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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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44 BRUXELLOIS À VIENNE, VIENNOIS À BRUXELLES<br />

1787 le serment <strong>de</strong> la Joyeuse Entrée, mais l’empereur poursuivit son chemin 83 . En<br />

1789, l’insurrection gagna le pays. Les autorités autrichiennes évacuèrent <strong>Bruxelles</strong><br />

et les places principales. Peu avant sa mort, survenue le 20 février 1790, Joseph II<br />

abrogea la plupart <strong>de</strong> ses réformes, néanmoins les Pays-Bas semblaient désormais<br />

perdus pour les Habsbourg. Mais les Autrichiens reconquirent les provinces à la fin<br />

<strong>de</strong> 1790 et l’empereur Léopold II s’engagea à rétablir le régime antérieur à Joseph II.<br />

Il avait notamment l’intention <strong>de</strong> rétablir à Vienne une institution du type <strong>de</strong> l’ancien<br />

Conseil suprême. Evi<strong>de</strong>mment ces mesures auraient marqué pour le vieux chancelier<br />

Kaunitz non seulement un pas en arrière mais l’échec <strong>de</strong> la politique qu’il poursuivait<br />

<strong>de</strong>puis trente ans. Kaunitz essaya donc <strong>de</strong> le dissua<strong>de</strong>r : « Avec ces têtes belges et<br />

surtout les Brabançons, qui sont les plus mutines, les plus séditieuses et les plus<br />

déraisonnables que je connoisse, V.M. ne fera rien […] si Elle ne se détermine pas<br />

au parti d’employer vis-à-vis <strong>de</strong> ces gens-là conjointement avec le buono, le cattive,<br />

et Elle perdra son tems […] » 84 . Le vieux chancelier n’était cependant pas conscient<br />

<strong>de</strong>s risques encourus. Et Léopold II ne put achever sa tâche, la mort l’emportant dès<br />

le 1 er mars 1792. Il laissait le trône à son fils François, sans doute trop jeune pour<br />

affronter les graves dangers du moment. Celui-ci essaya d’abord <strong>de</strong> marcher sur la<br />

voie <strong>de</strong> la réconciliation. Afin <strong>de</strong> regagner la confiance <strong>de</strong>s Pays-Bas il créa le 16<br />

mars 1792 la Jointe aulique pour les affaires <strong>de</strong>s Pays-Bas, sur le modèle du Conseil<br />

suprême. Mais la Jointe ne porta que <strong>de</strong> piètres résultats à cause <strong>de</strong> l’expansionnisme<br />

français. L’Assemblée législative avait en effet déclaré la guerre « au roi <strong>de</strong> Bohème<br />

et <strong>de</strong> Hongrie » le 20 avril 1792. La première réunion <strong>de</strong> la Jointe aulique se tint le<br />

29 mai 1792 dans une maison près <strong>de</strong> la chancellerie, Schauflergasse 11. Dans le<br />

courant <strong>de</strong> 1792, trente-<strong>de</strong>ux séances eurent lieu. La procédure rappelait celle du<br />

Conseil suprême, ce qui détermina Kaunitz à remettre sa démission. D’ailleurs on<br />

avait déjà remarqué à <strong>Bruxelles</strong> qu’on jouait un faux jeu dans la chancellerie : « […]<br />

Le prince <strong>de</strong> Kaunitz n’est plus consulté en rien, monsieur <strong>de</strong> Cobenzl et monsieur <strong>de</strong><br />

Spielmann font tout, même ce qui regar<strong>de</strong> les objets les plus importants <strong>de</strong>s Pays-Bas<br />

et monsieur <strong>de</strong> Le<strong>de</strong>rer n’est au fond que l’instrument mécanique <strong>de</strong> leur volonté […]<br />

François II a le meilleur cœur ; mais jusqu’ici au moins les ministres gouvernent et on<br />

craint que dès la fin <strong>de</strong> la guerre actuelle nous puissions tomber sous un <strong>de</strong>spotisme<br />

ministeriel, vers lequel tout semble pencher. En général aucun <strong>de</strong> nos ministres actuels<br />

ne semble capable <strong>de</strong> quelque gran<strong>de</strong> chose et ne sont que <strong>de</strong>s routiniers dans le vrai<br />

sens du mot […] » 85 . Kaunitz fut remplacé par Johann Philipp Cobenzl, neveu du<br />

ministre plénipotentiaire Charles Cobenzl. Après la bataille <strong>de</strong> Jemappes en novembre<br />

1792, le gouvernement <strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong> dut prendre la fuite. Avant la secon<strong>de</strong> restauration,<br />

l’empereur avait décrété une réorganisation <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong>s Pays-Bas établies à<br />

Vienne. Le 1 er mars 1793 fut érigée la Chancellerie aulique <strong>de</strong>s Pays-Bas et la Jointe<br />

aulique fut dissoute. Cette nouvelle chancellerie, autonome afin <strong>de</strong> mieux souligner<br />

l’i<strong>de</strong>ntité nationale, n’était plus attachée à la Chancellerie <strong>de</strong> Cour et d’Etat ; elle fut<br />

83<br />

R. ZEDINGER, op. cit., pp. 111-113.<br />

84<br />

HHStA, Belgien DD B, Fasz. blau 51b, fol. 491, 2 février 1791.<br />

85<br />

HHStA, Belgien DD B, Fasz. rot 121/122, fol. 245-246, 1793. L’auteur <strong>de</strong> cette note<br />

n’a pu être i<strong>de</strong>ntifié.

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