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Changer de comportement? Enquête sur nos façons de faire avec ...

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peut-être encore dans le même état aujourd’hui. Donc j’ai été pénalisé, condamné. Bon, il m’a fallu <strong>de</strong>ux trucs<br />

pour piger. Ça a été une révolte au départ car je me disais je ne vois pas pourquoi on veut interdire tout ça. Je<br />

suis un mec normal, il n’y a aucune raison, c’est moi. Le mon<strong>de</strong> m’ennuie, voilà. C’était fin 2003. Et patatrac,<br />

j’ai compris.<br />

halshs-00193116, version 1 - 30 Nov 2007<br />

M. OMR s’est fait « choper » pour alcool au volant <strong>de</strong>ux fois, il reconnaît avoir un<br />

problème <strong>avec</strong> l’alcool, ce n’est pas pour cela qu’il « est » alcoolique. Ce qu’il veut, ce n’est<br />

pas arrêter <strong>de</strong> boire, c’est trouver les moyens <strong>de</strong> « bien » boire. Il se donne beaucoup <strong>de</strong> mal<br />

dans ce sens (réunions et séances diverses, mé<strong>de</strong>cins, etc.) Son attitu<strong>de</strong> repose avant tout<br />

<strong>sur</strong> les autres, ce qui donne une certaine vie à son dédoublement <strong>de</strong> personnalité : il aime<br />

l’alcool et s’il n’y avait que lui, il continuerait. Mais il ne veut plus en subir les<br />

conséquences croissantes et a donc mis au point un équipement pour s’empêcher <strong>de</strong> boire,<br />

qui s’appuie beaucoup <strong>sur</strong> la mauvaise image que les autres renvoient <strong>de</strong> lui. Dès qu’il<br />

reperd la confiance <strong>de</strong> ses proches et <strong>de</strong> sa femme, il s’évertue à la reconquérir en se<br />

faisant interner en cure, alors même qu’il n’y a selon lui pas grand-chose « à<br />

désintoxiquer ».<br />

Il comprend, il approuve. Mais il ne veut pas pour autant plier son plaisir à l’injonction<br />

qui lui est faite, il veut continuer à vivre en bon vivant. Mais cela ne veut pas dire qu’il<br />

trouve les lois et me<strong>sur</strong>es idiotes.<br />

Avec M. OMR, les choses ne sont pas vraies ou fausses, mais « pas tout à fait vraies ».<br />

D’où la cohabitation d’un personnage docile, socialisé, capable <strong>de</strong> prêcher « la bonne<br />

parole » contre l’alcool, sincère à n’en point douter, et d’un autre personnage, qui boit<br />

dans les cafés et accepte ce qui lui semble conforme au moi admis <strong>de</strong> buveur normal ou à<br />

cette image à laquelle il tient <strong>de</strong> « bon vivant »<br />

M. OMR s’arrange bien <strong>de</strong> la relation <strong>avec</strong> sa toubib qui lui permet <strong>de</strong> « regar<strong>de</strong>r les<br />

choses en face » et s’en suffit. Il a arrêté <strong>de</strong> boire grâce à elle mais il reste aussi désireux <strong>de</strong><br />

reboire. Son compromis c’est un peu sortir <strong>de</strong> l’alcoolisme, mais pas <strong>de</strong> l’alcool (d’où son<br />

rejet <strong>de</strong>s AA)<br />

Le mé<strong>de</strong>cin en proposant <strong>de</strong>s remè<strong>de</strong>s/ <strong>de</strong>s soins qui agissent malgré la volonté <strong>de</strong> la<br />

personne lui permet <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r à la fois la nécessité du changement qu’il ressent bien, mais<br />

aussi la reconnaissance du fait qu’il le fait contraint et forcé, qu’on le lui impose.<br />

Son « équipement », c’est tout dire aux autres, pour qu’ils le culpabilisent, le<br />

<strong>sur</strong>veillent, lui rappellent qu’il ne doit pas boire. Sa honte <strong>de</strong> lui-même n’est pas due au<br />

jugement qu’il porte <strong>sur</strong> lui, assez favorable, il s’aime bien et s’il n’y avait que lui, il serait<br />

alcoolo parce qu’il trouve cela sympa. Non, la honte, c’est que les autres pensent que ce<br />

n’est pas un type bien. Du coup, malin, il dit tout et comme cela se fait engueuler ou mal<br />

voir par les autres.<br />

Cas 2 : M. UKR, le 14 mars 2005, chez lui, AH<br />

« Pas <strong>de</strong> chance ! »<br />

Monsieur UKR n’a vraiment « pas <strong>de</strong> chance ». Il se fait prendre « bêtement »<br />

M. UKR : Oui, il y a eu une récidive. La première fois c’était suite à mon anniversaire. Je n’ai pas vraiment<br />

eu <strong>de</strong> chance. […] C’était mon anniversaire, j’avais bu quelques bières l’après-midi, concours <strong>de</strong> boules <strong>avec</strong> <strong>de</strong>s<br />

copains en vacances en Bretagne. Nous avons mangé un peu, mais ça n’a pas suffi pour éponger. Et je me suis<br />

fait arrêter bêtement car je n’avais pas la ceinture. J’étais arrêté, il y avait la queue <strong>sur</strong> une nationale. J’étais à<br />

une intersection, j’attendais pour pouvoir m’engager <strong>sur</strong> la voie et comme il y avait la queue. J’étais en vacances<br />

<strong>sur</strong> la presqu’île. Deux motards sont passés, ont vu que je n’avais pas la ceinture, papiers, etc. J’ai eu une<br />

amen<strong>de</strong> et puis le 2e motard est venu <strong>avec</strong> l’alcootest et alcoolémie, puis voilà.<br />

AH : Vous étiez au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la dose ?

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