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47<br />
47 STRASBOURG QDIMANCHE28AVRIL2013<br />
STRASBOURG Ilsontcréélapolémiqueaufildutemps(2/2)<br />
Lesédificescontroversés:<br />
HallesetMaisonRouge<br />
Voicilesecondvoletdenotreenquêtesurlesbâtimentscontestéspourleuresthétique.Legestearchitecturalcontemporain<br />
fortn’estpassanssusciterledébataujourd’huiencore.Coupd’œilsurdeuxautresbâtimentsemblématiquesmaiségalement<br />
controversésaucœurdeStrasbourg:leCentreHallesetlaMaisonRouge.<br />
LaplacedeHallesavantladémolitiondel’anciennegare. DOC. REMIS<br />
PlacedesHalles:ilya40ansdéjà,lesriverainssouhaitaientvoirlamassedebétoncompenséeparplusd’espaces<br />
verts. PHOTO DNA – JEAN-CHRISTOPHE DORN<br />
Le bâtiment du Printemps, longtemps<br />
sans âme et dont le relookage<br />
total par l’architecte Christian<br />
Biechler ne laisse pas<br />
indifférent, n’est pas le seul à être sujet<br />
à polémique. À deux pas de là, la construction<br />
de la tour Valentin-Sorg, puis,<br />
plus proche de notre époque, la verrière<br />
de la même place de l’Homme-de-<br />
Fer, et d’autres bâtiments encore nourrissent<br />
toujours le débat esthétique.<br />
À en croire l’équipe des cinq concepteurs<br />
de la place des Halles (Jean<br />
Aprill, Pierre Gebhart, Jean-Paul<br />
Meyer, François Braun et Claude Amman),<br />
il s’agissait de construire « une<br />
ville dans la ville, mais à la dimension<br />
du piéton ». Beau projet sur le principe.<br />
Encore faut-il y mettre un tant soi peu<br />
d’âme dans ce « pâté au milieu de la<br />
ville », entend-on dire quelques sceptiques<br />
à l’époque.<br />
D’autres vont jusqu’à considérer ce<br />
nouvel ensemble comme le « Manhattan<br />
» de Strasbourg, « triste copie » de<br />
l’original. Ou parlent de « cage à lapin<br />
». Philosophe, un lecteur des DNA<br />
conclut dans l’édition du 6 avril 1979 :<br />
« Tant pis, on s’habituera à la laideur<br />
».<br />
Sabotages<br />
etcoupsdefeux<br />
Avant même de voir le jour, ce complexe<br />
commercial et immobilier a connu<br />
une genèse pour le moins tourmentée :<br />
en 1973, les riverains s’inquiétaient<br />
déjà, de son « plan de masse » jugé<br />
« trop compact » et du « manque de<br />
place réservée aux espaces verts ». Selon<br />
eux, « cette masse compacte de<br />
béton devrait être compensée par un<br />
grand nombre d’arbres et de pelouses<br />
». Une problématique qui, 40 ans<br />
plus tard, n’est pas sans rappeler celle<br />
de l’atelier de projet municipal en<br />
cours.<br />
Il y a eu ensuite, les soubresauts de la<br />
démolition de ce qui était l’ancienne<br />
gare ferroviaire (jusqu’en 1883), rachetée<br />
par la Ville, qui y a installé ses<br />
halles de marché en 1884 – halles dont<br />
le transfert vers Sainte-Marguerite ne<br />
s’est pas fait sans difficulté. Nombre de<br />
Strasbourgeois souhaitaient sauver<br />
l’ancienne gare pour lui donner une<br />
affectation culturelle, à la manière de<br />
la gare d’Orsay, à Paris. Rien n’y fait. Sa<br />
démolition démarre en juillet 1974,<br />
provoquant l’ire de riverains qui considèrent<br />
que c’est « porter atteinte au<br />
patrimoine culturel de Strasbourg ».<br />
L’un de ces citoyens en colère a même<br />
fait tirer par son employé dans les<br />
pneus d’un engin de démolition. Résultat<br />
: trois pneus crevés, le tireur et son<br />
patron embarqués par la police.<br />
Le jour suivant, nouvelle péripétie : la<br />
pelle mécanique est victime d’un sabotage<br />
: on a mis du mortier dans son<br />
réservoir… Rien n’y fait, la charpente<br />
qui rappelle celle de la gare Saint-Lazare<br />
et les arches de fontes vont disparaître.<br />
Unanplustard,rienne<br />
remplitletroubéantau<br />
cœurdelaville<br />
Un an plus tard, la mise en œuvre du<br />
chantier est laborieuse : rien ne remplit<br />
le trou béant au cœur de la ville. Il<br />
faut toute la force de persuasion du<br />
maire Pierre Pflimlin pour remettre le<br />
projet sur les rails. Les délais de construction<br />
seront maintenus, l’ouverture<br />
du complexe se fera en janvier 1979.<br />
Le«massacre»<br />
delaMaisonRouge<br />
À la même époque, un an plus tôt<br />
précisément, s’achevait un autre chantier<br />
controversé : celui de la Maison<br />
Rouge, place Kléber. « Tout est bien qui<br />
finit bien », explique Pierre Pflimlin en<br />
avril 1978, lors de l’ouverture de la<br />
nouvelle Maison Rouge, lieu de rencontre-forum<br />
au cœur de la ville.<br />
L’architecte François Herrenschmidt a<br />
rappelé aux « nostalgiques » de l’ancien<br />
bâtiment qu’il ne datait « que » du<br />
début du siècle. Pas sûr que cela ait<br />
suffi à les consoler. Certains le pleurent<br />
encore aujourd’hui.<br />
Il faut dire que l’époque n’était guère à<br />
la concertation. Ce n’est qu’à la veille<br />
des premiers coups de boutoir contre la<br />
façade de l’ancienne Maison Rouge –<br />
comparée à l’époque par certains à une<br />
« pâtisserie grandiloquente » ou un<br />
« laborieux exercice de style d’une enflure<br />
wilhelminienne » — qu’un début<br />
de mobilisation naît, en juillet 1973 :<br />
une association est créée et un recours<br />
en annulation est déposé au tribunal<br />
administratif.<br />
Certains parlent de « massacre » lorsque<br />
la boule défonce petit à petit la<br />
façade, qui avait le tort de ne pas<br />
correspondre aux canons esthétiques<br />
« Belle époque ». Une manifestation<br />
est vite dispersée par la police. Un acte<br />
de sabotage est commis : deux individus<br />
coupent la courroie du moteur<br />
d’une grue. Rien n’y fait : neuf mois<br />
plus tard, il ne reste de l’ancienne<br />
Maison Rouge que le souvenir… et le<br />
nom.<br />
Ce n’est que trois ans plus tard que<br />
démarre la construction du bâtiment<br />
« tout en décrochements cubiques » de<br />
ce nouveau « paradis » commercial,<br />
avec, sur le devant, un déambulatoire<br />
couvert de 500 m² qui doit rappeler,<br />
selon son concepteur, la « tradition<br />
strasbourgeoise des arcades ». R<br />
PHILIPPEDOSSMANN<br />
Q Sources:archivesDNA<br />
DémolitiondelaMaisonRougeen1973. PHOTO ARCHIVES DNA<br />
LaMaisonRougeaujourd’hu,toutendécrochementscubiques. PHOTO DNA –<br />
JEAN-CHRISTOPHE DORN<br />
RHA 01