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Face à l’offensive de l’Etat, les hommes d’affaires développent les structures de relations<br />

publiques (public relations) pour faire connaitre les règles de l’économie au grand public. Cette<br />

entreprise prend tout d’abord une forme assez bien connue : l’utilisation de la publicité.<br />

L’historien Roland Marchand a bien décrit l’émergence de la publicité pour vanter les mérites de<br />

la grande entreprise (Big Business) et l’esprit du capitalisme (corporate soul) 8 . Jusqu’à la Seconde<br />

Guerre mondiale, la publicité était liée à la commercialisation d’un produit. Au lendemain de la<br />

guerre, les publicités véhiculent un message plus idéologique, insistant sur les vertus de la<br />

dérégulation, notamment dans le domaine des transports. En décembre 1955, une publicité<br />

financée par une organisation d’hommes d’affaires à New York, favorable à la dérégulation du<br />

secteur des transports utilise la période des fêtes pour promouvoir ses conceptions économiques<br />

et la création d’une commission de réflexion sur la régulation du secteur des transports. Intitulée «<br />

Vous payez trop (You Paid Too Much) », la publicité met en scène un jeune couple aux bras chargé<br />

de cadeaux. Ces consommateurs dépensent trop pour leurs cadeaux en raison de la régulation<br />

existante. L’argument est classique chez les opposants à la régulation keynésienne.<br />

Dans chaque pays, les hommes d’affaires se mobilisent et cherchent à faire entendre leurs<br />

points de vue dans l’espace public. Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le patronat<br />

américain accentue sa lutte contre le New Deal, accusé de pervertir les idéaux américains.<br />

L’historienne Elizabeth Fones-Wolf donne des chiffres éloquents sur les investissements en<br />

relations publiques : les milieux d’affaires distribuent vingt-quatre millions de dollars en 1948 puis<br />

136 millions en 1958, chiffre qui culmine en 1965 à 280 millions 9 . Dans les écoles, la NAM<br />

finance des journées consacrées à la libre-entreprise et aux vertus du capitalisme. D’autres<br />

hommes d’affaires essaient de créer des chaires dans des universités pour réorienter le contenu<br />

des enseignements, souvent considérés comme trop favorables au New Deal et au parti<br />

démocrate. Exemple le plus étonnant de cet investissement politique, l’entreprise General<br />

8 Roland Marchand, Creating the Corporate Soul. The Rise of Public Relations and Corporate Imagery in American Big Business,<br />

Berkeley, University of California Press, 1998.<br />

9 Elisabeth Fones-Wolf, Selling Free Enterprise. The Business Assault on Labor and Liberalism 1945-1960, Urbana,<br />

University of Illinois Press, 1994<br />

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