FABLES DU PAYSAGE FLAMAND - Palais des Beaux Arts de Lille

More documents

Recommendations

Info

prisonnier du péché d’orgueil comme du péché originel qui eut d’ ailleurs pour conséquence l’éviction du paradis et l’aliénation définitive au travail. En outre, l’homme bouffi d’orgueil a une estime exagérée de soi au mépris de tous les autres. A ne chercher à trouver sa force qu’en soi, on se retranche de la communion avec les autres. Plus terrible encore, dans son insatiable désir de grandeur, le fou d’orgueil ne se contente pas de s’élever au-dessus des autres et de les mépriser, il cherche à s’élever au-dessus de Dieu lui-même. Bruegel n’a pu ignorer le sens symbolique religieux de la chute d’Icare. Lucifer n’accepta pas sa condition de créature et voulut se faire l’égal de Dieu, déchu, il est tombé du ciel sur terre. La chute d’Icare est un rappel à l’humilité de l’Homme, il ne peut trouver sa perfection qu’en demeurant dans la soumission à la volonté de Dieu. PISTES PÉDAGOGIQUES 1 er DEGRE – Arts visuels Décalquer... Utiliser la collection d’images sur ce qui vole pour décalquer des silhouettes: êtres vivants, machines... Voler comme Icare Fabriquer des photomontages... Puiser dans la littérature, les héros ayant eu recours à un insecte ou un oiseau pour voler (exemples : Poucette, Nils, Bernard, etc.). Associer oiseau et personnage en respectant les proportions. Fabriquer des hommes-oiseaux... Fabriquer des animaux hybrides volants... Dessiner, puis utiliser la technique la plus appropriée à la réalisation du projet : utiliser la technique de la gravure, du photomontage, de l’assemblage, etc. Décomposer le vol... Après avoir analysé le travail de Jules-Étienne Marey (chronophotographie), traduire un vol faisant bouger une silhouette d’oiseau détourée sur la glace de la photocopieuse au moment de l’éclair de lumière. HISTOIRE DES ARTS - Comment le mythe d’Icare a-t-il été source d’inspiration dans les différents domaines artistiques? ARTS DU SON Manuel Correa, Mateo Romero, Joan Baptista Cabanilles, Manuel Machado et Bernardo Murillo Le Vol d’Icare, sous la direction d’Albert Recasens, 2010 ART DU LANGAGE Ovide, Les Métamorphoses, Olivier Douzou, Régis Lejonc, Icare, Éditions du Rouergue Un homme-mouche amoureux d’une ampoule cherche à l’atteindre. Point de vue d’un voltigeur. ARTS DE L’ESPACE Les labyrinthes Cathédrale Notre Dame, XIII e siècle, Amiens, France ARTS DU VISUEL Charles le Brun, Dédale et Icare, entre 1645 et 1646, H190x L124 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, Russie. Henri Matisse, La chute d'Icare, gouache découpée, 1943. Greenaway Peter, Le Bruit des nuages, catalogue de la Réunion des musées nationaux, 1992. Marc Chagall, La Chute d’Icare, 1974, huile sur toile, Musée National d'Art Moderne, Paris Hayao Miyazaki, Le Château dans le ciel, dessin animé, 1986 Léonard de Vinci, Plan pour une machine volante, 1488 Panamenrenko, Meganeudon 1, 1972, sculpture Pablo Picasso, La Chute d’Icare, 1958, Fresque pour le grand hall de l’Unesco, Paris 2 nd DEGRE - Lycée « Arts, mythes et religions » Les mythes ont vocation au mystère. Le récit fabuleux qui les constitue est à double sens, le mythe propose souvent par énigmes le déchiffrement de la nature humaine. L’interprétation du mythe d’Icare que propose Bruegel pose des questions propres à son temps et actualise l’enseignement moral de cette fable. Comment l’art réinterprète-t-il certains mythes ? Lycée professionnel : classe de Terminale professionnelle Histoire des arts / Français Champ anthropologique ; thématique « arts, sociétés, cultures » : l'art et les autres / Objet d'étude littéraire « Au XX e siècle, l'homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts » Le mythe d'Icare aborde des thèmes comme les relations père-fils, l'effet néfaste que peut avoir un conseil ou une interdiction, ainsi que le désir de l'Homme d'aller toujours plus loin, au risque de devoir se retrouver face à face avec sa condition de simple être humain. Dans le cadre d'une séquence du programme de français, les élèves s'interrogent sur l'appartenance des mythes au passé et apprennent à construire une position personnelle et argumentée en confrontant des regards (Brueghel l'Ancien, Michel Butor, Raymond Queneau, Kent Lew, Erika Jong...) et des interprétations différentes du mythe d'Icare à partir de documents de nature diverses (artistique, littéraire, psychanalytique...).
Fiche 4 Du temps où les dieux et les héros voisinaient avec les saints et les prophètes et ce qu’il en advint REPERES Le «Moyen-Age», expression vague et un peu étrange pour rendre compte de dix siècles d’Histoire. Située entre l’Antiquité et les Temps modernes, cette période est connotée de manière négative : des temps anciens avec leur lot de guerres, famines, pestes et autres fléaux, qui sont le terreau du fanatisme religieux (notamment au XIV ème siècle) avec une Eglise toute puissante servant un Dieu omniprésent et omniscient. A l’inverse, la Renaissance porte en elle, par cette appellation même, l’idée de vitalité, d’énergie créative revivifiée à la source antique, dans un monde nouveau dont l’homme a repoussé les limites et où il essaie de reprendre en main son destin. Temps des Ténèbres qui attend l’aube d’un jour nouveau ? C’est oublier la ferveur romane, l’élévation gothique dont les cathédrales attestent la fécondité artistique ; c’est oublier les mouvements de population, les échanges culturels et commerciaux (les uns ne vont pas sans les autres !) de l’Italie du Sud aux pays du Nord (Flandres et France comprises) sans oublier l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne ; ce serait oublier la quête spirituelle qui va de la cité terrestre au(x) monde(s) de l’au-delà ; ce serait oublier les références multiples aux dieux et héros antiques et les diverses influences qu’ils ont exercées dans la vie des Chrétiens et ce malgré ou avec les hommes d’Eglise car les dieux «servaient de véhicules à des idées si profondes, si tenaces, qu’ils ne pouvaient périr» 1 . L’Antiquité revisitée L’Eglise est partagée : faut-il lutter contre les superstitions et les cultes païens « enracinés dans des esprits si durs » (comme le note au VIème siècle Grégoire de Tours) ou les intégrer ? L’ancrage est si profond qu’il semble plus habile de les assimiler. Ce ne sont pas simplement les temples (ou ce qu’il en reste !) qui deviennent lieux du culte chrétien, les saints et leurs légendes fabuleuses peuvent devenir les successeurs des dieux. Ce sont, en effet, le plus souvent, des chrétiens lettrés qui ont préservé l’héritage gréco-romain et qui ont même enseigné la mythologie ; certains, non sans quelque fatuité, estimaient qu’ils étaient seuls capables de déceler sous la fable profane « des enseignements sacrés indéchiffrables du vulgaire ». Ainsi, Chartres et Orléans étaient-ils des foyers d’études classiques réputés. Homère, Hésiode et surtout Virgile… les faisaient entrer dans l’intimité des dieux et alimentaient leur réflexion. Ovide, boudé jusqu’alors pour son immoralité, fut un des écrivains les plus en vogue au XIIe siècle «aetas ovidiana» : on aime alors l’étrange, les monstres et hybrides qui peuplent Les Métamorphoses. Les penseurs revisitent le texte antique. Ainsi, l’Ovide moralisé (XIV ème siècle) peut même servir à l’édification des nonnes (elles remplacent les déesses !). Fables sacrées – Fables profanes Dans la littérature et l’art du Moyen-Age et de la Renaissance, les mises en parallèle d’épisodes bibliques et de légendes antiques apparaissent évidentes aux contemporains, alors que, pour nous, elles semblent parfois surprenantes. L’historien Eusèbe établit ainsi une comparaison entre Héraclès qui a vaincu le géant Antée, et tué le lion de Némée et Samson à la force légendaire, capable de terrasser un lion de ses mains nues et de lutter victorieusement contre les occupants philistins (Livre des Juges). Saint Christophe, Cananéen à l’énorme stature apparaît comme l’héritier de Mercure, d’Hercule et même d’Anubis, le dieu égyptien des morts (car les cultes orientaux ont également été intégrés – les Néo-platoniciens y sont pour beaucoup !). Christophe « Le Réprouvé » est connu pour sa laideur ; dans l’iconographie orientale, il était pourvu d’une tête de chien. Comme le dieu égyptien psychopompe, il servait d’intermédiaire entre le monde des vivants et l’au-delà. Comme Mercure, le dieu messager également psychopompe, Christophoros – le porteur du Christ – est chargé d’assurer le passage de la rivière en aidant les pauvres à traverser. L’enfant Jésus s’adresse à lui incognito ; Christophe le prend sur ses épaules mais la charge se fait de plus en plus pesante, au fur et à mesure qu’ils avancent ; c’est pourquoi le saint a souvent été comparé au géant Atlas, condamné par Jupiter, à supporter la voûte céleste. Dans la sculpture médiévale, Hercule peut même être transformé en Saint Christophe. L’Antiquité utilisée à des fins morales L’Eglise chrétienne cherche à « découvrir dans la figure des dieux, une signification spirituelle et dans leurs aventures un enseignement moral », c’est ce qu’avait voulu Grégoire le Grand, dans Moralia avec les grandes figures de la Bible. Fulgence 2 poursuit la même démarche dans ses allégories profanes Mythologicae mais il va trop loin, au gré de Grégoire, « sous prétexte d’extraire des fables païennes, il en perpétue le souvenir »… « Laissons là les dieux et tournons-nous plutôt vers l’Evangile ». Rabelais se moquera de ses « allégoriseurs qui prétendent découvrir chez Ovide les Sacrements de l’Evangile ». Luther, quant à lui, s’insurge contre ceux qui ont fait d’Apollon le Christ ou de Daphné (métamorphosée en laurier) la Vierge Marie. Ils ont beau faire ! Plusieurs exemples de cette moralisation sont ici donnés : - les trois déesses soumises au Jugement de Paris (Junon – Minerve – Vénus) deviennent les symboles de la vie active, de la vie contemplative et de la vie amoureuse. - la coalition de Diane et de Pallas contre Vénus représente la sagesse victorieuse des vices. 1 Seznec La Survivance des dieux antiques 2 Fulgence (v 467 – 533) écrivain latin chrétien. Auteur d’ouvrages théologiques, il professa l’augustinisme et lutta contre l’arianisme.
Page 1: Fables du paysage flamand Bosch, Br
Page 4 and 5: l'instar des grands récits mytholo
Page 6 and 7: dans les textes. La matière pictur
Page 8 and 9: PISTES PEDAGOGIQUES 1er DEGRE - Art
Page 10 and 11: PISTES PEDAGOGIQUES 1 er DEGRE - Ar
Page 12 and 13: 1522 et Marteen Van Heemskerck entr
Page 14 and 15: le prophète embarque en méditerra
Page 16 and 17: une vision attentive la significati
Page 20 and 21: - les yeux d’Argus semés sur la
Page 23 and 24: Fiche 5 Les diableries Les diableri
Page 25: oman à partir de 11 ans Le diable
Page 28 and 29: qu'il a dû commettre. Ainsi s'enga
Page 30 and 31: as reliefs idolâtres et bibliques
Page 32 and 33: PISTES PÉDAGOGIQUES 1 er DEGRÉ Ar
Page 35 and 36: Artiste Titre Date Technique Dimens
Page 37: RUBENS Pierre Paul (d'après), Prom
Page 40 and 41: typiquement flamande. Dans le trait
Page 43 and 44: Fiche 6 Babel renaissante PROPOS L'
Page 45 and 46: Auteur Oeuvre Date Technique Dimens
Page 47 and 48: Auteur œuvre Date Technique Dimens
Page 49 and 50: Programmation culturelle Nocturnes

FABLES DU PAYSAGE FLAMAND - Palais des Beaux Arts de Lille

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

Delete template?

Save as template?