n° 128 - Université Paul Valéry
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Recherche<br />
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à Konstanz (Allemagne), en juillet<br />
1971, à l’occasion d’une école d’été<br />
de psychologie sociale expérimentale,<br />
il fit la connaissance de Claude Flament,<br />
qui allait devenir son autre<br />
maître. Et c’est sous la direction de<br />
celui-ci qu’il soutint en 1974 sa thèse<br />
d’État, dont l’essentiel sera publié en<br />
1975, toujours aux Presses universitaires<br />
de France, sous le titre Les<br />
rumeurs.<br />
Débute alors sa carrière institutionnelle<br />
à l’UPV, d’abord comme<br />
maître-assistant, puis comme professeur<br />
de psychologie expérimentale et<br />
cognitive à partir de 1987. Il y restera<br />
jusqu’en 1998, année où il rejoindra<br />
d’abord l’université de Paris 8 – Saint-<br />
Denis puis l’université de Paris-Descartes,<br />
en 2003, où il intégrera le<br />
Laboratoire de psychologie environnementale<br />
qu’il dirigera jusqu’à sa<br />
retraite en 2010.<br />
Un penseur fécond<br />
Durant toutes ces années, ses activités<br />
de publication ont été incessantes.<br />
Si l’on s’en tient aux seuls<br />
ouvrages, les thématiques qu’ils abordent<br />
frappent par leur diversité apparente.<br />
Mais qu’il s’agisse de l’étude<br />
des rumeurs (1975, 1992), de la psychologie<br />
politique (1988, 1994), des<br />
chaînes magiques (1994), de la<br />
mémoire sociale (1997), des communications<br />
de masse (1998), des représentations<br />
sociales (avec Rateau,<br />
1998 ; avec Garnier, 1999 ; avec Flament,<br />
2003) ou de la propagande<br />
(2004), la visée scientifique reste la<br />
même : traiter les phénomènes collectifs<br />
comme des objets de science<br />
et les décrire selon des propriétés<br />
formelles, empiriques et mesurables.<br />
Cet objectif lui permit de développer<br />
des points de vue novateurs qui<br />
entraînèrent dans son sillage plusieurs<br />
travaux de collaborateurs et<br />
d’étudiants : étudier les rumeurs sous<br />
la forme d’un syndrome, rendre<br />
compte de la pluriqualification des<br />
modalités de la pensée sociale à l’aide<br />
d’une formalisation en schèmes cognitifs<br />
de base, développer le rôle de<br />
l’implication personnelle, et enfin<br />
considérer la part affective des manifestations<br />
collectives à travers la<br />
notion de “nexus”.<br />
Michel-Louis Rouquette était de<br />
ces chercheurs en sciences sociales<br />
qui sont de véritables locomotives de<br />
recherches et de pensées, promoteurs<br />
permanents d’idées neuves,<br />
riches et fécondes.<br />
Mais il faisait aussi partie de ceux<br />
qui ont su promouvoir ces idées audelà<br />
des frontières. Professeur invité<br />
de façon régulière au Canada (Montréal,<br />
Québec), au Brésil (Rio de<br />
Janeiro, São <strong>Paul</strong>o, Natal), au<br />
Mexique (Mexico, Puebla), en<br />
Colombie (Medellin), en Italie (Rome<br />
“La Sapienza”) ou en Europe de l’Est<br />
(Iaşi), il bénéficiait, partout, d’une<br />
immense réputation scientifique et de<br />
l’affection sincère de tous ceux qui<br />
l’ont rencontré. Car au-delà de ses<br />
qualités scientifiques, Michel-Louis<br />
Rouquette se distinguait aussi par ses<br />
qualités humaines. Doux, affable, bienveillant<br />
et doué d’un sens de l’humour<br />
fin et profond, il sut s’attirer<br />
l’amitié intense et indéfectible de<br />
plusieurs de ses collègues et anciens<br />
étudiants.<br />
Ce cercle lié à ses activités scientifiques<br />
ne constituait toutefois que la<br />
partie émergée d’un immense iceberg<br />
culturel. Sa profonde connaissance de<br />
l’histoire, de la littérature, des<br />
sciences humaines et sociales et de la<br />
philosophie était vertigineuse. Spéléologue<br />
et archéologue amateur, il était<br />
passionné par les armes et leur histoire,<br />
par les monnaies, qu’il collectionnait<br />
scrupuleusement aux quatre<br />
coins du monde, par l’architecture ou<br />
encore par la poésie, à laquelle il<br />
consacra plusieurs recueils sous le<br />
nom de Michel-Louis Brumaire.<br />
L’étendue de ses passions et les<br />
connexions qu’il établissait entre elles<br />
ne peuvent que forcer l’admiration.<br />
Car au-delà de simples plaisirs, il a<br />
toujours considéré ces activités<br />
comme des moyens à part entière<br />
de comprendre et d’étudier les<br />
“rouages et les nuages” de la pensée<br />
humaine, selon l’expression de<br />
Popper qu’il affectionnait tant. <<br />
Patrick Rateau<br />
Professeur de psychologie sociale<br />
<strong>Université</strong> de Nîmes<br />
Bibliographie sélective<br />
de Michel-Louis Rouquette<br />
› La créativité, M.-L. Rouquette, Paris, PUF, 1973<br />
› Les rumeurs, M.-L. Rouquette, Paris, PUF, 1977<br />
› La psychologie politique, M.-L. Rouquette, Paris, PUF, (2 e<br />
édition revue), 1995<br />
› La rumeur et le meurtre. L’affaire Fualdès, M.-L. Rouquette,<br />
Paris, PUF, 1992<br />
› Sur la connaissance des masses. Essai de psychologie<br />
politique, M.-L. Rouquette, Grenoble, PUG, 1994<br />
› Chaînes magiques. Les maillons de l’appartenance, M.-L.<br />
Rouquette, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1994<br />
› La chasse à l’immigré. Violence, mémoire et représentations,<br />
M.-L. Rouquette, Sprimont, Mardaga, 1997<br />
› La communication sociale, M.-L. Rouquette, Paris, Dunod,<br />
1998<br />
› Introduction à l’étude des représentations sociales, M.-L.<br />
Rouquette & P. Rateau, Grenoble, PUG, 1998<br />
› La genèse des représentations sociales, M.-L. Rouquette &<br />
C. Garnier, Montréal, Éditions Nouvelles, 1999<br />
› Anatomie des idées ordinaires. Comment étudier les représentations<br />
sociales, C. Flament, & M.-L. Rouquette Paris,<br />
Armand Colin, 2003<br />
› Propagande et citoyenneté, M.-L. Rouquette, Paris, PUF,<br />
2004<br />
› La pensée sociale, M.-L. Rouquette (dir.), Toulouse, Érès,<br />
2009<br />
LE DIT DE L’UPV – FÉVRIER 2012 14