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de<br />

l’hypocrisie finissent par impatienter à force de douceur nauséabonde.] La<br />

politesse toute seule n’est quelque chose par elle-même que les premiers jours.<br />

Julien l’éprouvait; après le premier enchantement, le premier étonnement. La<br />

politesse, se disait-il, n’est que l’absence de la colère que donneraient les<br />

mauvaises manières. Mathilde s’ennuyait souvent, peut-être se fût-elle ennuyée<br />

partout. Alors aiguiser une épigramme était pour elle une distraction et un vrai<br />

plaisir.<br />

C’était peut-être pour avoir des victimes un peu plus amusantes que ses<br />

grands-parents, que l’académicien et les cinq ou six autres subalternes qui leur<br />

faisaient la cour, qu’elle avait donné des espérances au marquis de Croisenois,<br />

au comte de Caylus et deux ou trois autres jeunes gens de la première<br />

distinction. Ils n’étaient pour elle que de nouveaux objets d’épigramme.<br />

Nous avouerons avec peine, car nous aimons Mathilde, qu’elle avait reçu des<br />

lettres de plusieurs d’entre eux, et leur avait quelquefois répondu. Nous nous<br />

hâtons d’ajouter que ce personnage fait exception aux moeurs du siècle. Ce n’est<br />

pas en général le manque de prudence que l’on peut reprocher aux élèves du<br />

noble<br />

couvent du Sacré-Coeur.<br />

Un jour le marquis de Croisenois rendit à Mathilde une lettre assez<br />

compromettante qu’elle lui avait écrite la veille. Il croyait par cette marque<br />

de haute prudence avancer beaucoup ses affaires. Mais c’était l’imprudence que<br />

Mathilde aimait <strong>da</strong>ns ses correspon<strong>da</strong>nces. Son plaisir était de jouer son sort.<br />

Elle ne lui adressa pas la parole de six semaines.<br />

Elle s’amusait des lettres de ces jeunes gens; mais suivant elle, toutes se<br />

ressemblaient. C’était toujours la passion la plus profonde, la plus<br />

mélancolique.<br />

- Ils sont tous le même homme parfait, prêt à partir pour la Palestine,<br />

disait-elle à sa cousine. Connaissez-vous quelque chose de plus insipide? Voilà<br />

donc les lettres que je vais recevoir toute la vie! Ces lettres-là ne doivent<br />

changer que tous les vingt ans, suivant le genre d’occupation qui est à la mode.<br />

Elles devaient être moins décolorées du temps de l’Empire. Alors tous ces jeunes<br />

gens du grand monde avaient vu ou fait des actions qui réellement avaient de la<br />

grandeur. Le duc de N***, mon oncle, a été à Wagram.

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