DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles
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22 BRUXELLOIS À VIENNE, VIENNOIS À BRUXELLES<br />
les courriers dépêchés à Paris s’y rendaient ordinairement à cheval, sauf s’ils étaient<br />
trop lour<strong>de</strong>ment chargés. En revanche, les courriers avaient pris l’habitu<strong>de</strong> d’aller en<br />
voiture à Vienne, par commodité. Les autorités rechignaient à accepter cet état <strong>de</strong> fait,<br />
se bornant à prendre en charge la location <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chevaux pour ces longs voyages. Il<br />
n’y a pas <strong>de</strong> précision sur cet usage, mais on peut déduire du fonctionnement ordinaire<br />
<strong>de</strong>s services postaux qu’il fallait prévoir un <strong>de</strong>uxième cheval pour le postillon chargé<br />
<strong>de</strong> ramener les chevaux au relais précé<strong>de</strong>nt, après chaque changement <strong>de</strong> monture par<br />
le courrier, et ce tout au long <strong>de</strong> la route.<br />
Le gouvernement prit la décision d’établir un règlement afin <strong>de</strong> limiter les<br />
dédommagements à allouer aux courriers, en particulier en ce qui concernait<br />
l’utilisation éventuelle d’une voiture. Selon le ministre plénipotentiaire, le prince <strong>de</strong><br />
Starhemberg, les courriers étaient censés faire leurs déplacements à cheval, même<br />
s’ils étaient par ailleurs obligés <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r une calèche. Certes, ils étaient tentés<br />
d’utiliser leur voiture pour leurs courses lointaines, mais cette facilité n’impliquait<br />
pas, aux yeux du ministre, <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir in<strong>de</strong>mniser l’entretien <strong>de</strong>s véhicules, sauf si le<br />
service exigeait d’y avoir recours, d’autant « que ce n’est pas toujours les paquets <strong>de</strong><br />
la Cour qui exigent qu’ils partent en voiture, mais les commissions <strong>de</strong>s particuliers<br />
dont ils se chargent avec plaisir par le bénéfice qui leur en revient » 64 . On spécifia<br />
donc, avec le règlement du 19 mai 1773, les cas où l’usage d’une voiture ou d’un<br />
paquebot extraordinaire vers Douvres pouvait être in<strong>de</strong>mnisé. On prévoyait par<br />
ailleurs systématiquement la location d’un fiacre pour se rendre à la Cour chercher<br />
les paquets, tant à <strong>Bruxelles</strong> qu’à Vienne, Laxenburg ou Schönbrunn 65 . Pour le reste,<br />
il fallait parcourir ces milliers <strong>de</strong> kilomètres à cheval, pour plus « d’accélération <strong>de</strong><br />
l’arrivée à leur <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s dépêches »…Vingt ans plus tard, un rapport <strong>de</strong> la<br />
Chambre <strong>de</strong>s comptes révèle que ce règlement ne réussit nullement à contenir la<br />
recherche du confort par les messagers, et que l’usage d’une voiture s’était désormais<br />
généralisé pour parcourir ces longues distances 66 .<br />
Même si certains messagers se sont distingués par la longévité <strong>de</strong> leur carrière<br />
active, tels Pierre Morceau, Jean Schoonheydt, Gaspard Motte, Antoine Loiseaux<br />
ou Jeannin Giovanelli, il est certain qu’on ne pouvait remplir ces missions aussi<br />
pénibles si l’on ne jouissait pas d’une excellente santé. Les infirmités ou la maladie<br />
pouvaient empêcher ces messagers <strong>de</strong> travailler, les privant <strong>de</strong> ressources. C’est pour<br />
éviter <strong>de</strong> telles situations qu’ils touchaient <strong>de</strong>s gages fixes. Mais ceux-ci ne suffisaient<br />
pas, aux dires <strong>de</strong>s courriers qui s’en plaignaient. Il est dès lors intéressant <strong>de</strong> relever<br />
les secours mis en place pour soutenir les courriers vieillissants ou mala<strong>de</strong>s, qui ne<br />
pouvaient plus enfourcher leurs montures afin d’effectuer leurs lointains périples<br />
ou qui en étaient empêchés temporairement. A part les gages fixes, un système <strong>de</strong><br />
solidarité assurait une certaine redistribution <strong>de</strong>s gains entre les courriers. Ceux-ci<br />
64<br />
CF 2373 : Lettre du secrétaire d’Etat et <strong>de</strong> guerre Crumpipen envoyée par ordre du<br />
ministre au baron <strong>de</strong> Cazier, trésorier général <strong>de</strong>s finances, 13 février 1772.<br />
65<br />
CF 2373.<br />
66<br />
CF 2377 : Avis <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes du 9 janvier 1792 sur les vacations à allouer<br />
à Nicolas Strens (Strain).