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Espaces de Sobolev

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Chapitre 2<br />

<strong>Espaces</strong> <strong>de</strong> <strong>Sobolev</strong><br />

2.1 Distributions tempérées<br />

Dans cette partie, on va s’intéresser à une notion <strong>de</strong> fonctions généralisées. On a vu que S n est un espace<br />

<strong>de</strong> Fréchet. On note S ′ n l’espace vectoriel <strong>de</strong>s applications linéaires continues sur S n et on appelle cet<br />

espace l’ensemble <strong>de</strong>s distributions tempérées. Comme S n ⊂ L p (R n ) pour tout 1 ≤ p < ∞, par dualité<br />

on a que L q (R n ) ⊂ S ′ n pour tout 1 < q ≤ ∞.<br />

Remarque 2.1. Pour expliquer L q (R n ) ⊂ S n, ′ revenons au fait que le dual <strong>de</strong> L p (R n ) est L q (R n ) pour<br />

1<br />

p + 1 q = 1. À toute f ∈ Lq (R n ), on associe la forme linéaire continue<br />

∫<br />

L f : L p (R n ) ∋ ϕ ↦→ f(x)ϕ(x)dm n (x).<br />

R n<br />

La forme linéaire L f sur L p (R n ) est aussi une forme linéaire sur S n (car S n ⊂ L p (R n )). Ainsi, dire que<br />

L q (R n ) ⊂ S ′ n est un abus pour dire en fait que L f ∈ S ′ n pour toute f ∈ L q (R n ).<br />

L’espace S ′ n est muni <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> convergence suivante : une suite <strong>de</strong> distributions tempérées (T k ) k∈N<br />

converge vers T dans S ′ n si pour tout f ∈ S n , la suite (T k (f)) k∈N est convergente <strong>de</strong> limite T (f) (c’est<br />

une notion <strong>de</strong> convergence « simple » ou « faible »).<br />

Définition 2.2. La transformée <strong>de</strong> Fourier d’une distribution tempérée T ∈ S ′ n est la distribution<br />

tempérée notée ˆT (ou F(T )) définie par ˆT (f) = T ( ˆf) pour tout f ∈ S n .<br />

Cette définition fournit bien un prolongement aux distributions tempérées <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> la transformée<br />

<strong>de</strong> Fourier sur L 2 (R n ). En effet, ceci est à rapprocher <strong>de</strong> la propriété (1.5).<br />

Exemple 2.3. Ceci nous permet, par exemple, <strong>de</strong> définir la transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>de</strong> la fonction U<br />

constante égale à 1 sur R. Pour tout ϕ ∈ S 1 , on a<br />

∫<br />

Û(ϕ) = U( ˆϕ) = ˆϕ(t)dm n (t) = ϕ(0) = δ 0 (ϕ).<br />

Ici, δ 0 (“Dirac en 0”) est la forme linéaire qui à une fonction ϕ ∈ S 1 associe sa valeur en 0.<br />

R<br />

Proposition 2.4. Soit T ∈ S ′ n une distribution tempérée. Alors pour tout α ∈ N n , x α T et D α T sont<br />

<strong>de</strong>s distributions tempérées.<br />

Remarque 2.5. La notation x α T est un abus pour désigner la distribution S n ∋ f ↦→ T (x ↦→ x α f(x)).<br />

De même, D α T désigne la distribution S n ∋ f ↦→ (−1) |α| T (D α f).<br />

Preuve. Comme pour tout f ∈ S n , on a (x ↦→ x α f(x)) ∈ S n , si T ∈ S ′ n, alors<br />

(S n ∋ f ↦→ T (x ↦→ x α f(x))) ∈ S ′ n.<br />

De même pour ( S n ∋ f ↦→ (−1) |α| T (D α f) ) puisque si f ∈ S n , alors D α f ∈ S n .<br />

14


Proposition 2.6. L’ensemble <strong>de</strong>s distributions tempérées est caractérisé par<br />

S ′ n = {D α (x ↦→ P (x)f(x)), α ∈ N n , P polyôme, f continue bornée sur R n }.<br />

Preuve. Il est clair d’après ce qui précè<strong>de</strong> que l’ensemble à droite <strong>de</strong> l’égalité est inclus dans S ′ n. L’inclusion<br />

inverse est admise.<br />

On peut définir la convolution d’une distribution tempérée T ∈ S ′ n avec une fonction f <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong><br />

Schwartz S n <strong>de</strong> la manière suivante :<br />

T ∗ f(x) = T (y ↦→ f(y − x)), x ∈ R n .<br />

Théorème 2.7. Les conclusions (i), (ii) et (iii) du Théorème 1.5 restent vraies si on remplace f ∈<br />

L 1 (R n ) par f ∈ S ′ n et g ∈ L 1 (R n ) par g ∈ S n .<br />

2.2 <strong>Espaces</strong> <strong>de</strong> <strong>Sobolev</strong><br />

Pour s ∈ R, on définit<br />

H s (R n ) =<br />

{<br />

) }<br />

f ∈ S n;<br />

(t ′ ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆf(t) ∈ L 2 (R n )<br />

et pour f, g ∈ H s (R n ),<br />

∫<br />

〈f, g〉 s = (1 + |t| 2 ) s ˆf(t)ĝ(t) dmn (t).<br />

R n<br />

Théorème 2.8. L’espace H s (R n ) muni du produit scalaire 〈·, ·〉 s est un espace <strong>de</strong> Hilbert.<br />

Preuve. Comme la transformée <strong>de</strong> Fourier est linéaire et comme L 2 (R n ) est un espace vectoriel, il est<br />

clair que H s (R n ) est un espace vectoriel. Montrons maintenant que 〈·, ·〉 s : H s (R n )×H s (R n ) → C est un<br />

produit scalaire. Tout d’abord, 〈·, ·〉 s est bien défini sur H s (R n ) × H s (R n ) et y est sesquilinéaire continu.<br />

D’autre part, si f ∈ H s (R n ) vérifie 〈f, f〉 s = 0, alors la fonction R n ∋ t ↦→ (1 + |t| 2 ) s | ˆf(t)| 2 est nulle<br />

presque partout (c’est une fonction positive dont l’intégrale est nulle), ce qui implique que ˆf est nulle<br />

presque partout, et donc que f est nulle dans S n ′ puisque la transformée <strong>de</strong> Fourier est inversible dans<br />

S n. ′ Il reste à montrer que (H s (R n ), 〈·, ·〉 s ) est complet. Soit (f k ) k∈N une suite <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> H s (R n ),<br />

c’est-à-dire telle que ∫<br />

(1 + |t| 2 ) s | ˆf p (t) − ˆf p (t)| 2 dm n (t) −−−−→ 0.<br />

R n p,q→∞<br />

On en déduit que (t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆfk (t)) t∈R n est une suite <strong>de</strong> Cauchy <strong>de</strong> L 2 (R n ) qui est complet :<br />

cette suite converge vers g ∈ L 2 (R n ). Donc g ∈ S n(R ′ n ) et comme t ↦→ (1 + |t| 2 ) − s 2 est à croissance<br />

lente, t ↦→ (1 + |t| 2 ) − s 2 g(t) est aussi dans S n ′ (Proposition 2.6). Donc il existe f ∈ S n ′ telle que ˆf(t) =<br />

(1 + |t| 2 ) − s 2 g(t) : f ∈ H s (R n ) et (f k ) k∈N converge vers f dans H s (R n ).<br />

Proposition 2.9. Pour s 1 ≥ s 2 , on a H s1 (R n ) ⊂ H s2 (R n ) et l’injection est continue.<br />

Preuve. Cela provient directement du fait que pour s 1 ≥ s 2 , on a (1 + |t| 2 ) s2 ≤ (1 + |t| 2 ) s1 pour tout<br />

t ∈ R n .<br />

Théorème 2.10. Soit s ∈ N. Alors H 0 (R n ) = L 2 (R n ) et pour s ≥ 1,<br />

H s (R n ) = { f ∈ H s−1 (R n ); ∃ g 1 , ..., g n ∈ H s−1 (R n ) :<br />

〈f, ∂ k ϕ〉 0 = −〈g k , ϕ〉 0 , ∀ k = 1, ..., n, ∀ ϕ ∈ C ∞ c (R n )} .<br />

Preuve. On a<br />

H 0 (R n ) =<br />

{<br />

f ∈ S n; ′ ˆf<br />

}<br />

∈ L 2 (R n )<br />

∫<br />

et 〈f, g〉 0 =<br />

R n<br />

ˆf(t)ĝ(t) dmn (t).<br />

15


Comme la transformée <strong>de</strong> Fourier est un isomorphisme isométrique <strong>de</strong> L 2 (R n ), on a directement<br />

H 0 (R n ) = { f ∈ S n; ′ f ∈ L 2 (R n ) } ∫<br />

= L 2 (R n ) et 〈f, g〉 0 = f(t)g(t) dm n (t),<br />

R n<br />

〈·, ·〉 0 étant le produit scalaire <strong>de</strong> L 2 (R n ). D’autre part, pour s ≥ 1, notons<br />

E s = { f ∈ H s−1 (R n ); ∃ g 1 , ..., g n ∈ H s−1 (R n ) :<br />

〈f, ∂ k ϕ〉 0 = −〈g k , ϕ〉 0 , ∀ k = 1, ..., n, ∀ ϕ ∈ C ∞ c (R n )} .<br />

Soit f ∈ H s (R n ) : f ∈ H s−1 (R n ) d’après la Proposition 2.9. Soit k = 1, ..., n. On a t ↦→ (1 +<br />

|t| 2 ) s−1<br />

2 it k ˆf(t)) ∈ L 2 (R n ) car f ∈ H s (R n ) et |t k | ≤ (1 + |t| 2 ) 1 2 . Posons g k = F −1 (t ↦→ it k ˆf(t)) :<br />

g k ∈ H s−1 (R n ) et on a pour tout ϕ ∈ Cc ∞ (R n )<br />

〈f, ∂ k ϕ〉 0<br />

(1)<br />

= 〈 ˆf, ̂∂ k ϕ〉 0<br />

(2)<br />

= 〈 ˆf, (t ↦→ it k ˆϕ(t))〉 0<br />

(3)<br />

(4)<br />

= 〈(t ↦→ −it k ˆf(t)), ˆϕ〉0 = −〈g k , ϕ〉 0 .<br />

La première égalité vient <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> Parseval. L’égalité (2) vient du calcul <strong>de</strong> la transformée <strong>de</strong><br />

Fourier d’une dérivée. L’égalité (3) provient du fait que le produit scalaire est sesquilinéaire et enfin,<br />

la <strong>de</strong>rnière égalité vient encore <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> Parseval. Ceci nous donne donc l’inclusion <strong>de</strong> H s (R n )<br />

dans E s . Inversement, soit f ∈ E s . Il faut montrer que (t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆf(t)) ∈ L 2 (R n ). On sait par<br />

hypothèse que f ∈ H s−1 (R n ) (donc que (t ↦→ (1 + |t| 2 ) s−1<br />

2 ˆf(t)) ∈ L 2 (R n ) et que pour tout k = 1, ..., n,<br />

on a g k ∈ H s−1 (R n ), et donc que (t ↦→ (1 + |t| 2 ) s−1<br />

2 ĝ k (t)) ∈ L 2 (R n ). D’autre part, on a ĝ k (t) = it k ˆf(t)).<br />

Ainsi, pour tout k = 1, .., n, on a<br />

) (t ↦→ (1 + |t| 2 ) s−1<br />

2 ˆf(t)(1 + |t| 2 ) s−1<br />

2 itk ˆf(t) ∈ L 1 (R n ),<br />

ce qui peut s’écrire t ↦→ t k (1 + |t| 2 ) s−1 | ˆf(t)| 2 est intégrable pour tout k = 1, ..., n. On en déduit alors<br />

facilement que f ∈ H s (R n ) car (1 + |t| 2 ) 1 2 ≤ 1 + max<br />

k=1,...,n |t k| pour tout t ∈ R n .<br />

Remarque 2.11. Soit s ∈ N. Alors<br />

H s (R n ) = {f ∈ L 2 (R n ); D α f ∈ L 2 (R n ) ∀α ∈ N n , |α| ≤ s}.<br />

Théorème 2.12. Pour s ∈ R, le dual topologique <strong>de</strong> H s (R n ) (i.e. l’espace vectoriel <strong>de</strong>s applications<br />

linéaires continues sur H s (R n ), noté (H s (R n )) ′ ) est isométriquement isomorphe à H −s (R n ).<br />

Preuve. Soit Φ ∈ (H s (R n )) ′ . D’après le théorème <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> Riesz, il existe un unique ϕ ∈<br />

H s (R n ) tel que Φ(f) = 〈f, ϕ〉 s pour tout f ∈ H s (R n ). On note g(t) = (1 + |t| 2 ) s 2 ˆϕ(t), t ∈ R n . Comme<br />

ϕ ∈ H s (R n ), on a : g ∈ L 2 (R n ) ⊂ S ′ n. On note T = F(t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 g(t)) : T ∈ S ′ n car c’est la<br />

transformée <strong>de</strong> Fourier d’une distribution tempérée. D’autre part, on a (1 + |t| 2 ) − s 2 F(T )(t) = g(−t)<br />

pour tout t ∈ R n , donc T ∈ S ′ n et (t ↦→ (1 + |t| 2 ) − s 2 F(T )(t)) ∈ L 2 (R n ), ce qui donne, par définition,<br />

que T ∈ H −s (R n ) et ‖T ‖ −s = ‖ϕ‖ s = ‖Φ‖ (Hs (R n )) ′. Montrons maintenant que T = Φ dans S ′ n. Soit<br />

f ∈ S n , on a<br />

Φ(f)<br />

(1)<br />

= 〈f, ϕ〉 s<br />

(2)<br />

= 〈(t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆf(t)), t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆϕ(t)〉0<br />

(3)<br />

= 〈(t ↦→ (1 + |t| 2 ) s 2 ˆf(t)), g〉0<br />

(4)<br />

= T (f).<br />

La première égalité vient du théorème <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> Riesz. La <strong>de</strong>uxième égalité vient <strong>de</strong> la<br />

définition du produit scalaire 〈·, ·〉 s . La troisième égalité vient <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> g et enfin, la quatrième<br />

égalité vient <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> la distribution T . Ainsi, on vient <strong>de</strong> montrer que l’application Φ ↦→ T <strong>de</strong><br />

(H s (R n )) ′ dans H −s (R n ) est un isomorphisme isométrique.<br />

16


2.3 Équation <strong>de</strong> la chaleur<br />

2.3.1 Cas stationnaire<br />

On s’intéresse à l’équation<br />

u − ∆u = f, p.p. dans R n (2.1)<br />

pour f ∈ L 2 (R n ), où ∆u = ∂ 2 1u + ∂ 2 2u + ... + ∂ 2 nu, au sens <strong>de</strong> S ′ n. On cherche une solution u ∈ H 2 (R n )<br />

vérifiant (2.1).<br />

Théorème 2.13. Pour tout f ∈ L 2 (R n ), il existe une unique solution u ∈ H 2 (R n ) <strong>de</strong> (2.1) donnée par<br />

(<br />

u = F −1 t ↦→ 1 )<br />

1 + |t| ˆf(t) 2 . (2.2)<br />

Preuve. Unicité : supposons qu’il existe <strong>de</strong>ux solutions u, v ∈ H 2 (R n ) <strong>de</strong> (2.1).On note alors w = u − v :<br />

w ∈ H 2 (R n ) et vérifie w = ∆w. En appliquant la transformation <strong>de</strong> Fourier à cette <strong>de</strong>rnière équation,<br />

on obtient<br />

ŵ(t) = −|t| 2 ŵ(t), p.p.<br />

En effet, comme w ∈ H 2 (R n ), ses dérivées partielles secon<strong>de</strong>s existent dans L 2 (R n ) et on a<br />

F(∂ j ∂ k w)(t) = (it j )(it k )ŵ(t),<br />

p.p.<br />

Ainsi, pour presque tout t ∈ R n , on a (1 + |t| 2 )ŵ(t) = 0, et donc ŵ = 0 en tant que fonction <strong>de</strong> L 2 (R n ).<br />

En appliquant la transformation <strong>de</strong> Fourier inverse, on obtient alors que w est la fonction nulle, et donc<br />

que u = v.<br />

Existence : on va montrer que la fonction donnée par (2.2) est effectivement solution <strong>de</strong> (2.1). Soit donc<br />

u la fonction donnée par (2.2). On a alors<br />

û(t) =<br />

1<br />

1 + |t| 2 ˆf(t), p.t. t ∈ R n .<br />

Comme f ∈ L 2 (R n ), ˆf ∈ L 2 (R n ) et donc par définition <strong>de</strong> H 2 (R n ), on a u ∈ H 2 (R n ). De plus, on a<br />

F(u − ∆u)(t) = û(t) +<br />

n∑<br />

|t k | 2 û(t) = (1 + |t| 2 )û(t) = ˆf(t), p.t. t ∈ R n ,<br />

k=1<br />

par définiton <strong>de</strong> u. Ainsi, en appliquant la transformée <strong>de</strong> Fourier inverse, on obtient que u est bien<br />

solution <strong>de</strong> (2.1). De plus, on a ‖u‖ 2 ≤ ‖f‖ 2 .<br />

Remarque 2.14. On peut aussi considérer l’équation λu − ∆u = f ∈ L 2 (R n ) qui se résout <strong>de</strong> la même<br />

manière, dès que λ ∈ C\] − ∞, 0].<br />

Remarque 2.15. La même démonstration est valable si on considère <strong>de</strong>s données f ∈ H s (R n ) pour un<br />

s ∈ R. On trouvera alors une solution u ∈ H s+2 (R n ).<br />

2.3.2 Cas d’évolution<br />

On considère maintenant l’équation <strong>de</strong> la chaleur suivante<br />

{ ∂u<br />

∂t<br />

− ∆u = 0 dans ]0, ∞[×Rn<br />

u(0, x) = u 0 (x) dans R n ,<br />

(2.3)<br />

pour une donnée initiale u 0 ∈ L 2 (R n ). On cherche une solution u continue en temps (t), régulière en<br />

espace (x) telle que pour tout x ∈ R n fixé, on a t ↦→ u(t, x) ∈ C ([0, ∞[) ∩ C 1 (]0, ∞[) et à t > 0 fixé,<br />

x ↦→ u(t, x) ∈ S n .<br />

17


Théorème 2.16. Pour tout u 0 ∈ L 2 (R n ), il existe une unique solution u <strong>de</strong> (2.3) vérifiant que pour<br />

tout x ∈ R n fixé, on a t ↦→ u(t, x) ∈ C ([0, ∞[) ∩ C 1 (]0, ∞[) et à t > 0 fixé, x ↦→ u(t, x) ∈ S n . Cette<br />

solution est donnée par<br />

1<br />

u(t, x) =<br />

e<br />

(4πt) n 2<br />

∫R − |x−y|2<br />

4t u 0 (y)dy, t > 0, x ∈ R n . (2.4)<br />

n<br />

Preuve. Comme pour le problème (2.1), on va appliquer la transformée <strong>de</strong> Fourier, sur la variable d’espace<br />

x à l’équation (2.3). L’unicité se prouve <strong>de</strong> la manière suivante. Supposons que l’on ait <strong>de</strong>ux solutions u<br />

et v vérifiant les propriétés du théorème. Alors on pose w = u − v et on a<br />

∂w<br />

= ∆w, w(0, x) = 0.<br />

∂t<br />

En appliquant la transformée <strong>de</strong> Fourier, on obtient à ξ ∈ R n fixé<br />

ϕ ′ ξ(t) = −|ξ| 2 ϕ ξ (t), t > 0, ϕ ξ (0) = 0, (2.5)<br />

où ϕ ξ (t) = F(x ↦→ w(t, x))(ξ) pour t > 0. Ainsi, (2.5) est une équation différentielle ordinaire du premier<br />

ordre en t que l’on peut intégrer <strong>de</strong> la manière suivante :<br />

ϕ ξ (t) = ϕ ξ (0)e −t|ξ|2 = 0.<br />

Ce qui montre alors que w(t, x) = F −1 (ξ ↦→ ϕ ξ (t))(x) = 0.<br />

Existence : on va montrer que la fonction u donnée par (2.4) est bien solution <strong>de</strong> (2.3) au sens que<br />

l’on a donné dans le théorème. Il est clair que u vérifie les hypothèses <strong>de</strong> régularité <strong>de</strong>mandées dans le<br />

théorème. Seule la continuité en 0 mérite qu’on s’y attar<strong>de</strong>. On va d’abord s’intéresser au cas t > 0. On<br />

a alors pour t > 0 fixé<br />

u(t, x) = p t ∗ u 0 (x), x ∈ R n ,<br />

où p t (x) = (2t) − n 2<br />

e − |x|2<br />

4t , la convolution ∗ ayant été définie par (1.1). Ainsi, on a<br />

F(x ↦→ u(t, x))(ξ) = ˆp t (ξ)û 0 (ξ), ξ ∈ R n .<br />

D’après le Lemme 1.9 et la formule <strong>de</strong> dilatation du Théorème 1.5 (iv), on a pour ξ ∈ R n et t > 0,<br />

ˆp t (ξ) = e −t|ξ|2 . On a alors<br />

( )<br />

∂<br />

F<br />

∂t (p t ∗ u 0 ) (ξ) = ∂ ∂t (ˆp t(ξ)û 0 (ξ)) = −|ξ| 2 ˆp t (ξ)û 0 (ξ)<br />

= −|ξ| 2 F(p t ∗ u 0 )(ξ) = F(∆(p t ∗ u 0 ))(ξ).<br />

Comme la transformée <strong>de</strong> Fourier est inversible, ceci nous donne ∂u<br />

∂t<br />

= ∆u. Il reste à montrer que u est<br />

continue en t = 0, c’est-à-dire que<br />

lim ‖u(t, ·) − u 0‖ 2 = 0,<br />

t→0 +<br />

ou encore, comme la transformée <strong>de</strong> Fourier est isométrique,<br />

lim ‖(ˆp t − 1)û 0 ‖ 2 = 0.<br />

t→0 +<br />

On a<br />

sup |e −t|ξ|2 − 1| −−−→ 0,<br />

ξ∈R n t→0 +<br />

ce qui implique que<br />

(<br />

)<br />

∣ ∣∣e −t|ξ|<br />

‖u(t, ·) − u 0 ‖ 2 = ‖(ˆp t − 1)û 0 ‖ 2 ≤ sup<br />

2 − 1∣<br />

‖û 0 ‖ 2 −−−→ 0,<br />

ξ∈R n t→0 +<br />

où on a utilisé le fait que si f ∈ L 2 (R n ) et g ∈ L ∞ (R n ), alors fg ∈ L 2 (R n ) et ‖fg‖ 2 ≤ ‖f‖ 2 ‖g‖ ∞ .<br />

Remarque 2.17. On peut aussi traiter l’équation <strong>de</strong> la chaleur avec second membre où (2.3) <strong>de</strong>vient<br />

{ ∂u<br />

∂t<br />

pour <strong>de</strong>s données f convenables.<br />

− ∆u = f dans ]0, ∞[×Rn<br />

u(0, x) = u 0 (x) dans R n ,<br />

18

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