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COUR SUPÉRIEURE

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700-01-083996-093 PAGE : 7<br />

ANALYSE<br />

[48] De toutes les valeurs d’une société libre et démocratique, la liberté et la vie<br />

viennent probablement au premier rang. La privation de la liberté d’un citoyen ne peut<br />

être justifiée que par une règle de droit.<br />

[49] L’article 11 e) de la Charte canadienne des droits et libertés indique :<br />

11. Tout inculpé a le droit :<br />

e) de ne pas être privé sans juste cause d’une mise en liberté assortie<br />

d’un cautionnement raisonnable;<br />

[50] Ce droit est décrit en ces termes dans l’arrêt Hall 5 par la juge en chef McLauchlin<br />

« Le droit conféré est « un droit fondamental à une mise en liberté assortie d’un<br />

cautionnement raisonnable sauf s’il existe une juste cause justifiant le refus de<br />

l’accorder »: Pearson, précité, p. 691. Ce droit repose sur la présomption qu’un<br />

accusé est innocent jusqu’à ce que la preuve du contraire soit faite au procès.<br />

Toutefois, l’al. 11e) reconnaît aussi qu’il peut exister, malgré la présomption<br />

d’innocence, une « juste cause » qui justifie le refus de mettre en liberté un<br />

accusé en attente de procès. »<br />

[51] Toujours dans la décision de la Cour suprême, dans l'affaire Hall, le juge<br />

Iacobucci, même s'il écrit pour les juges dissidents, exprime les commentaires suivants<br />

relativement à l'importance de la liberté dans notre société ;<br />

« La liberté du citoyen est au cœur d’une société libre et démocratique. La<br />

liberté perdue est perdue à jamais et le préjudice qui résulte de cette perte ne<br />

peut jamais être entièrement réparé. Par conséquent, dès qu’il existe un risque<br />

de perte de liberté, ne serait-ce que pour une seule journée, il nous incombe, en<br />

tant que membres d’une société libre et démocratique, de tout faire pour que<br />

notre système de justice réduise au minimum le risque de privation injustifiée de<br />

liberté.<br />

En droit criminel, cette liberté fondamentale se traduit de manière générale par le<br />

droit d’être présumé innocent jusqu’à preuve du contraire et, plus précisément,<br />

par le droit à la mise en liberté sous caution. Le refus d’accorder la mise en<br />

liberté sous caution à une personne simplement accusée d’une infraction<br />

criminelle porte nécessairement atteinte à la présomption d’innocence. Tel est le<br />

contexte du présent pourvoi, contexte où le « fil d’or » qui illumine la trame de<br />

notre droit criminel risque d’être rompu. C’est dans ce contexte qu’il faut<br />

examiner les dispositions autorisant la détention avant le procès.<br />

5 [2012] 3 R.C.S. 309, par. 13

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