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Magazine pour la clientèle de Sanitas Troesch: casanova «Le ...

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28 <strong>casanova</strong> Mai 2013 sanitas troesch<br />

sanitas troesch Mai 2013 <strong>casanova</strong> 29<br />

Le bonheur au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières<br />

Interview avec Werner et Marie-Anne Kurmann<br />

Vivre sur 10 m 2 et être heureux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s as déjà fait l’expérience, toi», dit-il en regardant sa femme,<br />

frontières. Depuis leur voyage <strong>de</strong> noces d’une durée «raconte un peu!»<br />

d’un an en In<strong>de</strong> en 1977, Werner et Marie-Anne Marie-Anne Kurmann: (avec un visage rayonnant) Je trouve<br />

Kurmann font régulièrement <strong>de</strong>s voyages <strong>de</strong><br />

ça merveilleux d’avoir du temps: par exemple <strong>pour</strong> mes<br />

plusieurs semaines ou mois dans leur bus Volkswagen<br />

petits-enfants!<br />

aménagé. En tant qu’architecte, Werner Kurmann<br />

Qu’est-ce qui vous p<strong>la</strong>ît le plus quand vous voyagez?<br />

est spécialiste <strong>de</strong> l’optimisation <strong>de</strong>s espaces.<br />

M.-A. K.: La curiosité. S’étonner en découvrant tous les jours<br />

Heureusement, les <strong>de</strong>ux globetrotters se contentent<br />

<strong>de</strong> peu <strong>de</strong> confort, ont un rythme <strong>de</strong> vie quelque chose <strong>de</strong> nouveau.<br />

analogue et veulent voyager sans se faire remarquer. W. K.: (avec hésitation) C’est difficile à dire. La liberté. Choisir<br />

Ce<strong>la</strong> veut dire que leur véhicule doit pouvoir se d’aller à divers endroits en «portions digestes». Avoir un horizon<br />

ranger sur une case <strong>de</strong> stationnement. <strong>de</strong> 12 mois, comme <strong>pour</strong> notre voyage en In<strong>de</strong>, ce<strong>la</strong> donne une<br />

impression <strong>de</strong> liberté. Voyager <strong>de</strong>vient une activité quotidienne...<br />

M.-A. K.: On n’est pas sous pression, on ne doit pas se dépêcher.<br />

Herr Kurmann, que ressentez-vous à l’idée d’être bientôt à Quand on voyage en bus, on avance lentement et on pénétre<br />

<strong>la</strong> retraite?<br />

donc lentement aussi dans le nouvel univers.<br />

Werner Kurmann: (après une longue hésitation) Ce<strong>la</strong> sera sûrement W. K.: Puis quand nous avons eu <strong>de</strong>s enfants, le rythme a changé:<br />

une césure après 45 ans <strong>de</strong> vie professionnelle. Dans notre société, trois semaines <strong>de</strong> vacances par an. Nous avons surtout voyagé<br />

je me sens obligé <strong>de</strong> gagner l’argent <strong>pour</strong> faire vivre ma famille. en Europe, beaucoup en France et en Italie, une fois en Suè<strong>de</strong>.<br />

Donc, cette responsabilité, cette pression fera bientôt partie du M.-A. K.: Oui, mais avec les enfants ce n’était plus aussi simple.<br />

passé. En fait, j’ai eu beaucoup <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> trouver encore à Ils sont souvent tombés ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s en voyage. Tout seuls, c’était<br />

60 ans un emploi si chouette où le sa<strong>la</strong>ire, les responsabilités et plus facile.<br />

les compétences sont si bien réunies (Remarque <strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction: D’où vous vient votre passion <strong>de</strong>s voyages?<br />

chef <strong>de</strong> projet représentant <strong>de</strong>s maîtres d’ouvrage auprès <strong>de</strong> W. K.: J’ai travaillé à Paris pendant 3 ans. Ce qui était bien, c’était<br />

l’Office fédéral <strong>de</strong>s constructions et <strong>de</strong> <strong>la</strong> logistique). Avec les d’aller au travail en métro, donc d’être intégré à <strong>la</strong> vie quotidienne<br />

trajets, ce sont 60 heures par semaine que j’aurai en plus à ma <strong>de</strong>s gens et <strong>de</strong> vivre au même rythme. Ensuite j’ai travaillé <strong>pour</strong><br />

disposition. Je suis en bonne santé, curieux et confiant. — «Tu Caritas et <strong>la</strong> Croix-Rouge suisse et aidé à <strong>la</strong> reconstruction dans<br />

divers pays: <strong>de</strong> 1999 à 2000, j’étais au Kosovo, <strong>de</strong> 2004 à 2005 en Iran<br />

et <strong>de</strong> 2006 à 2007 à Sumatra. Là aussi, je faisais partie du quotidien,<br />

avec mes collègues, j’ai aidé les habitants à reconstruire leurs maisons<br />

ou à en construire <strong>de</strong> nouvelles après <strong>la</strong> guerre, le tremblement <strong>de</strong> terre<br />

et le tsunami. J’avais en quelque sorte un «alibi» <strong>pour</strong> entrer dans les<br />

maisons <strong>de</strong>s habitants. Avec d’autres, j’ai créé quelque chose. C’est un<br />

p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> satisfaire les besoins vitaux <strong>de</strong>s gens. Il y a toujours plusieurs<br />

aspects dans le voyage: lors du voyage en In<strong>de</strong>, par exemple, j’ai mieux<br />

fait connaissance <strong>de</strong> ma femme. Le bonheur sans frontières ou au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s frontières est le privilège <strong>de</strong> pouvoir tout simplement faire ce<strong>la</strong>.<br />

Beaucoup n’ont pas le courage, <strong>la</strong> volonté ou les moyens.<br />

Avez-vous aussi vécu <strong>de</strong>s situations dangereuses?<br />

M.-A. K.: En fait, on oublie <strong>la</strong> peur quand on est dans le pays. Mais il<br />

faut dire qu’en Afghanistan, nous n’étions pas toujours à l’aise. Dans<br />

les années 70, il n’y avait pas <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> communication comme<br />

les téléphones portables et les e-mails. C’était parfois dur <strong>pour</strong> les<br />

autres <strong>de</strong> ne pas avoir <strong>de</strong> nos nouvelles.<br />

W. K.: Oui, <strong>la</strong> peur fait parfois partie du voyage. Pendant mon travail<br />

aussi, il y avait <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> violence avec meurtres ou tentatives <strong>de</strong><br />

meurtre, et puis les terrains minés au Kosovo... L’ambiance était parfois<br />

oppressante. Mais l’aspect déterminant, c’est si <strong>la</strong> peur vous bloque ou<br />

vous fait avancer. De plus, il est beaucoup plus facile <strong>de</strong> combattre <strong>la</strong><br />

peur d’une chose concrète que <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> l’inconnu, <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur si<br />

l’on peut dire. Mais les mauvaises expériences font aussi partie du voyage.<br />

Tout comme <strong>la</strong> tristesse dans <strong>la</strong> vie quotidienne. Tout est en bloc. C’est<br />

ce qui fait <strong>la</strong> variété!<br />

Quels sont vos souvenirs les plus frappants?<br />

M.-A. K.: Pour moi, ce sont les jours passés dans le Lorestan (province<br />

iranienne près d’Ispahan, vers <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong> l’Irak) où nous avons<br />

rencontré <strong>de</strong>s noma<strong>de</strong>s. Ils faisaient paître leurs moutons jusqu’à<br />

3 000 mètres d’altitu<strong>de</strong>. Les femmes portaient leurs enfants<br />

sur le dos dans <strong>de</strong> simples cadres en bois. Le soir, ils<br />

montaient leurs immenses tentes et tout le mon<strong>de</strong><br />

s’asseyait et dormait <strong>de</strong>ssous: les femmes, les enfants, les<br />

hommes et nous. Pendant <strong>la</strong> journée, les femmes fi<strong>la</strong>ient<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ine <strong>pour</strong> faire leurs habits et <strong>de</strong>s tapis.<br />

W. K.: Pour moi, c’est un bonheur d’avoir pu faire ces voyages<br />

avec ma femme. Nous allons bien ensemble; nous nous<br />

contentons <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> confort, avons les mêmes goûts <strong>pour</strong><br />

ce qui est <strong>de</strong> manger et dormir, nous aimons les randonnées<br />

et voulons découvrir le même genre <strong>de</strong> choses. La culture<br />

nous intéresse tous les <strong>de</strong>ux. — On peut compter sur elle <strong>pour</strong><br />

faire les choses les plus folles. Voyager est un travail d’équipe:<br />

en cas <strong>de</strong> difficultés, on doit pouvoir compter l’un sur l’autre!<br />

Quel est l’avantage <strong>de</strong> voyager dans un petit bus?<br />

W. K.: Quand on n’a pas besoin <strong>de</strong> grand chose, on est<br />

content. Ce qui est pratique avec un bus, c’est que les besoins<br />

fondamentaux, c’est-à-dire se dép<strong>la</strong>cer, manger et dormir,<br />

sont réglés et qu’on peut consacrer toute son énergie à <strong>la</strong><br />

découverte. En plus, le bus sert maintenant aussi à nos<br />

enfants et petits-enfants.<br />

M.-A. K.: Je n’ai pas besoin <strong>de</strong> grand chose, si ce n’est un<br />

bon lit, <strong>de</strong>s livres et <strong>de</strong> quoi écrire, surtout par mauvais<br />

temps. C’est agréable aussi d’avoir un lieu où se réfugier<br />

quand toutes les impressions, même belles, se bousculent<br />

un peu.<br />

Où vous mènera votre prochain voyage?<br />

W. K.: Dans le sud <strong>de</strong> l’Italie, en Grèce ou en France, peut-être<br />

aussi en Belgique, en Angleterre et en Écosse. Et on fera<br />

d’autres projets quand le temps sera venu!

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