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En conséquence, des lieux de pensée inédits sont inventés pour aider à la fermentation d’une
alternative conservatrice. Appelés thinks-tanks, ces espaces de réflexion entament un travail de
réévaluation de la pensée conservatrice 2 . L’objectif de ce chapitre est de vous présenter
l’étonnante convergence des intérêts des hommes d’affaires et des intellectuels, la création d’une
pensée théorique et pratique destinée à remplacer les modèles keynésiens et l’émergence de
structures de pensée parallèle dont la forme la plus aboutie est la société du Mont-Pèlerin, créée
en 1947.
I)Hommes d’affaires et intellectuels à la recherche d’une alternative.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les élites occidentales adhèrent majoritairement au
keynésianisme et posent les bases du consensus d’après-guerre, selon la formule consacrée 3 .
L’Etat-Providence et son corollaire, la sécurité du berceau à la tombe, s’imposent dans l’ensemble
des partis politiques. Du gaullisme social en passant par le républicanisme modéré de Dwight
Eisenhower et Richard Nixon, en passant par le conservatisme modéré de Winston Churchill, les
sociétés sont régies par des règles communes. Dans ce contexte de domination symbolique du
keynésianisme, les voix discordantes sont rares et émanent de deux groupes sociaux : les hommes
d’affaires, dont l’hostilité à l’intervention de l’Etat est ancienne, et quelques intellectuels,
profondément marginalisés dans le champ universitaire au lendemain de la guerre.
A) Marginalisation des conservateurs, domination du keynésianisme.
2 Sur les think-tanks, voir David Ricci, The Transformation of American Politics. The New Washington and the Rise of Think-
Tanks, New Haven, Yale University Press, 1993.
3 Pour l’idéologie du consensus en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, voir Peter Hennessy, Never Again: Britain
1945-1951, London, 1992 et James T. Patterson, Great Expectations 1945-1972, New York, Oxford University Press,
1997.
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