Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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• 12 • <strong>Bull<strong>et</strong>in</strong> <strong>de</strong> <strong>liaison</strong> <strong>et</strong> d’information n° 260 • novembre 2006<br />
le bloc européen en 2004. Mais ils<br />
refusent toujours <strong>de</strong> l’appliquer<br />
aux Chypriotes grecs, exigeant au<br />
préalable la levée <strong>de</strong> l’embargo qui<br />
frappe la République turque <strong>de</strong><br />
Chypre du Nord (RTCN, reconnue<br />
uniquement par Ankara). Les autorités<br />
turques sont particulièrement<br />
sensibles à la question chypriote,<br />
chasse gardée <strong>de</strong> l’armée turque.<br />
Ainsi, <strong>de</strong>ux journalistes <strong>de</strong> la chaîne<br />
<strong>de</strong> télévision franco-alleman<strong>de</strong><br />
ARTE ont-ils été, le 5 novembre,<br />
arrêtés pour avoir filmé la ville fantôme<br />
<strong>de</strong> Varosha, située dans une<br />
zone militaire <strong>de</strong> la « République<br />
turque <strong>de</strong> Chypre du Nord » (RTCN).<br />
Le journaliste David Muntaner <strong>et</strong><br />
son cameraman Fre<strong>de</strong>ric Bak ont<br />
été arrêtés après avoir filmé une<br />
zone civile accolée à la barrière qui<br />
entoure Varosha, a indiqué le syndicat<br />
<strong>de</strong> journalistes Basin-Sen, un<br />
syndicat <strong>de</strong> journalistes chypriotesturcs,<br />
dans un communiqué. Accusés<br />
d’avoir filmé une zone militaire,<br />
ils doivent comparaître <strong>de</strong>vant<br />
un tribunal militaire. La ville fantôme<br />
<strong>de</strong> Varosha, près <strong>de</strong> l’ancienne<br />
station balnéaire <strong>de</strong> Famagoueste,<br />
a été vidée <strong>de</strong> ses habitants chypriotes-grecs<br />
<strong>de</strong>puis l’invasion<br />
turque <strong>de</strong> 1974. Le plan <strong>de</strong> l’UE<br />
présenté par la Finlan<strong>de</strong> proposait<br />
le transfert à l’ONU <strong>de</strong> la ville-fantôme<br />
<strong>de</strong> Varosha. Mais la République<br />
turque <strong>de</strong> Chypre du Nord,<br />
entité reconnue par la seule Turquie,<br />
a indiqué qu’elle n’accepterait<br />
pas <strong>de</strong> rendre c<strong>et</strong>te ville contre une<br />
reprise du commerce avec l’UE.<br />
Outre la question chypriote,<br />
Bruxelles réclame à la Turquie <strong>de</strong>s<br />
efforts en matière <strong>de</strong> lutte contre la<br />
torture <strong>et</strong> <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la liberté<br />
d’expression <strong>et</strong> <strong>de</strong>s minorités en<br />
Turquie. La recommandation <strong>de</strong> la<br />
Commission européenne a coïncidé<br />
avec le v<strong>et</strong>o du prési<strong>de</strong>nt turc<br />
Ahm<strong>et</strong> Nec<strong>de</strong>t Sezer à un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
loi accordant <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> propriété<br />
aux minorités religieuses <strong>de</strong> Turquie,<br />
ainsi que le réclame l’Union<br />
européenne. Le prési<strong>de</strong>nt turc a<br />
<strong>de</strong>mandé au parlement <strong>de</strong> réexaminer<br />
neuf articles du proj<strong>et</strong>, qui<br />
ne répond par ailleurs pas pleinement<br />
aux souhaits <strong>de</strong> l’UE. M.<br />
Sezer s’est opposé à ces dispositions,<br />
qui, selon lui, leur confère<br />
<strong>de</strong>s droits économiques qui vont<br />
au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’objectif d’un travail<br />
caritatif, a, le 29 novembre, annoncé<br />
la prési<strong>de</strong>nce. L’objectif principal<br />
du texte, voté par le parlement<br />
au début du mois <strong>de</strong> novembre,<br />
était <strong>de</strong> préparer la voie aux Fondations<br />
communautaires (principalement<br />
grecques, arméniennes <strong>et</strong><br />
juives) pour qu’elles récupèrent les<br />
biens saisis par l’Etat <strong>de</strong>puis 1974<br />
aux termes d’une décision <strong>de</strong> justice<br />
controversée. Les nationalistes<br />
reprochent à ce proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> renforcer<br />
la position <strong>de</strong>s minorités religieuses<br />
en Turquie.<br />
Le Premier ministre turc, Tayyip<br />
Erdogan, avait annoncé le 5<br />
novembre que son pays était prêt à<br />
amen<strong>de</strong>r l’article 301 du Co<strong>de</strong><br />
pénal perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> poursuivre les<br />
écrivains <strong>et</strong> journalistes, suite à <strong>de</strong><br />
vives critiques sur le suj<strong>et</strong> émises<br />
par l’Union européenne. Une<br />
scientifique turque <strong>de</strong> 92 ans,<br />
Muazzez Ilmiye Cig, une prolaïque<br />
convaincue, a été acquittée<br />
le 1 er novembre à l’ouverture <strong>de</strong><br />
son procès controversé <strong>et</strong> médiatisé<br />
à Istanbul pour ses écrits sur le<br />
port du voile. L’éminente spécialiste<br />
<strong>de</strong> l’époque sumérienne, civilisation<br />
mésopotamienne du IVe millénaire<br />
avant J-C, s’est exposée à la<br />
colère <strong>de</strong>s cercles islamistes pour<br />
ses écrits sur ce premier peuple<br />
antique, selon elle, à avoir utilisé le<br />
voile chez la femme comme signe<br />
<strong>de</strong> distinction, <strong>de</strong>s milliers<br />
d’années avant l’apparition <strong>de</strong><br />
l’islam. Dans un livre publié l’an<br />
<strong>de</strong>rnier, Mme Cig avait affirmé que<br />
le foulard avait été porté pour la<br />
première fois par <strong>de</strong>s « femmes<br />
publiques » sumériennes. Il s’agissait<br />
<strong>de</strong> prêtresses qui initiaient les<br />
jeunes hommes à la vie sexuelle<br />
dans <strong>de</strong>s temples, tout en n’étant<br />
pas <strong>de</strong>s prostituées. Son procès fait<br />
suite à ceux d’écrivains, journalistes<br />
<strong>et</strong> universitaires, dont les<br />
écrivains Orhan Pamuk <strong>et</strong> Elif Shafak,<br />
qui ont suscité <strong>de</strong>s protestations<br />
internationales. Les charges<br />
contre le prix Nobel <strong>de</strong> littérature<br />
2006 Orhan Pamuk, poursuivi<br />
pour avoir évoqué le génoci<strong>de</strong><br />
arménien, ont été abandonnées<br />
tandis que la romancière Elif Shafak<br />
a été acquittée. Contrairement<br />
à Orhan Pamuk ou Elif Shafak,<br />
poursuivis dans le cadre <strong>de</strong> l’article<br />
301 du co<strong>de</strong> pénal turc, qui prévoit<br />
<strong>de</strong>s sanctions pour insulte à la<br />
République turque, ses institutions<br />
ou l’i<strong>de</strong>ntité turque, l’archéologue<br />
est accusée d’ « incitation à la haine<br />
religieuse ».<br />
Un sondage publié le 14 novembre<br />
dans le journal pro-gouvernemental<br />
Yeni Safak, indique qu’une majorité<br />
<strong>de</strong> Turcs restent favorables à<br />
l’entrée <strong>de</strong> leur pays dans l’Union<br />
européenne, en dépit <strong>de</strong>s tensions<br />
actuelles entre les <strong>de</strong>ux parties,<br />
mais ils n’y croient plus vraiment.<br />
Selon c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’institut<br />
ANAR, 54,1% <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />
voteraient « oui »<br />
aujourd’hui à un référendum sur<br />
l’intégration <strong>de</strong> la Turquie à l’UE,<br />
contre 37,1% qui se prononceraient<br />
contre. Mais, près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tiers du<br />
même échantillon <strong>de</strong> Turcs sollicités<br />
du 17 au 25 octobre dans tout le<br />
pays, prédisent que la Turquie ne<br />
sera jamais admise dans l’Union,<br />
contre moins <strong>de</strong> 30% qui croient<br />
encore à c<strong>et</strong>te hypothèse. Ces