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marqueurs discursifs et scène énonciative - Laboratoire de ...

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6<br />

Denis PAILLARD<br />

partiel, car rien ne perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r que l’énoncé arrive à dire le « à<br />

dire » jusqu’au bout.<br />

Si le dire n’est qu’un dire parmi d’autres, c’est également<br />

parce que d’autres mots sont possibles <strong>et</strong> que rien ne garantit que les<br />

mots utilisés soient adéquats : le locuteur n’est pas le maître <strong>de</strong> la<br />

langue <strong>et</strong> les mots lui échappent car ils ne disent jamais que ce qu’ils<br />

veulent dire ; <strong>de</strong> plus, rien ne garantit a priori que l’interlocuteur, dans<br />

son travail d’interprétation du dire, interprète ce vouloir dire <strong>de</strong>s mots<br />

comme le locuteur.<br />

Dans c<strong>et</strong>te perspective un dire est une façon partiale <strong>et</strong><br />

partielle d’exprimer par un énoncé un état <strong>de</strong> choses du mon<strong>de</strong>. La<br />

<strong>scène</strong> <strong>énonciative</strong> auquel donne accès l’agencement <strong>de</strong> formes<br />

convoque ces trois « vouloir dire » 7 , celui du suj<strong>et</strong>, celui du mon<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

celui <strong>de</strong>s mots, chacun ayant sa logique propre, avec <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

présence variables.<br />

La définition <strong>de</strong> l’assertion proposée par A. Culioli (2001)<br />

offre un cadre pour une représentation plus technique <strong>de</strong> la <strong>scène</strong><br />

<strong>énonciative</strong> : « Je tiens à dire (= rendre public) que je pense / crois /<br />

sais que p est le cas ». C<strong>et</strong>te définition articule <strong>de</strong>ux moments :<br />

- une définition centrée sur le suj<strong>et</strong> : « Je tiens à dire (= rendre<br />

public) que je pense / crois / sais » : le suj<strong>et</strong> s’engage (je tiens) 8 / rend<br />

public (construction <strong>de</strong> l’espace intersubjectif) / définit son rapport à<br />

son dire (d’une subjectivité pure : je pense à une vérité établie : je<br />

sais).<br />

- Une définition sur le statut du dire : « p est le cas » est le<br />

produit d’un calcul débouchant sur la sélection d’une séquence p en<br />

relation avec l’état <strong>de</strong> choses à dire (« ce qui est le cas »). Au départ, il<br />

n’y a pas <strong>de</strong> rapport nécessaire entre p <strong>et</strong> le « à dire » : p est<br />

sélectionné parmi d’autres séquences possibles susceptibles<br />

d’exprimer l’état <strong>de</strong> choses, ce que l’on note (p, p’). La mise en jeu<br />

d’autres séquences représentées par p’ renvoie au fait que l’énoncé est<br />

un énoncé parmi d’autres, d’une part, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> prendre compte dans<br />

le cadre d’un enchaînement discursif le travail <strong>de</strong> reformulation /<br />

explicitation avec le recours à un énoncé autre que p, que c<strong>et</strong>te<br />

reformulation soit délibérée ou reflète la difficulté (souvent non<br />

7 Insistons encore une fois sur le fait que ce vouloir dire ne désigne pas l’intention du<br />

suj<strong>et</strong> : c’est lui que convoque l’expression Tu vois ce que je veux dire par là ? (à<br />

m<strong>et</strong>tre en relation avec l’impossibilité <strong>de</strong> Tu vois ce que je dis là ?).<br />

8 On r<strong>et</strong>rouve ici la notion <strong>de</strong> behaupten<strong>de</strong> Kraft <strong>de</strong> G. Frege.

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