Avril 11 - BECI
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dossier Banques & Services Financiers<br />
Le centre de coordination belge<br />
d’IKEA lui permet d’économiser des<br />
millions d’euros d’impôts, en toute<br />
légalité.<br />
propose en effet une carte de débit et<br />
de crédit associée à une série d’avantages:<br />
d’assurance (extension de garantie<br />
constructeur, assurance annulation,<br />
etc.) et de fidélité (cumul de points<br />
notamment, y compris pour des achats<br />
effectués en dehors des magasins Carrefour).<br />
Prochain objectif: la création d’une<br />
carte «sans contact» (telle que celle<br />
adoptée par la Stib dans les transports<br />
en commun bruxellois par exemple)<br />
qui permettra aux clients du groupe de<br />
régler leurs achats de moins de 25 euros<br />
sans même ouvrir leurs portefeuilles.<br />
Objectif: 2,5 millions de porteurs d’ici la<br />
fin de cette année…<br />
En réalité, le groupe est déjà très avancé<br />
dans les services bancaires, qu’il distribue<br />
dans 14 pays: crédit à la consommation,<br />
assurance et même épargne… Ne<br />
manquent plus qu’une offre de comptes<br />
courants et de crédit hypothécaire !<br />
Rien qu’en France, où le groupe travaille<br />
en étroite collaboration avec BNP Paribas,<br />
Carrefour a déjà émis 2,8 millions<br />
de cartes de paiement. Ses encours<br />
de crédit à la consommation se montent<br />
à 2,3 milliards d’euros. Quant aux<br />
épargnants, ils sont 400.000 à lui avoir<br />
confié ses deniers...<br />
Le point commun: une trésorerie<br />
abondante…<br />
Mais comment financer tout cela ? Par<br />
ses considérables excédents de trésorerie<br />
bien sûr ! Mais aussi par les excellents<br />
ratings obtenus par le groupe auprès<br />
des agences de notation financière,<br />
et qui permettent à sa division bancaire<br />
de lever des fonds à bon compte.<br />
Une trésorerie abondante, voilà le point<br />
commun logique de tous ces projets. Et<br />
dans l’industrie aussi, l’idée de se passer<br />
des banquiers fait sérieusement<br />
son chemin.Ainsi l’Allemand Siemens,<br />
échaudé par la récente crise financière,<br />
a l’intention de créer une véritable<br />
banque interne, dotée de sa propre<br />
licence bancaire. Le géant de Munich,<br />
qui vient d’obtenir le feu vert du contrôleur<br />
financier allemand, sera ainsi en<br />
mesure de financer ses investissements<br />
tout en gérant ses énormes liquidités<br />
(pas moins de 9 milliards d’euros). Ici,<br />
pas question d’opérer sur le marché<br />
des particuliers, auquel le groupe ne<br />
s’adresse d’ailleurs que marginalement.<br />
Mais il se fait que les solutions de financement<br />
(crédits et garanties) prennent<br />
une importance de plus en plus pesante<br />
lors de la vente de grands projets dans<br />
l’ingénierie ou l’énergie. Une tendance<br />
qui s’est en outre accentuée depuis la<br />
crise financière et économique, expliquait<br />
Siemens en décembre. La «banque<br />
Siemens» doit démarrer en Allemagne<br />
mais elle «prévoit d’avoir une activité<br />
transfrontalière» à l’avenir, soulignaiton.D’autres<br />
grands groupes allemands,<br />
comme Volkswagen ou BMW, proposent<br />
des services bancaires à leurs<br />
clients. Des crédits aux particuliers pour<br />
l’achat d’une voiture, mais aussi, plus<br />
surprenant, des livrets d’épargne.<br />
Quant au grand concurrent historique<br />
de Siemens, General Electric, il avait<br />
ouvert la voie bancaire depuis bien<br />
longtemps déjà. Ses services financiers,<br />
destinés à la fois aux entreprises et aux<br />
particuliers, alimentent aujourd’hui<br />
pas moins d’un tiers de son chiffre d’affaires.<br />
Affacturage, crédit-bail, gestion<br />
de flottes automobiles, financement<br />
d’équipements industriels, mais aussi<br />
crédit à la consommation, crédit automobile,<br />
crédit immobilier… Le mastodonte<br />
américain joue la carte bancaire<br />
depuis des années déjà.<br />
… et une imagination débordante:<br />
le cas IKEA<br />
Enfin comment ne pas évoquer le «système<br />
Ikea», dont les plantureux bénéfices<br />
(2,5 milliards d’euros l’an passé,<br />
soit une marge de <strong>11</strong>% totalement impossible<br />
à trouver dans le secteur de la<br />
distribution) doivent beaucoup à une<br />
ingénierie financière hors pair ?<br />
Car ses coûts de fabrication au plancher<br />
et sa logistique imbattable ne sont pas<br />
les seuls secrets du géant suédois de<br />
l’ameublement: son centre de coordination<br />
belge lui permet aussi d’économiser<br />
des millions d’euros d’impôts, ramenant<br />
le taux de taxation de ses profits à<br />
13% à peine. Et ce en toute légalité.<br />
Récemment, les médias faisaient aussi<br />
état de l’existence d’une très discrète<br />
fondation basée au Liechtenstein, qui<br />
contrôlerait le groupe. Ce qui est sûr,<br />
c’est que celui-ci est fait au départ d’un<br />
montage compliqué de sociétés qui<br />
permet de disséminer des milliards de<br />
bénéfices en Belgique, aux Pays-Bas,<br />
au Luxembourg, en Suisse, dans les Iles<br />
Vierges ou encore à Chypre. Mais là, on<br />
rejoint un autre débat, même s’il est<br />
souvent associé au monde bancaire:<br />
celui de l’évasion fiscale.<br />
Michael Grosjean<br />
Siemens, échaudé par la récente crise financière, a<br />
l’intention de créer une véritable banque interne,<br />
dotée de sa propre licence bancaire. Le géant de<br />
Munich, qui vient d’obtenir le feu vert du contrôleur<br />
financier allemand, sera ainsi en mesure de financer ses<br />
investissements tout en gérant ses énormes liquidités,<br />
pas moins de 9 milliards d’euros.<br />
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N°4 - AVRIL 20<strong>11</strong> - ENTREPRENDRE