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Intervention JP. Assailly “Adolescence et prise de risque”

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On a bien sûr quelques pistes, qui est que le bombar<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> testostérones chez les jeunes<br />

hommes à partir <strong>de</strong> 15 ans : on ne pourra pas y faire grand chose, ni la sécurité routière, ni<br />

quiconque. Mais, par contre, effectivement ce qu'on appelle le genre, l'adhésion au stéréotype <strong>de</strong><br />

sexe <strong>et</strong> surtout les pratiques éducatives parentales, comment ils ont construit ça, c'est à dire le fait<br />

<strong>de</strong> lier la masculinité à la conduite nerveuse, agressive <strong>et</strong> le fait <strong>de</strong> prétendre tenir l'alcool <strong>et</strong> le<br />

cannabis, <strong>et</strong> la “sur-confiance”.<br />

Tant qu'on aura c<strong>et</strong>te association dans la tête <strong>de</strong>s jeunes garçons que pour être un homme, faut<br />

faire ça, on aura beaucoup <strong>de</strong> mal à progresser... Parce que les gisements <strong>de</strong> tués, c'est les<br />

hommes que vous allez trouver. Quand on est à 80 % <strong>de</strong> tués, c'est pas chez les jeunes femmes<br />

que vous allez trouver beaucoup <strong>de</strong> tuées, parce que, on a beau être une femme, il a y toujours<br />

un pneu qui éclate. On a vu que la moitié était tuée pas <strong>de</strong>s hommes.<br />

Donc ce travail là, éducatif, qui doit commencer dès la naissance dans la famille, changer les<br />

mo<strong>de</strong>s éducatifs parentaux qui sont toujours un peu trop sexistes, en donnant beaucoup trop <strong>de</strong><br />

liberté aux garçons pour se m<strong>et</strong>tre en danger <strong>et</strong> ne pas respecter les règles, <strong>et</strong> qui tiennent<br />

toujours beaucoup plus fermement le respect <strong>de</strong>s règles chez les filles.<br />

Pendant 18 ans on a ça : “(au garçon) Si tu respectes pas les règles c'est la nature , (à la fille) si tu<br />

ne les respecte pas les règles c'est mal” . Et au bout <strong>de</strong> 18 ans, on leur m<strong>et</strong> un volant entre les<br />

mains, alors on voit très clairement que c'est le rapport à la règle, c'est pas une question <strong>de</strong> la<br />

perception du danger. Les garçons perçoivent aussi bien que les filles que c'est dangereux, que ça<br />

va faire mal, qu'ils vont se blesser, mais ils le font qu'en même, parce que dès qu'il y a une règle, <strong>et</strong><br />

bien, elle est toujours beaucoup mieux respectée par les filles que par les garçons.<br />

Donc les testostérones on peut rien y faire, la masculinité <strong>et</strong> son expression sur la route, là il y a un<br />

gros enjeu éducatif pour les parents, pour les éducateurs, pour l'éducation nationale, pour les<br />

auto-écoles, mais tant qu'on ne touchera pas à ça, on restera aux marges.<br />

Je voudrais aussi pointer quelque chose qui n'est pas toujours bien connue, le milieu social.<br />

Quand on parle santé, sécurité, délinquance, réussite scolaire, vous le savez en général, dans<br />

l'enfance chez les 0-14 ans, on pointe l'influence du milieu social. Les enfants <strong>de</strong>s milieux<br />

défavorisés s'en sortent moins bien sur tous les plans que les enfants <strong>de</strong> milieux favorisés. C<strong>et</strong>te<br />

forte influence du milieu social vous la r<strong>et</strong>rouvez à l'âge adulte, vous connaissez la différence<br />

d'espérance <strong>de</strong> vie entre les cadres <strong>et</strong> les ouvriers, <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> <strong>de</strong>s indicateurs sur la délinquance aussi.<br />

Il semblerait qu'il y ait une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie où il y a une espèce <strong>de</strong> triste justice <strong>de</strong> classe,<br />

tragique, qui est que, entre 15 <strong>et</strong> 25 ans, c<strong>et</strong>te influence sociale joue beaucoup moins. Elle joue<br />

sur certaines choses encore, bien sûr, sur la réussite scolaire, vous connaissez tous les travaux en<br />

sociologie, qui montrent que les enfants <strong>de</strong> milieu social favorisé réussissent mieux leurs étu<strong>de</strong>s.<br />

Par contre, sur nos indicateurs à nous, c'est à dire les acci<strong>de</strong>nts, les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> sport, la<br />

consommation d'alcool, la consommation <strong>de</strong> cannabis, la dépression, le suici<strong>de</strong>, <strong>et</strong> bien, les<br />

jeunes <strong>de</strong> la bourgeoisie, on va dire, s'en sortent pas du tout mieux que les jeunes <strong>de</strong> milieux<br />

défavorisés - j'allais dire “ouvriers”, mais vous savez que c'est une catégorie qui est en train <strong>de</strong><br />

disparaître. Donc là, pour la prévention, il y a un enjeu fort.<br />

Tous ces jeunes, comme on dit souvent, qui sont nés avec une p<strong>et</strong>ite cuillère en argent dans la<br />

bouche, pensent qui sont toujours magiquement protégé <strong>de</strong>s problèmes. Malheureusement,<br />

souvent dans la vie, c'est vrai ! Mais là, pour une fois dans la vie, ce n'est pas vrai ! C'est à dire que<br />

la route va niveler tout ça, probablement pour <strong>de</strong>ux raisons : d'une part parce que les styles <strong>de</strong> vie<br />

<strong>de</strong> l'adolescence vont gommer un peu les différences, si vous êtes ivre en discothèque à 4h du<br />

matin, que votre papa soit PDG ou ouvrier ça ne changera pas grand-chose. Et, en plus, on sait<br />

maintenant qu'il y a <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque qui s’équilibrent entre les <strong>de</strong>ux populations.<br />

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