marqueurs discursifs et scène énonciative - Laboratoire de ...

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Denis PAILLARD
ou encore une réflexion sur la notion de vagueness (Jucker et allii,
2003) ont conduit certains auteurs à procéder à un réexamen critique
de la notion de felicity considérée comme une notion clef du point de
vue de la communication 3 .
En second lieu, - et, d’une certaine façon, c’est la conséquence du
choix « pragmatique » - il existe très peu d’études autres que
ponctuelles, concernant la distribution des MD, qu’il s’agisse de la
portée (variable) du MD, de la position détachée ou non du MD (sur le
plan prosodique) par rapport à la séquence correspondant à sa portée,
ou encore de la position du MD dans la séquence. Comme nous
essaierons de le montrer ci-dessous, sur la base de critères
distributionnels, il est possible de mettre en évidence 4 plusieurs
classes de MD. Cette non prise en compte des propriétés
distributionnelles et de la portée variable des MD doit être mise en
rapport avec la façon dont les auteurs cherchent à rendre compte de la
« polysémie » (ou « polyfonctionnalité ») des MD. On trouve dans le
chapitre introductif de l’ouvrage Approaches to discourse particles
une discussion détaillée des principales approches. De cette
présentation il ressort soit un éclatement des MD, chaque emploi étant
considéré pour lui-même, soit un inventaire des emplois et valeurs
sans que la part du co-texte dans l’émergence de tel ou tel emploi ne
soit précisée. Ci-dessous, nous proposons une autre approche
articulant une caractérisation de l’identité sémantique des MD
(présente dans tous leurs emplois) à des principes réguliers de
variation (fondés sur des critères distributionnels : portée,
détachement, position).
Sur la base d’une étude détaillée d’une cinquantaine de MD
du russe et du français 5 , nous défendons la thèse que les MD peuvent
être décrits comme formant une classe d’unités identifiables dans la
langue : au même titre que les unités des autres classes (N, V, Adj,
Adv), les MD se définissent par une sémantique et par des propriétés
distributionnelles. Une telle hypothèse suppose que l’on puisse donner
un statut à la sémantique des MD du point de vue de la langue.
3 Déjà l’étude de d’ailleurs avait conduit Ducrot (1980) à remettre en cause sa
conception de l’argumentation et à développer la notion de polyphonie.
4 Dans le cadre de cet article, nous nous limiterons aux deux langues sur lesquelles
nous avons travaillé : le français et le russe.
5 Pour le russe : Kisseleva, Paillard (eds), 1998 et 2003, Paillard (2006), pour le
français : Franckel, Paillard (2006).