FABLES DU PAYSAGE FLAMAND - Palais des Beaux Arts de Lille

une vision attentive la signification du texte biblique et méditer. L’appréhension de l’œuvre d’art est déterminée par
une spiritualité intérieure qui apparaît dans les Pays-Bas méridionaux aux cours des années d’émergence de la
Réforme et qui est un humanisme chrétien marqué par la pensée d’Erasme. La découverte visuelle qui conduit au
salut et à la conversion de l’âme s’inspire du sens caché des paroles de Jésus lorsqu’ il a recours aux paraboles. Il
explique à ses disciples : « Il vous est donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux tandis qu’à ceux là
ce n’est pas donné… voilà pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’ils regardent sans regarder, qu’ils entendent
sans entendre ni comprendre, pour eux s’accomplit la prophétie d’ Isaïe : vous aurez beau entendre vous ne
comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. » L’œuvre flamande a une vocation à la dévotion,
elle est un bijou spirituel. Au thème de l’aveuglement (l’homme est fou parce qu’il ne distingue pas l’essentiel qui
est la vie éternelle de l’accessoire qui est la vie terrestre) s’oppose le thème du juste : l’homme simple qui entend
distinctement la parole de Dieu, qui sait sans le secours d’aucune science.
Une autre référence spirituelle qu’on interprète comme sens caché explique l’insertion d’épisodes sacrés dans des
scènes de vie contemporaine. C’est l’influence de Sébastien Franck dont il est question. C’est un historien
humaniste, esprit indépendant pour qui seule importe la foi individuelle en un Dieu que n’emprisonnent ni les
dogmes, ni les écritures, ni les théologiens. Il prône un christianisme libre. Pour lui, la foi chrétienne est affaire
personnelle ; c’est quelque chose de vécu et non d’extérieur à soi. La force des écritures est dans le sens spirituel,
existentiel et non dans le sens littéral. Tout ce qui a été enseigné par l’Eglise est à revoir. Et voici l’idée
particulièrement influente : selon lui, les histoires d’Adam et du Christ ne sont pas Adam et le Christ. La vérité de la
Bible ne concerne plus les événements qui se déroulèrent en Palestine en des temps reculés mais plutôt ce qui
advient en nous, maintenant. Le Christ doit naître, vivre, mourir et ressusciter en nous. L’acte rédempteur survient
lorsque nous découvrons que le royaume de Dieu est en nous-mêmes. L’anachronisme si courant dans les scènes
de la passion du Christ est symbole d’intériorisation. L’épisode religieux inséré se conçoit comme une parole
intérieure qui s’éveille.
Le XVIe siècle est une période de crise intense. La récidive du doute a fait vaciller les fondements de la vérité, ce
qui rend plus sensible l’importance des faux-semblants. Une dénonciation de toutes les formes de déguisement
apparaît dans la littérature et dans les arts. On apprend à tromper les attentes, à jouer du quiproquo pour dire des
choses plus sensées, pour cultiver le doute. Le sens caché de l’image est aussi une alchimie du faux-semblant.
PISTES PÉDAGOGIQUES
1 er DEGRE – Arts visuels
Décrire une œuvre : Proposer une œuvre choisie aux élèves (grand format), la regarder silencieusement
puis en recenser tous les éléments représentatifs constitutifs (vocabulaire, structuration spatiale). Relever
les incongruités, émettre des hypothèses : constater qu’un sens caché peut nous échapper.
2 nd DEGRE
« Arts, mythes et religions » Nouvelle religion, nouveau symbolisme de l’art.
L’influence des doctrines religieuses de la Réforme sur le symbolisme original de l’art flamand de la seconde moitié
du XVIème siècle. Distinguer entre l’influence des mentalités religieuses populaires et la connaissance humaniste
des textes des grands auteurs de la Réforme.
L’iconographie religieuse traditionnelle et le symbolisme déguisé dans l’art flamand de la seconde moitié du XVIème
siècle.
LYCEE PROFESSIONNEL – Histoire des arts - Histoire
Champ anthropologique ; thématique « arts et sacré » : l'art, le divin et les croyances / Sujet d'étude
historique « Humanisme et Renaissance »
L'étude de la peinture flamande du XVI e siècle au travers de l'expression du sentiment religieux montrera que la
codification visuelle de cette époque s'appuie à la fois sur la connaissance humaniste des textes sacrés et sur les
croyances populaires.