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DIGITHÈQUE - Université Libre de Bruxelles

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20 BRUXELLOIS À VIENNE, VIENNOIS À BRUXELLES<br />

diligence et n’était resté que trois jours à Vienne, ce qui signifie qu’il n’avait mis que<br />

six jours pour aller et six jours pour revenir 55 . Un autre exemple, nous éclairant cette<br />

fois sur l’acheminement <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong> Vienne à <strong>Bruxelles</strong>, pourrait être celui <strong>de</strong><br />

la maladie <strong>de</strong> Marie-Thérèse, qui contracta la petite vérole en juin 1767. La nouvelle<br />

plongea les autorités viennoises et bruxelloises dans les plus vives inquiétu<strong>de</strong>s. Tous<br />

les jours, Charles <strong>de</strong> Lorraine guettait l’arrivée <strong>de</strong> la poste pour y suivre l’évolution<br />

<strong>de</strong> l’affection. Du 3 au 17 juin, jour où la guérison lui fut confirmée, il reçut <strong>de</strong>s lettres<br />

quotidiennement, excepté le 9, ce qui lui fit craindre le pire, mais il se rassura un peu<br />

en apprenant que Cobenzl avait reçu une lettre <strong>de</strong> Kaunitz, et son secrétaire Weiss,<br />

une lettre du secrétaire <strong>de</strong> Cabinet <strong>de</strong> la souveraine. Le len<strong>de</strong>main, lorsqu’il apprit que<br />

Marie-Thérèse avait reçu l’extrême-onction neuf jours plus tôt, le gouverneur ordonna<br />

« qu’en cas qu’un courié arrive, qu’il face scavoir au ministre s’yl aporte <strong>de</strong> bonne ou<br />

<strong>de</strong> mause nouvelle » 56 . Les nouvelles courantes, même importantes, étaient confiées<br />

à la poste journalière, et prenaient neuf à dix jours pour parvenir à <strong>Bruxelles</strong>. Mais<br />

dans ce cas extrême, on s’attendait à recevoir un courrier pour annoncer l’issue fatale,<br />

même si l’on espérait ar<strong>de</strong>mment une amélioration.<br />

4. Courrier <strong>de</strong> Cabinet : un métier exigeant<br />

La question <strong>de</strong> la rémunération <strong>de</strong>s vacations <strong>de</strong>s courriers donne l’occasion<br />

d’ouvrir <strong>de</strong>s dossiers intéressants sur les modalités d’in<strong>de</strong>mnisation, les relations <strong>de</strong><br />

ces messagers avec leurs collègues et avec les autorités, et les conditions <strong>de</strong> l’exercice<br />

<strong>de</strong> leur métier.<br />

Les qualités requises pour remplir cette charge <strong>de</strong>mandaient d’être un<br />

cavalier accompli, <strong>de</strong> jouir d’une robuste condition physique et d’être connu pour<br />

« sa prudhommie, fidélité et bonne diligence » selon les termes repris dans les lettres<br />

patentes <strong>de</strong> nomination. Une voie assez évi<strong>de</strong>nte pour se former au métier <strong>de</strong> courrier<br />

consistait à faire partie d’une famille <strong>de</strong> messagers, comme les Morceau ou les Strain.<br />

Une autre manière <strong>de</strong> recruter <strong>de</strong> jeunes courriers et <strong>de</strong> les former peu à peu au service,<br />

était <strong>de</strong> les nommer à titre <strong>de</strong> surnuméraires et <strong>de</strong> leur confier les courses <strong>de</strong>s courriers<br />

ordinaires empêchés à cause <strong>de</strong> leurs absences ou <strong>de</strong> leurs infirmités. Les courriers<br />

Motte, Loiseaux et Habbot furent engagés <strong>de</strong> la sorte. On renonça à ce système <strong>de</strong><br />

recrutement durant la secon<strong>de</strong> moitié du XVIII e siècle. On choisit désormais <strong>de</strong>s<br />

courriers expérimentés qui avaient déjà servi <strong>de</strong>s membres du gouvernement ou<br />

55<br />

CF 2373 : Ordonnance <strong>de</strong> paiement <strong>de</strong>s vacations <strong>de</strong> Kraut, 21 février 1770. Les dossiers<br />

du Conseil <strong>de</strong>s finances, ainsi que la correspondance entre <strong>Bruxelles</strong> et Vienne permettent<br />

d’affirmer qu’un courrier pouvait parcourir cette distance en six jours. Deux exemples peuvent<br />

illustrer cette affirmation : le courrier Janssens se rendit à Vienne le 13 mai 1740 et y arriva<br />

le 19. Il repartit <strong>de</strong>ux jours plus tard vers <strong>Bruxelles</strong> (Acquits <strong>de</strong> la CC 161). Le courrier <strong>de</strong><br />

Cabinet Motte, parti pour une course <strong>de</strong> <strong>Bruxelles</strong> le 11 août 1754 après-midi, arriva à Vienne le<br />

17 août suivant (CF 2371). On pourrait multiplier ces exemples, sur la base <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> service<br />

rendus par les courriers, retrouvés dans les archives du Conseil <strong>de</strong>s finances ou <strong>de</strong>s acquits <strong>de</strong><br />

la Chambre <strong>de</strong>s Comptes.<br />

56<br />

M. GALAND (éd.), Journal secret <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong> Lorraine 1766-1779, op. cit., pp. 69-<br />

72.

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