DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles
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18 BRUXELLOIS À VIENNE, VIENNOIS À BRUXELLES<br />
Lorsque les menaces d’un conflit international majeur se profilèrent à partir <strong>de</strong><br />
1755, on vit se multiplier les courses entre <strong>Bruxelles</strong> et Vienne. Les <strong>de</strong>ux courriers<br />
attitrés ne suffisaient plus pour répondre aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s du gouvernement. Dès lors,<br />
d’autres commis furent également dépêchés à Vienne en qualité <strong>de</strong> courriers : on vit<br />
partir à plusieurs reprises Christophe Strack, valet <strong>de</strong> chambre du comte <strong>de</strong> Cobenzl,<br />
ministre plénipotentiaire, ou Jean Strain, alors huissier <strong>de</strong> la Secrétairerie d’Etat et <strong>de</strong><br />
guerre. Ce <strong>de</strong>rnier a connu une carrière un peu particulière, qui explique pourquoi l’on<br />
se tournait vers lui comme courrier occasionnel : on sait qu’il avait occupé la charge<br />
<strong>de</strong> courrier <strong>de</strong> Cabinet <strong>de</strong> 1732 à 1738, date à laquelle il avait été promu huissier<br />
<strong>de</strong> la Secrétairerie d’Etat et <strong>de</strong> guerre, car il n’y avait pas beaucoup <strong>de</strong> courses à<br />
faire à cette époque. Il avait quitté un poste fatigant pour un emploi sé<strong>de</strong>ntaire, mais<br />
il déchanta bientôt, se rendant compte du manque à gagner <strong>de</strong> cette opération. Sa<br />
requête introduite en 1743 en vue <strong>de</strong> réintégrer le corps <strong>de</strong>s courriers révèle que<br />
les trois cent quinze florins rémunérant sa fonction d’huissier ne lui paraissaient<br />
pas suffisants pour vivre décemment, après déduction <strong>de</strong>s retenues et d’un loyer<br />
<strong>de</strong> cent florins pour son logement. On peut aussi comprendre qu’il espérait mieux<br />
gagner sa vie grâce aux émoluments attachés aux courses confiées aux courriers <strong>de</strong><br />
Cabinet, désormais plus nombreuses… Marie-Thérèse ayant aboli la pratique <strong>de</strong>s<br />
« survivances » ou promesses d’attribution <strong>de</strong> postes à vaquer, il ne fut pas possible<br />
<strong>de</strong> répondre favorablement à Strain, mais on lui confia <strong>de</strong>s courses dont il pouvait<br />
retirer quelque avantage 46 . Durant les années qui précédèrent la guerre <strong>de</strong> Sept Ans,<br />
on confia encore <strong>de</strong>s missions à d’autres courriers occasionnels, tels Magnus Spaak,<br />
et Jean Giovanelli, huissiers <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong> Lorraine, Giovanelli n’étant<br />
pas encore officiellement courrier <strong>de</strong> Cabinet, ou encore Lacomble, archer <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong><br />
noble <strong>de</strong>s hallebardiers, mais aussi Adrien Joseph Grégoire, Cantineau, Simon Jacques<br />
Weisel, François Lefebvre ou Jean Schoppe, que leurs états <strong>de</strong> service ne permettent<br />
pas d’i<strong>de</strong>ntifier avec plus <strong>de</strong> précision 47 . Après la fin <strong>de</strong> la guerre, on vit le nombre<br />
<strong>de</strong> courses diminuer, mais on continua d’envoyer <strong>de</strong>s courriers occasionnels à Vienne,<br />
comme l’official Philippe Le Juste, ou Jacques Strain, hallebardier <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> royale<br />
et son frère Nicolas, huissier du Conseil privé 48 . Notons enfin, qu’à côté <strong>de</strong> ces<br />
personnes dépêchées officiellement en qualité <strong>de</strong> courriers, <strong>de</strong>s militaires effectuant<br />
le voyage à Vienne étaient également chargés d’y apporter <strong>de</strong>s messages et colis <strong>de</strong><br />
la part du gouvernement <strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong> 49 . Il est patent qu’on ne se contentait pas <strong>de</strong><br />
requérir les services <strong>de</strong>s courriers <strong>de</strong> Cabinet pour remplir ces missions délicates.<br />
Après la guerre <strong>de</strong> Sept Ans, en marge <strong>de</strong> ces missions d’exception, un courrier<br />
expédié par Vienne assura chaque mois la liaison entre la capitale autrichienne et<br />
46<br />
CAPB 548 : Consulte du Conseil suprême à Vienne, 4 avril 1743 ; id. : Relation du comte<br />
<strong>de</strong> Königsegg-Erps à Marie-Thérèse, 6 mai 1743. Voir aussi CF 2370 et 2371 : Ordonnances <strong>de</strong><br />
paiement en faveur <strong>de</strong> Strain pour courses effectuées à Vienne, 1746, 1755, 1757.<br />
47<br />
CF 2371 : Ordonnances <strong>de</strong> paiement durant les années 1755-1757.<br />
48<br />
CF 2373 ; 2374 ; 2376 ; 2377 : Paiement <strong>de</strong>s vacations <strong>de</strong>s courriers (1769-1794).<br />
49<br />
Plusieurs mentions <strong>de</strong> ces missions dans le journal secret <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong> Lorraine<br />
(M. GALAND (éd.), Journal secret <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong> Lorraine 1766-1779, op. cit.) et dans la<br />
correspondance <strong>de</strong> Cabinet (SEG 951-963 : 1743-1766).