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Utilisation de la méthode des incidents critiques dans une ...

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<strong>Utilisation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts <strong>critiques</strong> <strong>dans</strong> <strong>une</strong> perspective d’explicitation, d’analyse critique<br />

et <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s pratiques professionnelles<br />

posés, aux paroles prononcées, bref à « <strong>la</strong> succession <strong>de</strong>s actions élémentaires que le<br />

sujet met en œuvre pour atteindre un but » (Vermersch, 1994, p. 41). Pour formuler<br />

<strong>de</strong>s questions fécon<strong>de</strong>s, il est utile <strong>de</strong> rappeler les <strong>de</strong>ux principes propres à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />

d’entretien d’explicitation développée par Vermersch (1994, p. 86). Le premier<br />

principe consiste à ne pas poser les questions qui induisent <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong> l’ordre<br />

du déjà conceptualisé et à éviter les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’explication directe. Le second<br />

principe consiste à intervenir <strong>de</strong> manière à gui<strong>de</strong>r le sujet vers le préréfléchi. Il s’agit<br />

<strong>de</strong> soutenir le récit par <strong>de</strong>s silences, un rythme d’échanges non précipité, <strong>de</strong>s reformu<strong>la</strong>tions<br />

courtes, <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>nces qui n’orientent pas les réponses et <strong>de</strong>s questions qui<br />

évitent les pourquoi pour privilégier le quoi et le comment : Qu’est-ce que tu faisais?<br />

Comment t’y prenais-tu? Quelle a été ta réaction? Qu’est-ce que tu vou<strong>la</strong>is faire à ce<br />

moment-là?<br />

Ce<strong>la</strong> dit, nous croyons comme Perrenoud (2004, p. 42) que l’ascétisme méthodologique<br />

préconisé par Vermersch ne doit pas empêcher <strong>de</strong> réfléchir aux éléments<br />

du contexte <strong>dans</strong> lequel un inci<strong>de</strong>nt est survenu, à ses intentions, aux effets qu’on produit,<br />

aux valeurs et aux croyances qui s’opposent <strong>dans</strong> l’interaction. Cette transgression<br />

est requise, puisque l’explicitation vise non seulement à traduire le faire en mots,<br />

mais à interroger les schèmes d’action, les habitus et les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique.<br />

La <strong>de</strong>uxième étape vise l’exploration <strong>de</strong> diverses avenues d’analyse. Ce n’est<br />

qu’après avoir bien écouté et compris le récit du sujet que les membres et le responsable<br />

du groupe s’engagent avec lui <strong>dans</strong> le dialogue. Ils expriment les réactions suscitées<br />

chez eux par le récit et font part d’interprétations – convergentes ou divergentes<br />

– qui peuvent être faites <strong>de</strong> <strong>la</strong> même situation.<br />

Dans certains cas, le groupe jouera un rôle <strong>de</strong> soutien affectif en accueil<strong>la</strong>nt le<br />

sujet qui se dévoile. Dans d’autres cas, il prendra appui sur les données interprétatives<br />

provenant du sujet pour établir <strong>de</strong>s liens entre différents éléments re<strong>la</strong>tés. Le<br />

choix <strong>de</strong>s avenues d’analyse pouvant être explorées variera selon les situations<br />

soumises. En voici quelques-<strong>une</strong>s.<br />

Les collègues peuvent amener le sujet narrateur à mieux reconnaître <strong>la</strong> complexité<br />

<strong>de</strong> ses propres émotions qui, <strong>de</strong> prime abord, ne sont pas toujours c<strong>la</strong>ires,<br />

mais se révèlent déterminantes <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas. Ils peuvent l’ai<strong>de</strong>r à voir comment<br />

<strong>la</strong> compréhension qu’il semble avoir d’<strong>une</strong> situation peut être en contradiction<br />

avec les émotions qui l’habitent, avec ses stratégies ou avec les effets qu’il produit. En<br />

confrontant l’interprétation que le sujet fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation avec <strong>la</strong> séquence interactive<br />

et avec les réactions possibles <strong>de</strong>s autres acteurs en présence, le groupe peut lui<br />

permettre <strong>de</strong> réaliser qu’il aurait pu interpréter tout autrement <strong>la</strong> même situation.<br />

La réflexion sur les intentions est souvent <strong>une</strong> piste fécon<strong>de</strong>. Plusieurs situations<br />

sont marquées par <strong>de</strong>s conflits d’intentions plus ou moins conscientes. Les intentions<br />

les plus nobles enrobent parfois d’autres intentions intéressées. Dans cette foulée, le<br />

groupe peut s’attacher à distinguer les intentions professées (espoused theory) <strong>de</strong>s<br />

intentions pratiquées (theory in use) (Argyris et Schön, 1974). Alors que les premières<br />

renvoient aux effets que le sujet dit vouloir provoquer, les intentions pratiquées renvoient<br />

aux stratégies adoptées et à leurs résultats effectifs. Dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas, les<br />

stratégies utilisées par le sujet sont celles qu’il reproduit spontanément et qui lui<br />

volume XXXVIII : 1, printemps 2010<br />

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