.<br />

Notre rayonnement départemental nous place dans un cadre<br />

privilégié pour interagir avec les communes, la DDASS, <strong>et</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs départementaux <strong>de</strong> la lutte contre le<br />

bruit. Nous avons ainsi édité un annuaire départemental <strong>de</strong>s<br />

acteurs <strong>de</strong> l’environnement sonore, <strong>et</strong> nous appuyons sur<br />

d’autres outils, comme un site Intern<strong>et</strong>. L’observatoire est<br />

bien entendu largement sollicité pour apporter une<br />

information relative aux problèmes <strong>de</strong> bruits <strong>de</strong> voisinage.<br />

Ce qui m’amène à parler <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> mission <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>s,<br />

qui n’est autre que la concertation. Nous avons par exemple<br />

mené une première expérience intéressante à travers la<br />

mise en place d’un groupe <strong>de</strong> travail sur le bruit <strong>de</strong>s avions.<br />

Il s’agissait, à l'occasion <strong>de</strong> la révision du plan <strong>de</strong> gêne<br />

sonore (PGS), d’engager un dialogue, sur une problématique<br />

précise, entre les autorités responsables <strong>de</strong> la plateforme<br />

aéroportuaire d'Orly <strong>et</strong> les riverains (communes <strong>et</strong><br />

associations). À l’issue d’une campagne <strong>de</strong> mesures<br />

orchestrée en concertation avec les riverains concernés, <strong>et</strong><br />

confiée à Laurent Droin, ici présent, la démarche a permis<br />

<strong>de</strong> déduire quelques éléments concr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> nature à<br />

alimenter le débat relatif à la pertinence <strong>de</strong>s limites du PGS.<br />

Outre l’intérêt <strong>de</strong>s résultats, ce qui mérite d’être souligné,<br />

c’est que <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> riverains <strong>et</strong> <strong>de</strong>s représentants<br />

du laboratoire d’Aéroports <strong>de</strong> Paris se sont réunis pour<br />

discuter <strong>et</strong> échanger autour d’une problématique commune,<br />

<strong>et</strong> ce dans un vrai climat <strong>de</strong> concertation, facilité, je le<br />

crois, par la présence <strong>de</strong> l’observatoire. Nous envisageons<br />

d’élargir ce type d’expérience au bruit routier ou au bruit<br />

ferroviaire.<br />

Le troisième pan <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>s correspond à son<br />

statut d’observatoire. Le principe d’une cartographie<br />

départementale est actuellement étudié par le conseil<br />

général. Son utilisation serait partagée avec l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

communes du département, l’O<strong>de</strong>s servant, justement, <strong>de</strong><br />

lieu <strong>de</strong> partage.<br />

Enfin, l’O<strong>de</strong>s a aussi pour mission <strong>de</strong> relayer les actions<br />

menées par les services publics ou les sociétés privées, <strong>de</strong><br />

faire connaître les recherches menées par les laboratoires,<br />

en s’adressant, c<strong>et</strong>te fois-ci, non plus au grand public, mais<br />

aux collectivités. Il nous semble important en eff<strong>et</strong> que<br />

soient valorisées certaines innovations technologiques,<br />

certains matériaux perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> lutter contre le bruit.<br />

L’O<strong>de</strong>s 94 est une structure unique en son genre, ce qu’on<br />

peut regr<strong>et</strong>ter. Dans le contexte particulier <strong>de</strong> la création<br />

<strong>de</strong> BruitParif, une structure régionale, nous avons toujours<br />

l’espoir <strong>de</strong> voir se créer une fédération d’observatoires<br />

départementaux, c<strong>et</strong>te échelle géographique nous semblant<br />

pertinente pour l’établissement d’une cartographie du bruit.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


La concertation sur le bruit<br />

Jean-Marc Abramowitch (Sc<strong>et</strong>auroute)<br />

En tant qu’acousticien responsable <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s acoustiques<br />

au sein <strong>de</strong> Sc<strong>et</strong>auroute, l’un <strong>de</strong>s rôles qui me sont impartis,<br />

c’est <strong>de</strong> communiquer sur les proj<strong>et</strong>s dont la maîtrise<br />

d’œuvre nous est confiée, dans le domaine particulier qui<br />

est le mien, à savoir les infrastructures <strong>de</strong> transports<br />

linéaires. Il m’a été <strong>de</strong>mandé, dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier,<br />

<strong>de</strong> livrer en quelque sorte un bilan, <strong>de</strong> tirer une morale, <strong>de</strong><br />

vingt années <strong>de</strong> concertation avec le public.<br />

Le bruit n’est pas le seul enjeu.<br />

Dans l'Ouest <strong>de</strong> la France, Sc<strong>et</strong>auroute a du reprendre la<br />

communication avec les riverains d'un proj<strong>et</strong> autoroutier qui<br />

avait déjà connu un premier maître d'œuvre <strong>et</strong> une première<br />

concertation. Celle-ci s'était mal passée, le concessionnaire<br />

a changé, le maître d'œuvre également. Nous nous sommes<br />

donc lancés dans une nouvelle concertation. Concertation<br />

est un bien grand mot, mais la plupart du temps, nous nous<br />

bornons à faire <strong>de</strong> l’information. Car, pour se concerter, il<br />

faut être <strong>de</strong>ux. Si les riverains cherchent à être <strong>de</strong>ux autour<br />

<strong>de</strong> la table, c’est parce qu’ils ne se satisfont pas <strong>de</strong>s<br />

conditions d’information, qu’ils essaient d’aller plus loin. Et<br />

c’est là qu’il arrive que le processus bloque. Un autre<br />

problème auquel nous, acousticiens, sommes confrontés,<br />

c’est le peu <strong>de</strong> <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté dont nous disposons sur la<br />

manière <strong>de</strong> négocier avec les riverains sur le thème du bruit.<br />

Notre outil <strong>de</strong> base pour la concertation consiste en une vue<br />

en plan <strong>et</strong> un profil en long <strong>de</strong> l’infrastructure. Dans<br />

l’exemple que j'utilise pour illustrer mon propos, la présence<br />

d’un unique ouvrage hydraulique suffit à régir l’ensemble <strong>de</strong><br />

la géométrie du profil, pentes <strong>et</strong> courbures, <strong>de</strong> ce tronçon.<br />

Pourquoi ? Parce que, entre autres contraintes, la loi sur<br />

l’eau impose que l’infrastructure routière soit totalement<br />

transparente vis-à-vis du passage <strong>de</strong> l’eau. En d’autres<br />

termes, l’eau doit passer dans les terrains comme si<br />

l’infrastructure n’existait pas. Or, si l’on ne peut jouer sur<br />

le profil, alors que, chaque fois que possible, nous<br />

préconisons d’abaisser légèrement les profils en long, <strong>de</strong><br />

travailler sur les pentes <strong>et</strong> <strong>de</strong> jouer sur les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> sol<br />

plutôt que d’introduire <strong>de</strong>s ouvrages constituant une<br />

intrusion visuelle forte, nous perdons là un pan important <strong>de</strong><br />

notre champ d’action. La seule marge <strong>de</strong> négociation<br />

restante va porter sur le choix d’une protection transparente<br />

ou opaque. Car si l’on replace le débat sur l’intrusion<br />

visuelle, sur le thème du paysage, on r<strong>et</strong>ombe sur les<br />

systèmes <strong>de</strong> buttes, <strong>de</strong> vallonnement, <strong>de</strong> profils en travers<br />

<strong>et</strong> nous tournons en rond. Une séance <strong>de</strong> concertation pour<br />

un proj<strong>et</strong> routier ne réunit pas que <strong>de</strong>s acousticiens, mais<br />

<strong>de</strong>s experts en faune, en pisciculture, en hydraulique <strong>et</strong><br />

d’autres spécialités encore. Notre proj<strong>et</strong> autoroutier a été<br />

bloqué pendant une année entière à cause d’une espèce<br />

protégée <strong>de</strong> scarabée, le pique-prune. Au cours d’une<br />

réunion <strong>de</strong> concertation avec l’ancien concessionnaire, une<br />

association <strong>de</strong> défense a réussi à démontrer que le<br />

morcellement du territoire lié au tracé autoroutier serait<br />

préjudiciable à l’habitat du pique-prune, non sur la preuve<br />

<strong>de</strong> sa présence, mais sur la possibilité que le pique-prune<br />

soit présent. C<strong>et</strong> exemple illustre bien la complexité <strong>de</strong><br />

l’aménagement d’une infrastructure <strong>et</strong> le peu <strong>de</strong> moyens<br />

dont nous disposons pour répondre aux attentes du public.<br />

Une concertation à sens unique, qui se limite le plus<br />

souvent à <strong>de</strong> l’information<br />

La principale difficulté que nous rencontrons dans notre<br />

pratique <strong>de</strong> la concertation, c’est dans le traitement <strong>de</strong>s<br />

objections à l’information que nous produisons, <strong>de</strong>s<br />

réactions face à nos tableaux <strong>de</strong> bord. Récemment, avec un<br />

maître d’ouvrage, au cours d’une séance <strong>de</strong> concertation,<br />

nous avons présenté, un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> résorption <strong>de</strong> points noirs<br />

du bruit. Deux heures durant, un maire, un député-maire <strong>et</strong><br />

un sénateur-maire représentant les trois communes<br />

concernées nous ont menacés, invectivés, au motif que le<br />

proj<strong>et</strong> était trop lent, trop p<strong>et</strong>it, <strong>et</strong>c. Lors du débriefing qui<br />

a suivi, nous étions plutôt satisfaits, compte tenu du fait que<br />

nous avions, finalement, évité le pire. Je cite c<strong>et</strong> exemple<br />

pour illustrer le fait que nous faisons plus <strong>de</strong> l’information<br />

que <strong>de</strong> la concertation, ou alors <strong>de</strong> la concertation à sens<br />

unique. La qualité <strong>de</strong> l’information produite en réaction aux<br />

objections importe relativement peu. Ce qui compte dans le<br />

processus d’information, c’est le fond <strong>et</strong> la forme <strong>de</strong> notre<br />

propos, la véracité <strong>et</strong> la crédibilité <strong>de</strong> notre discours ; en<br />

revanche, par la force <strong>de</strong>s choses, nous sommes<br />

malheureusement amenés à moins prendre en compte les<br />

objections <strong>et</strong> à ne pas jouer le jeu <strong>de</strong> la concertation.<br />

Vulgariser <strong>et</strong> dépassionner le débat<br />

Malgré tout, passé ce constat défaitiste, il y a quand même<br />

quelques points encourageants. Sur le plan <strong>de</strong> la<br />

vulgarisation <strong>de</strong>s connaissances, les acousticiens savent<br />

maintenant parler du bruit sans mentionner les décibels. A<br />

noter néanmoins que la simplification n’est pas compatible<br />

avec tous les contextes. Pour le proj<strong>et</strong> précé<strong>de</strong>nt, pour 128<br />

km <strong>de</strong> linéaire, 46 réunions <strong>de</strong> concertations, réparties sur<br />

six mois, ne réunissant jamais plus <strong>de</strong> 20 personnes, ont été<br />

nécessaires. Nous choisissons nos interlocuteurs, les<br />

rencontrons sur <strong>de</strong>s lieux les plus proches <strong>de</strong> leur habitation,<br />

dans les fermes, dans les annexes <strong>de</strong> mairies, <strong>et</strong> nous<br />

multiplions les contacts, nous efforçons <strong>de</strong> les personnaliser.<br />

A tel point qu’il arrive que nous tissions <strong>de</strong>s liens qui<br />

confinent à l’amitié avec les représentants <strong>de</strong>s associations.<br />

Une certaine connivence finit par se forger à force <strong>de</strong><br />

séances <strong>de</strong> concertation, ce qui optimise la communication,<br />

fait baisser le niveau d’agressivité <strong>de</strong>s riverains. Il est en<br />

eff<strong>et</strong> primordial <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> désamorcer les frustrations,<br />

facteur d’agressivité. Un exemple : la coordination Drôme-<br />

Vaucluse d’associations <strong>de</strong> riverains du TGV Méditerranée,<br />

sachant que le programme servant au calcul <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

bruit équivalents avait été conçu par le CSTB, avait donné<br />

une définition édifiante du L Aeq : « Vous prenez un ingénieur<br />

du CSTB, vous le m<strong>et</strong>tez dans un fauteuil, vous lui donnez<br />

un immense coup <strong>de</strong> poing. N’ayez crainte, c’est<br />

exactement comme si vous lui aviez caressé la figure durant<br />

toute une journée ».<br />

La concertation sur les cartes stratégiques, il est vrai, ne<br />

<strong>de</strong>vrait pas susciter <strong>de</strong> tels problèmes d’agressivité chez les<br />

populations concernées.<br />

De l’utilité <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> vue aériennes, <strong>de</strong>s vues 3D<br />

Il faut, à mon sens, encourager l’utilisation <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong><br />

représentation graphique perm<strong>et</strong>tant au riverain <strong>de</strong> repérer<br />

à coup sûr son habitation, tels que les photos aériennes. Et<br />

ce même sur un linéaire <strong>de</strong> 128 kilomètres. Certes, nous<br />

disposons <strong>de</strong>s planches <strong>de</strong> type Mithra perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong><br />

comparer les niveaux <strong>de</strong> bruit “avant-après”. Mais nous nous<br />

efforçons d’y recourir le moins possible, car nous nous<br />

heurtons alors à la difficulté <strong>de</strong> faire adm<strong>et</strong>tre le progrès<br />

réel d’un gain <strong>de</strong> 2 décibels après protection. On sait en<br />

eff<strong>et</strong> que c’est à partir d’un écart <strong>de</strong> 2 dB que les individus<br />

commencent à exprimer <strong>de</strong> la satisfaction. C’est pourquoi,<br />

plutôt que <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> décibels, il peut s’avérer judicieux<br />

d’exprimer les résultats en nombre <strong>de</strong> fenêtres qui restent<br />

exposées à <strong>de</strong>s niveaux trop importants.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 123


Les simulateurs <strong>de</strong> paysage sonore <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt en eff<strong>et</strong> à<br />

être utilisés <strong>de</strong> façon appropriée. Il ne faut les utiliser que<br />

dans <strong>de</strong>s situations où le bruit existe déjà : il est impensable<br />

d’imaginer faire écouter son futur environnement sonore à<br />

un riverain qui a 40 dB aujourd’hui <strong>et</strong> qui, <strong>de</strong>main, aura<br />

“seulement” 55 dB la nuit. En revanche, sur <strong>de</strong>s sites points<br />

noirs du bruit, par exemple, les simulateurs "avant-après"<br />

fonctionnent bien. Enfin, les cartes en trois dimensions<br />

seront l’outil majeur <strong>de</strong> communication en matière <strong>de</strong><br />

cartographie européenne. Seule la tridimensionnalité<br />

perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> déterminer les ratios <strong>de</strong> population. Sans elle, on<br />

ne pourra appliquer la directive 2002/49/CE. Qui plus est, il<br />

existe maintenant <strong>de</strong>s logiciels qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong><br />

transformer ces données 3 D en vidéos.<br />

Des plans d’action vraiment concertés<br />

Pour ne pas rester sur le constat frustrant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

information “déguisée” en concertation, nous avons<br />

imaginé, avec quelques partenaires, d’instiller un peu<br />

d’utopie dans l’environnement. Nous avons ainsi déposé un<br />

dossier <strong>de</strong> candidature pour un financement Life, avec le<br />

conseil général <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis comme chef <strong>de</strong> file,<br />

Prague, Lisbonne <strong>et</strong> Bruxelles comme villes pilotes, <strong>et</strong> le<br />

CIDB <strong>et</strong> 01dB-Métravib comme partenaires. Que proposonsnous<br />

? D’inverser le processus habituel <strong>de</strong> l’information.<br />

Qu’il s’agisse d’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> linéaire routier, ou <strong>de</strong><br />

l’aménagement d’un carrefour en centre-ville, les calculs <strong>de</strong><br />

modélisation, d’étu<strong>de</strong> d’impact, sont longs. Tant <strong>et</strong> si bien<br />

que, lorsque les acousticiens chargés <strong>de</strong> la maîtrise d’œuvre<br />

viennent présenter le proj<strong>et</strong> aux riverains, hermétiques à<br />

l’idée d’en reprendre pour six mois <strong>de</strong> calculs, ils restent<br />

arc-boutés sur leur proj<strong>et</strong>. La marge <strong>de</strong> manœuvre <strong>de</strong><br />

concertation est alors considérablement réduite. C’est<br />

pourquoi nous proposons une autre logique <strong>de</strong><br />

fonctionnement, qui peut se résumer par le déroulement<br />

suivant : créer <strong>de</strong> l’information ; rassembler les acteurs ;<br />

m<strong>et</strong>tre l’information à disposition <strong>de</strong> tous ; vulgariser<br />

l’information ; ai<strong>de</strong>r à l’apparition <strong>de</strong> solutions ;<br />

transm<strong>et</strong>tre le résultat au maître d’œuvre.<br />

En d’autres termes, l’approche consiste à constituer <strong>de</strong>s<br />

p<strong>et</strong>its groupes <strong>de</strong> travail composés <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong><br />

riverains <strong>et</strong> éventuellement d’un élu local, puis, à former<br />

ces groupes à l’acoustique, <strong>et</strong> à leur m<strong>et</strong>tre à disposition les<br />

cartes européennes. Les cartes ne sont qu’une indication<br />

pour l’élaboration <strong>de</strong>s plans d’action. Ce sont <strong>de</strong>s valeurs<br />

figées dans le temps. En cela, elles ne constituent que <strong>de</strong>s<br />

pistes possibles d’action. La où la démarche correspond<br />

vraiment à <strong>de</strong> la concertation, c’est lorsqu’on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux<br />

riverains <strong>de</strong> réfléchir, <strong>de</strong> désigner les sites où <strong>de</strong>s mesures<br />

acoustiques complémentaires leur semblent légitimes, afin<br />

<strong>de</strong> compléter les cartes. Après cela, on forme les riverains,<br />

au moyen d’outils experts. Il existe plusieurs <strong>de</strong> ces outils,<br />

le laboratoire <strong>de</strong>s Ponts <strong>et</strong> Chaussées <strong>de</strong> Blois, avec<br />

M. Mériel, en avait concrétisé un. Finalement, ce sont les<br />

groupes <strong>de</strong> travail qui définissent les solutions qui sont<br />

ensuite confiées aux techniciens <strong>de</strong>s services centraux ou<br />

délocalisés en charge <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s.<br />

Le principe <strong>de</strong> participation<br />

Pierre Schmeltz (Association <strong>de</strong>s acousticiens<br />

<strong>de</strong> l’environnement)<br />

Aujourd’hui, <strong>de</strong> plus en plus, le citoyen a le désir <strong>de</strong><br />

participer aux processus décisionnels, d’être associé à toutes<br />

décisions susceptibles d’avoir une inci<strong>de</strong>nce sur son<br />

environnement. En matière d’environnement, faut-il le<br />

rappeler, le cinquième grand principe est le principe <strong>de</strong><br />

participation-information, duquel découlent toutes les<br />

notions <strong>de</strong> débat public, <strong>de</strong> concertation <strong>et</strong> d’information.<br />

Qui plus est, ce que veut le citoyen, c’est d’être rassuré sur<br />

son avenir. Il veut donc être associé aux décisions très en<br />

amont <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s. Mais là se pose la question <strong>de</strong> définir c<strong>et</strong><br />

amont. Quand commencer à associer le grand public aux<br />

décisions ? Question difficile. Soit les pouvoirs publics s’y<br />

prennent très tôt <strong>et</strong> on leur reproche un manque <strong>de</strong><br />

précision, soit ils ont déjà une ébauche <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> abouti, <strong>et</strong><br />

on leur reproche alors d’avoir trop fermé la porte aux<br />

propositions.<br />

En matière <strong>de</strong> débat public, <strong>de</strong> concertation, il est essentiel<br />

<strong>de</strong> se m<strong>et</strong>tre dans la peau du public. Ceci réclame que nous<br />

changions nos pratiques, car le principe <strong>de</strong> participation<br />

implique un processus <strong>de</strong> co-décision. Or, la co-décision<br />

relève d’une culture que tous, élus ou fonctionnaires, ne<br />

sont pas prêts à adopter. Dans un passé récent, les routes ou<br />

les autoroutes étaient construites “à l’avancement”, <strong>et</strong> cela<br />

fonctionnait. Aujourd’hui, les proj<strong>et</strong>s rencontrent davantage<br />

d’oppositions, en particulier à cause d’une méfiance<br />

grandissante du public envers les déci<strong>de</strong>urs, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’émergence d’une volonté d’être associés aux décisions. Les<br />

découpages administratifs — les proj<strong>et</strong>s sont souvent scindés<br />

d’une région à une autre, voire d’un département à un autre<br />

—, les processus d’approbation sont <strong>de</strong> plus en plus lourds.<br />

La création d’une roca<strong>de</strong>, par exemple, se traduit par une<br />

transformation complète du processus <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong><br />

toute une aire géographique. Or, trop souvent, le processus<br />

<strong>de</strong> concertation n’implique que les populations concernées<br />

au premier chef. Si bien que d’autres, découvrant un beau<br />

jour qu’ils subissent les répercussions du proj<strong>et</strong>, mécontents<br />

<strong>de</strong> ne pas avoir été associés à la démarche assez tôt,<br />

entament une contestation. C’est une opposition qui relève<br />

davantage du principe, du processus, que du proj<strong>et</strong> en luimême.<br />

Avant tout, ce qui est contesté, dans les proj<strong>et</strong>s<br />

routiers, c’est l’incompréhension liée à l’usage systématique<br />

<strong>de</strong> l’outil informatique, qui rend les résultats contestables.<br />

Il faut donc se m<strong>et</strong>tre à la place du public <strong>et</strong> faire un effort<br />

<strong>de</strong> lisibilité <strong>de</strong>s données. Par ailleurs, il convient aussi<br />

d’accepter, parmi les options possibles, celle qui<br />

consisterait à ne rien faire. La participation, c’est aussi<br />

savoir renoncer à un proj<strong>et</strong>. Car, quand la population<br />

conteste un proj<strong>et</strong>, c’est peut-être parce que le proj<strong>et</strong> n’est<br />

pas bon, ou n’est pas mûr.<br />

Il y a un droit désormais imprescriptible vis-à-vis du citoyen,<br />

en vertu duquel le maître d’ouvrage doit prendre toutes les<br />

dispositions pour respecter ce droit. Quel est le texte qui<br />

porte en germe l’ensemble <strong>de</strong> ce processus ? La convention<br />

d’Aarhus sur l'accès à l'information, la participation du<br />

public au processus décisionnel <strong>et</strong> l'accès à la justice en<br />

matière d'environnement, qui a été approuvée en 1998 <strong>et</strong><br />

ratifiée par la France au début <strong>de</strong>s années 2000. À première<br />

vue, c<strong>et</strong>te convention ne s’applique qu’aux grands proj<strong>et</strong>s<br />

industriels <strong>et</strong> aux grands proj<strong>et</strong>s routiers, mais en réalité,<br />

elle s’applique à tout. Dès lors qu’une réglementation locale<br />

impose une étu<strong>de</strong> d’impact ou la participation du public, on<br />

tombe sous le coup <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te charte.<br />

Autre conséquence importante <strong>de</strong> la convention d’Aarhus, il<br />

faut informer le public <strong>de</strong> son droit à contestation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

moyens juridiques qui sont à sa disposition. Ensuite, figure<br />

également une obligation <strong>de</strong> moyens — <strong>de</strong> fournir tous les<br />

documents que l’on possè<strong>de</strong> sous quelle que forme que ce<br />

soit, les documents secr<strong>et</strong> défense exceptés —, <strong>et</strong> une<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


obligation <strong>de</strong> délai <strong>de</strong> réponse minimum. Il faut également<br />

mentionner l’obligation <strong>de</strong> débat, Sans oublier une<br />

obligation importante, celle <strong>de</strong> motiver toutes les décisions.<br />

Je vous laisse imaginer la difficulté qu’il y a à expliciter<br />

l’utilité publique d’un proj<strong>et</strong>, surtout quand on va faire fi <strong>de</strong><br />

la contestation. Conclusion ? Il faut bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit,<br />

qu’à l’avenir, les maîtres d’ouvrage vont avoir à expliquer<br />

<strong>de</strong> plus en plus leurs décisions en matière d’aménagement.<br />

Débat<br />

Comment diffuser les résultats <strong>de</strong>s cartes ?<br />

Catherine Serve : Je souhaiterais faire remonter à nos<br />

ministères l’information suivante. Nous finalisons<br />

actuellement <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s d’ai<strong>de</strong> à l’établissement <strong>de</strong>s cartes<br />

en milieu urbain, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s simplifiées adaptées à<br />

l’interurbain, mais aucun groupe <strong>de</strong> travail n’a été mis en<br />

place pour, d’une part, réfléchir à la diffusion dans le<br />

domaine public <strong>de</strong>s informations qui vont découler <strong>de</strong><br />

l’application <strong>de</strong> la directive, <strong>et</strong>, d’autre part, définir les<br />

modalités pratiques <strong>de</strong> concertation <strong>et</strong> <strong>de</strong> participation du<br />

public. Nous, les ingénieurs chargés <strong>de</strong> la gestion du bruit,<br />

n’avons pas appris à faire <strong>de</strong> la communication, ni à faire <strong>de</strong><br />

la concertation. C’est sans doute une lacune dans notre<br />

formation, mais nous ne sommes pas prêts à assumer toutes<br />

ces responsabilités sans recommandations ministérielles.<br />

Daniel Pillant : Nous n’avons pas abordé le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

surveillance. Que fait-on <strong>de</strong>s résultats ? Quelles sont les<br />

suites, quels plans d’action ? Ce suj<strong>et</strong> pourrait faire l’obj<strong>et</strong><br />

d’un colloque à lui seul.<br />

Quel statut juridique pour les cartes ?<br />

Richard Durang (laboratoire <strong>de</strong> l’Est parisien) : J’aurais<br />

souhaité avoir une précision sur le statut juridique <strong>de</strong>s<br />

cartes <strong>de</strong> bruit, étant donné qu’elles sont établies avec <strong>de</strong>s<br />

indicateurs qui, pour le moment ne font pas partie <strong>de</strong> la<br />

réglementation ? Également, quels sont les recours possibles<br />

<strong>de</strong>s particuliers vis-à-vis <strong>de</strong> ces cartes stratégiques ?<br />

Jean-Marc Abramowitch : Il n’y aura pas <strong>de</strong> recours parce<br />

que les cartes ne sont pas opposables aux tiers.<br />

Didier Cattenoz (ministère <strong>de</strong> l’Écologie) : Je confirme : les<br />

cartes ne seront pas opposables ; elles seront entièrement<br />

<strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> ceux qui les élaborent. Ce qui signifie<br />

qu’une personne qui n’est pas d’accord avec une carte<br />

n’aura pas beaucoup <strong>de</strong> recours possibles à faire valoir.<br />

Daniel Pillant : On attend donc l’évolution du droit <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

jurispru<strong>de</strong>nce sur ce suj<strong>et</strong> précis.<br />

Didier Cattenoz : La stratégie <strong>de</strong> la Commission européenne<br />

est, tout <strong>de</strong> même, que toutes ces informations <strong>de</strong>viennent<br />

un jour <strong>de</strong>scriptives. La première phase est une phase<br />

d’entraînement : on commence, on voit ce que l’on peut<br />

faire <strong>et</strong> puis l’on fait évoluer le dispositif.<br />

Laurent Droin : À ma connaissance, les cartes <strong>de</strong> bruit<br />

stratégiques sont un outil d’investigation technique pour les<br />

experts, qu’il convient d’exploiter <strong>et</strong> <strong>de</strong> transformer en<br />

outils d’ai<strong>de</strong> à la décision pour les déci<strong>de</strong>urs. La directive<br />

n’exige pas la publication <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> bruit, elle exige <strong>de</strong><br />

publier l’information, sous forme <strong>de</strong> tableaux,<br />

d’histogrammes, <strong>de</strong> camemberts ou autre. Selon ma<br />

compréhension <strong>de</strong> la directive, la carte <strong>de</strong> bruit, au sens du<br />

résultat d’un calcul, est un outil d’investigation<br />

intermédiaire.<br />

Catherine Serve : C’est faux, la directive précise qu’il n’est<br />

pas obligatoire <strong>de</strong> produire <strong>de</strong> carte <strong>de</strong> bruit en tant que<br />

résultat, mais une <strong>de</strong>s annexes stipule bien, pour les<br />

agglomérations, qu’une cartographie du bruit doit être<br />

publiée. Même s’il faut attendre la mise à jour <strong>de</strong><br />

l’ordonnance <strong>de</strong> transposition, tout semble indiquer que les<br />

cartes <strong>de</strong> bruit seront reconnues par les décr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> arrêtés<br />

qui suivront l’ordonnance. Elles ne seront en revanche pas<br />

incluses dans la loi bruit. Cela ne simplifie pas, comme je le<br />

disais à l’instant, notre travail d’information <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

concertation. C’est là où <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> nous serait utile. Mais, les<br />

cartes <strong>de</strong> bruit, au moins en agglomération, doivent être<br />

publiées.<br />

La concertation : le bruit n’est pas le seul<br />

enjeu en cause<br />

Pierre Schmeltz : Je souhaitais ajouter un mot sur<br />

l’obligation <strong>de</strong> résultat, que les acousticiens connaissent<br />

bien. Dans le domaine <strong>de</strong> la concertation, on est prisonniers<br />

<strong>de</strong>s promesses que l’on fait. La Direction <strong>de</strong>s routes avait<br />

d’ailleurs mis en place <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> suivi afin d’évaluer la<br />

réalisation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s promesses. Dans un proj<strong>et</strong>, il<br />

est difficile d’isoler une obligation environnementale<br />

particulière, tant les enjeux sont multiples : loi sur l’eau,<br />

protection <strong>de</strong> la faune <strong>et</strong> <strong>de</strong> la flore, déch<strong>et</strong>s, bruit. Malgré<br />

c<strong>et</strong>te complexité, il ne faut pas m<strong>et</strong>tre en avant la<br />

réglementation, mais il ne faut pas non plus opposer le seul<br />

coût pour refuser une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> formulée par les riverains. Il<br />

n’est qu’à considérer l’exemple du Val <strong>de</strong> Saône, où, après<br />

la mise en service du TGV Paris-Lyon, la SNCF a dû m<strong>et</strong>tre<br />

en œuvre le proj<strong>et</strong> qu’elle avait refusé aux riverains, cinq<br />

ou sept ans auparavant, au motif que le proj<strong>et</strong> était trop<br />

cher. L’argument “ça coûte trop cher” est un argument<br />

massue que l’on reçoit en général par eff<strong>et</strong> boomerang !<br />

Sylvianne Boub<strong>et</strong> : Au niveau <strong>de</strong> la concertation sur le<br />

proj<strong>et</strong> évoqué par M. Abramowitch, y a-t-il eu beaucoup <strong>de</strong><br />

modifications <strong>de</strong>mandées par les riverains par rapport au<br />

proj<strong>et</strong> initial ?<br />

Jean-Marc Abramowitch : Oui, mais il ne faut pas imaginer<br />

que ces modifications sont intervenues sur un seul thème. Je<br />

veux dire en cela qu’il n’a pas été question d’implanter un<br />

mur <strong>de</strong> 3 mètres là où 2 mètres suffisaient. En réalité, les<br />

mesures d’accompagnement ont circulé d’un domaine à<br />

l’autre : en caricaturant quelque peu, l’on a échangé un<br />

sentier <strong>de</strong> randonnée contre un remembrement, un<br />

remembrement contre une butte, une butte contre la<br />

protection d’une p<strong>et</strong>ite fleur. Cela pose d’ailleurs le<br />

problème du dialogue entre les différents spécialistes, <strong>de</strong><br />

l’arbitrage entre les différents enjeux d’environnement. Ce<br />

qui a permis au proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> passer, sans guillem<strong>et</strong>s, c’est la<br />

capacité <strong>de</strong>s personnes en charge <strong>de</strong> la (<strong>de</strong>uxième)<br />

concertation à organiser <strong>de</strong>s “échanges <strong>de</strong> bons procédés”<br />

entre les différentes disciplines, soit le paysage, le bruit <strong>et</strong><br />

l’eau. Un élément clé également : le remembrement, qui<br />

est indissociable <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’infrastructure linéaire, a été<br />

réalisé au moment <strong>de</strong> la concertation. Nous avons pour cela<br />

obligé les ingénieurs <strong>de</strong>s domaines en charge du<br />

remembrement à assister aux 48 réunions <strong>de</strong> concertation.<br />

Cela n’a pas plus à tout le mon<strong>de</strong>, mais c<strong>et</strong>te permanence<br />

<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s interlocuteurs a été capitale.<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 125


Allocution <strong>de</strong> clôture<br />

François Leleu, maire adjoint d'Avignon, chargé <strong>de</strong> l'environnement<br />

Ma conclusion est celle d’un élu local. Je constate que la<br />

problématique <strong>de</strong>s nuisances <strong>sonores</strong> est désormais<br />

considérée non seulement sous son versant environnemental<br />

mais <strong>de</strong> plus en plus sous celui <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> la santé.<br />

Vue sous c<strong>et</strong> angle <strong>de</strong> la santé publique, la problématique du<br />

bruit <strong>de</strong>vrait faire partie intégrante <strong>de</strong> toute politique<br />

environnementale digne <strong>de</strong> ce nom. Je m’adresse ici à un<br />

public <strong>de</strong> convaincus, mais vous savez les résistances qu’il y<br />

a à se donner les moyens d’améliorer l’environnement <strong>de</strong><br />

nos concitoyens. Or, à l’heure actuelle, la protection <strong>de</strong> la<br />

santé me semble l’enjeu le plus à même <strong>de</strong> faire évoluer les<br />

mentalités. Par ailleurs, il semble aussi que <strong>de</strong>ux leviers<br />

puissants, au niveau local, peuvent être actionnés afin<br />

d’intégrer la problématique du bruit en amont, au niveau<br />

<strong>de</strong>s investissements. Car, pour prendre l’exemple <strong>de</strong> la<br />

nouvelle ligne du TGV sud-est, malgré les efforts déployés<br />

par RFF <strong>et</strong> SNCF, il n’en reste pas moins que <strong>de</strong>s riverains,<br />

du jour au len<strong>de</strong>main, se sont r<strong>et</strong>rouvés avec une voie<br />

nouvelle qui a complètement modifié leur environnement.<br />

Le premier <strong>de</strong> ces leviers, me semble-t-il, est à trouver du<br />

côté <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> déplacements urbains. Sur ce suj<strong>et</strong>, je<br />

m’associe aux intervenants qui ont tenu à préciser que ces<br />

plans ne <strong>de</strong>vaient pas servir à déplacer les problèmes <strong>de</strong><br />

bruit d’une zone à une autre, mais qu’il s’agissait <strong>de</strong> réels<br />

plans <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la circulation. J’en parle en<br />

connaissance <strong>de</strong> cause, puisque la communauté<br />

d’agglomération d’Avignon révise actuellement son PDU. Ces<br />

exemples me font hélas constater que nous avons pris un<br />

certain r<strong>et</strong>ard par rapport à certaines villes faisant figure <strong>de</strong><br />

précurseurs. Le PDU doit donc contribuer à ce que le<br />

transfert modal s’effectue <strong>de</strong> la voiture individuelle vers les<br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transports alternatifs au sens large.<br />

Le <strong>de</strong>uxième levier me semble être le plan local<br />

d’urbanisme <strong>et</strong> la démarche <strong>de</strong> Haute qualité<br />

environnementale. En tenant compte <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s<br />

zones à urbaniser dans un contexte environnemental<br />

favorable, en se souciant <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s matériaux utilisés<br />

dans les constructions, on fait <strong>de</strong> la vraie prévention pour<br />

une vraie qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s citoyens. J’ai pu constater avec<br />

satisfaction qu’un certain nombre d’entreprises françaises —<br />

l’une d’entre elles a d’ailleurs installé son siège social en<br />

Avignon, c’est Lafarge, sans vouloir leur faire <strong>de</strong> publicité —<br />

fournissent d’importants efforts dans le domaine <strong>de</strong><br />

l’amélioration <strong>de</strong> la qualité acoustique <strong>de</strong> l’habitat.<br />

Mon souhait serait que, progressivement, les adjoints à<br />

l’environnement <strong>de</strong>viennent inutiles. Constatant avec<br />

bonheur à quel point la prise en compte <strong>de</strong>s données<br />

environnementales imprègne progressivement toutes les<br />

décisions, je crois c<strong>et</strong>te tendance inexorable. À tel point<br />

qu’on peut imaginer, qu’un jour, le ministère chargé <strong>de</strong><br />

l’environnement n’ait plus d’utilité. Alors, qu’à l’heure<br />

actuelle, il est encore trop souvent perçu comme un<br />

empêcheur <strong>de</strong> tourner en rond.<br />

En attendant ce jour-là, qui n’est malheureusement pas<br />

encore venu, je clôture ce colloque en souhaitant que votre<br />

séjour avignonnais vous ait pleinement satisfait, en espérant<br />

que vous ayez pu goûter la quiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la ville d’Avignon <strong>et</strong><br />

en vous remerciant pour votre présence fort nombreuse qui<br />

fut un honneur pour notre ville.<br />

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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005


L’organisation <strong>de</strong>s 4 es assises nationales <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement<br />

sonore, ainsi que l’édition <strong>de</strong>s actes, a été confiée au :<br />

<strong>Centre</strong> d’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> documentation sur le bruit<br />

12-14 rue Jules Bourdais – 75017 Paris<br />

tél : 01 47 64 64 64 – fax : 01 47 64 64 63<br />

cidb@cidb.org – www.bruit.fr<br />

Transcription, réécriture, traduction : Philippe Strauss<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication : Jean-Clau<strong>de</strong> Antonini<br />

Dépôt légal : 3 e trimestre 2005<br />

ISSN : 0755 4397<br />

Impression : Delcambre

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