marqueurs discursifs et scène énonciative - Laboratoire de ...
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Denis PAILLARD<br />
« garant » désigne ce qui sert <strong>de</strong> support à l’adéquation <strong>et</strong> qui est<br />
donné par le contenu lexical du MD) ;<br />
Nous prendrons <strong>de</strong>ux exemples :<br />
(4) Tout était forcément vrai puisque je n’inventais rien<br />
(5) J’aurais bien voulu vous amener mon mari. Malheureusement<br />
il n’a pas pu venir.<br />
Dans le cas <strong>de</strong> (4) p rend compte <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> choses dans la mesure<br />
où une force 16 ou une raison impose sa légitimité (la proposition<br />
introduite par puisque nomme c<strong>et</strong>te raison). Le locuteur est souvent<br />
présenté comme contraint / forcé <strong>de</strong> dire p. Dans le cas <strong>de</strong> (5) (repris<br />
<strong>de</strong> Paillard, 2007) malheureusement spécifie p (il n’a pas pu venir)<br />
comme rendant compte <strong>de</strong> R comme d’un malheur.<br />
Pour l’instant il n’est pas possible <strong>de</strong> présenter un inventaire<br />
pour le français <strong>de</strong>s MD points <strong>de</strong> vue <strong>et</strong> <strong>de</strong>s MD garant. D’ores <strong>et</strong><br />
déjà, on peut considérer que les formes en –ment ayant le statut <strong>de</strong><br />
MD relèvent du groupe <strong>de</strong>s MD garant. Comme nous l’avons dit,<br />
l’appartenance d’une unité à tel ou tel groupe ou sous-groupe <strong>de</strong> MD<br />
repose sur la distribution du terme <strong>et</strong> sur la sémantique discursive<br />
qu’il convoque (dans le cas <strong>de</strong>s MD point <strong>de</strong> vue l’interprétation <strong>de</strong> la<br />
séquence du co-texte gauche comme premier point <strong>de</strong> vue est un<br />
indice assez fiable). Notre étu<strong>de</strong> du MD russe pravda (Paillard, 2002)<br />
montre qu’une même unité peut supporter <strong>et</strong> la sémantique du point <strong>de</strong><br />
vue <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’adéquation :<br />
(6) On ne priexal. Pravda, on byl bolen Il n’est pas venu. Il est<br />
vrai qu’il était mala<strong>de</strong><br />
(7) On pravda priexal ? C’est vrai qu’il est venu (question<br />
confirmation).<br />
Dans (6) la séquence p (‘il était mala<strong>de</strong>’) complète le point <strong>de</strong> vue<br />
exprimé par la séquence précé<strong>de</strong>nte en le présentant comme ignorant<br />
un élément essentiel <strong>de</strong> la situation. Dans (7), pravda relève d’une<br />
sémantique <strong>de</strong> la vérification : la question vise à déterminer si p rend<br />
compte <strong>de</strong> R comme étant <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’avéré.<br />
En <strong>de</strong>hors du cas illustré par pravda, on observe pour une langue<br />
comme le français l’existence d’un nombre non négligeable <strong>de</strong> base<br />
lexicales donnant lieu à <strong>de</strong>ux MD, l’un du type point <strong>de</strong> vue, l’autre<br />
du type garant : on peut donner comme exemples les paires<br />
celle <strong>de</strong> « vérité ». Ainsi peut être, pris comme MD garant, fon<strong>de</strong> une adéquation<br />
« probabiliste ».<br />
16 Cf. Danjou Flaux, Gary Prieur (1981).