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Pierre BELTRAME - Gestion et Finances Publiques La revue

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fiscalité<br />

Luc GODBOUT<br />

Professeur à l’Université de Sherbrooke<br />

Chercheur à la Chaire de recherche<br />

en fiscalité <strong>et</strong> en finances publiques<br />

Formation multidisciplinaire touchant à la fois<br />

l’économie, la fiscalité <strong>et</strong> les finances publiques.<br />

En 2005, il a reçu le prix Bercy<br />

de la Société française de finances publiques<br />

pour la meilleure thèse en finances publiques.<br />

Extrait de sa thèse, un livre intitulé<br />

L’intervention gouvernementale par la politique fiscale<br />

est paru en mai 2006 aux éditions Economica<br />

<strong>Pierre</strong> <strong>BELTRAME</strong><br />

Professeur à l’Université Paul-Cézanne-Aix-Marseille-III<br />

où il enseigne la fiscalité comparée ainsi que la fiscalité du patrimoine.<br />

Egalement directeur de l’Institut supérieur d’études comptables (ISEC)<br />

ainsi que du Mastère Recherche « <strong>Finances</strong> publiques <strong>et</strong> Fiscalité »<br />

d’Aix-Marseille-III. Membre de l’International Fiscal Association (IFA)<br />

<strong>et</strong> de l’European Association of Tax <strong>La</strong>w Professors,<br />

il a publié de nombreux ouvrages<br />

dont : « <strong>La</strong> fiscalité en France » (Hach<strong>et</strong>te, 2006, 12 e éd.) ;<br />

« Les systèmes fiscaux » (PUF,1997, 3 e éd.,<br />

traductions en arabe, espagnol, portugais <strong>et</strong> japonais) ;<br />

« Techniques, politiques <strong>et</strong> institutions fiscales comparées »<br />

(en coll. avec L. Mehl, PUF, 1997, 700 pages).<br />

Une nouvelle typologie normative des dépenses fiscales<br />

MISE EN CONTEXTE<br />

Le 21 e rapport du Conseil des impôts a examiné la fiscalité dérogatoire <strong>et</strong><br />

a milité pour un réexamen des dépenses fiscales. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te notion<br />

fait l’obj<strong>et</strong> de définitions multiples <strong>et</strong> rarement compatibles entre elles<br />

comme l’illustre la comparaison des définitions de la France <strong>et</strong> de l’OCDE.<br />

Alors que la définition française fait référence à « toute disposition législative<br />

ou réglementaire dont la mise en œuvre entraîne pour l’Etat une perte<br />

de rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> donc, pour les contribuables, un allégement de leur charge<br />

fiscale par rapport à ce qui serait résulté de l’application [...] des principes<br />

généraux du droit fiscal français (1) », la définition de l’OCDE m<strong>et</strong> l’accent<br />

sur la possibilité de réaliser les objectifs de la politique des dépenses fiscales<br />

par d’autres moyens, tels que les subventions ou d’autres dépenses<br />

directes (2). Pour l’OCDE, contrairement à la France, les dépenses fiscales<br />

sont clairement assimilées à des dépenses budgétaires.<br />

L’INTROUVABLE SYSTÈME DE RÉFÉRENCE<br />

Les définitions de la dépense fiscale se fondent sur le postulat de l’existence<br />

d’un système fiscal de référence qui peut varier non seulement dans<br />

l’espace d’un pays à l’autre, mais aussi dans le temps d’un moment à<br />

l’autre. <strong>La</strong> qualification d’une mesure fiscale quelconque en « dépense<br />

fiscale » « [...] suppose de se référer à une législation de base à laquelle<br />

elle dérogerait. Mais c<strong>et</strong>te norme n’est pas définie de façon intangible<br />

(3). » De ce fait, l’approche française de l’identification des dépenses<br />

fiscales demeurera subjective tant que le caractère « normal » de la<br />

mesure fiscale ne sera pas établi. A c<strong>et</strong> égard, Orsoni (1995) relève la<br />

précarité du concept : « Il faudra bien adm<strong>et</strong>tre [...] que, si tant est qu’il<br />

soit possible, à un moment donné, de dégager une norme de référence,<br />

celle-ci soit éminemment évolutive (4). » Le quotient familial illustre c<strong>et</strong>te<br />

difficulté. Au départ, il faisait partie du champ des dépenses fiscales alors<br />

qu’il est aujourd’hui partiellement considéré comme un élément structurel<br />

de l’impôt (5).<br />

<strong>La</strong> détermination du système fiscal de référence fait appel à des critères<br />

qui sont pour la plupart subjectifs. Le ministère des <strong>Finances</strong> se sert généralement<br />

de deux d’entre eux pour identifier les dépenses fiscales :<br />

l’ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le caractère général de la mesure (6).<br />

En vertu du critère basé sur l’ancienn<strong>et</strong>é, une mesure fiscale établie depuis<br />

plusieurs années se qualifie pour faire partie de la norme de référence.<br />

Ainsi, « [...] des dispositions ont pu apparaître dérogatoires au moment de<br />

leur adoption mais finissent par s’incorporer à l’ordre juridique <strong>et</strong> devenir<br />

la norme (7). » L’utilisation de ce critère demeure ambiguë à l’égard de<br />

la durée d’application nécessaire d’une mesure avant qu’elle puisse faire<br />

partie de la norme. En vertu du critère basé sur le caractère général, une<br />

mesure fiscale applicable à la majorité des contribuables conduit à<br />

l’inclure dans la norme de référence. A la lumière de l’analyse de la politique<br />

fiscale, nous nous devons néanmoins de souligner que certaines<br />

mesures fiscales applicables à un nombre considérable de contribuables<br />

sont, malgré c<strong>et</strong> état de fait, comparables à des programmes de dépenses<br />

budgétaires. L’utilisation de ce critère peut s’avérer pertinente dans certains<br />

cas, mais risque d’éliminer des mesures fiscales qui ont toutes les<br />

caractéristiques des dépenses fiscales dans d’autres cas. A la lumière des<br />

critères servant à la détermination de la norme de référence, l’abattement<br />

forfaitaire de 20 % – qui sera supprimé par prise en compte dans le barème<br />

de l’impôt en 2007 – est un bon exemple de mesure qui n’est pas considérée<br />

comme une dépense fiscale. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong> abattement existe depuis<br />

1914, il satisfait donc le critère d’ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> il profite à un grand nombre<br />

de contribuables, satisfaisant ainsi également le critère de généralité.<br />

Cependant, tout indique que c<strong>et</strong>te mesure serait considérée comme une<br />

dépense fiscale au Canada <strong>et</strong> aux Etats-Unis puisqu’elle déroge à la globalisation<br />

des revenus en matière d’assuj<strong>et</strong>tissement à l’impôt des particuliers.<br />

C<strong>et</strong> exemple nous perm<strong>et</strong> de constater que malgré des principes<br />

communs <strong>et</strong> des approches similaires, l’identification des dépenses fiscales<br />

diffère encore grandement selon les pays.<br />

DES FINALITÉS OUBLIÉES<br />

Or, la notion, initialement forgée par Stanley Surrey (8), n’a un intérêt que<br />

si elle perm<strong>et</strong>, de façon la plus objective possible, d’identifier <strong>et</strong> de<br />

(1) France, ministère de l’Economie <strong>et</strong> des <strong>Finances</strong>, Proj<strong>et</strong> de loi de finances pour<br />

1981, fascicule « Evaluation des voies <strong>et</strong> moyens », tome 2, Paris, 1980, article 32.<br />

(2) A ce suj<strong>et</strong> voir : Fonds monétaire international (FMI), Département des finances<br />

publiques, Manuel sur la transparence des finances publiques, Washington, 2001,<br />

p. 83.<br />

(3) France, ministère de l’Economie <strong>et</strong> des <strong>Finances</strong>, Proj<strong>et</strong> de loi de finances pour<br />

2006, fascicule « Evaluations des voies <strong>et</strong> moyens », tome 2, Paris, 2005, p. 8.<br />

(4) G. Orsoni, L’interventionnisme fiscal, Presses universitaires de France, Paris, 1995,<br />

p. 16.<br />

(5) France, Cour des comptes, Dépenses fiscales <strong>et</strong> politiques sociales, chapitre VII,<br />

2001, p. 254.<br />

(6) France, ministère de l’Economie <strong>et</strong> des <strong>Finances</strong> (2005), op. cit., note 3.<br />

(7) Id.<br />

(8) Devant l’émergence <strong>et</strong> la multiplication des mesures fiscales préférentielles qu’a<br />

connu le système fiscal américain, le professeur Stanley Surrey fut le premier à<br />

s’intéresser à ce phénomène <strong>et</strong> à introduire le concept de « dépense fiscale ». Voir<br />

S. Surrey, Pathways to Tax Reform – The concept of Tax Expenditures, Harvard University<br />

Press, Boston, 1973, 417 pages.<br />

37


fiscalité<br />

recenser toutes les dépenses fiscales mises en œuvre, au cours d’une<br />

période donnée, dans un système fiscal donné. En eff<strong>et</strong>, ce n’est qu’au<br />

terme de l’établissement de ce recensement qu’il sera possible, comme<br />

le souhaitaient les initiateurs de c<strong>et</strong>te notion, d’une part, d’évaluer le coût<br />

budgétaire des mesures fiscales de faveur <strong>et</strong>, d’autre part, de rapprocher<br />

les dépenses fiscales des dépenses budgétaires afin de comparer leur<br />

efficacité respective.<br />

Ces objectifs initialement mis en exergue par les auteurs lors des débuts<br />

de la diffusion de la notion de dépenses fiscales, ont, semble-t-il, été perdus<br />

de vue, surtout pour le second d’entre eux, lors de l’établissement des<br />

états de dépenses fiscales dans les systèmes budgétaires des différents<br />

Etats. Or, ces objectifs répondent effectivement à un souci de lisibilité <strong>et</strong><br />

de transparence des politiques budgétaires publiques qui se manifeste<br />

tant ici qu’à l’étranger. Ainsi, en France, la loi organique relative aux lois<br />

de finances du 1 er août 2000 qui réforme les structures <strong>et</strong> les procédures<br />

budgétaires afin de mieux faire apparaître les coûts <strong>et</strong> les résultats des<br />

divers programmes d’action publique, fait figurer l’évaluation des<br />

dépenses fiscales parmi les annexes d’évaluation des politiques budgétaires<br />

(art. 51). Aussi, le vote par mission devrait favoriser la comparaison<br />

des dépenses fiscales avec les dépenses budgétaires dans chacun des<br />

programmes de politique publique (art. 7, 43, 51-5). Enfin, l’OCDE se soucie<br />

également d’identifier les dépenses fiscales afin d’en tenir compte dans<br />

ses statistiques publiques tandis que l’OMC les traque pour débusquer les<br />

aides indirectes « d’eff<strong>et</strong> équivalent » à des subventions aux exportations.<br />

JUSTIFICATIF POUR UNE NOUVELLE TYPOLOGIE<br />

DES DÉPENSES FISCALES<br />

Or, comment la notion de dépenses fiscales <strong>et</strong> les typologies jusqu’ici<br />

utilisées par les Etats perm<strong>et</strong>tent-elles de contribuer à une plus grande<br />

transparence des comptes publics ? En d’autres termes, les finalités qui<br />

étaient assignées à l’identification <strong>et</strong> au recensement des dépenses<br />

fiscales sont-elles atteintes ?<br />

L’évaluation du coût des dépenses fiscales reste très approximative, non<br />

seulement en raison des difficultés techniques qu’elle représente, mais<br />

aussi du fait de la valorisation politique qui s’attache à c<strong>et</strong>te opération.<br />

En eff<strong>et</strong>, généralement, la dépense fiscale est préférée à la dépense<br />

budgétaire directe en raison de sa discrétion <strong>et</strong> de son absence d’eff<strong>et</strong><br />

apparent immédiat sur les finances publiques. On comprend dans ces<br />

conditions que l’évaluation du coût de ces dépenses puisse souvent être<br />

biaisée, volontairement ou involontairement. Quoi qu’il en soit,<br />

bien qu’une plus grande quantité de mesures fiscales préférentielles figure<br />

dans le fascicule de dépenses fiscales, le nombre de celles-ci faisant<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une évaluation quantitative est plus faible en France que dans<br />

les publications canadiennes <strong>et</strong> américaines. Au total, parmi les<br />

418 dépenses fiscales recensées dans la liste française, seulement 56 %<br />

étaient chiffrées (9).<br />

Quant à la classification actuelle des dépenses fiscales, Jouy<strong>et</strong>, Gibert <strong>et</strong><br />

Moutié (1987), ont déjà signalé qu’elle comporte « nécessairement une<br />

part d’arbitraire » <strong>et</strong> qu’elle « ne peut donc qu’être simplificatrice (10). »<br />

Sur la scène internationale, le constat est le même, la trop grande hétérogénéité<br />

de références <strong>et</strong> de critères ne peut que nuire à son utilisation.<br />

L’élaboration d’un nouveau cadre typologique des dépenses fiscales,<br />

comme nous le verrons dans la première partie, montre que la classification<br />

des dépenses fiscales pourrait sans trop de difficulté être harmonisée<br />

<strong>et</strong> généralisée, en se fondant sur des critères objectifs, indépendants de<br />

la nature ou de la finalité des dépenses fiscales, perm<strong>et</strong>tant ainsi l’établissement<br />

d’une typologie normative susceptible de contribuer à la transparence<br />

<strong>et</strong> à la sincérité des comptes publics.<br />

C<strong>et</strong>te nouvelle typologie peut être qualifiée d’objective ou normative<br />

dans la mesure où, sans impliquer un jugement de valeur, même implicite,<br />

sur les mesures recensées, elle vise seulement à les classer suivant leurs<br />

modalités d’application, c’est-à-dire en fonction d’indices externes, afin<br />

de vérifier si elles sont ou non comparables avec des mesures d’intervention<br />

budgétaire directes.<br />

L’élaboration d’une telle typologie ne vise pas à l’évaluation des dépenses<br />

fiscales ni en termes de coût financier, ni du point de vue de leur opportunité<br />

ou de leur efficacité. Elle ne tend pas plus à montrer une<br />

38<br />

quelconque supériorité des mesures d’aides budgétaires sur les mesures<br />

d’exonérations fiscales ou vice versa. En présentant un tableau, le plus<br />

compl<strong>et</strong> possible des dépenses fiscales effectuées dans un pays <strong>et</strong> en les<br />

classant suivant leur degré de comparabilité avec des dépenses budgétaires,<br />

comme nous le verrons dans la deuxième partie, l’application de<br />

la nouvelle typologie normative a seulement pour but de fournir un outil<br />

de gestion aux décideurs, leur perm<strong>et</strong>tant soit d’éclairer leur choix lors de<br />

l’élaboration d’une politique financière, soit lorsque leur choix est effectué<br />

ou s’est imposé à eux, de tenir compte, au moins pour mémoire, des<br />

conséquences financières de leur décision.<br />

PARTIE 1 : L’ÉLABORATION<br />

D’UN NOUVEAU CADRE TYPOLOGIQUE<br />

DES DÉPENSES FISCALES<br />

<strong>La</strong> présentation actuelle des dépenses fiscales n’est pas faite de manière<br />

à faciliter la comparaison des dépenses fiscales entre elles ou encore la<br />

comparaison avec les dépenses budgétaires.<br />

L’analyse des comptes de dépenses utilisés par le Canada, les Etats-Unis<br />

<strong>et</strong> la France nous a fait prendre conscience, qu’il n’existait aucune typologie<br />

commune pour déterminer, identifier, nommer, classer <strong>et</strong> interpréter<br />

d’une manière systémique les mesures fiscales apparaissant dans les<br />

comptes de dépenses fiscales. L’absence d’une approche typologique,<br />

à la fois holistique <strong>et</strong> pragmatique, perm<strong>et</strong>tant de standardiser la présentation<br />

<strong>et</strong> d’uniformiser le contenu des comptes de dépenses fiscales, nuit<br />

à leurs utilisations. Même si l’établissement d’une typologie des dépenses<br />

fiscales n’est pas un exercice facile en raison de leur diversité <strong>et</strong> des<br />

problèmes de définition qu’elles posent, il demeure nécessaire.<br />

D’emblée, nous reconnaissons que toute tentative pour dresser une typologie<br />

peut difficilement être généralisée de manière totalement uniforme<br />

en prenant en compte toutes les spécificités individuelles de chacun des<br />

Etats. Nous sommes conscients que les cadres typologiques, quels qu’ils<br />

soient, tombent souvent sous le coup de la critique. Néanmoins, nous<br />

considérons que l’élaboration d’une typologie a le mérite de m<strong>et</strong>tre en<br />

relief les dépenses fiscales en les ordonnant selon un de leurs aspects<br />

fondamentaux : leur réelle capacité à se substituer à des dépenses budgétaires.<br />

Finalement, l’absence de typologie pour les dépenses fiscales<br />

peut s’avérer plus néfaste qu’une classification uniforme même imparfaite.<br />

Nous souhaitons que notre cadre typologique <strong>et</strong> les critiques potentielles<br />

à son égard perm<strong>et</strong>tent une meilleure compréhension des interventions<br />

gouvernementales par l’intermédiaire des dépenses fiscales.<br />

Notre révision du concept par la mise en place d’un cadre typologique<br />

vise, d’une part, à faciliter la comparaison entre les dépenses fiscales <strong>et</strong><br />

les programmes de dépenses directes <strong>et</strong>, d’autre part, à standardiser la<br />

présentation des comptes de dépenses fiscales, afin de rendre comparable<br />

l’ensemble des interventions gouvernementales entre les pays,<br />

y compris les comptes de dépenses fiscales.<br />

Les limites des typologies actuelles<br />

L’absence de typologie commune fait en sorte que les dépenses fiscales<br />

sont présentées selon certaines rubriques à l’intérieur des comptes de<br />

dépenses fiscales, mais que ces rubriques ne sont pas universelles <strong>et</strong><br />

qu’elles diffèrent d’un pays à l’autre. Alors qu’en France, le fascicule de<br />

dépenses fiscales les regroupe selon leur nature pour chacun des impôts,<br />

sans égard à la nomenclature budgétaire de la loi de finances, aux Etats-<br />

Unis, les dépenses fiscales sont présentées selon les mêmes fonctions<br />

budgétaires que celles utilisées lors de la présentation du budg<strong>et</strong> de l’Etat.<br />

Classification selon la nature des dépenses fiscales<br />

Nous avons constaté que la définition des dépenses fiscales influence le<br />

contenu des comptes de dépenses fiscales. On remarque également que<br />

(9) France, Conseil des impôts, 21 e rapport au président de la République, Paris,<br />

2003, p. 49.<br />

(10) J.-P. Jouy<strong>et</strong>, B. Gibert <strong>et</strong> P. Moutié, « Les dépenses fiscales - Un tour d’horizon »<br />

dans Revue française de finances publiques, Paris, 1987, nº 18, p. 23.


fiscalité<br />

les interactions entre les programmes de dépenses budgétaires <strong>et</strong> les<br />

dépenses fiscales ne sont pas suffisamment intégrées dans les comptes de<br />

dépenses fiscales. Ainsi, un pays ayant une couverture sociale de la santé<br />

par un régime public risque de moins recourir aux dépenses fiscales pour<br />

ce poste. Par contre, dans un pays sans régime public universel à l’égard<br />

de la santé, comme c’est le cas aux Etats-Unis, les dépenses fiscales perm<strong>et</strong>tant<br />

la déduction des dépenses liées à la santé ont une importance<br />

supérieure. Au bout du compte, pour établir une comparaison adéquate<br />

des dépenses gouvernementales, c’est l’ensemble des interventions budgétaires<br />

<strong>et</strong> fiscales pour un secteur donné qui doit être comparé. Dès lors,<br />

nous pouvons dire que la présentation actuelle des comptes de dépenses<br />

fiscales n’est pas conçue pour faciliter la comparaison des dépenses fiscales<br />

avec les programmes de dépenses budgétaires ayant des objectifs<br />

similaires. Evidemment, cela nuit aux comparaisons internationales des<br />

interventions gouvernementales.<br />

Classification selon les objectifs des dépenses fiscales<br />

<strong>La</strong> classification des dépenses fiscales selon leurs objectifs nous a démontré<br />

que celles ayant un objectif de politique sociale diffèrent dans leurs<br />

conceptions <strong>et</strong> leurs fonctionnements de celles ayant un objectif de politique<br />

économique. Seul le fascicule de dépenses fiscales de la France<br />

mentionne l’objectif de chaque dépense fiscale. Les comptes de<br />

dépenses fiscales du Canada <strong>et</strong> des Etats-Unis ne distinguent pas les<br />

dépenses fiscales selon leurs objectifs. En outre, ces comptes de dépenses<br />

fiscales contiennent sans distinction, d’une part, des dépenses fiscales<br />

pour la prise en compte d’un état de fait dans la situation personnelle du<br />

contribuable, telles une mesure fiscale liée à un handicap physique <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, des dépenses fiscales cherchant à modifier le comportement<br />

du contribuable, telle une mesure fiscale incitant l’épargne r<strong>et</strong>raite.<br />

L’absence de distinction entre les dépenses fiscales ayant des objectifs de<br />

politique sociale <strong>et</strong> celles ayant des objectifs de politique économique<br />

nuit à l’utilisation effective des comptes de dépenses fiscales ainsi qu’à<br />

leur pertinence en vue de comparer les dépenses fiscales. Finalement,<br />

dans un souci de comparaison internationale, la présentation actuelle des<br />

comptes de dépenses fiscales, sans approche commune <strong>et</strong> aux contenus<br />

variables, complexifie leurs comparaisons.<br />

Dépenses fiscales <strong>et</strong> dépenses budgétaires<br />

En vue de revoir le concept de dépenses fiscales, nous devons d’abord<br />

revoir les objectifs initiaux qui ont incité les gouvernements à définir leurs<br />

dépenses fiscales <strong>et</strong> à publier un document annuel sur le suj<strong>et</strong>. Les<br />

dépenses fiscales sont l’un des modes d’intervention utilisés par les gouvernements<br />

pour mener leurs actions. A ce titre, le principal objectif des<br />

comptes de dépenses fiscales est de perm<strong>et</strong>tre une comparaison entre<br />

les actions gouvernementales à caractère fiscal <strong>et</strong> à caractère budgétaire.<br />

C<strong>et</strong>te comparaison a pour but de favoriser une meilleure affectation<br />

des ressources gouvernementales. Il semble évident que lorsqu’un gouvernement<br />

décide d’examiner sa politique dans un domaine donné,<br />

l’ensemble des formes d’intervention doit être pris en compte. A l’origine,<br />

la mise en place de la notion de dépenses fiscales avait pour but de<br />

perm<strong>et</strong>tre la détection des dispositions fiscales symétriques aux programmes<br />

de dépenses budgétaires. A c<strong>et</strong> égard, Perry (1998) souligne<br />

que « la fonction première d’un compte de dépenses fiscales devait comparer<br />

l’aide fournie par le système fiscal avec les dépenses directes pour<br />

des objectifs de politiques semblables (11). » Aussi, Mc Daniel (1988) souligne<br />

que le but initial des comptes de dépenses fiscales n’était pas de<br />

répertorier tous les écarts possibles, mais de fournir de l’information aux<br />

parlementaires sur les dispositions qui constituaient manifestement l’équivalent<br />

de programmes de dépenses directes (12). Pourtant, même si dès<br />

le départ la comparaison entre les dépenses fiscales <strong>et</strong> les dépenses budgétaires<br />

ayant des objectifs similaires est ressortie comme le principal rôle<br />

de la publication d’un compte de dépenses fiscales, nous constatons que<br />

bien peu d’efforts sont consacrés à c<strong>et</strong>te comparaison. En outre, les définitions<br />

utilisées jusqu’à présent ne perm<strong>et</strong>tent pas de déterminer uniquement<br />

les mesures fiscales symétriques aux programmes de dépenses<br />

directes. Actuellement, parmi les mesures fiscales se r<strong>et</strong>rouvant dans les<br />

comptes de dépenses fiscales, certaines d’entre elles sont incontestablement<br />

des dépenses fiscales, au sens où elles sont totalement symétriques<br />

aux dépenses budgétaires. Par contre, d’autres mesures fiscales, figurant<br />

dans les comptes de dépenses fiscales, s’y r<strong>et</strong>rouvent à la suite de jugements<br />

de valeur dans l’application des paramètres du système fiscal de<br />

référence.<br />

<strong>La</strong> redéfinition des dépenses fiscales <strong>et</strong> la mise en place d’une typologie<br />

normative doivent clarifier c<strong>et</strong>te situation <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre une comparaison<br />

sans équivoque des dépenses fiscales <strong>et</strong> des programmes de dépenses<br />

budgétaires. Dans le but d’intégrer les dépenses fiscales au processus<br />

budgétaire, le cadre typologique doit accroître le degré de parallélisme<br />

entre certaines dépenses fiscales <strong>et</strong> certains programmes de dépenses<br />

directes. L’utilisation des définitions actuelles fait en sorte que toutes<br />

mesures fiscales qui dérogent aux paramètres du système fiscal de référence<br />

deviennent de facto des dépenses fiscales. Parmi celles-ci, certaines<br />

peuvent facilement être remplacées par un programme de<br />

dépenses directes, alors que d’autres non. Ainsi, des mesures fiscales sont<br />

répertoriées dans les comptes de dépenses fiscales sans égard aux difficultés<br />

liées à leur remplacement par des programmes de dépenses<br />

directes. <strong>La</strong> transformation de dépenses fiscales en programmes de<br />

dépenses directes s’avère plus simple pour certaines dépenses fiscales<br />

que pour d’autres. A titre d’exemple, nous pouvons, sans l’ombre d’un<br />

doute, statuer qu’une mesure fiscale comme la prime à l’emploi constitue<br />

une dépense fiscale puisqu’il s’agit d’une exception à la norme d’imposition.<br />

C<strong>et</strong>te mesure fiscale pourrait facilement être éliminée alors que ces<br />

objectifs pourraient être pris en compte par un programme de dépenses<br />

directes. Pour y parvenir, il suffirait d’éliminer ce crédit d’impôt remboursable<br />

<strong>et</strong> de l’offrir sous forme de prestations versées par le ministère de<br />

l’Emploi aux mêmes bénéficiaires. Dans ce genre de cas, il n’existe aucune<br />

difficulté pour un gouvernement à modifier sa politique fiscale <strong>et</strong> sa politique<br />

de dépenses publiques.<br />

A l’inverse, d’autres mesures fiscales, comme les traitements préférentiels<br />

sur les plus-values, constituent aussi des dépenses fiscales puisqu’il s’agit<br />

encore une fois d’une exception à la norme d’imposition. Par contre, leur<br />

conversion en programme de dépenses directes est beaucoup plus difficile,<br />

voire impossible, à réaliser dans la pratique. D’une part, la valeur de<br />

l’avantage découlant de ce traitement préférentiel dépend du taux marginal<br />

d’imposition des bénéficiaires. D’autre part, les bénéficiaires ne sont<br />

pas nécessairement les mêmes d’une année à l’autre. Néanmoins, c<strong>et</strong>te<br />

mesure fiscale constitue, malgré tout, une dépense fiscale parce qu’elle<br />

déroge à la règle générale d’imposition <strong>et</strong>, en conséquence, elle est<br />

répertoriée dans les comptes de dépenses fiscales. Toutefois, elle est difficile<br />

à convertir en programme de dépenses directes.<br />

Les critères de la nouvelle typologie<br />

Certains auteurs ont tenté de revoir la définition de la notion de dépenses<br />

fiscales afin de la limiter aux seules mesures fiscales dont les objectifs peuvent<br />

être atteints par des programmes de dépenses directes. Fiekowsky<br />

(1980) a proposé de limiter la définition des dépenses fiscales aux seuls<br />

programmes fiscaux se substituant à des programmes de dépenses<br />

directes <strong>et</strong> pouvant être financés par des fonds appropriés (13). De son<br />

côté, Thuronyi (1988) a suggéré de limiter la définition du concept de<br />

dépenses fiscales aux mesures fiscales substituables. Ces dernières étant<br />

les dispositions fiscales qui peuvent être remplacées par un programme<br />

non fiscal tout en accomplissant les mêmes obj<strong>et</strong>s aussi efficacement (14).<br />

En vue de combler les lacunes apparentes du concept de dépenses<br />

fiscales, nous proposons une définition plus restreinte de la notion :<br />

« Afin de conduire à une présentation symétrique des interventions gouvernementales<br />

dans le budg<strong>et</strong> de l’Etat, les dépenses fiscales constituent<br />

un sous-ensemble de mesures fiscales préférentielles offertes par l’administration<br />

publique pouvant être assimilées à des dépenses budgétaires<br />

en considérant que le manque à gagner, en terme de rec<strong>et</strong>tes fiscales,<br />

(11) D. Perry, « Federal and Provincial Tax Expenditures » dans Canadian Tax Journal,<br />

vol. 46, nº 1, Toronto, 1998, p. 95-213, traduction.<br />

(12) P. Mc Daniel, « Comment : Tax Expenditure Budg<strong>et</strong> from Inside the Government »<br />

dans The seventh John Deutsch roundtable on economic policy, Queen’s University,<br />

Kingston, 1988, p. 269.<br />

(13) S. Fiekowsky, « The Relation of the Tax Expenditure to the Distribution of the Fiscal<br />

Burden » dans Canadian Taxation, vol. 2, nº 4, Toronto, 1980, p. 215.<br />

(14) V. Thuronyi, « Tax Expenditures : a Ressessment » dans Duke <strong>La</strong>w Journal, vol.<br />

1988, Durham, 1988, p. 1155-1206.<br />

39


fiscalité<br />

représente pour le Trésor Public l’équivalent de sommes engagées par<br />

l’intervention gouvernementale, lorsque celles-ci peuvent être remplacées<br />

par des programmes de dépenses directes. »<br />

Partant de c<strong>et</strong>te définition, nous déterminons un cadre typologique cherchant<br />

à atteindre les objectifs initiaux ayant incité les gouvernements à<br />

m<strong>et</strong>tre en place le concept de dépenses fiscales. Pour ce faire, nous<br />

proposons la détermination d’un cadre typologique ordonnant les différentes<br />

mesures fiscales préférentielles, selon le degré de difficulté pour les<br />

remplacer par un programme de dépenses budgétaires. Pour y parvenir,<br />

le cadre typologique utilise une série de critères en vue de déterminer le<br />

degré de comparabilité entre les dépenses fiscales <strong>et</strong> les programmes de<br />

dépenses budgétaires.<br />

Les critères utilisés en vue de déterminer le degré de comparabilité sont :<br />

– la neutralité par rapport à l’objectif général visé lors du remplacement<br />

de la mesure fiscale par une dépense budgétaire ;<br />

– la neutralité par rapport aux gains financiers du bénéficiaire lors du<br />

remplacement de la mesure fiscale par une dépense budgétaire ;<br />

– la neutralité par rapport au budg<strong>et</strong> de l’Etat lors du remplacement de<br />

la mesure fiscale par une dépense budgétaire ;<br />

– la neutralité par rapport aux frais de gestion rattachés à son exécution<br />

lors du remplacement de la mesure fiscale par une dépense budgétaire ;<br />

– la neutralité par rapport aux modalités de paiement lors du remplacement<br />

de la mesure fiscale par une dépense budgétaire.<br />

En fonction de l’application de ces critères, le cadre typologique, exposé<br />

au tableau 1, regroupe les mesures fiscales en cinq catégories :<br />

– les dépenses fiscales interchangeables ;<br />

– les dépenses fiscales remplaçables ;<br />

– les dépenses fiscales comparables ;<br />

– les mesures fiscales non comparables ; <strong>et</strong><br />

– les préférences fiscales.<br />

Tableau 1<br />

Les critères du cadre typologique des dépenses fiscales<br />

Critères/Type de dépenses fiscales Interchangeable Remplaçable Comparable Non comparable Préférences fiscales<br />

Neutralité liée à l’objectif général de la mesure ....... oui oui oui oui non<br />

Neutralité liée au gain financier du bénéficiaire ....... oui oui oui non non<br />

Neutralité liée au budg<strong>et</strong> de l’Etat .............................. oui oui oui non non<br />

Neutralité liée aux frais de gestion ............................... oui oui non non non<br />

Neutralité liée aux modalités de paiement ................ oui non non non non<br />

Les dépenses fiscales interchangeables<br />

Elles représentent les mesures fiscales qui ont toutes les caractéristiques<br />

des dépenses directes. Elles pourraient être offertes par l’intermédiaire de<br />

programmes de dépenses directes, sans qu’il y ait de modification dans<br />

l’atteinte de ses objectifs généraux, ni dans son coût global, ni dans les<br />

gains financiers octroyés aux bénéficiaires, ni dans les frais d’administration<br />

rattachés à son exécution pour le Gouvernement ou dans les modalités<br />

de paiement du bénéficiaire. Les crédits d’impôt remboursables se qualifient<br />

au titre de dépenses fiscales interchangeables. A titre d’exemple, la<br />

prime française pour l’emploi destinée aux contribuables modestes déclarant<br />

des revenus d’activité, la prestation fiscale canadienne pour enfants<br />

<strong>et</strong> le earned income credit américain constituent des dépenses fiscales<br />

interchangeables. Ces mesures fiscales préférentielles peuvent en eff<strong>et</strong><br />

déjà être facilement considérées comme des dépenses directes, même<br />

si elles reposent sur des indicateurs fiscaux pour déterminer la valeur de<br />

l’aide octroyée. Ces crédits remboursables ne sont nullement liés aux<br />

impôts à payer des bénéficiaires puisqu’un contribuable pourrait n’avoir<br />

aucun impôt à payer <strong>et</strong> bénéficier de ces dépenses fiscales par un remboursement<br />

d’impôt. Il est difficile de contester que la partie des crédits<br />

d’impôt remboursables qui excède les impôts à payer d’un contribuable<br />

puisse être autre chose qu’une dépense publique. Essentiellement, les<br />

dépenses fiscales interchangeables comprennent l’ensemble des mesures<br />

fiscales visées par le guide d’interprétation relatif aux statistiques des<br />

rec<strong>et</strong>tes publiques de l’OCDE (15). Ainsi, les dépenses fiscales interchangeables<br />

sont celles dont l’OCDE demande déjà aux pays membres,<br />

avec plus ou moins de succès, leurs prises en compte dans la présentation<br />

des dépenses <strong>et</strong> des rec<strong>et</strong>tes publiques, puisque selon leurs mécanismes<br />

elles possèdent toutes les caractéristiques des dépenses directes (16).<br />

Les dépenses fiscales remplaçables<br />

Elles représentent les mesures fiscales qui peuvent être offertes par l’intermédiaire<br />

de programmes de dépenses directes, sans qu’il y ait de modification<br />

dans l’atteinte de ses objectifs généraux, ni dans son coût global,<br />

ni dans les gains financiers octroyés aux bénéficiaires ou dans les frais<br />

d’administration rattachés à son exécution pour le Gouvernement.<br />

Cependant, la transformation des dépenses fiscales remplaçables en<br />

dépenses directes ne serait pas neutre sur les modalités de paiement du<br />

bénéficiaire. A titre d’exemple, la non-imposition de certaines prestations<br />

40<br />

gouvernementales constitue une dépense fiscale interchangeable. C<strong>et</strong>te<br />

mesure peut, en eff<strong>et</strong>, être facilement éliminée <strong>et</strong> intégrée dans un programme<br />

de dépenses directes. Pour cela, dans bien des cas, il suffit d’éliminer<br />

l’exonération fiscale de la prestation <strong>et</strong> de majorer le versement des<br />

prestations aux bénéficiaires. <strong>La</strong> plupart des crédits d’impôt non remboursables,<br />

dont les crédits d’impôt personnels canadiens <strong>et</strong> les réductions<br />

fiscales françaises, peuvent également à ce titre être considérés comme<br />

des dépenses fiscales remplaçables, puisqu’ils satisfont les critères liés aux<br />

objectifs généraux de la mesure, aux gains financiers octroyés, au coût<br />

global <strong>et</strong> aux frais d’administration.<br />

Les dépenses fiscales comparables<br />

Elles représentent les mesures fiscales qui peuvent être offertes par des<br />

programmes de dépenses directes sans qu’il y ait de modification dans<br />

l’atteinte de ses objectifs généraux, ni dans son coût global, tout en<br />

octroyant des gains financiers similaires aux bénéficiaires. Cependant, la<br />

transformation de ces mesures fiscales en dépenses directes entraîne<br />

généralement une hausse des frais d’administration rattachés à son exécution<br />

pour le Gouvernement <strong>et</strong> une modification dans les modalités de<br />

paiement du bénéficiaire. A titre d’exemple, certaines déductions fiscales,<br />

telles que les déductions fiscales destinées aux entreprises en France,<br />

constituent des dépenses fiscales remplaçables. Ces mesures peuvent en<br />

eff<strong>et</strong> être facilement éliminées <strong>et</strong> prises en compte dans un programme<br />

de dépenses directes. Pour cela, il suffit d’éliminer la déduction fiscale <strong>et</strong><br />

de majorer les programmes de subventions offerts aux entreprises. Cependant,<br />

considérant que l’aide fiscale octroyée par la déduction fiscale est<br />

fonction du bénéfice imposable de l’entreprise, l’élimination de la déduction<br />

fiscale <strong>et</strong> son remplacement par un programme hors régime fiscal<br />

offrent des gains financiers similaires aux bénéficiaires, mais haussent les<br />

frais d’administration du programme <strong>et</strong> modifient les modalités de paiement<br />

du bénéficiaire.<br />

Les mesures fiscales non comparables<br />

Elles représentent les mesures fiscales qui peuvent être offertes par des<br />

programmes de dépenses directes sans qu’il y ait de modification dans<br />

l’atteinte de ses objectifs. Cependant, si ces mesures fiscales sont offertes<br />

(15) OCDE, Statistiques des rec<strong>et</strong>tes publiques 1965-2000, Paris, 2001, p. 283-284.<br />

(16) OCDE, Statistiques des rec<strong>et</strong>tes publiques 1965-2002, Paris, 2003, p. 59-63.


fiscalité<br />

par l’intermédiaire des dépenses directes plutôt que par l’entremise du<br />

régime fiscal, elles modifient les gains financiers octroyés aux bénéficiaires<br />

ainsi que les modalités de paiement du bénéficiaire <strong>et</strong> augmentent les<br />

coûts globaux de la mesure <strong>et</strong> les frais d’administration rattachés à son<br />

exécution pour le Gouvernement. A titre d’exemple, le traitement préférentiel<br />

sur les plus-values constitue une mesure fiscale non comparable.<br />

C<strong>et</strong>te mesure ne peut pas en eff<strong>et</strong> être facilement éliminée <strong>et</strong> remplacée<br />

par un programme de dépenses directes. Les difficultés liées à la conversion<br />

des mesures fiscales préférentielles sur les plus-values en programme<br />

de dépenses directes proviennent, d’une part, du fait que la valeur de<br />

l’avantage lié au traitement préférentiel dépend du taux marginal d’imposition<br />

de chacun des bénéficiaires <strong>et</strong>, d’autre part, que les bénéficiaires<br />

peuvent changer d’une année à l’autre.<br />

Les préférences fiscales<br />

Elles représentent l’ensemble des mesures fiscales qui ne peuvent tout<br />

simplement pas être offertes hors du régime fiscal. A titre d’exemple, les<br />

congés fiscaux constituent des préférences fiscales. Ces mesures ne peuvent<br />

pas être éliminées <strong>et</strong> remplacées par des programmes de dépenses<br />

directes sans, pour y parvenir, modifier à la fois l’objectif général du<br />

programme, les gains financiers octroyés aux bénéficiaires, le coût global<br />

du programme, les frais de gestion pour le Gouvernement <strong>et</strong> les modalités<br />

de paiement du bénéficiaire.<br />

PARTIE 2 : L’APPLICATION<br />

DE LA NOUVELLE TYPOLOGIE<br />

DES DÉPENSES FISCALES<br />

L’application du cadre typologique à l’ensemble des mesures fiscales<br />

contenues dans les comptes de dépenses fiscales actuellement utilisés par<br />

le Canada, les Etats-Unis <strong>et</strong> la France perm<strong>et</strong> de voir, par impôt <strong>et</strong> taxe, la<br />

répartition des dépenses fiscales, selon leur degré de difficulté à les transformer<br />

en dépenses directes. L’objectif d’établir c<strong>et</strong>te typologie normative<br />

des dépenses fiscales vise à m<strong>et</strong>tre en évidence les dépenses fiscales pouvant<br />

être pleinement comparées aux programmes de dépenses directes<br />

<strong>et</strong> les dépenses fiscales ne pouvant faire l’obj<strong>et</strong> d’une comparaison avec<br />

les programmes de dépenses directes. Pour établir la répartition des<br />

dépenses fiscales de l’ensemble des impôts <strong>et</strong> taxes, selon notre cadre<br />

typologique, nous avons analysé l’ensemble des 862 mesures fiscales<br />

apparaissant dans les comptes de dépenses fiscales du Canada, des Etats-<br />

Unis <strong>et</strong> de la France. Nous les avons reclassés selon les nouvelles catégories<br />

de mesures fiscales : les dépenses fiscales « interchangeables », les<br />

dépenses fiscales « remplaçables », les dépenses fiscales « comparables »,<br />

les mesures fiscales « non comparables » <strong>et</strong> les « préférences fiscales ».<br />

Le tableau 2 illustre, à l’aide de cinq mesures fiscales françaises, l’application<br />

des critères du cadre typologique.<br />

Tableau 2<br />

Application du cadre typologique pour certaines dépenses fiscales françaises<br />

Mesures fiscales préférentielles françaises Objectif général Gains financiers Budg<strong>et</strong> de l’Etat Frais de gestion<br />

Modalités<br />

de paiement<br />

Interchangeable :<br />

Prime pour l’emploi .................................................................... oui oui oui oui oui<br />

Remplaçable :<br />

Réduction d’impôt au titre des dons ...................................... oui oui oui oui non<br />

Comparable :<br />

Déduction du bénéfice des sommes versées en application<br />

d’un plan d’épargne ................................................................. oui oui oui non non<br />

Non comparable :<br />

Demi-part supplémentaire pour les contribuables invalides . oui non non non non<br />

Préférence fiscale :<br />

Régime d’imposition simplifié des revenus fonciers .............. non non non non non<br />

Les résultats<br />

du nouveau cadre typologique<br />

Avant de présenter les résultats de notre proposition de typologie normative<br />

des dépenses fiscales, notons d’abord certaines précisions relativement<br />

aux prémisses liées à c<strong>et</strong> exercice de classification. Premièrement,<br />

bien que c<strong>et</strong>te typologie des dépenses fiscales soit plus simple<br />

que la détermination des dépenses fiscales avec un système fiscal de<br />

référence, l’exercice nécessite néanmoins quelques interprétations<br />

techniques. Deuxièmement, les sommations des dépenses fiscales dans<br />

c<strong>et</strong>te classification n’ont pas pour objectif de déterminer les coûts globaux<br />

des dépenses fiscales. L’exercice quantitatif vise uniquement à<br />

établir des ratios de comparaisons entre les catégories de dépenses<br />

fiscales. Troisièmement, les résultats de notre typologie des dépenses<br />

fiscales, selon la redéfinition du concept, sont limités par l’information<br />

contenue dans les comptes de dépenses fiscales existants dans<br />

chaque pays. Quatrièmement, seules les dépenses fiscales ayant une<br />

certaine ampleur ont été r<strong>et</strong>enues dans c<strong>et</strong>te classification (17). Finalement,<br />

l’analyse comparative des dépenses fiscales entre le Canada,<br />

les Etats-Unis <strong>et</strong> la France ne vise pas à déterminer le degré d’interventionnisme<br />

fiscal optimal. Malgré ces réserves méthodologiques, c<strong>et</strong>te<br />

typologie des dépenses fiscales perm<strong>et</strong> la détermination de ratios d’utilisation<br />

entre les catégories de dépenses fiscales. A ce titre, les écarts<br />

dans les ratios d’utilisation entre les pays fournissent une information<br />

pertinente afin de rendre compte des disparités dans l’utilisation de la<br />

politique fiscale pour la réalisation de programmes de dépenses<br />

publiques.<br />

Impôt sur le revenu<br />

Le tableau 3 montre, par pays, les ratios découlant de la typologie<br />

normative des dépenses fiscales pour l’impôt sur le revenu des particuliers.<br />

<strong>La</strong> sommation des ratios de dépenses fiscales « interchangeables<br />

», « remplaçables » <strong>et</strong> « comparables » nous amène à déterminer<br />

les dépenses fiscales pouvant être pleinement comparées aux programmes<br />

de dépenses budgétaires. Nous constatons que les ratios pour<br />

(17) Pour plus de détails à ce suj<strong>et</strong>, voir : Canada, ministère des <strong>Finances</strong>, Dépenses<br />

fiscales <strong>et</strong> évaluations : 2002, Ottawa, 2002, p. 18-27. Etats-Unis, Joint Committee on<br />

Taxation, Estimates of Federal Tax Expenditures for Fiscal Years 2003-2007, – préparé<br />

par le « Committee on Ways and Means » <strong>et</strong> le « Committee on Finance », United<br />

States Congress, Washington, 2002, p. 20-28. France, ministère de l’Economie <strong>et</strong> des<br />

<strong>Finances</strong>, Proj<strong>et</strong> de loi de finances pour 2003, fascicule « Evaluations des voies <strong>et</strong><br />

moyens », tome 2, Paris, 2003, p. 31-84.<br />

41


fiscalité<br />

les dépenses fiscales « pleinement comparables » varient d’un pays à<br />

l’autre. Les résultats de la typologie normative des dépenses fiscales des<br />

impôts sur le revenu des particuliers montrent que plus de 32 % des<br />

dépenses fiscales sont « pleinement comparables » avec des<br />

programmes de dépenses directes en France, alors que ce ratio est de<br />

36 % au Canada. Aux Etats-Unis, seulement 16 % des dépenses fiscales<br />

peuvent être pleinement comparées avec des programmes de<br />

dépenses directes.<br />

Tableau 3<br />

Typologie normative des dépenses fiscales<br />

de l’impôt sur le revenu des particuliers – année 2003<br />

Catégories de dépenses fiscales<br />

Canada<br />

(%)<br />

Etats-Unis<br />

(%)<br />

France<br />

(%)<br />

Dépenses fiscales interchangeables ... 12,7 8,5 7,0<br />

Dépenses fiscales remplaçables .......... 18,3 6,3 21,5<br />

Dépenses fiscales comparables ........... 4,8 1,1 4,3<br />

Mesures fiscales non comparables ...... 50,8 75,2 56,0<br />

Préférences fiscales ............................... 13,4 8,9 11,1<br />

Total des mesures fiscales .................... 100 100 100<br />

Impôt des sociétés<br />

Du côté des impôts des sociétés, le tableau 4 montre, par pays, les ratios<br />

découlant de la typologie normative des dépenses fiscales ; nous<br />

constatons qu’en raison de la nature des dépenses fiscales pour les<br />

sociétés, la sommation des ratios de dépenses fiscales « interchangeables<br />

», « remplaçables » <strong>et</strong> « comparables » avec les programmes de<br />

dépenses budgétaires est plus faible que pour les impôts sur le revenu<br />

des particuliers. Les résultats de la typologie normative des dépenses<br />

fiscales des impôts des sociétés montrent des résultats similaires pour le<br />

Canada <strong>et</strong> la France, avec un peu plus de 20 % des dépenses fiscales<br />

qui sont « pleinement comparables » avec des programmes de<br />

dépenses directes. Aux Etats-Unis, comme pour l’impôt sur le revenu des<br />

particuliers, ce ratio est inférieur aux deux autres pays comparés.<br />

Tableau 4<br />

Typologie normative des dépenses fiscales<br />

de l’impôt des sociétés – année 2003<br />

s’expliquer par les difficultés politiques à m<strong>et</strong>tre en œuvre la TVA. Ainsi,<br />

afin de faire accepter la réforme des taxes à la consommation <strong>et</strong> la mise<br />

en place d’une TVA, une série d’aménagements dans son application<br />

a été concédée. Premièrement, malgré le principe de la TVA voulant<br />

que seuls les assuj<strong>et</strong>tis exerçant des activités taxables puissent récupérer<br />

la taxe payée sur les intrants, au Canada certains secteurs offrant des<br />

activités non taxables ont tout de même droit à la récupération d’une<br />

partie de la taxe payée sur leurs intrants. A c<strong>et</strong> égard, les écoles, les<br />

universités, les collèges publics, les hôpitaux <strong>et</strong> les municipalités fournissent<br />

des services exonérés, mais ont tout de même droit à un remboursement<br />

d’une partie de la taxe payée sur leurs intrants. Ces remboursements<br />

visent à éviter que ces secteurs ne supportent une taxe plus élevée<br />

sous le régime de la TVA qu’ils ne supportaient sous l’ancien régime de<br />

taxation de la consommation prévalant avant 1991. Ainsi, en fonction<br />

du poids de l’ancienne taxe à la consommation sur les achats de ces<br />

secteurs, des ratios de remboursement ont été établis : municipalités<br />

57,14 % ; hôpitaux 83 % ; écoles 68 % <strong>et</strong> universités 67 % (19). Ainsi, chaque<br />

organisme de ces secteurs reçoit périodiquement un chèque du Gouvernement<br />

au titre de remboursement de la taxe payée sur leurs intrants.<br />

Deuxièmement, toujours en vue de faciliter l’acceptation de la TVA, un<br />

crédit pour les familles à faible revenu a été mis en place. Ainsi, chaque<br />

famille admissible reçoit sur une base trimestrielle un chèque du Gouvernement<br />

pour prendre en compte le poids de la taxe dans sa consommation.<br />

Ces particularités d’application de la taxe canadienne n’ont<br />

aucun corollaire en France. Par ailleurs, ces deux mécanismes de remboursement<br />

de taxe s’apparentent à des programmes de dépenses<br />

directes, mais sont considérés par le ministère des <strong>Finances</strong> du Canada<br />

comme des dépenses fiscales. L’application de la nouvelle typologie<br />

perm<strong>et</strong>trait une intégration de ceux-ci dans les dépenses publiques.<br />

Tableau 5<br />

Typologie normative des dépenses fiscales<br />

de la taxe sur la valeur ajoutée – année 2003<br />

Catégories de dépenses fiscales<br />

Canada<br />

(%)<br />

France<br />

(%)<br />

Dépenses fiscales interchangeables ................ 43,6 0,0<br />

Dépenses fiscales remplaçables ...................... 0,0 0,0<br />

Dépenses fiscales comparables ....................... 0,0 0,0<br />

Mesures fiscales non comparables .................. 53,5 97,2<br />

Préférences fiscales ............................................ 2,9 2,8<br />

Catégories de dépenses fiscales<br />

Canada<br />

(%)<br />

Etats-Unis<br />

(%)<br />

France<br />

(%)<br />

Total des mesures fiscales ................................. 100 100<br />

Dépenses fiscales interchangeables ... 14,4 3,3 10,8<br />

Dépenses fiscales remplaçables .......... 2,8 8,6 0,0<br />

Dépenses fiscales comparables ........... 5,1 1,2 11,2<br />

Mesures fiscales non comparables ...... 41,6 36,8 45,1<br />

Préférences fiscales ............................... 36,1 50,2 32,9<br />

Total des mesures fiscales .................... 100 100 100<br />

Taxe sur la valeur ajoutée (18)<br />

En ce qui concerne les taxes sur la valeur ajoutée, le tableau 5 montre,<br />

par pays, les ratios découlant de la typologie normative des dépenses<br />

fiscales ; nous constatons que les paramètres initiaux de la TVA affectent<br />

la quantité de dépenses fiscales pouvant être considérées comme<br />

« pleinement comparables » avec les programmes de dépenses budgétaires.<br />

Les résultats montrent qu’au Canada plus de 44 % des dépenses<br />

fiscales sont « interchangeables » avec des programmes de dépenses<br />

directes, alors qu’en France, aucune dépense fiscale ne peut être pleinement<br />

comparée aux programmes de dépenses directes. <strong>La</strong> forte<br />

quantité de dépenses fiscales « interchangeables » au Canada peut<br />

42<br />

Ensembledesimpôts<strong>et</strong>taxes<br />

Actuellement, les comptes de dépenses fiscales recensent le manque<br />

à gagner de chaque mesure fiscale sans pour autant s’assurer que<br />

les dépenses fiscales peuvent être comparées avec les programmes<br />

de dépenses budgétaires. Les nouvelles définitions de dépenses<br />

fiscales perm<strong>et</strong>tent de déterminer les dépenses fiscales qui sont<br />

« pleinement comparables » aux programmes de dépenses budgétaires.<br />

Le tableau 6 illustre que pour l’ensemble des mesures fiscales contenues<br />

dans les comptes de dépenses fiscales, l’application du cadre typologique<br />

a permis de déterminer que plus du tiers des dépenses fiscales du<br />

Canada sont « pleinement comparables » aux programmes de dépenses<br />

budgétaires. En France, le ratio des dépenses fiscales « pleinement<br />

comparables » est de près de 25 %. Aux Etats-Unis, ce ratio est de 15 %.<br />

(18) Les Etats-Unis n’ont pas de TVA, seuls certains Etats <strong>et</strong> certaines collectivités<br />

locales utilisent des taxes sur les ventes au détail. Dans ce contexte, les Etats-Unis<br />

ne recensent pas dans leur budg<strong>et</strong> de dépenses fiscales, les mesures fiscales liées<br />

aux taxes à la consommation.<br />

(19) Ces ratios ont été établis en 1990, lors des discussions concernant la mise en<br />

œuvre de la taxe sur les produits <strong>et</strong> services, ils n’ont pratiquement pas fait l’obj<strong>et</strong><br />

de modifications depuis.


fiscalité<br />

Tableau 6<br />

Typologie normative de l’ensemble des dépenses fiscales – année 2003<br />

Catégories de dépenses fiscales<br />

Canada<br />

(%)<br />

Etats-Unis<br />

(%)<br />

France<br />

(%)<br />

Dépenses fiscales interchangeables<br />

Impôts sur le revenu des particuliers .... 8,6 7,5 4,5<br />

Impôt des sociétés ................................. 2,7 0,4 1,0<br />

Taxes à la consommation ..................... 6,0 0,0 0,0<br />

Total des dépenses fiscales interchangeables<br />

................................................... 17,3 7,8 5,5<br />

Dépenses fiscales remplaçables<br />

Impôts sur le revenu des particuliers .... 12,4 5,5 13,7<br />

Impôt des sociétés ................................. 0,5 1,0 0,0<br />

Autres impôts directs ............................. 0,0 0,0 0,1<br />

Total des dépenses fiscales remplaçables<br />

..................................................... 12,9 6,5 13,8<br />

Dépenses fiscales comparables<br />

Impôts sur le revenu des particuliers .... 3,3 1,0 2,8<br />

Impôt des sociétés ................................. 0,9 0,1 1,0<br />

Autres impôts directs ............................. 0,0 0,0 1,4<br />

Autres taxes indirectes .......................... 0,0 0,0 0,5<br />

Total des dépenses fiscales comparables<br />

...................................................... 4,2 1,1 5,7<br />

Mesures fiscales non comparables<br />

Impôts sur le revenu des particuliers .... 34,4 66,1 35,8<br />

Impôt des sociétés ................................. 7,7 4,4 4,0<br />

Taxes à la consommation ..................... 7,4 0,0 18,3<br />

Autres impôts directs ............................. 0,0 0,0 3,0<br />

Autres taxes indirectes .......................... 0,0 0,0 3,4<br />

Total des dépenses fiscales non comparables<br />

................................................. 49,5 70,6 64,4<br />

Préférences fiscales<br />

Impôts sur le revenu des particuliers .... 9,1 7,8 7,1<br />

Impôt des sociétés ................................. 6,7 6,1 3,0<br />

Taxes à la consommation ..................... 0,4 0,0 0,5<br />

Total des préférences fiscales .............. 16,1 13,9 10,6<br />

Total des dépenses fiscales .................. 100 100 100<br />

Les changements apportés<br />

par l’application<br />

du nouveau cadre typologique<br />

Application généralisée à l’ensemble des impôts <strong>et</strong> taxes<br />

Même si la France intègre les dépenses fiscales pour l’ensemble des<br />

impôts <strong>et</strong> taxes dans son fascicule sur les dépenses fiscales, les comptes<br />

de dépenses fiscales des autres pays ne comprennent généralement<br />

pas l’ensemble des mesures fiscales octroyées par tous les impôts <strong>et</strong><br />

taxes. Par exemple, aux Etats-Unis, le budg<strong>et</strong> de dépenses fiscales est<br />

limité aux dépenses fiscales de l’impôt sur le revenu des particuliers <strong>et</strong><br />

de l’impôt des sociétés. L’application restreinte des comptes de<br />

dépenses fiscales aux principaux impôts <strong>et</strong> taxes s’explique, en partie,<br />

par les difficultés à déterminer un système fiscal de référence pour les<br />

autres catégories d’impôts <strong>et</strong> taxes. <strong>La</strong> mise en place d’un cadre typologique<br />

facilite la détermination <strong>et</strong> l’analyse des mesures fiscales des<br />

autres formes d’imposition, puisque le besoin de déterminer un système<br />

fiscal de référence n’est plus nécessaire.<br />

Dépenses fiscales versus dépenses directes<br />

Le cadre typologique perm<strong>et</strong>, d’une part, de rendre comparables certaines<br />

mesures fiscales avec des programmes de dépenses directes <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, d’éliminer certaines mesures fiscales lors des comparaisons<br />

entre les programmes de dépenses fiscales <strong>et</strong> les programmes de<br />

dépenses directes. Essentiellement, seules les trois premières catégories<br />

de dépenses fiscales, soient les « interchangeables », les « remplaçables »<br />

<strong>et</strong> les « comparables », sont réputées pouvant être comparées aux programmes<br />

de dépenses budgétaires. Les autres catégories, les mesures<br />

fiscales « non comparables » <strong>et</strong> les préférences fiscales ne doivent pas<br />

faire l’obj<strong>et</strong> de comparaison avec les programmes de dépenses<br />

directes. Cependant, celles-ci continuent d’être recensées, non plus<br />

dans le but de tenter une comparaison avec les programmes de<br />

dépenses directes, mais uniquement dans le but d’en estimer le manque<br />

à gagner découlant de ces choix de politique fiscale. Auparavant,<br />

l’absence de typologie laissait sous-entendre aux utilisateurs du fascicule<br />

de dépenses fiscales que toutes les dépenses fiscales répertoriées pouvaient<br />

être comparées aux programmes de dépenses directes alors que<br />

la nouvelle typologie normative perm<strong>et</strong> de désigner, sous forme de catégories,<br />

les dépenses fiscales pouvant faire l’obj<strong>et</strong> d’une comparaison<br />

avec les programmes de dépenses directes <strong>et</strong> celles ne pouvant pas<br />

faire l’obj<strong>et</strong> d’une telle comparaison.<br />

Les disparités entre les catégories de dépenses fiscales en fonction du<br />

degré de difficulté à les transformer en dépenses directes facilitent leur<br />

comparaison, ce qui ne peut qu’accroître la pertinence <strong>et</strong> le rôle des<br />

comptes de dépenses fiscales dans l’évaluation des choix gouvernementaux<br />

entre les interventions budgétaires <strong>et</strong> fiscales. Nous évitons ainsi<br />

toutes les critiques rattachées à l’utilisation d’un système fiscal de référence.<br />

L’exercice typologique consiste alors à déterminer pour chaque<br />

mesure fiscale, si l’objectif général, le mode de paiement ainsi que les<br />

avantages pour les bénéficiaires peuvent être maintenus advenant son<br />

remplacement par un programme de dépenses directes. Si ces critères<br />

sont satisfaits, il faut par la suite analyser l’eff<strong>et</strong> de ce remplacement sur<br />

les coûts du programme <strong>et</strong> sur les frais administratifs rattachés à son<br />

exécution. Contrairement à l’argumentaire souvent entendu à l’égard<br />

de la supériorité des programmes de dépenses budgétaires sur les<br />

dépenses fiscales, notre analyse ne cherche pas à démontrer par la<br />

détermination d’un cadre typologique que les programmes de<br />

dépenses directes soient préférables aux dépenses fiscales. L’exercice<br />

consiste uniquement à faciliter la comparaison entre les programmes de<br />

dépenses directes <strong>et</strong> les dépenses fiscales pouvant réellement être<br />

converties en dépenses directes. Alors, l’impact de certaines interprétations<br />

techniques serait limité à la catégorie où se r<strong>et</strong>rouvera la mesure<br />

fiscale. Dans tous les cas, les mesures fiscales se r<strong>et</strong>rouvant dans les catégories<br />

de dépenses fiscales « interchangeables », « remplaçables » <strong>et</strong><br />

« comparables » seront « pleinement comparables » aux programmes<br />

de dépenses directes.<br />

Les nouvelles possibilités générées par l’application du cadre typologique<br />

perm<strong>et</strong>tent d’atteindre l’objectif initial lié à la mise en place du<br />

concept de dépenses fiscales, soit une véritable possibilité de comparaison<br />

entre certaines dépenses fiscales <strong>et</strong> les programmes de dépenses<br />

budgétaires. Le cadre typologique perm<strong>et</strong> dorénavant de déterminer<br />

l’ensemble des interventions gouvernementales octroyées à un secteur<br />

ou à une activité donnés. Le tableau 7 illustre les interventions du gouvernement<br />

fédéral canadien en éducation universitaire. Ainsi, bien que<br />

le Gouvernement n’effectue aucune intervention gouvernementale<br />

sous forme de dépenses budgétaires (20) [exemple : allocation budgétaire<br />

aux universités], il intervient en matière d’éducation par la nonimposition<br />

des bourses d’études, par les crédits d’impôt relatifs aux<br />

études liés à l’impôt sur le revenu des particuliers ainsi que par les remboursements<br />

versés aux universités par la TVA. L’identification des<br />

dépenses fiscales « pleinement comparables » perm<strong>et</strong> de constater les<br />

interventions du gouvernement fédéral dans un champ de compétences<br />

exclusif des provinces canadiennes.<br />

(20) Au Canada, l’éducation est un champ de compétence exclusif des gouvernements<br />

des provinces.<br />

43


fiscalité<br />

Tableau 7<br />

Identification des interventions gouvernementales<br />

du gouvernement fédéral canadien<br />

par l’intermédiaire des dépenses fiscales<br />

en matière d’éducation – année 2003 (21)<br />

Interventions gouvernementales en éducation<br />

Millions de $CAN<br />

Mesures budgétaires ......................................................... 0<br />

Mesures fiscales<br />

Dépenses fiscales interchangeables<br />

Remboursementsd’unequote-partdelaTVAauxorganismes<br />

liés à l’éducation (écoles, universités, collèges) . 540<br />

Dépenses fiscales remplaçables<br />

Crédits d’impôt sur le revenu pour les frais relatifs aux<br />

études ................................................................................. 1 612<br />

Dépenses fiscales comparables<br />

Exonération des bourses d’études ................................... 25<br />

Total ..................................................................................... 2 177<br />

Comptabilisation des interventions gouvernementales<br />

De manière quasi exclusive, seules les dépenses directes apparaissent<br />

dans la comptabilité publique des gouvernements. Même si le guide<br />

d’interprétation relatif aux statistiques des rec<strong>et</strong>tes publiques de l’OCDE<br />

expose la manière de comptabiliser les crédits d’impôt remboursables<br />

dans les rec<strong>et</strong>tes fiscales <strong>et</strong> des dépenses publiques en vue d’assurer la<br />

comparabilité des statistiques internationales, plusieurs pays semblent<br />

éprouver des difficultés à intégrer correctement leurs crédits d’impôt<br />

remboursables à leur comptabilité publique. Essentiellement, ces crédits<br />

d’impôt remboursables seraient déterminés dans la nouvelle typologie<br />

normative par la catégorie de dépenses fiscales « interchangeables ».<br />

Avec la nouvelle classification des mesures fiscales, les dépenses fiscales<br />

« pleinement comparables » peuvent désormais être intégrées aux<br />

dépenses gouvernementales dans la comptabilité publique de l’Etat.<br />

En contrepartie, la somme totale de ces dépenses fiscales doit être<br />

réintégrée dans les rec<strong>et</strong>tes fiscales de l’Etat. Considérant que ces<br />

dépenses fiscales sont relativement symétriques aux programmes de<br />

dépenses directes, l’appariement des dépenses entre elles <strong>et</strong> l’appariement<br />

entre les dépenses <strong>et</strong> les rec<strong>et</strong>tes gouvernementales s’en trouvent<br />

grandement améliorés.<br />

Le cadre typologique perm<strong>et</strong> également d’intégrer les dépenses fiscales<br />

« pleinement comparables » au budg<strong>et</strong> de l’Etat <strong>et</strong> de les répartir entre<br />

les ministères concernés. <strong>La</strong> comptabilisation de ces dépenses fiscales<br />

aux budg<strong>et</strong>s des ministères concernés perm<strong>et</strong>trait à ceux-ci, si elle était<br />

appliquée, de gérer l’ensemble des interventions gouvernementales<br />

sous leur juridiction, ce qui élimine tout conflit possible entre les obj<strong>et</strong>s<br />

de la politique budgétaire <strong>et</strong> de la politique fiscale. Il faut noter que<br />

l’opération de remplacement de ces dépenses fiscales par des programmes<br />

de dépenses directes s’avère neutre par rapport aux revenus<br />

de l’Etat. L’élimination de ces catégories de dépenses fiscales élargit<br />

l’assi<strong>et</strong>te de l’impôt <strong>et</strong> ainsi augmente les revenus fiscaux. Cependant,<br />

c<strong>et</strong>te augmentation des rec<strong>et</strong>tes fiscales est compensée par une augmentation<br />

symétrique des coûts des programmes de dépenses directes.<br />

Seule est donc modifiée la façon d’octroyer l’aide gouvernementale.<br />

Prisededécision<strong>et</strong>choixd’intervention<br />

Même si les ministères sectoriels peuvent soum<strong>et</strong>tre au ministère des<br />

<strong>Finances</strong> des propositions de mesures fiscales préférentielles, ceux-ci ne<br />

sont responsables que de la gestion des programmes de dépenses<br />

directes. Il peut donc se produire des situations où, pour un domaine<br />

donné, la politique budgétaire mise en place par un ministère sectoriel<br />

<strong>et</strong> la politique fiscale du ministère des <strong>Finances</strong> s’opposent l’une à<br />

l’autre. Grâce à la typologie normative des mesures fiscales, les<br />

dépenses fiscales « pleinement comparables » peuvent être comptabilisées<br />

dans les dépenses des ministères concernés. Dans ce contexte,<br />

ceux-ci pourraient gérer directement les orientations des dépenses<br />

44<br />

fiscales <strong>et</strong> décider de les maintenir ou de les transformer en programmes<br />

de dépenses directes. Ainsi, chaque ministère pourrait gérer l’ensemble<br />

des programmes de dépenses fiscales <strong>et</strong> des programmes de dépenses<br />

directes en vue d’allouer les ressources entre ces programmes de<br />

manière plus efficace. C<strong>et</strong>te méthodologie peut, d’une part, responsabiliser<br />

les ministères concernés face aux différentes alternatives pour<br />

atteindre leurs objectifs de politique publique, d’autre part, faciliter la<br />

détermination du coût total de tous les modes d’interventions gouvernementales<br />

concourant à un objectif politique donné.<br />

Indicateurs économiques<br />

Actuellement, les dépenses fiscales sont directement soustraites des<br />

rec<strong>et</strong>tes fiscales <strong>et</strong> elles ne sont donc pas prises en compte dans le ratio<br />

des dépenses publiques. Les nouvelles définitions de dépenses fiscales<br />

perm<strong>et</strong>tent de procéder à des ajustements des principaux indicateurs<br />

économiques afin que les dépenses fiscales qui sont « pleinement comparables<br />

» aux programmes de dépenses budgétaires soient intégrées<br />

aux rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> aux dépenses publiques.<br />

Le tableau 8 montre l’eff<strong>et</strong> qu’aurait l’ajout des dépenses fiscales « pleinement<br />

comparables », déterminées selon le cadre typologique, aux<br />

rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> aux dépenses publiques. Ainsi, les rec<strong>et</strong>tes fiscales du gouvernement<br />

fédéral canadien seraient accrues de plus de 18 % alors que<br />

les dépenses publiques seraient majorées de plus de 22 %. Aux Etats-Unis,<br />

ces indicateurs économiques seraient respectivement augmentés de 6,4<br />

<strong>et</strong> de 6,7 %. En France, le gouvernement central verrait ses rec<strong>et</strong>tes<br />

fiscales croître de 5,1 % alors que ses dépenses publiques augmenteraient<br />

de 4,6 %.<br />

Tableau 8<br />

Ajout des dépenses fiscales « pleinement comparables »<br />

aux rec<strong>et</strong>tes fiscales <strong>et</strong> aux dépenses publiques (22) – année 2003<br />

Canada Etats-Unis France<br />

Rec<strong>et</strong>tes fiscales estimées de l’Etat ..... 174 729 2 048 100 248 740<br />

+ les dépenses fiscales « pleinement<br />

comparables » ....................................... 32 453 130 400 12 608<br />

Rec<strong>et</strong>tes fiscales modifiées ................... 207 182 2 178 500 261 348<br />

Variationen% ....................................... 18,6 6,4 5,1<br />

Dépenses publiques prévues de l’Etat<br />

(hors d<strong>et</strong>te) ............................................. 143 039 1 947 500 273 810<br />

+ les dépenses fiscales « pleinement<br />

comparables » ....................................... 32 453 130 400 12 608<br />

Dépenses publiques modifiées (hors<br />

d<strong>et</strong>te) ...................................................... 175 492 2 077 900 286 418<br />

Variation en % ....................................... 22,7 6,7 4,6<br />

Le cadre typologique perm<strong>et</strong> d’intégrer les dépenses fiscales « pleinement<br />

comparables » lors de la détermination des principaux indicateurs<br />

économiques nationaux. Ces ajustements favorisent la comparaison de<br />

l’ensemble des interventions gouvernementales, que celles-ci soient<br />

réalisées par l’intermédiaire des programmes de dépenses directes ou<br />

par le biais des mesures fiscales préférentielles.<br />

Finalement, l’inclusion des dépenses fiscales « pleinement comparables »<br />

déterminées par le cadre typologique modifie également l’évaluation<br />

du niveau de prélèvements obligatoires. Le niveau de prélèvements obligatoires<br />

du Canada serait accru de 2,7 %. Aux Etats-Unis, le niveau de<br />

prélèvements obligatoires serait ajusté de 1,2 % alors qu’en France, ce<br />

niveau passerait à 44,6 %, soit une majoration de 0,8 % (23).<br />

(21) Canada, ministère des <strong>Finances</strong> (2002), op. cit., note 17, 80 pages.<br />

(22) Nos calculs à partir des documents suivants : Canada, ministère des <strong>Finances</strong>.<br />

Le plan budgétaire, Ottawa, 2003, p. 252. Etats-Unis, Executive Office of the President<br />

of the United States, Analytical Perspectives – Budg<strong>et</strong> of the United States<br />

Government – Fiscal Year 2004, US Government Printing Office, Washington, 2003,<br />

tableaux 6.1 <strong>et</strong> 6.5. France, ministère de l’Economie <strong>et</strong> des <strong>Finances</strong> (2002), op. cit.,<br />

note 17. OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, nº 73, Paris, 2003.<br />

(23) Notre calcul à partir des résultats de la méthodologie <strong>et</strong> des statistiques fiscales<br />

de l’OCDE.


fiscalité<br />

Les ajustements rendus possibles par le développement du nouveau<br />

cadre typologique montrent à la fois l’importance <strong>et</strong> la faisabilité de<br />

l’intégration des dépenses fiscales « pleinement comparables » dans les<br />

programmes de dépenses directes <strong>et</strong> dans les statistiques publiques.<br />

CONCLUSION<br />

Pour parvenir à rendre opératoire la notion de dépenses fiscales, une<br />

nouvelle typologie normative des dépenses fiscales s’avérait nécessaire.<br />

Nous sommes revenus au sens premier de l’oxymore « dépense fiscale »<br />

conçu comme « le symétrique de l’expression "dépenses budgétaires"<br />

<strong>et</strong> comme le négatif de l’expression "rec<strong>et</strong>tes fiscales" (24). » Ainsi, nous<br />

avons pu élaborer une classification objective fondée uniquement sur<br />

la « comparabilité » entre la dépense fiscale <strong>et</strong> la dépense budgétaire.<br />

Ce cadre typologique possède une série d’avantages. Premièrement, il<br />

standardise la détermination des dépenses fiscales pour l’ensemble des<br />

formes d’imposition puisque le recours à un système fiscal de référence<br />

n’est plus nécessaire. Deuxièmement, il m<strong>et</strong> en évidence le caractère<br />

« pleinement comparable » de certaines mesures fiscales avec les programmes<br />

de dépenses budgétaires. Celles-ci peuvent être circonscrites<br />

plus facilement, ce qui accroît la pertinence <strong>et</strong> le rôle des comptes de<br />

dépenses fiscales dans l’évaluation des choix budgétaires. Troisièmement,<br />

il favorise la sincérité des comptes budgétaires étant donné que<br />

le coût des dépenses fiscales « pleinement comparables » peut désormais<br />

être intégré au budg<strong>et</strong> de l’Etat. Enfin, il améliore la prise de décision<br />

puisque les ministères concernés par celles-ci pourraient les gérer<br />

en plus des programmes de dépenses directes rattachés à leur mission<br />

<strong>et</strong> ainsi, allouer les ressources entre ces programmes de manière plus<br />

efficace.<br />

Bien entendu, c<strong>et</strong>te classification a des finalités essentiellement méthodologiques<br />

<strong>et</strong>, par souci d’objectivité, elle ne prend pas en compte les<br />

considérations de caractère politique ou socio-psychologique qui, bien<br />

souvent, peuvent être déterminantes dans l’élaboration d’une politique<br />

de dépenses fiscales.<br />

(24) France, Conseil des impôts, 4 e rapport au président de la République, Paris,<br />

1979, p. 109.<br />

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