13.07.2015 Views

Document entier - Base de données en alphabétisation des adultes

Document entier - Base de données en alphabétisation des adultes

Document entier - Base de données en alphabétisation des adultes

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

REMERCIEMENTSLa prés<strong>en</strong>te étu<strong>de</strong> est issue d'un travail m<strong>en</strong>é <strong>en</strong> collaboration. Nous ne serions pas parv<strong>en</strong>us à laréaliser si nous n'avions été <strong>en</strong>tourés <strong>de</strong> personnes compét<strong>en</strong>tes et motivées.Nous désirons tout particulièrem<strong>en</strong>t offrir nos remerciem<strong>en</strong>ts aux interv<strong>en</strong>ants du marché dutravail, du milieu communautaire et du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'éducation qui ont généreusem<strong>en</strong>t accepté <strong>de</strong>partager le fruit <strong>de</strong> leur expéri<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> leurs réflexions au cours d'<strong>en</strong>trevues et lors d'une tableron<strong>de</strong> organisée sous les auspices <strong>de</strong> la Société québécoise <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la maind'oeuvre<strong>de</strong> Montréal. Leur apport inestimable nous a permis <strong>de</strong> vérifier nos hypothèses etd'<strong>en</strong>richir nos recherches théoriques.


LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉESMadame Louise CrépeauConseillère <strong>en</strong> formationC<strong>en</strong>tre d'éducation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> <strong>de</strong> la Petite-Bourgogne et <strong>de</strong> St-H<strong>en</strong>ri (CEDA)Monsieur Pierre-Marcel CôtéDirecteur <strong>de</strong>s ressources humainesEmballage Consumer Inc.Madame Micheline Jodoin-LussierCoordonnatriceService <strong>de</strong> l'éducation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong>Commission <strong>de</strong>s écoles catholiques <strong>de</strong> VerdunMonsieur Richard MassonConseillerDirection <strong>de</strong> la planification et <strong>de</strong> l'interv<strong>en</strong>tion sectorielleSQDM <strong>de</strong> MontréalMadame R<strong>en</strong>ée NormandinCoordonnatriceFiducie régionale - <strong>alphabétisation</strong>


INTRODUCTIONL'émerg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s nouvelles technologies et <strong>de</strong>s nouvelles formes organisationnelles dans lesmilieux du travail oblige les <strong>en</strong>treprises à s'interroger sur les qualifications et les compét<strong>en</strong>cesnécessaires aux nouvelles modalités <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> production. Sans <strong>en</strong>trer dans les débats et lescontroverses sur l'évolution <strong>de</strong>s qualifications et sur la nature <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces exigéeslocalem<strong>en</strong>t, on peut affirmer que la question <strong>de</strong> l'<strong>alphabétisation</strong> est c<strong>en</strong>trale. Or, ledéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la main-d'oeuvre <strong>en</strong> milieu <strong>de</strong> travail est peu étudié.On s'intéresse généralem<strong>en</strong>t davantage aux sans-emploi.Les <strong>de</strong>rnières années ont vu se multiplier cep<strong>en</strong>dant les institutions internationales,établissem<strong>en</strong>ts d'éducation, organismes communautaires et législations visant l'<strong>alphabétisation</strong> etl'accroissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la scolarisation <strong>de</strong> la population <strong>en</strong> emploi. Les <strong>de</strong>rnières années ont aussi étémarquées par une évi<strong>de</strong>nte prise <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s industries, <strong>de</strong> l'écart <strong>en</strong>tre lesexig<strong>en</strong>ces posées par les nouvelles technologies et les capacités <strong>de</strong> la main-d'oeuvre <strong>en</strong> emploi,particulièrem<strong>en</strong>t dans les industries primaires et les métiers connexes. 1L'analphabétisme ne concerne pas uniquem<strong>en</strong>t la population <strong>en</strong> chômage, mais aussi uneproportion non négligeable <strong>de</strong> la population active, que les étu<strong>de</strong>s ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à cerneravec précision. L'introduction <strong>de</strong>s nouvelles technologies <strong>de</strong> l'information met trop souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>évi<strong>de</strong>nce les difficultés <strong>de</strong> lecture et. d'écriture <strong>de</strong> plusieurs ouvriers. Cette population constitueainsi un pot<strong>en</strong>tiel économique sous-utilisé qui ne parvi<strong>en</strong>t à se réaliser ni au niveau personnel, niau niveau collectif. Cette situation freine la croissance personnelle <strong>de</strong>s individus et la croissance<strong>de</strong> l'économie <strong>en</strong> général.Lire, écrire et compter doiv<strong>en</strong>t donc faire partie du bagage <strong>de</strong> tous les salariés, mais <strong>en</strong>core fautilque ces aptitu<strong>de</strong>s soi<strong>en</strong>t correctem<strong>en</strong>t associées aux exig<strong>en</strong>ces spécifiques <strong>de</strong> l'emploi occupé,sans quoi l'on assiste -à un élargissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'écart <strong>en</strong>tre les exig<strong>en</strong>ces du marché du travail et lesaptitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s employés.Les problèmes soulevés dans la lutte pour l'<strong>alphabétisation</strong> sont cep<strong>en</strong>dant nombreux:Comm<strong>en</strong>t motiver les <strong>adultes</strong> à participer à ces programmes ?Comm<strong>en</strong>t concevoir <strong>de</strong>s programmes que les intéressés fréqu<strong>en</strong>teront sur une base régulière ?Comm<strong>en</strong>t s'assurer que l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t disp<strong>en</strong>sé aura un impact réel sur le quotidi<strong>en</strong> <strong>de</strong>sindividus ?Comm<strong>en</strong>t trouver <strong>de</strong>s ressources constantes pour garantir la continuité <strong>de</strong>s programmes ?Le prés<strong>en</strong>t docum<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>te d'apporter quelques élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> réponse à ces questions à partir,ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t, d'une revue <strong>de</strong> littérature. Il est constitué <strong>de</strong> trois sections. La première sectionconti<strong>en</strong>t une prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s définitions et modèles couramm<strong>en</strong>t utilisés <strong>en</strong> matièred'analphabétisme et d'<strong>alphabétisation</strong>. La <strong>de</strong>uxième section propose une évaluation <strong>de</strong>sexpéri<strong>en</strong>ces réc<strong>en</strong>tes d'<strong>alphabétisation</strong>. La troisième section débor<strong>de</strong> la question <strong>de</strong>l'<strong>alphabétisation</strong> pour docum<strong>en</strong>ter certains <strong>de</strong>s problèmes spécifiques relatifs au développem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base <strong>en</strong> milieu <strong>de</strong> travail et suggérer <strong>de</strong>s voies d'actions appropriées.


La prés<strong>en</strong>te étu<strong>de</strong> a été réalisée à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Société québécoise <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lamain-d'oeuvre <strong>de</strong> Montréal (SQDMM). Elle représ<strong>en</strong>te un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux docum<strong>en</strong>ts 2 <strong>de</strong> baseélaborés dans le but <strong>de</strong> fournir à la SQDMM <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> réflexion qualitatifs et quantitatifspouvant alim<strong>en</strong>ter ses stratégies <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la main-d'oeuvre<strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Montréal. Cette étu<strong>de</strong> n'<strong>en</strong>gage que les auteurs.


L'ANALPHABÉTISME : CONCEPTS ET MODÈLESL'expression «alphabétisme <strong>en</strong> emploi»(workforce literacy) recouvre aujourd'hui les aptitu<strong>de</strong>s jadis associées autravail <strong>de</strong>s gestionnaires et <strong>de</strong>s technici<strong>en</strong>s. L'ouvrier et l'employé doiv<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant possé<strong>de</strong>r ou être <strong>en</strong> mesured'acquérir <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces :<strong>en</strong> lecture, écriture et communication dans la langue d'usage;pour le travail <strong>en</strong> groupe;<strong>en</strong> matière <strong>de</strong> réaction rapi<strong>de</strong> et créative aux nouvelles situations;dans la gestion d'une multiplicité <strong>de</strong> tâches;dans la résolution <strong>de</strong> problèmes;dans l'évaluation et la cueillette <strong>de</strong> l'information nécessaire à l'exécution <strong>de</strong>s tâches;<strong>en</strong> matière d'appr<strong>en</strong>tissage autonome.Le vocabulaire touchant l'analphabétisme varie suivant la nationalité, la catégorie socioprofessionnelle et lesobjectifs <strong>de</strong>s utilisateurs. Nous avons choisi <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter un aperçu <strong>de</strong>s diverses acceptions <strong>de</strong> l'analphabétisme seloncelles qui ont été rec<strong>en</strong>sées par l'Institut <strong>de</strong> l'UNESCO pour l'éducation 3 .Quelques définitionsL'analphabétisme, la non-scolarisation ou la sous-scolarisationDans la majorité <strong>de</strong>s pays le <strong>de</strong>gré d'<strong>alphabétisation</strong> est mesuré par la durée <strong>de</strong> la fréqu<strong>en</strong>tation scolaire. Le seuilminimum se situe aujourd'hui à neuf ou douze années <strong>de</strong> scolarité, soit la fin du secondaire. En Amérique du Nord,l'«analphabétisme complet» est synonyme d'étu<strong>de</strong>s primaires incomplètes tandis que «l'analphabétisme fonctionnel»équivaut à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s secondaires incomplètes. Au Québec, le programme d'<strong>alphabétisation</strong> a ainsi pour objectifd'am<strong>en</strong>er l'individu à compléter son niveau secondaire. Au Portugal par contre, on vise l'obt<strong>en</strong>tion d'un diplôme <strong>de</strong>fin d'étu<strong>de</strong>s primaires.


L'analphabétisme et la cultureIl existe d'autres usages <strong>de</strong> la notion d'alphabétisme, qui ne conceme pas uniquem<strong>en</strong>tl'appr<strong>en</strong>tissage <strong>de</strong> la langue (écriture et lecture), mais la culture dans sa globalité. Cette notion estutilisée :<strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce à la différ<strong>en</strong>ce culturelle <strong>de</strong>s immigrants, que l'on cherche à amoindrir parl'acculturation et qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t source <strong>de</strong> t<strong>en</strong>sions;pour illustrer une situation <strong>de</strong> sous-qualification et <strong>de</strong> déclassem<strong>en</strong>t dans le milieu <strong>de</strong>travail. Son usage serait plus fréqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> chômage structurel et dans lescontextes <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> réinsertion professionnelle;<strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> pauvreté et d'exclusion. Elle caractérise alors la sous-culturedu quart mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pays industrialisés, qui regroupe les exclus <strong>de</strong>s réseaux d'échangessocio-économiques et <strong>de</strong>s communautés traditionnelles. L'<strong>alphabétisation</strong> <strong>de</strong> ces groupes<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t une action culturelle qui vise l'organisation <strong>de</strong> la survie et l'insertion sociale.Nous avons aussi retrouvé la notion d'analphabétisme secondaire, qui est utilisée <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce àla culture. Elle sert à i<strong>de</strong>ntifier les consommateurs passifs (la majorité sil<strong>en</strong>cieuse) <strong>de</strong>sproductions culturelles diverses.Analphabétisme fonctionnel et résiduelL'alphabétisme fonctionnel est défini comme «l'usage inefficace <strong>de</strong> l'écrit dans <strong>de</strong>s situationspratiques <strong>de</strong> la vie quotidi<strong>en</strong>ne». Il se réfère à l'abs<strong>en</strong>ce d'un <strong>en</strong>semble d'habilités pratiques (basicskills) jugées nécessaires Pour résoudre les problèmes du quotidi<strong>en</strong> qui exig<strong>en</strong>t une capacitéélém<strong>en</strong>taire d'écrire dans la langue nationale et une adaptabilité aux situations typiques. Cettedéfinition, qui fait aussi référ<strong>en</strong>ce à la culture, est très répandue <strong>en</strong> Amérique du Nord. AuCanada et aux États-Unis, un adulte sur trois ou sur cinq, selon les étu<strong>de</strong>s, serait dans cettesituation.L'analphabétisme résiduel fait plutôt référ<strong>en</strong>ce à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> défici<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> handicap etd'inadaptation. Ce terme est surtout utilisé par les professionnels <strong>de</strong> domaines tels que laréadaptation, la rééducation et la psychologie cognitive dans les pays germaniques, <strong>en</strong> Europe duNord et partout où s'est développée une «industrie» <strong>de</strong> l'éducation spécialisée dans laquelle sesont recyclés un grand nombre d'<strong>en</strong>seignants. L'analphabétisme n'affecte qu'un petit groupe etl'acc<strong>en</strong>t est mis sur la prév<strong>en</strong>tion.


La multiplicité <strong>de</strong>s approches à l'<strong>alphabétisation</strong>Au cours <strong>de</strong>s quarante <strong>de</strong>rnières années, plusieurs approches ou stratégies d'<strong>alphabétisation</strong> sesont développées <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> Amérique du Nord. Elles se distingu<strong>en</strong>t à la fois par les lieuxoù se déroule l'<strong>alphabétisation</strong> et par l'objet <strong>de</strong> l'appr<strong>en</strong>tissage.L'approche traditionnelle ou l'ai<strong>de</strong> individuelleDes bénévoles intégrés dans <strong>de</strong>s organisations locales, nationales ou internationales réalis<strong>en</strong>tl'<strong>alphabétisation</strong>. Cette approche peut être indép<strong>en</strong>dante ou intégrée à l'éducation perman<strong>en</strong>tepublique.L'approche scolaireElle partage les objectifs <strong>de</strong> l'école et t<strong>en</strong>d à s'harmoniser avec celle-ci. Elle s'<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>cie parle discours et les pratiques «andragogiques», mais structurellem<strong>en</strong>t elle ne constitue qu'unsecteur <strong>de</strong> l'éducation (cas du Québec).L'approche ABE «Adult Basic Education»Elle est caractérisée par son autonomie vis-à-vis du système scolaire et regroupe l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>sformations <strong>de</strong> base <strong>de</strong> nature scolaire pour <strong>adultes</strong>. C'est un «cadre mou», qui peut constituer unprogramme national (Pays-Bas) à l'intérieur duquel le concept linguistique et cultureld'alphabétisme («literacy») est inclus dans le concept d'habiletés <strong>de</strong> base («basic skills»).L'insertion-réinsertion socioprofessionnelleCette approche, définie par ses objectifs plus que par un cadre administratif ou <strong>de</strong>s cont<strong>en</strong>usd'appr<strong>en</strong>tissage, est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t axée sur l'emploi. C'est une approche polyval<strong>en</strong>te <strong>de</strong> laformation qui peut être gérée par différ<strong>en</strong>tes instances (sociales, économiques, main-d'oeuvre)plutôt que par l'éducation seulem<strong>en</strong>t. Dans le cas français cela a débouché sur une forteexpansion du secteur associatif et privé dans le domaine <strong>de</strong> la formation.


L'éducation populaire ou l'action communautaireCette approche se veut plus holistique, fondée sur le développem<strong>en</strong>t intégré <strong>de</strong> la personne et sursa consci<strong>en</strong>tisation sociale. Elle est réalisée sur une base locale par <strong>de</strong>s associations quidéfiniss<strong>en</strong>t leurs objectifs avec les intéressés. L'<strong>alphabétisation</strong> est perçue comme «uneinterv<strong>en</strong>tion dans le registre linguistique et culturel, intimem<strong>en</strong>t liée à l'histoire personnelle etsociale du groupe, du quartier. Elle a pour but <strong>de</strong> lire cette histoire, <strong>de</strong> la dire, pour l'améliorer oula changer» 4 .L'approche culturelle-interculturelleElle vise à modifier le contexte matériel, organisationnel et imaginaire d'une localité, d'unerégion ou d'un groupe social par la création <strong>de</strong> productions culturelles, l'amélioration <strong>de</strong>sinfrastructures et <strong>de</strong>s réseaux, etc. Elle est généralem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> oeuvre dans le but <strong>de</strong> créer un<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t interculturel.L'approche prév<strong>en</strong>tive, périscolaire ou intergénérationnelleElle répond à la t<strong>en</strong>dance internationale à ét<strong>en</strong>dre l'<strong>alphabétisation</strong> au-<strong>de</strong>là du cadre <strong>de</strong> laformation scolaire pour la replacer dans le cadre social, particulièrem<strong>en</strong>t celui <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants (école<strong>de</strong>s par<strong>en</strong>ts, école <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs, bibliothèque <strong>de</strong>s rues, etc.).L'éducation spécialisée pour personnes handicapéesDans certains pays, l'éducation spécialisée occupe la majeure partie <strong>de</strong>s activités liées àl'<strong>alphabétisation</strong>, conférant à celle-ci un aspect clinique dominé par les psycho-éducateurs.Dans l'<strong>en</strong>semble, l'évaluation sci<strong>en</strong>tifique <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong> toutes ces approches est difficilem<strong>en</strong>tréalisable puisqu'elle impliquerait que l'on puisse contrôler une foule <strong>de</strong> facteurs socioéconomiqueset mesurer <strong>de</strong>s att<strong>en</strong>tes et <strong>de</strong>s buts forts différ<strong>en</strong>ts les uns les autres et pas toujoursconciliables. Quelle que soit la métho<strong>de</strong> utilisée, dans l'<strong>en</strong>semble, ces résultats sont cep<strong>en</strong>danttrès faibles, «sinon nuls, carrém<strong>en</strong>t médiocres» 5 . Toutefois, il n'est pas dit qu'il soit impossible<strong>de</strong> tirer certaines leçons <strong>de</strong>s interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong> et <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> formation <strong>en</strong>milieu <strong>de</strong> travail.


L'ALPHABÉTISATION : UN DIAGNOSTIC DE LA RECHERCHEÉtablir les raisons <strong>de</strong>s échecs <strong>de</strong>s programmes d'<strong>alphabétisation</strong> représ<strong>en</strong>te une tâche d'autantplus ardue que nombre <strong>de</strong> discours concomitants (souv<strong>en</strong>t militants) sont <strong>en</strong>gagés. Notre objectifétant <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s pistes pour esquisser un cadre à l'action gouvernem<strong>en</strong>tale <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base, nous avons t<strong>en</strong>té, à travers les travaux <strong>de</strong> rechercheréc<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> cerner les paramètres <strong>de</strong> réussite d'un programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong>.Le programme idéal, on s'<strong>en</strong> doute, n'existe pas. Certaines étu<strong>de</strong>s fourniss<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>sindices quant à l'impact réel <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces. Nous conc<strong>en</strong>trerons notre att<strong>en</strong>tion sur les actionsgouvernem<strong>en</strong>tales directes et indirectes. Cela ne signifie pas que nous y voyons la seule av<strong>en</strong>uevalable, loin <strong>de</strong> là. Dans certains cas, le mouvem<strong>en</strong>t associatif a été le précurseur <strong>de</strong> l'actiongouvernem<strong>en</strong>tale; son action reste déterminante et sa critique est indisp<strong>en</strong>sable à la maturation <strong>de</strong>la démarche <strong>de</strong>s pouvoirs publics. L'action gouvernem<strong>en</strong>tale est cep<strong>en</strong>dant un vecteur possible,et certainem<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel, <strong>de</strong> la lutte contre la sous-qualification <strong>de</strong> la main-d'oeuvre.Nature <strong>de</strong>s actions gouvernem<strong>en</strong>talesAu cours <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnières années, les campagnes <strong>de</strong> lutte contre l'analphabétisme se sontmultipliées et leur pouvoir <strong>de</strong> mobilisation reste presque sans égal. Au niveau <strong>de</strong>s États cettelutte est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue une priorité nationale appuyée par divers types d'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts :création d'une section spéciale d'<strong>alphabétisation</strong> ou d'éducation <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> (Québec,Pays-Bas, Portugal, Allemagne);subv<strong>en</strong>tions aux gouvernem<strong>en</strong>ts locaux et à <strong>de</strong>s ONG et campagnes <strong>de</strong> s<strong>en</strong>sibilisation (Canada,États-Unis, Gran<strong>de</strong>-Bretagne);programmes <strong>de</strong> formation divers administrés par <strong>de</strong>s ONG sur une base contractuelle (France,Belgique francophone);programmes <strong>de</strong> prév<strong>en</strong>tion dans les secteurs d'éducation spéciale, <strong>en</strong> milieu <strong>de</strong> travail (Suè<strong>de</strong> etDanemark) 6 .


Justifications théoriques <strong>de</strong> l'implication gouvernem<strong>en</strong>talePlusieurs raisons expliqu<strong>en</strong>t l'implication <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong> <strong>de</strong>s divers paliers <strong>de</strong> gouvernem<strong>en</strong>t7 . La première est relative au développem<strong>en</strong>t du capital humain. De tels programmes contribu<strong>en</strong>tà la productivité <strong>de</strong> la main-d'oeuvre et favoris<strong>en</strong>t par le fait même la productivité nationale et larichesse collective par le biais :<strong>de</strong> l'accroissem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> l'amélioration <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces et d'une maîtrise accrue <strong>de</strong>stechnologies;<strong>de</strong> l'accroissem<strong>en</strong>t du rev<strong>en</strong>u, qui contribue à la richesse collective et à l'élargissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>l'assiette fiscale;<strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong> la dép<strong>en</strong>dance vis-à-vis <strong>de</strong>s programmes sociaux, ce qui réduit lesdép<strong>en</strong>ses gouvernem<strong>en</strong>tales;<strong>de</strong> la poursuite <strong>de</strong> l'investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> formation <strong>de</strong> l'individu, ce qui améliore laproductivité <strong>de</strong> l'individu et celle <strong>de</strong> la collectivité.D'autres raisons sont aussi invoquées : l'acquisition d'aptitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> base, le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t du tissusocial, la réalisation <strong>de</strong>s objectifs individuels et l'accroissem<strong>en</strong>t du bi<strong>en</strong>-être affectif <strong>de</strong> l'individu.Les résultats tirés d'évaluations <strong>de</strong> programmesHuit étu<strong>de</strong>s américaines ont t<strong>en</strong>té d'évaluer l'impact <strong>de</strong>s programmes d'<strong>alphabétisation</strong> dugouvernem<strong>en</strong>t fédéral et <strong>de</strong>s États. Les résultats peuv<strong>en</strong>t se résumer comme suit 8 .Impacts sur le capital humainLes impacts sur le capital humain sont <strong>de</strong> quatre ordres. On note d'abord, sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 18mois, une croissance et une bonification <strong>de</strong> l'employabilité. De tels résultats sont constatés dans55 % à 65 % <strong>de</strong>s cas. Des augm<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> salaire sont aussi remarquées dans 58 % à 70 % <strong>de</strong>scas. Cep<strong>en</strong>dant, 18 % <strong>de</strong>s candidats seulem<strong>en</strong>t considèr<strong>en</strong>t que la participation au programme aété la cause <strong>de</strong> cette amélioration. En effet, le taux <strong>de</strong> recherche d'emploi parmi les finissantsn'était que <strong>de</strong> 8 %. Un rapport gouvernem<strong>en</strong>tal montre par ailleurs que seulem<strong>en</strong>t 12 % <strong>de</strong>sparticipants à un tel programme ont obt<strong>en</strong>u un emploi, et 8 % une promotion.Deuxièmem<strong>en</strong>t, 20 % <strong>de</strong>s cas aurai<strong>en</strong>t connu une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>us dix-huit mois aprèsleur participation. Troisièmem<strong>en</strong>t, la dép<strong>en</strong>dance vis-à-vis <strong>de</strong>s programmes sociaux est <strong>en</strong> baissedans 4,6 % à 7 % <strong>de</strong>s cas, sur une base nationale. Finalem<strong>en</strong>t, 58 % à 61 % <strong>de</strong>s participants à <strong>de</strong>sprogrammes d'<strong>alphabétisation</strong> disai<strong>en</strong>t vouloir poursuivre une formation post-secondaire.


Les impacts sur le capital humain, bi<strong>en</strong> que réels, ne peuv<strong>en</strong>t pas être complètem<strong>en</strong>t attribués auprocessus d'<strong>alphabétisation</strong>. D'autres facteurs, comme l'amélioration du climat économiquegénéral, la croissance <strong>de</strong>s emplois, le resserrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s mesures sociales, la baisse du recours àl'ai<strong>de</strong> sociale, peuv<strong>en</strong>t expliquer le changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> situation économique <strong>de</strong>s participants. End'autres mots, il est difficile <strong>de</strong> départager l'effet direct <strong>de</strong> la participation à un programmed'<strong>alphabétisation</strong> et celui <strong>de</strong> facteurs comme la conjoncture économique ou les modifications <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> sécurité du rev<strong>en</strong>u. Par ailleurs, il faut aussi se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si le délai (6 à 18 mois)utilisé pour mesurer l'impact est réaliste. En effet, il ne faut pas mésestimer les situations oùl'effet immédiat est relativem<strong>en</strong>t faible et l'effet à long terme plus important.Si l'argum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'impact sur le capital humain est important au niveau politique, ce n'est pasautant le cas au niveau individuel. Vingt-cinq à 33 % <strong>de</strong>s participants seulem<strong>en</strong>t invoqu<strong>en</strong>t cetargum<strong>en</strong>t. La proportion est plus gran<strong>de</strong> parmi les personnes qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t sur le marché du travail.Impacts sur l'acquisition <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces fondam<strong>en</strong>talesEn ce qui concerne l'acquisition <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces fondam<strong>en</strong>tales, on constate <strong>de</strong>s gains àdiffér<strong>en</strong>ts niveaux sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre mois. En lecture, <strong>en</strong>viron 75 % <strong>de</strong>s participantsréalis<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s améliorations, <strong>en</strong> mathématiques 69 %, et <strong>en</strong> écriture 66 %.Impacts sur le tissu socialAu <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s impacts économiques sur la collectivité, l'<strong>alphabétisation</strong> a aussi sur l'individu unimpact psychologique qui influ<strong>en</strong>ce la santé du tissu social car l'exercice <strong>de</strong> la démocratieimplique la participation <strong>de</strong>s individus au processus politique et donc l'accès à l'information. Lafamille constitue le noyau <strong>de</strong> la structure sociale et détermine la réussite <strong>de</strong>s générations futures.On note une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> 3 % <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> par<strong>en</strong>tale au travail scolaire <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants parmi lesparticipants aux programmes, et 51 % constat<strong>en</strong>t une amélioration <strong>de</strong> leurs rapports familiaux.La participation à la vie communautaire s'accroît <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> 35 % à 50 %.


La réalisation d'objectifs personnelsLes programmes gouvernem<strong>en</strong>taux sont généralem<strong>en</strong>t justifiés par la réalisation d'objectifscollectifs. Mais il faut aussi rappeler que l'implication <strong>de</strong>s individus est très souv<strong>en</strong>t déterminéepar <strong>de</strong>s objectifs personnels. Les <strong>de</strong>ux niveaux doiv<strong>en</strong>t donc coinci<strong>de</strong>r pour que le programmeréussisse. Les principaux objectifs individuels rec<strong>en</strong>sés sont :l'obt<strong>en</strong>tion d'un diplôme d'étu<strong>de</strong>s secondaires;a promotion professionnelle (31 % <strong>de</strong>s participants);l'appr<strong>en</strong>tissage <strong>de</strong> la lecture (48 % <strong>de</strong>s participants);la compét<strong>en</strong>ce mathématique (46 % <strong>de</strong>s participants);la capacité d'écrire (6 % <strong>de</strong>s participants).Quant à la perception <strong>de</strong>s individus <strong>en</strong> égard à la réalisation <strong>de</strong> leurs objectifs, elle se distribueainsi : ils ont fait <strong>de</strong>s progrès <strong>en</strong> lecture (81 %), <strong>en</strong> mathématiques (74 %) et <strong>en</strong> écriture (65 %).Au total, 43 % considèr<strong>en</strong>t qu'ils ont atteint leurs objectifs, et 38 % déclar<strong>en</strong>t qu'ils ont fait <strong>de</strong>sprogrès.Les impacts affectifsL'impact affectif le plus fréqu<strong>en</strong>t est un changem<strong>en</strong>t dans la perception <strong>de</strong> soi (plus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>scas). Toutefois, dans 11 % <strong>de</strong>s cas, cet impact n'est pas indép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> l'amélioration <strong>de</strong>sconditions économiques. Il s'agit du résultat le plus positif sur l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s paramètres, mêmes'il ne fait généralem<strong>en</strong>t pas partie <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>s programmes.


UN DOMAINE EN ÉMERGENCELes résultats qui précè<strong>de</strong>nt port<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s programmes généraux conçus pour <strong>de</strong>s assistéssociaux, <strong>de</strong>s chômeurs et <strong>de</strong>s personnes dont la situation par rapport au marché du travail laisse àdésirer. Par contre, l'<strong>alphabétisation</strong> <strong>en</strong> emploi est beaucoup moins développée. En cette matière,il est possible <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l'on n'est pas aujourd'hui au sta<strong>de</strong> où se trouvait l'<strong>alphabétisation</strong>«générale» au début <strong>de</strong>s années 1980, soit celui <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce, quelquefois <strong>de</strong> larev<strong>en</strong>dication <strong>en</strong>vers l'État, mais moins souv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la planification d'activités spécifiques.Certains résultats <strong>de</strong> la recherche ont cep<strong>en</strong>dant ici une implication directe dans la mesure où ilsrejoign<strong>en</strong>t les diagnostics posés par les milieux intéressés. La principale difficulté perçue par lesmilieux industriels, communautaires et gouvernem<strong>en</strong>taux autant que par les chercheurs rési<strong>de</strong>dans l'<strong>en</strong>rôlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> dans les programmes <strong>de</strong> formation.La motivation <strong>de</strong>s cli<strong>en</strong>tèlesDes étu<strong>de</strong>s américaines estim<strong>en</strong>t que 8 % <strong>de</strong> la population qui aurait besoin d'améliorer sesaptitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> base participe effectivem<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> formation. Il s'agit généralem<strong>en</strong>td'individus jeunes, plus instruits et mieux insérés socialem<strong>en</strong>t que l'<strong>en</strong>semble du groupe cible.Les motifs <strong>de</strong> désintérêt pour <strong>de</strong> tels programmes provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du fait que l'individu n'<strong>en</strong> perçoitpas le besoin, les juge trop difficiles, a une attitu<strong>de</strong> négative face à l'école, r<strong>en</strong>contre <strong>de</strong>sbarrières, se s<strong>en</strong>t stigmatisé dans son <strong>en</strong>tourage à cause <strong>de</strong> son «incompét<strong>en</strong>ce» et préfère donccacher ses lacunes.La <strong>de</strong>rnière raison est peut-être la plus fondam<strong>en</strong>tale et c'est certainem<strong>en</strong>t sur elle que doit portertout effort déployé afin d'attirer les <strong>adultes</strong> vers <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> formation. L'analphabétismeest <strong>en</strong>core aujourd'hui trop souv<strong>en</strong>t perçu comme un problème dont la cause est la victime ellemême.La personne serait responsable d'une situation qui là r<strong>en</strong>d dép<strong>en</strong>dante du système etincapable d'assumer les responsabilités les plus indisp<strong>en</strong>sables à sa survie. Cette stigmatisationdissua<strong>de</strong> le candidat pot<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> participer à une formation dont il a besoin, et ce pour <strong>de</strong>uxraisons : s'y inscrire équivaut à reconnaître l'incompét<strong>en</strong>ce généralisée qu'on lui impute, et ilcraint l'échec car il se juge incompét<strong>en</strong>t. La réussite <strong>de</strong> sa participation à la formation lui apparaîtcomme un objectif hors <strong>de</strong> portée.La première démarche à <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre est donc <strong>de</strong> chercher à éliminer la stigmatisation reliée àl'analphabétisme par <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> promotion dans les médias et l'usage du discours public.Il faut cep<strong>en</strong>dant reconnaître d'emblée qu'il s'agit là d'une opération <strong>de</strong> longue haleine tantl'image est forte dans la p<strong>en</strong>sée collective. Il faut aussi t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong> ce processus <strong>de</strong>stigmatisation dans l'organisation même <strong>de</strong>s formations.


L'aversion pour l'école est sans doute le second frein le plus important. Un individu ayant déjàessuyé un échec scolaire aura, on peut le compr<strong>en</strong>dre, une forte rétic<strong>en</strong>ce à s'y replonger. Laparticipation à une démarche d'<strong>alphabétisation</strong> sera d'autant plus difficile qu'elle est étroitem<strong>en</strong>tassociée à la formation primaire et secondaire ou à la formation scolaire parce que les cours sedonnerai<strong>en</strong>t dans <strong>de</strong>s écoles ou que les interv<strong>en</strong>ants serai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>en</strong>seignants ou se recruterai<strong>en</strong>tparmi d'anci<strong>en</strong>s <strong>en</strong>seignants.On se trouve donc <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce que certains appell<strong>en</strong>t «<strong>de</strong>man<strong>de</strong> négative» vis-à-vis <strong>de</strong> laformation scolaire. Les leçons tirées du marketing indiqu<strong>en</strong>t qu'il faut dans <strong>de</strong> tels cas cemer lesaspects négatifs du produit et les changer.Une étu<strong>de</strong> américaine 9 a t<strong>en</strong>té d'évaluer <strong>de</strong> façon précise sur quoi reposai<strong>en</strong>t les perceptionsnégatives <strong>de</strong> l'école. Parmi ces facteurs, aux États-Unis du moins, compt<strong>en</strong>t:l'attitu<strong>de</strong> indiffér<strong>en</strong>te, ins<strong>en</strong>sible et con<strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dante du professeur;l'image <strong>de</strong> stupidité qui est r<strong>en</strong>voyée aux participants et la néglig<strong>en</strong>ce subséqu<strong>en</strong>te dontils sont l'objet;leur incapacité <strong>de</strong> s'approprier la culture scolaire avec laquelle ils sont <strong>en</strong> conflit et quileur a valu d'être sujets à <strong>de</strong>s abus d'autorité;dans certains cas, <strong>de</strong>s problèmes d'ordre racial.Le défi est donc <strong>de</strong> dégager l'effort d'<strong>alphabétisation</strong> du contexte scolaire tout <strong>en</strong> développant legoût <strong>de</strong> la formation 10 . L'un <strong>de</strong>s cons<strong>en</strong>sus qui émerg<strong>en</strong>t semble être que la réponse la plusefficace aux problèmes que nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong> décrire rési<strong>de</strong> dans le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> programmes<strong>de</strong> formation contextualisée (contextuel instruction) 11 . L'axiome <strong>de</strong> base <strong>de</strong> cette approcheconsiste à reconnaître que l'adulte sera plus motivé et appr<strong>en</strong>dra plus vite s'il appr<strong>en</strong>d dans un butdéterminé (qu'il s'agisse <strong>de</strong> répondre à <strong>de</strong>s objectifs qu'il s'est lui-même fixés, d'accomplir <strong>de</strong>stâches nécessaires <strong>de</strong> la vie courante, ou <strong>de</strong> résoudre <strong>de</strong>s problèmes qu'il juge importants). Ensomme, la formation doit être prés<strong>en</strong>tée <strong>de</strong> manière à rejoindre les buts personnels, dans un cadrequi permet l'application immédiate <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces acquises et à l'ai<strong>de</strong> d'outils pédagogiquesconçus sur mesure 12 . Or, jusqu'à récemm<strong>en</strong>t, le matériel généralem<strong>en</strong>t utilisé actuellem<strong>en</strong>t avaitété développé par les maisons d'édition <strong>en</strong> fonction du public le plus large possible et il avait étéutilisé dans <strong>de</strong>s établissem<strong>en</strong>ts totalem<strong>en</strong>t détachés du cadre <strong>de</strong> vie habituel <strong>de</strong> l'individu visé. Leformateur le mieux int<strong>en</strong>tionné n'avait qu'une possibilité très limitée d'adapter un tel matériel auxbesoins spécifiques <strong>de</strong> l'adulte auquel il <strong>en</strong>seignait.Les conclusions qui s'impos<strong>en</strong>t donc concernant le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> base sontque celle-ci doit:se faire sur les lieux <strong>de</strong> travail plutôt que dans un établissem<strong>en</strong>t scolaire;être reconnue et <strong>en</strong>couragée par l'employeur;utiliser du matériel pédagogique directem<strong>en</strong>t pertin<strong>en</strong>t à l'emploi ou aux situations <strong>de</strong>travail prés<strong>en</strong>tes ou pot<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> l'employé et le concernant directem<strong>en</strong>t;fournir <strong>de</strong>s avantages tangibles aussi bi<strong>en</strong> à l'employeur qu'à l'employé.


Ce <strong>de</strong>rnier doit pouvoir obt<strong>en</strong>ir le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> remplir sa tâche <strong>de</strong> façon plus efficace et ainsid'accé<strong>de</strong>r à une promotion ou doit pouvoir répondre aux nouvelles exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>tstechnologiques qui s'opèr<strong>en</strong>t dans son milieu <strong>de</strong> travail. L'employeur doit y gagner <strong>en</strong>productivité, voire accroître ses profits ou s<strong>en</strong>tir une plus gran<strong>de</strong> satisfaction chez ses employés.Des mesures concrètesLes milieux gouvernem<strong>en</strong>taux et les employeurs sont généralem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ts du problème <strong>de</strong> lasous-qualification d'une portion non négligeable <strong>de</strong> la population adulte 13 . La recherche et lapratique <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> offr<strong>en</strong>t aujourd'hui un certain nombre <strong>de</strong> pistes pour faireface à ce problème, qui malgré cela reste <strong><strong>en</strong>tier</strong>. Une partie <strong>de</strong> la difficulté vi<strong>en</strong>t sans doute <strong>de</strong>spolitiques et <strong>de</strong> l'organisation <strong>de</strong>s programmes. Pour plusieurs acteurs, le domaine <strong>de</strong> laformation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> est trop complexe, le nombre <strong>de</strong> programmes trop élevé, les délais troplongs. Les mots casse-tête, dédale ou fouillis revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t. Mais il ne faut pas négliger lemanque d'implication <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises. Si les chefs d'<strong>en</strong>treprise reconnaiss<strong>en</strong>t l'importance <strong>de</strong> laformation <strong>de</strong>s ressources humaines, l'investissem<strong>en</strong>t réel est relativem<strong>en</strong>t faible. Au Canada,seulem<strong>en</strong>t 27 % <strong>de</strong>s petites <strong>en</strong>treprises et 76 % <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s font <strong>de</strong> la formation 14 , et seulem<strong>en</strong>t15 % ont un budget spécifique pour cette activité 15 . Plusieurs raisons peuv<strong>en</strong>t expliquer ceteffort pour le moins réduit: structure <strong>de</strong> l'économie (poids <strong>de</strong>s PME, qui investiss<strong>en</strong>t moins dansla formation), manque <strong>de</strong> ressources humaines et financières, crainte <strong>de</strong> voir les salariés formésquitter leur emploi et faire profiter la compétition <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s acquises 16 , etc. Il existe aussi <strong>de</strong>semployeurs qui considèr<strong>en</strong>t qu'ils pourront rester compétitifs <strong>en</strong> investissant dans l'équipem<strong>en</strong>t et<strong>en</strong> passant outre à la question <strong>de</strong> la compét<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s ouvriers et <strong>de</strong>s employés <strong>de</strong> bureau. Lerecours à la sous-traitance est une autre solution adoptée par certains pour comp<strong>en</strong>ser lesinsuffisances internes.Les investissem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises dans la formation sont principalem<strong>en</strong>t dirigés vers lescatégories socioprofessionnelles pour lesquelles le capital intellectuel est important, soit lesprofessionnels, les gestionnaires et les <strong>en</strong>seignants. L'accès <strong>de</strong>s cols blancs, et surtout <strong>de</strong>s colsbleus est nettem<strong>en</strong>t plus faible. Or, c'est à ce niveau que l'analphabétisme est le plus important.Pour l'<strong>en</strong>semble du Canada <strong>en</strong> 1989-1990, seulem<strong>en</strong>t 7 % <strong>de</strong>s travailleurs cols bleus <strong>de</strong>s serviceset <strong>de</strong>s usines ont suivi <strong>de</strong>s cours payés par l'employeur, alors que le pourc<strong>en</strong>tage atteignait 25 %à 28 % pour les cols blancs 17 . Au Québec, <strong>en</strong> 1991, il est possible d'évaluer que 19,6 % <strong>de</strong>s<strong>adultes</strong> <strong>en</strong> emploi ont participé à une activité organisée ou sout<strong>en</strong>ue par leur <strong>en</strong>treprise 18 .Toutefois, <strong>de</strong> fortes inégalités exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les catégories socioprofessionnelles. Ainsi, 35,4 %<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces ont participé à une activité <strong>de</strong> formation <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise. Chez lescols bleus, ce pourc<strong>en</strong>tage est <strong>de</strong> 15,4 %. Chez les femmes, nous retrouvons une situationsimilaire.C'est dans la formation <strong>de</strong>s catégories socioprofessionnelles où il est plus fréqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contrer<strong>de</strong>s personnes analphabètes que les <strong>en</strong>treprises investiss<strong>en</strong>t le moins. De plus, il faut soulignerque le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires considère généralem<strong>en</strong>t que la solution <strong>de</strong>s problèmes liés à laformation <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s salariés relève du système scolaire et <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> celui-ci 19 ou <strong>de</strong>l'action <strong>de</strong>s groupes communautaires subv<strong>en</strong>tionnés par le gouvernem<strong>en</strong>t.


Un double défi s'impose donc. D'une part, il faut convaincre, les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs que l'abs<strong>en</strong>ced'investissem<strong>en</strong>t dans les compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> leurs salariés repose sur une vue courte <strong>de</strong> la question<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s ressources et peut conduire à long terme à <strong>de</strong>s problèmes économiques. La loi90 sur la formation professionnelle <strong>de</strong>vrait faciliter les choses dans la mesure où elle prévoitl'obligation <strong>de</strong> financer <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> formation à raison <strong>de</strong> 1 % <strong>de</strong> la masse salariale <strong>de</strong>l'<strong>en</strong>treprise. D'autre part, cet investissem<strong>en</strong>t doit aussi couvrir la planification d'activités <strong>de</strong>formation dans les compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base et d'<strong>alphabétisation</strong>.Les bilans <strong>de</strong> la formation <strong>en</strong> <strong>en</strong>treprise sont peu nombreux, mais lorsqu'ils exist<strong>en</strong>t, ils sontgénéralem<strong>en</strong>t positifs. Une <strong>en</strong>quête réalisée par Doray, Bagaoui et Ricard 20 sur les pratiques <strong>de</strong>formation d'<strong>en</strong>treprises québécoises performantes indique que trois <strong>de</strong>s 15 firmes r<strong>en</strong>contrées ontmîs sur pied <strong>de</strong>s programmes d'<strong>alphabétisation</strong>. L'introduction <strong>de</strong> changem<strong>en</strong>ts organisationnelsmajeurs et l'implantation <strong>de</strong> nouvelles technologies informatisées constitu<strong>en</strong>t autant d'occasionsqui permett<strong>en</strong>t aux dirigeants et aux cadres <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> réaliser l'importance <strong>de</strong>l'analphabétisme chez leurs ouvriers. Nombre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers s'étai<strong>en</strong>t adaptés à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s ateliers et à une forme d'organisation du travail. Ils avai<strong>en</strong>t très souv<strong>en</strong>tdéveloppé <strong>de</strong>s stratégies afin <strong>de</strong> «camoufler» au moins partiellem<strong>en</strong>t leurs difficultés. Toutefois,<strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts organisationnels et technologiques ont r<strong>en</strong>du caducs leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>fonctionnem<strong>en</strong>t et leurs stratégies. Les ouvriers sont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us subitem<strong>en</strong>t «incompét<strong>en</strong>ts» dans uncontexte <strong>de</strong> travail qui fait davantage appel à la communication écrite et aux ordinateurs.Aux Boulangeries Weston, la question <strong>de</strong> l'analphabétisme a surgi au mom<strong>en</strong>t du transfert <strong>de</strong>l'anci<strong>en</strong>ne usine à la nouvelle. Parallèlem<strong>en</strong>t à la construction <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, un plan <strong>de</strong>formation technique a été élaboré pour former les travailleurs aux nouveaux équipem<strong>en</strong>ts. Lescontremaîtres, <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants syndicaux et <strong>de</strong>s employés ont alors signalé que plusieurstravailleurs, qui comptai<strong>en</strong>t 10 à 30 ans <strong>de</strong> service, étai<strong>en</strong>t analphabètes fonctionnels alors qued'autres ne savai<strong>en</strong>t ni lire ni écrire et <strong>en</strong>core moins faire <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> base <strong>en</strong>mathématiques. Une <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre les parties patronale et syndicale a permis la mise <strong>en</strong> oeuvred'une activité <strong>de</strong> formation.La situation a été analogue chez Consumers Glass (Emballages Consumers). Les responsablessyndicaux ont attiré l'att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> la direction sur les difficultés <strong>de</strong> plusieurs employés aumom<strong>en</strong>t où <strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts technologiques majeurs ont été introduits dans l'<strong>en</strong>treprise 21 . ÀAlcatel, il s'est révélé, au mom<strong>en</strong>t où les travailleurs suivai<strong>en</strong>t une formation théorique à <strong>de</strong>nouveaux équipem<strong>en</strong>t, que certains d'<strong>en</strong>tre eux n'étai<strong>en</strong>t pas aptes à poursuivre la formationparce qu'ils avai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s difficultés à lire et à écrire et <strong>de</strong>s difficultés <strong>en</strong> mathématiques.La question <strong>de</strong> l'analphabétisme a surgi aussi chez Bestar au mom<strong>en</strong>t du lancem<strong>en</strong>t d'unprogramme <strong>de</strong> relance <strong>de</strong> l'<strong>en</strong>treprise associé à l'utilisation <strong>de</strong> nouvelles technologies et<strong>de</strong>mandant aux opérateurs d'être polyval<strong>en</strong>ts, et suite à <strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts organisationnels quiexigai<strong>en</strong>t la possession <strong>de</strong> connaissances techniques pour assurer l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> prév<strong>en</strong>tif <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts. L'<strong>en</strong>treprise s'est alors assurée que ses employés savai<strong>en</strong>t lire, écrire etcommuniquer leurs connaissances. Elle a m<strong>en</strong>é, <strong>en</strong> 1991, une <strong>en</strong>quête auprès <strong>de</strong>s travailleurspour évaluer leurs connaissances. Celle-ci a révélé que 21 travailleurs avai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s car<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>lecture, <strong>en</strong> écriture et <strong>en</strong> calcul <strong>de</strong> base; les parties patronale et syndicale se sont <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dues pourplanifier une formation à leur int<strong>en</strong>tion.


Chez Alcatel, la direction a proposé aux travailleurs <strong>de</strong> suivre un programme d'<strong>alphabétisation</strong>appelé «Un mon<strong>de</strong> à lire». Chez Weston, on a fait appel à la commission scolaire <strong>de</strong> la régionafin <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> oeuvre un programme d'<strong>alphabétisation</strong> <strong>en</strong> français et <strong>en</strong> mathématiques et uneinitiation à la micro-informatique 22 .Au départ, plusieurs employés ont été rétic<strong>en</strong>ts à participer. Mais les explications répétées dusyndicat à propos <strong>de</strong> l'utilité du programme pour permettre aux travailleurs <strong>de</strong> conserver leuremploi ont réussi à mobiliser ceux-ci, et ils ont participé aux cours. Les représ<strong>en</strong>tants syndicauxont fait une évaluation continue <strong>de</strong>s cours, pour s'assurer régulièrem<strong>en</strong>t qu'ils rejoignai<strong>en</strong>t lesbesoins <strong>de</strong>s travailleurs et pour ai<strong>de</strong>r ces <strong>de</strong>rniers à surmonter leurs difficultés. La Confédération<strong>de</strong>s syndicats démocratiques (CSD) a elle-même organisé <strong>de</strong>s cours d'appoint dans le but d'ai<strong>de</strong>rles salariés à bi<strong>en</strong> réussir le programme d'<strong>alphabétisation</strong>. La planification et la mise <strong>en</strong> oeuvredu programme ont impliqué une collaboration étroite <strong>en</strong>tre la direction et les représ<strong>en</strong>tantssyndicaux.Chez Bestar, <strong>de</strong>ux groupes ont été formés (<strong>en</strong> 1992 et <strong>en</strong> 1993). L'objectif était d'initier lesparticipants à la lecture et <strong>de</strong> leur donner <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> base <strong>en</strong> mathématiques et <strong>en</strong> français. Lesuccès a été immédiat. D'ailleurs, plusieurs participants ont <strong>de</strong>mandé à suivre une formation leurpermettant d'obt<strong>en</strong>ir leur diplôme d'étu<strong>de</strong>s secondaires.Il est difficile <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s leçons générales à partir <strong>de</strong> ces quelques exemples. Néanmoins, troisaspects ressort<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t :la question <strong>de</strong> l'analphabétisme surgit au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> changem<strong>en</strong>ts technologiques ouorganisationnels;la collaboration <strong>en</strong>tre syndicats et directions d'<strong>en</strong>treprise facilite la mise <strong>en</strong> oeuvred'activités <strong>de</strong> formation;les formations elles-mêmes sont variées et impliqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s part<strong>en</strong>aires différ<strong>en</strong>ts.


CONCLUSIONLa prés<strong>en</strong>te étu<strong>de</strong> a abordé <strong>de</strong>ux dim<strong>en</strong>sions relatives à la question <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base <strong>de</strong>stravailleurs dans un contexte <strong>de</strong> changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s qualifications requises pour les emploisactuels. En premier lieu, nous avons t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> définir ce qu'est l'analphabétisme à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>différ<strong>en</strong>tes définitions internationales et nationales. Très vite, il est apparu que l'analphabétismeétait trop restrictif pour nos fins, et que c'est davantage <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> base qu'il fallaitparler.En li<strong>en</strong> avec cette nouvelle dim<strong>en</strong>sion, nous avons <strong>en</strong>suite dégagé quelques idées-forces relativesà la formation <strong>en</strong> milieu <strong>de</strong> travail. Nous avons alors fait clairem<strong>en</strong>t ressortir, à partir <strong>de</strong>différ<strong>en</strong>tes étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> synthèse, que celle-ci doit être réalisée dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tcontextualisé.Nous allons conclure cette brève revue <strong>de</strong> littérature <strong>en</strong> rappelant certaines leçons <strong>de</strong>sexpéri<strong>en</strong>ces passées qui peuv<strong>en</strong>t alim<strong>en</strong>ter les interv<strong>en</strong>tions <strong>de</strong> la SQDMM. Ces leçons ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<strong>en</strong> huit points :1. la nécessité <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> formation contextualisés, c'est-à-dire uneformation qui doit :o se faire sur les lieux <strong>de</strong> travail plutôt que dans un établissem<strong>en</strong>t scolaire;o utiliser du matériel pédagogique directem<strong>en</strong>t pertin<strong>en</strong>t à l'emploi ou aux situations <strong>de</strong>travail prés<strong>en</strong>tes ou pot<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> l'employé et le concernant directem<strong>en</strong>t;o fournir <strong>de</strong>s avantages tangibles aussi bi<strong>en</strong> à l'employeur qu'à l'employé.2. un sérieux effort <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong> l'analphabétisme doit être réalisé par les instances <strong>de</strong>planification <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> formation. À ce titre, l'État employeur pourrait pr<strong>en</strong>dre les<strong>de</strong>vants;3. il faut s'assurer que les préoccupations <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> lecture, <strong>en</strong> écriture et <strong>en</strong>mathématiques soi<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes dans les analyses <strong>de</strong> tâche, à l'occasion <strong>de</strong> modifications <strong>de</strong>l'organisation du travail ou au démarrage d'un nouvel établissem<strong>en</strong>t;4. un effort <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s outils pédagogiques existants doit être <strong>en</strong>trepris. En parallèle, il fauts'assurer <strong>de</strong> leur évaluation 23 , <strong>de</strong> leur amélioration, <strong>de</strong> leur adaptation aux différ<strong>en</strong>tes cli<strong>en</strong>tèleset aux contextes particuliers 24 ;5. il faut donner une plus gran<strong>de</strong> visibilité aux projets <strong>en</strong> cours et aux «success stories» afin <strong>de</strong>s<strong>en</strong>sibiliser non seulem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>treprises mais aussi et surtout les regroupem<strong>en</strong>ts sectoriels(ex. : organismes professionnels et grappes industrielles); à cause <strong>de</strong> leur rayonnem<strong>en</strong>t, il faut<strong>en</strong> outre mettre ces <strong>de</strong>rniers à contribution, ainsi que les interv<strong>en</strong>ants économiques <strong>de</strong>sdiffér<strong>en</strong>tes régions. Une telle démarche se justifie particulièrem<strong>en</strong>t dans le contextemontréalais, où domin<strong>en</strong>t les PME 25 ;6. faciliter l'accès à <strong>de</strong>s ressources diversifiées et simplifier la gestion administrative <strong>de</strong>s ressourceséducatives 26 ;


7. dépister les problèmes d'analphabétisme chez les personnes sans emploi et planifier <strong>de</strong>sactivités <strong>de</strong> formation à leur int<strong>en</strong>tion. Il faut aussi assurer la poursuite <strong>de</strong> la formation même sile statut d'emploi <strong>de</strong>s participants change <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> route, ce qui implique une réorganisation<strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> cloisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s programmes;8. favoriser le part<strong>en</strong>ariat sous <strong>de</strong>s formes diverses <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts interv<strong>en</strong>ants 27 :organismes. communautaires, syndicats, <strong>en</strong>treprises, gouvernem<strong>en</strong>ts, institutions scolaires,associations bénévoles, municipalités.


NOTES & BIBLIOGRAPHIENOTES1 Kar<strong>en</strong> Kelly, Giles Montigny, Tim O'Neill et Andrew Sharpe, «L'<strong>alphabétisation</strong> et milieu <strong>de</strong>travail», Perspective, printemps 1992, P.24-332 Le second docum<strong>en</strong>t est : B.Godin, «Les compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la population active <strong>de</strong> la région <strong>de</strong>Montréal», INRS-CIRST, 1995.3 Jean-Paul Hautecoeur (éd.), Alpha 92. Recherche <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong>, Institut <strong>de</strong> l'UNESCOpour l'éducation, Québec, 1992, 477 p.4 Jean-Paul Hautecoeur, «L'analphabétisme : quel s<strong>en</strong>s ? Quelles actions ? Quels résultats», inJean-Paul Hautecoeur (éd.), Alpha 92. Recherche <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong>, Institut <strong>de</strong> l'UNESCO pourl'éducation, Québec, 1992, 477 p., p. 109-125.5 Ibi<strong>de</strong>m.6 Jean-Paul Hautecoeur, L'illettrisme <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> et les résultats économiques, C<strong>en</strong>tre pour larecherche et l'innovation dans l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t (OCDE), Paris, 1992.7 Pour une analyse du contexte québécois due discours sur la formation professionnelle, voirÉlaine Bédard et Jean-Michel Cousineau, «La formation professionnelle <strong>de</strong> la main-d'oeuvre auQuébec», Gestion, septembre 1993, p. 39-47.8 Hal Be<strong>de</strong>r, Adult Literacy, Issues for Policy and Practice, Malabar, 1991, p. 99-119.9 B.A. Quigley, Reasons for Resistance to ABE and Recomm<strong>en</strong>dations for New Delivery Mo<strong>de</strong>lsand Instructional Strategies for the Future, Monroeville, PA : Continuing and GraduateEducation C<strong>en</strong>ter, P<strong>en</strong>n. State University, 1989.10 Hal Be<strong>de</strong>r, op. cit. 113.11 Hanna A. Fingeret, «Changing Literacy Instruction : Moving Beyond the Status Quo», inForrest P. Chisman & Associates, Lea<strong>de</strong>rship for Literacy : the Ag<strong>en</strong>da for the 1990's, SanFrancisco, 1990, p. 25-50.12 L'un <strong>de</strong>s meilleurs examples <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> formation est celui mis au point par Thomas Stichtpour le compte <strong>de</strong> l'armée américaine <strong>en</strong> 1973: HumRRo's Literacy Research for the U.S. Army:Progress and Prospects, Alexandria, Virginia, 1973.13 Pour une étu<strong>de</strong> détaillée sur la perception qu'ont les chefs d'<strong>en</strong>treprises canadi<strong>en</strong>nes <strong>de</strong>l'ampleur du problème, voir le rapport du C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> perfectionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s ressources humaine duConfer<strong>en</strong>ce Board du Canada (58-90-F), L'impact <strong>de</strong>s employés analphabètes sur les <strong>en</strong>treprisescanadi<strong>en</strong>nes, par Robert C. Deslauriers, août 1990.


14 Conseil économique du Canada, Les chemins <strong>de</strong> la compét<strong>en</strong>ce : éducation et formationprofessionnelle au Canada, Ottawa, 1992, p. 25; Andrew Sharpe, «Formation <strong>de</strong> la maind'oeuvre: un défi pour les années 90» Perspective, Hiver 1990, p. 22-34.15 Pour une analyse détaillée <strong>de</strong>s efforts cons<strong>en</strong>tis par les <strong>en</strong>treprises québécoises, voir P. Doray,R. Bagaoui et D. Ricard, La formation dans les <strong>en</strong>treprises québecoises : étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas auprès <strong>de</strong>15 <strong>en</strong>treprises performantes, Conseil <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la technologie, Québec, novembre 1994.16 Des étu<strong>de</strong>s montr<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant que la crainte que suscite la mobilité <strong>de</strong>s employés subalternesn'est peut être pas justifiée. Les <strong>en</strong>quêtes indiqu<strong>en</strong>t que lorsqu'il reçoit une formation <strong>en</strong> emploil'individu t<strong>en</strong>d à rester fidèle à son employeur. Voir à ce sujet l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> R.J. Vaughan et S.E.Berryman, Employer-Sponsered Training: Curr<strong>en</strong>t Status, Future Possibilities, Institute forEducation and Economy, Teachers College, Columbia University, 1989.17 Susan Crompton, «La formation offerte par les employeurs», Perspective, été 1992, p. 34-43.Soulignons à ce sujet qu'un survol rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s périodiques financiers révèle la même t<strong>en</strong>dance.Sur quatre années <strong>de</strong> la revue Canadian Business on compte un numéro spécial par annéeconsacré à l'évaluation <strong>de</strong>s diplômés du MBA, mais un seul article (dénonciateur <strong>de</strong>s lacunes dusystème scolaire) <strong>en</strong> tout portant sur la formation <strong>de</strong> base. (Voir ci-<strong>de</strong>ssous). La situation estsemblable pour la revue plus spécialisée Puip and Paper Canada: trois articles sur la formation<strong>de</strong>s technici<strong>en</strong>s, aucun sur celle <strong>de</strong>s ouvriers. La revue Affaires agricoles semble la pluss<strong>en</strong>sibilisée au problème, avec un numéro spécial et un article sur <strong>de</strong>ux ans.18 Reporté sur l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la population adulte du Québec, ce pourc<strong>en</strong>tage diminue à 11,5 %.19 Pour un example <strong>de</strong> cette attitu<strong>de</strong>, voir Randall Litchfield, «Solving an Education Crisis»,Canadian Business, février 1991, p. 57.20 P. Doray, R. Bagaoui et D. Ricard, La formation dans les <strong>en</strong>treprises québécoises : étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>cas auprès <strong>de</strong> 15 <strong>en</strong>treprises performantes, Conseil <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la technologie, Québec,novembre 1994.21 Rappelons que la décision <strong>de</strong> modifier la technologie fut prise afin d'éviter la fermeture <strong>de</strong>l'usine, que était à ce mom<strong>en</strong>t le plus gros employeur <strong>de</strong> Pointe-Saint-Charles. ChristianeFabiani, Jamais trop tôt.. Jamais trop tard, Montréal, RESO, 1995; aussi <strong>en</strong> vidéo.22 Ces cours ont rejoint <strong>en</strong>viron 30 % <strong>de</strong>s 200 travailleurs. Ils ont duré 12 semaines (15-20 heurespar semaine) et se sont déroulés à l'usine <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> travail. Ces cours portai<strong>en</strong>t surles règles <strong>de</strong> base <strong>en</strong> français (grammaire, orthographe, etc.) et compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une introduction àl'informatique qui permettait à tous <strong>de</strong> se familiariser avec l'ordinateur, particulièrem<strong>en</strong>t avecl'utilisation du clavier. La participation à ces cours représ<strong>en</strong>tait un défi important pour plusieursemployés, dont certains, par exemple, étai<strong>en</strong>t incapables d'utiliser un guichet automatique.23 Forrest P. Chisman et W<strong>en</strong>dy L. Campbell, «Narrowing the Job-Skills Gap: A Focus onWorkforce Literacy», in Forrest P. Chisman and Associates, op. cit, p. 144-170. Hal Be<strong>de</strong>r, op.cit, chap. 6 «Implications for Policy and Practice», p. 121-159.


24 Un certain nombre d'efforts vers <strong>de</strong>s formations dites contextualisées sont actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>développem<strong>en</strong>t aux États-Unis et mériterai<strong>en</strong>t qu'on suive <strong>de</strong> près leur évolution, comme celled'Arnold Packer <strong>en</strong> association avec la maison d'édition Simon & Schuster et The AmericanBankers Association, celle <strong>de</strong> l'industrie textile et du graphisme (Corporate Literacy Action,1989) et celle du Departm<strong>en</strong>t of Labor.25 C'est d'autant plus important que les organismes publics exig<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t un nombre minimal<strong>de</strong> participants pour <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre un stage. Le regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> petites <strong>en</strong>treprises peut doncintroduire <strong>de</strong> la souplesse dans la logistique <strong>de</strong> la formation.26 Cet aspect <strong>de</strong>s choses n'est pas particulier à l'<strong>alphabétisation</strong> mais à l'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la formationprofessionnelle <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong>.27 Par exemple, la ville <strong>de</strong> New York a ainsi formé un consortium pour la formation <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong>qui regroupe les syndicats <strong>de</strong> 23 PME. L'industrie automobile américaine a égalem<strong>en</strong>t mis surpied un programme conjoint <strong>en</strong>tre les firmes et les syndicats. Voir A.H. Packer, Retooling theAmerican Workforce : The Rote of Technology in lmproving Adult Literacy in the 1990's,Discussion Paper, Washington, D.C. 1988.


BIBLIOGRAPHIEBEDER, Hal, Adult Literacy. Issues for Policy and Practice, Malabar, 1991, p. 99-119.BÉRARD, Élaine, et Jean-Michel COUSINEAU, «La formation professionnelle <strong>de</strong> la maind'oeuvreau Québec», Gestion, septembre 1993, p. 39-47.CHISMAN, Forrest P., et W<strong>en</strong>dy L. CAMPBELL, «Narrowing the Job-Skills Gap : A Focus onWorkforce Literacy», in Forrest P. Chisman and Associates, Lea<strong>de</strong>rship for Literacy. TheAg<strong>en</strong>da for the 1990's, San Francisco, p. 144-170.CONFERENCE BOARD DU CANADA, L'impact <strong>de</strong>s employés analphabètes sur les<strong>en</strong>treprises canadi<strong>en</strong>nes, par Robert C. Deslauriers, août 1990.CONSEIL ÉCONOMIQUE DU CANADA, Les chemins <strong>de</strong> la compét<strong>en</strong>ces: éducation etformation professionnelle au Canada, Ottawa, 1992.CROMPTON, Susan, «La formation offerte par les employeurs», Perspective, été 1992, p. 34-43.DORAY, P., R. BAGAOUI et D. RICARD, La formation dans les <strong>en</strong>treprises québécoises :étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas auprès <strong>de</strong> 15 <strong>en</strong>treprises performantes, Conseil <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la technologie,Québec, novembre 1994.FABIANI, Christiane, Jamais trop tôt .. Jamais trop tard, Montréal, RESO, 1995.FINGERET, Hanna A., «Changing Literacy Instruction: Moving Beyond the Status Quo», inForrest P. Chisman & Associates, Lea<strong>de</strong>rship for Literacy. The Ag<strong>en</strong>da for the 1990's, SanFrancisco, 1990, p. 25-50.GODIN, B<strong>en</strong>oît, «Les compét<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la population active <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Montréal», INRS-CIRST, 1995.HAUTECOEUR, Jean-Paul, «L'analphabétisme: quel s<strong>en</strong>s? Quelles actions? Quels résultats»,1992, p. 109-125.HAUTECOEUR, Jean-Paul (éd.), Alpha 92. Recherche <strong>en</strong> <strong>alphabétisation</strong>, Institut <strong>de</strong> l'UNESCOpour l'éducation, Québec, 1992, 477 p.HAUTECOEUR, Jean-Paul, L'illettrisme <strong>de</strong>s <strong>adultes</strong> et les résultats économiques, C<strong>en</strong>tre pour larecherche et l'innovation dans l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t (OCDE), Paris, 1992.INSTITUT CANADIEN D'ÉDUCATION DES ADULTES, Appr<strong>en</strong>dre à l'âge adulte. État <strong>de</strong>situation et nouveaux défis, Montréal, 1994.


KELLY, Kar<strong>en</strong>, Giles MONTIGNY, Tim O'NEILL et Andrew SHARPE, «L'<strong>alphabétisation</strong> <strong>en</strong>milieu <strong>de</strong> travail», Pespective, printemps 1992, p. 24-33.LITCHFIELD, Randall, «Solving an Education Crisis», Canadian Business, février 1991, p. 57.PACKER, A.H., Retooling the American Workforce: The Rote of Technology in lmprovingAduit Literacy in the 1990's, Discussion Paper, Washington, D.C., 1988.QUIGLEY, B.A., Reasons for Resistance to ABE and Recomm<strong>en</strong>dations for New DeliveryMo<strong>de</strong>ls and Instructional Strategies for the Future, Monroeville, PA: Continuing and GraduateEducation C<strong>en</strong>ter, P<strong>en</strong>n. State University, 1989.SHARPE, Andrew, «Formation <strong>de</strong> la main-d'oeuvre: un défi pour les années 90», Perspective,Hiver 1990, p. 22-34.STICHT, Thomas, HumRRo's Literacy Research for the U.S. Army : Progress and Prospects,Alexandria, Virginia, 1973.VAUGHAN, R.J. et S.E. Berryman, Employer-Sponsored Training: Curr<strong>en</strong>t Status, FuturePossibilities, Institute for Education and Economy, Teachers College, Columbia University,1989.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!