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Etats fragiles

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dossier<br />

Un hôpital militaire<br />

devenu humanitaire<br />

Moyen-Orient<br />

><br />

© DGCD / Elise Pirsoul<br />

En Afghanistan comme au Liban, le<br />

développement est lourdement conditionné<br />

par l’insécurité. Dans ces deux pays, on voit<br />

apparaître des synergies entre Défense et<br />

Coopération belge. Ainsi, dans le Sud du Liban,<br />

les casques bleus belges déminent les terrains<br />

des champs de batailles israélo-libanais et<br />

s’apprêtent à transférer une partie de la tâche<br />

aux ONG. Pendant ce temps, la CTB réhabilite<br />

un hôpital qui pourra combler le vide de l’ancien<br />

hôpital militaire belge qui rendait de nombreux<br />

services à la population...<br />

Le camp Scorpion des casques bleus belges à Tibnine.<br />

Des casques bleus belges<br />

au Sud-Liban<br />

"La présence des casques bleus a permis<br />

de séparer les belligérants. C’est la première<br />

fois en 40 ans que la population du<br />

Sud Liban connaît 3 ans et demi de stabilité",<br />

explique le lieutenant-colonel De<br />

Brabander, commandant du BELUBATT,<br />

le contingent dont font partie les casques<br />

bleus belges au Liban. "La population<br />

recommence à investir dans la construction,<br />

ce qui est bon signe."<br />

Les principaux objets de la guerre entre<br />

Israël et le Liban sont les 250 à 400.000<br />

Palestiniens réfugiés 1 au Liban depuis<br />

1948 et la milice Hezbollah. Au cours de<br />

l’été 2006, une guerre de 6 semaines<br />

entre le Hezbollah et Israël a fait rage.<br />

Le Conseil de sécurité des Nations Unies<br />

a alors décidé de renforcer la force intérimaire<br />

de l’ONU au Liban (FINUL), qui existe<br />

depuis la première invasion par Israël en<br />

1978, voyait passer ses effectifs de 3.000<br />

à 12.500 hommes. Les Belges participent à<br />

cette mission depuis 2006.<br />

"Pas de développement<br />

sans sécurité…<br />

Les tâches de ce groupe de 360 militaires<br />

belges ont été réparties sur plusieurs activités<br />

: un hôpital près du village de Tibnine, le<br />

génie, le déminage et la protection de la force.<br />

A mesure de la stabilité retrouvée, les forces<br />

militaires sont appelées à étre réduites.<br />

"On a d’abord effectué le déminage humanitaire<br />

à Tibnine pour sécuriser les champs<br />

et les maisons." Le déminage, un domaine<br />

dans lequel la Belgique a une expertise<br />

avérée et dont l’impact est visible. "Quand<br />

la région est déminée, les gens retrouvent<br />

l’esprit de reconstruction. Ils retournent<br />

aux champs." Lorsqu’une zone est complètement<br />

sécurisée, le déminage humanitaire<br />

est laissé aux ONG et les militaires<br />

se replient dans les zones plus dangereuses.<br />

Ils délimitent actuellement un passage<br />

dans les champs de mine sur la "Blue line",<br />

la ligne en deça de laquelle Israël s’est<br />

retiré en 2.000. Le déminage est contrôlé<br />

par l’ONU qui transférera, à terme, sa<br />

connaissance vers les Libanais.<br />

Quant à l’hôpital militaire, il a du être démantelé.<br />

Mais il offrait de nombreux services à la<br />

population. C’est ainsi que la Coopération a<br />

pris le relais de la Défense en proposant de<br />

remettre en état de marche un ancien hôpital<br />

civil. "120.000 civils vont pouvoir profiter<br />

de l’hôpital", explique le gestionnaire du projet<br />

à la CTB. "Les patients paieront 5% des<br />

soins, le reste sera pris en charge par l’Etat<br />

libanais." Les travaux de réhabilitation ont<br />

commencé en novembre 2008 et devraient<br />

se terminer en août 2010. Ils sont supervisés<br />

au jour le jour par le génie BELUBATT, en<br />

attendant un agent CTB au Liban. Une fois<br />

le bâtiment réhabilité, la Belgique fournira<br />

les équipements médicaux, pour un total<br />

général de 3 millions d’euros.<br />

…Ni de sécurité sans<br />

développement"<br />

"Il faut d’abord assurer la paix pour permettre<br />

à tout le monde de s’asseoir à une<br />

table pour discuter", ajoute le commandant.<br />

L’objectif des Nations Unies est en<br />

effet, après la stabilisation, de permettre<br />

un processus diplomatique entre Israël, le<br />

Liban et la Syrie. L’aide belge au Liban a<br />

véritablement démarré en 2006 (hormis<br />

UNRWA, voir article p. 8) et s’inscrit dans<br />

cette optique comme le souligne le Ministre<br />

de la coopération : "La dimension régionale<br />

des projets qui sont soutenus ici est importante.<br />

Il existe une réticence, compréhensible,<br />

qui consiste à ne pas mélanger militaire<br />

et humanitaire mais je suis convaincu<br />

que le développement est un enjeu politique<br />

majeur, une clé pour favoriser la paix<br />

et la sécurité."<br />

C’est aussi l’avis de la casque bleu : "On vit<br />

avec la population, il est important d'avoir<br />

de bons contacts. Grâce à la remise en état<br />

de l’hôpital, la population est favorable à<br />

l’action des Belges. Les projets de développement<br />

facilitent la sécurité des militaires."<br />

Elise Pirsoul<br />

1 Différentes estimations existent.<br />

10 dimension m a r s-a v r i l 2010

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