ELA Infos n°76 – décembre 2011
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lll Qu’est-ce qu’un<br />
aidant familial ?<br />
L’aidant familial ou aidant naturel ou<br />
encore proche aidant est un membre de<br />
la famille qui vient en aide à une<br />
personne qui a perdu partiellement ou<br />
totalement son autonomie.<br />
Son essence même est liée à<br />
l’augmentation du nombre de personnes<br />
souffrant d’un manque d’autonomie (en<br />
raison de l’allongement de la durée de la<br />
vie, de la multiplication des pathologies<br />
invalidantes…) et à l’absence de<br />
professionnels d’aide à la personne en<br />
nombre suffisant. On compte en France<br />
quatre millions d’aidants familiaux qui<br />
représentent la plus grande entreprise de<br />
santé.<br />
Les aidants familiaux représentent alors<br />
une solution qui s’impose d’elle même<br />
puisque lorsqu’un proche est touché par<br />
une maladie et perd son autonomie, ce<br />
sont les membres de la famille qui sont<br />
les premiers acteurs.<br />
L’aidant familial n’a pas de statut juridique<br />
à proprement parler. À l’heure actuelle,<br />
seul l’aidant familial de la personne en<br />
situation de handicap est caractérisé dans<br />
l’article R245-7 du Code de l’action sociale<br />
et des familles : “Est considéré comme un<br />
aidant familial, pour l’application de<br />
l’article L. 245-12, le conjoint, le concubin,<br />
la personne avec laquelle le bénéficiaire a<br />
conclu un pacte civil de solidarité,<br />
l’ascendant, le descendant ou le collatéral<br />
jusqu’au quatrième degré du bénéficiaire,<br />
ou l’ascendant, le descendant ou le<br />
collatéral jusqu’au quatrième degré de<br />
l’autre membre du couple qui apporte<br />
l’aide humaine définie en application des<br />
dispositions de l’article L. 245-3 du présent<br />
code et qui n’est pas salarié pour cette<br />
aide”.<br />
lll La fonction d’aidant<br />
familial<br />
La fonction d’aidant est bien souvent un<br />
engagement à long terme, qui a un<br />
retentissement sur la vie sociale,<br />
affective, psychique et des<br />
conséquences parfois difficiles en<br />
termes psychologiques, physiques et<br />
sociaux. Il va sans dire que ce rôle<br />
d’aidant qui apporte aide et soutien à la<br />
personne malade et dépendante, ne<br />
s’exerce pas sans de profondes<br />
modifications dans la vie quotidienne,<br />
dans l’équilibre familial, dans les<br />
relations, que ce soit au sein du couple<br />
ou avec la personne malade.<br />
Il a été démontré qu’en moyenne un aidant<br />
s’occupe de son proche dépendant de 10 à<br />
15 heures par jour et ce, tous les jours de<br />
l’année.<br />
L’aidant familial est un partenaire du<br />
“prendre soin”. Il devient acteur dans<br />
l’équipe soignante, il est l’intermédiaire<br />
entre la personne malade (surtout quand<br />
celle-ci ne peut plus s’exprimer ou<br />
communiquer) et les professionnels.<br />
Maintenir le projet de vie du malade, être<br />
sollicité pour les actes de vie quotidienne<br />
(toilette, habillage, aide aux repas,<br />
transferts…), participer aux soins, voire<br />
donner les soins jusqu’à réaliser des actes<br />
infirmiers (pansements, injections,<br />
sondages, gestion de l’alimentation<br />
parentérale…), suivre les prescriptions<br />
médicales, reconnaître des symptômes,<br />
s’adapter aux changements provoqués par<br />
l’évolution de la maladie, intervenir en cas<br />
d’urgence si nécessaire, assurer la gestion<br />
économique du foyer… C’est tout cela être<br />
aidant familial. C’est un emploi à temps<br />
plein qui demande beaucoup<br />
d’investissement et d’abnégation.<br />
lll Les risques<br />
potentiels<br />
Prendre en charge un enfant dépendant,<br />
un conjoint ou un proche en perte<br />
d’autonomie, est un geste de dévouement<br />
qui peut, au fil des mois, des années,<br />
devenir une astreinte bien difficile à<br />
concilier avec la vie de tous les jours, avec<br />
la vie familiale et la vie sociale. Les tâches<br />
assumées par l’aidant familial peuvent<br />
s’avérer véritablement harassante et<br />
conduire à d’importantes difficultés<br />
(dépression, anxiété, angoisse, épuisement<br />
M E D i c o - S o c i A L<br />
moral, fatigue, troubles du sommeil,<br />
consommation accrue d’anxiolytiques…).<br />
C’est donc le capital santé de l’aidant luimême<br />
qui peut être mis en danger. Il est<br />
donc important de savoir s’économiser<br />
pour ne pas s’épuiser.<br />
Par ailleurs, la fonction d’aidant, de par la<br />
disponibilité tant physique que psychique<br />
qu’elle requiert, tend très souvent à<br />
l’isoler de toute vie sociale, amicale voire<br />
professionnelle. L’aidant peut devenir<br />
alors à son tour victime d’une forme<br />
d’exclusion sociale et relationnelle.<br />
Il n’est pas rare non plus pour l’aidant de<br />
ressentir un sentiment d’échec, de<br />
culpabilisation face à son impossibilité à<br />
soulager les souffrances de son proche,<br />
de lassitude face au quotidien souvent<br />
trop lourd à porter et ainsi pouvoir à<br />
certains moments craquer…<br />
L’accompagnement au quotidien et<br />
durant des années revêt souvent un<br />
caractère “d’enfermement” pour l’aidant<br />
qui devient, au fil du temps, un véritable<br />
soignant. Cette relation au long cours<br />
risque d’entraîner un vécu de détresse<br />
psychologique, de dépression,<br />
d’épuisement.<br />
Ainsi, il est bon de vouloir et pouvoir<br />
trouver la disponibilité pour requérir, si le<br />
besoin est ressenti, une aide<br />
psychologique en consultant un psychiatre<br />
ou un psychologue. Mais il parait<br />
important également d’y associer un<br />
soutien social (solution de répit, aides à<br />
domicile…). Les répits se doivent d’être<br />
une interruption physique et<br />
psychologique, une véritable rupture, dans<br />
le rôle quotidien de plus en plus absorbant<br />
et contraignant de l’aidant familial. Cette<br />
rupture est d’autant plus nécessaire qu’au<br />
fur et à mesure de l’évolution de la maladie<br />
dans le temps, la participation de l’aidant à<br />
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